▶ Sujet: Dans l’Ombre des Lames, Samehada surgit

Raido revenait à Kiri après plusieurs jours d’entraînement intensif avec ses nouveaux amis, les crabes. Épuisé mais comblé par ses progrès, le ninja, souvent en proie à ses propres doutes, était fier de ses réalisations. Lorsqu'il arriva à Kiri, il décida de rendre visite à son fidèle ami Rintaro, sans se soucier de l'odeur persistante laissée par ses quelques jours passés en compagnie des mollusques. En quête de partager ses aventures et les techniques acquises, il se dirigea vers le temple légendaire des sabreurs, sans se rendre compte qu'il s'aventurait pour la première fois dans ce lieu sacré.

Rintaro, intrigué par les récits de Raido, l'avait souvent invité à explorer le domaine, espérant se vanter devant l’un de ses plus anciens amis. Le temple, réputé pour abriter de nombreuses épées légendaires et artefacts historiques, attirait les aspirants ninjas désireux de s’entraîner avec les célèbres sabreurs de la brume. Raido, émerveillé par la grandeur du bâtiment, se sentit tout à coup minuscule en son sein. Des jeunes ninjas traversaient les couloirs avec l'énergie débordante de leur jeunesse.

En explorant le temple, Raido, captivé par les nombreuses épées et artefacts exposés, prit un mauvais tournant et descendit plusieurs escaliers. Perdu dans la découverte des trésors du lieu, il commença à perdre son sens de l'orientation, se déplaçant d'une pièce à l'autre sans se souvenir de la raison initiale de sa visite. Rintaro comprendrait, après tout, il n’était pas tous les jours possible de voir autant d’histoire en un seul endroit.

En se perdant dans les corridors labyrinthiques du temple, Raido découvrit une pièce semblable à un donjon, ornée de chaînes maculées, de portes en fer forgé et de caisses de matériel. Des fresques anciennes et des symboles mystérieux couvraient les murs, plongeant le ninja dans une réflexion plus profonde. Au centre de la pièce, une vitrine renfermait diverses lames brisées, un rappel visuel des défis auxquels les sabreurs faisaient face. S’apercevant de sa solitude, Raido s’empara d’un katana en bon état qu’il ne déplia pas avant de faire quelques moulinets, se prenant un instant pour l’un des grands héros légendaires.

Parmi les lames de cette cave obscure, une en particulier sembla réagir à la présence de Raido. Un cliquetis se fit entendre, comme si les murs eux-mêmes craquaient, tandis que les écailles du prédateur se déployaient pour humer leur nouvelle proie. Le son, bien que présent, pétrifia Raido, le faisant lâcher son arme de fortune. Il était si paralysé par la peur qu’une bourrasque aurait pu le frapper sans qu’il s’en aperçoive. Son premier réflexe fut de libérer une portion de son chakra pour sonder les environs. Était-ce un animal égaré, tout comme lui ?

L’intensification du grondement guttural provoqua une sueur froide sur le front de Raido. Ses jambes, engourdies par la peur, restaient immobiles. Un ancien du village aurait probablement ri en voyant cette scène, mais personne ne vint à son secours alors que la pression dans l’air ne cessait de croître. L’idée d’invoquer l’un de ses fidèles crabes lui traversa l’esprit. À peine avait-il pensé à cette solution qu'un nouveau bruit, semblable à un serpent rampant, se fit entendre. Étouffant un cri avec une main, Raido posa l’autre sur sa sacoche d’armes, surpris de conserver un peu de détermination combatante malgré la terreur qui le clouait sur place.

La lame vrombissait de plaisir dans l'ombre, savourant le parfum marin qui émanait de Raido. Samehada, comme on l’appelait, était une des épées les plus étranges jamais créées, dotée d'une conscience partielle et ayant terrorisé de nombreux adversaires sur le champ de bataille. Connu pour sa capacité à absorber le chakra de ses utilisateurs, Samehada se délectait maintenant de l'énergie de Raido, l’affaiblissant peu à peu.

Samehada, se tortillant de bonheur à l’idée d’un nouveau repas, se mit en chasse. Peut-être avait-elle ramassé le corps d’une de ses victimes dans un recoin perdu, ou bien avait-elle vidé un ancien possesseur. Raido n’eut pas le temps de réfléchir davantage avant que la créature ne se jette sur lui avec une force écrasante.

Crier aurait été une excellente idée, mais la vision d’horreur et la surprise mêlées à l’anxiété emportèrent Raido dans un état d’inconscience. Lorsqu’il se réveilla, il trouva Samehada sur lui, ses écailles étendues comme des pattes dégoutantes. La créature semblait aspirer lentement son chakra, amplifiant l’engourdissement dans tout son corps.

Avec Samehada désormais en sa possession – ou était-ce le contraire ? – Raido était horrifié par la scène. L’épée semblait apprécier l’odeur de crabe qui s’était installée sur lui, se collant à lui comme un animal cherchant son maître. Que faire ? Raido était perdu, submergé par une vague d’informations et d’émotions. L’idée même qu’il puisse être lié à une telle légende le troublait profondément.

Dans un geste désespéré, Raido se tailla le pouce avec une écaille de Samehada, laissant tomber quelques gouttes de sang sur le sol, espérant que l’arme serait attirée par le liquide. Un nuage de fumée surgit du sceau, révélant un crabe joyeux qui, se précipitant vers l’épée comme une diversion, permit à Raido de fuir.

— HÉ ! Abruti d’humain, qu-qu-que fais-tu ?
— Désolé, Craey !

Sacrifier l’un de ses invocations pour distraire la créature lui acheva quelques précieuses secondes, qu’il utilisa pour sortir précipitamment de la pièce. Il vit le crabe menacer l’épée de ses pinces avant d’être englouti par elle.

— Hé, qu’est-ce que tu fais là ?

Un homme, indifférent au chaos environnant, astiquait une arme non loin. Raido, dans un état de désordre total, lui expliqua confusément la situation, entre les détails du monstre et du crabe, sans omettre sa propre terreur.

L’homme sembla comprendre, mais son regard était empreint à la fois de tristesse et de déception.

— Je crois bien que Samehada s’est trouvé un nouveau « petit copain »…
— Quoi ?
— Oh, tu as bien compris. Ne me fais pas croire que tu es venu ici sans savoir à quoi tu t’exposais. Tu rêvais peut-être de ce moment, mais te voilà maudit !

Le rire gras de l’homme toucha directement le cœur du jeune ninja. En ce moment, l’épée apparut dans le cadre de la porte, avec dans sa bouche baveuse le crabe qui se débattait, suppliant son maître de venir à son secours. Il était devenu le jouet de la lame.

— Raidooo, salooopard !

Ignorant les appels de l’homme, Raido murmura pour lui-même, obnubilé par la situation.

— C’est impossible. Moi, un… Sabreur ? Je ne connais rien aux épées…

Le rire de l’homme le ramena à la réalité.

— Bienvenue chez les épéistes, gamin. Cela fait une vie que j’espère être choisi par l’une d’elles. Tu es chanceux.

Un défi animé semblait maintenant dans les yeux de l’homme. Raido ressentait la pression d’hériter d’un destin que quelqu’un d’autre attendait depuis des années. La réalité de sa situation, avec Samehada se rapprochant de lui comme un animal cherchant la chaleur de son nouveau maître, le frappait de plein fouet.

— Rintaro ne me croira jamais.