▶ Sujet: Le Royaume sacré d'Ouroborum [Solo - Kuchy]

Confiante. Face à ce nouvel ordre de mission, la demoiselle aux yeux de jade avait même rigolé discrètement. Une mission de rang D? Alors qu’elle venait d’effectuer plusieurs missions classées B, elle était étonnée de ce revirement de situation. Il s’agissait là d’une mission des plus simples. Une créature, sûrement un simple animal errant, traînait tôt le matin dans les rues est du village caché des nuages. Cette bête, bien que peu grande, avait effrayé pas mal d'enfants qui fuyaient à sa vue. Le pire dans cette histoire, c’est que l’animal avait été décrit comme apeuré et n’ayant montré aucun signe d'agressivité. Étudier la situation et y remédier était alors à la portée de tous, pas uniquement des shinobi.

C’est ainsi qu’elle prit immédiatement la direction du lieu décrit. Relativisant au maximum, elle se répétait qu’elle n’était encore qu’une genin, ce qui, malheureusement, donnait lieu à ce genre d’ordre de mission. Lorsqu’un habitant demandait leur aide, il était très peu commun de refuser, même s’ils sont parfaitement capables de traiter le problème eux-mêmes. Pleine d’humilité, la demoiselle décida de voir cela comme une tâche facile, un salaire obtenu pour peu diront-nous. A l’heure où elle faisait les fonds de placard à la recherche de fonds pour son temple, la veuve ne crachait pas sur ce gagne-pain.

Arrivant très vite sur les lieux, Rayah accosta immédiatement un groupe d'enfants qui jouait non loin. Armé de son sourire des plus maternel, elle leur demanda gentiment s'ils avaient connaissance de cette histoire de bête rôdant dans les parages. Par chance, l’un d’eux l’avait même aperçu quelques heures plus tôt. Impatient de ne plus se retrouver face à l’animal, le jeune garçon lui attrapa la manche avant de l’emmener quelques ruelles plus loin.

Là, face à une petite crevasse entre deux pans de roche, son informateur pointait du doigt le cul-de-sac peu recommandable. Remerciant les enfants, Rayah prit soin de les congédier afin qu’il ne se retrouve pas plus mêlé à ça. Dans un élan de sûreté, elle informa même les garçons que d’ici quelques minutes, la cause de leur crainte ne serait plus. Peut-être avait-elle parlé trop vite? Après tout, les missions se révélant bien plus complexes que prévu sont monnaie courante dans ce village.

Sans plus attendre, la veuve exécuta une courte série de mudras avant que ses sens ne se décuplent grandement. Ressentant toutes les empreintes chakraïque des environs, elle prit quelques secondes pour se focaliser sur la rue qui lui faisait face. Ignorant toutes les informations parasites, elle ressentit un chakra faible mais bien présent en ces lieux. Pas de doute, une créature se trouvait exactement là où l’enfant l’avait amenée. Par chance ou même hasard, la demoiselle n’en avait que faire. Se saisissant d’un kunai, elle parcourut les quelques mètres qui la séparait de l’entité de chakra.

D’un grand coup de pied, la kunoichi envoya une caisse valser quelques mètres plus loin, révélant ainsi le sujet de toute cette agitation. En boule, face à elle, se trouvait ce qui semblait être un lézard recouvert d'écailles tranchantes. L’observant de plus près, la demoiselle remarqua qu’il se mordait la queue, formant ainsi un véritable cercle tranchant. Pendant un bref instant, Rayah se fit la remarque concernant une ressemblance presque troublante avec ce qui est connu des dragons. La forme du visage, les écailles et même cette couleur sablée aux reflets de cuivre. Un véritable dragon miniature qui aurait perdu ses ailes.

Pas dupe, elle se rendit vite compte que le manipuler à main nue serait une erreur monumentale. Sortant de sa poche un mouchoir en tissu épais, la demoiselle enroula la créature qui lui faisait face afin de l'observer de plus près. Au fur et à mesure que la distance disparaissait, elle remarqua une ressemblance presque frappante avec les espèces draconiques. Intriguée, elle le manipula quelques secondes avant de remarquer que ce dernier la suivait du regard. Enroulé dans sa position qui se voulait sûrement défensive, il observait les yeux de jade le dévisager sans vergogne.

- Mais quel type d’animal tu peux bien être toi…

L’approchant un peu plus de son visage, la demoiselle espérait trouver un moyen de l’analyser plus en détail. Après tout, il fallait qu’elle sache s'il s’agissait là de la créature mentionnée par l’ordre de mission. Desserrant brièvement la mâchoire, le dragon miniature tourna sa tête en direction du visage incrédule de la kunoichi.

- T’as jamais vu un Zonure, vieille peau?

Prise de court, la demoiselle sursauta, laissant ainsi la créature et le mouchoir brodé en pleine chute libre.

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Réaction. D'une rapidité presque imperceptible, Rayah rattrapa la créature de sa main nue, à seulement quelques centimètres du sol. Un geste salvateur, mais qui lui infligea une vive douleur à travers toute la main. Les écailles, affûtées tel des lames de rasoir, se plantent sans aucune résistance dans la peau de la demoiselle. Surprise par la douleur, elle ne put dissimuler un gémissement de douleur.

- Rien que pour votre impolitesse, j’aurais dû vous laisser vous fracasser le sol.

Inquisitrice et autoritaire, elle lança un regard noir à la créature qui visiblement ne méritait pas sa compassion. Ce dernier, en plus de l’avoir insulté, avait l’audace de la blesser alors qu’elle essayait simplement de lui éviter une blessure conséquente. Bien qu’elle eut entendu parler des animaux shinobi dotés de parole, c’était bien là le premier contact qu’elle avait avec l’un d’eux. Peu rassurée, elle se demandait maintenant s’il s’agissait là de l’invocation d’un camarade shinobi ou pire… d’un shinobi ennemi.

Se déroulant doucement, l’animal grimpa sans un mot sur l’autre main que Rayah lui tendait, lui permettant ainsi d’essuyer le sang qui coulait le long de sa main dominante. La blessure n’était pas bien profonde, mais la veuve préférait tout de même user de son mouchoir comme une compresse de fortune.

- Pour la sécurité de ce lieu et en tant que kunoichi en mission, je vous somme de me donner le nom de votre coéquipier ainsi que la raison de votre présence en ce lieu.

Ferme et emplie de confiance, Rayah laissa de côté sa mission l’espace d’un instant. Comprendre ce que faisait un animal shinobi dans les ruelles du village, sans shinobi à proximité, devenait aussitôt une priorité. Une simple mission de rang D pouvait bien attendre quelques minutes après tout.

- Tenmei n’a ni maître ni bourreau ! J’suis l’esclave de personne moi madame, je suis juste en mission. A ce qu’il paraît un animal errant se promène pas loin. Bien sûr, je l’aurais déjà trouvé si une certaine personne m’avait laissé faire mon travail tranquille.

Un animal errant? Cette créature, n’ayant même pas de pacte avec un shinobi, se trouvait être sur la même mission qu’elle? Confuse, Rayah commençait à se faire de multiples scénarios dans sa tête. Est-ce que le village est arrivé à un point où on engage des animaux comme mercenaires? Cela n’a pas de sens ! Encore plus si le but est de leur confier les mêmes missions qu’à eux, les shinobi.

- Si vous n’avez aucun pacte avec l’un d’entre nous, que vous ne possédez aucun insigne des nuages mais que vous avez une mission interne à Kumo… j’en devine que vous êtes un espion. En d’autres termes, soit vous me conduisez à celui qui vous a donné la fameuse mission, soit la “ vieille peau “ va vous exécuter, par simple mesure de sécurité bien sûr.

Une pointe de peur apparut sur le visage écailleux de la créature. Nul doute qu’à ce moment, le fameux Tenmei regrettait ses mots prononcés plus tôt. Malheureusement pour lui, la seule explication possible que Rayah avait trouvée le mettait dans une position bien délicate.

- Mais t’es vraiment chiante en fait, c’est abusé. C’est pas par bonté que je le fais, mais vu que tu insistes.

Sans même que Rayah n’eut le temps de comprendre ce qu’il se passait, la créature bondit de sa main. Plaçant la pointe de sa queue entre ses deux pattes avant, la créature prit une pose qui ressemblait étrangement à celle d’un shinobi effectuant des mudras. Une réflexion qui fut rapidement confirmée au vu de l’important nuage de fumée qui jaillit de son action. Prise de cours et aveuglée, la demoiselle se mit sur ses gardes, kunai dégainé alors que sa vue s'éclaircit petit à petit.

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Une vision de merveille. Transportée dans un endroit inconnu, la veuve parcourut du regard ce qui semblait être une énorme grotte. Parsemé de multiples cristaux et de subtils courants d’eau turquoise, le lieu baignait dans des reflets rose et bleu. Un véritable spectacle d’architecture se dressait face à elle. De nombreuses statues au reflet doré étaient jonchées dans tous les recoins du lieu mystique. Ces œuvres d’art, à la fois magnifiques et inquiétantes, dépeignent des animaux majestueux ressemblant à des dragons sans ailes. Une vision qui, alors qu’elle reposait ses yeux sur Tenmei, lui rappelait étrangement les traits de l’animal à l’origine de cette téléportation inattendue.

- Bienvenue à Ouroborum, le royaume sacré des Zonures. Maintenant suis-moi. Plus vite tu verras le chef, plus vite tu me lâcheras la grappe. En espérant qu’il ne t’exécute pas pour avoir menacé l’un des nôtre, ahahah.

Cette idée lui glaça le sang. Dans quoi la demoiselle s'était encore embarquée? Elle qui ne faisait qu’exécuter une simple mission de rang D, elle se retrouvait dans un lieu à la fois étrange et surréel. Kunai sortit et sens en alerte, elle suivit le petit zonure à travers un long escalier qui parcourait une bonne partie de la structure. Descendant petit à petit, elle aperçut un peu plus de ce qui se cachait en ces lieux. Cependant, ce qui attira son regard en premier fut la silhouette massive qui se dessinait au loin. Un lézard, aussi gros que grand, s’élevait face à elle. A vue d'œil, il semblait faire plusieurs mètres de long.

Comme allongé, l’animal la détailla d’un regard dur au fur et à mesure qu’ils s’approchaient. Ornée d’une couronne de cristal et surplombant la salle, l’imposante créature se tenait dans une position de supériorité face aux deux protagonistes qui arrivaient pas à pas. Nul doute qu’il pouvait balayer la demoiselle d’un simple coup de queue. Ainsi, il était difficile de ne pas se sentir menacé quand on se retrouve face à un danger plus imposant que sa propre maison.

- Zonure, humaine. Qui dérange ma douce méditation? Qui perturbe la paix intérieure du roi Ouros?

La voix puissante et grave de la créature résonnait à travers toute la grotte jusqu'à même faire vibrer l’oreille interne de Rayah. Des frissons parcourent l’ensemble du corps de la kunoichi pourtant si confiante d’habitude. Néanmoins, elle décelait une douceur presque sage au travers de la puissance qu’il démontrait. Elle le savait au fond d’elle, son interlocuteur n’avait même pas besoin d’utiliser un membre pour la détruire. D’un simple rugissement, le roi Ouros avait le pouvoir de détruire quiconque s’opposait à ses préceptes.

- Ô grand roi Ouros. En ce jour aux abords simples, j’effectuais ma mission de patrouille au sein du village caché des nuages. Basé sur des informations, j’exécutais ma mission de protection des habitants quand cette kunoichi m’a bloqué dans mon avancée avant de me menacer. Si je ne l'amenais pas à vous, elle prévoyait de m’exécuter tel du bétail.

- Permettez-moi d’intervenir. Mon nom est Rayah. En tant que simple genin, j’ai appliqué une mesure de sécurité face à un animal shinobi errant sans pacte au sein du village caché des nuages. J’estime ne pas avoir outrepassé mon devoir.

Soucieuse pour sa sécurité, la demoiselle se permit une impolitesse. Corrigeant son compagnon de route, elle espérait que le fameux Ouros comprenait ses intentions. Bien évidemment, elle n’était pas là pour déclarer une guerre ou quoique ce soit, mais il était clair qu’elle ne pouvait partir sans un minimum d'explications. Izanami lui en était témoin, si elle mourrait aujourd’hui, ce serait encore une fois dans l’espoir de protéger ceux qui lui semblent chers.

▶ Sujet: Re: Le Royaume sacré d'Ouroborum [Solo - Kuchy]

Angoissé. Face à la menace qui lui faisait face, la demoiselle sentit son coeur battre la chamade. Dans un espoir de trouver réponses à ses questions, Rayah aperçut deux autres statues cadrant ce qui semblait être le trône d’Ouros. Une d’elles dépictait une femme habillée d’un simple apparat. Les traits fins étaient matures mais innocents. De l’autre côté, la statue qui se tenait fièrement était celle d’un dragon majestueux haut de plusieurs mètres. Bien que émerveillée, elle n’avait là aucune information supplémentaire qui pourrait l’aider à se sortir de ce pétrin.

- Eh bien, voilà une situation faussement compliquée. Pourquoi ne pas ouvrir vos cœurs et vos esprits aux paroles d’autrui? Il est difficile de se comprendre si on ne cherche pas à se comprendre. N’est-ce pas là contradictoire pour un fidèle zonure mon petit Tenmei?

Satisfaite de voir ce jeune insolent se faire remonter les bretelles, Rayah se surprit à sourire. Les paroles, à la fois sages et véridiques du géant qui lui faisait face, lui firent retomber la pression. Contrairement à ce fameux Tenmei, le roi qui lui faisait face semblait bien moins belliqueux et entêté. Pire encore, elle avait un sentiment de compréhension et de déjà-vu à l’écoute de ces paroles emplies de bienveillance.

- Vous, humaine, permettez-moi de nous présenter afin de dissiper vos craintes. Nous sommes les Zonures, lézard aux traits presque draconiques. De notre apparence, nous avons eux l’admiration de nombreux humains au fil des décennies. Né sous l’égide protectrice de la divine Izanami, dragon créateur et maître de la paix, nous suivons ses préceptes et les appliquons à tous ceux que nous jugeons dignes.

Tous les éléments s’assemblaient dans l’esprit confus de Rayah. Les statues, les paroles du roi… tout n’était que ode à la bienveillante. Abasourdie, la demoiselle ne sut comment réagir face à cette nouvelle. Bien évidemment, se retrouver face à une race aux mêmes croyances qu’elle l’emplissait de joie et fit aussitôt partir sa peur, mais d’un autre côté, la veuve avait du mal à y croire. Coïncidence fortuite ou manipulation de la part du roi, Rayah avait encore un léger sentiment de doute et de méfiance.

- Autrefois, nous avons signé un pacte avec un shinobi nomade de Kaminari. Ce dernier, fidèle moine d’Izanami, nous a compris et respecté. D’une volonté commune, nous avons mis un point d’honneur à protéger la population de notre pays d’adoption. Malheureusement, comme tout humain, il n'était fait que de chair. Son âme, bien qu’éternelle et pure, n’a pu sauver son corps, brisant ainsi un pacte longtemps prospère.

C’est ainsi qu’à ce jour, mes enfants et moi-même continuons de protéger le pays de la foudre, honorant ainsi une promesse allant bien au-delà du pacte brisé. Tenmei, jeune fils de notre royaume, était ainsi à sa première mission de patrouille qui, à ses dires, s’est vue devenir une mission de protection.

Bien qu’il soit impoli et impulsif, il reste un zonure au bon cœur. Soyez assurés que nous n’avons donc aucune intention, si ce n’est la paix. Néanmoins, si vous insistez dans votre défiance de nos préceptes, que la bonté m’en soit témoin, je me verrais dans l’obligation de vous infliger mon courroux royal.

Rayah resta sans voix. Ces créatures, majestueuses et impressionnantes, ne sont que de simples lézards avec pour seul but d’appliquer la volonté d’Izanami? La divine n’avait pas fini de la surprendre. Après tant de signes et de chemins guidés, la voilà qui met ce royaume sur son chemin. Tel des croisades jumelles, les protagonistes étaient tous bien plus alliés qu’il ne pouvait l’imaginer.

- Je vous remercie de votre franchise, Ô roi Ouros, mais je dois vous rappeler qu’il est difficile de se comprendre si on ne cherche pas à se comprendre.

Retour à l’envoyeur. Fanfaronnant l’espace d’un instant d’user de ses mots contre lui, Rayah se savait pleine de culot à réagir ainsi.

- Ne pensez-vous pas que le cœur de la bienveillante pleurerait à la vue de ses enfants se quereller? Mon nom est Rayah, simplement Rayah. Je n’ai ni nom, ni famille car mon âme et mon corps sont dédiés au doux dragon de la création. Suivant ses préceptes, je ne suis qu’une simple shinobi de Kumo au cœur emplie de bienveillance. C’est ainsi qu’en ce lieu, je vous demande de pardonner ma méfiance disproportionnée. Lorsqu’il s’agit de protéger nos enfants, nous ne savons pas nous contrôler, n’est-ce pas?

Sous les yeux globuleux et abasourdis de Tenmei se déroulait une scène qu’il n’avait pas anticipée. L’humaine qu’il avait amené ici dans le but de lui faire peur semblait être en accord total avec son chef. Une partisane d’Izanami? Vraiment. Tout ce bordel n’avait visiblement servi à rien. Pire encore, le roi Ouros semblait aimer la répartie et les paroles prononcées par ladite Rayah. Comme éclipsé de la conversation, le jeune Zonure resta là, attendant simplement l’ordre du roi de la ramener au village caché des nuages.

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Intrigué. Face aux réflexions de la dame de Kumo, le roi Ouros se redressa légèrement. Avant de la fixer de ses yeux dorés. Comme percé de toute part, Rayah sentait son regard l’analyser plus en détail, comme s'il la jugeait en tant que personne. Se pourrait-il qu’il la voyait jusqu’à maintenant comme une simple humaine lambda? Une créature ignorante et autodestructrice, comme tout humain qui se respecte. Maintenant, c’est plus comme une égale spirituelle qu’il la toisa de sa vision royale.

- Mmmh…

Prise à la fois de peur et de soulagement, la demoiselle sentit une vague d’adrénaline monter en elle face au grognement intrigué du roi. Confrontée à ce qui semblait, aux premiers abords un obstacle, elle avait su le tourner en quelque chose de bien plus positif. Perdue au milieu d’une mission basique, elle s’est retrouvée là, à converser avec une tribu de partisans offrant leur bénédiction et leur amour aux habitants du village cachés des nuages. L’opportunité, bien trop grande pour être esquivée, se dessinait face à la kunoichi.

- Bien que notre première approche fût maladroite, nous sommes tous ici des fervents défenseurs de la paix et du bonheur. Sous les yeux maternels du dragon de la création, nous nous démenons pour appliquer nos préceptes sacrés au sein du village caché de la foudre, et ce, sans même s’entraider.

Ne serait-il pas sage de joindre nos forces? Ainsi, vous n'aurez plus besoin de faire face à ce genre de problème diplomatique. Mieux encore, vous pourrez trouver refuge dans le temple d’Izanami lors de vos escapades en dehors du magnifique royaume d’Ouroborum.

L’offre était posée. Bien que susmentionné, Rayah voyait trois issus possibles à cet échange maintenant devenu diplomatique. Dans le pire des cas, la demoiselle sera renvoyée d’où elle vient sans que suite ne se fasse. Au mieux, elle pourrait se retrouver, bien qu’imprévue, à signer un contrat avec ces créatures aux valeurs communes. Bien évidemment, ils pouvaient également choisir un entre deux, à savoir collaborer pour les missions futures et la protection du village, sans pour autant signer le moindre contrat.

- Votre audace m'impressionne, madame Rayah. Nul ne saurait nier votre détermination après de tels discours. Malheureusement, je ne peux vous fournir de réponse à la hâte sans avoir vérifié la pureté de votre âme.

La remarque, à la fois compliment et doute, laissa Rayah confuse. Allait-elle devoir faire face à une quelconque épreuve? Si tel était le cas, elle n’aurait aucune hésitation ni aucune crainte à la réaliser. Mieux encore, cela ne pourrait que renforcer l’estime que ces créatures auront pour elle.

Néanmoins, c’est en direction de Tenmei que le visage du roi se tourna cette fois-ci. Dans un silence presque religieux, la patte du zonure géant vint se poser face au petit lézard qu’est Tenmei. Sans plus de question, ce dernier grimpa sans difficulté sur la paume écailleuse d’Ouros avant que ce dernier la rapproche de son visage.

- Mon enfant, je t’écoute, qu'as-tu vu de tes yeux bénis? Fais ton office et confie tes pensées à ton vieux roi.

C’était donc entre les mains de Tenmei que cette issue diplomatique se trouvait. Ce Zonure, impolie à souhait et qui avait eu l’audace de la traiter de vieille peau… autant dire que l’espoir quittait l’esprit de Rayah. Comment un être aussi vulgaire que Tenmei pouvait être au service de la divine Izanami? Aux yeux de la demoiselle, c’est à elle qu’on devrait lui demander si Tenmei est digne.

- Comme vous l’avez vu, Ô grand roi Ouros, cette humaine ne manque pas de cran. Elle est autoritaire et se pense légitime sans preuve, ce qui la rend très rapidement détestable…

Allons-y, le tribunal écailleux avait entrepris le procès de la douce Rayah. Crachant son venin tel une vipère, Tenmei s’attira assez rapidement un regard noir de la part de la demoiselle. Heureusement pour lui qu’il était un être innocent, sinon la kunoichi se serait fait un plaisir de lui donner une bonne leçon. Le petit zonure, quant à lui, s’arrêta un instant dans sa tirade afin de jeter un regard à la dame de Kumo.

- … mais elle me semble sincère. Même après que je l’ai offensé, elle ne m’a pas laissé me blesser, allant jusqu’à se faire du mal. Et bien qu’elle soit intransigeante, elle semble le faire dans l’intérêt des innocents. Ce n’est pas une personne agréable, mais ce n’est pas une mauvaise personne. On peut même dire que c’est une bonne personne…

Le cœur de Rayah se serra l’espace d'un instant avant de se libérer, plus léger que jamais. Eux qui n'avaient pas arrêté de se lancer des piques, se trouvaient finalement honnêtes dans leur perception. Il est vrai qu’aux premiers abords la veuve peut paraître très autoritaire et peu agréable, mais cela est nécessaire pour assurer la sécurité des habitants.

- Merci de ton honnêteté, mon enfant. Il semblerait que ta vision ait été claire, comme toujours, je te félicite.

Abaissant sa main, le roi Ouros déposa Tenmei juste à côté de la kunoichi. Voulant le remercier, elle lui décocha un sourire sincère. Malheureusement pour elle, son geste amical fut accueilli par un tirage de langue des plus enfantins de la part du zonure. Visiblement, lui n’avait pas l’intention d’être plus mature…

- Rayah, demoiselle de Kumo et oracle d’Izanami. Je t’offre en ce jour l’opportunité de lier une nouvelle fois le destin des Zonures à celui du pays de la foudre. En ce jour sacré, entouré des statues témoins de notre divinité, je te propose un contrat des plus sincères portant une seule condition : Prendre Tenmei comme compagnon de voyage.

Choqués par les propos, les deux personnes mentionnées se regardèrent les yeux écarquillés. Personne ici, hormis Ouros, ne voulait voir les deux collaborer. Leur dynamique ou leur façon de penser n’était en aucun cas compatible. Cependant, cette proposition, aussi folle soit-elle, n’était en soi que fioriture face aux gains que Rayah obtenait. Une vérité qu’elle acceptait malheureusement à contre-cœur.

- J’accepte. Qu’humain et Zonures fassent baigner la lumière de la créatrice sur ce monde corrompu.

Sans même qu’on lui ait demandé son avis, Tenmei se retrouvait au milieu de toute cette histoire. Bien sûr, il pourrait se manifester et refuser d’être le camarade de la demoiselle, mais il le savait, nul ne peut contredire les consignes sacrées du roi Ouros. Il était donc là, face à deux personnes scellant son destin à sa place sans même pouvoir intervenir. Une condition déplorable mais qui, à y regarder de plus près, pouvait être pire. Au moins maintenant, le jeune zonure aurait plus de moyens pour protéger les habitants de kaminari, ce qui rendrait la nouvelle légèrement plus digeste.

- Ainsi soit-il.

Abaissant son bras jusqu’au petit zonure, Rayah le laissa monter jusqu’à son épaule. Ainsi posté sur la demoiselle, le pacte fut scellé entre les partisans de la douce Izanami. Une nouvelle étape dans le grand dessein imaginé par la veuve. Une nouvelle réussite dans la paix de ce monde meurtri.

Mais ne serait-il pas temps d’enfin s’occuper de cet animal errant?