▶ Sujet: Shominsei no Kage

Tu avais rejoins sous des traits particulièrement anodins la cave mise à la disposition des membres de la Chasses, au sous-sol de l’établissement éponyme dans lequel transitait tout type de clientèle locale. Ton cousin éloigné Yusuke, depuis la mise en place de votre unité, avait cependant appris à reconnaître ce visage, ces traits émaciés et anguleux que tu préférais présenter lorsque tu te rendais entre ces murs, et ce fut sans l’ombre d’une hésitation ou le soupçon d’un murmure qu’il t’avait laissé passé les portes menant à la section privée de la structure. Cette apparence, si elle ne t’inspirait aucune espèce d’attirance ou de plaisir, avait le bon ton de te fondre dans la masse, de te procurer une forme d’anonymat sobre et commun qui participait à l’exercice efficace de tes fonctions. Celle dont tu étais désormais officiellement garant en tant que gradé, d’une part, mais également celles que tu portais avec toi depuis ton retour d’exil la saison dernière. Ce tête à tête avec ton alpha, si il t’avait laissé un poids lancinant au coeur de ton poitrail, une étreinte délicieuse qui n’en étouffait pas moins tes performances physiques lorsque tu devais y puiser davantage que d’ordinaire, t’avait également ouvert sur des horizons bien différents que ceux que tu avais initialement imaginé.

Si tu étais venu cette soirée-là t’occuper les mains au sous-sol de la taverne qui servait de quartier général à votre unité, ce n’était toutefois aucunement pour parfaire tes talents de sans-visage. Dans un anonymat silencieux et méticuleux, une note avait été déposée par tes soins à l’adresse de ton cousin, dans l’enceinte du clan dont vous étiez les enfants. Rendez-vous y était donné à Bankichi ici même, dans l’atelier où toi et les tiens pouviez fomenter vos prochaines initiatives et préparer vos divers équipements d’affiliés. Ce que tu t’employais d’ailleurs à faire, en attendant la venue de ton tentaculaire équipier. Lui et toi aviez déjà partagé moult carnages et chasses exaltantes, mais temps était venu pour votre duo de partager un autre niveau de complicité opérationnelle, une extension de votre efficacité qui pourrait, plus que jamais, se révéler d’une utilité cruciale après les événements délicieusement cataclysmiques qui s’étaient tenus dans votre mère cité. Tu avais pris le temps de parfaire le fonctionnement du cryptage extrait de force auprès des Oroneia, t’étais entraîné à son utilisation pour pouvoir toi-même le mettre en pratique et le transmettre aux agents de confiance avec qui tu souhaiterai le partager, et pareille heure était donc venue pour mettre à profit cette ressource jusque là laissée en maturation.

Installé face à un établi sur lequel tu avais disposé différentes lanières de cuire, tu employas efficacement ton temps en attendant l’arrivée de Bankichi, assemblant méticuleusement des sections de peau amphibienne issue de yokai marins à des extrusions d’ivoire de ton cru organisées sur l’atelier. Tu avais constaté avec quelle facilité les créatures dont tu avais extrait ces matériaux parvenaient à se mouvoir dans leur milieu aquatique de prédilection, et voulais de ce fait expérimenter quels avantages leur épiderme singulier pouvait apporter à des pièces d’armure finement ouvragées. Tu n’en étais toutefois qu’au stade de la théorie et de l’extrapolation, mais les maigres tests que tu avais dors et déjà livrés semblaient prometteurs quant aux effets bénéfiques de ces peaux de yokai consciencieusement dépecés. Tandis que tu continuais à oeuvrer, l’aura de ton cousin vint cependant à poindre à proximité : tu estimas dès lors précisément son arrivée, sans pour autant te détourner de ton ouvrage.

Bankichi. Je devais te voir. Les Oroneia, tu te souviens d’eux ? J’ai récemment eu l’occasion de les revoir. Suis parvenu à leur arracher l’un de leurs secrets. Une méthode de cryptage. Un moyen pour rendre nos communications totalement sûres.

...Assis-toi, ce sera long.

Résumé

Kaijû no Yoroi — A

Ninjutsu Spécial

L'utilisateur crée tout autour de lui une armure d'os à base de cartilages renforcés. Une fois entièrement entouré, celui-ci se verra protégé d'attaques à la puissance importante et pourra les encaisser sans broncher.

DEFENSEMULTIDIRECTIONNELLEPUISSANCE DE RANG A

Senshin Henge no Jutsu — A

Dissimulation

L'utilisateur utilise son chakra et sa maîtrise avancée de la tromperie pour se transformer en quelqu'un d'autre ou en un objet, sans que les chocs modérés ou que l'acuité visuelle d'autrui ne puissent percer à jour ce camouflage. Il dissimule également ses émanations de chakra afin de duper les techniques de sensorialité d’un niveau égal ou inférieur d'apparaître comme un simple civil.

UTILITAIREPUISSANCE DE RANG A-

@Kaguya Bankichi

▶ Sujet: Re: Shominsei no Kage

Tu ne rétorquas rien à la remarque de ton cousin sur ta façon de t’exprimer, désormais ré-adaptée aux besoins de tes affectations officielles comme officieuses. Tu pouvais toujours te laisser aller à l’oisiveté efficace de ton phrasé originel, mais préférais à présent dans la plupart des situations te parer de cette apparat social pour continuer à l’entraîner et à le parfaire. Il en allait, en effet, de ta capacité à te fondre entre tes proies afin de leur asséner chaque fois la morsure la plus mortelle qui soit, et tu étais prêt pour ce faire à franchir toutes les frontières. Fussent-elles celles de ta propre identité, malléable et insaisissable sous les augures d’Izanagi, que tu avais suivi jusque hors des terres de ton exil pour aller te repaître du monde entier. Affairé sur les pièces d’armure aux propriétés altérées par les couches d’épiderme démoniaque que tu y adjoignais, tu accordas une oeillade distraite aux faits et gestes de Bankichi. Flots de paperasses et de carcasses assénés sur le sol et sur la tablée d’un autre atelier, tu notas toute l’effervescence au centre de laquelle semblait toujours se trouver l’instigateur de votre unité. Tu reconnus sans difficulté tant l’odeur que le chuintement caractéristiques de la charogne qui débordait allégrement du sac que le Chasseur avait largué sans ménagement, éveillant en toi un élan de curiosité.

Le Yokai que vous avez affronté, oui ? J’avais cru comprendre… qu’il s’était échappé. L’Archer, Taosu. Toi. Je suis surpris, que ça n’ait pas suffi.

Loin de te vouloir insultant, c’était une réelle perplexité sur l’issue de cet affrontement que tu cherchais à dissiper, toi pour qui chasser était entré dans tes gènes depuis déjà plus d’une décennie et où la simple survie passait le plus souvent par la dévoration et l’annihilation totale de son opposant. Fut-il Yokai ou humain. A l’aide de minces filets de cartilages extrudés de tes doigts habiles, tu fixas une nouvelle section de peau amphibienne sur les pourtours d’une pièce d’armure cruciale en charge de protéger la jonction de l’aisselle, avant de porter plus explicitement ton attention sur l’armure également plongée dans un perpétuel chantier de ton cousin éloigné. Tu mis tes propres manipulations en pause en te relevant de ton assise à mi-hauteur, examinas avec un intérêt non feint le travail déjà effectué par ton équipier et en fit le tour tout en réinvestissant mentalement le propos pour lequel tu avais souhaiter le voir en cette soirée.

L’ennemi… ou qui que ce soit d’autre.

Tu laissas tes mots flotter un instant dans les airs tout en terminant de faire le tour de l’armure de Bankichi, allant enfin chercher son regard par le biais de tes prunelles ambrées aussi réalistes qu’elles n’étaient, en l’occurrence, factices.

C’est un procédé complexe. Il requiert du temps, pour être abordé. Encore plus, pour être utilisé. Mais au bout de ces efforts se trouve un moyen. Celui qu’aucun message manuscrit ne puisse être compromis. Avec suffisamment d’entraînement, il serait même possible… de crypter un échange oral.

Tu te rapprochas nonchalamment de ton coéquipier, quoi qu’avec une intention clairement lisible dans tes yeux en apparence exempts de toute protection d’ivoire. Malgré votre complicité sanguinaire déjà établie, vos intérêts convergents rarement mis au défi, tu voulais que Bankichi mesure toute l’étendue de ce que tu étais prêt à partager avec lui.

Si tu es prêt à apprendre, commençons.

Tu délias un rouleau de parchemin et fis s'étendre le vélin sur une tablée qui n'était pas encore couverte de sang ou d'entrailles en tout genre, puis te munis de ton bâtonnet de charbon afin d'initier l'apprentissage de ton cousin en matière de cryptage. Tu entamas alors le tracé d'illustrations rudimentaires visant à étayer ton explication, à mesure que tu livras celle-ci au tisserand de jais.

Deux choses, capitales : la clef, et l'ensemble de caractères. Les deux doivent être décidés, avant de pouvoir continuer...

▶ Sujet: Re: Shominsei no Kage

A l’énoncé des facultés du yokai qu’avaient affronté ton cousin et votre alpha commun, appuyés de surcroît par les talents notables de l’archer de la Chasse, tu te laissas aller à hausser légèrement les sourcils devant cette combinaison de pouvoirs chacun aussi singulier que puissant. Un instant, tu en éprouvas même un début d’envie, toi qui t’évertuais à te mêler à la masse détentrice du flambeau de la normalité, qui devais fournir tant d’efforts pour que ta bestialité ne devienne pas la raison pour laquelle tu te trouverais ostracisé, et l’idée de pouvoir ainsi manipuler la réalité comme l’avait fait cette entité instillait en toi un profond intérêt. Tu compris mieux, alors, ce qu’il avait sans doute manqué au trio qui avait affronté cette dernière, pour parvenir à l’occire sans lui laisser la moindre échappatoire. Tu ne t’appesantis toutefois pas sur le sujet, trop curieux de voir le prix réclamé par Bankichi sur l’un de ses cadavres suintant et dégoulinant de sang noirâtre. Un sourire authentique s’érigea sur ton faciès à la vue de l’organe pulsant entre les liens de jais de ton cousin, duquel tu t’approchas pour le passer doucement au bout de tes doigts faussement à nu. Il y avait dans l’appropriation de ce coeur par ton aîné une beauté que tu aurais eu peine à décrire, un ordre naturel d’ascendance divine qui se réalisait telle une prophétie instituée en des temps immémoriaux, et tu ressentis dès lors une satisfaction presque infantile en voyant l’organe intégrer le corps de Bankichi.

Cette contemplation achevée, vint toutefois le temps du travail assidu et acharné, tes maigres compétences en matière de tutorat trouvant rapidement leurs limites face aux difficultés d’abstraction de ton cousin. Tu dus te résoudre, par la force des choses, à répéter les mêmes instructions et indications plusieurs fois sur un ton égal et en usant du même vocabulaire, dans l’espoir que ton pair puisse faire sienne cette méthode de cryptage pour laquelle tu ne connaissais aucun équivalent. Progressivement, cependant, Bankichi prit bien heureusement le chemin de la compréhension, finit par s’approprier le fonctionnement de ce procédé que tu avais extrait d’un esprit Oroneia au prix délicieux d’indicibles supplices. Cela fait, le tisserand de jais se sentit même suffisamment à l’aise pour se fendre de ses propres suggestions quant à l’utilisation que vous pouviez faire à présent de ce cryptage, aussi potent qu’intéressant. Tu avais bien sûr toi-même attribué un certain temps de réflexion sur ce sujet, depuis que tu en avais percé ce secret, et toutes les idées de ton cousin firent écho aux tiennes, à l’exception d’une seule.

Désinformer implique que l’ennemi a connaissance du procédé. Si ça devait arriver, le cryptage serait compromis. On ne pourrait alors plus prendre le risque de l’utiliser.

Tu marquas une pause en affichant l'air froid et grave du prédateur prêt à fondre sur sa proie, quand bien même ton corps n'envoya aucun signe qui pouvait laisser présager que tu aurais pu te lancer ainsi à la jugulaire de Bankichi.

Tu es le chef de la Chasse. T'apprendre ce cryptage était naturel. Efficace. Si tu le confiais à quelqu'un qui n'est pas digne de notre confiance, je devrais m'occuper de cette personne et la rendre à Izanagi. Tu comprends, oui... ?

… Avançons. Écris sur ce parchemin les clefs que tu veux utiliser avec moi et leur utilisation. Je ferai la même chose ici, ajoutas-tu en désignant du doigt un autre morceau de vélin déjà recouvert de gribouillis qui avaient servi aux explications préliminaires.

Tu t'exécutas pour ta part, sélectionnant des clefs de tailles et morphologies différentes selon leur usage en explicitant ce dernier pour chacune, puis tendis le parchemin à ton cousin. Lorsque ce dernier fit de même, tu entrepris alors de mémoriser sa production au caractère près, mobilisant toute la méticulosité de ton attention, avant de finalement jeter le morceau de papier dans le feu du brasero qui siégeait dans un coin de la pièce.

...C'est fait. Le travail continue.