▶ Sujet: Re: [MISSION B] Orgueils drogués et préjugés empoisonnés [AEONYA]

Tu mis un long moment à véritablement reconnaître ce que te renvoyait le miroir devant lequel tu te tenais, comme si ton esprit s'était trouvé contraint de recomposer les fragments d'une image morcelée, dénuée de sens propre u d'intégrité. A mesure que le linge humide effaçait le voile rosé du maquillage qu'arborait ton visage, que se découvrait au jour les stigmates de ta jeunesse partie en fumée, tu regagnais de même la pleine conscience de ton identité. De ce qu'elle pouvait avoir de beau, de laid, de vicié. Les marques progressaient sur le vélin de ta peau, tel un mal rampant jamais rassasié. Tu le voyais certes de tes yeux, mais le sentais également en ton cœur, imposant un rythme immuable qui te précipitait vers une fin atroce et détestable. Tu rechignais à voir le temps comme ton ennemis, mais il cachait malgré tout dans son ombre cet ultimatum, qui te forcerait tôt ou tard à prendre des risques pour obtenir ce que tu voulais en dépit de toutes tes réticences. Ton regard fixé en lui-même, tu expiras longuement pour chasser les embruns de la fatalité, raffermis ainsi ton emprise sur ta résolution, décidée à t'accorder un moment de sérénité solitaire dans le cocon de ton appartement.

Ce fut à ce moment toutefois que l'appel de l'impitoyable devoir tambourina à ta porte, t'arrachant une moue irritée que tu te hâtas de cacher sous la chape de ta personæ ouverte et avenante. Une nouvelle mission. Quoi d'autre en effet pour se targuer de pouvoir ainsi parasiter tes propres plans. A la lecture du parchemin scellé qui contenait tes ordres, tu entrevis de surcroît immédiatement quelle importance et quelles ramifications pouvaient receler cette assignation. De même que l'attention que tu allais devoir déployer pour entretenir le secret de tes capacités, au vue du coéquipier dont tu avais écopé. Ces éléments combinés, il t'était aisé de comprendre l'intention des autorités en vous confiant à toi et ce Seimei la résolution d'une affaire si épineuse, même si tu te serais allègrement passé de cette forme de reconnaissance. La réussite de votre association précédente, cependant, était vouée à ne pas passer inaperçue. Consciencieusement, tu te paras donc à nouveau de tes atours cosmétiques habituels et veillas à emporter avec toi tout le matériel que ton habit pouvait discrètement abriter avant de te rendre au point de rendez-vous indiqué sur la missive, aux abords de la structure d'entrée. Dans ta hâte, tu y parvins en avance et dus composer avec l'attente, exerçant dès lors ta patience avec le plus de légèreté apparente possible.

...Miya ? La petite Miya ? Mais naaaannnn...

Un frisson te parcourut l'échine, tandis que ton esprit s'évertuait par tous les moyens de contenir la réaction instinctive et quasi épidermique qui avait rugi en toi en entendant ce nom. Tu t'abstins de tourner la tête, feignant d'ignorer le quinquagénaire faussement débonnaire qui s'approchait de toi par la gauche.

Hé si, c'est bien toi ! Ha !

Tu portas cette fois ton regard sur le marchand rugueux par le verbe comme par l'apparence, en réaction à son irruption dans ta sphère privée.

Je vous demande pardon ?

Miya... ça en fait un sacré bail, dis-moi. Je savais pas que t'avais trouvé du travail ici... Ça va, ça paye bien.. les shinobi de Kumo ? Haha !

Excusez-moi mais je crois qu'il y a méprise. Vous devez me prendre pour quelqu'un d'autre.

Hoooo, hé arrête hein ! Kin est plus là, me plus besoin de se la jouer dans le feutré comme avant. Quoi, tes clients d'ici sont un peu du genre... jaloux, c'est ça ?

Il fit le pas comme le geste de trop, amenant sa dextre à tutoyer le bas de ta hanche. Le prétexte que tu attendais, pour t'extraire de ce bourbier surgi de ton passé. Avec l'adresse et la dextérité inculquées par les instructeurs des Nuages, tu sortis un kunai de son emplacement depuis l'intérieur de ta cape et le brandit dans un soupir vers la trachée de l'énergumène, dont tu ne te souvenais malheureusement que trop bien le nom comme les traits. Le métal froid appuyé contre sa peau, le quinquagénaire retira vivement sa main et se mura dans une expression de peur et d'interdit.

Écoutez moi bien, espèce d'idiot. Je peux vous faire couper la main par un autre soldat sur simple présentation des faits qui viennent de se produire, alors un conseil : allez jouer votre numéro de singe bourré autre part. Vous m'avez bien compris ?

Le hochement de la tête fut à la fois franc, répété et presque imperceptible, tant l'individu avait peur sans doute de se trancher lui-même la jugulaire contre laquelle le kunai était appuyé. Tu retiras ton arme tout en flanquant un coup de paume incisif dans le dos de l'inconvenant, qui s'en alla alors sans demander son reste. Un départ qui sonna également l'arrivée, depuis l'autre côté de l'avenue, de ton coéquipier brun à l'air toujours si austère. Une compagnie qui te seyait dans infiniment mieux, finalement, que celle de vestiges du passé tel que cet homme. Tu t'inclinas humblement à son encontre

Seimei-san. Ravie de vous revoir. Votre perspicacité sera la bienvenue pour démêler le vrai du faux dans cette histoire. Le niveau de tension que j'entrevois à Takashihoro est surprenant, pour ce qui ne pourrait être qu'un litige commercial. Mettons-nous rapidement en route, nous pourrons ainsi commencer à questionner les acteurs sur place.

Sans autre forme de procès, ouvertes malgré tout à la discussion, tu pris la direction de l'extérieur du village avant de pointer vers la côte Est, où se trouvait le nœud du problème qui vous était posé.

▶ Sujet: Re: [MISSION B] Orgueils drogués et préjugés empoisonnés [AEONYA]

Une nouvelle journée s’était levée sur le Pays de la Foudre, une journée qui à en juger par le ciel serait clémente pour Kumogakure et ses habitants.
Le soleil dont l'ascension vers son zénith avait débuté venait maintenant jeter sa lumière dans cette chambre dans laquelle Yojiro dormait si bien.
Un bruit à la porte d’entrée, c’est ce qui l’invita à sortir du lit plus tôt qu’il ne l’avait espéré.
Son quotidien étant plutôt calme ces derniers temps, il donnait à son corps tout le loisir de se reposer de ses longues séances d’entraînement.

Les cheveux parfaitement décoiffés, et simplement vêtu d’un caleçon, il se présenta à la porte sans même réaliser la manière dont il allait accueillir cette visite imprévue.
Au-delà de la porte, c’est le visage d’un monsieur éberlué qu’il découvrit.

- Bon…Bonjour Monsieur Yojiro, Eh… J’aurais besoin de vos services pour réparer mon sabre.

Quoi ? N’avait-il jamais vu un homme en caleçon ? Que cela ne tienne, si le spectacle lui était désagréable, qu’il prenne rendez-vous la prochaine fois, plutôt que de se pointer aux aurores.

- Je suis désolé Monsieur, dit-il en se grattant les cheveux. La forge a fermé. Encore désolé.

Refermant la porte sans la moindre forme de procès, il s’en retourna vers sa chambre où il comptait bien poursuivre sa nuitée. Son esprit se porta tout de même sur ce qui venait de se passer. Peut-être devrait-il indiquer sur la porte que la forge familiale n’était plus. Cette disposition lui éviterait d’être à nouveau dérangé à l’avenir.
S’apprêtant à replonger sur son matelas, il fut coupé dans son élan par une nouvelle personne frappant à sa porte.
Ses pas jusqu’à cette derrière furent décidé, et lorsqu’il attrapa la poignée il ouvra la porte violemment en criant:

- LA FORGE EST FERMÉE !

Cependant cette fois-ci, ce fut un kunoichi du village qui lui fit face. Furieuse et troublée par cet accueil, elle balança un rouleau au village du jeune homme et s’en alla sans demander son reste.

- C’EST QUOI CES MANIÈRES ! hurla Yojiro avant de devoir se faire une raison.

Lorsqu’il consulta le rouleau, il compris au sceau qui y était apposé qu’il s’agissait d’une convocation de mission. Il en consulta l’intitulé et s’élança rapidement vers sa préparation.
Le temps lui était précieux, car son rouleau contenait une note qu’il devait impérativement remettre dans les plus brefs délais.
Il avait néanmoins, pris le temps de ne rien oublier, s'autorisant même à se munir de quelques bouteilles d'eau-de-vie, issue de sa propre élaboration, qu'il rangea dans son sac à dos.
Cela faisait maintenant plusieurs semaine que le vieux Momo lui avait apporté ses pieds d'orge, et donc plusieurs semaines que l'eau-de-vie reposait délicatement dans les fût de bois entreposé dans sa maison. Car oui, la forge familiale était belle et bien devenue une mini-distillerie de laquelle sortirait un nombre extrêmement limitée de bouteille au contenu savoureux.

Ce ne fut qu'une fois présentable et munit de son nécessaire et de son sac qu'il se mit en route vers le point de rendez-vous situé près des portes de Kumo.
En arrivant sur place, il remarqua la présence d’un duo qui pouvait probablement être le duo qui l’intéressait, atterrissant non loin d’eux suite à sa course effréné, le jeune homme au kimono blanc et aux iris d’améthystes s’adressa au duo dans la hâte.

- Excusez-moi !? Aeonya-san ? Seimei-san ? les interpella Yojiro. Je suis porteur d’une note du bureau des missions.

Sortant d’une de ses poches intérieures un petit morceau de papier qu’il donna au brun qui lui faisait face. Son attention se porta ensuite vers la femme aux cheveux écarlates tout aussi concerné par cette soudaine apparition.

- Je suis Yojiro. Veuillez pardonner mon intrusion, j’ai été envoyé pour remplacer Seimei-san. Je tâcherais de faire de mon mieux.

Il inclina poliment le buste vers la demoiselle plus âgée en guise de respect, prêt à mettre le cap vers l’Est.

▶ Sujet: Re: [MISSION B] Orgueils drogués et préjugés empoisonnés [AEONYA]

A peine avais-tu terminé de reprendre contact avec le Beijuu que tu entrevis une autre silhouette arriver vivement sur le côté. Tu craignis un instant de voir ainsi revenir celui qui t’avait auparavant importuné, de devoir à nouveau gérer une exposition tout sauf désirée de ton passé en ces lieux tout à fait publiques, mais à la place des traits usés et répugnants de l’énergumène, c’était cette fois ceux d’un autre jeune homme qui apparurent et se présentèrent à ton inquisition. Tu pivotas pour faire face au nouvel arrivant, le détaillas des pieds à la tête et accueillis avec un brin de perplexité la note qu’il fournit à votre attention à toi et Seimei. D’un air d’abord passablement distrait mais avec une attention grandissante, tu écoutas les propos du dénommé Yojiro en prenant connaissance du contenu de la note du bureau des missions, échangeant par la suite un regard chargé d’incompréhension avec ton partenaire quant à ce changement de dernière minute. Ce genre de modification n’était pas vraiment dans les habitudes des services des Nuages, mais considérant les crises récentes que le village avait dû traverser, tu songeas qu’il n’y avait peut-être pas là matière à t’alarmer et que les facultés de Seimei étaient simplement requises ailleurs. Ce qui différenciait au fond lesdites facultés du nouvel arrivant de celles de ton ancien coéquipier, cela, tu l’ignorais néanmoins, une source de frustration légère quoi qu’irritante que tu soufflas d’un revers de main mental.

...Bien, puisqu’il doit en être ainsi. A une prochaine fois, Seimei-san.

Tu saluas ce dernier, puis entamas de toi-même le voyage qui devait vous conduire, ce Yojiro et toi, vers la côte Est du pays où vous attendait la bourgade de Takashihoro, vraisemblablement en proie à des luttes insidieuses et répétées qui se devaient de cesser afin que règne la justice du Daimiyô. Un idéal bien clinquant, que tu savais devoir invoquer à tout bon de champ si la nécessité s’en faisait sentir afin de conserver intacte et immaculée cette identité que tu t’étais ici forgée, celle d’une soldate pleine d’obédience, efficace et surtout dénuée d’ambitions mal placées. Un portrait, en tout point, qui se voulait très loin de la réalité. Chemin faisant, tu pris le temps de questionner sommairement ton nouvel équipier afin de t’assurer autant de son niveau d’information que de son caractère.

...Yojiro-san, je conçois que vous êtes bien au fait de la teneur de notre mission ? Quelqu’un, selon toutes vraisemblances, est décidé à semer le trouble dans la région de Takashihoro. Il faudra aborder les locaux avec humilité, éviter que nos mots ne transcrivent trop ouvertement les soupçons que nous pourrons avoir, si nous voulons démêler le vrai du faux. Vous avez, j’en suis sûre, des prédispositions pour ce genre de travail ?

A l’issue de ton énoncé, tu pris le temps d’épier les réactions et les inflexions de langage de Yojiro tout en poursuivant nonchalamment quoi que rapidement votre voyage vers le village dont le destin allait vous préoccuper. Plus d’une journée de voyage au minimum allait vous être indispensable pour couvrir la distance qui vous en séparait, aussi mesuras-tu ton allure en conséquence et identifias sur votre parcours un établissement étape qui allait pouvoir vous servir de gîte pour la nuit. Sans laisser le loisir à ton équipier de discuter le parcours que tu fit emprunter à votre duo, tu entrepris donc de pénétrer dans la modeste auberge qui finit par croiser votre route afin d’y revendiquer deux chambrées où vous restaurer.

La situation a beau requérir une intervention prompte et efficace, inutile d’arriver à Takashihoro fatigués et privés de sommeil. Retrouvons-nous aux premières lueurs de l’aube au devant de l’auberge, Yojiro-san. A moins peut-être… que vous ne vouliez vous entretenir de quoi que ce soit avec moi par avant.

▶ Sujet: Re: [MISSION B] Orgueils drogués et préjugés empoisonnés [AEONYA]

Yojiro bien que ça lui fasse un belle jambe, pouvait comprendre le sentiment de perplexité qu’ avait pu susciter apparition au côté du duo prêt à lever les voiles.
Il n’était pas de ceux qui portaient la hiérarchisation dans son cœur, mais il admettait cependant volontiers la tolérer lorsque cette dernière lui était favorable.
Et il était évident qu’avoir l’opportunité de sortir du village et passer à tabac quelques types valait bien une légère entorse à ses convictions.

Ne pouvant rien faire d’autre que de se plier aux exigences des hautes instances, le garçon, n’eut alors d’autre choix que de s'exécuter.
Yojiro s’excusa à nouveau d’avoir été contraint de jouer les troubles fêtes et salua le départ professionnel de brun qui quitta les lieux quelques instants plus tard, digne.

Le garçon aux iris d’améthystes aurait très certainement eu beaucoup plus de mal à accepter cette situation que le jeune Seimei. Il préférait d’ailleurs ne pas penser à ces éventualités.
Le duo reformé pouvait ainsi débuter son trajet jusqu’à la destination indiquée sur l’ordre de mission.
Ce fut la kunoichi, sûre d’elle, qui ouvrit la marche, Yojiro, en simple cinquième roue du carrosse s’engouffra à sa suite et la suivit comme son ombre.

Le paysage kamirarijin défilant sous leurs yeux au rythme de leur marche, la kunoichi écarlate s’adressa alors au fraîchement enrôlé qu’était Yojiro. Elle souhaitait savoir si ce dernier avait bien connaissance des tenants et aboutissants de l’affaire qui se dessinait devant eux.
Si Yoji devait être tout à fait honnête, n’était clairement pas le garçon le plus adapté à ce genre de mission, mais cette difficulté avait tout pour le faire progresser en tant que shinobi mais également en tant que personne au sens large du terme.

- J’admet que j’ai souvent tendance à dire les choses comme je les entends. Mais je vais faire de mon mieux pour contourner cette facette de ma personnalité dit-il en se grattant la tempe avec son index.

En conclusion, rien n'était garanti, mais il ferait preuve de toute la bonne volonté du monde pour rester entre les clous afin d’éviter les bourdes et les incidents diplomatiques. Bien que faire perdre un éventuel soutien au Seigneur de la Foudre était un plan qui résonnait avec beaucoup d’écho en son fort intérieur.

- Pour mener l’enquête, on ne pourra pas compter sur mes compétences de shinobi, j’en ai bien peur, en revanche, j’ai pris avec moi quelques bouteilles d’une excellente eau-de-vie que je réalise moi même. Quelques verres pourraient nous permettre d’engendrer quelques informations sans grands efforts.

Il en avait déjà été témoin, l’alcool était à un certain stade un pouvoir tout aussi redoutable que la manipulation.
Il n’était pas le shinobi le plus fin ou le plus discret, mais le contenu de ses bouteilles de verre rangées au fond de son sac pouvait lui offrir moultes possibilités. Ce n’était pas très moral, mais pas grand chose ne l’était dans ce monde. Et parfois, combattre le mal par le mal était le moyen le plus efficace pour arriver à ses fins.

Le chemin vers Takashihoro prendrait du temps, bien trop de temps pour que de simples Genin puissent rallier la distance en une seule journée. L’après-midi déjà bien entamé marqua la fin de leur parcours du jour.
Il aurait été possible pour Yojiro de continuer un peu plus, mais la kunoichi plus expérimentée prit la décision de faire une halte pour la nuit dans une auberge. Elle était son aînée et dans ce sens, le jeune homme se fia à son jugement, assurément réfléchi.

Ce n’est que lorsque les deux kumojins furent installés pour le repas du soir qu’elle justifia cette prise de décision.
Le garçon aux cheveux lavande n’avait rien à redire à cette organisation. Et puis de toute façon, que les gens à Takashiroro se droguent une soirée de plus ou une soirée de moins n’aurait que peu d’incidence sur le futur. Alors, non, Yojiro n’avait rien à ajouter. Du moins rien qui n’ait un rapport avec le sujet de la mission en cours.
Avec franchise, il s’adressa à la jeune femme:

- Rien qui n’ait un rapport avec ce que nous nous apprêtons à faire dans cette mission. En revanche, mais j’aurais voulu savoir quelque chose.

Il marqua une pause, souhaitant ordonner sa question de la meilleure des façons.

- Auriez-vous par le passé rencontré des personnes ou des shinobis capables de manier la lave ? Cela peut vous paraître étrange, mais je suis depuis peu à la recherche d’informations concernant mes ancêtres…

Des ancêtres peut-être reliés au jeune homme par le lien du chakra et de la lave qui en découlait. Cette question n’avait aucun rapport avec la mission, Yojiro l’avait déjà évoqué. Mais cette question permettrait à la jeune femme qui avait l’air d’être une personne perspicace de mettre le doigts sur les compétences du jeune homme et d’ainsi réfléchir à la manière dont elles pourraient être utilisées lors de la mission à venir.

▶ Sujet: Re: [MISSION B] Orgueils drogués et préjugés empoisonnés [AEONYA]

A l’écoute de la réponse apportée par Yojiro à ton inquisition tout en délicatesse, tu n’avais pu t’empêcher de ressentir un ersatz de frustration à l’idée que Seimei, un shinobi dont tu avais commencé à cerner plus précisément les contours de la psyché, avait été remplacé de façon tout à fait arbitraire en apparence par cet autre soldat des Nuages. Un investissement perdu, comme beaucoup d’autres avant lui, mais pour lequel tu ne pouvais t’empêcher d’éprouver un brin de colère au vue de la difficulté à poser des jalons dans l'esprit de tes coéquipiers. Manipuler et tromper des civils avait beau faire partie de ton quotidien, c'était une autre paire de manches que de déployer les mêmes prouesses sur des individus qui t'étaient semblables, éveillés au chakra et porteurs de pouvoirs singuliers, et toute imprécision en la matière pouvait te coûter bien plus cher que ce que tu escomptais payer. Toujours était-il que malgré son inadéquation avouée avec les termes de la mission, ce Yojiro semblait pouvoir se targuer d'une transparence assumée et d'un sens avancé de la débrouillardise, des traits qui pouvaient s'avérer aussi utiles que malléables, entre les serres crochus de ton esprit. Cette incitation à faire boire les bonnes personnes une fois sur place, songeas-tu, pourrait même indirectement t'aider à user de tes propres talents sans avoir à en faire étalage, un échange de bons procédés à sens unique qui pourrait le cas échéant parfaitement te convenir.

Le moment était toutefois venu, pour l'heure, de prendre vos aises dans l'auberge étape dans laquelle vous aviez fait escale, et ce fut à cette occasion, au terme d'un repas frugal quoi que simpliste à ton grand désarroi, que tu eus l'occasion d'en apprendre un peu plus sur le jeune homme. En quête de ses racines, il te révéla à ce moment de façon à peine détournée de quoi étaient faits ses dons de shinobi, un partage voué à demeurer sans contrepartie de ta part, mais qui témoignait une fois encore de cette candeur que tu devinais derrière les traits pourtant altiers de ton équipier.

Ma foi... ce n'est pas quelque chose que j'aurais pu oublier. Je regrette, je n'ai jamais croisé, ou ne serait-ce qu'entendu parler de personnes détentrices de ce genre de talents.

La fenêtre que venait de t'ouvrir Yojiro sur son identité et sur les liens qu'il cherchait à créer avec les siens revêtait une facette très personnelle, quasi intime, que tu ne manquas pas de relever. Le jeune shinobi ne venait pas seulement de te confier la nature de ses pouvoirs, mais aussi celle de ses aspirations. Certaines d'entre elles, du moins, et qui occupaient suffisamment son esprit pour le pousser à en faire un quasi étalage auprès d'une femme qu'il venait pour ainsi dire de rencontrer. C'était à partir de ce genre d'ouverture, songeas-tu réflexivement, que tu forgeais les approches les plus simples et rapides. Le repas était terminé, et temps était venu d'aller chacun trouver votre couche pour la nuit. Dans un mouvement leste et fluide, tu te relevas de ton assise et passa à côté de Yojiro en plaquant une main amicale à la liaison de l'épaule et du cou, un contact que tu voulais en apparence aussi apaisant que marqué.

J'espère que vous retrouverez un jour la trace des vôtres, Yojiro-san. Bien peu de choses sont pires, que de se sentir seul.

Tu laissas ton équipier sur ces mots emprunts d'une empathie toute artificielle et allas trouver un sommeil bien plus qualitatif qu'il ne l'aurait été au cours d'un bivouac. Le lendemain, tes préparatifs esthétiques terminés et promptement apprêtée, tu sortis de l'auberge pour retrouver le soldat des nuages aux cheveux améthystes afin de poursuivre votre voyage. La lueur du soleil naissant éclairait pour l'instant à peine les reliefs escarpés de la région, mais de façon malgré tout amplement suffisante pour vous permettre de reprendre votre route en direction de Takashihoro. A une allure modérée, il vous serait possible d'arriver à destination avant midi, ce qui constituait un tempo idéal pour poser les prémisses de votre investigation.

Tâchons de faire vite, Yojiro-san. Il est préférable d'avoir le temps d'investiguer sur plusieurs fronts au cours de la journée, avant que la nuit ne vienne obscurcir les complots qui sont certainement à l'oeuvre.

L'échéance approchant, tu commenças à réfléchir plus précisément à la marche à suivre une fois sur place, et formulas dès lors un ersatz de plan à ton équipier tandis que le village côtier commençait à se dessiner à l'horizon, au-delà d'un relief faiblement boisé.

Il faut que nous en sachions plus sur cette drogue, qui semble affecter nos troupes en poste là bas. Ces hommes et ces femmes ont vocation à protéger le hameau, mais en seront sans doute incapable si ils se trouvent sous l'emprise d'une quelconque substance. Demandons au doyen sur place ce qu'il sait, et nous verrons ensuite ce que nous pouvons retirer de nos... « collègues ».

Vous ralentîtes votre allure pour parvenir jusqu'aux abords du village sur le rythme de la marche énergique, repérant au cœur des bâtisses et entrepôts la silhouette caractéristique de l'hôtel de ville où officiait certainement le doyen et avançâtes dans cette direction. Autour de vous, les regards comme de coutume avaient commencé à se focaliser sur vos silhouettes singulières et ces symboles d'appartenance militaire que vous portiez chacun, propageant comme une traînée de poudre la rumeur de votre arrivée. Le processus fut tellement naturel et efficace que vous n'eûtes pas le temps d'arriver jusqu'au bâtiment principal que déjà, un homme d'une quarantaine d'années paré des attributs officiels qui l'identifiaient comme étant la figure d'autorité locale vint à votre rencontre.

Shinobi de Kumo vous voilà ! On n'y croyait presque plus... !

Bonjour, doyen.

Appelez-moi Izao. Je vous assure, ces dernières semaines... il semble que notre village ne puisse pas échapper au moindre tourment ! Et vos collègues, j'ai... J'ai une terrible nouvelle, c'est... il a...

Le chef de Takashihoro chercha ses mots, bredouillant, visiblement profondément gêné, affecté et troublé par ce qui se passait depuis peu dans sa bourgade. Tu lui laissas le temps de trouver ses mots, affichas un air patient malgré ton apathie intérieure.

...L'un des vôtres est mort, hier soir. Noyé.. sur la berge. Je suis... vraiment désolé.

▶ Sujet: Re: [MISSION B] Orgueils drogués et préjugés empoisonnés [AEONYA]

La déception sur le visage de Yojiro lorsqu’il eut appris que la jeune femme n’avait jamais croisé de manieur de lave auparavant ne fut perceptible qu’une fraction de seconde.
Comme si ce revers bien qu’à contre-courant du chemin qu’il souhaitait prendre n’avait fait que glisser sur lui comme une savonnette pourrait le faire sur une surface mouillée.
En réalité, tout n’était que fatalité. Si Aeonya n’avait jamais entendu parler de manieur de lave c’était peut-être parce qu’il n’y avait pas de raison que cela soit le cas.
Et il était inutile de s’attarder sur les choses impossibles à contrôler.

L’attention portée par sa coéquipière du jour le surprit plus qu’autre chose, et ses mots raisonnèrent une bonne partie de la nuit dans l’esprit du jeune homme.
Il y avait-il seulement quelqu’un à retrouver ? Sa vie n’avait été qu’une série d'abandons, sa mère et sa sœur avaient quitté le village voilà bien quinze ans. Son père était porté disparu depuis de nombreuses années et le mentor l’ayant vu traverser l’adolescence jusqu’à l’âge adulte avait fini par trépasser lui aussi lors du fiasco de l’élection du Shodaime Raikage.
Pourtant, lors de chacun de ces événements traumatisants, aucunes larmes n'avaient été versées, comme si Yoji était hermétique à la souffrance causée. Alors que pouvait bien entendre Aeonya lorsqu’elle parlait de manque ? Cette question lui trotta dans la tête jusqu’à ce qu’il finisse par s’endormir à une heure bien avancée de la nuit.

Quelques heures plus tard, et dès les premiers rayons du soleil, Yojiro se leva sans difficulté, comme si l’épisode de la veille au soir avait complètement été classé sur une étagère du fin fond de son esprit.
Prêt à partir, il attendit que la jeune femme à la crinière écarlate le retrouve devant l’auberge.

- Avez-vous bien dormi Aeonya-san ?

Puis les deux shinobis prirent la route, avançant à un rythme beaucoup plus exigeant pour le corps que la veille.
Comme le jour précédent, Yojiro avance dans le sillage de la kunoichi qui semble savoir ce qu’elle a à faire. Son plan semble déjà tout tracé et c’est lorsque le duo arrive finalement à destination qu’elle décide d’en faire l’ébauche à son coéquipier.

- Vous ne trouvez pas ça bizarre tout de même que des shinobis se fassent si facilement avoir par une drogue ? Le village n'a pas jugé bon d'incorporer des médecins capable de gérer ce genre de cas ?

Les shinobis n’étaient-il pas censés suivre de rugueux entraînement tout au long de leur carrière qui devrait en théorie au moins leur permettre de ne pas se faire avoir par un subterfuge pareil ?

Ils ne tarderaient de toute façon pas à le savoir puisque les envoyés de Kumogakure finirent par arriver dans le village de Takashihoro.
Comme l’avait suggéré Aeonya, ils se dirigèrent vers le lieu où ils seraient les plus chanceux de trouver le doyen du village.
Toutefois, le duo n’eut pas à chercher bien longtemps car ce fut le loup en personne qui vint à leur rencontre, ne manquant pas d’éloge à leurs faveurs, il était même soulagé qu’ils arrivent enfin.
Dans la bouche de doyen Izao, la situation était bien plus critique qu’il n’y paraissait, le comble fut atteint lorsqu’il annonça que l’un des shinobi de la garnison avait été retrouvé noyé.

Quelle mort stupide que celle de la noyage. La question restait toutefois grande ouverte quant à la façon dont le kumojin décédé s’était noyé. Un accident ? Un accident sous influence de substances ? Ou bien tout simplement un meurtre ? À ce niveau-là, tout était possible.
Concédant depuis le début le rôle de leader de groupe à la kunoichi, Yojiro se rapprocha de cette dernière et parla à voix basse.

- La dépouille devrait pouvoir nous en apprendre plus.

Il ne doutait pas que cette idée ait déjà pu traverser l'esprit de la femme expérimentée qui l'accompagnait, et il était certain que Yoji aurait préféré mener une enquête un peu plus conventionnelle au coin d’un comptoir de bar par exemple, mais il était forcé de constater que le macchabé était à cet instant la première piste qu’ils avaient. Une piste difficile à ignorer sous réserve d’avoir la capacité de mener l’enquête sur un cadavre. Ce dont Yojiro n'était pas certain à 100%. Cet endrait puait l'embrouille, et il devenait évident que les deux envoyés spéciaux du jour avaient mis les deux pieds dedans.

▶ Sujet: Re: [MISSION B] Orgueils drogués et préjugés empoisonnés [AEONYA]

Ce genre de dépendance est insidieuse par nature, Yojiro-san. Sans savoir quelle substance est impliquée, difficile de dire si même un médecin n'aurait pu y succomber. Sans parler du fait qu'il resterait coûteux pour Kumo de laisser un eiseinin en poste dans la région.

Il t'apparaissait à toi aussi évident que toutes les unités déployées par les Nuages auraient pu amplement bénéficier de la présence d'un médecin dans leurs rangs, mais la réalité des ressources disponibles et du pragmatisme avec lequel elles étaient employées rendait cela difficilement faisable. Devant l'annonce du décès de l'un de vos collègues, difficile cependant de ne pas penser que l'absence  d'un shinobi spécialisé à Takashihoro avait pu indirectement contribuer à cette perte. Un gâchis qui te laissait pour autant largement indifférente, même si il rendait tout à coup cette affaire plus épineuse et explosive qu'elle ne l'était déjà. Habitée par le rôle que tu te devais de jouer, tu affichas une mine tout à la fois désolée et décidée, jugeant inutile et contre-productif d'accabler cet Izao pour l'événement tragique qui venait de survenir. A ton oreille, tu entendis ton partenaire susurrer un ersatz de bon sens, auquel tu répondis par un subtile hochement de tête.

Où est-il, à présent ?

A-Au dispensaire. On l'a... laissé comme ça. Je veux dire... personne ne l'a touché, ou fouillé.

C'était plus prudent en effet. Qu'en est-il des autres membres de la garnison ? Où sont-ils en ce moment ?

Vu... leur état, depuis quelques temps, j'ai jugé qu'il était plus sage... de ne pas leur parler de leur camarade. Ils quittent rarement le centre, vont et viennent entre l'auberge et le Noeud Vert, notre taverne. Ils.. ils ne se conduisent pas normalement, très honnêtement.

C'est ce qui vous fait penser à une drogue, doyen ? C'est bien ce que vous avez notifié, dans le rapport d'incident... ?

C-C'est exact, oui... Voir des soldats forcer sur la bouteille, on sait à quoi ça ressemble, sauf votre respect... mais là, c'est différent. D'où... mes conclusions.

Je vois.

Tu mûris un instant tes réflexions en dévisageant Izao sans le laisser vraiment paraître. C'était de lui que provenaient les informations que vous aviez à votre disposition, qu'il se soit s'agit de l'implication du fils du seigneur local dans cette affaire ou de l'utilisation de drogues par et sur les troubles en garnison à Takashihoro. Les preuves et éléments tangibles vous manquaient encore pour pouvoir affirmer quoi que ce soit, mais le fil de votre investigation semblait malgré tout tout tracé. Peut-être même un peu trop. D'un mouvement gracile, tu te tournas vers ton coéquipier avec un visage emprunt de sérieux.

Yojiro-san, si ça ne vous ennuie pas, j'aimerais que vous alliez rencontrer les cinq membres restant de la garnison. Parlez-leur, essayez de comprendre ce qui leur arrive. Quitte à utiliser vos charmes, fis-tu en pointant du menton le sac du Genin. Je vais quant à moi examiner le corps du défunt.

Comme je vous l'ai dit, il est... mort noyé, j'en ai peur.

J'irai le voir malgré tout, ajoutas-tu avec fermeté en inclinant légèrement la tête.

Tu percevais une certaine appréhension chez Izao, sans parvenir vraiment à élucider à quoi elle était due, et décidas donc pour l'heure de t'en tenir  à la division des tâches que tu avais suggéré.

Je vous rejoindrai au devant du Noeud Vert, Yojiro-san. Izao-san, si vous voulez bien me mener au dispensaire...

Tu te mis alors en route en emboîtant le pas au doyen, méfiante et soupçonneuse, pressée d'obtenir des réponses. Tout portait à croire, au premier abord, que le soldat qui s'était noyé avait pu succomber du fait des effets néfastes de l'hypothétique substance qu'il avait consommée, mais tu ne comptais pas accepter les faits présentés par Izao comme paroles d'évangile. Il ne vous fallut que quelques minutes pour atteindre la bâtisse dont les fondations s'enfonçaient profondément dans le sol. Le doyen t'invita à le suivre au niveau le plus bas, à demi enterré, et tu sentis la fraîcheur t'envelopper tandis que vous naviguiez dans une coursive faiblement éclairée. Dans la salle du fond, tu aperçus la silhouette allongée et inerte, baignée de la lumière pâlotte qui provenait d'une lucarne.

Je vous sera gré de me laisser seule avec lui, s'il vous plaît. Attendez-moi dehors.