Embarquées dans la cale du navire de Toguro le marin, les deux Uzujins patientaient. Au balancement du bateau, elles avaient pu deviner que l’émissaire de Kaminari avait été déposé à bon port et elles devaient certainement prendre le chemin des tourbillons gardants l’île des Uzumaki, après plusieurs jours de voyage dans des conditions sommaires.

Pour passer le temps, Hanabi posa quelques questions à Asami, les deux kunoichis s’étant murées dans le silence durant le début de traversée alors que le marin l’avait mise en garde de ne surtout pas se faire repérer des voyageurs "officiels". Plusieurs jours étaient passés ainsi, rythmés par quelques échanges de rations de nourriture entre elles. Le reste du temps c’était partagé entre la réalisation de quelques peintures et une méditation forcée. Elle avait besoin de se dégourdir la langue.

« Alors, Asami-dono, racontez moi ce qui vous est arrivée durant ces dernières années ? Le fait que vous œuvrez à vous rendre à Uzu m’indique que vous avez quitté la Tour Uzumaki, où vous êtes vous rendus ? » Questionna la jeune femme, véritablement curieuse de ce que l’Irounin avait pu voir dans d’autres pays. Peut être saurait elle susciter l’inspiration de la peintre.

En attendant la réponse de sa coéquipière, elle songea qu’elle c’était engagée sur une drôle d’aventure pour aider une femme qu’elle n’avait guère appréciée lors de leur brève échanges il y a quelques années. Au fond d’elle le débat sur l’appartenance de sa loyauté n’avait jamais été aussi violent que maintenant. Alors qu’elle pensait avoir fait le tri dans ses convictions à la suite de son voyage précédent à Uzu lors duquel elle avait été mise face à face au méthode brutale et peut être douteuse du Trio de la Balance, la voila répondant au premier appel à l’aide d’une compatriote du clan des tourbillons.

Spoiler:

Eté 83, Uzu, pays des Tourbillons - au cœur d’un tourbillon.

Un voyage au milieu des tourbillons ? En voilà une drôle d’idée ! Certains êtres humains étaient pourtant prêts à tenter l’aventure. Et plutôt deux fois qu’une. La mer ne pouvait nier que cette embarcation, à défaut de ne pas savoir ce qu’elle faisait, connaissait sa destination. Voguant vers son objectif, elle ne dévia pas une seule fois de sa trajectoire.

Si seulement…

Si seulement elles avaient su avant, auraient-elles tout de même entrepris le voyage ? La nature anthropique de ces deux êtres vivants avait pour compagne la curiosité. Une curiosité qui, ma foi, pourrait leur coûter bien des choses. Quant à leur vie, bien que trop précieuse aujourd’hui pour se confronter à la mort, n’était pas à l’abri d’une fatalité bien plus sombre, bien plus… radicale.

Alors que leur barque était bien engagée dans les remous qu’offrait le cyclone marin, leur chaloupe entra en collision avec une entité qu’elles ne purent identifier sur le moment. Un hurlement se fit alors entendre. Long et pénétrant. Il laissa ensuite place à un silence sinistre et terrifiant.

Des tentacules vinrent alors s’agripper à la coque. D’abord quelques-unes. Puis des centaines. Elles attiraient inexorablement la pirogue dans les profondeurs de la mer. Elles étaient en colère. Prêtes à en découdre. Pourtant, ce n’était pas après les jeunes femmes qu’elles en avaient. Oui. C’était contre votre bateau qu’elles se battaient. Pour lui faire payer. Lui faire payer quoi ? En voilà une bonne question.

L’embarcation finit par céder.

Et vous vous retrouvâtes à l’eau. Vous aurez beau lutter de toutes vos forces, il était impossible d’échapper à cette tornade aqueuse. Elle vous entrainait, vous bousculait et se permettait même de rire de vos faiblesses.

Les tentacules revinrent à la charge et s’agrippèrent à vous, tentant de vous emmener, à votre tour, dans les profondeurs silencieuses des eaux. Pourtant, face à vos corps, elles étaient douces, tendres, presque maternelles. Elles ne vous voulaient aucun mal. Seulement guider vos cadavres vers de meilleurs horizons… au centre du tourbillon.

Bientôt, vous vous retrouvez sous l’eau, incapables de remonter à la surface tant elles étaient nombreuses à vous tirer vers le bas. Leur route était inflexible. Tout comme vous, elles savaient où elles voulaient aller : au centre. Toujours au centre. Une voix résonna alors…

« Ne craignez rien… Vous êtes sous la protection des Moires… Du moins, pour le moment. Inspirez longuement… Expirer doucement… Car ici il n’y a ni bronches ni poumons, seulement de quoi respirer pour tous les êtres qui se présentent à nous… »

Vous vous rendez compte que la voix ne vous avait pas menti. Vous pouviez, par vous ne saviez quel miracle, respirer comme si vous n’aviez jamais quitté la surface. Tout autour de vous, vous pouviez voir des êtres marins vaquer à leurs occupations, certains vous regardant avec grand appétit. Etrangement, alors que vous vous approchiez du centre du tourbillon, vous ne sentiez aucun remous. Rien ne venait troubler le calme sous la surface.

Comment était-ce possible ? Nul ne répondra à votre question. Ce secret était trop bien gardé. Et cela, depuis des générations.

Vous finissez par être expulsées des eaux. Vous vous retrouvez de nouveau à l’air libre. Il ne vous fallut pas bien longtemps pour comprendre que vous étiez au cœur même du typhon. Lorsque vous levez la tête, vous voyez le ciel… et les impressionnants bords du tourbillon en mouvement.

Vous vous trouvez sur une corniche d’environ cinq mètres de large. Celle-ci longe le mur d’eau. Ce dernier, vu de l’extérieur, suit bien les mouvements rotatifs d’un cyclone. Pourtant, vous savez que c’est bien de derrière ces parois que vous venez. Et qu’il y règnait un calme olympien. Pourtant, il vous est impossible de rebrousser chemin par les eaux. C’était comme si ces cloisons étaient devenues d’impénétrables murailles.

Sur votre droite, la corniche remonte sur quelques mètres et, au bout de celle-ci, se trouve une échelle faite de planches de bois et de cordes. Vos petites cellules grises comprennent que c’est un échappatoire vers l’extérieur du typhon. Mais, à ce stade, rien ne vous garantit qu’un quelconque bâteau vous attend à la surface pour vous ramener chez vous.

Sur votre gauche, la corniche continue de descendre, en spirale, suivant invariablement la colonne créée par l'œil du cyclone. Vous remarquez bien vite que, quelques mètres plus bas, la route est occupée sur toute sa largeur par une maison faite de briques et de brocs. Par vous ne savez quel prodige, celle-ci s’enfonce aisément et sans aucun scrupule dans la muraille aqueuse.

Si vous voulez continuer votre chemin, il vous faudra forcément la traverser.

« Si j’étais vous, je ne remonterais pas à la surface. »

C’était une petite voix fluette, sûr de ces propos. Lorsque vous baissez les yeux, vous vous retrouvez nez à nez avec une curieuse forme sur une tortue. Ce cavalier, tout de bleu vêtu, transportait un ensemble à thé vers les profondeurs de la mer.

« Je suis Picot ! Les maîtres m’envoient vous guider vers les gardiens du premier niveau. »


Et c’est au rythme des pas de Tortue Géniale que vous vous dirigez vers la maison que vous aviez aperçue tantôt. Si vous tentiez de les dépasser, Picot s’égosillait avec des sons stridents et désagréables à l’oreille. Pour soutenir son ami, Tortue Géniale s’arrêtait dans sa course. Lorsque vous repreniez votre place derrière eux, ils se calmaient et reprenaient leur  route.

Peut-être pourriez-vous mettre ce temps à profit pour questionner votre guide ?

Résumé:

« Ah… Tu as des origines Otojins… » Ne put s’empêcher de relever la peintre. Il faut dire que, comme la majorité des habitants de la capitale du Feu, l’attaque il y a quelques mois de cela de l’armée Otojin avait laissé des traces. Mais comme venez de le lui révéler sa compatriote Uzujin, elle n’avait faire guère plus qu’une escale en terre du Son et avait voyagé jusqu’à l’Archipel de Mizu.

« Wooow! Tu as plutôt bien rouler ta bosse ! A quoi ressemble Mizu ? J’espère que je pourrais découvrir l’Archipel un jour… Il paraît que les Shinobis de Kiri sont… effrayant. » Finit-elle par demander, ignorant le passage sur Oto. Sa camarade n’était probablement pas au courant de la situation plus que tendu entre le pays de son géniteur et le shogunat.

 « Pourquoi Hi ? » Répéta-t-elle, réfléchissant de quelle manière répondre à cette question qu’elle c’était tant posé.

« Je devais quitter Uzu… il en allait de ma santé mentale ahah » Dit-elle d’un sourire. « Ma famille possédait quelques liens privilégiés avec un Uzumaki qui a insisté pour que je sois accueillie par la shogunat. Je dois dire que ce fut la meilleure décision que j’ai prise jusqu’à maintenant. Les gens, les paysages, les produits… On peut tout trouver au Pays du Feu ou presque. »



Alors que leur périple avançait bon train, voilà les deux comparses embarquée sur une bien humble barque, se dirigeant droit sur un tourbillon au nord de l’île. Asami disait avoir aperçue quelque chose qui attisait sa curiosité.

La barque commençait à tanguer dangereusement alors que les remous du tourbillon semblait décidé à les faire chavirer.

Puis, soudain, un choc entre la barque et un élément inconnu suivit d’un cri déchirant et voilà que de nombreuses tentacules sortirent de l’eau et se mirent à attirer leur embarcation vers les tréfonds marins avec assez de vigueur pour que le modeste rafiot ne lâche son dernier soupir dans un triste craquement de bois.

« ASAMI ! ON EST DANS LA MERDE ! » Cria la Peinturlurée à la jeune femme à la chevelure incandescente, utilisant ses ultimes secondes émergée pour déclamer cette évidence.

Rien de plus sortit de la bouche de la jeune artiste alors que les tentacules l’attrapaient et la tirait vers le fond. Le reste de la descente dans l’enfer marin resta un vague souvenir brumeux pour la jeune femme qui se vit mourir sans réellement comprendre ce qui se passait autour d’elle.

Soudain, une voix étrangement rassurante et dont la source était indiscernable lui annonça qu’elle ne craignait rien, qu’elle pouvait même respirer !? Elle devait certainement être dans un état de délire profond, autrement rien ne pourrait expliquer ce qui venait de se produire et sa capacité actuelle à respirer sous l’eau sans aucune gêne. Elle ne se souvenait pourtant pas avoir pris de drogue…

Un puissant courant marin l’expulsa rapidement de l’eau et la peintre atterrit avec fracas sur de la terre ferme. Se relevant elle pouvait d’ores et déjà faire trois constatations:
1. Asami venait de vivre la même étrange expérience qu’elle et était à ses côtés.
2. La terre ferme sur laquelle elle se trouvait était au milieu du tourbillon.
3. Quelqu’un habitait -ou avait habité- en ces lieux, preuve en était l’étrange maison en contrebas sur la gauche.

« Ça va Asami ? Rien de casser ? As-tu une idée d’où nous sommes ? » Demanda bêtement la jeune femme.

Elle n’eut guère le loisir d’entendre la réponse de sa camarade qu’une étrange créature chevauchant une paisible tortue dont le reste de la carapace était remplie de matériel à thé se mit à les alpaguer d’une petite voix fluette, leur révélant se nommer Picot et les informant que ses "maîtres" l’envoyaient guider les deux jeune femme vers un mystérieux gardien.

« Heu… Enchantée Picot. Je m’appelle Hanabi et voici mon amie Asami » Dit elle a la petite créature en s’abaissant à sa taille.

« Dit moi, Picot, plusieurs questions me taraude. Où sommes-nous ? Qu’est-ce que tu es ? Et qui sont les maîtres et les gardiens ? Explique moi s’il te plaît. » Dit elle gentiment avant d’ajouter après une seconde de réflexion: « Et ne me répond pas que nous sommes au milieu du tourbillon, que tu t’appelles Picot et que les maîtres et les gardiens sont les maîtres et les gardiens des lieux. » Il faut dire que leur interlocuteur n’inspirer pas vraiment confiance dans sa capacité à offrir des réponses complètes.

Écoutant leur petit guide durant leur -trop- longue marche, elle en profita pour peindre un paysage du lieu, s’essayant à y incruster l’atmosphère surnaturelle du lieu. Elle en était sûre, peu était les personnes qui avaient pu avoir une telle vision sur un lieu oublié du monde. En quelques mouvements elle avait libérée d’un sceau l’essentiel à exercer son art et se mit à réaliser son chef d’œuvre tout en restant en mouvement grâce au rythme très lent de leur compagnon impromptu.

Spoiler:

Eté 83, Uzu, pays des Tourbillons - au cœur d’un tourbillon.

A chaque question ou intervention des jeunes femmes, Picot poussait de longs soupirs ennuyés. Pire encore ! Ces plaintes silencieuses pouvaient être apparentées à des gémissements, presqu’à des regrets de voir débarquer ici des humaines dont les petites cellules grises avaient eu quelques ratés lors de leur conception. De sa petite voix fluette, il se mit à bougonner.

« Tssss… Tous les mêmes ! Vous n’êtes déjà pas nombreux à débarquer ici… Pourquoi faut-il que vos questions soient aussi… stupides ? »

La petite créature renifla bruyamment.

« Après tout, c’est la petite dame qui voulait venir ici, n’est-ce pas ? »

Tout en posant sa question, le regard de Picot se posa sur Asami.

« Vouloir venir ici est une chose. Se préparer à ce qu’il y a au fond des abysses en est une autre. A chaque fois, vous donnez cette désagréable impression de débarquer ici en vulgaires touristes. Ce n’est pas comme ça que les maîtres des lieux vous autoriseront l’accès à ce qui se trouve… »

Le crokeaps frissonna de peur.

« … au fond. »

Picot reprit rapidement ses esprits.

« D’habitude, Chorok n’est pas aussi… brut avec nos invités. Toutefois… »

Chorok était le nom donné aux tentacules qui protégeaient les eaux autour du tourbillon.

« … votre chaloupe a malencontreusement assommé l’un de ses plus chers amis : Boshee. Il fait partie  de ces otaphins qui apprécient les courses dans les courants provoqués par le tourbillon à la surface. Ce n’est pas faute de lui avoir dit de faire attention… Mais, que voulez-vous ? Du haut de ses 77 ans, ce n’est qu’un jeune blanc-bec qui pense mieux connaître la vie que ses aînés ! »

Nouveau soupir de la part de Picot.

« Chorok s’est mis en colère contre votre bateau. Ce n’est pas la première fois que l’un de vos navires percute un otaphin. Cela a le don d’agacer profondément Chorok. Je ne peux néanmoins pas me résigner à lui en vouloir. Après tout, votre race est connue pour ses incompétences en navigation ! »

Picot ne mâchait pas ses mots. Les crokeaps étaient connus pour leur franc-parler et leur caractère de cochon. Il reporta son attention sur Hanabi.

« Ne pas savoir ce que je suis me fait douter de vos capacités. Si vous tenez toutes les deux à atteindre le fond des Abysses, j’espère que vous êtes prêtes à apprendre et à vous adapter… très rapidement. Sinon, Heremar ne fera qu’une bouchée de vous. »

Il savait pourtant qu’il ne pouvait pas se permettre d’éluder la question.

« Je suis un crokeaps. Je fais partie de l’une de ces nombreuses races qui s’est développée au sein de ce tourbillon. Croberus, mon compagnon, est un keeraffe. Je vous fais grâce des détails. N’étant pas des êtres vivants agressifs, vous apprendrez bien vite à connaître nos peuples durant votre descente… vers le fond. Quant à savoir où vous êtes… »

Picot poussa un soupir plus bruyant et appuyé que les autres.

« … Non, vraiment, je ne comprends vraiment pas que des êtres humains puissent débarquer ici sans savoir où ils mettent les pieds. »

Il se résigna néanmoins à vous donner le nom de l’endroit où vous vous trouviez.

« Vous êtes dans les Abysses d’Heremar. »

Les Abysses d’Heremar. C’est ainsi que ces lieux avaient été nommés. Du moins, les premiers habitants du tourbillon leur avaient donné ce nom et ils se l’étaient transmis de génération en génération.

« L’origine des tourbillons… Hum… Aucune idée. Je ne suis qu’un simple postier apothicaire… Il faudra vous renseigner ailleurs. En revanche, pour ce qui est de l’histoire des Abysses d’Heremar… »

Picot répondait aux questions en suivant une logique qui lui était propre.

« Je ne suis pas le mieux placé pour vous conter tout cela. Je vous suggère de poser la question aux gardiens du premier niveau : Bagtti, Ooboros et Seylketh. Ils seront plus à même de répondre à vos interrogations sur les Abysses, bien qu’ils ne soient pas habilités à vous parler de ce qui se trouve… en bas. »

Bien que la descente vers la demeure des moires fut longue, le temps octroyé fut nécessaire pour permettre à Picot de vous donner les premiers éléments nécessaires à la compréhension des lieux.

« Ce que vous veulent les maîtres ? »

Picot et Croberus éclatèrent de rire.

« Absolument rien. Il faut redescendre sur terre, mesdemoiselles. Vous n’êtes rien. Rien du tout. Un simple grain de sable sur la plage… ou une goutte d’eau dans l’océan. Comme vous préférez. Ils règnent… en bas. Et ne remontent jamais à la surface. Sauf en cas d'extrême urgence. Et ce n’est arrivé que trois fois dans toute l’histoire des Abysses. Leur dernière remontée fut… Je n’étais même pas né. Je crois que c’était du temps où mon grand-père était chef de famille… Il y a deux cent vingt-sept ans. »

Le regard flamboyant de Picot se perdit un instant dans les profondeurs des Abysses.

« Chorok vous a permis de pénétrer en ces lieux. Vos intentions ne devaient donc pas être si mauvaises. Toutefois, s’ils s’avèrent que ces dernières deviennent malveillantes au cours de votre descente, les défenses des Abysses vous anéantiront sans que nous ayons à lever le petit doigt. Et vu votre niveau, si vous vous dressez contre les Abysses, vous deviendrez des petits tas de cendres avant même d’avoir pu dire « ouf ». »

Picot et Croberus s’arrêtèrent à une vingtaine de mètres de la maison. Alors que le crokeaps se mit à prier dans une langue qui vous était inconnue, vous pûtes observer un peu plus l’extérieur de la demeure. Celle-ci était de forme circulaire, et faite de bois et de pierre. Un bon tiers de la maison était enfoncé dans la paroi aqueuse. L’érosion provoquée par l’eau était visible. De ce fait, il était difficile pour un esprit humain de concevoir qu’une telle bâtisse puisse encore tenir debout.

A deux des poutres en bois qui soutenaient le toit, un panneau en pierre maintenu par deux lourdes chaînes en fer était accroché. Si vous vous concentriez un peu sur ce dernier, vous pouviez constater que les lettres se mélangeaient et se transformaient pour écrire dans une langue qui vous était connue : Maison de Veeldwu. Accrochés à toutes les poutres extérieures, des grigris et des attrapes-rêves de toutes tailles, couleurs et matériaux s’entrechoquaient au moindre coup de vent, laissant alors une étrange mélodie se répandre dans l’air.

« C’est prêt ! »

Picot avait fini sa prière et là où se trouvait avant un mur aqueux, une porte s’était ouverte sur un couloir chaleureux fait de bois et de pierre. Il ne fallait pas être devin pour comprendre que c’était l’entrée de la maison de Veeldwu. Car, à bien y regarder, la structure ronde ne possédait aucune porte et fenêtre.

« Bonne chance… ou pas ! Bagtti, Ooboros et Seylketh vous attendent… »

Picot pointa du doigt le bâtiment circulaire.

« … là-bas. Et cette entrée est la seule par laquelle vous puissiez passer pour les rejoindre. Si vous survivez à cette entrevue… »

Une petite flamme s’alluma dans le regard du crokeaps.

« … les cinq autres niveaux, ça sera du gâteau… ou presque ! »

Vous pénétrâtes alors dans la demeure des Moires et l’ouverture se referma derrière vous.

Résumé:

Maison de Veeldwu, plan:

Encyclopédie des Abysses d'Heremar:

L’oreille d’Hanabi ce fut de plus en plus curieuse à mesure que leur guide progressait et daignait leur délivrer quelques informations au milieu de ses soupirs ennuyé. Ses mains s’agitaient pour dessiner les étrangetés dont elle était témoin. Un nouveau monde. Un territoire coupé des autres civilisations et où d’étranges races semblaient s’être développées, il s’agissait ni plus ni moins que d’une découverte grandiose.

Cependant, un détail fit tiquer la peintre. Le dénommé Picot leur révéla qu’elles n’étaient pas les premières à pénétrer le tourbillon nommé Les Abysses d’Heremar. Pourtant, face aux étonnantes formes de vies présentes et à la conception même du lieu qui semblait défier les lois les plus élémentaires de la nature, n’importe qu’elle personne aurait aussitôt révélé l’existence d’un tel lieu ou du moins souhaité multiplier les échanges entre cette civilisation et la surface. Le fait que ni Asami -a la vue de son expression tout aussi décontenancée que celle de l’artiste face aux noms et espèces que le petit être nommé-, ni elle n’avait jamais eu vent de l’existence de vie dans les tourbillons signifiait bien que soit les précédents explorateurs n’ont jamais eu l’occasion de retourner a la surface pour livrer leur découverte soit ils n’ont pas souhaité le faire pour une quelconque raison.

Après être arrivé face au bâtiment de bois et de pierre dont le panneau indiquait « Maison de Veeldwu », le Crokeaps exécuta une étrange prière qui eut pour effet d’ouvrir un passage aux deux kunoichis. Il leur souhaita bonne chance avant de se reprendre, taquin, et les invita à rentrer.

Hanabi rangea son nécessaire à dessin dans un sceau et inspira profondément avant de pénétrer d’un pas assuré dans la mystérieuse demeure où devait attendre trois gardiens au rôle et la fonction bien floue.

Une fois à l’intérieur, visiblement seules, Hanabi exécuta une série de Mudras et libéra une vague de chakra qui s’engouffrât dans le couloir leur faisant face. Tout lui semblait bien trop étrange, comment un tel monde et des êtres possédant des capacités tout à fait incroyables avaient pu demeurer si longtemps cachés ? Pouvaient-elles être victime d’une illusion ? tandis que la vague de chakra de répandait, elle approfondissait sa compréhension de son environnement et éventuellement mettre à jour des pièges ou illusions dont elles pourraient êtres victimes.

  « Hmm… Nop. On ne dirait qu’il n’y a rien… Je te propose de toute de même avancer avec méfiance… » Dit elle a Asami, enfonçant une porte ouverte.

Les deux jeunes femmes avancèrent dans les couloirs, longeant des murs fais d’eau assez solide pour les empêcher de passer à travers, passèrent devant d’étranges masques et objets d’arts totalement inconnus.

  « C’est fascinant ! » s’exclama la Peinturlurée en passant devant un large tableau dont les couleurs, s’éparpillant du vert au bleu et présentant d’étranges formes abstraites, semblait luire. « Ces couleurs, ces teintes… ce n’est pas quelque chose que l’on peut trouver à la surface… hmm… peut etre des pigments à base de mousse phosphorescente ? Raaah si j’avais ça à la surface, mon art pourrait encore franchir un niveau ! »

A partir de ce moment, le rythme de la progression des deux jeunes femmes dans les couloirs se mit à ralentir tant Hanabi sautait, telle une puce, d’un tableau à un autre, d’une sculpture à un masque.

  « Mais c’est génial ! » S’écria-t-elle avec enthousiasme. « On a découvert un trésor Asami ! Un véritable trésor d’art !! »

Pauvre Asami…

C’est en compagnie de l’enthousiasme peu contenu de la peintre que les deux jeunes femmes durent faire demi tour après avoir suivi un couloir finissant en cul de sac. Elle prirent le un couloir perpendiculaire qui, après avoir fait un angle droit, leur livrait une étonnante longueur où de nombreuses étagères remplies de livres s’amoncelaient tout du long.

  « Des… des livres ? Ils écrivent des livres ? Mais… mais c’est génial ++ !! » Se réjouit-elle donnant encore une fois de la voix.

Si les différentes tranches des livres contenaient des caractères tout à fait inconnus à l’artiste, en se concentrant dessus elle pouvait étrangement les voir se modifier et adopter des formes qui lui était plus familière. Ainsi elle pouvait apercevoir de nombreux ouvrage sur des espèces certainement propre à l’Abysse, des histoires et des contes aussi, très nombreux.

Et puis, là, il semblait l’attendre avec sa belle couverture semblant être constituée d’un étrange minéral écaillé. Une forme de corail peut être ? Si son aspect pouvait attirer son attention, c’est surtout son titre qui attira irrésistiblement la jeune femme:  « L’Art d’Heremar. Recettes, Techniques et Symbolisme illustrés par les Grands Maîtres Abyssales »

Plus que prometteur… La Peinturlurée ne put s’empêcher de se saisir de l’ouvrage afin d’en étudier le contenu. Sûrement au plus grand désarroi de sa partenaire, à moins que celle-ci ait également trouvé quelque chose qui accaparait son attention.

Spoiler:

Eté 83, Uzu, pays des Tourbillons - Au cœur du tourbillon, maison de Veeldwu.

Picot ne prit même pas la peine de répondre à Asami lorsque cette dernière lui parla de Boshee. Les jeunes femmes n’étaient déjà plus son problème. Il avait beaucoup mieux à faire que de s’occuper de deux grains de sable… À moins qu’elles ne soient que des gouttes d’eau dans l’océan ? Personne ne saurait mieux répondre à cette question que les kunoichis elles-mêmes. Car, après tout, si elles-mêmes ne savaient pas qui elles étaient, qui d’autre pourrait juger de la qualité des informations données ?

Et les voilà qui avancent dans le dédale des couloirs. Personne ne prend la peine de les accueillir. Pourquoi faire ? Elles connaissaient leur destination. Les Moires ne se déplaçaient jamais jusqu’à leurs visiteurs. Ce sont eux qui venaient aux Moires. Les Moires ne se soumettaient à personne. Même pas aux Maîtres des Abysses. Les Moires savaient ce qu’ils devaient faire. Et comment ils devaient le faire. Ils n’avaient jamais cessé d’apprendre avec assiduité pour remplir au mieux leurs devoirs.

Leurs responsabilités étaient leur fierté.

Lorsqu’Hanabi lança sa technique de détection, elle ne trouva… rien. Ni illusions. Ni pièges. Pourquoi faire, vous diraient-ils ? Il n’y avait pas rien à cacher derrière des illusions. Il n’y avait rien à protéger derrière des pièges. Leur seule présence suffisait pour que la réalité soit une vérité. Parmi tant d’autres. Et que la vérité soit une réalité. Parmi tant d’autres. Le monde du dessus ne les intéressait guère. Les étages en-dessous encore moins, bien que leurs occupants soient ce qui pouvaient se rapprocher le plus de voisins.

Lors de votre périple jusqu’à la salle circulaire, vous vous rendîmes bien compte de la richesse des lieux. S’il n’y avait pas d’or ou d’argent, le moindre recoin était une abondance de livres, de tableaux, des tissus, de lanternes, de bougeoirs, de bannières, des cartes, des sabliers, des cloches, des coffres, des cordes, des verres, des assiettes, de l’encens, des couvertures, des masques et d’autres objets plus incongrus les uns que les autres. Il y en avait de toutes tailles. Où que vous posâtes votre regard, ce n’était qu’un foisonnement de couleurs et d’odeurs. Certaines, d’ailleurs, n’étaient pas vraiment identifiables.

Au détour d’un couloir, vous tombâtes sur un automate assis dans une baignoire, le regard perdu dans une contemplation infinie de l’océan qui s’offrait à lui, derrière l’un des murs transparents. Vous trouvâtes également une poêle à frire accrochée à une perche : à bien y regarder, elle donnait cette étrange impression que de vouloir attraper un flacon de parfum aux allures douteuses en haut d’un placard.

Vous rencontrâtes d’autres situations plus incongrues les unes que les autres. Des parchemins prenaient un bain dans un chaudron tout en débattant sur la meilleure forme que pouvait prendre la fumée émanant d’une pipe. Des pelles autour d’une table observaient cérémonieusement une collection de sabliers : dans leurs yeux pourtant inexistants, vous pouviez sentir toute cette détresse  que de ne pas pouvoir voir le sable s’écouler. D’un sextant faisait la cours à une paire de menottes, au grand désarroi d’une longue-vue, alors folle amoureuse de la courtisée.

Le narrateur que je suis s’en arrête là des descriptions car, chers lecteurs, vous savez maintenant tout comme moi que ces deux jeunes femmes étaient entrées dans un univers où les seules règles qui existaient étaient celles créées et appliquées par les habitants des Abysses d’Heremar. Sachez que ce ne sont pas les exemples qui me manquent. Toutefois, je n’aimerais point faire attendre ces aventurières…

Asami et Hanabi furent attirées par des voix.

Elles finirent par pénétrer dans la salle circulaire. Leurs yeux durent s’habituer à l’ambiance lumineuse. Cette dernière était à l’image de cette maison : incongrue, insolite, absurde, bizarre, dissonante, inattendue, parfois même un peu inconvenante, insolente, si ce n’est pas répugnante et monstrueuse. Ces derniers adjectifs s’apprêteraient certainement mieux aux statues et masques grimaçants contre les murs. La pièce était tout aussi encombrée que les couloirs qu’elles venaient de parcourir.

Les ombres étaient particulièrement présentes et, dans certains endroits, denses. Pourtant, vos pupilles s’habituèrent sans mal. Au centre de la pièce, éclairés par un candélabre à trente-neuf branches, trois vieux autour d’une table ronde braillaient. Aucun doute. Vous aviez devant vous Bagtti, Ooboros et Seylketh : les gardiens du premier niveau. La chance donnait par Picot allait-elle vous être utile ? Ou aurait-il mieux fait de la garder pour lui ?


Vous vous rendîtes bien vite compte que vous n’étiez pas les seuls êtres vivants à observer les Moires. Non. Des dizaines d’yeux observaient avec avidité ce qui se passait autour de cette table. Vous reconnûtes des crokeaps et des keeraffes. A bien y regarder, vous pûtes même apercevoir, à travers les murs translucides, des otaphins. Vous ne fûtes néanmoins pas dupes : d’autres créatures étaient là, mais vous n’aviez aucune idée des races auxquelles elles pouvaient bien appartenir.

Assises sur tout ce qui pouvait leur permettre d’observer la scène, vous comprîtes qu’aucune d’entre elles ne voulaient perdre une miette de ce qui se passait au centre de la pièce. Des « oh » et des « ah » étaient parfois lancés d’un bout à l’autre de la pièce. Les murmures étaient nombreux, commentant chaque action entreprise par les Moires. Cette ambiance laissait à penser que vous étiez entrées… dans une arène.

[Seylketh] « Ah bah tiens ! V’là les donzelles. »

[Bagtti] « Tiens-toi mieux que ça, tu vas les effrayer. »

[Ooboros] « Peut-être aurait-il été plus poli si leurs intentions avaient été plus claires dès le départ. Nous voilà dans de beaux draps… »

[Seylketh] « Oui, oui, oui… Dans d’sacrés beaux draps ! A moins qu’il n’y en ait plus… Qui devait faire la lessive ? Je relance de trois ! »

Seylketh lança trois pièces de poker au centre de la table.

[Bagtti] « Ce n’était pas moi. J’étais en charge de la vaisselle… A moins que ce ne fusse hier… Qui me dit qu’hier n’est pas encore aujourd’hui ? Et qu’aujourd’hui n’arrivera pas que demain ? Contre uno ! Changement de sens ! »

Bagtti lança une carte de Uno au centre de la table.

[Ooboros] « Ah non, Bagtti ! Tu ne vas pas recommencer. Tu n’as qu’à suivre les instructions inscrites sur le tableau. Dame de pique, c’est toi qui pique ! »

Ooboros jeta la carte de la dame de pique au centre de la table et vint positionner un roi noir sur l’un des jetons jetés tantôt par Seylketh.

[Seylketh] « Tu veux dire… celui qui s’amuse à changer continuellement d’apparence pour nous prouver qu’il n’y a rien d’étrange dans ses folies ? Plouf, plouf, ça sera toi qui ira au centre de la table ! »

Seylketh ajouta trois pions blancs du jeu de dames.

[Bagtti] « Droit de passage ! Cela fera cinq cacahuètes ! »

Bagtti et Seylketh se mirent à se chamailler sur le coût du droit de passage. Seylketh ne le trouvait pas assez élevé, alors que Bagtti le trouvait déjà beaucoup trop élevé.

[Ooboros] « Est-ce que vous allez rester encore longtemps debout ? Ce n’est pas comme ça que vous allez gagner votre droit de passage, chères amies. »

Deux chaises en bois vides trônaient fièrement autour de cette table… Comme si le trio insolite qui vous faisait face vous attendait de pied ferme. Ooboros vous invita à prendre place. Seylketh et Bagtti ne vous prêtèrent pas la moindre attention jusqu’à ce que…

[Ooboros] « Si nous voulons terminer cette partie, il va falloir départager mes deux frères. Qui a raison quant au montant du droit de passage ? »

Vous vous retrouvâtes alors au centre de toutes les attentions. Vous alliez devoir faire vos preuves et élaborer des stratégies sans pouvoir vous concerter au préalable. Votre objectif ? Gagner la partie. Comment ? Avec tout ce que vous avez sous la main. Après tout, ce jeu n’existait que parce qu’il y avait cinq joueurs autour de la table et que vous aviez pour mission d’éliminer trois d’entre eux.

Résumé:

Maison de Veeldwu, plan:

Encyclopédie des Abysses d'Heremar:

Dernière édition par Narrateur le Jeu 30 Nov - 21:32, édité 1 fois

Si la technique de la peintre n’avait réussi à dévoiler un quelconque piège ou suggérer qu’elles n’étaient pas victime d’une illusion, la suite de leur exploration à travers la maison de Veeldwu mit sa rationalité à rude épreuve. Chaque couloir, pièce ou recoin semblait livrer un nouveau récital de scène loufoque qui fit douter Hanabi de l’effectivité de sa technique.

Enfin, les deux kunoichis arrivèrent dans une salle circulaire éclairée par un candélabre bien trop pourvu. Au centre de la pièce se trouvait trois étranges personnages qui semblait se livrer à un jeux inconnu de la Peinturlurée et pour cause: elle s’avisa rapidement que les trois bonshommes se livrer à un jeu mélangeant différentes pièces et différentes règles en un amalgame dont il était difficile de comprendre la logique.

Malgré tout, Hanabi perçut l’engouement et le sérieux que semblait accorder les autres spectateurs à la partie qui se déroulait sous leurs yeux. Les trois bonshommes -qui devaient certainement être les gardiens mentionnés par Picot- semblaient ne pas être d’accord concernant un "droit de passage" de cinq cacahuètes.

Rapidement, le dénommé Ouboroos les invita à participer en leur demandant de départager les deux frères en désaccord.

Hanabi lança un rapide coup d’œil vers sa coéquipière et s’aperçut que celle ci s’avançait d’un pas décidé vers la table de jeux. D’un rapide coup d’œil elle étudia la table où s’amoncelait différentes pièces sans qu’une logique apparente ne s’en détache. Quelle situation hors du commun ! Jamais elle n’aurait pensée qu’en accompagnant Asami elle se retrouverait propulser à une table de jeu aux règles absurdes, jouant avec des êtres dont elle ignorait encore l’existence quelques heures auparavant et ce dans une maison complètement loufoque construite au fond d’un des tourbillons bordant Uzu. Incroyable.

  « Bonjour… » Commença-t-elle sans savoir si un protocole particulier devait être appliqué en présence des maîtres du lieu.

  « Je m’appelle Matsurika Hanabi. Enchantée. Vous êtes donc les fameux moires dont Picot nous a parlé… » Continua Hanabi tout en observant attentivement la table de jeux et les différents jetons, pièces et cartes qui la jonchaient.

  « En tant que personne de la "surface" je dois bien reconnaître que je suis très intriguée par l’existence des abysses d’Heremar… Comment se fait il que cet endroit reste inconnu aux civilisations de la surface ? » Finit-elle par questionner. Après tout, les moires tout comme les autres créatures présentes ne semblaient pas plus perturber par les deux femmes, preuve que d’autres avant elles avaient dû se présenter face aux trois gardiens.

Profitant de ce petit temps de latence, Hanabi essaya de saisir les règles du jeu afin de pouvoir répondre à la question du moire Ooboros. Elle ne savait pas si sa réponse serait déterminante pour la suite mais cela valait certainement le coup d’essayer. Le seul problème c’est que la peintre ne comprenait absolument pas le jeu auquel ils jouaient. A quoi servait cette étrange carte lancée par le dénommé Bagtti ? Et ces pions mélangeant jeu de dame et poker ? ET BORDEL QU’EST-CE QU’ILS VEULENT AVEC LEURS CACAHUÈTES ?

Puis, peu à peu, une certaine logique immergea dans l’esprit de la Peinturlurée. Cinq cacahuètes… cinq pions sur la table en enlevant celui qui avait été recouvert d’un roi de l’échiquier.

Il lui semblait discerner quelque chose dans les échanges des trois Moires mais face à la complexité et l’absurdité du jeu elle ne pouvait être confiante. Peut être Asami avait-elle comprit ce qui échappait encore à la Peintre puisque celle ci se mit à jouer sans attendre et au grand étonnement de la Peinturlurée captura la pièce d’échec dans un parchemin à l’aide d’un curieux mécanisme et évoqua une règle intimant le silence au dénommé Ooboros.

« C’est donc lui qui a raison ! » Dit elle en pointant du doigt Seylketh. « Le droit de passage et dorénavant de six cacahuètes ! »

Si le ton paraissait assuré, ce n’était évidemment pas le cas de là peintre qui ne pouvait être sûr de sa logique ou si seulement une quelconque logique pouvait être appliquée à ce jeux.

Espérant que Bagtti conteste elle invoqua une nouvelle règle de jeux juste avant que celui ci puisse ouvrir la bouche:

« Un, Deux, Trois, le roi du silence commence ! »

Avec un peu de chance Asami venait de mettre Ooboros hors jeu et Hanabi espérait que sa petite remarque suffirait pour provoquer Bagtti et ainsi l’éliminer en vertu de la loi du silence qu’elle venait d’évoquer.

Spoiler:

Eté 83, Uzu, pays des Tourbillons - Au cœur du tourbillon, maison de Veeldwu.

C’est dans un silence cérémonieux que les deux jeunes femmes s’installèrent à table. Le public retenait son souffle, impatient de découvrir ce qu’elles avaient dans le ventre. Mais, était-il vraiment question d’estomac dans cette partie ? Les cacahuètes n’étaient-elle pas la source de toutes les convoitises ? Lorsque le roi en vint à disparaître dans le parchemin d’Asami, quelques applaudissements se firent entendre, alors que des « oh » d’indignation et des « ah » d’admiration se répandaient dans les gradins.

Le sourire d’Ooboros se fit grand… et carnassier. Si les pensées de la demoiselle avait bien raison sur un point, c’est que la normalité qu’elle connaissait n’avait guère sa place en ces lieux. Ces règles établies à la surface passaient pour des extravagances dans le tourbillon, peu importe l’étage où vous pouviez vous trouver. Ooboros jeta des osselets au milieu de la table.

Le silence des morts était d’or.

Lorsqu’Hanabi intégra la partie, Seylketh applaudit sa décision. Il fit donc parvenir six cacahuètes à Bagtti qui se garda bien de rétorquer verbalement. Pourtant, le doigt d’honneur qu’il adressa à son acolyte fut visible de tous. Cela provoqua une certaine émotion dans le public. Mais les règles sont les règles. Même les moires devaient s’y plier. Après tout…

Le silence des rois était d’or.

Bagtti ramassa les cacahuètes et les goba. Il attrapa l’un des osselets laissait par Ooboros et l’enfourna dans sa gueule. Des craquements à retourner les morts dans leur tombe se firent entendre. Il prenait un malin plaisir à machouiller chaque parcelle de cet os pour montrer son mécontentement face à la situation. Ne resta alors plus que Seylketh et sa parole.

[Seylketh] « Es-tu certaine de te poser la bonne question, Hanabi ? »

Seylketh se leva, farfouilla quelques secondes au milieu des livres et revint avec un pot. Dans celui-ci se trouvait un paysage composait d’un bonsaï, de galets plats, d’eau miroitante et de petits champignons luminescents.

[Seylketh] « Ne serait-il pas plus juste de se demander pourquoi ceux qui sont ressortis vivants des Abysses d’Heremar n’en ont parlé à personne ? Nous n’avons pourtant passé aucun contrat avec eux… Rien ne retenait leurs langues. »

La lueur qui animait les champignons se dissipait lentement.

[Seylketh] « Quant à toi, Asami… Sais-tu ce qu’il y a de plus dangereux que les morts dans les Abysses ? »

Ooboros profita de cette question pour s’entailler le doigt et tracer sur la table un smiley qui souriait à pleines dents. Des dents longues et tranchantes. Des yeux pétillants d’une lueur malsaine et dérangeante.

[Seylketh] « Hanabi l’a également invoqué. Et pourtant… »

Bagtti tira avantage de la situation et goba un nouvel osselet. Tout comme le premier, il s’amusa à le faire craquer sous ces dents.

[Seylketh] « Le silence… »

Les spectateurs retinrent leur souffle. Le brouhaha de la maison se tut, laissant alors une ambiance lourde et pesante s’installer autour de la table.

[Seylketh] « Voilà contre quoi vous devrez lutter toute votre vie. Le silence. Il est la meilleure réponse aux Abysses. Et les Abysses sont les gardiennes de ce silence. Le silence. Il est partout, tout le temps. Il se cache, attendant perfidement son heure pour ravir raison, bon sens et logique. »

La lueur émanant des champignons disparut complètement.

[Seylketh] « Si Hanabi estime que le droit de passage ne vaut que six cacahuètes, qu’en est-il de toi, Asami ? »

Les Moires poussèrent un soupir.

[Seylketh] « Dans l’hypothèse où vous obtenez votre droit de passage vers le niveau inférieur suivant, qu’espérez-vous trouver au cinquième niveau ? Et dans les autres ? Pire encore… Qu’êtes-vous venus trouver dans les profondeurs d’Heremar ? »

Un petit sourire satisfait se figea sur le visage squelettiques de Seylketh.

[Seylketh] « Je doute que cela soit du temps pour pouvoir mener des recherches dans la maison de Veeldwu ou des études approfondies sur l’art des profondeurs. Quand bien même vous aviez décidé de sonder les environs, vous n’aviez pas alors la capacité de deviner que votre technique activerait les champignons… Tu cherchais des traces de chakra, n’est-ce pas ? »

Ce sourire se transforma en une grimace de contentement.

[Seylketh] « Si vos choix vous poussent à aller toujours plus profondément, votre formation commence dès à présent. Les connaissances de bases sont nécessaires pour survivre. Car il n’est pas question d’autre chose. Dans les Abysses, il n’y a que la survie… ou le silence de la mort. Alors ? Pourquoi ces champignons ont-ils réagi à la technique d’Hanabi ? »

Seylketh était très sérieux. Tout autant qu’Ooboros et Bagtti qui respectaient à la lettre les règles du jeu.

Résumé:

Maison de Veeldwu, plan:

Encyclopédie des Abysses d'Heremar:

Au plus grand regret de la peintre, le Moire ne tomba pas dans le piège et se retint de toutes paroles bien que compensant allègrement par des doigtés injurieux. Elle ne put se retenir de se gratter la tête face à la situation complètement ubuesque dans laquelle sa comparse et elle se trouvait. Perdues au fond d’un tourbillon au milieu d’une civilisation aussi loufoque que complètement inconnue, ou presque puisque les deux jeunes femmes avaient la preuve de précédents passages que les autochtones se plaisaient à appeler Ceux de la Surface.

Devaient-elles plier et accepter les us et coutumes locales, aussi pernicieuses soient-elles ? Ou devaient elles au contraire prendre l’initiative des interactions et rétablir l’équilibre des forces ? La Peinturlurée aurait été bien en peine de choisir quelle solution était la bonne tant son esprit semblait en tout point embrouillée par la mascarade de jeu qui se déroulait sous ses yeux. Les questions tout aussi incompréhensibles du dénommé Seylketh ne faisait que disperser l’esprit de l’artiste. Après les cacahuètes, le voilà déblatérer sur ses champignons phosphorescents.

« Heu… Alors, je te préviens, tu me feras pas bouffer tes champotes trippant là… »

Heureusement, la fougueuse Asami éclaircit l’esprit de sa coéquipière d’aventure en une explosion de caractère aussi virile que physique, mastiquant étrangement les pièces -ce qui n’enlèvait rien à la magnificence de la scène- et réduisant avec fracas la table en copeaux de bois d’un coup soudain.

La tumultueuse rouquine n’était pas là pour jouer aux cartes, ni pour s’échanger des cacahuètes. Les deux jeunes femmes avaient découvert un lieu empli de mystère et l’une comme l’autre rayonnaient de la soif de découverte et de savoir qui ne pouvait qu’être exacerbée chez les deux natives du Pays des Tourbillons qui avaient choisies la voie de la curiosité, l’intérêt pour ce qui se passait ailleurs que sur leur petite île aussi isolée que sûre. Enfin, c’est ce qu’elle pensait avant d’entendre les étranges révélations du Trio de la Balance sur les récents événements.

En vérité, elle se sentait dépassée par les forces en présence et elle ne supporterait pas d’encore une fois repartir des Tourbillons sans avoir pu épancher sa curiosité.

« J’en ai assez des mystères. Cette fois-ci j’irais jusqu’au bout ! » S’exclama-t-elle, tel un écho aux déclarations de l’Uzumaki, faisant fi des questionnements de Seylketh.

La tension s’installa entre les différents protagonistes, ces quelques instants de silences durant lesquels chacun s’observent, chacun jauge l’autre. Asami, confiante tendait sa main en direction du trio de Moires. Leur demandant ainsi de faire preuve de franchise, c’est une main tendue vers un rapport de force égalitaire et d’un échange constructif et honnête.

« Hmm… Ça vous dérange si je peins ? » Demanda-t-elle sans véritablement attendre une réponse puisque déjà elle engouffrait sa main dans son barda d’artiste et se mit à peindre rapidement la scène qui, si elle est partagée par les maîtres des lieux, revêtait  un symbolisme des plus forts.

Prise dans sa peinture et son âme d’artiste, elle n’en restait pas moins une ninja, attentive à l’évolution de la situation, ses créations d’encre pouvant très bien répondre à différentes situations en cas de besoin.

Spoiler:

Eté 83, Uzu, pays des Tourbillons - Au cœur du tourbillon, maison de Veeldwu.

Alors qu’Asami, soutenue par Hanabi, exprima son mécontentement face à la situation, le silence se fit dans l’assemblée. Les Moires ne bougèrent pas de leurs chaises, un petit sourire figé au coin des lèvres. Le pot contenant les champignons finirent à terre, comme tous les autres objets. Le destin voulut qu’ils échappèrent à l’appétit de l’Uzumaki. Lorsqu’elle utilisa sa première technique, les champignons s’illuminèrent à nouveau, d’un beau rouge vif. Leur lumière se mit à décliner, puis fit raviver par le Gowan de la guérisseuse.

[Seylketh] « Ainsi fut votre réponse aux Abysses… »

Alors que la rouquine lança une détection et que la peinturlurée sortait ses affaires d’artiste, la couleur des champignons vira au blanc et le seul à avoir encore voix au chapitre murmura :

[Seylketh] « … Et aux Abysses de vous répondre… »

Par un silence lourd et pesant. Asami n’eut aucun signe vital à analyser. Pas de rythme cardiaque. Pas de transpiration. Pas de facteurs physiologiques. Les Moires et tout être vivant présent dans la salle se détériorèrent rapidement. Leur chair se fit d’abord sanguinolente puis se transforma en poussière, pour ne laisser face aux jeunes femmes que trois squelettes assis sur leur chaise.

Une puissante rafale de vent éteignit toutes les lanternes du bâtiment, ravissant au passage toutes les couleurs que la lumière avait fait naître par sa présence. Tout devient froid et lugubre. Une certaine pagaille régnait dans la pièce, comme si une rude bataille avait été livrée ici-même. Un pan entier du mur était tombé, révélant alors un passage vers les tréfonds d’Heremar. Les orbites vides des Moires regardaient dans sa direction.

Malgré leurs globes vides, vous pouviez sentir toute la détresse qui émanait de leurs regards. Ils avaient bravé le silence lui-même des Abysses. Et les Abysses leur avaient répondu, emportant en son sein les âmes de ces gardiens. Quant au public, il ne restait rien de lui. Comme s’il n’avait été qu’un simple mirage… Une illusion qui était partie rejoindre les tréfonds. Sans un bruit. En silence.

Si vous vous attardez sur les murs encore debouts, vous pouvez distinguer certaines inscriptions que l’érosion provoquée par le temps n’avait pas encore totalement effacé. Des petites barres, regroupées par cinq et balafrées par une ligne horizontale lorsque le groupe était complet, vous firent comprendre qu’elles indiquaient une durée. Vous en dénombrâtes cinquante-sept (57). Cinquante-sept quoi ? Heures ? Jours ? Semaines ? Peut-être même des années. Un peu plus loin, vous pûtes lire :

[Mur] « Les Abysses reprennent toujours ce qu’elles ont donné. En silence. »

Au-dessus du trou béant, le message ne présageait rien de bon.

[Mur] « Si les péchés capitaux se colorent d’un rouge sanguinaire, fuyez. Fuyez, pauvres fous. Pour sauver vos vies. Passées. Présentes. Et futures. En silence. »

Cet avertissement vous fit bien comprendre que tout autre alternative vous mènerait… à une mort certaine. Et ce silence qui régnait en maître. Alors que le vent s’engouffra à nouveau dans la demeure, vous crûtes reconnaître, entre les notes de la brise, la voix de Selketh.

[Selketh] « Si le chemin du non-retour vous empruntait, prenez garde. Car vous n’aurez plus l’opportunité de remonter… sans en subir les conséquences. Jusqu’au fond vous devrez aller, pour pouvoir espérer revoir le ciel azuré ! »

Tandis que vous vous approchez de l’ouverture béante, vos yeux purent voir, au milieu de la brume, une corniche. Au bout de celle-ci se tenait Picot et sa fidèle monture, Tortue Géniale. Derrière eux, une cabine suspendue à un énorme câble se balançait dangereusement au-dessus du vide. A leur droite, un panneau pendouillait tristement dans un silence austère. Sur celui-ci, vous eûtes du mal à lire les quelques mots à peine lisibles qui s’y trouvaient :

[Panneau] « Ici gît le chemin du non-retour. »

Des murmures venant du brouillard alentour montèrent dans les airs.

[Murmures] « Vérité ou conséquences. »

Vous vous sentez alors observées. De la mélancolie ambiante, de petites silhouettes difformes et blanchâtres apparurent. Les murmures venaient probablement d’elles, bien que le trou béant qui leur servait de bouche ne bougeait pas : celui-ci restait irrémédiablement rond.


Un cri strident venant des profondeurs vint rompre ce silence malaisant. Le temps se suspendit un instant, avant de laisser place à un calme assourdissant. Les individus disparurent aussi vite qu’ils étaient apparus dans votre champ de vision. Derrière vous, les champignons virèrent au rouge sanguinaire. Vous comprîtes alors ce qu’étaient les péchés capitaux. Picot et Tortue Géniale sautèrent dans la nacelle.

Il faut maintenant vous décidez.

Remonter à la surface.

Ou braver les profondeurs jusqu’à arriver au fond…

Mais, faites vite !

Car la nacelle est sur le point de partir !

Résumé:

Les étranges champignons du trio loufoque commencèrent à pâlir avant de raviver la couleur écarlate qui les caractérisait. Une fois, deux fois. Dès qu’Asami exécutait une nouvelle technique les champignons réagissaient, avaient-ils une quelconque affinité avec le chakra ? N’étais-ce qu’une réaction, un témoin de l’utilisation de l’énergie qui dominait le monde ? Ou s’en nourrissaient-ils ? Ce qui pouvait expliquer que malgré l’utilisation de sa technique précédente afin de révéler les éventuelles supercheries que la tempétueuse Irounin et elle airaient pu rencontrer, elle n’ait ressenti l’illusion qui prit fin sous ses yeux.

Tandis que Seylketh sembla leur adresser un ultime adieu, une bourrasque qui aurait pu venir directement des enfers tant elle était froide et cruelle vint éteindre toutes les lumières du lieu. Ne s’arrêtant pas qu’aux simples lumières, c’était toutes les traces de vie qui venaient d’être balayées. Ne demeuraient que les squelettes des trois Moires aussi inerte qu’on l’on pouvait s’y attendre. Leurs orbites de calcium pointant vers un pan de mur écroulé qui semblait révéler le passage vers les profondeurs des abysses.

« Voilà qui est… surprenant. »

Elle baissa la tête pour s’apercevoir que ses mains avaient peintes d’elles-mêmes la scène. Ainsi le début du dessin transpirait de vie et de couleurs tandis qu’à mi chemin il devint terne. Les chatoyants moires devinrent trois cadavres aussi effrayants qu’effrayés tandis que les lieux qui semblait animés d’une chaleur propre devinrent aussi froid que la pierre. Ils venaient de passer d’un monde joyeux et onirique à la réalité: elles étaient dans un tombeau… ou une prison au vu des cinquante-sept barre gravé dans la roche dont elle ne comprit la signification.

Satisfaite. Elle roula son dessin avant de le sceller dans parchemin, il vaudrait certainement mieux qu’une explication lorsqu’elles remonteraient à la surface.

Sans ajouter un mot, les deux kunoichis s’avancèrent pour continuer leur route -malgré l’écho d’une mise en garde de Seylketh- et débouchèrent sur une corniche où l’étrange bonhomme les ayants accueilli à leur arrivée dans les abysses se tenait en compagnie de sa tortue.

Aussitôt qu’elles firent un pas sur la corniche, elles purent sentir le regard de nombreux petits êtres blanchards sur elles. Les petites entités murmuraient  « Vérité ou Conséquence ». Qu’est-ce qu’ils voulaient dire par là ?

Un puissant cri provenant des profondeur d’Heremar la tira de ses réflexions. La source de la vocalise semblait terrifiant, assez pour faire fuir les petites créatures qui jonchaient la corniche tandis que les champignons qu’elles avaient laissés derrière semblaient de colorer de rouge.

Asami se tourna vers la Peinturlurée et lui confia son désir de continuer.

« Il en est de même pour moi Asami-chan. Je compte bien aller jusqu’au bout de ce mystère, je ne me le pardonnerai jamais autrement. »

Elle expira bruyamment comme l’on pouvait le faire avant d’exécuter un grand saut, comme si l’on expirait ce mince mais tenace sentiment de peur et d’inquiétude.

« Bien. Allons y ! » Dit-elle, armée de tout son courage et sa détermination.

Puis, une pensée lui vint subitement.

« Ah ! Attend ! Je reviens ! »

Elle revint rapidement sur ses pas et saisit les champignons à la réaction écarlate. Elle les scella tous dans un parchemin à l’exception d’un qu’elle garda avec elle.

« Ça peut être utile ! » Expliqua-t-elle à sa coéquipière.

Utile pour leur aventure tant le champignon semblait lié aux abysses et aux entités s’y trouvant. Mais utile également par leur étrange capacité à luire en présence de chakra. Voir plus. Elle devrait les soumettre à une étude plus approfondie une fois à la surface.

Pour le moment cependant, leur choix mena les deux jeunes femmes en direction de la nacelle qui abritait déjà Picot et sa monture.

Spoiler:

Eté 83, Uzu, pays des Tourbillons - Au cœur du tourbillon.

Un nouveau cri retentit dans les profondeurs. Plus long. Plus strident. Plus… inquiétant. Quoi que cela puisse être, cela se rapprochait. A une vitesse suffisamment alarmante pour que les yeux de Picot et de Croberus se révulsent tant la peur qui les habitait était grande. Le keeraffe perdit connaissance, laissant alors son cavalier tomber sur le sol dans un silence des plus pesants. La coiffe du crokeaps chavira, laissant alors apparaître un vide intersidéral. Son regard jaunâtre brilla un instant, avant de totalement disparaître. Lui aussi.

N’écoutant que leur courage, Asami et Hanabi se précipitèrent vers la nacelle. Celle-ci avait déjà entamé sa descente. La brume se forma à nouveau au bord du précipice, laissant alors ces petites silhouettes difformes et blanchâtres reprendre consistances l’espace d’un instant. Leurs murmures se mêlèrent à la voiֶx de Picot dont les petits bras s’agitaient frénétiquement à l’intérieur de cette embarcation de fortune.

[Picot] « Sautez ! »

[Murmures] « Sautez… Sautez… Vérité… Sautez… Sautez… Ou conséquences… Sautez… »

La terre se mit à trembler, comme si quelque chose d’énorme avait heurté le promontoir sur lequel vous vous teniez… en contrebas. Si vos yeux se risquèrent à regarder vers les profondeurs, ils ne purent distinguer que des mouvements fugaces dans l’obscurité des abysses. Une agitation qui ne prévoyait… rien de bon.

[Picot] « Sautez ! Ne restez pas là ! Sautez ! »

[Murmures] « … Sautez… Vérité… Sautez… Ou conséquences… Sautez… »

La force de caractères des deux jeunes femmes répondit aux appels incessants des formes blanchâtres et du crokeaps. Elles sautèrent, parcourant alors le vide qui séparait la falaise de la nacelle. La cabine tangua dangereusement lorsqu’elle réceptionna les genins, alors que le promontoire fut pris d’une nouvelle convulsion. Un nouveau cri déchirant se fit entendre tandis que des pans entiers de roches se détachaient, tombant alors dans les abysses.

Alors que la nacelle prenait de la vitesse grâce à la charge supplémentaire que représentaient deux corps humains, votre route vers le fond des abysses se poursuivit. Inlassablement. A la différence de vos choix précédents, celui-ci venait de sceller votre destin. Il n’y avait plus de retour possible. Du moins, pas avant d’avoir touché l’obscurité. Seriez-vous néanmoins capable de le faire ? Ne serait-ce que l’effleurer ? N’aviez-vous pas peur que la folie ronge doucement mais sûrement votre raison ?

Tandis que vous continuiez votre chemin et que votre moyen de transport atteignait la paroi d’en face jusqu’à alors cacher par une brume peu commune, tout s’enchaîna très vite. Un cri venant des plus profondes entrailles des enfers. Les parois qui s’illuminent alors de blanc, avant de virer au rouge sanguinaire. Pas le temps de réaliser que vous étiez entourés des péchés capitaux qu’une créature digne de vos pires cauchemars jaillie des profondeurs.


La voix du crokeaps transperça le silence dans un souffle presque inaudible.

[Picot] « Oh… Que… Que fait-elle si haut ? Non, non, non… Elle ne devrait pas être si haut… »

Les petites silhouettes difformes et blanchâtres se mirent à naviguer sur la brume autour de vous. Plus elles étaient nombreuses, plus le brouillard était épais. C’était… comme si elles cherchaient à vous cacher du regard de la bête. Et toujours ces murmures qui surgissaient de toutes parts…

[Murmures] « Vérité… Ou conséquences… Vérité… Ou conséquences… »

Trop tard. Elle vous avait repéré. Alors qu’elle se préparait à sauter dans votre direction pour ne faire qu’une bouchée de vos ridicules petits corps, la tête d’un immense serpent des mers surgit à son tour de la brume et goba la bête comme si elle n’était qu’un encas pour la route, tout au plus un amuse-gueule. Le reptile était blessé à différents endroits. Certaines de ses blessures étaient profondes…

[Picot] « La Matriarche… Paix à ton âme ! »


Alors que votre nacelle allait disparaître dans un des tunnels aqueux du tourbillon, vous pûtes voir que la bête des abysses n’était pas venue seule. Connu pour se déplacer en troupeau, celui-ci avait pris en chasse la Matriarche. A la vue de ses blessures, vous sûtes qu’elle ne survivrait pas au combat. Une autre vérité s’offrit à vous, tout aussi cruelle que la première : vous ne pourrez rien faire pour la sauver. Elle avait combattu avec bravoure, et elle mourra avec bravoure. Comme sa mère, avant elle. Et comme sa fille, après elle.

Après de longues minutes de voyage qui vous parurent interminables, la nacelle finit par venir buter contre un modeste promontoire. Picot et Croberus avaient repris de leurs superbes, bien qu’intérieurement, ils n’en menaient guère large. Le crokeaps sauta sur le dos de sa monture après avoir rabattu sa capuche sur son invisible tête. Il ne fallut guère beaucoup plus de temps pour que ses yeux jaunes brillent à nouveau dans le noir.

[Picot] « Nous sommes beaucoup trop bas… Nous sommes beaucoup trop bas… »

Ces quelques mots et les quelques informations que votre sens aigu de l’observation put récolter furent suffisants pour vous faire une idée de la situation. Vous vous trouviez actuellement au deuxième niveau. Ainsi, pour une raison que vous ignorâtes, votre parcours avait fait fi des postes de contrôle des niveaux deux à quatre.


Tout comme le niveau des moires, celui-ci était en ruines. La nature avait repris ses droits sur d’immenses bâtiments de pierre.

[Picot] « Nous devons fuir… Toujours plus profondément… Une grande partie de ce niveau est… mort. De nombreux éboulements ont eu lieu, bloquant les passages traditionnellement empruntés vers le premier niveau et… les abysses… Nous devons faire vite… Asmaël - bien que sa raison ne soit plus - veille encore sur ce niveau. Nous devons… trouver le trou dans le mur… »

Alors que vous reprîtes votre route, la brume et ses murmures vous accompagnèrent.

[Murmures] « Vérité… Ou conséquences… Vérité… Ou conséquences… »

Vous finîtes par arriver devant un immense mur de pierre où la représentation d’un œil tentaculaire vous dévora du regard, malgré son air froid. Vous auriez pu rester là à le contempler pendant des lustres, mais le temps vous était compté. Des mouvements lents vous firent tourner la tête et, dans un pas mesuré et sûr de lui, Asmaël fit son apparition quelques bâtiments plus loin. Vous fîtes rapidement le rapprochement entre la gravure murale et le monstre qui vous faisait face.


L’heure n’est pas propice aux présentations. Il est donc temps pour vous de prendre congé d’Asmaël et de trouver ce fichu trou dans le mur.

Mais prenez garde !

Asmaël veille sur ce niveau.

Et la présence d’êtres vivants à réveiller ses papilles carnassières.

Résumé:

Dernière édition par Narrateur le Mar 5 Mar - 14:05, édité 1 fois

Impuissante, Hanabi assistait depuis la petite nacelle à l’effroyable réalité que représentait la menace des abysses. Loin des loufoques moires jouant aux cartes dans leur univers colorés qu’elles avaient pu apercevoir plutôt, la sinistre brise qui mît fin à l’illusion les rappela à la réalité: les deux jeunes femmes ne représentaient rien face à la puissance de la nature et des profondeurs. Les monstres aussi terrifiants qu’irréelles s’enchaînaient dans une macabre danse censée affirmer la suprématie d’une des monstruosités. Le fond était posé, telle des fourmis spectatrice de la terrible loi naturelle en action, elles descendirent, descendirent, et descendirent encore. Tant et si bien que leur guide semblait se liquéfier de frayeur. Les voilà au second niveau.

« J’imagine que l’on peut considérer avoir pris un raccourcis… » dit la Peinturlurée dans un trait d’humour forcé plus censé lui faire entendre sa propre voix que de provoquer l’amusement de sa coéquipière ou de Picot qui semblait bien trop effrayé.

Le second niveau consistait en une cavité gigantesque abritant d’incroyables constructions, bien qu’en grande partie en ruines. L’air sentait le moisi et l’air était chargé en humidité.

« On dirait que cette ville a connue de meilleurs jours… » Glissa-t-elle en guise d’interrogation à leur petit guide qui marmonnait quelques avertissements à propos d’un certain Ismael et fait de devoir trouver la sortie.

Leurs pas les guidèrent vers un pan de mur en pierre où se trouvait une colossale gravure un être ressemblant à un amas de tentacules surmontés d’un unique et grand œil. Peut être une sorte de divinité ? Elle n’eut malheureusement pas le loisir de pousser sa recherche plus loin, d’autant qu’elle allait pouvoir découvrir la réponse très rapidement puisque, alarmée par les champignons qui commençaient à luire graduellement de leur rouge caractéristique, elle tourna la tête et aperçue la gigantesque et non moins terrifiante créature. Le dénommé Asmael, habillé de sa tenue tentaculaire, avançait vers eux. Cependant, son œil ne semblait pas encore avoir trouvait une cible sur laquelle se poser. Il cherchait.

« Bon… je propose que nous ne restions pas là ! Picot, tu nous parlais d’un trou dans un mur, tu peux m’en dire plu… HÉ ? »

La peintre ne put retenir une exclamation d’incrédulité lorsqu’elle constata que leur guide et sa tortuesque monture avait disparus.

« … » Elle se tourna vers Asami. Elles allaient devoir survivre et trouver la sorties seules. « Tu vois un trou dans ce p.u.t.a.i.n de mur ? »

Elle exécuta plusieurs mudras et se concentra sur le mur qui lui faisait face, plongeant son regard dans celui de la représentation plus que réaliste afin d’essayer de repérer un quelconque détail.

Spoiler:

Eté 83, Uzu, pays des Tourbillons - Au cœur du tourbillon.

La présence d’Asmaël était pesante. Ses tentacules ondulaient dans les airs, comme si elles fendaient tendrement les eaux. La créature avançait, imperturbable face au paysage de désolation qui s’offrait à elle. Son œil unique scrutait les moindres recoins. Pourtant, ce n’est pas cette vue qui lui permettait de se repérer. Depuis longtemps, elle avait perdu son sens de l’observation. Les affres de la guerre ne l’avaient pas non plus épargnée et, bien qu’aucun sévice n’apparaisse sur son globe oculaire, ce dernier ne remplissait plus sa fonction première depuis bien longtemps.

Un hurlement strident vint immobiliser Asmaël dans sa chasse sensorielle, ajoutant une tension supplémentaire aux évènements. La bête se retourna lentement vers l’entrée du cinquième niveau. Sa paupière se ferma et s’ouvrit plusieurs fois, comme si elle cherchait à déterminer quel être vivant était le plus menaçant pour la sécurité de sa demeure.

Les évènements choisirent pour le veilleur. Le corps démembré d’une bête des abysses fut violemment projeté contre l’un des bâtiments en ruine. Le mur encore debout s’effondra, alors que la matriarche pénétrait dans le cinquième niveau, en direction d’Asmaël. Elle résistait. Encore. L’odeur de son sang attira instantanément le veilleur. Celui-ci se mit à rire, heureux à l’idée de pouvoir se repaître d’un corps encore en vie.

Alors que les deux mastodontes se faisaient face, la technique d’Hanabi fit mouche. Du moins, elle permit aux péchés capitaux de s’activer. Le mur en question était habillé de mousses et de divers organismes pas toujours identifiables. Parmi eux se trouvaient les champignons luminescents. Ils s’illuminèrent dès que la jeune femme utilisa sa technique.

Vous pûtes alors remarquer qu’un pan de cette cloison s’était mise à luire… sans aucune raison apparente. La peintre put arrêter l’Uzumaki dans son geste désespéré. La création d’un nouveau trou ne sera pas nécessaire. A la vue des circonstances, il était de bon ton de garder un minimum de force pour… la suite de votre aventure.

Tout en gardant un œil sur les créatures qui se toisaient, vous vous approchâtes de la muraille. Votre sens de l’observation, aiguisé par votre entrainement de shinobi, vous permit de remarquer plusieurs choses. Un ruissellement d’eau continuait sa course par delà le mur, comme si celui qui vous faisait face n’avait jamais existé.

Un vent contraire à celui qui soufflait actuellement au cinquième niveau rugissait férocement et, lorsqu’il atteignait la cloison, était projeté dans votre direction en bourrasque câline. Quelques petits détails vous firent dire que ce que vous aviez devant vous n’était peut-être pas un mur… Des faux raccords vous laissaient à penser que l’illusion ne concernait pas que l’entrée, mais une surface bien plus importante… De la taille d’un monticule de terre, par exemple.

« Et bien ! Et bien ! La petite dame sait pousser de sacrées gueulantes ! »

La voix venait de derrière la cloison. Le son de deux silex frottés l’un contre l’autre se fit entendre et les étincelles provoquées allumèrent une lanterne. Le feu mit à mal l’illusion et, sous le regard des deux jeunes femmes, une entrée fut dévoilée. A l’intérieur se trouvaient Picot et Croberus, ainsi qu’un bien curieux personnage.


Le piouf les invita à le suivre d’un geste de la main.

« Ne restons pas là. D’ici quelques instants, cette zone ne sera plus qu’un lac sanglant… »

Sans un mot de plus, Eiji, suivit de près par Picot et Croberus, disparut dans les ténèbres de ce couloir. Vous vous engouffrâtes à sa suite. Vous empruntâtes de nombreux couloirs… pour toujours plus vous enfoncer dans les profondeurs. Vous finîtes par arriver dans une caverne où d’autres pioufs prenaient tranquillement un verre autour d’un feu. Enfin, en l'occurrence, et pour être exact, c’était une tasse de café autour de charbons incandescents.

« Venez vous asseoir. »

De la place fut faite aux nouveaux arrivants. On proposa à Hanabi et Asami de quoi boire et manger.

« Je suis Eiji, chef du cinquième bataillon d’infanterie. Et voici mes camarades. Nous appartenons au fier clan des Pioufs, descendants directs des légendaires Piafs, vivant dans la toute aussi légendaire Hyrule… »

Les jeunes femmes apprendraient bien vite que les Pioufs aimaient à se donner des ancêtres mythologiques. Ils ne vivaient que pour entrer dans la légende, aux côtés de leurs aïeux.

« Reprenez des forces. Vous en aurez bien besoin… Le sixième niveau est une zone de guerre depuis que… »

Il jeta un coup d’oeil vers Picot et Croberus. Toutefois, il n’obtint aucune réponse de leur part puisqu’ils étaient bien trop occupés à se rassasier.

« Que savez-vous exactement des Abysses d’Heremar ? Qu’êtes-vous venues chercher ? Qu’espérez-vous trouver en ces lieux ? »

Son ton était posé, presqu’amical.

« Ça fait plaisir de croiser de nouvelles têtes, bien que cela ne soit pas dans les meilleures circonstances, je le crains. Nous allons vous accompagner jusqu’au fond… si tel est votre souhait. Toutefois, je ne peux me permettre de mettre en danger inutilement la vie de mes hommes. J’ai besoin que vous soyez capable de réagir aux Abysses pour que nous puissions tous rentrer chez nous… en vie. De ce fait, je me dois de m’assurer que vous êtes dépositaires des connaissances nécessaires à notre survie à tous. »

Résumé:

Tandis que le monstrueux Oeil à tentacule faisait maintenant face à la toute aussi redoutable Matriarche dans un affrontement titanesque qui ne laissait aucune place d’intervention aux deux kunoichis qui paraissait de plus en plus ridicules au fur et à mesure de leur descente dans les Abysses d’Heremar, l’homologue d’Ismael sculpté dans un large pan de mur en pierre se mit à s’illuminer. Encore ces étranges champignons.

Laissant l’opposition des deux monstres totalement hors de portée pour les deux jeunes femmes derrière elles, elles suivirent la piste des champignons luminescents jusqu’à un étrange pan de mur qu’un filet d’eau traversait sans s’opposer à une quelconque résistance.

  « Étrange… » Marmonna la peintre.

Elle s’agenouilla face au mur et ressentit une brise qui s’échappait de la surface.

  « Asami, regarde ça… Qu’en penses tu ? »

C’est en se tournant vers sa coéquipière qu’elle se rendit compte que celle ci était blafarde, sa pâleur accentué par la chaleur de sa chevelure lui donnait un air un peu hagard. La Peinturlurée prit conscience qu’elles avaient subies ces événements hors normes les uns après les autres, s’enfonçant à chaque étage davantage dans l’improbable et l’effroyable. Elle savait qu’elle devait probablement avoir la mine aussi dépitée que la femme médecin, elle ne savait plus ce qui était réelle ou non et se laissait porter par un sentiment désespéré de survie.

Soudain une voix se fit entendre et après un bruit de silex s’entre choquant, une flamme apparue de l’autre côté du mur, révélant dès lors le passage mais aussi la silhouette de leur guide et de sa monture accompagnés d’un étrange homme avec une tête d’oiseau -ou peut être était-ce un oiseau avec un corps d’homme ?

Son cerveau la pressant de prendre la tangente tandis que les échos de la bataille se déroulante derrière elle se répercutaient dans le cinquième étage de l’abysse en d’effroyables bruits de destruction. Les deux kunoichis s’enfoncèrent à la suite du trio et traversèrent de nombreux couloirs plongés dans la pénombre avant d’enfin arriver dans une caverne où plusieurs Pioufs -comme elle allait l’apprendre- étaient assis autour d’un feu.

Avec une surprenante prévenance les guerriers Pioufs aux ordres du dénommé Eiji leur offrir une place pour s’asseoir et de quoi se restaurer. Le lieu s’apparentait à un étrange havre de paix au milieu du chaos qu’elle venait de vivre et, alors que ses épaules commençaient à se détendre, son cerveau se mit à réfléchir aux événements passés et présent. De nombreuses questions l’assaillirent, questions qu’elle pourrait poser un peu plus tard. Pour le moment c’était à Asami et elle de répondre aux interrogations de leur hôte. Celles-ci se résumèrent à leur connaissance des abysses d’Heremar et leur objectif en traversant ces lieux dangereux.

  « Ce que l’on sait des Abysses d’Heremar ? Rien justement. A part tomber dans un tombeau animé par la folie de trois Moires morts depuis longtemps, traverser des étages dominés par des créatures assez grandes pour nous faire sentir pareil à des fourmis, rencontrer des hommes oiseaux au fond d’un tourbillon, es ruines d’une ancienne civilisation depuis bien longtemps endormie… »

Elle reprit sa respiration et se mit à sourire à son interlocuteur.

  « C’est exactement ce que je suis venu chercher. De l’inspiration ! »

Elle laissa échapper un rire fluet témoignant de sa fatigue aussi bien physique qu’intellectuelle.

  « Plus sérieusement, je commence à avoir un problème avec les mystères et… »

Elle hésita, se rappelant brutalement les récents événements et sa rencontre avec le Trio de la Balance Uzumaki.

  « De lourdes menaces pèsent sur la surface, mes sens me disent de m’y préparer au mieux et pour cela je n’ai pas d’autres choix que d’amasser la moindre parcelle de connaissance et de pouvoirs qu’il m’ait possible… »

Bien entendu elle faisait référence à la récente apparition du démon renard au main du mystérieux Naga et des révélations que le Trio avaient pu lui faire, révélations qu’elle ne pouvait révéler à qui que ce soit mais qui ne l’empêchait pas à souhaiter faire quelque chose. Pourtant, elle était faible. Ses talents la détournée des affrontements directs. C’est pour cela qu’elle se devait de trouver des parades. Le savoir était une des armes qu’elle pouvait acquérir afin de lutter contre Naga, les étranges pouvoirs jonchant le Yûsei en était un autre.

Son regard se tourna vers Asami. Malgré la frayeur qu’elle avait pu sentir auparavant, l’Uzumaki était un symbole de force. Des alliés. Voilà encore une autre arme qu’elle espérait exploiter dans sa lutte contre Naga.

Tandis qu’elle laissait la parole à la medecin écarlate, Hanabi s’approchât de Picot et le regarda droit dans les yeux.

  « Hoï Picot ! Tu peux m’expliquer pourquoi tu disparais à chaque étage pour réapparaître ensuite ? Quel rôle tiens tu dans tout ça ? »

Spoiler:

Eté 83, Uzu, pays des Tourbillons - Au cœur du tourbillon, sixième niveau.

Les Pioufs, Picot et Croberus écoutèrent cérémonieusement les réponses des jeunes femmes. Lorsqu’Hanabi s’approcha du crokeaps, les yeux de ce dernier se firent plus… luisants. Il observa en silence la peintre. Du moins, jusqu’à ce que celle-ci lui pose sa question.

« Que de suspense ! J’ai bien cru ne jamais retrouver ma respiration… »

Il éclata de rire, au grand damn des Pioufs qui levèrent leurs regards vers les niveaux supérieurs. Tous. Sans exception.

« Eiji ! Fais quelque chose ! Voilà qu’il recommence avec son humour douteux… »

Les suppliques de ses congénères trouvèrent échos chez le chef du cinquième bataillon d’infanterie. Malgré la vigueur dont firent preuve les protestations de Picot, le postier apothicaire fut ligoté et bâillonné. Son corps fut suspendu à l’une des poutres de la caverne où ils se trouvaient. Le vent qui s’engouffrait aléatoirement dans les différents tunnels qui débouchaient sur votre abri de fortune se mit à jouer avec ce cadavre, comme s’il saluait votre décision.

« Veuillez excuser notre… compagnon. Lorsqu’il est nerveux, son humour est… ridicule. Et que les dieux nous en soient témoins, la nervosité est bien trop présente dans le caractère des crokeaps. Il a dû se retenir jusqu’à maintenant car vous n’auriez guère pu comprendre ses plaisanteries… »

Eiji était un piouf des plus charmants. Si les affres de la guerre ne l’avaient poussé à prendre la tête d’un bataillon, il serait devenu chef de l’une des colonies du sixième niveau. Ses aspirations à vivre en paix au côté de sa bien-aimée avaient été balayées en même temps que ses prétentions à être père.

« Dans son état actuel, Picot ne pourra guère te répondre, demoiselle Hanabi. »

Hanabi et Asami apprendront, avec l’expérience, que le tutoiement était la règle de politesse suprême. Elle mettait sur un pied d’égalité tous les êtres. De plus, le rang de chaque individu était reconnu par les appositions faites aux prénoms de chacun.

« Bien que je ne fasse partie de son peuple, laisse-moi le privilège de satisfaire ta curiosité. Les crokeaps sont les seuls êtres intangibles de tous les abysses, exception faite des fantômes. Toutefois, contrairement aux revenants, l’existence même des crokeaps est bel et bien avérée. De par la composition de leurs corps, ils n’ont pas la capacité de respirer… et passent beaucoup trop de temps, au grand désarroi de tous les autres habitants abyssaux, à faire des plaisanteries sur cette capacité. »

Il incendia leur prisonnier du regard.

« Cette aptitude corporelle fait des crokeaps les seuls êtres à pouvoir monter et descendre dans les niveaux sans en subir les conséquences. »

Eiji interrogea les jeunes femmes du regard : avait-il besoin de s’étendre plus en détails sur ces « conséquences » ?

« Chaque être dispose d’un rôle bien précis au sein des Abysses d’Heremar. Pour la vie. Celle d’hier. Celle d’aujourd’hui. Et celle de demain. Je vous passe les données détaillées. Comprenez simplement que ces fonctions sont attribuées selon les capacités et les attributs de chacun. C’est Heremar lui-même qui octroie à chacun son poste lorsque notre noyau s’éveille. Comme la plupart de ses congénères, Picot est avant tout un postier. Il est voué à transmettre et délivrer à qui de droit les messages entre les niveaux. Cette mission est, pour lui, la plus importante. Sans son concours - et celui de tous ses frères -, les batailles menées par tous les autres seraient continuellement vouées à l’échec. La clé de notre survie à tous dépend de la bonne transmission de ces informations. »

Son regard se posa sur Hanabi.

« Si Picot disparaît, c’est pour accomplir sa tâche. Il n’a jamais été question pour lui de vous servir de guide dans les niveaux inférieurs. Il n’était pas tenu de vous attendre au premier niveau. Pas plus qu’il n’était lié à vous lors de vos déambulations dans les autres étages. Il a respecté le souhait des maîtres. Un souhait qui a été fait il y a cinquante-sept (57) cycles. »

Les informations commençaient à s’assembler. Comme les pièces d’un puzzle.

« Concernant ta curiosité, demoiselle Asami… Je suis fort attristé qu’elle se soit manifestée en des heures aussi sombres. En des temps plus reculés, il faisait bon vivre dans les Abysses d’Heremar. Quelque chose s’est brisé… Le cycle perpétuel a commencé à déconner. Au départ, ce n’était que de petites tragédies. Puis, ça a empiré. Les frontières entre les niveaux se sont brisées. Les raisons des êtres se sont brisées. Il ne reste plus que la folie. Et Heremar. Et lorsque les Abysses vomiront à la surface, il sera alors trop tard pour rétablir le cycle perpétuel… »

L’étrange brume de tout à l’heure commença lentement mais sûrement à s’insinuer dans chaque  recoin de la caverne. A certains moments, les traits des petites silhouettes difformes et blanchâtres se dessinaient dans le brouillard, avant de disparaître aussi vite qu’elles étaient apparues.

« Je ne suis pas certain de comprendre la logique qui t’anime, demoiselle Asami. »

Le regard d’Eiji se planta dans celui de l’Uzumaki.

« Ce monde est connu. Par tous ses habitants. Par Heremar. Par un nombre, certes réduits, d’habitants de la surface. Mais il est connu. Je dois toutefois admettre que les Abysses ont profité de la réputation des tourbillons d’Uzu pour mener une vie simple et rangée… Ou du moins, aussi rangée que peut se permettre un tourbillon qui abrite Heremar. »

Le piouf se tut quelques instants et, après mûres réflexions, reprit ses explications.

« A ma connaissance, il n’y a pas de relations à proprement parler entre les Abysses et ton clan. Les Uzumaki, c’est ça ? Je ne peux pas être catégorique sur ce point mais les Abysses sont… un parasite. Un parasite de plusieurs centaines d’années. Le fait qu’il se base sur un cycle perpétuel fait que le temps renaît à chaque fois qu’un cycle recommence. De ce fait, il est compliqué de donner un âge aux Abysses. S’il n’y avait pas eu les tourbillons, Heremar se serait tout simplement installé autre part. Comme un parasite. Pour protéger ce qu’il y a sous nos pieds… A moins que cela ne soit pour protéger ce qu’il y a au-dessus de nos têtes. Lorsque le cycle a commencé à s’effondrer, certaines données ont commencé à être… oubliées… »

Une certaine angoisse naquit dans le regard d’Eiji et des autres pioufs présents.

« Nous avons définitivement perdu contact avec Heremar il y a cinq (5) cycles de cela. Notre escouade a été désignée, avec trois autres groupes de Pioufs, pour descendre dans les sous-sols et tenter de rétablir le contact avec Heremar. Suite aux explications fournies par Picot - et votre seul moyen de remonter à la surface actuellement -, notre escouade se porte volontaire pour vous accompagner jusqu’aux gardiens des sous-sols. Ils ont les décoctions nécessaires pour vous faire regagner la surface… sans que vous ayez à pâtir des malédictions des six premiers niveaux. »

Les petites silhouettes commencèrent à s’agiter dans la brume.

« Quant à savoir pourquoi tu devrais taire son existence, demoiselle Asami… Tu es la seule capable de répondre à cette question. Chaque être se doit d’être en accord avec sa conscience. Chacun ici présent sait pourquoi il fait ce qu’il fait. Et vous, demoiselles ? Savez-vous pourquoi vous faites ce que vous faites ? »

Le sol trembla, signe qu’un combat gargantuesque se passait au-dessus de leurs têtes.

« Cette question ne nécessite pas une réponse immédiate. Nous levons le camp dans quelques minutes. Profitez de ce temps imparti pour poser d’éventuelles questions supplémentaires. Nous n’aurons pas vraiment l’occasion de discutailler lors de notre descente vers les sous-sols. »

Résumé: