▶ Sujet: Re: [POST-ÉVÈNEMENT/KIRI] Le visage de la Brume
Automne 83, place centrale du village.
Quatre jours après l'apparition de Gobi.Les ruelles autrefois désertées du centre ville s'animaient peu à peu de vie. Quatre aubes après l'apparition du Démon qui avait régit le village sous le joug de son pouvoir, le crissement du bois et le tintement des pierres s'élevait au rythme de mudrās formulés et d'ordres dispensés à qui saurait les reconnaître. La silhouette de Mokuhen Koguro se distinguait parmi la foule, le bras levé pour héler les âmes plus novices qui l'accompagnaient dans les réparations des bâtisses emportées par le typhon de brouillard qui avait ravagé les alentours, au pied de l'immense tour qui surplombait le village dans toute sa hauteur. Enma se tenait à ses côtés, les bras croisés sur son torse, ses cheveux finement noués dansant au-dessus de sa silhouette élancée. Elle demeurait égale à elle même ; observatrice, glissant parfois, ici et là, quelques mots ou discussions banales avec son comparse.
Partout dans le village, les murmures s'étaient tus ; les pleurs avaient cessés, les morts – ou ce qu'il restait d'eux – enterrés. Aucun n'osait soupirer la hargne que la Brume leur avait inspiré, de crainte qu'elle les emporte avec elle – que cette
bête s'anime de nouveau en révélant son visage dans le creux de la bruine. Alors de nouveaux les avaient remplacés, doutant de leur sécurité entre ces murs.
Jusqu'à ce que la Shodaime, qui s'était jusqu'ici contentée de les observer du haut de sa tour, se joigne à eux. Les ombres qui l'entouraient en permanence s'étaient éveillées au moindre mot pointé sur ses lèvres : elles s'étaient affairées sous l'ordre qu'elle leur avait commandé pour venir en aide à ceux qui en avaient le plus besoin. Et lors de la cinquième aube, ce qui fut autrefois détruit retrouva un semblant d'existence. Les maisonnées furent remplacées à défaut des souvenirs qu'elles contenaient, la ville apaisée malgré les morts qui continuaient de la hanter.
L'aurore fut bercée par le son de clochettes frappées dans un rythme aussi diligent que respectées. Nombre d'entre elles se tenaient sur des sceptres que des hommes vêtus d'un voile blanc couvrant leur visage levaient et abaissaient. Anonymes ils étaient, vêtus de drapés qui dissimulaient leurs identités jusqu'au bout de leurs membres. Des broderies serpentaient parfois le bas de leur accoutrement – elles étaient celles des armoiries de chaque vassal du Seigneur de l'Eau, disséminées à travers les différentes silhouettes qui composait cette étrange escorte.
Au centre de cette délégation trônait l'ombre du Daimyo et celle d'une jeune âme qui l'accompagnait, leurs fasciés dissimulés derrière les voilures de leur palanquin.
Leur cohorte traversa l'ensemble du village sans daigner adresser un regard aux âmes sur leurs flancs ou se détourner du devoir qu'il leur revenait de remplir – frapper ces cloches au rythme de leurs foulées pour annoncer l'arriver du sang dirigeant ces terres. Et lorsque leur chemin prit fin au pied de la tour de la Mizukage, des ombres masquées vinrent ouvrir la porte de leur séant devant celle de l'immense bâtiment, où trônait la silhouette fine de Shodaime devant leurs lignes boisées, un sourire diligent aux lèvres pour les accueillir.
Hadō Oboroge, Shodaime Mizukage Hatoshi Gensei, Troisième Daimyo de l'Eau Senpatsu Shōsan,
héritier de la lignée seigneuriale Le Seigneur fut le premier à fouler le sol de la Brume du pied. Le plus jeune le suivit bien assez tôt. Et lorsque leurs regards se posèrent sur la générale, l'un méthodique et l'autre plus distant – happé malgré lui par la nouveauté de ces lieux –, Hadō Oboroge ploya l'échine avec une révérence qui n'avait d'égal que le pouvoir qu'ils représentaient.
«
C'est un honneur, prince Shōsan. »
L'intéressé hocha la tête, simplement. Hatoshi Gensei l'observa, un instant, avant d'aviser la hauteur de la tour.
«
Sont-ils tous là ? »
La Shodaime aquiesca silencieusement en tendant sa dextre à son attention, que le Daimyo saisit plus par politesse et habitude que tout autre chose – et lorsqu'il pressa ses lèvres sur son dos pour la saluer, elle tâcha de lui répondre. «
Absolument.—
Et cette Yuki ? »
Un sourire malicieux épris les lèvres de la générale sous l'ombre de son chapeau, tandis qu'elle détournait doucement les talons vers l’intérieur des portes boisées que deux gardes venaient d'ouvrir pour elle, sa main retombant lentement le long de son corps.
«
Je ne lui ai pas laissé le choix. »
***Kaguya Taosu, Cheffe du clan Kaguya Seidō Imifumei, sabreur émérite de la Brume Yuki Zenryō,
chef du clan Yuki Fuuha, membre du clan Yuki Un groupuscule les attendait, entre les murs de la tour de la Mizukage. Formé des ordres armés de la Brume qui avaient d'ores et déjà fait leurs preuves, qu'ils soient simples Genin ou Jonin ; tous se tenaient droits, parfois avec moins d'impatience que leurs congénères. Le Seigneur n'eut pas à marcher, encore moins à gravir les centaines de marches qui menaient aux quartiers de la générale. L'ensemble de la foule avait été confinée au rez-de-chaussée, où son grand âge ne serait point un frein pour son ascension matérielle. La venue du Seigneur entre les murs de la Brume était rare, exceptionnelle, même – elle vous avait été confiée il y a quelques heures à peine, afin de prévenir toute tentative de coalition contre son arrivée. Et à en juger par le climat ambiant qui régnait dans le village, ou les évènements récents qui l'avaient bousculés, la présence de ces deux sangs bleus ne vous paraissait peut-être pas aussi surprenante qu'elle aurait pu l'être d'ordinaire.
Un silence de plomb régnait sur l'assemblée, que nul n'osait bafouer. Seul le son des geta de la Shodaime résonnait sur le bois noble, accompagné de ceux du Seigneur et de l'enfant qui l'accompagnait – et sur qui tous les regards se braquaient. Taosu, en particulier, l'observait avec un air empreint de méfiance et de hargne dissimulée sous des traits félins, entourée par les membres de son clan. Seul Imifumei arborait son éternel air bienveillant qui avait tout du masque et rien de l'honnêteté – car les yeux de Zenryō, eux, demeuraient plantés dans les reliefs du sol, luttant contre les douleurs diffuses que son bras bandé faisait résonner dans les moindres recoins de son corps. Plusieurs Yuki se tenaient à ses côtés ; Shun'u, d'autres marqués par les méfaits de la Brume comme beaucoup d'autres habitants de Kiri. Mais l'une d'entre eux, en particulier, surprenait même ses pais qui l'aurait pensée à des lieues d'ici.
L'expression qui siégeait sur le visage de Fuuha était pour le moins indéchiffrable. Entre la colère, la frustration, le ressentiment, la peine et le devoir de ne rien laisser transparaître, elle paraissait serrer ses paumes en imaginant le cou d'un autre entre ses doigts – et si ses yeux froids avaient obtenu le don de tuer aussi facilement que le brouillard, nul doute que bon nombre de têtes couronnées seraient tombées avec un seul de ces regards. De temps à autre, l'un d'entre eux s'effondrait sur la stature de Zenryō – et un voile de pitié se frayait alors un chemin dans ces orbes bleutés, avant d'être emporté par le fantôme d'une âme qui les hantait tous les deux.
Puis le Daimyo fini par prendre sa place, lui aussi, face à cette assemblée constituée des forces armées censées constituer son armée et son épée. Le jeune Shōsan se tint à ses côtés, lui aussi, le regard étonnement haut pour un bambin qui n'avait face à lui que les visages d'étrangers.
Et la voix d'Hatoshi Gensei résonna dans le silence, en mettant un terme à toutes les pensées qui fulminaient dans ces dizaines d'esprits laissés à la dérive.
«
Comme bon nombre d'entre vous le savent, les actions formulées à mon encontre se sont accentuées ces derniers temps. », un empoisonnement, né dans les abords de la bourgade d’Azemichi, et dont les murmures putrides s’étaient répandus jusqu’au port de Minatomachi. L'attention du Seigneur s’attarda sur le visage de certains d’entre vous, dont les noms avaient été évoqués dans les rapports qui lui étaient parvenus sur ces félons. «
Et si je ne crains pas les entreprises de mes opposants car la Brume demeurera éternellement là pour nous protéger, il existe pourtant une menace dont elle ne pourra jamais me protéger – celle de l'âge. »
Si certains grimacèrent à la mention du brouillard et du souvenir de son courroux déchainé loin de remonter à une ancienne lune, nul n'osa le couper. Hatoshi Gensei laissa ses deux paumes reposer sur le sommet de sa canne, en balayant l'assemblée du regard.
«
La question du prochain Seigneur hante les lèvres des habitants du Pays de l'Eau depuis déjà plusieurs générations. Certains voudraient voir le second Daimyo, Senpatsu Yoshinori et sa politique farfelue réinvestis sur le trône de ces terres. Je suis là pour vous dire que cela n'arrivera pas. »
L'une de ses paumes quitta les reliefs de ce support de bois pour s'ancrer entre les omoplates de l'enfant à ses côtés, cernant les contours de son épaule pour le désigner avant que ses mots ne le fassent.
«
Senpatsu Shōsan, petit-fils de Senpatsu Norio, est mon héritier. La nouvelle sera annoncée dans les prochains jours dans les différentes principautés du pays. Les chefs des clans vassaux sont, eux, déjà au courant. »
Des murmures commencèrent à se propager dans l'assemblée ; et Hatoshi Gensei n'attendit pas qu'ils se changent en spéculations pour les crever dans l'œuf.
«
Je n'ai pas terminé. », son regard se détacha du plus jeune pour trouver les traits de la Shodaime, sa dextre revenant se loger au-dessus de sa consœur sur les détours de sa canne. «
Si quoi que ce soit advient à ma personne avant qu'il atteigne sa majorité, j'ai décidé de désigner la première Ombre de l'Eau, Hadō Oboroge, en tant que régente. Elle commandera à la fois aux forces armées de Kirigakure et siégera sur le trône du pays jusqu'à ce que Shōsan soit à même de prendre la place qui lui revient. »
Il avisa le groupuscule accumulé devant lui ; les filons de Brume qui descendaient, aussi inoffensifs que l'on pouvait les supposer, depuis les hauteurs de la tour où les nombreuses fenêtres des quartiers de la générale leur permettait de pénétrer le bâtiment tout entier.
«
Après tout, l'Ombre de l'Eau n'est que l'extension du pouvoir d'un Seigneur, et la Shodaime est celle de ma volonté, comme elle fut celle de Senpatsu Norio. »
La main de Zenryō se tétanisa sur son propre bras à l'entente de ses mots, son regard fatigué peinant à se redresser sur la Shodaime. Il pouvait sentir Fuuha trembler à ses côtés, d'une hargne et d'une crainte à l'idée de confier les pleins pouvoirs à une femme dont ils connaissaient le véritable visage – paré de deux yeux ronds comme l'opale, miroitant ceux du démon qui sommeillait en elle.
Un silence stupéfait s'étendit sur l'assemblée, que bien peu osèrent fendre de quelques paroles. Le Daimyo considéra chacun d'entre vous avec un air aussi mesuré qu'il était détaché, habitué à ce que ses ordres ne souffrent d'aucune objection – si longtemps que ce mutisme en devint palpable, presque royal.
Jusqu'à ce que le ton d'une certaine Kaguya se heurte à l'attitude princière qui baignait la pièce au point d'en vomir.
«
Allons-nous tous continuer à faire comme si nous n'avions pas vu la bête qui a dominé le village ? », son regard félin s'écrasa tour à tour sur les silhouettes de Fuuha et de Zenryō, avant de s'effondrer sur celle de la Mizukage. «
Ou l'un de vous aurait-il l’obligeance de s'expliquer ? »
La Mizukage laissa un sourire poli parer ses lèvres, presque par devoir – mais ce masque aussi doux qu'on le savait meurtrier faillissait à laisser entrevoir l'exaspération, sinon l'aigreur qu'elle ressentait au simple fait que le sujet ait pu être soulevé.
«
Vos yeux ne vous ont pas trompé. Comme je l'ai dit à Yuki Zenryō, la Brume est un cadeau du Pays des Tourbillons. »
La rétorque du manieur de Sōkōjikan ne se fit pas attendre.
«
...Vous êtes en train de dire qu'une créature des Uzumaki tue des Kirijins comme bon lui semble ? »
Un silence entrecoupé de murmures succéda à la possibilité que le sabreur venait de soulevé, que la Shodaime perdit encore moins de temps à endiguer. Le Seigneur, lui, demeurait en retrait, observant les réactions de chacun avec l’acuité d'un homme bien plus jeune qu'il l'était.
«
La Brume répond aux ordres du Seigneur de l'Eau. Elle sévit envers les traîtres à notre nation. Tous ceux qui cherchent à la comprendre ne le font que pour essayer de la contourner. Vos questions sont inutiles, car elle continuera à nous protéger comme elle l'a toujours fait. », l'Ombre laissa son regard se poser sur chacun des intervenants, avant de se loger sur la silhouette meurtrie de Zenryō. «
Le serment que vous avez tous prêté nous protège du Continent, qui craint désormais de fouler nos terres avec des intentions qui pourraient nous nuire. C'est là tout ce que vous devez retenir. »
Tous pouvaient deviner l'engagement auquel elle en appelait à travers ces mots.
La Brume est l'alliée de Kiri, nul ne doit la remettre en question. Un code que tous s'étaient engagés à respecter et à maintenir, qu'importe à quel point l'ombre du monstre qui s'incarnait dans chaque mouvement de la brise pouvait se montrer étouffante.
La générale croisa ses mains dans l'ombre de son dos avant d'aviser la foule devenue muette devant elle, son sourire changé en quelque chose de plus honnête – de plus satisfait.
«
Bien. À moins que vous ayez d'autres demandes, ce rassemblement est ajourné. »
- récapitulatif:
Chacun d'entre vous est libre de répondre en profitant du rassemblement pour discuter avec l'un des PnJs présent, soit devant l'assemblée, soit en aparté (la narration s'adaptera pour faire une réponse à chacun).
Vous apprenez que suite aux récentes tentatives contre la vie du Daimyo qui, si elles ne sont pas surprenantes car elles sont advenues tout au long de sa vie, mettent en lumière son âge plus qu'avancé. Il annonce alors son hériter ; Senpatsu Shōsan, fils de Yoshinori, bien qu'il n'entend pas poursuivre l'oeuvre pacifique de son père. Et pour donner à ses détracteurs une raison de plus de se dissuader dans leurs tentatives, il annonce également confier le trône de la Seigneurie de l'Eau à Hadō Oboroge si quoi que ce soit venait à lui arriver avant que Shōsan n'atteigne l'âge adulte. Autrement dit, à lui confier aveuglément les pleins pouvoirs.
@Asakura Washirō,
@Fuwa Yasahiro : a priori, les pères de vos personnages étaient déjà au courant de la succession prévue pour Shōsan, mais pas pour la Shodaime, en tant que vassaux du Daimyo.
Les nouveaux enjeux arriveront sous peu !