12.10.24evenement L'évènement se termine officiellement avec son épilogue, qui révèle de nombreux éléments de la trame. De nouveaux enjeux arriveront dans les semaines à venir pour chaque faction !
21.07.24evenement Le deuxième Évènement du forum, « Les voix du passé » est lancé ! L'ensemble des RPs sont disponibles dans la catégorie qui lui est dédiée !
Cent huit ans avant notre ère, le chakra courut sur le monde comme une traînée de poudre. Venu de nulle part et de partout à la fois, il étreignit les hommes et anima leurs corps comme ceux des nouveau-nés dès leur premier souffle. Tel un raz-de-marée changeant le monde, son énergie leur offrit les prémices de ce qu’ils nommeraient « pouvoir », bien des années plus tard.
Celui de dépasser les limites que la nature leur avait jusque-là imposées. De donner vie et corps à leurs ambitions les plus folles comme à leurs vices les plus abjects.
Leurs chairs avaient été bénies de la grâce de l’alizée et de la force des typhons : leurs coups étaient plus précis, leurs organismes plus vigoureux. Un simple bond les menait jusqu’aux cimes des arbres majestueux du désormais Pays du Bois. Leurs pas les guidaient sans peine à travers les monts qui édifièrent bien plus tard les frontières de l’actuel Pays des Montagnes.
Alors, ils embrassèrent cette nouveauté comme chaque bien de l’Humanité : avec le profond désir de la dompter jusqu’au moindre détail, de faire cette énergie sienne avant tant d’autres. Il leur fallut des décennies pour maîtriser ce que le plus simple shinobi peut accomplir aujourd’hui – mais ils y parvinrent, en demeurant dans la profonde ignorance de l’origine du chakra.
Et ils comprirent. À quel point il pouvait receler la puissance de faire de l’imagination une réalité ; à quel point ils pouvaient dompter les leurs par la force et fonder les dynasties qui gouvernèrent le monde des années durant.
Régie par la noblesse, la richesse et par un grand sens de l'honneur et de la droiture, Homura se distingue ni plus ni moins des autres villages par son caractère guerrier à la limite du comportement militaire. Les shinobis qui sont formés pour devenir des shinobis d'Homura sont, dès leur plus jeune âge ou dès l'entrée dans la formation, forcés de respecter ce code d'honneur. Il est précisé que quiconque y dérogerait se verrait sanctionné de différentes façons... des travaux d'intérêt publique à l'emprisonnement et du bannissement des terres d'Homura à la pure et simple mise à mort.
❈ Tout shinobi doit être capable de se sacrifier pour la cause Homura-jin.
❈ Tout shinobi doit être capable de donner sa vie pour ses camarades, particulièrement s'ils sont plus jeunes ou s'ils sont moins expérimentés. De la même manière, il doit un incontestable respect à ces derniers.
❈ Tout shinobi doit être capable de se sacrifier pour les civils.
❈ Tout shinobi doit être capable de réussir une mission primordiale même si cela signifie abandonner ou laisser mourir ses camarades.
❈ Tout shinobi doit être capable de dissimuler ses sentiments personnels ; pire que cela, il se doit de les ignorer et de les faire passer au second plan.
❈ Tout shinobi doit une indiscutable fidélité à sa faction. Toute information dissimulée, cachée volontairement ou toute trahison quelconque sera sévèrement sanctionnée.
❈ Tout shinobi doit se dévouer à son entraînement et au perfectionnement de son corps et de son esprit. Il doit respect aux siens et aux autres, tolérance aux différences, empathie aux plus faibles et rigueur dans ses efforts personnels (qui doivent être constants et variés).
❈ Tout shinobi doit un indiscutable respect à ses supérieurs hiérarchiques et doit obéir au doigt et à l'oeil à leurs ordres. Toute insubordination sera sévèrement sanctionnée.
FUJIWARA SENCHI Portant sur ses épaules l'ensemble du clan Fujiwara, Senchi est un guerrier hors pair dont le jeune âge, la force d'esprit, la droiture, la témérité et les compétences l'ont rendu capable de se hisser au sommet. Un lien particulier mais inconnu le lie à Iwao, la Shogun, sans que personne ne sache trop quoi en penser. Certains le suspecteraient même d'être à l'origine de la mort de son père, bien que rien ne l'incrimine.
HYÛGA EIMEI Figure représentante du clan Hyûga, devenu chef en l'an 68, Eimei incarne toute la fierté des siens. Droit, noble, charismatique tout en restant sobre, il semble en savoir plus qu'il ne le devrait. Il est à l'origine de l'ensemble des mouvements du clan Hyûga, car rares sont les membres de son clan osant défier ses ordres ou agir sans son aval. Il fait parti de la branche principale.
NARA KUENAI Etant à la tête du clan Nara, Kuenai est extrêmement perspicace et dispose d'une intuition impressionnante. Très soucieuse des maux qui pèsent sur Homura, elle est parfaitement lucide vis-à-vis du comportement des siens comme de celui des autres clans et s'organise toujours dans l'ombre afin de limiter les dégâts. Certains la suspectent d'avoir assassiné Fujiwara Oda, et de nombreuses preuves mèneraient à penser qu'elle est coupable. Etrangement, elle rejette l'entière culpabilité sur Fujiwara Senchi.
À l'été 83, un shinobi d'Homura se rend au sein du temple souterrain découvert lors de l'attaque d'Oto sur Homura, en périphérie du Shogunat. Ses découvertes mènent le lieu à son scellement complet par le clan Uzumaki, ainsi qu'à l'amnésie du genin.
À l'été 83, 90 civils sont assassinés dans la bourgade de Rindо̄ par un homme se faisant appeler « le Boucher ». Au terme d'un combat qui se révéla être une victoire pour l'escouade envoyée par Homura, il fut assassiné par Yamamoto Janome au moment où il s'apprêtait à leur révéler les plans de l'Alliance. À sa mort, le pouvoir des fils noirs, le Jiongu, réapparu à travers le monde.
La venue de l'automne fut le théâtre de la plus grande attaque de l'Alliance contre le Shogunat d'Homura. Suite à la récupération d'Uzumaki Sadame – Jinchuuriki de Kyuubi que tous pensaient décédé – par les forces armées à la fin de l'été, l'Alliance se mit en chemin pour le reprendre par la force, de crainte qu'il puisse confier aux shinobis d'Homura tout ce qu'il connaissait malgré lui à leur sujet, lors de sa captivité.
Alors, si une escouade s'occupa de protéger le Jinchuuriki dans sa chambre d'hôpital, le reste du village, lui, dû s'occuper de Janome et de ses alliés qui tentèrent de mettre la Capitale à feu et à sang pour disperser leurs forces.
En hiver de l’an 82, Homura fut prise pour cible par les forces armées du Pays du Son qui attaquèrent de front la capitale de l’Empire. Rejoints par les autorités du Shogunat, les Genin firent face à de nombreux guerriers d'Oto, une dizaine de yokai éveillés ainsi qu'à Yamamoto Janome, qui se révéla chef d'orchestre de ce conflit. Alors que ce face à face tournait en défaveur d'Homura, Naga, un shinobi ayant rejoint leurs forces armées, s'énonça comme un traître qui avait enfin récupéré ce qu'il cherchait depuis toutes ces années. Il invoqua Kyuubi, le Démon Renard, avant de prendre la fuite avec Janome sur son dos... non sans avoir occis tous les yokai de ce dernier, comme pour le punir pour sa cruauté qu'il n'avait pas prévue au programme.
S'il y a bien un lieu dans lequel la mort peut survenir à tout moment, c'est bien au sein du Village Caché de la Brume. Depuis des années, afin de lutter contre le retard qu'eut prit le pays par rapport aux autres factions, les autorités de l'Eau se décidèrent à mettre au point une philosophie qui leur permettrait de rattraper l'avancement des autres factions. C'est notamment au travers de l'assassinat que ces derniers trouvèrent leur réponse et ainsi furent éduquées les jeunes pousses destinées à devenir les futurs shinobis de Kiri. A un style sanglant et sanguinaire, loin de toute valeur humaine.
▒ Chaque Shinobi doit être capable de mourir pour la Brume et pour ses habitants.
▒ Chaque Shinobi doit capable d'abandonner, de laisser mourir voire de tuer ses camarades si cela leur permet la réussite d'une mission primordiale.
▒ Chaque Shinobi ne dispose d'aucun sentiment personnel : ils doivent agir sous les ordres de la hiérarchie.
▒ L'entraînement de chaque shinobi doit être rigoureux et il doit toujours être au service de l'identité de la Brume.
▒ Chaque Shinobi doit servitude et obéissance à la hiérarchie, tout manquement sera vu comme insubordination.
▒ Chaque Shinobi doit tuer tous les adversaires qui se dresseront sur le chemin de Kiri.
▒ La Brume est l'alliée de Kiri, nul ne doit la remettre en question.
YUKI ZENRYŌ Yuki Zenryо̄, autrefois jeune membre du clan dont tous reconnaissaient le potentiel, devint chef de clan à la mort de Yuki Saburô en l'an 75. Très proche de la Mizukage, il lui assure son soutien inconditionnel et celui de son clan.
KAGUYA TAOSU Cheffe du clan Kaguya, Taosu est connue comme étant une guerrière redoutable et particulièrement avide de sang et de trippes. Supportant avec fidélité l'identité de ce clan depuis des décennies, elle est, malgré son apparence, extrêmement hostile, sournoise et meurtrière, si bien qu'elle est redoutée dans son clan entier. Elle éprouve une très forte rancœur envers Oboroge, la Mizukage, car sa simple présence a fait diminuer de manière importante son quota d'assassinats par jour.
SEIDŌ IMIFUMEI Personnalité émérite parmi les sabreurs, tout le monde au sein de Kiri connait Imifumei. Combattant redoutable maîtrisant Sо̄kо̄jikan, le Sabre du Temps, l'ensemble de Kiri le voit comme un shinobi imbattable. Il est vénéré de tous, car tous le connaissent comme un homme héroïque, portant de grandes valeurs d'espoir, de courage et de persévérance auprès des plus faibles.
Trois soldats de l'Eau sont approchés par Fuuha, une errante appartenant autrefois au clan Yuki dont elle a renié le nom. Si elle décide de partager le fruit de ses enquêtes sur la Brume sanglante avec quelques uns, d'autres n'acquièrent pas sa confiance – à l'image d'un certain archer jouant un double jeu, en faisant un rapport au Seigneur de l'Eau et à la Shodaime sur ses agissements.
Une escouade menée par Kaguya Bankichi permis à la Brume de repérer la trace de Shinchū et, au terme d'un affrontement difficile, de l'éliminer en le prenant par surprise. L'ensemble de l'escouade fut frappée par une marque maudite mystérieuse lors de son ultime râle.
À l'automne 83, Naga foule du pied le Village caché de la Brume en pénétrant dans la Tour de la Mizukage. Pressentant le danger qu'il représente, la Shodaime s'engage immédiatement dans un combat qui l'oppose à l'étranger, épaulée par la Brume sanglante qui, pour une raison que l'on ignore, ne parvient pas à le tuer malgré tous ses efforts.
Au sein du village, les autorités de Kiri se dispersent sur deux flancs : à l'Ouest, face à une yokai connue sous le nom de la Mariée sans visage ; et à l'Est, face à un homme nommé « Shuushin », un adorateur d'Izanagi qui se dit être immortel...
À l'hiver de l'an 82, Kiri souffrit simultanément la disparition d’un grand nombre de ses habitants et la désertion apparente de trois de ses éléments les plus prometteurs Les enquêtes menées révélèrent d’une part que les civils avaient été massacrés par des Yokais, dont le plus imposant était Shinchū, dit « le Yokai Originel », et d’autre part que les déserteurs avaient été tués par deux individus restés non identifiés, mais dont l’un d’eux manipulait une forme d'orage. L’hypothèse d’une alliance entre ces deux menaces n’était pas exclue.
Parmi les lieux les plus malsains et insidieux du Yuusei, Kumo s'y érige en maître. Faussement uni, le village est peuplé de shinobis qui ne souhaitent qu'agir pour leurs intérêts propres ou pour ceux des personnes pour lesquelles elles travaillent. Etrangement, cela est parfaitement assumé par tout le monde et ainsi sont éduqués les shinobis. En plus de cet état d'esprit, rédigé par le Daimyo en personne, Kumo dispose d'un Code de Renseignements que tout le monde doit consciencieusement respecter sous peine d'être sanctionné par le dernier. Evidemment, la crainte de ce dernier incite et invite tout le monde à les appliquer sans broncher.
ζ Chaque Shinobi doit être capable de mourir pour son Daimyo.
ζ Chaque Shinobi ne peut discuter des ordres de la hiérarchie. Aussi, tout manquement aux ordres du Daimyo est passible d'une peine de mort.
ζ Chaque Shinobi doit être capable d'accomplir toute mission, même si cela lui impose des sacrifices insurmontables.
ζ Chaque Shinobi doit s'entraîner en vue de récupérer toujours plus d'informations, et afin d'être toujours plus discret.
ζ Toute information récoltée doit revenir au Daimyo sans aucune exception.
ζ Toute personne surprise en train de comploter contre le Daimyo sera soumise à la peine de mort.
SHIRATSUCHI BAKU'EN Baku'en est, en plus d'être le chef du clan Shiratsuchi, l'homme qui les a relevé de leur condition de "parfaits petits soldats obéissants". Désireux de liberté et de justice, il est animé par une grande hostilité qu'il parvient à maintenir discrète pour restaurer l'honneur de son clan, qu'il estime bafoué depuis des décennies. Secrètement, il rêve de pouvoir mener une rébellion contre Koriki Tomio, au risque que cela mène à l'extermination des siens.
ABURAME YOKOSHIMA Fourbe, manipulatrice et très protectrice vis-à-vis des siens, Yokoshima est la cheffe du clan Aburame. Soupçonnée – sans preuves concrètes – par plusieurs personnalités d'avoir son nez fourré dans toutes les affaires, elle est autant admirée que crainte. En plus d'être une des rares personnes du clan Aburame à maîtriser les Rinkaichû, des rumeurs courent selon lesquelles elle serait à même d'agir efficacement, n'importe quand et dans tous les recoins du village.
INUZUKA “JINMENJUSHIN” Autrefois rejeton auquel l'on ne daigna pas donner de nom, abandonnée à la naissance au large du domaine en espérant que le nouveau-né pourrirait parmi les yokai pour être simplement née femme, celle que l'on connaît aujourd'hui sous celui d'une « bête à forme humaine » passa sa vie entière à lutter pour ne serait-ce que pouvoir voir une autre aube se lever. Les cicatrices comme les sévices qui marbrent son corps et son visages sont les reliques des nombreux affrontements qu'elle a endossé au cours de son existence, au point de devenir une vétérante du clan Inuzuka dont la force et la hargne était aussi crainte qu'elle était respectée. Les murmures des membres de son clan à son propos lui donnèrent, avec le temps, ce qu'une mère ne lui avait jamais offert – un nom ; celui de « Jinmenjushin », aussi rompue à la bataille qu'à la victoire. Une vieille et large balafre fend sa joue, faisant horriblement entrevoir l'arche de sa mâchoire jusqu'à son ossature, qu'elle arbore comme un trophée. À l'automne 83, elle invoqua une ancienne clause de son clan pour défier le frère de Getsumen – qui aurait naturellement hérité de son titre de chef de clan – dans un combat à mort pour obtenir le droit de guider les siens, ce qu'elle obtint en laissant derrière elle le dernier cadavre de cette lignée. Elle ordonna qu'il soit laissé à l'endroit où elle l'avait occis pendant deux jours, afin de faire passer son message : celui que les Inuzuka seraient désormais menés par une bête qu'ils avaient passés des décennies à renier.
À l'été 83, l'Alliance, menée par un Yamanaka inconnu, tenta de récupérer le Shodaime Raikage. Ils y parvinrent, mais ne purent le ramener en vie - Getsumen fut tué, alors inconscient, par un shinobi nommé Sumashâ.
Une attaque d'un Yokai dans le Domaine Aburame décima une partie du clan. Un kumojin et deux errants présents sur place, parvinrent à endiguer la menace et à en venir à bout, en le tuant avec une la dague d'annihilation des Aburame.
Un shinobi de l'Alliance maîtrisant un art shinobi inconnu s'apparentant à l'orage attaqua le Domaine Shiratsuchi pour tenter de capturer l'un des membres du clan. Celui-ci fut tué par un Shiratsuchi ayant libéré le pouvoir de la première pièce d'une arme mythique, retrouvée plus tôt dans l'année par les forces de Kumo. Sa libération généra une explosion titanesque qui ne laissa aucun survivant. À la mort de l'homme inconnu, le pouvoir de l'orage, le Ranton, réapparu à travers le monde.
Suite à de nombreux rapports attestant de la présence grandissante de yokai dans les montagnes, une escouade est envoyée par le Nidaime Raikage au début de l'automne 83 pour régler la situation – avant de réaliser que tout cela est dû à la présence de Corruption, l'un des quatre Shinobi Primordiaux, dont le sceau a été fragilisé.
Une seconde escouade est envoyée dans les profondeurs des monts de Kaminari, où l'un des Grands dragons est apparu dans le ciel, corrompu par les miasmes que laisse s'échapper le sceau de Corruption. Les kumojins se doivent alors d'affronter ces engeances sur les deux fronts, afin d'empêcher l'influence du Shinobi Primordial de s'étendre jusqu'au village, malgré le manque de coopération de certaines de ces forces...
À l'hiver de l'an 82, l'élection du Shodaime Raikage fit rage. Nommé presque unanimement, Inuzuka Getsumen prit le pouvoir et profita de son ascension pour tenter de mener un coup d'état contre le Daimyo, Koriki Tomio. Lui reprochant une cruauté sans nom qui punit, asservit et torture les innocents, une grande guerre civile éclata et le peuple Kumojin fut déchiré par l'affrontement des deux forces, alors que le Seigneur lui-même était présent.
Le Ochanomizu est un salon de thé haut de gamme réservé exclusivement à la haute société. Un groupe de snobes est réuni pour une visite habituelle. Au cours de cette rencontre, l'un des membres du groupe se lève avec enthousiasme pour annoncer son mariage. En geste de célébration, la propriétaire du salon décide d'offrir à l'homme un thé mystère. Cependant, juste après avoir pris une gorgée de ce thé, l'homme s'étouffe et s'effondre, succombant à son étouffement de manière soudaine. Les autorités vous envoient enquêter pour élucider ce qui pourrait être un meurtre.
Étapes —
→ Vous rendre dans la taverne pour enquêter → Interroger et enquêter sur le groupe auquel appartenait le défunt → Interroger et enquêter sur le propriétaire du salon → Identifier la nature du poison utilisée → Elaborer vos théories et chercher à dresser le profil du meurtrier → Prendre vos dispositions pour l'arrêter sans qu'il s'échappe
Je n'avais jamais mis les pieds au Ochanomizu, un salon de thé uppé d'Homura qui n'aurait jamais laissé entrer les gens comme moi. Je ne me dévalue pas ici: ils ne laissent vraiment pas entrer grand monde, donc il ne faut pas le prendre mal. Il faut être très friqué pour venir prendre le thé là-bas... trop friqué. Je ne suis pas le plus fin amateur de thé qui soit, mais je sais faire la différence entre un thé bien préparé, de bonne qualité, d'une tasse d'eau de vadrouille. Ma foi, je sais où se fournis les propriétaires du Ochanomizu en thé et celui-ci n'a rien de très spécial, si ce n'est qu'il est effectivement de bonne qualité. Cela étant dit, ça plait aux gens de la haute de croire que quelque chose est meilleur juste parce que c'est hors de prix. Cela plait particulièrement aux nouveaux riches, nombreux à fréquenter cet établissement.
J'allais y mettre les pieds pour la première fois de ma vie avec un collègue shinobi à moi, Kawasaki Kaïto, que je connaissais très peu. Tout ce que je savais à son sujet était qu'il était tenancier d'une taverne avec des copains à lui... des copains de petite taille - ils doivent être particulièrement petits pour le coup parce que mon frère Wikimaru a vraiment beaucoup insisté sur ce fait. En tout cas, petit ou pas, Homura aurait besoin de lui ce jour-là car l'heure était très grave.
Je me suis rendu au salon de thé en urgence aussitôt que j'ai reçu l'ordre de mission, qui est arrivé très vite dans mon assiette. Un meurtre avait été commis audit salon de thé et il fallait s'y rendre aussi rapidement que possible afin d'y recueillir autant d'indice que possible. Vraissemblablement, les requérants avaient déjà identifié la possible arme du crime: la victime serait morte après avoir avalé son thé dans sa propre tasse. J'espérais que personne d'autre n'ait eu le malheur de boire même un peu du même liquide. Lorsque je suis arrivé quelques minutes à peine avant mon collègue, le corps d'un homme mort déjà rigide m'attendait ainsi qu'une poignée de suspects, certains éplorés, d'autres moins. Je reconnus très rapidement le défunt : Nobara Ken, fromager de profession, avait fait récemment fortune dans le fromage de chèvre... laissant dans le deuil une riche veuve en larme qui se trouvait justement avec le groupe au moment des faits. Cette information était capitale, mais je préférais attendre mon collègue avant de procéder. En l'attendant, je pris soin de m'assurer que plus personne ne touche à rien.
« Celui qui soutient sa folie par le meurtre est un fanatique. » De Voltaire, écrivain et philosophe français.
Printemps 83, Homura - rue du Ochanomizu (salon de thé).
Assis sur un tonneau, j’observais la vie qui grouillait dans cette rue. Mon poste d’observation était idéalement situé. Positionné entre des caisses en bois et des objets multiples et variés, le baril profitait d’un semblant d’ombre grâce au auvent. Ce dernier était, en réalité, une toile de jute tirée entre deux poutres en bois. Il devait certainement protéger les denrées. De quoi ? Je ne pouvais pas vraiment le déterminer. Le tout était exposé au bon vouloir de mère Nature.
Tirant sur ma pipe, mes petites cellules grises travaillaient à plein régime depuis que j’avais reçu cet ordre de mission. Un meurtre. Il n’y avait rien de plus croustillant. Il était fort dommage qu’un homme ait perdu la vie dans cette affaire, mais c’était terriblement excitant d’avoir la possibilité de travailler sur les mystères de l’espèce humaine. Aussi destructeur que créateur, les hommes avaient cette étrange capacité de pouvoir ressentir des émotions totalement contradictoires à un instant T, de changer de personnalité lorsqu’un évènement bien précis venait bousculer sa routine, de voir son jugement obscurcit quand une situation le mettait en défaut…
Le crime.
Le crime ne changera jamais.
Il est le terrible résultat d’un débordement, d’une ingérence. Quand bien même le monde ne tournait plus rond depuis longtemps, comme un être vivant doué de penser pouvait en venir à ôter la vie de l’un de ses semblables ? Les caprices d’un homme justifiaient-ils la mort ? Car oui. Le crime n’était que la réponse ultime aux aspirations d’un humain à une autre condition. Je ne pouvais croire qu’une âme douée de raison pouvait s’abaisser à de telles conjectures.
Aucun crime ne pouvait rester impuni.
Peu importe le temps qui s’écoule, la vérité finira toujours par éclater.
Lorsque j’avais reçu mon ordre de mission, j’avais pris mes dispositions. J’avais troqué mon uniforme contre des vêtements de livreur. De part ma taille et mon aspect juvénile, la plupart des personnes me prenaient pour un adolescent d’une quinzaine d'années. Il n’était pas rare qu’à cet âge, nous soyons employé par l’une ou l’autre exploitation ou magasin de la ville pour des besognes. Mon gabarit ne me permettant pas de faire des chargements ou des travaux utilisant la force physique pure et dure, il était des plus raisonnables que j’assure la liaison entre la maison mère et les différents fournisseurs.
Enfin. Façon de parler. Cette maison-mère et ces fournisseurs existaient bien, mais je n’avais jamais été employé par l’un ou l’autre. Ce n’était qu’une couverture pour me fondre un peu plus dans le décor. Ne disposant que de quelques papiers pouvant faire illusion, je savais qu'ils ne résisteraient pas à une enquête un peu plus approfondie de la part des autorités… ou à des connaisseurs du milieu.
J’avais encore du travail à faire en ce qui concernait la production de faux documents. Dans le cas qui me préoccupait, dans l’optique où je me ferais pincer, je pouvais m’en tirer avec de simples réprimandes si je la jouais finement. Après tout, j’étais en mission officielle et la fin justifiait les moyens mis en œuvre. Pourquoi tant de précautions, me demanderez-vous ? Parce que…
Le crime.
Le crime ne changera jamais.
Je m’étais renseigné auprès du vieux. Bien que l’Ochanomizu soit un salon de thé haut de gamme et que, par définition, il ne proposait donc pas les mêmes services et ne possédait pas la même clientèle que la Taverne Onirique, le Gang des Sept Nains se devaient de tenir à l’oeil ses potentiels rivaux. Néanmoins, cet endroit ne pouvait pas être plus différent que notre auberge. En termes de rivalité, il n’y avait pas à s’inquiéter puisqu’elle était inexistante.
Pourtant, l’Ochanomizu faisait partie des établissements que nous prenions soin d’observer, en silence, dans l’ombre. Pourquoi ? Parce que ce dernier avait voulu s’approprier certains réseaux d’approvisionnement, notamment celui du thé et d’autres denrées dont je n’avais plus la liste en tête. En effet, le propriétaire de ce lieu avait voulu obtenir le monopole et être l’un des principaux fournisseurs de marchandises couramment utilisés. Cela avait fait un scandale auprès des autres tenanciers.
Pour ma part, je m’étais toujours demandé si ce scandale n’avait pas un autre but que de faire parler de lui. Cet endroit était réservé exclusivement à la haute société. Parmi sa clientèle se trouvait la Confrérie des Sentinelles Pures. Un groupe dont le nom était tout aussi snob que les membres qui le composaient. D’après mes recherches, ce groupe pensait être parmi les plus dignes représentants de l’Histoire du pays.
En effet, ils perpétuaient et transmettaient une certaine version de l’Histoire écrite par les élites pour les élites, visant à dénigrer tous ceux qui n’appartenaient pas à cette caste. Pour la plupart d’entre eux, l’existence des plus faibles ne se justifiait que par la grâce et le bon vouloir des plus forts. A mon plus grand désarroi, notre victime était un membre de cette éminente congrégation… pour ne pas employer le terme de secte.
Concernant le recrutement de ce groupe, les informations que j’avais réussi à obtenir en si peu de temps étaient assez contradictoires et, pour la plupart, se reposaient sur des rumeurs et des « on dit ». Rien donc qui ne mérite d’être mentionné pour le moment. Toutefois, je savais que les potins étaient souvent des vérités déformées à souhait par des envieux. Ainsi, je ne serais pas surpris de trouver, au cours de nos investigations, la source de certains de ces ragots.
Je finis par quitter mon poste d’observation, après avoir invoqué deux clones supplémentaires (technique 2), et me dirigeais tranquillement vers le salon de thé. Il n’y avait eu aucun mouvement suspect du côté de l’Ochanomizu. De ce fait, l’arme du crime n’avait pas quitté les lieux… ou avait emprunté un autre chemin que la porte principale. Comme tout établissement qui se respecte, je savais qu’il existait une porte de service que les livreurs et employés utilisaient pour pénétrer dans l’établissement. De ce fait, dès mon arrivée, j’avais envoyé mes deux premiers clones trouver et surveiller cette issue (technique 1).
Printemps 83, Homura - Ochanomizu, salon de thé.
Lorsque je pénétrais dans l’établissement, un petit carillon indiqua mon arrivée au personnel de l’établissement. Alors que je fouillais dans mon sac pour récupérer mon bandeau, un homme d’un certain âge s’avança et prit les devants.
« Mon garçon, tu ne peux pas rester ici. L’établissement est fermé jusqu’à nouvel ordre. »
Je finis par mettre la main sur l’objet tant convoité et vins le nouer autour de ma tête, laissant alors apparaître sur mon front le signe des shinobis de la capitale. Je m’inclinais respectueusement devant mon aîné, tout en prenant la parole.
« Salutations sur toé, m’sieur. J’ai été mandaté par l’ordre de mission… »
Je me redressais et sortis rapidement le papier dont je parlais de mon sac. Je le tendis à mon interlocuteur.
« … que voici pour enquêter sur la fin tragique de l’un de vos clients. »
Il n’était pas de bon augure de parler tout de suite de meurtre. Après tout, je n’avais aucune preuve tangible prouvant que cette mort avait une autre cause que la nature elle-même. Le vieillard prit le temps d’examiner la missive, avant d'acquiescer et, d’un geste de la main, il m’invita à le suivre.
« Votre collègue est déjà arrivé. Je vais vous conduire à lui. »
Qu’elle ne fut ma surprise lorsqu’il me conduisit à un homme tenant plus du géant des contes de fées que de l’être humain commun. Il était grand. Si grand. Sa tête pouvait-elle toucher les nuages ? Non. Bien sûr que non. Question idiote. Sa taille et ses capacités physiques faisaient pourtant rêver le nain que j’étais. Physiquement, il était un digne représentant des Akimichi.
« Salutations sur toé… euh… hum… Est-ce que tu peux me rappeler ton prénom ? »
Je fus bien obligé de lui avouer que j’étais mauvais dans ce domaine.
« J’ai malheureusement une très mauvaise mémoire les concernant… »
Mon regard parcourut rapidement la salle. Le corps de la victime. Sa veuve en larme au milieu des membres de la Confrérie des Sentinelles Pures. Le personnel vaquant à leurs occupations. Alors que le vieillard allait rejoindre ses comparses, je l’interpelais.
« M’sieur… Tu es ? »
« Kono Eiji, maître du thé. »
Légende : Kono Eiji, maître du thé à l’Ochanomizu, salon de thé réservé à la haute société.
« Ton rôle consiste en quoi exactement ? »
« A superviser les équipes en salle, la préparation des plateaux et, lorsque nous recevons des clients éminents, à leur servir le thé dans un salon privé. »
« Bien, tu connais donc tous les membres du personnel présent lorsque l’incident s’est produit. Je te serais reconnaissant de dresser une liste avec nom, prénom, âge, poste occupé, relation avec la victime et l’endroit où chacun de tes coéquipiers se trouvaient au moment de la mort de monsieur… Comment s’appelle-t-il ? »
« Nobara Ken, mon garçon. »
« J’te remercie. Donc, au moment de la mort de monsieur Nobara. »
« Tu ne penses tout de même pas que nous avons quelque chose à voir avec tout ceci, mon garçon. »
« M’sieur, avec tout le respect que je te dois, je ne pense rien. Je collecte des preuves, j’analyse les données et j’en tire des conclusions. Jusqu’à preuve du contraire, tout le monde est innocent. Toutefois, monsieur Nobara est mort dans des conditions plus que suspectes. Étant un membre influent de notre société, les autorités veulent s’assurer que le décès de monsieur Nobara soit naturel. De ce fait, je souhaiterai que tes compagnons et toé-même facilitiez notre travail pour que votre établissement puisse retrouver au plus vite le calme et la sérénité qui lui sont dus. »
Kono Eiji acquiessa d’un signe de la tête.
« Je te serais également gré de bien vouloir prévenir le propriétaire et directeur de cet établissement de notre présence en ces lieux. Je souhaite le rencontrer dans les plus brefs délais. »
J’attendis que le vieillard soit parti vaquer à ses occupations pour reporter mon attention sur mon compagnon de mission.
« J’te prie de m’excuser pour ces initiatives et mon manque de tact. »
Je lui tendis la main pour le saluer comme il se doit.
« J’m’appelle Kaïto. Et j’suis le nain grincheux qui va te t’nir compagnie durant toute la mission. Tu t’rendras bien vite compte que j’écorche tous les prénoms sans exception. N’hésite pas à me reprendre si cela d’vait advenir avec le tien. »
Ce mec était vraiment… immense.
« Hum… Question ! Pourquoé t’es habillé en jaune avec un casque rouge ? Ce jaune est… euh… franchement, j’le trouve pas très beau. Dommage que c’te tenue ne te mette pas plus en valeur que ça. T’es un sacré géant, mec ! »
Une grimace vint se figer sur mon visage.
« Oups… Désolé. C’était trop direct… En fait non, dire que je suis désolé est un mensonge. Je n’le suis absolument pas. Tu t’rendras vite compte que j’n’ai aucune tenue verbalement parlant. Et que j’dis tout c’que je pense, mais que je ne maîtrise absolument pas la forme… Que veux-tu ? On n’peut pas être bon partout, hein ! Mais vu ta taille, n’hésite pas à fermer ma grande bouche. Ta main est tellement grande que tu n’auras aucun mal à me faire taire si tu trouves que j’vais trop loin avec nos… on va dire nos invités, hein ! »
Je jetais un petit coup d'œil en direction de la veuve éplorée et de la Confrérie des Sentinelles Pures.
« Tu es arrivé sur les lieux bien avant moé ! Tu veux bien m’faire un topo sur la situation ? As-tu déjà une idée de comment nous allons procéder ? Tu as d’jà une opinion sur l’affaire qui nous occupe ou bien ? »
Résumé:
Résumé : Une fois son ordre de mission reçu, Kaïto s’est préparé et a décidé de venir sur les lieux en tant que livreur s’occupant de transmettre les informations entre une société-mère et ses fournisseurs. Avant d’arriver sur les lieux, il réussit à glaner quelques informations sur la Confrérie dont la victime faisait partie au moment de sa mort. Dès son arrivée, il envoie deux clones surveiller la porte de service. Depuis son tonneau, il observe les lieux depuis l’extérieur, mais n’aperçoit aucun mouvement suspect. Avant de rentrer dans l’établissement, il invoque deux nouveaux clones pour surveiller l’entrée. Une fois à l’intérieur, il fait la connaissance de Kono Eiji : il est maître du thé à l’Ochanomizu. Il lui demande de dresser la liste du personnel mais également de récolter diverses informations les concernant. De plus, Kaïto lui demande de prévenir le directeur de l’établissement. Il se présente ensuite en bonne et due forme à Futomaru. Il est direct dans ces propos et n’hésite pas à dresser un portrait de lui-même à son comparse. L’Akimichi étant le premier a été arrivé sur les lieux, Kaïto lui demande un compte-rendu de ce qui s’est passé jusqu’à ce qu’ils se rencontrent.
L'utilisateur peut créer deux duplications de lui consistantes ayant son état actuel au moment où la technique est créé. Ce clone peut effectuer toutes les actions situées dans la Fiche Technique de l'utilisateur. Ce clone est cependant assez fragile : il disparaîtra au premier coup mortel ou à la moindre technique reçue. Il est impossible pour l'utilisateur de le contrôler à distance : ils doivent communiquer à la manière de partenaires.
Le malheur était tombé sur le prestigieux Ochanomizu et sur la famille de Nobara Ken, mais pire: il s'était abattu sur moi. Mon partenaire de mission a fini par pointer le bout de son nez et... bon sang.
Pardon, je vais encore trop vite. Du coup, comme je disais, j'étais sur les lieux du crime avec les témoins et le corps du défunt, m'assurant dans un premier temps que personne ne touche à rien et que personne ne sorte de l'endroit. Les probabilités que l'auteur du meurtre soit encore dans le salon de thé à ce moment là étaient très grandes, je ne voulais donc laisser filer personne! C'est donc avec bonheur que je vis Kono-sensei revenir avec... un enfant... qui s'avéra être mon collègue du jour. Quand je dis enfant, je veux pas parler d'une adolescente comme Urumi ou à les jumeaux. J'veux dire un enfant enfant. Un petit enfant quoi. Lorsqu'il ouvrit la bouche pour me demander mon nom, j'ai eu ma deuxième surprise en moins d'une minute: cet enfant était un homme adulte! "Akimichi Futomaru. Enchanté.", dis-je en m'inclinant poliement aussi bas que possible pour accomoder sa petitesse, mais...
*C'est un adulte ça? Nonnn... c'est pas possible. Un enfant avec une voix très grave?* J'étais tellement perplexé par la physionomie de mon compagnon que j'avoue que je n'ai rien écouté de son échange avec le propriétaire du salon de thé. C'était sans doute impoli de fixer comme ça et je finis par m'en rendre compte. Pour faire genre que je ne dévisage pas, je me mis à alterner mon regard entre les témoins et mon collègue. *Non, mais attendez, j'suis pas si grand... en vrai, ouais, c'est peut-être juste un gosse avec une puberté très précoce? On va dire ça.*
Je ne fus sorti de mes pensées que lorsque Kaïto se tourna vers moi après avoir congédié le célèbre maître de thé. Il me tendit la main après s'être présenté à son tour et je la saisis, toujours un peu choqué. C'est là qu'il me révéla qu'il était un nain et non pas un enfant. Je me suis senti super bête alors je n'ai rien dis sur le coup, j'voulais pas l'insulter. C'était la première fois que je voyais un nain. Serrer sa main, c'était comme serrer celle d'un bébé: je devais être bien délicat et tout (heureusement que j'avais de l'expérience). Je trouvais qu'on faisait un duo un peu comique, lui et moi! J'm'imaginais qu'ils devaient bien se marrer dans les bureaux du shogunat à l'idée d'avoir jumelé un Akimichi et un nain pour une mission. J'apprenais ainsi que sa condition ne l'empêchait pas d'être un shinobi (à en croire son bandeau en tout cas) et j'avais hâte de le voir à l'oeuvre.
Mais voilà que le drame survint et transforma ce qui aurait pu être une collaboration sympathique en catastrophe.
Il continua de parler! Trop! D'abord, il insulta mon jinbei préféré, puis mon casque. MON CASQUE! Pis v'là qu'il était pas désolé, qu'il assumait tout ce qu'il dit et tout, j'sais pas trop quoi. Hah bah encore heureux pour lui qu'il semblait conscient de sa petite taille et de sa place dans la chaine alimentaire, parce que d'une seule claque, j'aurais pu l'envoyer valser jusqu'au pays des montagnes. "Écoute. On va pas s'brouiller devant les civils, d'accord?", grognais-je tout bas en me penchant vers l'homme de petite taille pour avoir mon visage aussi près que possible du sien. "Le casque, c'est pour être vu de loin. Il désigne les brigadiers de la Shibōshōbōsho. Quant à ma tenue... c'est ma mère chérie qui l'a fait. Voilà." J'essayais de ne pas m'emporter devant les gens, mais il m'avait foutu sur le nerf le petit! Avec sa sale attitude!
Heureusement qu'il pensait à la mission. "Ouais... voici le topo.", je designai les six témoins toujours assis autour de la table autour de laquelle s'était effondré Nobara-san. "On a devant nous la Confrérie des Sentinelles Pures. Ce qu'il en reste en tout cas puisque apparemment, Nobara-san était leur président. De gauche à droite, je vous présente les membres du groupe: Wasabi-san, Kōri-san, Ryuketsu-san et Sumomo-sensei ici présent-"
"Ainsi que la femme de Nobara-san-""Nous n'étions pas mariés! P-pas encore...", interjecta la jeune femme éploré et je me sentis tout de suite archi mal de cette bévue. "Oh! Veuillez me pardonner Sakura-san...""Cette fête était vraissemblablement dans le but d'annoncer leurs fiançailles... nous venons tous de l'apprendre.", soupira la dernière femme du groupe, une dame dans la fin de sa trentaine qui tirait sur une pipe sans arrêter jusqu'ici. Elle frotta tendrement le dos de l'inconsolable jeune femme à ses côtés.
"Biensûr, merci de me le rappeler Takana-san..." Je me sentais de plus en plus comme un gros con et cette femme ne faisait rien pour m'aider, mais mes sentiments n'étaient pas le plus important en ce moment. "Pour l'instant, je n'en sais pas plus. Je me suis assuré que personne ne sorte et que le corps reste intacte ainsi que... l'arme du crime vraissemblable.", dis-je en désignant l'ensemble à thé disposé au milieu de la table. Celui-ci était encore tiède.
« Le crime rend égaux tous les êtres qu’il souille. » De Lucain, poète latin.
Printemps 83, Homura - Ochanomizu, salon de thé.
Je fronçais légèrement les sourcils. Pourquoi ce jeune homme voulait-il que nous nous brouillions ? Il était… hum… dire qu’il était étrange serait insultant pour lui. Disons qu’il avait une vision… intéressante de la situation.
« Vu de loin ? Mais… »
Cet énergumène avait-il vraiment besoin d’un casque rouge pour être vu de loin ? Et qui étaient donc ces brigadiers de la Shibo… Comment c’était déjà ? Je n’osais poser la question de peur qu’il ne prenne à nouveau la mouche. Quant à la tenue confectionnée par sa mère, je me gardais bien de faire des commentaires supplémentaires. Mes rapports avec ma génitrice étaient inexistants. Leur inexistence n’avait d’égal que ma haine envers cette dernière.
« Je… Pardonne-moi… Je ne voulais pas te froisser. »
A noter que ce genre d’approche n’était pas des meilleurs pour entamer une nouvelle relation. Moi qui pensais qu’autrui préfèrerait la vérité à toute autre forme de verbalisation, je me rendais bien compte que ce n’était pas forcément toujours la meilleure des réponses à apporter. Que faire ? Je fis le choix de me laisser le temps d’apprendre. Je savais que pendant longtemps, j’avais vu autrui comme une menace à abattre à tout prix. Depuis mon arrivée dans les forces armées du Pays du Feu, je constatais avec effroi que les êtres humains étaient des palettes de couleurs et que tous ne pouvaient pas être perçus comme des adversaires.
Que c’était compliqué.
Notre attention se reporta sur les personnes présentes dans la pièce. Je me mis légèrement en retrait de Futomaru, laissant alors le géant prendre ses aises et faire les présentations. Ils étaient les honorables représentants de leurs classes sociales. Dignes malgré la tristesse qui les accablait. Forts malgré les événements récents. Faisant preuve de retenue malgré les circonstances. Solennels face à la mort de l’un de leurs proches. Fourbes malgré les épreuves. Hypocrites malgré le décès de l’un des leurs.
L’un d’eux était un imposteur.
L’hypothèse qu’il se soit donné lui-même la mort était tentante mais ne tenait pas la route. Pourquoi un homme sur le point de se marier s’empoisonnerait-il volontairement ? De ce fait, même si je pensais que c’était peu probable, je n’écartais pas totalement cette supposition tant que je n’avais pas la preuve incontestable qui affirmerait ou écarterait le suicide.
De plus, les clans de la haute société homurajine avaient de sérieux penchants pour les secrets mortels et les complots malsains. La possibilité qu’ils soient donc tous coupables était un dénouement à envisager. A ce stade de l’enquête, le champ des possibles était trop important pour que nous écartions l’un des éventuels dénouements qui s’offraient à nous.
« Mesdemoiselles, messieurs… »
Je m’avançais de quelques pas et vins m’incliner légèrement devant eux.
« Je suis Kawasaki Kaïto, genin des armées homurajines. Je déplore faire votre connaissance dans de pareilles circonstances… »
Bien que mon visage ne laissa rien paraître, je ne pouvais nier que je venais de leur sortir un mensonge de la taille de mon collègue. Je ne « déplorais » absolument pas de faire leur connaissance dans de telles circonstances. Bien au contraire. Je jouissais intérieurement de pouvoir mettre au travail mes petites cellules grises. J’adorais les enquêtes. Encore plus lorsqu’il y avait des cadavres.
C’était glauque. Vraiment très glauque. Mais ils n’étaient pas obligés d’avoir toutes les cartes en main. Contrairement à mon entrevue avec Futomaru où je ne souhaitais pas lui mentir, je n’avais aucun scrupule à utiliser de telles subterfuges avec des témoins - pour ne pas dire les suspects - du crime commis.
« Je vous présente toutes mes condoléances… »
C’est à partir de maintenant qu’un faux pas pourrait être fatal.
« … Futomaru, mon collègue ici présent, et moi-même, ferons notre possible pour que les doutes soient levés sur la mort de m’sieur Nobara Ken. »
Kono Eiji, le maître du thé, revint à ce moment-là avec les informations que je lui avais demandées. Sans un mot et le remerciant d’un signe de la tête, je vins prendre le papier qu’il tenait entre ses mains.
« M’sieur Kono ici présent va vous installer dans un des salons privés de l’Ochanomizu le temps que nous puissions faire les investigations nécessaires et prendre vos dépositions. »
Légende : Tanaka, membre de la Confrérie des Sentinelles Pures.
Sakamoto Sakura fut outrée par cette proposition, mais je ne lui laissais guère le loisir de s’immiscer dans la conversation.
« J’ai bien conscience que vous êtes en deuil. Je ne vous manquerais pas de respect en vous affirmant que je comprends votre douleur. Non. Je ne la connais pas. Je n’ai jamais eu à subir la mort soudaine d’un proche. Toutefois, et vous en conviendrez… »
Le vieux m’avait mis en garde. C’était l’un de ces moments critiques où chaque mot était pesé, jaugé, jugé. Je ne pouvais pas me permettre d’utiliser le vocabulaire et la syntaxe que je côtoyais quotidiennement lorsque j’évoluais dans mon environnement. De ce fait, et malgré mes efforts, les mots utilisés sonnaient faux dans ma bouche, laissant alors apparaître l’impressionnant fossé qu’il y avait entre eux et moi.
« … la lumière doit être faite sur la mort de m’sieur Nobura. Il est décédé dans de curieuses circonstances. Dans l’intérêt de tous, il est essentiel que nous prenions le temps d’éclaircir et de comprendre la situation. »
Ce fut au tour d’Hasegawa Sumomo d’intervenir. Il gardait son calme, restait droit et ses propos furent aussi froids que la neige des plus hauts sommets enneigés.
Légende : Hasegawa Sumomo, président et membre de la Confrérie des Sentinelles Pures.
« J’ose espérer que vous ne nous considérez pas comme des suspects dans votre… « enquête ». Ken était un membre respectable et respecté de notre organisation. Nous étions tous intimement liés à lui et aucun d’entre nous n’avait de griefs assez sérieux contre lui pour en venir à une telle… bassesse. »
Un sourire carnassier vint se figer sur mon visage.
« M’sieur, je ne m’abaisserais pas à proférer de telles accusations sans preuve. Jusqu’à preuve du contraire, la présomption d’innocence profite à tous les membres de votre confrérie. J’espère néanmoins que vous n’êtes pas… »
Non. Je devais éviter de l’attaquer de front. Cela n’apportera rien de bon à notre enquête. Je pris une grande inspiration et, tout en reprenant un faciès le plus neutre possible, je repris :
« … J’espère avoir votre compréhension et votre pleine coopération pour que nos investigations soient réalisées dans un délai raisonnable. Cela serait profitable à tous… »
J’attendis que les membres de la confrérie, escortés par Kono Eiji, aient quitté la pièce où nous nous trouvions pour laisser libre court à mes émotions qui, ma foi, n’étaient guère aimables.
« Il s’prend pour qui le cyclope ? Qu’il redescende un coup sur terre, pour voir. J’ne lui dis pas comment faire son job… Si tenté qu’il en ait un… Qu’il n’me dise pas comment j’dois faire le mien. »
Mon regard fusilla un instant la porte par laquelle ils avaient disparu.
« Pas d’chance pour le cyclope. Y’a des gars, dans l’armée homurajine, qui savent faire autre chose que se gratter les couilles en baillant aux corneilles durant leur tour de garde. »
Je finis par tendre la feuille où figuraient les informations que j’avais demandé à Futomaru. Ma voix avait retrouvé sa fougue habituelle, mais n’était pour autant pas agressive avec mon compagnon de mission. Je finis par lui admettre, tout penaud :
« Euh… hum… J’ne sais pas lire… Y’a écrit quoé dessus ? »
Si Kono Eiji avait suivi mes instructions, il avait dû marquer sur ce morceau de papier les informations suivantes sur le personnel présent à l’Ochanomizu aujourd’hui : le nom, le prénom, l’âge, le poste occupé, la relation avec la victime et l’endroit où chacun se trouvait au moment de la mort de notre victime. J’avais noté que deux lignes avaient été écrites à l’encre rouge, alors que toutes les autres avaient été tracées à l’encre noire. Des inscriptions avaient été notées dans la marge en face des traces rougeâtres.
« Qu’est c’que tu penses de nos suspects dans cette affaire ? »
Tout en discutant avec Futomaru, je sortis de mon sac à dos mon kit de détective. Je profitais que nous soyons seuls avec le cadavre pour monter sur une table toute proche de la scène de crime et fis des croquis aussi rapides que précis pour « figer » ce que j’avais sous les yeux sur le papier. Lorsque j’eus pris tous les éléments qui me semblaient nécessaires à nos investigations, je descendis de mon perchoir et m’approchais précautionneusement du corps de la victime.
Je fis des « gros plans » de chaque élément et de leur disposition par rapport à d’autres objets avant de commencer à faire des prélèvements. Je glissais le contenu de la tasse de Nobara Ken dans un flacon et fis de même avec d’autres aliments présents sur la table. Tous les objets solides non organiques, notamment tasses, petites cuillères et soucoupes finirent dans des sacs en toile. Je poussais même le vice à récupérer la théière. J’étiquetais avec soin chaque flasque et chaque bourse.
« As-tu déjà mené des interrogatoires en bonne et due forme ? »
Je ne savais peut-être pas lire et écrire la langue commune, mais j’avais été assez malin pour me créer mon propre alphabet. J’avais beau connaître et appliquer les méthodes du palais mental, ma mémoire n’était pas infaillible. J’avais donc besoin de garder une trace de ce que je faisais. Cet alphabet était d’ailleurs plus une suite de symboles que des kanjis ou des lettres à proprement parler.
« Chacun d’entre eux va vouloir défendre ses positions. Et c’est bien normal. J’ai bien conscience qu’mon jugement peut être altéré par l’aversion que je porte aux gens d’la haute. C’bien pour ça que nous sommes deux. T’es un peu comme mon garde-fou… Et moé, j’suis un peu le tien. »
Lorsque j’eus finis les prélèvements, je demandais une caisse au personnel du salon de thé. Je mis tout ce que j’avais pu prendre sur la scène de crime dedans puis, tout en m’approchant de la fenêtre, je demandais à Futomaru :
« Par qui veux-tu que nous commencions ? »
Je fis quelques signes à l’un de mes clones se trouvant dehors. Avant de partir, mon bras-droit avait écrit une lettre sous ma dictée. Celle-ci contenait des directives concernant le corps. Je venais de charger mon clone de prévenir les autorités compétentes pour la levée du corps et de leur donner la missive.
« Nos collègues vont v’nir chercher m’sieur Nobara. Ils auront à charge de prendre soin de son corps et de le garder jusqu’à ce que nous arrivions avec le médecin. Nous apporterons également tous ces échantillons pour les faire analyser par des professionnels. Pour ma part, j’n’ai pas les compétences nécessaires pour faire les farfouillages nécessaires à l'avancée de notre enquête. »
Je finis par plonger mon regard dans le sien. Ce luron était sacrément grand.
« Est-ce que la ligne de conduite donnée à notre mission t’convient ou souhaites-tu accommoder certains points à ta sauce ? »
Résumé:
Résumé : Kaïto écoute avec attention les présentations. Il se présente à son tour et présente ses condoléances. Il fait part à la Confrérie que des investigations vont avoir lieu et qu’ils doivent rester à leurs dispositions pour des interrogatoires. Kaïto soigne au mieux son langage devant les membres de la Confrérie. Toutefois, ses travers reprennent dès que ces derniers ont quitté la pièce. Kaïto effectue des prélèvements sur la scène de crime. Il envoie son clone prévenir les autorités compétentes pour la levée de corps. Il prévient Futomaru que le corps sera sous bonne garde jusqu’à leur arrivée avec le médecin. Kaïto pose également quelques questions à Futomaru, notamment à savoir s’il a déjà mené des interrogatoires et s’il a des modifications à apporter au plan de leur mission.
Santé : ok Niveau de chakra : ok. Chakra : 2B.
Équipements utilisés : kit du détective nain (plusieurs sacs en toile de jute et flacons de différentes tailles, un carnet de croquis, crayon de papier). Techniques utilisées : aucune pendant ce tour.
Dernière édition par Kawasaki Kaïto le Sam 24 Fév - 11:48, édité 1 fois
« Ce que je pense ? Que vous n’avez pas réalisé que Futomaru a quitté la pièce depuis un certain temps. »
Derrière le petit bonhomme qui lui tournait le dos depuis un certain temps, Weihan eut un petit rire métallique alors qu’il croisait des bras d’acier devant lui, mais il était honnêtement un peu dépassé par la situation. Il leva une main amicale en guise de salutation. « Kon’nichiwa. On m’a fait parvenir une missive pour venir vous assister, car Futomaru semble avoir une urgence familiale et s’est ainsi désisté de l’enquête, dont je ne connais que les détails de base malheureusement. »
Ce n’était pas une très bonne nouvelle, surtout quand l’Eien n’était pas très habile dans ce genre de démarche intellectuelle. Et que sa relation avec le nain, bien qu’efficace, était autrement chaotique. Mais cela amusait Weihan au plus haut point, trouvant l’intelligence de Kaïto fraîche et éducatrice pour sa propre personne. « … Pour vous répondre, Sumomo agit probablement ainsi parce qu’il vous considère absolument insignifiant. C’est sans critique à votre égard. Il est simplement jeune, riche, charmant et éduqué. Essentiellement votre parfait opposé. »
Le nain référait à un document et le cuirassé fit son chemin à la table pour l’examiner, un gantelet derrière la tête. Il ne savait vraiment pas lire ? Même Weihan, lui aussi d’origines paysannes, était plus ou moins capable de le faire. « C’est une liste d’employés de cet endroit, je pense. Et si je me fie au détails, seul deux personnes étaient en service au moment de l’empoisonnement. Une geisha chargée du service, et un préparateur de thé. »
Le rôle de ce dernier était relativement évident. « Le préparateur est essentiellement un sous-chef dont la tâche principale est d’infuser les recettes de thé préparées par Maître Eiji »
Weihan connaissait un peu Kaïto depuis leur première mission ensemble et ainsi savait qu’il voudrait davantage de détails. L’Eien soupira derrière sa visière. « Asa Fan, 21 ans, Geisha, cousine éloignée de Nobura Ken, jouait du shamisen d’ambiance dans un coin de la pièce lorsque le président s’est effondré. »
Et… « Kanto Ejibi, 27 ans, préparateur de thé, pas de lien connu, lavait de la vaisselle en cuisine au moment des faits. Les deux employés y sont encore actuellement, d’ailleurs. »
Le nain lui demanda ce qu’il pensait de l’affaire et le cuirassé haussa des épaules massives. Quel bourbier. « Je suis passé à travers le salon quand je suis arrivé. Si ce n’est que pour la fiancée en deuil, personne ne semble particulièrement affecté par la mort subite de Nobara Ken. Peut-être n’était-il pas très populaire au sein des autres membres de sa confrérie ? La jalousie est un puissant motivateur. »
Tout comme l’appât du gain, la vengeance et la convoitise. Ils n’avaient toujours pas une vraie idée du motif derrière le trépas de Ken, qui semblait tout sauf accidentel. « La Voie n’a nul besoin d’interroger qui que ce soit. Elle est la seule réponse. Si nous sommes destinés à trouver le coupable, nous le ferons. C’est ainsi. »
Le marionnettiste émettait des commentaires sur son aversion des nobles et Weihan se posa une main derrière la tête. « Vous seriez un garde-fou bien peu sécuritaire, Kaïto. À cause de votre… Taille… »
Les expressions populaires lui échappaient parfois, le résultat d’une vie isolée au sein du Culte. « Le médecin sera bientôt là pour analyser le contenu de la théière. Divisons pour régner. Si vous insistez, interroger deux personnes à la fois évitera qu’ils comparent leurs vérités à l’avance. »
Weihan jetait un œil à la liste des membres de la confrérie. « Je me charge de Ryuketsu, Sumomo et Sakura. Wasabi, Kori et la fiancée de ton côté. Quant aux employés, je pense inopportun de leur parler avant d’être certain que la mort a été causée par un poison. Nous avons donc un peu de temps devant nous. »
Il y avait trop de mystère dans l’affaire pour le moment, c’était donc selon lui un bon point de départ. Pour le reste, il avait fait exprès de prendre les individus les plus susceptibles d’être peu coopératifs avec Kaîto. « Partageons nos résultats dans la prochaine heure. La Voie nous indiquera le chemin à suivre, j’en suis certain. »
Spoiler:
Santé : OK Chakra : OK
Insertion dans la mission pour remplacer Futomaru à la demande de Kaïto. J’espère que la transition est logique, on fait ce qu’on peut !
Weihan prend essentiellement la place de Futomaru et répond aux questions et commentaires de Kaïto. Il exlique que deux employés se trouvait dans l’établissement au moment du crime (en plus des membres de la confrérie) et propose d’interroger les membres du club pendant qu’on vient chercher le corps pour analyser celui-ci et le service de thé associé au meurtre présumé.
« L’échec fait partie intégrante de notre réussite. L’échec, c’est l’envers de la réussite. » D’Adonis, poète et critique littéraire libanais.
Printemps 83, Homura - Ochanomizu, salon de thé.
Je mis quelques secondes à intégrer ce que venait de me dire Weihan. Mon regard allait de la porte d’entrée, au géant, et fit le trajet en sens inverse. Mes yeux firent cet aller-retour. Plusieurs fois. Comme si mon cerveau n’arrivait pas à assimiler ce qui venait de se passer. Je finis par émettre un sifflement d’admiration sincère.
« Et bah dis donc ! Vous avez beau être de gros et grands tas d’muscles, vous êtes quand même sacrément forts pour vous déplacer silencieusement. »
Bien que la formulation franche et directe mériterait une restructuration grammaticale et lexicale, mes propos n’en restaient pas moins véridiques : ils n’en avaient certes pas l’allure, mais mes propos étaient bien un compliment. J’avais déjà effectué une mission avec la boîte de conserve. Il savait donc plus ou moins à quoi s’attendre avec moi. Enfin, je crois…
« J’espère qu’ça ira bien pour Futomaru… J’aurais bien aimé qu’il m’emmène voir les pompiers… »
Cette pensée s’envola aussi vite qu’elle avait traversé mon esprit. Cette manie de dire à voix haute tout ce qui me passait dans le cerveau me portait bien souvent préjudice. A défaut de m’attirer les foudres de mes interlocuteurs, mes interventions orales avaient pour elles leur véracité et leur authenticité.
« En c’qui concerne la mission, tu n’as pas à t’en faire. On v’nait à peine d’commencer les investigations. »
Je lui fis un rapide résumé de ce qui s’était passé avant son arrivée : la liste des employés en activité lors de l’incident que j’avais demandé et obtenu de Kono Eiji, ainsi que les présentations des membres de la confrérie présents sur les lieux en indiquant à mon nouveau partenaire de mission leurs identités et leurs rôles.
« Le médecin devrait bientôt procéder à la levée de corps. J’aimerais attendre son arrivée pour être certain que personne n'altère la scène de crime… »
Mon regard se porta un instant sur la porte par laquelle les suspects avaient disparu. Sumomo…
« Tu sais, Weihan… En règle générale, j’en ai strictement rien à foutre que les gens me prennent pour quelqu’un d’insignifiant. Ils n’me connaissent pas. J’ne les connais pas. Qu’ils fassent leur vie, j’fais la mienne. Ça m'arrange même que personne ne me prête attention… Dans mon cas, c’est même un avantage. »
C’était bien l’une des rares fois où je me laissais aller sur ce que je ressentais face à un autre shinobi.
« J’suis très loin d’être riche. J’ne suis pas du tout charmant, pour n’pas dire vulgaire et colérique. J’n’ai pas l’éducation que devrait avoir quelqu’un d’mon âge… J’ne sais ni lire ni écrire… »
J’haussais les épaules face à une telle constatation. Je tenais simplement à faire part à mon compagnon que j’avais conscience de mes lacunes.
« Mais t'abuses un peu sur mon âge ! Trente-quatre ans, c’n’est pas si vieux que ça… »
Je lui adressais un petit clin d'œil amical, un sourire amusé sur le visage.
« En revanche, j’ne te cache pas que ça me donne clairement des envies de meurtres quand les gens me prennent pour un gamin stupide et sans cervelle. Quelqu’un d’insignifiant, j’suis prêt à le concéder. Une petite merde, certainement pas. J’suis le premier à avoir conscience que mon caractère est imbuvable pour les autres… »
Mon visage se referma. Bien que les propos qui suivirent fussent plus pour moi que pour Weihan, ce dernier put clairement les entendre.
« … Mais c’est hors de question que je me laisse bouffer par… eux… »
La détresse et la peur face aux autres êtres humains étaient clairement perceptibles dans le ton employé. Cette ombre sur mon visage disparut aussi vite qu’elle était apparue, comme si elle voulait se cacher du regard inquisiteur que pouvait avoir la boîte de conserve. Je repris le cours de la conversation, comme si mes murmures n’avaient jamais existé.
« J’ne perçois peut-être pas le monde qui nous entoure par l’prisme traditionnel, mais faut pas déconner. J’ai clairement un physique de merde, mais j’estime en avoir suffisamment dans la caboche pour pouvoir mener à bien une enquête. Quant à mon caractère… »
Le sujet dériva sur la liste fournie par Kono Eiji.
« J’te remercie pour les informations. »
Je les notais dans un coin de ma tête.
« La popularité est - il me semble - un facteur non négligeable dans la haute société. Personne ne voudrait d’un gars dont la réputation n’est pas à la hauteur à la tête d’un groupe aristocratique. Quant aux motivateurs, ils sont nombreux… Mais j’suis du même avis que toé ! La jalousie s’trouve parmi les meilleurs candidats. »
Je restais silencieux un moment, alors qu’il se mettait à déblatérer sur je ne sais quelle voie. Parfois, je me demandais si cet homme avait toute sa tête.
« Ah bah c’est sûr que de c’point d’vue là… En termes de force physique, j’suis inutile. En revanche, j’ai une très bonne mémoire. Et la p’tite taille de l’être insignifiant que je suis m’permet d’avoir accès à des endroits que les personnes lambdas ne peuvent atteindre. De plus, une fois que je ferme ma grande gueule, on a tendance à très vite m’oublier… Disons que je ne garde pas les mêmes folies que toé ! Et c’n’est pas plus mal que nous soyons polyvalents dans ce domaine. »
Le médecin finit par arriver et je lui confiais - à contre cœur - tous les prélèvements que j’avais effectués. Je savais que je n’avais pas les compétences pour les analyser. Pourtant, ça me faisait mal de devoir accorder ma confiance à un parfait inconnu.
« Euh… Soit ! Faisons comme cela. J’m’occupe donc de Wasabi, Kori et d’la fiancée ! »
Je fus soulagé de ne pas avoir à m’occuper de Sumomo. Mais qu’est-ce qu’il avait avec cette voie ? Je n’étais pas certain de comprendre de quoi il en retournait exactement. Il faudrait que je lui pose la question à l’occasion. Alors que nous nous dirigions vers le salon où les suspects avaient été rassemblés, nous croisâmes Kono Eiji.
« Puis-je vous proposer un rafraîchissement ? C’est, bien entendu, offert par la maison ! »
Le salon de thé avait tout intérêt à ce que nous élucidions cette affaire. Il allait de soi que la maison ne souhaitait pas être mêlé de près ou de loin à cette affaire.
« Volontiers, m’sieur ! J’vous prendrais une pinte de bière ! »
Lorsque je vis la tête déconfite du maître de thé, je fronçais légèrement les sourcils. Devant l’incompréhension flagrante qui régnait entre le vieil homme et moi, je pris le parti d’appeler mon collègue à la rescousse.
« Euh… Hum… Weihan ? Euh… au s’cours… Je… Je crois que j’ai fait une boulette ! »
Résumé:
Résumé : Après avoir pris conscience que Weihan l’accompagnait maintenant sur cette mission, Kaïto lui fait un rapide résumé de la situation. Sans vraiment s’en rendre compte, Kaïto livre à Weihan un peu de son intimité, le laissant entrapercevoir sa façon de concevoir le monde, y compris qu’autrui lui fait tellement peur qu’il en vient à se protéger par la violence verbale. Après l’arrivée du médecin, ils se partagent les interrogatoires. Alors qu’ils allaient rejoindre les suspects, Kono Eiji leur propose des rafraîchissements offerts par la maison. Devant le visage déconfit de l’homme et son incompréhension face à sa réaction, Kaïto demande de l’aide à Weihan.
Santé : ok Niveau de chakra : ok. Chakra : 2B.
Équipements utilisés : kit du détective nain (plusieurs sacs en toile de jute et flacons de différentes tailles, un carnet de croquis, crayon de papier). Techniques utilisées : aucune pendant ce tour.
Kaïto parlait, parlait, parlait. Weihan se mettait une main derrière le casque, mal à l’aise. Le Kawasaki avait cette fâcheuse tendance à prendre tout au premier degré, et l’incommensurable instinct d’ensuite tout expliquer jusqu’au moindre détail. Le sarcasme et l’ironie ne volait jamais qu’au ras du sol avec lui. Tout comme lui, en fait. « … »
Une fois les explications du nain achevées par rapport à sa taille et autres attributs, on pouvait constater que le temps leur filait entre les doigts. Il était temps de se mettre à table pour une longue enquête approfondie, établir des théories, poursuivre des pistes et… Le Genin clignait des yeux et constatait que son partenaire avait disparu.
Pas pour longtemps puisqu’il appelait à l’aide. Soupirant, Weihan faisait son chemin vers le salon central, où les membres de la confrérie des sentinelles pures étaient rassemblés. Le Kawasaki semblait perturbé par les réactions à sa demande d’un breuvage considéré comme vulgaire dans un salon de thé.
Pendant ce temps, un autre homme entrait dans le vestibule. Un médecin si on se fiait à son habit et son badge. Il parla quelques instants à Weihan, qui hocha de la tête. Les membres du club regardait avec appréhension la scène.
Mais pas davantage que de voir l’armure colossale de Weihan entrer dans la pièce dans un grincement métallique. L’armuré ne dit d’abord rien, considérant chacun des membres du club en silence. Le dégout semblait avoir fait place à l’appréhension. « Je voudrais te rappeler où tu es, mais je n’y ai pas plus d’expérience que toi. Changeons d’approche. »
Soufflant métalliquement, Weihan se détournait quelques instants pour fermer les portes de la pièce derrière lui. Un clic alors que le verrou logeait les portes en place.
Il se tournait vers les convives. « Assez. Un homme est mort. On vient de me confirmer qu’il a été empoisonné. Vous êtes tous suspects. La Voie ne souffrirait pas cette injustice. »
Kono Eiji sembla s’offusquer. « Comment osez-vous… » « Silence. Ou je vais tous vous tuer pour être certain d’avoir mon coupable. »
Le ton de Weihan était sans appel. Les convives échangèrent des regards choqués. Sumomo se levait. « Cet outrage ! Je vais de ce pas allez faire une plainte aux autorités. »
Il ne faisait pas deux pas que l’immense hallebarde de Weihan se plantait dans le mur, à quelques centimètres de sa tête. « Allez-vous asseoir. »
L’homme qui était tombé en arrière sous le choc, se mettait promptement à ramper vers sa chaise. « Vous êtes un lâche. Le poison serait approprié pour vous. Mais vous en êtes déjà le président. Qu’avez-vous à y gagner ? »
Sumomo se renfrognait. « Rien. Je n’ai jamais apprécié Nobara. Il était d’origines modestes et insolent, comme vous d’ailleurs ! Mais s’il s’agissait de l’évincer du club, je l’aurais fait administrativement. Et je comptais le faire ! Mais son mariage imminent avec Sakura rendait cela impossible. »
Weihan le considéra, puis se tourna vers la fiancée. « Origines modestes, mais riche. Mais vous n’étiez pas encore mariés. Vous n’aurez rien à ce stade. » « Je… non… »
Le casque grinça vers Eiji. « Vous êtes physiquement faible. Utiliser du poison vous serait simple. Mais un mort dans votre salon va ternir sa réputation de manière irrémédiable. Quelque avantage que vous tiriez de sa mort, ne peut possiblement justifier de détruire l’image de votre établissement. » « Les sentinelles sont de très chers clients, dans tous les sens du terme ! Je n’ai rien à avoir avec cette affaire. »
Trois suspects de moins. « Kaïto, allez chercher Ejibi et Fan dans la cuisine. Tous ici avaient les moyens d’obtenir les services de l’un ou l’autre pour empoisonner le thé alors qu’ils étaient en arriere-salle. Personne ici n’a le courage d’agir directement, non ? » « Vous êtes un barbare ! »
C’était Takana, outragée, qui avait parlée. Weihan la considéra. « Votre réaction lorsque Futomaru s’est trompée sur l’état marital de Sakura… Il dépassait la compassion. Vous désapprouviez son mariage avec Nobara-san. » « … Il était un porc, sans le moindre sang noble. Il ne méritait pas de faire partie de la confrérie. » « Mais une langue pendue comme la vôtre aurait simplement continuer de parler dans son dos, votre passe-temps favori. Le tuer aurait simplement terni votre jeu. »
Le nœud se resserrait rapidement…
Dernière édition par Eien no Weihan le Mar 5 Mar - 9:47, édité 1 fois
« La rétention de l'information est une forme de constipation du savoir. » De Théophraste Renaudot, médecin et journaliste français.
Printemps 83, Homura - Ochanomizu, salon de thé.
Me rappeler où j’étais ? Je fronçais un instant les sourcils, le temps que la connexion se fasse entre mes petites cellules grises. Je lui répondis en ronchonnant, me maudissant intérieurement de m’être enfermé - encore une fois - dans mon petit monde.
« Ah oui… C’est vrai… »
Concentré comme je l’étais sur notre enquête, il ne m’était pas venu à l’idée que le salon de thé ne pourrait pas me servir de boissons à base d’alcool. Alors que j’avais très bien saisi que nos suspects n’avaient pas accès à ce genre de liquide en venant ici. Quoi que… Tout dépendait des indices. Toutefois, l’établissement ayant une réputation des plus respectables, je pouvais aisément penser que ce genre de liqueurs n’était guère traité, même sous le manteau.
De mon point de vue, si les renseignements n’avaient pas de lien direct ou indirect avec l’affaire en cours, je pouvais passer pour l’homme le plus stupide du monde. J’avais soif. J’étais dans un établissement qui servait des collations. Mes petites cellules grises s’étaient arrêtées là dans leur réflexion. Elles savaient très bien que je n’appréciais guère le thé et le saké. Elles s’étaient donc instinctivement rabattues sur l’une de mes préférences.
« Changer d’approche ? Com… Comment ça ? »
Je m’inclinais devant Kono Eiji pour lui présenter mes plus sincères excuses et me précipitais sur les traces de Weihan. Je me mis à trottiner dans son ombre, à quelques pas derrière lui. Ses prises de position arrangeaient mes affaires. J’avais toujours été meilleur enquêteur lorsque j’étais l’ombre de quelqu’un.
Je me faufilais dans la pièce et me mis dans un coin pour observer, en silence, la confrontation entre la boîte de conserve et les membres de cette très distinguée confrérie des Sentinelles Pures. Je n’aimerais clairement pas être à leurs places. Mon compagnon de mission était un homme imposant, limite effrayant.
Je n’étais pas le seul à avoir noté que le géant métallique avait verrouillé les portes. Cette démarche avait eu pour effet d’augmenter la pression de plusieurs crans chez nos suspects. Bien joué. Cette tension allait jouer en notre avantage. Certains la supportaient mieux que d’autres. Et ces autres étaient les maillons faibles du groupe : grâce à eux, nous allions pouvoir entrer dans leur intimité. Qu’ils le veuillent… ou non.
Dans ce genre de situation, le langage corporel en disait souvent plus long que la prise de parole. Par exemple, Kono Eiji, le maître de la cérémonie du thé. Pourquoi s’offusquait-il s’il n’avait rien à voir avec cette affaire ? Ce vieil homme savait pertinemment bien que cette enquête était nécessaire pour blanchir l’établissement de tout soupçon. De tout le personnel présent, il était le doyen de par son âge. Il était donc normal qu’il vienne défendre son établissement.
Toutefois, sa réaction fut trop prompte pour ne pas paraître suspecte. Elle dénotait avec sa stature de force tranquille. Protéger l’Ochanomizu était son unique objectif. De ce fait, j’étais certain qu’il avait les compétences nécessaires pour gérer calmement les conflits touchant l’établissement. Alors, pourquoi ? Pourquoi s’était-il emporté ? Soit il était coupable dans cette affaire. Soit… il était au courant de quelque chose de compromettant sur un ou plusieurs de nos convives.
Les réactions d’Hasegawa Sumomo furent toutes aussi révélatrices. Il avait voulu réaffirmer ses positions face à Weihan, mais il s’était tout de suite effacé lorsque celui-ci avait planté son immense hallebarde dans le mur, à quelques centimètres de sa tête. Mon camarade avait raison sur trois points le concernant. C’était un lâche. Le poison lui allait comme un gant. Et il était déjà le président de cette confrérie.
En revanche, c’était un fieffé menteur. S’il voulait faire passer son renfrognement pour un acquiescement, c’était raté. Avant que Futomaru ne se retire de l’enquête, il avait clairement spécifié que Nobara Ken, notre victime, était le président de ce groupe. De ce fait, soit Sumomo était le vice-président et la mort de Nobara venait de le faire monter en grade ; soit Sumomo était effectivement le président… mais plus pour longtemps.
Notre macchabé était fromager de profession et avait fait fortune rapidement grâce au fromage de chèvre. Sa notoriété grandissant en même temps que son capital, il avait certainement les moyens de se faire introduire dans ce cercle très fermé… et obtenir la place de président. Si mes souvenirs étaient corrects, la confrérie des Sentinelles Pures avait dû faire face à un scandale il y a quelques semaines de cela.
Certains membres éminents de cette société avaient vivement contesté les décisions de Sumomo concernant cette affaire. Pour ne pas perdre plusieurs de leurs plus gros adhérents, cet Hasegawa avait dû accepter de se retirer de la gérance des affaires de la confrérie lorsque celle-ci aurait trouvé son successeur. Toutefois, le président avoua lui-même qu’il ne pouvait pas blairer Nobara. Il fournit lui-même un mobile pour son meurtre. Weihan avait pourtant raison : il était trop lâche pour mettre en place un tel stratagème.
Mon regard se posa sur Sakura, la fiancée de notre victime. De tous, c’était la seule à avoir les épaules pour mettre en place un tel stratagème. Elle était bien trop intelligente pour se mouiller elle-même. Mon instinct me hurlait qu’elle avait su manipuler son petit monde et que son emprise sur les autres était encore bien trop présente et oppressante pour que ces derniers n’envisagent, ne serait-ce qu’un instant, de se dresser contre elle.
« Veuillez me pardonner, ma dame… »
Nos suspects clignèrent plusieurs fois des paupières, comme si ma prise de parole venait de leur rappeler que Weihan n’était pas tout seul dans la pièce à les interroger.
« Pourriez-vous me rappeler votre nom de famille ? »
La présence de la boîte de conserve empêcha les autres invités de se dresser contre mon intervention.
« Sakamoto, monsieur. »
Ses prises de parole étaient délicates et mesurées.
« Votre nom ne m'est pas inconnu… »
Je la soupçonnais d’appartenir à l’une des plus riches familles marchandes de la capitale, mais ma stratégie consistait à jouer aux benêts. Je voulais l’amener à me livrer elle-même ses secrets…
« Ma maisonnée dispose de plusieurs joailleries dans tout le pays. »
Je fis mine de réfléchir.
« C’est vous, n’est-ce pas ? »
« Je… Je ne suis pas certaine de comprendre. »
« Vous avez survécu à une bande de voyous. Votre cadette, en revanche, n’a pas eu cette chance. »
La jeune femme blémit, mais ce ressaisit rapidement, avant que la situation ne lui échappe.
« Vous êtes bien informé… »
Je mis rapidement fin à la conversation.
« Je vous prie de pardonner mon indélicatesse. »
Et je laissais Weihan reprendre la main sur l’interrogatoire. Ainsi donc, Nobara Ken et sa fiancée s’étaient déjà rencontrés par le passé. Et pas dans les meilleures circonstances. A l’époque, cette histoire avait fait grand bruit. Une chance que le vieux ait exigé de moi que je me tienne au courant d’un grand nombre d’affaires…
Le complément d’informations qu’apporta Kono Eiji lorsque mon camarade porta son attention sur lui ne fit que confirmer mes soupçons quant au fait qu’il disposait d’informations sur cette confrérie qu’il ne souhaitait pas divulguer. Cela serait embêtant de l’interroger devant les autres. J’étais convaincu qu’il ne les trahirait pour rien au monde. Du moins, tant qu’il serait dans la même pièce que Sakura.
Ils n’en avaient sans doute pas conscience, mais que cela soit Sumomo, Eiji ou Tanaka, ils jetaient tous de petits coups d'œil en direction de la fiancée. Cette dernière, en revanche, en bonne comédienne, tentait de passer pour la dulcinée éplorée. Pourtant, ce léger sourire narquois sur son visage me donnait envie d’écrabouiller son visage de guenon contre le mur derrière elle.
Quant à Kanto Tanaka, sa réaction fut fidèle au personnage. Encore une fois, Weihan avait vu juste. J’irais même plus loin en affirmant que sa dévotion envers Sakura était bien plus que de la simple amitié. Elles se connaissaient depuis longtemps. Depuis trop longtemps. Ses mains étaient bien trop abîmées par les travaux manuels pour que je puisse la prendre pour une noble. Ses vêtements de moins bonne qualité que les autres et son langage confirmaient son rang de roturière.
« Avec plaisir, Weihan. »
Je me dirigeais vers la porte, ouvris le loquet et avant de quitter la pièce pour aller chercher Ejibi et Fan, je crus bon d’adresser quelques mots à ceux présents dans la pièce.
« Weihan ici présent est un très bon enquêteur. Tout comme moé, il a dû comprendre que certains d’entre vous faisaient consciemment de la rétention d’informations. Je ne peux que vous encourager… »
Un sourire de petit démon vint fendre mon visage jusqu’à la pointe de mes oreilles.
« … à mettre à profit mon absence pour vous confier à lui. A mon retour, ça s’ra trop tard. Et je puis vous assurer qu’à côté du p’tit merdeux que je suis, mon compagnon est un ange. A bons entendeurs ! »
Et je quittais la pièce, direction les cuisines, pour retrouver la geisha et le préparateur de thé. Je n’avais pas encore tous les éléments, mais j’espérais que ce coup de pression supplémentaire permettrait à Weihan de récupérer d’autres informations. Quant à moi, je comptais bien interroger Fan et Ejibi.
Résumé:
Résumé : Kaïto laisse volontiers la main à Weihan. Il laisse le géant mener la discussion à sa manière. Cela permet à Kaïto d’observer la scène et de se demander si les apparences sont vraiment ce qu’elles sont. Il soupçonne fortement les faits suivants : - Sakamoto Sakura, la fiancée, a manipulé Eiji, Sumomo et Takana ; - Sakamoto Sakura, la fiancée, a un lourd passif avec la victime, Nobara Ken ; - Kono Eiki, le maître de thé, possède des informations compromettantes sur les membres de la Confrérie ; - Hasegawa Sumomo et Nobara Ken étaient en confrontation directe pour le poste de président de la confrérie ; - Kanto Tanaka n’est pas une noble ; - Kanto Tanaka est certainement la dame de compagnie de Sakamoto Sakura et était déjà à son service lorsque Sakura et sa sœur cadette se sont faites prendre pour cible par la bande de voyou. Il espère pouvoir interroger Asa Fan et Kanto Ejibi avant de retourner avec eux dans la pièce.
Santé : ok Niveau de chakra : ok. Chakra : 2B.
Équipements utilisés : kit du détective nain (plusieurs sacs en toile de jute et flacons de différentes tailles, un carnet de croquis, crayon de papier). Techniques utilisées : aucune pendant ce tour.
L’enquête progressait, mais la vraie curiosité était qu’au bout du compte, ils avaient du mal non à trouver un coupable, mais bien à disculper qui que ce soit dans la pièce. Comme Weihan le réalisait, ils avaient tous des motifs de vouloir s’en prendre à la victime. Même la fiancée, en réalité; la mort du marchand avant le mariage pouvait être perçu comme une habile manœuvre pour rebondir dans de plus hautes sphères de la société noble d’Homura.
Kaïto semblait lui-aussi l’avoir réalisé, semblant profondément dans ses propres réflexions. Or, il semblait s’en remettre presque en entier aux déductions de Weihan, qui avait espéré un peu plus d’assistance. Pour autant, le nain semblait raisonner que la clé de l’affaire résidait avec le préparateur de thé et la Geisha. Il semblait pratiquement certain qu’ils avaient été l’instrument de ce meurtre, mais encore plus avéré qu’ils l’auraient fait pour quelqu’un d’autre.
Immobile comme une statue, l’armure fixait un à un les visages désemparés des convives. Le maitre des lieux qui avait les yeux mi-clos, comme s’il acceptait son destin. Le président de la confrérie, qui cachait sous son indignation des cercles qui s’assombrissaient sous ses bras, un sueur d’inquiétude. La veuve et sa suivante, enterré dans leur fausse tragédie.
Tous enfermés dans cette pièce au moment des faits. « … »
Le maître de thé aurait distribué les tasses, faisant de lui un suspect facile à pointer. Pour autant… « La disposition de la table… Est-elle toujours la même ? » « Non. Le président s’assied d’abord, puis nous prenons place en ordre d’ancienneté. Le maitre de thé est le dernier à s’asseoir. Hasegawa-San ne s’assied pas toujours à la même place, c’est une superstition pour éviter le mauvais sort. Le thé est toujours servi dans l’ordre de l’ancienneté, mais chacun choisit sa tasse. »
Comment le tueur aurait-il su à qui donner la tasse empoisonnée, sinon le maitre de thé dans ce cas ? Mais ça semblait trop simple. Il allait de soi que Kono Eiki serait le premier à être pointé du doigt dans cette affaire, de par son rôle. Mais il avait pourtant selon Weihan le moins de raisons de passer à l’acte. Comme étudié précédemment, il n’avait pratiquement rien à gagner dans cette affaire. « Kono Eiki, vous devez réaliser à quel point ces informations vous impliquent comme étant le tueur. N’avez-vous rien à rétorquer ? » « Non. Je n’ai aucun contrôle sur Ejibi et Fan. Cette situation est ridicule. » « Elle l’est. Ridicule, et complexe. Inutilement complexe. Aucun d’entre-vous n’est un suspect aisé à retirer de la liste, et je commence à comprendre pourquoi j’en ai le sentiment depuis le début de cette conversation. »
Long silence, puis Weihan secoua la tête. « Et c’est parce que vous êtes tous coupables. Si chacun choisit sa tasse, parallèlement à l’ordre et l’endroit où vous vous êtes assis, il n’y a qu’un seul moyen d’assurer que la tasse empoisonnée soit celle prise par la victime… Et c’est en faisant en sorte que toutes les tasses soient empoisonnées. »
Hoquets de stupeur dans le group. Le président sembla sur le point de se lever sans doute pour exprimer son mécontentement mais une main d’acier se ferma sur son épaule l’encourageant fortement à rester assis. « Vous avez tous pris un antidote pour vous assurer d’être prémunis des effets quoi qu’il arrive. Mais pas tous volontairement. Vous vouliez que Kono Eiki soit désigné comme l’instigateur vu sa position et l’évidence de sa participation. Alors l’un d’entre-vous s’est assuré qu’il ingère l’antidote avant les faits. Un homme comme Maître Eiki boit une demi-douzaine de tasses de thé par jour. Une tâche incroyablement facile pour une geisha et un cuisinier. »
La fiancée commençait à pleurer doucement, réconforté par Tanaka. Tout le monde avait des regards bas et coupables, et Weihan hocha la tête. « Vous aviez tous à gagner de sa mort, et vous pensiez pouvoir faire un meurtre parfait en travaillant de pair. Eiki était une victime acceptable, un vieillard qui ne manquerait à personne. Pour autant, l’idée de tuer Nobara Ken doit être venue de quelqu’un en premier. J’invite celui-ci à se désigner, car dans quelques instants mon collègue reviendra avec la réponse. Votre omerta est-elle aussi forte que votre désir de rester en vie ? Car là est votre seule manière de vous en sortir en présent. » « C’était l’idée de….Eeek! »
C’était Sakura qui s’était mise à parler, mais le président se jetait sur elle pour la faire taire. Un pas métallique plus tard, Weihan arrachait l’homme du sol et le jetait contre le mur. Les autres commençaient à se relever mais l’armuré relevait une hallebarde menaçante vers eux, mettant fin à la pathétique tentative de fuite. Le seul encore calme et posé était Eiki, ce qui faisait du sens à présent. « La vérité viendra du nain. »
« Les pêchés parlent, le meurtre crie. » De proverbe anglais.
Printemps 83, Homura - Ochanomizu, salon de thé
Je revins dans la pièce une trentaine de minutes plus tard, en compagnie de Kanto Ejibi, le préparateur de thé, et d’Asa Fan, la cousine éloignée de la victime et geisha. Mes deux compagnons d’infortune portaient des documents que Kono Eijei, le maître du thé de l’Ochanomizu, reconnut tout de suite. Il perdit de sa superbe pendant un instant, lui qui jusqu’à maintenant était le seul à avoir gardé son calme. Un petit sourire satisfait se dessina sur mon visage.
« A voir vos mines, aucun d’entre vous n’a eu l’amabilité de parler à mon confrère ici présent. Peu importe… La vérité finit toujours par éclater. »
J’approchais une chaise de la table et montais dessus pour faire face à nos convives.
« Veuillez disposer les éléments devant moé puis, prenez place auprès de vos acolytes. »
Parmi les objets ramenés dans la salle se trouvaient plusieurs feuilles de papier et un cahier.
« Chers membres de la Confrérie des Sentinelles Pures et employés de l’Ochanomizu, je vous adresse mes plus vifs remerciements pour avoir patienté jusqu’au dénouement de notre affaire. Celle-ci est sur le point d’être résolue. Je vous prierais donc de rester tranquillement installé autour de cette table jusqu’à ce que la lumière soit entièrement faite sur la mort de m’sieur Nobara. »
En prononçant ces mots, j’avais regardé avec insistance pendant une fraction de seconde chacun des membres présents autour de la table. Mon visage affichait une mine fermée et un regard des plus durs. J’avais pris le temps de questionner la geisha et le préparateur de thé. Il n’avait pas fallu longtemps pour qu’ils craquent et me racontent en partie les tenants et les aboutissants de cette affaire.
Quant au reste, j’avais délibérément fouillé dans les affaires de Kono Eiji avec d’autres shinobis. Ils s’étaient ensuite partagés la lecture des documents et j’avais pu centraliser le tout pour éviter que Weihan ne reste trop longtemps avec eux dans cette pièce. J’avais ensuite embarqué le tout et m’étais ainsi présenté devant eux avec Fan et Ejibi.
« La force et la dextérité de Weihan ne sont plus à démontrer. Il sera donc le garant du bon déroulement de cette… réunion. »
C’était une façon polie de leur faire savoir que toute résistance de leur part était vaine. Ils n’avaient d’autres choix que de m’écouter… ou de se faire arrêter pour meurtre.
« M’sieur Nobara étant le maillon central qui vous lie tous, c’est de lui que partira mon raisonnement. Contrairement à ce que j’avais pu croire au départ, la victime a bien un lien avec chacun d’entre vous. Oui. Je dis bien chacun d’entre vous… »
Quelques regards inquiets furent échangés parmi les suspects, notamment entre ceux qui avaient été écartés lors de l’enquête préliminaire.
« Avant de faire fortune dans le fromage de chèvre, Nobara et ses deux frères aînés étaient engagés comme ouvrier dans la mine de charbon de demoiselle Ryuketsu ici présente. Comme leurs parents avant eux. »
Je dépliais trois des feuilles de papier éparpillées devant moi et les contrats liants le sieur Nobara et ses frères à la mine de charbon apparurent.
« Connus pour être de mauvais garçons, ils n’étaient guère appréciés des autres ouvriers. Ni de feu votre père, demoiselle Ryuketsu. »
Les mains de l’intéressée se mirent à trembler de manière imperceptible. Elle vint joindre ses phalanges pour tenter de maîtriser ses spasmes.
« Nobara et ses frères écumaient les bordels de la région et n’hésitaient pas à faire des putes du coin leurs jouets favoris. C’est là qu’ils vous ont connu, demoiselle Fan. Votre père ne pouvant plus payer ses dettes de jeu, il vous avait vendu à l’une des maisons closes du coin. Avant de devenir une geisha de luxe, vous avez dû commencer tout en bas de l’échelle. »
La concernée semblait absente de la conversation. Son corps et son esprit étaient las de toute cette histoire. Elle n’avait d’ailleurs pas su garder le secret bien longtemps.
« A l’époque, demoiselle Ryuketsu, vous étiez en conflit direct avec votre père. Celui-ci voulait vous marier au sieur Kori ici présent. N’appréciant guère son âge avancé ni sa position pourtant élevée, vous avez préféré vous tourner vers le mauvais garçon qu’était le sieur Nobara. Pour garder la fratrie sous votre égide, vous n’avez pas hésité à faire appel aux services de demoiselle Fan, malgré leur lien de parenté, même éloigné. Devant votre insubordination, votre père a menacé de vous retirer de son testament. De plus, il avait l’intention de rompre les contrats de travail de votre bien-aimé et de ses frères. »
Kori me jeta un regard froid et noir. Dans cette histoire, il avait été prêt à tout donner à Ryuketsu, mais celle-ci, têtue comme elle était, avait commis l’irréparable. Je ne pouvais guère le prouver, mais j’étais convaincu que le vieil homme connaissait tout des projets assassins de la demoiselle. Pourtant, il n’avait rien fait pour l’en empêcher.
« Avant que cela n’arrive, vous avez organisé le meurtre de votre propre père avec le sieur Nobara. Ce dernier, avide de richesses et d’une position sociale plus élevée, n’hésita pas à vous prêter main forte. A la mort de votre paternel, vous avez hérité de tous ses biens, dont la direction de la firme de charbon. Plus rien ne s’opposait alors à votre union. Vous avez alors annoncé vos fiançailles durant un repas organisé à la résidence du sieur Kono Eiji ici présent. »
La victime sur laquelle nous enquêtions me répugnait au plus haut point. J’avais beaucoup appris de la part des uns et des autres. Même s’il restait des zones d’ombre, nous en savions suffisamment pour mettre la pression à nos suspects.
« Le sieur Eiji a hérité d’une firme de thés haut de gamme de ses parents. Qui eux-mêmes la tenaient de leurs aînés. Cette filiale est dans votre famille depuis plusieurs générations déjà. Votre fille aînée a épousé le père de Sakura. Ce qui fait de vous le grand-père de demoiselle Sakura ici présente. »
Pour la seconde fois depuis mon arrivée, Eiji perdit son calme pendant une fraction de seconde. Lui qui pensait avoir bien caché ses traces, le voilà qui était mis sur le devant de la scène.
« De ce fait, au cours de ce dîner, le sieur Nobara a rencontré demoiselle Sakura et son fiancé, le sieur Sumomo ici présent. Mais pas que, puisque la soeur cadette de Sakura et son fiancé, le sieur Kanto Ejibi ici présent se trouvaient également à ce repas, ainsi que demoiselle Tanaka ici présente et meilleure amie de Sakura, et le sieur Kori, propriétaire d’une firme prospère de fromage de chèvre et ami proche du sieur Eiji. »
Et voilà. Tous les protagonistes s’étaient au moins rencontrés une fois. Les liens entre les uns et les autres étaient faits. Définitivement.
« Pour des raisons que j’ignore, le sieur Nobara a jeté son dévolu sur la sœur cadette de demoiselle Sakura. Il lui a fait des avances qu’elle a fermement repoussées. A chaque fois. Cet individu n’est pas un homme que l’on contrarie. Il n’accepte pas qu’une femme se refuse à lui. Son approche ne donnant pas les résultats escomptés, il a alors décidé de se servir lui-même. »
Là encore, plusieurs réactions corporelles trahirent les individus ici présents. Néanmoins, la présence de Weihan était suffisamment forte pour les empêcher d’intervenir. Je ne savais pas ce qui c’était passé pendant mon absence, mais la terreur que leur inspirait la boîte de conserve était réelle.
« Il a lui-même kidnappé ou fait kidnapper votre sœur cadette, demoiselle Sakura. Une fois en sa possession, ses frères aînés et lui se sont amusés avec elle jusqu’à ce que, honteuse d’avoir servi de réceptacle à ces porcs, elle se soit donnée la mort. Furieux de ne pas pouvoir profiter plus de son corps, ils l’ont exposé nue et défigurée à la vue de tous. »
Des larmes perlèrent au coin de l'œil de certains, mais leurs porteurs effacèrent immédiatement toute trace de leur présence. Chacun à sa façon.
« Le sieur Nobara a alors décidé de se rabattre sur vous, demoiselle Sakura, puisqu’il ne pouvait plus avoir votre sœur. Pour rentrer dans les bonnes grâces de votre père, il a repris la firme du sieur Kori dans des conditions qui, je suppose, à la vue des mœurs de cet homme, devaient être fort douteuses. Chantage ou que sais-je encore. Quant à vous, sieur Wasabi… »
Ce Nobara était un homme abject. Je ne suis personne pour leur dire que ce qui a été fait était mal ou bien. Je n’étais pas meilleur qu’eux. J’aurais été capable de faire bien pire si un individu aussi méprisable avait touché à un cheveu du vieux. Ou d’un membre du gang.
« … vous êtes contremaître dans la firme du sieur Nobara. Vous aviez une fille. Votre patron s’est amusé avec elle, lui promettant monts et merveilles, jusqu’à l’engrosser. Lorsqu’elle a compris que le sieur Nobara ne l’épouserait pas, elle s’est donnée la mort. »
Traitait-il tous les êtres humains de cette façon ? Ou seulement les femmes ? Comment pouvait-on, ne serait-ce que penser, à utiliser un être vivant comme un objet ? Ce concept m’échappait totalement. Je ne comprenais même pas qu’il puisse exister en ce bas monde.
« Et le voilà à la tête de la confrérie des sentinelles pures. Une place qui vous était destinée, sieur Sumomo… En plus de vous avoir volé votre fiancée, il vous volait ce titre qui vous revenez pourtant de droit… »
La rage et la haine se lisaient clairement dans le regard de Sumomo. Chez les autres aussi, d’ailleurs. Selon l’individu, elles étaient plus ou moins bien contrôlées.
« Je n’ai malheureusement que des présomptions concernant la participation de chacun d’entre vous à ce meurtre sordide. Je reste néanmoins persuadé qu’un seul d’entre vous a été capable de donner le coup fatal à sieur Nobara. Voilà des années qu’il vous mène tous par le bout du nez et jamais aucun d’entre vous n’a eu le courage d’assumer ouvertement sa haine envers le mort. Sauf un… »
Mon regard se posa sur Sakamoto Sakura, la fiancée.
« … Ou plutôt, devrais-je dire une puisque c’est une femme qui a commis le crime… »
Je finis par tourner la tête vers Weihan. Que faire ? Si elle n’avouait pas, nous ne pourrions pas tous les arrêter. Ils appartenaient tous à la haute société et ils étaient suffisamment influents pour réussir à nous faire quitter notre poste contre notre gré. De plus, face aux faits, mes émotions prenaient trop de place. J’étais partagé entre mes ressentis vis-à-vis de la victime et mon devoir de genin. Je n’avais jamais été bon pour faire correctement la part des choses.
Etait-ce juste d’arrêter ces gens qui avaient souffert à cause de cet homme ? Ne serait-ce pas manquer à mon devoir de ne pas suivre les directives de ma hiérarchie ? Notre ordre de mission était pourtant clair : « prendre nos dispositions pour l’arrêter sans qu’il s’échappe ». Pire encore… Ne serait-ce pas considéré comme de l'insubordination que de laisser filer le meurtrier ? Ce genre de réflexion devait-il entrer dans ma réflexion ?
Résumé:
Kaïto s’absente une trentaine de minutes. Durant ce laps de temps, Kanto Ejibi et Asa Fan avouent sans trop de résistance. Il profite de leurs aveux pour fouiller dans les affaires de Kono Eiji avec d’autres shinobis et ainsi obtenir les informations manquantes. Lorsqu’il retourne dans la pièce avec Ejibi, Fan et les documents, Kaïto met au jour les liens qui existaient entre tous les personnages présents dans la pièce. Il est persuadé que c’est Sakanoto Sakura, la fiancée, qui a porté le coup de grâce. Pourtant, si elle n’avoue pas, elle s’en sortira puisque Kaïto n’a actuellement aucun moyen de prouver sa théorie la concernant. En effet, toutes les personnes présentes avaient un mobile pour haïr Nobara. Nobara, de son vivant, était un véritable connard. En prise avec ses propres émotions, Kaïto se tourne vers Weihan pour savoir quoi faire. Devait-il plutôt écouter son coeur ou faire son devoir ?
Le rôle de gros bras lui allait parfaitement dans ce contexte. Il se lassait de cette enquête, non pas de par son intrigue, mais bien la faiblesse morale des gens présents. Pas une seule colonne vertébrale dans ce groupe, sauf peut-être le maître de thé, mais Weihan n’avait que faire d’un faux innocent à cet instant.
Il écouta attentivement les révélations de Kaito, tout en gardant un œil acéré sur les convives, guettant une autre tentative de fuite. En vérité, l’armuré l’espérait presque.
Le passé du Nobara était sordide, semblait faire une ombre immense sur l’aspect noble et luxueux de cette confrérie. Ça ne faisait que mettre de plus en plus en lumière les raisons ayant poussé à ce crime. Weihan était bien placé pour voir l’importance de mettre fin au chaos de son existence pour que la Paix règne. Mais le chaos ne pouvait être dissipé par un encore plus considérable. Tuer était parfois, souvent justifié. Mais pas dans ce cas-ci.
L’histoire se ficelait de plus en plus. Contrairement à ce que Weihan avait supposé, quelqu’un était bel et bien à risque de perdre sa fortune. Pas celle de Nobara Ken, mais bien celle de son père.
Mais devenait également épineuse. Kidnapper ? Et ces actes sordides… Weihan soufflait métalliquement en secouant la tête. Dans d’autres circonstances, il aurait mis fin à ce monstre lui-même bien auparavant. Mais ils avaient un travail à faire.
Ils étaient tous coupable, cela Kaito l’avait confirmé. Weihan avait exposé les fibres extérieures de leur personnalité, le nain mis à jour les sombres vestiges de leur passé. Mais comme le Kawasaki l’exposait, il manquait encore un élément. Un coupable. Une coupable, plutôt.
Silence dans la pièce. Les regards de tous convergeaient vers Sakura, la fiancée. Destinée à marier un monstre, la prochaine victime d’un homme pour qui aucun vice n’était trop bas.
Kaito semblait hésiter, troublé. Sans doute constatait-il la complexité de la situation. Arrêter cette entière confrérie serait une tornade politique qui les embourberait pendant des semaines, mettrait à mal la confiance de la population envers la haute société d’Homura. Les voir perdre leur emploi serait le cadet de leurs soucis en réalité. Cette histoire pouvait aisément causer une émeute dans la Capitale. Une qui mènerait à des blessés, voir des morts. Le nain avait raison d’hésiter, surtout quand l’affaire présentait la victime comme la pire personne dans la pièce. « Je… »
Sakura toussotait, étouffait des larmes qui mouillaient son kimono immaculé. Elle commença à se lever brusquement. « C’était… C’était moi… Je… Eh ? »
Un choc avait secoué la femme qui baissa les yeux, constatant que la lame d’une grande hallebarde sortait de son poitrail. Le sang avait giclé sur la table, écarlate sur la neige de sa nappe. Sakura toussa une gerbe de sang avant de se pencher vers l’avant, sa tête tombant contre la table, morte sur le coup.
Asa Fan voulut crier mais Weihan avait déjà refermé son gantelet sur sa bouche et le bruit mourut dans sa gorge. De son autre main, il arrachait la hallebarde du dos de la meurtrière, sèchement. Le sang commença à couler sur le sol, lentement. « Pas un seul mot, à moins de vouloir la rejoindre. »
Cette fois, c’était un silence de panique qui prit le dessus. « …Les prochains instants seront les plus importants de vos existences. »
Weihan prenait un linge destiné à sécher les mains pour essuyer le sang sur son arme. « À Homura, le meurtre amène la peine de mort. Une fois le crime avoué, il est en mon droit en tant que guerrier de prendre sa vie si elle tente de fuir. Et c’est ce qu’elle a fait. Mais ce n’est pas ce qui vous importe. »
Essorant le sang, il jetait un regard vers Kaito. « Mon erreur de la tuer si hâtivement est que nous n’aurons jamais son témoignage. Je suppose qu’il est donc maintenant impossible de prouver votre association avec son crime. L’histoire entière est perdue avec elle. À moins que vous ne souhaitiez faire vos confessions ? »
Silence et regard agités autour de la table. Tanaka elle, semblait sur le bord de la crise de nerf, yeux rivés sur le corps sans vie de Sakura, le sang qui imbibait progressivement la soie de son kimono. « Cette confrérie est dissoute. Associez-vous à nouveau, critiquez publiquement les shinobis d’Homura et je vous traquerai un à un. C’est ce que la Voie voudrait. J’en ai assez dit. Partez. »
Un à un, tremblotants, ils se levèrent et quittèrent la pièce. Eiji fut le dernier à partir, s’inclinant pour prendre congé. Weihan ramena son arme à son dos tout en considérant Kaïto. « … Il n’y avait autre manière de faire. Elle devait répondre à son crime. Pour autant, ils ne méritaient pas de voir un mort ruiner leurs vies. »
Il considéra le nain. « C’est votre enquête et votre rapport. Vous ferez ce qui vous semble juste. C’est tout ce que nous faisons, jour après jour. »
Spoiler:
- L’enquête de Kaïto révèle que la victime avait trompé, déshonoré et commis d’ignobles actes envers chacun des membres de la confrérie. - Tous les membres ont participé au plan de son meurtre, mais un seul l’a commis directement. - Mise sous pression par Kaïto, Sakura avoue avoir commis le meurtre de Nobara Ken. - Elle « tente de fuir » et est abattue par Weihan. - Par conséquence, la tueuse est incapable de détailler la participation des autres. - Il leur est « subtilement » conseillé de dissoudre la confrérie et de garder le silence. - De cette manière, Homura est satisfaite du crime résolu et les membres de la confrérie ont obtenu vengeance.