▶ Sujet: Re: Franchir le Rubicon [Ft. Uzumaki Asami]

Accroupi sur le seuil de la demeure délabrée de ta famille, bras allongés étendus sur tes genoux armurés, tu contemplais en silence les allées et venues qui animaient sporadiquement le quartier. Rare moment d'inaction apparente dans une vie entière de lutte et de poursuite effrénée de la perfection de ton art et de ta lignée, il n'en restait pas moins peuplé d'innombrables réflexions maculées de sang, jonchées d'os brisés et d'interminables tourments. Tu captais parfois le regard de l'un des tiens, qui transitait dans la rue non loin, reléguais sa défiance et son mépris pour ta nature ostensiblement pure à ton indifférence la plus absolue. Dans ton dos, tu entendis les pas de ta cadette se rapprocher, preuve qu'elle voulait te laisser être au fait de sa présence, fait rare depuis le jour de ton imprévisible retour d'entre les morts.

...T'as rien d'autre à foutre ? Rester planté là, à fixer notre quartier de merde ?

Tu restas silencieux d'abord, parfaitement immobile, toute ton expression couverte par ce faciès d'ivoire qui masquait ta chair.

...Vois le déclin. Inertie. Stagnation... Réfléchis, à ce que je dois faire. Satoko et Yuji, ont pas réussi à vivre avec la Brume. A évoluer avec elle. Dois trouver comment faire.

Mais comme face à tout nouveau prédateur duquel tu ambitionnais de triompher, il te fallait encore du temps et des informations. Des outils, fussent-ils doués ou non de conscience, afin de faire sortir ton art et ton clan tout entier de leurs carcans. Et si ta quête ne faisait en ce sens que débuter, les prémisses dont tu disposais te laissaient furtivement entrevoir le succès. D'un bond, tu te redressas subitement, imposant l'ombre de ta carrure aux yeux de ta sœur restée derrière toi, décidé à explorer plus avant l'une des pistes qui s'était révélée à toi. Tes mains se joignirent. Les étoiles, tu le savais, n'arboraient pas encore leur arrangement le plus propice pour justifier que tu te risques à solliciter la tigresse blanche. Ta dernière rencontre avec la rubiconde, de surcroît, t'avait déjà révélés des horizons vierges qui ne demandaient qu'à être conquis, et c'était sans même repenser à l'exaltation des sens que suscitait chez toi sa présence qui exhalait un calme brutal et délicieux.

Tch. T'étais déjà canné pour moi de toute façon. Faire croire à maman qu'elle a vraiment récupéré son fils aîné, ça par contre... T'es vraiment un enfoiré.

Tu captas le fil ténu de l'énergie de l'eisei que tu désirais à nouveau retrouver, là à l'orée du vilage comme du champ de tes perceptions.

...Suis plus que son fils, maintenant. Beaucoup plus.

Tu bondis sans autre forme de procès, accroché à la traîne savoureuse laissée par le chakra de l'Uzumaki, et entrepris de remonter la piste de ce gibier en tout point singulier. Il t'apparut rapidement avec évidence qu'Asami avait déjà franchi les prémisses du village et continuait à s'en éloigner, un contexte absolument propice à l'exercice que tu désirais justement lui imposer. Tu avais pratiqué avec elle le duel qualifié d'honorable, mais restait encore pour toi à découvrir le spectre de ses réactions face à un assaut surgi des ombres. Atténuant tes pas avec minutie à mesure que tu comblais la distance avec l'objet de ton désir comme de ton inspiration artistique, tu pris grand soin également de voiler la présence même de ton énergie afin de ne pas la laisser te trahir. De foulée en foulée, tu t'aperçus progressivement que tu te rendais là en des terres que tu ne connaissais pas, une aire d'inconnues, à l'image des desseins qui avaient conduit la jeune femme à se rendre jusque là. Se pouvait-il qu'elle ait été envoyée en mission, accompagnée d'autres soldats de la Brume auxquels elle aurait dû apporter son concours ? Tu voulus immédiatement vérifier cette hypothèse, calculer le risque d'interrompre la besogne dont aurait eu à s'acquitter cette potentielle unité.

Tu la perçus et la reconnus alors, là au devant du trajet dessiné par les pas de la rubiconde dont tu pouvais à présent contempler les atours, presque sentir les embruns. La jeune Eri, accompagnée d'une autre entité indéfinie. Tu brisas ton allure pour aller prendre position, en surplomb et en retrait de cet ersatz de structure en chantier où il semblait que les deux kunoichi avaient prévu de se retrouver. Ou pas, si tu t'en tenais au prologue de leur entrevue. Niché dans l'ombre d'un grand et vénérable monument végétal, tu te muras dans l'immobilité et le silence, tes yeux ambrés et inquisiteurs scrutant dès lors la teneur de cette rencontre qui n'avait rien de banale. Tu fis taire tes velléités combatives autant que charnelles en contemplant la scène inattendue qui prenait place, où commençaient à se mêler la honte et la fragilité d'Eri, la malice intentionnelle de ce Yokai à la semblance d'Inochishirazu, et le stoïcisme régalien de l'eisei qui en appelait à tous tes sens. Même depuis ton perchoir, tu pus voir et sentir croître le désarroi et la détresse de la toute jeune femme, face à ce sabre symbole d'un échec dont tu ignorais la portée. Puis, telle l'éclosion d'une fleur affamée de soleil suffoquant en elle-même, tu l'entendis s'épandre et exploser, faisant irradier de tout son être le poids de sa révélation trop longtemps étouffée.

Malgré toi, sous le couvert de ton voile savamment maintenu, tu marquas un mouvement de recul presque imperceptible. Interdit face à cette libération assurément cathartique pour son instigatrice et victime du même coup, tu tentas de mûrir la portée et l'importance de cette nature révélée, laissant abonder vers tes yeux et tes oreilles la suite de cette ouverture qui aurait dû rester privée. Une intimité que tu violais de bonne grâce, tandis que naissaient en toi en mêmes proportions l'appréhension de la proie et le trépignement du chasseur. Une Yamanaka, maîtresse de l'esprit, en votre sein ici, à Kiri. La révulsion et le désespoir qui transpiraient des paroles d'Eri à l'évocation de son pouvoir égalaient, voire transcendaient le mépris et la colère qu'elle t'avais jadis réservée lorsque vous étiez partis ensembles en mission. La base de son traumatisme. La clef de voûte de ses tourments, offerte à tes pieds sur le plus beau des plateaux sanglants. Mais ce savoir, tu le savais, n'allait pas sans sa contre-partie. Tu n'eus qu'à constater la portée des facultés de la toute jeune femme mises en pratique sur le yokai insignifiant pour le réaliser tout à fait, énumérant instinctivement alors dans ton esprit toutes les façons dont elle pourrait dès lors utiliser pour te faire t'étendre à ses pieds.

Toi, prédateur parmi les bêtes et les monstres, venais de trouver l'arme qui pouvait te briser. Celle qui pouvait s'en prendre à la seule chose contre laquelle tu ne pouvais te prémunir, fut-ce au prix d'innombrables strates d'armures, d'ossements et de cartilages cumulées. Les contours et l'essence de ton esprit. Mais il y avait là plus qu'un danger. Infiniment plus, réalisas-tu tout en continuant d'écouter les deux kunoichi entre lesquelles semblait se tisser une forme de compréhension mutuelle. La soldate aux cheveux d'or avait peur de son héritage, peur de sa puissance, peur que son utilisation la transforme en créature du mal. Autant de déchets de l'âme, que tu aurais voulu lui arracher à pleines mains par le regard depuis ton perchoir. A ses remises en question qui n'étaient pas sans t'évoquer celles d'une enfant perdue, tu pus observer la réponse formulée et en-actée par la rubiconde et juger une nouvelle fois de ses talents. De sa faculté, en l'occurrence, par le truchement de ses runes, à amplifier visiblement la douleur provoquée par la plus simple égratignure. Tu n'y tenais plus à ce stade que par l'absolue conviction que te révéler maintenant romprait à tout jamais tes chances de convoiter pour toi l'exercice de ce genre de prodige. Comment imaginer plus beau complément en effet, à ton art et ses intrications complexes, que la magnificence d'une souffrance désinhibée ?

Sous tes yeux, au cœur de ces ergotages soucieux d'équilibre et de balance, tu voyais s'épancher des facultés propres à magnifier tous tes desseins, à arracher à ses carcans comme tu l'avais tant souhaité l'expression de tes propres talents. Des outils divins doués de conscience, que seules la patience et la méticulosité de ton approche pourraient t'octroyer au terme d'un parcours tortueux et calculé. Eri se torturait elle-même, pensas-tu, un sujet ô combien unique entre tous ceux que tu avais pu croiser jusqu'alors. Une kunochi perdue, incapable de donner sa valeur à sa propre existence, broyée par votre exigence. En ton for intérieur, tu ne pouvais réprimer un large sourire carnassier, fruit d'un plaisir forgé par les années d'expérience à pister et observer les gibiers les plus dangereux et mortels de ton île. Dans ton esprit, les lignes se dessinaient peu à peu sur la façon et la manière de lui faire transcender cette révulsion à être une meurtrière. En dépit du danger, tu lui tiendrais la main le long de ce chemin, lui ferais trouver ce point d'équilibre si vanté par Asami.

Un silence soudain se fit, et tu ne pus dès lors, sur tes gardes, que supposer de ce qui pouvait advenir alors entre les deux kunoichi.

Résumé

Traque d'Asami :

Karyûdo no Kannô — C

Détection

Avec un mudra, l'utilisateur peut décider de ne vouloir trouver qu'une seule présence chakratique afin de la traquer. Il peut dès lors la suivre à la trace sur une grande distance.

UTILITAIREPUISSANCE DE RANG C

Tômei no Ho — B

Dissimulation

A l'aide d'un mudra, l'utilisateur est capable de se fondre avec son environnement et de dissimuler les bruits de ses pas et de ses mouvements de façon assez efficace. Cela lui permet notamment de se déplacer sans que des personnes dépourvues de sensorialité ne puissent le voir, le discerner ou l'entendre.

UTILITAIREPUISSANCE DE RANG B-

Repérage d'Eri :

Seikatsu no Jigaku — C

Détection

Avec un mudra, l'utilisateur est capable de percevoir toutes les cibles présentes dans une zone moyenne. S'il a déjà rencontré les identités chakratiques, il peut les reconnaître.

UTILITAIREPUISSANCE DE RANG C

Dissimulation finale :

Zôge no Ho — B

Dissimulation

A l'aide d'un mudra, l'utilisateur est capable de dissimuler très efficacement son chakra et ses émissions d'énergie. Cela lui permet notamment de se déplacer sans que des personnes dépourvues de sensorialité ne puissent le ressentir.

UTILITAIREPUISSANCE DE RANG B

Dernière édition par Kaguya Zetsumei le Mer 17 Avr - 16:36, édité 1 fois

▶ Sujet: Re: Franchir le Rubicon [Ft. Uzumaki Asami]

Perplexe face à ce long silence qui s’était installé, détaillant les mimiques empruntes de contrition et de chagrin exprimées par le corps de la soldate aux cheveux dorés, tu le devins d’autant plus en entendant soudain Asami s’exprimer de plus belle sans que sa vis-à-vis n’ait prononcé le moindre mot entre temps. Et c’était sans même considérer la nature ubuesque du propos qu’elle tint alors, reprochant sans une once d’ironie à Eri de ne pas assez tenir sa langue. Tu fronças la structure armurée qui te tenait lieu de sourcils, momentanément confus quant à ce qui était en train de se dérouler sous tes yeux avant que la solution à ce mystère ne te frappe comme une évidence. A la lumière de l’ascendance révélée de la jeune femme, des pouvoirs qu’elle avait admis y être associés, il t’apparut en effet qu’elle devait certainement à présent user de ses talents d’une façon ou d’une autre pour communiquer, une hypothèse appuyée par le faciès changeant de la Shimizu dont tu aurais juré qu’il pouvait accompagner la tenue d’un discours. Une parole cachée, inaccessible à tes sens, et qui provoquait manifestement chez ta rubiconde une irritation apitoyée. Asami désapprouvait cet étalage d’indécision et de faiblesse, une réaction raccord avec le caractère et les conviction que tu commençais à bien lui connaître, mais quand bien même tu partageais au fond cette opinion, tu ne pouvait pas dénigrer l’opportunité que ces défauts t’avaient offerte de découvrir la clef de voûte qui donnait son intégrité à la jeune Eri.

Par bribes indirectes captées dans le discours tenu par l’eisei aux cheveux écarlates, tu fus en mesure d’élucider une partie du propos servi par la manipulatrice d’esprit à son interlocutrice, lorsque fut faite mention de ce voyage. Eri souhaitait manifestement quitter le pays, soumise tu l’imaginais à des pressions et au poids de ses souvenirs au sein de la Brume qui la poussaient à s’en aller le plus loin possible. Une fuite en avant aussi futile que dangereuse, jugeas-tu, qu’il n’était quand bien même certainement pas judicieux de tenter d’entraver. Certaines proies parmi les plus élusives ne s’attrapaient pas par le geste le plus incisif et rapide possible, à l’image de certains spécimens que tu avais étudiés au cours de ta vie, mais plutôt par le truchement d’un collet lent et insidieux. D’un encerclement graduel, noyé dans les ombres. Oppresser Eri maintenant, c’était t’assurer d’une réaction contraire vive et irrémédiable, tout le contraire de ce que tu souhaitais provoquer. Son don, à plus d’un titre, représentait un danger important, qu’il convenait de ne pas provoquer inutilement sous peine de devoir le faire disparaître définitivement.

Par les interventions de ta rubiconde et parce que tu la connaissais désormais suffisamment bien, tu devinais que ses intentions étaient très loin des tiennes, portées vers des horizons qu’elle avait déjà évoqués en ta compagnie et dont elle réitérait à présent l’exposé en réponse à des propos dont tu ne pouvais connaître la teneur. Un imbroglio de quêtes mystiques qui semblait accaparer une grande part de l’attention de la médic. Eri s’était confiée à Asami, avait voulu voir en elle une figure capable de la guider, un phare apte à éclairer sa voie. En retour, elle écopait cependant selon toute vraisemblance d’une maîtresse intransigeante qui n’accordait pas aisément sa confiance et n’avait cure de l’utiliser comme tu l’ambitionnais toi-même. Il existait là, dans les interstices des rapports complexes qui s’établissaient entre les deux femmes, une opportunité pour toi de t’immiscer, en dépit de toute la haine et du ressentiment que la kunoichi aux cheveux d’or pouvait te vouer. Les schémas et les liens de causalité fourmillaient dans ton esprit, une trame d’anxiété en toile de fond quant aux risques que revêtait la proximité prolongée avec un tel pouvoir. Mais toute découverte digne de ce nom, songeas-tu avec un sourire intérieur, méritait qu’on lui offrit sa part de délicieuse douleur.

▶ Sujet: Re: Franchir le Rubicon [Ft. Uzumaki Asami]

Une confusion palpable s'instaura, tandis que les niveaux d'énergie de ta rubiconde allaient grandissant. Référant à haute voix à une insulte qu'aurait proférée Eri à son endroit, il te fut paradoxalement plus aisé, de ton œil extérieur aiguisé, de comprendre l'origine de cette asymétrie. L'eisei avait en effet continué à s'exprimer de vive voix, là où la jeune kunoichi pétrie de culpabilité avait vraisemblablement commencé à employer un autre canal de communication. En résultèrent sous tes yeux l'irruption des prémisses du chaos, éludés cependant par la réaction aussi vive qu'instructive de l'éclat de soleil brisé qu'était Eri. Cette dernière se projeta en effet en arrière, un signe incantatoire singulier formé entre ses doigts agiles, et tu pus fugacement apercevoir l'ersatz d'une énergie presque imperceptible voyager vers la doucereuse et impitoyable médic. Es yeux écarquillés, tu vis l'onde disparaître sans effet apparent, autre que l'arrêt pur et simple et manifestement involontaire de l'avancée d'Asami vers l'objet de son ire passagère. C'était donc ça, songeas-tu avec une part égale d'admiration et de méfiance. Les arcanes légendaires et inavouées des Yamanaka, dont tu n'avais eu que des échos mystifiés et distordus par le temps et l'espace prenaient corps sous ton regard inquisiteur, et leur incidence sur la force pourtant colossale dont était investie ta rubiconde ne pouvait que commander ton respect.

Suite à cette passe d'arme spectrale, la tension baissa d'un cran dans l'air. Car elle y voyait son intérêt, et certainement pas par contrainte, l'eisei se fendit alors de ses conditions habituelles avant toute coopération, laissant s'installer un nouveau silence, long et lourd de sens. Tu pouvais bien voir les traits et les mimiques d'Eri évoluer, au fil de cet entretien fantôme, mais aurais été bien peiné de déduire exactement quelles pensées elle formulait à celle qu'elle voulait édifier en guide et senpai. Tu acceptas toutefois ton impotence, patient, dans l' attente, toujours sous le coup de l'émerveillement devant les facultés des deux jeunes femmes et de leurs potentielles applications artistiques. Toi et Asami vouliez transcender et outrepasser les limites de votre art respectif. Eri, de sa nature. Un travail titanesque t'attendait pour parvenir à faire converger ces desseins, dont l'avènement promettait cependant de tutoyer le divin. Dans un élan oral inattendu, la kunoichi aux cheveux d'or promit d'obtenir l'aval de votre Mizukage, garantie sine qua nun de sa migration tant désirée. Tu ne pouvais que conjecturer quant à la décision que prendrait Oboroge, mais si elle était aussi affûtée que ne l'exigeait sa fonction et disposait des bonnes informations, nul doute qu'elle partagerait tes propres conclusions.

De plus belle, la contemplation s'imposa à toi, devant le mutisme de tes proies. La dompteuse d'esprit s'avança, contempla l'horizon de son sabre, puis afficha la mine résolue et dramatique de la princesse promise au dragon. Tu l'observas alors s'effeuiller, révéler peu à peu le vélin de sa peau sur lequel était couchée son histoire. Stries, sillons et marques brunies t'apparurent alors comme autant d'histoires. De preuves, de ce que leur porteuse pouvait endurer et de ce qu'elle fuyait. Scarifiée dans la chair comme dans l'esprit, Eri démontrait là à nouveau les raisons qui lui faisaient mériter ton intérêt plein et entier. Suivant des termes qui t'étaient pour certains abscons, Asami marqua alors la peau de porcelaine fendue de sa nouvelle apprentie à l'aide de ses runes, scellant le contrat, actant la coopération. Avec solennité, son ouaille se para à nouveau de son habit avant de s'en aller, avec un ultimatum de trois semaines à respecter. Selon toutes les apparences, la rencontre prenait fin, une conclusion qui ouvrait sur un nouvel horizon dans lequel il te faudrait manoeuvrer finement pour te créer une place. Celle tout autant du monstre craint, redouté et méprisé qui la pousserait à ses plus viles extrémités et du guide retord tirant profit de ses talents. Après le départ de la jeune mentaliste, tu attendis un moment, observas Asami, les environs, t'assuras de son éloignement suffisant. Tu manoeuvras dès lors en retrait, pour te fondre au loin dans le mur végétal, laissas enfin reparaître au jour ta silhouette osseuse et assassine, puis fis peser tout le poids de ton pas lesté par l'ivoire de ton égide sur les buissons et brindilles qui jonchaient ton chemin.

Sans te dissimuler le moins du monde, tu approchas donc à nouveau de ce chantier où les deux femmes s'étaient retrouvées, figure mortifère au milieu des être sylvestres, jusqu'à paraître ostensiblement aux prunelles de celle dont le goût restait encore vivace dans ta mémoire.

Asami. Te trouve enfin. Me demandais ce que tu faisais, si loin.

Tu te rapprochas davantage en jetant un œil neuf sur l'endroit, depuis cette perspective plus terre à terre, allant derechef tutoyer la sphère intime de la rubiconde.

...Es seule, ici ? Me suis souvenu, de tes conditions. Avant les fouilles. « Ne pas tuer. » N'avais rien dit, alors, sur la souffrance. Peux la provoquer, oui ? Pourrais peut-être m'aider, avec des fresques, que je voudrais composer.

▶ Sujet: Re: Franchir le Rubicon [Ft. Uzumaki Asami]

Comme de coutume, ta rubiconde accueillit ta venue avec un stoïcisme qui lui était propre, unique et singulier. Comme au premier jour de votre rencontre, et par après lorsque tu l’avais goûté dans un  élan d’extase inimitable, Asami te témoignait une forme d’indifférence à nul autre pareil qui avait le don, adjoint par sa beauté sauvage, de gorger tes sens de délicieuses promesses. Exercer ta patience émérite de chasseur s’avérait dès lors chaque fois indispensable pour ne pas donner cours à tes plus basiques et instinctives pulsions, un exercice rendu en cette occasion plus facile par l’angle par lequel tu abordais cette discussion, en tout point auréolé de duplicité. Tu savais en effet pertinemment à quel échange venait de s’adonner la jeune femme mais feignait d’en avoir connaissance. De même, tu avais parfaitement conscience de l’origine de cette marque d’attaque au sabre sur la planche de bois qu’Asami tenta vainement de masquer par son geste emprunt d’une magnifique brutalité, mais pouvait malgré tout t’amuser à jouer l’ignorant pour sonder la franchise de ton fruit Uzumaki à ton égard.

Étrange, cette marque. Ne te connais pas de talent pour le sabre.

Comme tu en avais l’habitude, tu rongeas davantage la distance qui te séparait encore de la kunoichi afin d’entrer dans sa sphère personnelle, laissant traîner ton regard sur les débris sylvestres avant de le porter au devant des courbes de la fille des tourbillons.

Parle d’une idée…ai également la mienne. Izanagi… se délecte de nos rites. Se nourrit de la souffrance de cette vie. Ai appris à en infliger beaucoup, longtemps, mais le sang… Le sang toujours trouve sa limite.

Tu fermas le poing en le portant au devant de ton regard, entre toi et Asami, et l’ouvris en tendant les doigts comme autant de pétales d’une fleur soudainement épanouie. Une fleur d’ivoire, aussi radieuse qu’impitoyable.

Pourrais m’aider, oui ? Ninjutsu de soin, peut guérir les blessures. Empêcher hémorragies. Garder le sujet conscient. Peut-être plus, que tu n’aurais pas dit. Voudrais t’inviter. Partager la prochaine cérémonie.

Tu reportas ta main sur ton flanc et entrepris de dépasser lentement ta rubiconde par la gauche, la contournant tel le squale ruminant la perspective de croquer sa proie blessée et épandant ses fluides vitaux dans les courants immuables de l’océan.

...Échec, ici ? Idée à changer ? Trouveras de quoi faire, dans creuset de mon art.

▶ Sujet: Re: Franchir le Rubicon [Ft. Uzumaki Asami]

Du haut de l'ascendant que tu possédais sur la jeune flamme Uzumaki qui avait capté l'intérêt de tes sens dès votre première entrevue, tu toisas l'ensemble de sa silhouette et de ses contours tandis qu'elle s'apprêtait à réagir à l'appât que tu lui avais tendu sans l'ombre d'un remord. A l'aune de sa verve emportée et de la fine couche de chakra tranchante qu'elle forma alors dans sa main pour te démontrer une nouvelle facette encore de ses facultés, tu souris intérieurement en songeant qu'elle allait peut-être bien glisser sur la pente que tu avais installé pour elle. Se perdre, possiblement, dans une justification portant sur cette marque de coup au sabre qui aurait eu vocation à placer sous silence la présence d'Eri un peu plus tôt en ces lieux. Tu anticipas l'instant, la prémisse d'un sourire au coin de tes lèvres cerclées de plaques d'armure, observas l'effet incontestablement net et presque intimidant de cette couche de chakra aux semblances anodines sur l'épaisse planche de bois ouvragée. Mais alors que tout semblait indiquer une futile tentative de duplicité chez ta rubiconde, celle-ci finit dans les faits par te soumettre la vérité en réponse. Une vérité incomplète, mais que tu n'avais pas directement questionnée, formant dès lors une posture acceptable de sa part que tu n'eus pas à mettre au pilori.

Genin qui te pose des problèmes. Peut m'en occuper pour toi.

Un nouvel appât, plus ostentatoire encore, pour lequel tu n'attendais toutefois pas de réel gain dans le contexte de cette conversation que tu avais initiée, et qui conservait malgré son contexte particulier une utilité précise et singulière. Tu notas malgré tout pour toi-même la remarque d'Asami concernant ses sceaux, qui au-delà de tout le pouvoir qu'ils pouvaient porter et véhiculer n'en restaient pas moins tributaires du matériau sur lequel ils étaient apposés. Une faiblesse structurelle difficile à palier, et que tu ne te priverais pas d'exploiter si d'aventure tu venais à faire face à une proie douée en la matière. Presque lassé de ce jeu que tu avais toi-même initié à l’insu de ton interlocutrice, tu la contournas encore davantage, te fiant cette fois à ton odorat pour conserver ce contact sensoriel continu avec elle en étudiant sommairement les ersatz de construction que l’eisei s’évertuait à démolir avec assiduité.

Hmmm.

Tu réfléchis quelques instants à la réponse de ton Uzumaki, dont tu gardais le goût exquis toujours ardemment en mémoire encore aujourd’hui. A l’aune de ce dont tu avais témoin un peu plus tôt, elle ne pouvait en effet être qu’une simple apprentie en matière de manipulation de l’esprit, en comparaison du talent due à l’ascendance de la jeune Eri. Tu avais toutefois une autre forme de ressource à glaner auprès de la médic aux cheveux flamboyants, une aide que seule une personne de sa vertu pourrait te prodiguer. Tu te retournas pleinement vers elle, le regard empli d’une intensité renouvelée.

...Alors, dois m’apprendre. Ai eu trop peu de sujets humains. Pas assez de pratique. Sera un avantage, d’avoir tes talents. Empêcheras le sujet de mourir, pendant que j’apprends.

Tu osas sans même vraiment y réfléchir allonger ta dextre en direction de l’épaule de la jeune femme, la pression de tes phalanges véhiculant tout à la fois ton attraction charnelle, spirituelle et ton désir profond de dévoration.

Destruction et renouveau. De quoi ravir Izanagi… Te contacterai, quand aurai récupéré mon prochain sujet. Contre ton aide, te donnerai une information importante. Comme ça que tu procèdes, oui… ?

▶ Sujet: Re: Franchir le Rubicon [Ft. Uzumaki Asami]

Ta rubiconde n’avait pas réagi, d’une quelque façon que ce soit, au contact ferme et rugueux de ta main sur son épaule dont tu gardais le goût en mémoire. Cette proximité naturelle entre elle et toi ne cessait de te ravir tant elle coulait avec la même vigueur et le même caractère inexorable qu’un torrent au creux d’une vallée, et si l’eisei ne cacha pas sa perplexité et son incompréhension face aux tenants de ta requête, tu ne lui en tins pas rigueur. Tu préférais en effet cette absence de filtre, cette franchise sans borne qui ne souffrait d’aucun carcan, à ces regards chargés de non-dits auxquels tu avais droit depuis ton retour à la civilisation. Intimider ton entourage et charrier avec toi cette aura horrifiante s’était certes avéré avantageux dans certains contextes, mais ce n’était pas ces rapports là que tu recherchais le plus activement. Asami de son côté t’offrait cela, et t’offrirait certainement bien plus encore lorsque tu aurais pu lui faire comprendre toute la magnificence et la divinité de ton art sacré. Ta main lentement quitta la compagnie de son épaule, ta silhouette s’épanchant sur le côté pour contourner celle de de la médic.

Non, pas Iroujutsu. Comprendras, quand y seras. Retrouve-moi, ce soir. Ouest de l’étang Nakao. Et souviens toi : information pour toi, à la clef.

Tu tournas alors les talons pour laisser là l’Uzumaki s’occuper de trancher, briser et saccager les prémisses de son œuvre tuée dans l’oeuf, déjà quant à toi projeté dans les préparatifs qu’il allait te falloir mettre sur pieds afin que cette nouvelle entrevue planifiée puisse porter les fruits que tu désirais. De retour dans les épaisses forêts de pins, la tête peuplée de pensées qui allaient tous azimut concernant ce que tu venais d’apprendre sur la véritable nature d’Eri, tu ne t’en focalisas pas moins efficacement sur la tâche qui t’incombait. Pour donner à ta rubiconde le rôle qu’elle méritait dans le grand schéma de ton ascension artistique, tu allais en effet avoir besoin d’un premier sujet, d’un canevas sur lequel composer un brouillon aussi imparfait que nécessaire, pour apprendre et faire apprendre dans une synchronicité aussi calculée que naturelle. Tu t’en remis au hasard afin de trouver la toile sur laquelle composer, te glissant incognito sous le couvert d’un Henge particulièrement étudié pour t’inviter dans la masse d’un petit village situé à un petit kilomètre de l’étang que tu avais indiqué à Asami. Avec la froideur et le pragmatisme du prédateur, tu investis une poignée d’heures dans la construction de ta personnalité d'emprunt, te fondis dans le décor pittoresque de cette bourgade relativement prospère où tu pus trouver des représentations de bien des strates de la société. Alors que la soirée commençait à faire peser les prémisses de sa pénombre sur le village, tu choisis alors méticuleusement ta proie parmi les plus méprisables et conspuables personnes que tu avais pris sur toi de côtoyer durant cet intervalle, la soustrayant à ses paires dans les ombres troubles au cœur d'un silence mortifère.

Fort de ton physique forgé et affûté par l'adversité, tu portas sans mal ton tribut à la faveur de la nuit naissante jusqu'aux abords de l'étang Nakao, où tu le ligotas soigneusement tout en condamnant sa bouche d'une protubérance osseuse issue de ta rotule. Patiemment alors, tu attendis la venue de celle  qui t'aiderait à parfaire la technique de ta méthode autant que son intensité, vibrant intérieurement à la seule pensée des nouveaux sommets que ses talents pourraient te faire atteindre. Dans le profond sous-bois qui bordait l'étang, l'on pouvait entendre la vie s’époumoner à tout va, faite de fourmillements d'insectes, de bruissements de mâles en rûte et d'élans de prédation étouffés. Une symphonie à laquelle tu escomptais bien, à présent, apporter la mélodie de ton propre instrument.