12.10.24evenement L'évènement se termine officiellement avec son épilogue, qui révèle de nombreux éléments de la trame. De nouveaux enjeux arriveront dans les semaines à venir pour chaque faction !
21.07.24evenement Le deuxième Évènement du forum, « Les voix du passé » est lancé ! L'ensemble des RPs sont disponibles dans la catégorie qui lui est dédiée !
Cent huit ans avant notre ère, le chakra courut sur le monde comme une traînée de poudre. Venu de nulle part et de partout à la fois, il étreignit les hommes et anima leurs corps comme ceux des nouveau-nés dès leur premier souffle. Tel un raz-de-marée changeant le monde, son énergie leur offrit les prémices de ce qu’ils nommeraient « pouvoir », bien des années plus tard.
Celui de dépasser les limites que la nature leur avait jusque-là imposées. De donner vie et corps à leurs ambitions les plus folles comme à leurs vices les plus abjects.
Leurs chairs avaient été bénies de la grâce de l’alizée et de la force des typhons : leurs coups étaient plus précis, leurs organismes plus vigoureux. Un simple bond les menait jusqu’aux cimes des arbres majestueux du désormais Pays du Bois. Leurs pas les guidaient sans peine à travers les monts qui édifièrent bien plus tard les frontières de l’actuel Pays des Montagnes.
Alors, ils embrassèrent cette nouveauté comme chaque bien de l’Humanité : avec le profond désir de la dompter jusqu’au moindre détail, de faire cette énergie sienne avant tant d’autres. Il leur fallut des décennies pour maîtriser ce que le plus simple shinobi peut accomplir aujourd’hui – mais ils y parvinrent, en demeurant dans la profonde ignorance de l’origine du chakra.
Et ils comprirent. À quel point il pouvait receler la puissance de faire de l’imagination une réalité ; à quel point ils pouvaient dompter les leurs par la force et fonder les dynasties qui gouvernèrent le monde des années durant.
Régie par la noblesse, la richesse et par un grand sens de l'honneur et de la droiture, Homura se distingue ni plus ni moins des autres villages par son caractère guerrier à la limite du comportement militaire. Les shinobis qui sont formés pour devenir des shinobis d'Homura sont, dès leur plus jeune âge ou dès l'entrée dans la formation, forcés de respecter ce code d'honneur. Il est précisé que quiconque y dérogerait se verrait sanctionné de différentes façons... des travaux d'intérêt publique à l'emprisonnement et du bannissement des terres d'Homura à la pure et simple mise à mort.
❈ Tout shinobi doit être capable de se sacrifier pour la cause Homura-jin.
❈ Tout shinobi doit être capable de donner sa vie pour ses camarades, particulièrement s'ils sont plus jeunes ou s'ils sont moins expérimentés. De la même manière, il doit un incontestable respect à ces derniers.
❈ Tout shinobi doit être capable de se sacrifier pour les civils.
❈ Tout shinobi doit être capable de réussir une mission primordiale même si cela signifie abandonner ou laisser mourir ses camarades.
❈ Tout shinobi doit être capable de dissimuler ses sentiments personnels ; pire que cela, il se doit de les ignorer et de les faire passer au second plan.
❈ Tout shinobi doit une indiscutable fidélité à sa faction. Toute information dissimulée, cachée volontairement ou toute trahison quelconque sera sévèrement sanctionnée.
❈ Tout shinobi doit se dévouer à son entraînement et au perfectionnement de son corps et de son esprit. Il doit respect aux siens et aux autres, tolérance aux différences, empathie aux plus faibles et rigueur dans ses efforts personnels (qui doivent être constants et variés).
❈ Tout shinobi doit un indiscutable respect à ses supérieurs hiérarchiques et doit obéir au doigt et à l'oeil à leurs ordres. Toute insubordination sera sévèrement sanctionnée.
FUJIWARA SENCHI Portant sur ses épaules l'ensemble du clan Fujiwara, Senchi est un guerrier hors pair dont le jeune âge, la force d'esprit, la droiture, la témérité et les compétences l'ont rendu capable de se hisser au sommet. Un lien particulier mais inconnu le lie à Iwao, la Shogun, sans que personne ne sache trop quoi en penser. Certains le suspecteraient même d'être à l'origine de la mort de son père, bien que rien ne l'incrimine.
HYÛGA EIMEI Figure représentante du clan Hyûga, devenu chef en l'an 68, Eimei incarne toute la fierté des siens. Droit, noble, charismatique tout en restant sobre, il semble en savoir plus qu'il ne le devrait. Il est à l'origine de l'ensemble des mouvements du clan Hyûga, car rares sont les membres de son clan osant défier ses ordres ou agir sans son aval. Il fait parti de la branche principale.
NARA KUENAI Etant à la tête du clan Nara, Kuenai est extrêmement perspicace et dispose d'une intuition impressionnante. Très soucieuse des maux qui pèsent sur Homura, elle est parfaitement lucide vis-à-vis du comportement des siens comme de celui des autres clans et s'organise toujours dans l'ombre afin de limiter les dégâts. Certains la suspectent d'avoir assassiné Fujiwara Oda, et de nombreuses preuves mèneraient à penser qu'elle est coupable. Etrangement, elle rejette l'entière culpabilité sur Fujiwara Senchi.
À l'été 83, un shinobi d'Homura se rend au sein du temple souterrain découvert lors de l'attaque d'Oto sur Homura, en périphérie du Shogunat. Ses découvertes mènent le lieu à son scellement complet par le clan Uzumaki, ainsi qu'à l'amnésie du genin.
À l'été 83, 90 civils sont assassinés dans la bourgade de Rindо̄ par un homme se faisant appeler « le Boucher ». Au terme d'un combat qui se révéla être une victoire pour l'escouade envoyée par Homura, il fut assassiné par Yamamoto Janome au moment où il s'apprêtait à leur révéler les plans de l'Alliance. À sa mort, le pouvoir des fils noirs, le Jiongu, réapparu à travers le monde.
La venue de l'automne fut le théâtre de la plus grande attaque de l'Alliance contre le Shogunat d'Homura. Suite à la récupération d'Uzumaki Sadame – Jinchuuriki de Kyuubi que tous pensaient décédé – par les forces armées à la fin de l'été, l'Alliance se mit en chemin pour le reprendre par la force, de crainte qu'il puisse confier aux shinobis d'Homura tout ce qu'il connaissait malgré lui à leur sujet, lors de sa captivité.
Alors, si une escouade s'occupa de protéger le Jinchuuriki dans sa chambre d'hôpital, le reste du village, lui, dû s'occuper de Janome et de ses alliés qui tentèrent de mettre la Capitale à feu et à sang pour disperser leurs forces.
En hiver de l’an 82, Homura fut prise pour cible par les forces armées du Pays du Son qui attaquèrent de front la capitale de l’Empire. Rejoints par les autorités du Shogunat, les Genin firent face à de nombreux guerriers d'Oto, une dizaine de yokai éveillés ainsi qu'à Yamamoto Janome, qui se révéla chef d'orchestre de ce conflit. Alors que ce face à face tournait en défaveur d'Homura, Naga, un shinobi ayant rejoint leurs forces armées, s'énonça comme un traître qui avait enfin récupéré ce qu'il cherchait depuis toutes ces années. Il invoqua Kyuubi, le Démon Renard, avant de prendre la fuite avec Janome sur son dos... non sans avoir occis tous les yokai de ce dernier, comme pour le punir pour sa cruauté qu'il n'avait pas prévue au programme.
S'il y a bien un lieu dans lequel la mort peut survenir à tout moment, c'est bien au sein du Village Caché de la Brume. Depuis des années, afin de lutter contre le retard qu'eut prit le pays par rapport aux autres factions, les autorités de l'Eau se décidèrent à mettre au point une philosophie qui leur permettrait de rattraper l'avancement des autres factions. C'est notamment au travers de l'assassinat que ces derniers trouvèrent leur réponse et ainsi furent éduquées les jeunes pousses destinées à devenir les futurs shinobis de Kiri. A un style sanglant et sanguinaire, loin de toute valeur humaine.
▒ Chaque Shinobi doit être capable de mourir pour la Brume et pour ses habitants.
▒ Chaque Shinobi doit capable d'abandonner, de laisser mourir voire de tuer ses camarades si cela leur permet la réussite d'une mission primordiale.
▒ Chaque Shinobi ne dispose d'aucun sentiment personnel : ils doivent agir sous les ordres de la hiérarchie.
▒ L'entraînement de chaque shinobi doit être rigoureux et il doit toujours être au service de l'identité de la Brume.
▒ Chaque Shinobi doit servitude et obéissance à la hiérarchie, tout manquement sera vu comme insubordination.
▒ Chaque Shinobi doit tuer tous les adversaires qui se dresseront sur le chemin de Kiri.
▒ La Brume est l'alliée de Kiri, nul ne doit la remettre en question.
YUKI ZENRYŌ Yuki Zenryо̄, autrefois jeune membre du clan dont tous reconnaissaient le potentiel, devint chef de clan à la mort de Yuki Saburô en l'an 75. Très proche de la Mizukage, il lui assure son soutien inconditionnel et celui de son clan.
KAGUYA TAOSU Cheffe du clan Kaguya, Taosu est connue comme étant une guerrière redoutable et particulièrement avide de sang et de trippes. Supportant avec fidélité l'identité de ce clan depuis des décennies, elle est, malgré son apparence, extrêmement hostile, sournoise et meurtrière, si bien qu'elle est redoutée dans son clan entier. Elle éprouve une très forte rancœur envers Oboroge, la Mizukage, car sa simple présence a fait diminuer de manière importante son quota d'assassinats par jour.
SEIDŌ IMIFUMEI Personnalité émérite parmi les sabreurs, tout le monde au sein de Kiri connait Imifumei. Combattant redoutable maîtrisant Sо̄kо̄jikan, le Sabre du Temps, l'ensemble de Kiri le voit comme un shinobi imbattable. Il est vénéré de tous, car tous le connaissent comme un homme héroïque, portant de grandes valeurs d'espoir, de courage et de persévérance auprès des plus faibles.
Trois soldats de l'Eau sont approchés par Fuuha, une errante appartenant autrefois au clan Yuki dont elle a renié le nom. Si elle décide de partager le fruit de ses enquêtes sur la Brume sanglante avec quelques uns, d'autres n'acquièrent pas sa confiance – à l'image d'un certain archer jouant un double jeu, en faisant un rapport au Seigneur de l'Eau et à la Shodaime sur ses agissements.
Une escouade menée par Kaguya Bankichi permis à la Brume de repérer la trace de Shinchū et, au terme d'un affrontement difficile, de l'éliminer en le prenant par surprise. L'ensemble de l'escouade fut frappée par une marque maudite mystérieuse lors de son ultime râle.
À l'automne 83, Naga foule du pied le Village caché de la Brume en pénétrant dans la Tour de la Mizukage. Pressentant le danger qu'il représente, la Shodaime s'engage immédiatement dans un combat qui l'oppose à l'étranger, épaulée par la Brume sanglante qui, pour une raison que l'on ignore, ne parvient pas à le tuer malgré tous ses efforts.
Au sein du village, les autorités de Kiri se dispersent sur deux flancs : à l'Ouest, face à une yokai connue sous le nom de la Mariée sans visage ; et à l'Est, face à un homme nommé « Shuushin », un adorateur d'Izanagi qui se dit être immortel...
À l'hiver de l'an 82, Kiri souffrit simultanément la disparition d’un grand nombre de ses habitants et la désertion apparente de trois de ses éléments les plus prometteurs Les enquêtes menées révélèrent d’une part que les civils avaient été massacrés par des Yokais, dont le plus imposant était Shinchū, dit « le Yokai Originel », et d’autre part que les déserteurs avaient été tués par deux individus restés non identifiés, mais dont l’un d’eux manipulait une forme d'orage. L’hypothèse d’une alliance entre ces deux menaces n’était pas exclue.
Parmi les lieux les plus malsains et insidieux du Yuusei, Kumo s'y érige en maître. Faussement uni, le village est peuplé de shinobis qui ne souhaitent qu'agir pour leurs intérêts propres ou pour ceux des personnes pour lesquelles elles travaillent. Etrangement, cela est parfaitement assumé par tout le monde et ainsi sont éduqués les shinobis. En plus de cet état d'esprit, rédigé par le Daimyo en personne, Kumo dispose d'un Code de Renseignements que tout le monde doit consciencieusement respecter sous peine d'être sanctionné par le dernier. Evidemment, la crainte de ce dernier incite et invite tout le monde à les appliquer sans broncher.
ζ Chaque Shinobi doit être capable de mourir pour son Daimyo.
ζ Chaque Shinobi ne peut discuter des ordres de la hiérarchie. Aussi, tout manquement aux ordres du Daimyo est passible d'une peine de mort.
ζ Chaque Shinobi doit être capable d'accomplir toute mission, même si cela lui impose des sacrifices insurmontables.
ζ Chaque Shinobi doit s'entraîner en vue de récupérer toujours plus d'informations, et afin d'être toujours plus discret.
ζ Toute information récoltée doit revenir au Daimyo sans aucune exception.
ζ Toute personne surprise en train de comploter contre le Daimyo sera soumise à la peine de mort.
SHIRATSUCHI BAKU'EN Baku'en est, en plus d'être le chef du clan Shiratsuchi, l'homme qui les a relevé de leur condition de "parfaits petits soldats obéissants". Désireux de liberté et de justice, il est animé par une grande hostilité qu'il parvient à maintenir discrète pour restaurer l'honneur de son clan, qu'il estime bafoué depuis des décennies. Secrètement, il rêve de pouvoir mener une rébellion contre Koriki Tomio, au risque que cela mène à l'extermination des siens.
ABURAME YOKOSHIMA Fourbe, manipulatrice et très protectrice vis-à-vis des siens, Yokoshima est la cheffe du clan Aburame. Soupçonnée – sans preuves concrètes – par plusieurs personnalités d'avoir son nez fourré dans toutes les affaires, elle est autant admirée que crainte. En plus d'être une des rares personnes du clan Aburame à maîtriser les Rinkaichû, des rumeurs courent selon lesquelles elle serait à même d'agir efficacement, n'importe quand et dans tous les recoins du village.
INUZUKA “JINMENJUSHIN” Autrefois rejeton auquel l'on ne daigna pas donner de nom, abandonnée à la naissance au large du domaine en espérant que le nouveau-né pourrirait parmi les yokai pour être simplement née femme, celle que l'on connaît aujourd'hui sous celui d'une « bête à forme humaine » passa sa vie entière à lutter pour ne serait-ce que pouvoir voir une autre aube se lever. Les cicatrices comme les sévices qui marbrent son corps et son visages sont les reliques des nombreux affrontements qu'elle a endossé au cours de son existence, au point de devenir une vétérante du clan Inuzuka dont la force et la hargne était aussi crainte qu'elle était respectée. Les murmures des membres de son clan à son propos lui donnèrent, avec le temps, ce qu'une mère ne lui avait jamais offert – un nom ; celui de « Jinmenjushin », aussi rompue à la bataille qu'à la victoire. Une vieille et large balafre fend sa joue, faisant horriblement entrevoir l'arche de sa mâchoire jusqu'à son ossature, qu'elle arbore comme un trophée. À l'automne 83, elle invoqua une ancienne clause de son clan pour défier le frère de Getsumen – qui aurait naturellement hérité de son titre de chef de clan – dans un combat à mort pour obtenir le droit de guider les siens, ce qu'elle obtint en laissant derrière elle le dernier cadavre de cette lignée. Elle ordonna qu'il soit laissé à l'endroit où elle l'avait occis pendant deux jours, afin de faire passer son message : celui que les Inuzuka seraient désormais menés par une bête qu'ils avaient passés des décennies à renier.
À l'été 83, l'Alliance, menée par un Yamanaka inconnu, tenta de récupérer le Shodaime Raikage. Ils y parvinrent, mais ne purent le ramener en vie - Getsumen fut tué, alors inconscient, par un shinobi nommé Sumashâ.
Une attaque d'un Yokai dans le Domaine Aburame décima une partie du clan. Un kumojin et deux errants présents sur place, parvinrent à endiguer la menace et à en venir à bout, en le tuant avec une la dague d'annihilation des Aburame.
Un shinobi de l'Alliance maîtrisant un art shinobi inconnu s'apparentant à l'orage attaqua le Domaine Shiratsuchi pour tenter de capturer l'un des membres du clan. Celui-ci fut tué par un Shiratsuchi ayant libéré le pouvoir de la première pièce d'une arme mythique, retrouvée plus tôt dans l'année par les forces de Kumo. Sa libération généra une explosion titanesque qui ne laissa aucun survivant. À la mort de l'homme inconnu, le pouvoir de l'orage, le Ranton, réapparu à travers le monde.
Suite à de nombreux rapports attestant de la présence grandissante de yokai dans les montagnes, une escouade est envoyée par le Nidaime Raikage au début de l'automne 83 pour régler la situation – avant de réaliser que tout cela est dû à la présence de Corruption, l'un des quatre Shinobi Primordiaux, dont le sceau a été fragilisé.
Une seconde escouade est envoyée dans les profondeurs des monts de Kaminari, où l'un des Grands dragons est apparu dans le ciel, corrompu par les miasmes que laisse s'échapper le sceau de Corruption. Les kumojins se doivent alors d'affronter ces engeances sur les deux fronts, afin d'empêcher l'influence du Shinobi Primordial de s'étendre jusqu'au village, malgré le manque de coopération de certaines de ces forces...
À l'hiver de l'an 82, l'élection du Shodaime Raikage fit rage. Nommé presque unanimement, Inuzuka Getsumen prit le pouvoir et profita de son ascension pour tenter de mener un coup d'état contre le Daimyo, Koriki Tomio. Lui reprochant une cruauté sans nom qui punit, asservit et torture les innocents, une grande guerre civile éclata et le peuple Kumojin fut déchiré par l'affrontement des deux forces, alors que le Seigneur lui-même était présent.
Parcourant les rues de Kumo depuis déjà un bon moment, Taiga devait avouer que bien des éléments avaient changé. Pourtant, il était loin de se douter de tous les changements s’étant produits dans la cité.
S’il avait rencontré quelques personnes intéressantes, il désirait avant toute chose recroiser ses acolytes de fortune avec lesquels il avait affronté le yokai de chakra pur. N’ayant pas vraiment eu l’opportunité de remercier Wari, s’il avait passé un peu de temps avec Ran après les événements, il souhaitait recroiser celui-ci.
Faute de chance, Wari était difficile à trouver… N’ayant pas non plus développé la moindre capacité de détection depuis le temps, Taiga s’était concentré sur la localisation de l’homme à partir de son physique.
Par moment, il avait même croisé des aburames à qui il avait demandé conseil. Étrangement, la plupart d’entre eux avaient préféré l’ignorer ou n'avaient tout simplement pas les réponses à ses questions
Soupirant, la recherche des derniers jours avait été des plus épuisantes. S’arrêtant donc au restaurant où tout avait commencé, Taiga décida de boucler au moins quelque chose. La dernière fois, le yokai l’avait interrompu pendant son repas. Cette fois-ci ce serait différent.
Rien ni personne n’allait l'interrompre et il allait enfin savourer l’objet de sa convoitise.
Recevant un accueil réticent, mais chaleureux, il était l’unique client pour le moment. Lui permettant de décompresser, il attendait patiemment que le repas soit servi en discutant avec le cuisinier. Facile à reconnaître grâce à son chapeau et ses accoutrements typiques de Kaze, ils firent la discussion pendant de longues minutes jusqu’à ce qu’il soit finalement laissé à ses propres réflexions.
Depuis plusieurs mois, il en avait traversé des choses songea-t-il. Pourtant, l’impression d’être en retard et en décalage avec Kumo se faisait ressentir… Que s’était-il passé dans cette ville ?
Le vent soufflait avec cette morne constance qui déplaçait des volutes de poussière sur les reliefs rocailleux. Il était là, quelque part dans cette brise, un murmure léger, une intention dissimulée sous l'apparence du banal. Rien ne semblait trahir sa présence à quiconque aurait porté un œil distrait, mais pour moi, chaque vibration dans l'air avait son propre langage. Les insectes le savaient déjà avant que je n’arrive à leur niveau de conscience, leurs mouvements discrets et impalpables formant un ballet d’information autour de cette nouvelle silhouette. Zenin Taiga.
Je fermai les yeux, laissant mes sens se fondre dans l’immensité de la colonie qui cohabitait avec moi depuis mon enfance. Ou plutôt, cohabitait avec moi, devrais-je dire aujourd’hui. Leur présence au sein de mon corps était une constante, une symphonie perpétuelle de minuscules créatures aux intentions fratricides, semblables à des pensées parasites, hurlant pour exister alors même qu'elles menaçaient de me dévorer vivant, depuis qu’elles ne me reconnaissaient plus. A cet instant cependant, elles avaient cessé leurs querelles internes pour se concentrer toutes sur cet homme, et la sensation qui s’en dégageait était presque une délivrance. Un soulagement temporaire que je savourais comme une bénédiction, puisque cherchant à travers le fil de leur histoire tout ce qui pourrait racheter un peu de la véritable identité de leur maître, elles se focalisèrent sur lui. Je pouvais sentir leurs élytres vibrer à l’unisson, m’apportant l’information avec une clarté indiscutable : Taiga était là. Ce fantôme du passé, ce héros improviste, qui avait croisé ma route dans un épisode dramatique de l’histoire du clan Aburame. Dans ce silence devenu salvateur, je pouvais presque croire à une paix que je savais pourtant illusoire, ou du reste, temporaire.
Je pouvais comprendre mon peuple. Une part de moi s'éteignait un peu plus à chaque jour qui passait, rongée par cette malédiction induite par le sacrilège que j’eus commis en m’enfonçant dans les ténèbres de la Corruption. C’était à présent une plaie invisible qui me bouffait de l’intérieur, implacable, pernicieuse. Je la sentais dans mes veines, cet écho acide d’une destruction lente. C’était presque ironique, cette lente agonie, alors que la perte de mon bras avait été si brutale, si immédiate. Un simple éclat de lumière, une vision d’horreur incarnée dans le Susanoo de Yugô, et puis… le vide. Il m’avait peut-être pris plus qu’un membre ce jour-là. Il m’avait pris mon avenir. Ou ce qui en restait.
Ma vie était plus facile avant. Avant de perdre foi. Avant que Kumogakure ne me tourne le dos, avant que je ne devienne ce fantôme parmi les vivants, cette ombre portée que même les miens regardaient avec méfiance, d’autant plus depuis que mes colonies causaient des troubles au sein du biotope communautaire, exigeant que je m’en exile afin de limiter la contagion de mon Mal. Le pire, c’était de sentir la dégradation de mon être, seul avec mes tourments, au milieu des démons, de percevoir chaque parcelle de mon corps se disloquer un peu plus chaque jour, et d'être impuissant face à cela. A chaque instant l’absence de mon bras me rappelait mon échec, ce vide qui me déséquilibrait physiquement autant que mentalement. J’essayais de tenir bon pour ne pas tomber, mais parfois, lors des nuits froides et mordantes, quand mes insectes devenaient indomptables et vrombissaient pour me hanter, et que la douleur revenait en m’accablant de visions d’horreur, je songeais qu’une chute serait plus simple. Ce serait facile. Si facile.
Cette guerre intérieure en moi, ce n’était pas seulement la Corruption. C’était eux, les insectes. Ces colonies qui avaient longtemps été mon atout, ma force, et qui désormais semblaient autant prêtes à m’aider qu’à me détruire. Ils voulaient ma chair. Je le savais. La plupart d’entre eux chuchotaient la faim, incessante, insatiable. Leur voracité avait grandi à mesure que je me délabrais. Chaque pulsation, chaque vibration en moi résonnait de leurs besoins, des désirs primitifs qu’ils exprimaient sans faire état de ma peine. Se nourrir pour survivre. C’était la loi des parasites. La loi de leur espèce. Mais moi ? Que suis-je dans tout cela ? Que suis-je pour eux, à la fin ? Que suis-je pour la colonie, pour le peuple de Kumogakure, pour la Confrérie, pour mes camarades ? Je suis… perdu.
Kumogakure, cette cité que j’ai si longtemps servie, me condamne dans le mutisme qu’elle fait peser sur ma personne comme un plafond de verre, translucide, qui m’empêche de relever la tête. Ses dirigeants m’ont mis de côté comme une pièce défectueuse, et à vrai dire, je ne leur en veux presque plus. Pourquoi se soucier d’un soldat qui n’est plus que l’ombre de ce qu’il était ? Ce qu’ils ignorent — ou refusent de voir — c’est que ma déchéance est leur œuvre autant que la mienne. La politique, les machinations, les non-dits ; et mon affection toute particulière pour la profanation des mœurs publics. Ils m’ont laissé pourrir au bord du chemin. Et pourtant… J’ai encore ma fierté, ce mince éclat de volonté qui subsiste malgré tout. Qui refuse de disparaître complètement.
Les insectes, eux, avaient flairé Taiga depuis longtemps. Ils étaient des dizaines à converger vers lui, invisibles à l’œil nu mais totalement à la merci de mon esprit. Si je devais mourir, ce ne serait pas avant de savoir pourquoi cet homme était ici, et ce qu’il comptait faire de son propre destin. Avait-il seulement été récompensé pour son héroïsme ? J’espérais, d’une façon meilleure que la mienne. Je rouvris les yeux, et tout mon être sembla se recentrer. Les insectes pulsaient dans mes veines, dans mes pensées. Je pouvais sentir leur faim pour la chair, mais cette faim-là, je la canalisais. Leurs chuchotements, si présents, grésillaient dans un murmure infini, inlassable. Ils étaient ma malédiction, mais aussi mon dernier lien à ce monde. Mon ultime arme, alors que tout le reste s'effritait.
Je fis un pas en avant, mon corps las, fatigué et fourbu, attiré par cette histoire entre nous. Le poids du regard de Taiga ne m’échappait pas, tout comme je n'ignorais pas l'ombre qui couvrait ses intentions. Les battements de mes insectes s’intensifièrent, échos distordus de mon propre cœur qui peinait à suivre.
« Zenin Taiga. Je te croyais parti. »
Ma voix, rauque et creuse, se détacha du vent. Je n’étais plus qu’un homme sur le fil. Mais je n’avais pas encore sombré. Pas encore.
N’ayant même pas remarqué l’afflux d’insectes supplémentaires, le Zenin était uniquement concentré sur la préparation de son plat. Observant le restaurateur préparer le tout avec attention, quelle ne fut sa surprise d’entendre une voix familière.
Se retournant, un sourire sincère s’afficha sur les lèvres du manipulateur de chakra avant de saluer Wari alors qu'il se faisait intérrompre dans sa transe.
-Yo ! Wari, ça fait un bail.
Quelque peu différent, si son allure semblait moins fière qu’antan, son muscle n’avait pas cédé sa place. Fidèle à lui-même, la fatigue était toutefois omniprésente. Totalement différente de leur première rencontre, quelque chose avait peut-être changé chez Wari. Loin de lui l’idée de remettre en question sa confiance, mais il était loin du fier étalon s’étant présenté devant lui avant le combat contre le yokai.
Ne récléhissant pas davantage, Taiga se disait qu’il devait être fatigué, ni plus ni moins. Après tout, Wari était fort probablement le shinobi le plus puissant qu’il avait rencontré récemment. Ainsi, il était difficile pour lui d’imaginer une quelconque opposition de taille. Du moins, il n’osait l’espérer. Même si l’idée qu’il soit entouré d’une équipe moins efficace lui ait traversée l’esprit, il n’imaginait pas un monde dans lequel il était fatigué à cause d’un combat.
Quelque chose d’autre devait le tracasser. Était-ce les insectes qui se faisaient trop agaçants? Peut-être était-il en peine d’amour depuis le départ de Ran ? Ou peut-être qu’il avait juste faim ?
-J’étais juste parti en pèlerinage à Kaminari histoire de me changer les idées post-guérison. Ça tombe bien par contre, je te cherchais.
Lui faisant un nouveau signe de la main, Taiga interpella le serveur :
-Pouvez-vous préparer un autre plat pour le jeune homme ici présent ? L’addition totale est sur moi aujourd’hui.
N’ayant aucune idée de s’il désirait manger ou non, Taiga se contenta de l’inviter. Si leur première rencontre avait plus ou moins été houleuse, si à ce jour, il pouvait réclamer des relations positives avec Kumo, c’était en grande partie grâce à lui et Ran. N’ayant aucune idée des fourberies qu’il avait glissé entre ses vêtements pour le gêner en plein combat, Taiga ne voyait que ce qu’il voyait et dans le cas suivant, c,était une bonne rencontre.
-Je ne devrais pas trop rester longtemps à Kumo, mais je trouvais ça dommage de ne pas y repasser avant de quitter le territoire étant donné que j’ai à peine eu le temps de joueur aux touristes ou même de te remercier pour m’avoir aidé dans le domaine aburame.
Faisant totalement abstraction du fait qu’il était techniquement celui qui avait aidé un aburame à défendre son propre peuple, il poursuivit sous son altruisme égocentrique.
-Tu t’en sors comment depuis le temps? Tu m’as l’air fatigué dit donc ? J’ai l’impression que Kumo est étrange depujis mon retour, les gens t'embêtent ou c’est Ran qui te manque ?
Vivant bel et bien sous une roche depuis plusieurs mois, le Zenin n’avait aucune idée de ce qu’avait traversé l’Aburame, mais il s’était tout de même permis une petite taquinerie alors qu’il comptait l’inviter.
-D’ailleurs, prend ce que tu veux, je te dois bien un repas. Ne t’en fais pas pour les prix, je gère.
Comptant clairement utiliser les 500 000 ryos octroyés par Kumo, Taiga n’avait aucun mal à l’idée d’en faire profiter autrui, surtout qu’il n’oubliait pas les gens l’ayant aidé.
Dans le crépuscule des souvenirs partagés et des blessures invisibles, la voix de Zenin Taiga résonnait encore, chaque mot porté par une gravité tranquille, comme le poids d’une cicatrice ancienne. J’écoutais, absorbant ses paroles avec une attention minutieuse, presque douloureuse. Ses mots cousaient des étoffes ensembles, des morceaux séparés qui se rassemblaient sous la même aiguille, où se mêlaient la loyauté, la lucidité, un soupçon de fraternité et quelque chose de plus sombre, plus enfoui. Un pressentiment que nous partagions peut-être davantage qu’un statut de shinobi… un fardeau, une même frontière mouvante entre ce que nous sommes et ce que nous prétendons être, une frontière entre l'homme qui semble avoir les idées claires, et l'enfant, perdu derrière ce visage d'homme, et qui se trouve être en proie à l'errance dans un monde difficile.
J’ai laissé le silence s’étendre un instant entre nous, contemplatif, conscient de la retenue derrière son regard et de ce que chaque nuance dans sa voix suggérait. Mon esprit s’attardait sur ses paroles, tournant autour d’elles avec une curiosité prudente, la même que j’applique lorsque mes kikaichū explorent un terrain inconnu, leur bourdonnement sourd résonnant dans mon esprit comme une mélodie secrète. Cette histoire de pèlerinage, je venais de la connaître aussi, tout juste avant d'être contaminé par la Corruption, car j'étais tombé en disgrâce. C'était comme si nous avions vécu la même chose au même moment, et après les mêmes faits ; quelle ironie.
Je finis par rompre ce silence, d’un murmure presque trop mesuré pour paraître naturel :
« Kumogakure est une cité en perpétuelle évolution, c'est une ville mouvante qui épouse les lois de son temps, comme l'eau épouse la forme du contenant dans laquelle on la verse. Hélas les malheurs s'enchaînent et cela ne me surprend que tu la trouves différente depuis ton départ. Les choses ne vont pas très bien ici, et bien qu'il me plairait de t'en dire davantage, le poids de la loyauté et du devoir m'imposent de n'en piper mot. Sache seulement que tous les Aburame t'ont en haute estime, Taiga, et c'est à nous de te remercier. Sans toi, les choses auraient été bien plus dramatiques... ouais, je t'en dois une. »
Je m’arrête, posant sur lui un regard qui, je le sais, porte cette ombre d’inquiétude, ce reflet de misère. Peut-être est-ce l’âpreté de l’âge qui me fait évoquer le déséquilibre kumojin avec cette rigueur froide, mais en réalité, je ne doute pas que Taiga partage avec moi cette lucidité implacable, ce mur d’indifférence qui semble grandir avec chaque perte et qui dissout les chagrins. J'ai l'impression de sentir, à travers son récit, la même fracture qui me hante, la même ligne de faille où se nichent les souvenirs, les secrets qu’on s’impose de garder pour soi, et cette distance, cette distance qu'on cherche à mettre entre soi et soi, entre soi et le reste du monde, entre soi et ce que l'on sait de soi.
En m'installant, je me gratte le visage. Une pelure de ma peau, désormais parcheminée à cause du mal qui me ronge, s'échappe entre mes doigts et découvre des veines assombries par la Corruption qui se diffuse en moi, lentement, comme un poison distillé dans mon corps. Aussitôt, un insecte rampe sous ma peau, comme pour refermer cette égratignure - une petite boule qui se déplace sur mon visage, puis retourne dans mes entrailles.
« Tu sais, l’engagement qu’on nous demande… il ne s’agit pas simplement de servir, mais de s’effacer, de sacrifier jusqu’à notre propre identité. J'ai perdu un peu de ce que j'étais, dernièrement, et je ne parle pas que du bras qui m'a été arraché. Les choses ont mal tourné. Je suis devenu... plus fragile. » Ma voix s’était faite plus froide, comme si elle avait pris la température de nos pensées et de cette lucidité qui nous rapproche. « Sûr que te voir me réchauffe le coeur, et qu'une visite de Ran aurait l'effet d'un onguent ; mais toi qui erre sans dieu ni maître, tu as dû voir beaucoup de choses. Tu dois savoir que les attaches d'une cité comme celle de Kumogakure demande de nombreux sacrifices à ceux qui la représentent. Tel est mon fardeau, mais c'est ainsi que nous sommes élevés, ici. Mon existence ne m'appartient pas. Ma vie est dédiée aux citoyens de Kaminari no kuni, dussé-je tout perdre, y compris périr, pour qu'ils puissent vivre et être libres. »
Mon regard s’attarda sur lui, plus lourd, plus incisif, cherchant à percer le masque de celui qui me faisait face, à discerner s’il restait chez lui quelque flamme, quelque instinct plus vif que le détachement qu’il affichait.
« Et toi, que ferais-tu, si tu étais un shinobi de Kumogakure ? »
Mes mots étaient posés avec une attention exquise, chaque syllabe glissant dans l’air comme les ailes de mes insectes silencieux, porteurs d’une vérité qui s’accroche à la peau comme une deuxième ombre. Nous sommes des shinobis, oui, mais nous ne sommes pas des ombres sans conscience. Derrière nos masques, nous portons des visages et des vies, des passés aussi tranchants que des kunais, aussi amers qu’une brume de souvenirs. Elle était là, cette brèche entre soi et le reste du monde. Dans cette collision entre son monde propre et le monde qui nous entoure. N'avais-je vagabondé autant que cet homme, je savais du reste comme le monde était grand, et il me coûtait de ne pas explorer plus de terres comme il pouvait le faire. Quelque part, au fond de moi, j'étais jaloux. Jaloux de cette liberté totale. Mais j'étais curieux, aussi.
« Qu'est-ce qui est important pour toi, dans cette vie de pèlerin que tu as choisi de mener ? »
L’atmosphère était lourde, beaucoup trop lourde pour ne pas signifier un changement intense chez Wari. Frôlant la dépression, les sens de Taiga lui mirent légèrement la puce à l’oreille alors que le shinobi de haut calibre avait quelque peu perdu son panache. Que lui était-il arrivé songea-t-il et depuis quand était-il aussi sérieux ?
Se remémorant leur premier échange, Wari l'avait surpris par son comportement des plus particuliers. Légèrement bizarre, il s’était toutefois révélé être un chic type, une chose qu’il prouvait une nouvelle fois en le remerciant.
-Merci, mais ce n’est rien. Ton aide et celle de Ran ont été plus que capitales et bien franchement, j’avais réellement envie de manger du Yokai cette journée-là. Il a interrompu mon plat et m'a rappelé un autre yokai que j'antagonise particulièrement.
Tentant légèrement de détendre l’atmosphère, son regard se balada sur son bras. Manquant à l’appel, un sentiment d’effroi traversa l’ensemble de son derme. Puissant, même sans savoir les malheurs dont Wari faisait référence, Taiga pouvait en comprendre l’envergure étant donné la perte qu’il avait subie. Qu’avait-il affronté pour être victime d’une telle perte ? Son sacrifice en avait-il valu la peine ?
Les membres étaient des piliers importants pour un shinobi. Suffisant pour mettre un terme à la carrière de plusieurs d’entre eux, Wari était fort probablement encore un soldat, car il dépassait déjà largement la norme. Kumo ne pouvait se passer d’un tel niveau de compétence. Malgré tout, il ne pouvait imaginer ce qui trottait dans l’esprit de l’homme fier.
-Je t’avoue que je trouve noble ta cause… surtout au vu du prix que tu as payé. Le fait que ton bras ne soit pas la source de tes tourments me laisse encore plus sous-entendre la gravité de ce qui t’a heurté. Je ne creuserais pas davantage si tu ne souhaites pas révéler des informations confidentielles, mais mon oreille est toujours là au besoin.
Marquant une pause, Taiga réfléchissait alors que les plats venaient de leur être servis. De nature à avoir un énorme appétit et à ne pas laisser la nourriture attendre trop longtemps, sa faim se voyait toutefois freinée par ses pensées. Regardant dans la vide, il posa finalement son regard sur le Gardien des Aburames.
-Je t’avoue que ce n’est pas pour rien que je ne suis lié à aucun village shinobi. Ma liberté et mes ambitions priment par-dessus tout, sache-le. J’ai choisi la vie de pèlerin, car l’histoire de notre monde n’attend que d’être élucidée pour mener à son progrès. Les villages n’en ont bien souvent que pour leurs propres intérêts : la guerre, la puissance et les secrets.
Haussant les épaules, il poursuivit :
-Si je cherche à récupérer la puissance qui m’est destinée, la compréhension de notre monde et de son histoire demeurent mes champs d’intérêts principaux, ça et l’extermination d’un Yokai qui m’a un jour plongé dans le coma.
Marquant une pause, Taiga hésita, mais poursuivit en gardant son regard plongé dans les yeux de Wari.
-Lorsque je me suis réveillé du coma, j’avais l’impression qu’une partie de moi avait été bafouée. J’ai dû réapprendre les arts shinobis et encore à ce jour, je me familiarise avec mes capacités d’antan. Depuis, je me suis promis de le retrouver et de mettre fin à ses jours par mes propres moyens. Mais bon, chaque chose en son temps, pour le moment, je me concentre sur la compréhension de l’histoire et de ses cadeaux comme malédiction à travers le Yuukan. Au-delà du négatif, la société, les moeurs, la culture et les mythes ont tant de richesses à nous apprendre.
Léger malgré le poids de ces révélations, on pouvait tout de même y voir une certaine passion dans son regard. Or, contre toute attente, les paroles à venir étaient étrangement plus… intenses pour quelqu’un qui n’appartenait pas à un village shinobi…
-Si j’étais Shinobi de Kumo … haha. Je ne sais pas vraiment ce qu’il vous est arrivé en dehors de bribes d’informations que j'ai collecté par si et par là…mais…
Laissant un silence planer, son regard se balada à droite puis à gauche afin d’éliminer la présence de la moindre individualité nuisible pour leurs conversations. Sortant un journal faisant mention de l'éxécution du fils du Kage ordonné par le Daimyo, il pointa subtilement la rubrique avant de la ranger.
-Lorsque j’ai entendu ça, je dois t’avouer que je n’avais qu’une seule envie :
Le perçant du regard, les couleurs de la haine qu’il avait déployées dans leur combat d’il y a quelques mois refirent surface :
-Le buter.
Murmurant les paroles afin que des oreilles nuisibles ne puissent entendre ses mots, Taiga avait même pris le temps de masquer ses lèvres par précaution.
-Je ne peux partager mes sources, mais dès que j’ai entendu ce qu’il avait fait, je n’ai pas pu m’empêcher de faire des liens et selon moi, il a peut-être commandité l’assaut sur votre domaine…
Serrant son poing avec intensité, une rage hors norme se formait graduellement sur son faciès.
-Cet adorateur de merde fornique avec des puissances sombres et est selon moi une menace pour l’histoire et l'humanité, en plus d'être un ingrat.
Terminant finalement, Taiga ajouta :
-Le fait de ne pas être un Kumojine ne m’a pas empêché de vous aider la première fois. Cette fois-ci ne sera pas différente bien que les avis puissent diverger ou que je sois seul dans cette entreprise. Mon nomadisme m’importe puisqu’il a le don de me rendre libre, assez libre pour aller là où mon coeur et l’impulsion du moment me mènent. Tu le comprendras, les villages shinobi sont bien, mais ne laissent pas suffisamment place à l’égo de tous et chacun pour former une collectivité saine. Un shinobi compétent est un shinobi qui a la liberté d’évoluer. Un shinobi qui suit les règles au détriment de ses valeurs n’est qu’un esclave enchainé de manière invisible à mon sens. Même les insectes ouvriers sont plus distants de l'esclavagisme. Lorsque la reine en charge nuit au progrès et bien-être de la collectivité, elle est immédiatement remplacée pour le bien-être de tous. Chez les villages shinobi, ce n'est même pas le cas.
Désolé pour ses propos, il termina :
-Tu penses à quoi Wari? Du moins, qu’est-ce que L’Aburame Wari que j’ai rencontré la première fois et qui lutte encore à ce jour en aurait pensé ? N’as-tu pas envie de te délier de ses chaînes pour mieux briser la source du mal-être historique? N’as-tu pas envie de raser les racines qui gangrènent ce que tu tentes de protéger ? N’as-tu pas envie de te retrouver là où ils essaient de te noyer ?
Osé, le fauve appelait le shinobi à se rebeller et à se libérer de ses chaînes. Conscient de ce qu’il disait et des risques, ne sachant pas l’opinion de celui-ci sur le Daimyo ni sur ce qui se passait réellement, il ne pouvait s’empêcher de l’encourager à se révolter. N’appréciant pas de le voir dans un tel état, Taiga avait l’impression qu’il frôlait le point de rupture, un point de non-retour qui n’aurait que pour impact de l'affecter lui et uniquement lui. Aux yeux de Kumo, aussi triste soit-il, il n’était qu’un numéro.
Les mots de Taiga me laissèrent un instant en suspens. Tandis qu’il parlait, la gravité de ses intentions et son regard intense, cette déclaration hors-norme et originaire d'un homme auquel je devais une fière chandelle, frappaient à la fois mon esprit et remettait en question tout ce que je connaissais de lui. Cette idée de renverser l'ordre établi prenait une tournure encore plus inquiétante dans sa bouche : il parlait de tuer le Daimyô, d’un soulèvement. Et il semblait prêt à donner un sens tangible à cette vision, à la traduire en actes. Un frisson glissa le long de ma nuque. C’était comme si tout ce que je croyais connaître de lui s’effritait sous un autre visage.
La faim me rappela brusquement à la réalité, comme pour tempérer mes pensées, car en s'attaquant à ce qui me définissait autrefois, Taiga fit resurgir l'écho d'une souffrance que je tentais de faire abdiquer sous le poids de l'indifférence. Heureusement, ce plat qui reposait entre nous offrait une distraction opportune. Avec lenteur, je glissai les baguettes entre mes doigts et portai la première bouchée à ma bouche, savourant l’explosion de saveurs. La douceur du riz et l’assaisonnement, les gambas grillées et ces légumes mijotés, tout se mêlait avec une harmonie qui contrastait si violemment avec l’obscurité des paroles échangées. Ce contraste rendait l’instant d’autant plus étrange et précieux, comme si nous étions figés dans une parenthèse où ni les décisions ni les blessures passées n’avaient de place.
Je levai alors les yeux vers Taiga, reprenant mon calme, bien que son intention résonnât encore en moi avec une sorte de compréhension entendue. Bien sûr que cette idée me traversait l'esprit, et sans cesse.
« C'est audacieux, » dis-je en posant les baguettes, ma voix prenant une profondeur inhabituelle, « ce que tu envisages là, ce n’est pas une simple mission, et si tu n'étais considéré comme un héros par les nôtres, j'aurais sans doute le devoir de te tuer sur le champs. Méfie-toi de Kumogakure, les oreilles sont partout, chaque insecte qui rôde, en dépit de ce que tu as pu faire pour nous, est potentiellement ton ennemi. Tu t'es attiré les bonnes grâces du clan Aburame - mais je préfère te prévenir, nous ne sommes pas tous cousus dans la même étoffe, et il se pourrait que certains voient à un intérêt à t'abattre. Alors, rien que l'idée de tuer le Daimyô… ce n’est pas qu’une question de justice, de loyauté ou de vengeance. C'est un risque immense. Pour toi, pour tes proches. Vois comme les sanctions sont lourdes pour les traîtres, » fis-je en pointant le titre de l'article, pour faire référence à la décapitation d'un homme par la main de son propre père, en place publique.
Je pris une autre bouchée, laissant le goût épicé tempérer l’amertume qui montait. J’avais vu bien des shinobis mener des batailles qu’ils pensaient justes, mais les répercussions, elles, étaient souvent invisibles… jusqu’à ce qu’il soit trop tard. Mon père était mort ainsi. Sans doute Sumashâ avait-il péri de la même manière. J'avais moi-même failli y passer. En moi, pourtant, montait cette étrange conviction : Taiga se tenait face à moi comme quelqu’un qui avait déjà pris une décision de vie ou de mort, comme quelqu’un qui ne reviendrait plus en arrière. Je craignais cette détermination inflexible. Ici, elle pouvait être source d'erreur.
« Et donc, ce yokai qui te traque… » repris-je en m’adossant légèrement, posant les baguettes avec soin, changeant délibérément de sujet. « Tu dis qu’il n’a laissé en toi que des traces, des ombres, un passé effacé… dans ce cas, qui étais-tu avant cet oubli ? As-tu retrouvé des membres de ta famille, des indices de ton passé ? Peut-être que… retrouver cette partie de toi pourrait t’éclairer sur ta quête actuelle. Cela te changerait-il ? Je dis ça parce que, vois-tu, je connais un peu cette sensation, celle de perdre quelque chose de soi sans jamais pouvoir le rattraper. Ce vide… il te suit, un peu comme un ange-gardien. »
Je pris un moment pour lui donner la pleine mesure de mon regard, empreint de cette même curiosité que j’avais ressentie en explorant des ruines anciennes. Je n’avais jamais rencontré d’histoire que je ne souhaitais pas déchiffrer, et Taiga me semblait aujourd’hui être l’une des plus énigmatiques. C'est alors qu'une autre idée surgissait en moi, une proposition qu’il me fallait formuler, malgré son audace.
« Écoute, Taiga, » soufflai-je enfin, laissant une nouvelle bouchée s’attarder avant de la manger, réfléchissant à chaque mot comme si j’écrivais une page d’histoire secrète. « J’ai une certaine expérience dans la traque. Je sais pister des empreintes, percevoir des traces, olfactives, physiques, visuelles, je sais collecter les renseignements, délier les langues, me cacher, ratisser une zone au peigne fin. La traque, c'est mon domaine d'expertise : je suis un des meilleurs senseurs de Kumogakure. Si tu veux comprendre ce qui te manque, je peux t’aider à trouver ce passé… et à te prêter main forte pour exorciser ce démon qui te hante. Je te dois au moins ça, et je suis sûr que la cité acceptera que je t'accompagne. »
La proposition me parut folle dès l’instant où je l’exprimai, mais une conviction tranquille s’installait en moi. Je lui devais bien cela. Taiga, en sauvant les miens ce jour-là, avait créé entre nous un lien qu’il était impossible d’ignorer. L’idée de l’aider à reconstruire les ruines de son passé me fascinait d’une manière que je ne pouvais nier. D’autant plus que j’avais moi aussi connu, en quelque sorte, cette sensation de perte : dans cette caverne millénaire, entouré des traces d’une civilisation effondrée, j’avais ressenti l’absence, le poids du silence laissé par des âmes disparues. Et dans mon exil au sein des montagnes de Kaminari, et après avoir été contaminé par le Mal de la Corruption... tout cela m'avait défiguré.
« Ce passé, pourtant, pourrait bien changer ce que tu veux faire aujourd’hui. Parfois certaines révélations transforment un homme. Si tu venais à retrouver ce que tu as perdu… peut-être verrais-tu le monde autrement. Peut-être que ce besoin de vengeance… »
Je m’interrompis, conscient que je marchais sur un terrain glissant, mais j’insistai malgré tout.
« Si tu m’accordes ta confiance, si tu acceptes mon aide, nous pourrions retrouver ensemble des traces de ce que tu as été, explorer cette ombre lointaine, mais tu dois en accepter le prix. Le passé, parfois, est une chose fâcheuse, et si tu es amnésique, peut-être dois-tu redouter d'apprendre ce que tu étais, et ce que tu as fait. »
Je posai une main ferme sur la table, comme pour sceller ma promesse.
« Ce chemin ne s’emprunte pas seul et nul doute qu'il sera plus facile pour toi d'assurer tes arrières grâce à un compagnon de route, et d'avoir une oreille pour écouter tes confidences. La traque est quête parfois longue, un chemin pavé d'embûches, empli de fausses pistes, de doutes, d'angoisses, et la destination est incertaine, surtout si elle aboutit à observer ton reflet dans la glace. Qu'importe où cela nous mène, je suis prêt à t'aider. »
Dans cet instant suspendu, où le goût des épices se mêlait à l’âpreté des confidences, je savais qu’une étrange alliance pouvait se sceller entre nous.
Ayant relâché ses mots comme un fardeau trop lourd, Taiga se sentait beaucoup mieux. Pourtant, la réaction de Wari était plus étrange qu’il ne l’aurait cru. Loin des extrêmes, il n’était ni joyeux ni mécontent. On aurait plutot dit qu’il était plongé dans une profonde lassitude amplifiée par un mal-être imminent.
Plongeant dans son plat, comme s’il cherchait une échappatoire, Taiga l’observa attentivement. Se permettant même de laisser ses narines humer l’air environnant, il était clair que l’atmosphère était assez triste.
Loin d’être surpris quant à l’avertissement de l’aburame, Taiga devait avouer avoir que de nombreux insectes en dehors de ceux de Wari pouvaient l’épier. Plus important encore, malgré sa relation positive avec le clan Aburame, tous ne semblaient pas du même avis. Or, était-ce réellement possible lorsqu’un Daimyo agissait de la sorte ? Pourquoi ne profitaient-ils pas de ce moment pour s'attaquer à un ennemi commun?
Ne préférant pas pousser davantage ses réflexions, Taiga se concentrait sur ce qu’il contrôlait : sa propre personne.
Continuant d’assimiler l’ensemble des propos partagés par Wari, le fauve ne put s’empêcher de pencher la tête sur le côté. Perplexe, le Zenin tentait de cerner l'homme de marbre autant dans son ton, son approche que dans sa dynamique. Que lui était-il arrivé pour qu’il change du tout au tout à ce point ?
Ressentant une profonde tristesse, aucune once de désarroi n’était perceptible. Seul un froncement de sourcil arborait son faciès alors qu’il creusait davantage son désir de s’engager auprès de sa cause et de sa mission.
Wari essayait-il de le protéger ? Tentait-il de l’amener loin de Kumo pour lui éviter un assassinat potentiel ? Curieux comme approche, Taïga en avait même mal à la tête. L’empathie étant une de ces qualités méconnues de plusieurs, l’homme à l’approche digne d’un mafieux trouvait cela particulier de ressentir une telle aura en provenance d’un homme compatissant pour sa cause.
Se doutant qu’il devait y avoir autre chose derrière tout cela, Taiga suivit son instinct, phénomène qui le guidait depuis toujours.
-Hmm…
Réfléchissant, silencieusement, le Zenin posa finalement ses mains sur ses baguettes avant de manger avec attention. Si son plat commençait à être froid, il ne prit qu’une seule bouchée sans pour autant lâcher Wari du regard.
-Tu as certainement raison. J'ai pas fait gaffe, mais je t’avoue que voir tout ça a touché une corde sensible en moi. Tu le sais déjà je pense, mais je ne suis pas un héros, même loin de là. Par contre, je conserve quand même un code de valeur unique qui me rend imprévisible, mais qui aussi me pousse à réagir instinctivement dans certaines circonstances.
Lui partageant davantage d’information sur sa personne, Taiga tentait de gagner du temps, sachant que le plus lourd était à venir.
-Par contre, si ça peut te rassurer, bien que mon frère soit Kumojine, tu n’as pas à te soucier de mes proches. Mon père est décédé dans un contexte politique propre à Kaze. Ma mère quant à elle est hors de portée, tout comme mon frère d’ailleurs. Finalement, mes grands-parents sont très reculés de la civilisation, donc je doute que quiconque puisse les retrouver.
Ricanant avec légèreté comme s’ils étaient respectivement intouchables, il tourna la page :
-Seuls les liens récents que je forge comme celui que j’ai avec toi et Ran peuvent être sujet à problème je dirais, donc je tâcherais d’y faire gaffe quand même même si vous savez drôlement bien vous défendre.
Tournant la page, il ajouta :
-Quant à mon passé, disons que j’ai souvenir de pas mal d’informations, bien que je ne sais pas tout. Par exemple, la localisation de ma mère et de mon frère me sont respectivement inconnue bien que je sais avec pertinence qu’ils sont en vie et en état de se défendre. Je sais aussi que mon clan maîtrise depuis longtemps le chakra pur et qu’il cultive une certaine entente avec leurs ancêtres étant donné qu’ils pensent que nos capacités nous sont passées d’un ancêtre à l’autre. Du moins, c’est le cas de l’ensemble de ma famille sauf moi.
Ricanant légèrement, il poursuivit :
-Du peu que je sache, je suis le seul à ne pas avoir accès à cette facette de nos capacités, mais ça ne m’a jamais empêché d’utiliser le chakra pur. Au contraire, mon utilisation semble beaucoup plus innée.
Bien plus complexe que cela, c’était toutefois un des éléments sur lequel Taiga ne se souvenait plus des détails...
-Quant au reste, j’en apprends davantage au jour le jour bien que je n’ai aucune crainte face à ce que je peux découvrir ou même au prix. Je sais que quoiqu’il arrive je serais toujours fidèle à moi-même, c’est ancré en moi au point d’en être tatoué. Quant au prix, j'ai la chance d'être résilient économiquement, mais surtout mentalement. Ma force de caractère évolue, mais ne flanche pas.
Pointant son tatouage situé sur son épaule nue, il précisa :
-Transformation il y aura quand transformation sera nécessaire. On ne contrôle que le présent après tout.
Haussant les épaules alors qu’il tournait autour du pot depuis longtemps, il redressa finalement sa tête avant d’expirer.
-J’apprécie ton offre et ça me fera plaisir de l’accepter, à certaines conditions cependant.
Laissant un silence planer, il entama le sujet délicat :
-Une fois que nous l’aurons retrouvé, sauf si je dis le contraire, j’aimerais l’affronter en un contre un. Mon instinct me dit que c’est nécessaire sachant que chaque parcelle de mon corps brûle à l’idée de fermer ce chapitre. Par contre, rien ne t’empêchera de t’occuper de ses alliés sachant qu’il n’était pas seul la dernière fois.
Poursuivant la chute, il ajouta :
-Aussi difficile soit-il, j’ai l’impression que c’est une épreuve que je me dois de surmonter une fois prêt, donc avoir quelqu’un à mes côtés pour m'aider me ferait plaisir conditionnellement au fait que tu me laisses t’aider en retour bien entendu.
Changeant quelque peu son expression, ses sourcils dévoilèrent une nouvelle contrariété :
-J’espère sincèrement que tu ne me proposes pas ça pour m’éloigner au maximum de Kumo par contre. Comme dit, même si je t'ai aidé une fois, ce n’est pas pour autant que tu me dois quelque chose en retour d'autant plus qu'il a fait preuve de blasphème en utilisant des capacités qu'il n'aurait jamais du maîtriser. Bref, le climat au sein du village est-il pire que ce que je perçois ?
Observant Wari, il marqua une pause puis ajouta :
-Aurais-je aussi tort de croire que tu essaies de fuir quelque chose en ce moment ?
Posant sa main sur son propre menton, il précisa sa pensée :
-Fuir ou retrouver, je ne saurais dire en toute sincérité, mais je t’ai déjà vu dans un meilleur aplomb et j’ai l’impression que ton aura se questionne.
Lui tapotant amicalement l’épaule alors qu’il venait de renifler l’air en guise d’explication, Taiga l’invita à s’ouvrir :
-Dis-moi tout, quelle est cette fameuse sensation d’ange gardien qui te suit et depuis quand tu ressens cela ? Pendant qu'on y est, tu en es où avec tes propres objectifs?
Creusant, bien qu’Il avait envie de lui dire qu’il fallait détruire et confronter ces démons, Taiga pouvait le sentir comme s’il vivait lui-même les émotions. Connecté aux gens avec qui il tissait un lien comme s’ils appartenaient à la même colonie, il avait l’impression que Wari voulait parler. Il le devait.
Si Taiga ne pouvait canaliser d’esprits comme sa famille, une facette de sa personne incarnait tout de même l’essence même de la Meute.
Je pris le temps de fixer Taiga. J'avais choisi mes mots avec la prudence d’un homme qui s’était déjà brûlé à vouloir jouer trop près du feu. Avec tout ce que cela impliquait pour lui, pour moi, et pour notre entourage, je ne voulais pas risquer le poids d'un aveu qui le mettrait dans un pétrin comme le mien. Je compris rapidement que Taiga avait un cœur brûlant, aussi vaillant qu'une louve qui défend ses louveteaux, aussi fier que le cairn qui se dresse au sommet d'une falaise. Mes paroles, si je dévoilais ma position réelle, traceraient indubitablement une esquisse des tourments qui agitent le village et l’ébranlent dans ses fondations. Ses propres aveux était d'une gravité dont il n'avait pas immédiatement mesuré les conséquences possibles, mais je fus aise de comprendre qu'il était tout autant capable de faire dans la subtilité - la façon dont il menait ce débat en était la preuve formelle.
Après une bouchée gourmande de riz trempé dans la soupe de légumes, je fis l'effort de m'avancer sur ses interrogations.
« Je pense que la mort du fils du Raikage est assez évocateur de la situation troublante dans laquelle baigne le village de Kumogakure. Nul besoin de préciser, si j'ose dire, que ce n'est que la partie visible du tourment qui nous accable. Puisque c'est mon cas qui t'intrigue, je vais te faire la faveur d'une confidence à mon sujet. A la fin du massacre du clan Aburame, pour récompenser mes actes et mes progrès, j’ai été promu. Au rang de Chûnin. » Je me tus un instant, laissant les mots imprégner l’air entre nous. « Hélas j'ai été destitué presque aussitôt, pour avoir osé contester… disons, l’autorité seigneuriale. Le Nidaime Raikage, en personne, et ses consorts. J'ai cru bon de livrer ce que j'avais sur le cœur devant notre Grandissime, et mes mots sont devenus la cause d'une ire qu'il a déversé contre moi. Ce qui n'est qu'un incident mineur pour eux m’a valu de perdre les bonnes grâces de la hiérarchie et d'être mis en examen pour mauvaise conduite, sitôt ma rétrogradation actée, avec une surveillance rapprochée que je sais réelle, invisible aux yeux de l'homme mais claire comme de l'eau de roche pour mes innombrables guetteurs. Aujourd’hui, je me retrouve à tenir ce rôle ambivalent… il semblerait que j'inspire certains shinobi au sein du village, mais je reste en marge aux yeux des autres. Je suis devenu une mauvaise herbe, une renouée des oiseaux avec une notoriété en friche, un furoncle qui pousse au milieu du front. Je ne suis pas un problème insurmontable, certes, et ma loyauté n'est plus à prouver ; mais je dérange. Voilà tout. »
Je me forçai à esquisser un sourire, ironique et désabusé, l’ombre d’une grimace qui évoquait plus de rancœur que d’humour. « On pourrait dire que mon propre combat n’a pas été des plus victorieux. Mais je peux t'aider pour le tien, si d'aventures tu m'acceptes à tes côtés. Tu sais où tu veux frapper, et pour quoi. Tu as la tête sur les épaules et que tu es libre de tes propres décisions. C’est une chose que je respecte. »
Je laissai planer un instant d’obscurité dans mon regard, alors que mes pensées me ramenaient au souvenir lancinant de cette chute face à la Corruption, à cette expédition qui, en plus de me coûter sur le plan personnel, avait ébranlé bien des certitudes que j’entretenais jusqu’alors.
« Pour ne rien arranger, je suis impliqué dans les faits qui ont conduit à l'exécution du fils du Railkage. J’ai participé à une mission qui a remué quelques fondements politiques… sous les ordres de ce dernier. J'ignorais qu'il était à l'origine de cette expédition qui devait, sans nul doute, changer la face de Kumogakure. Je ne rentrerai pas dans les détails ici. Mais la tempête approche. Mon coeur est à équidistance entre le désir de m'y dérober et celui d'en faire partie, mais à ces émotions qui m'ont toujours fait défaut je préfère ce que me dicte la raison. Je préfère attendre que l’orage passe. J'ai été isolé des miens dès mon retour, pour les faits reprochés. On me somme de rester à l'écart de toute cette agitation. Ce n'est pas parce que l'on est entouré d'hommes que l'on se sent appartenir à un collectif. Je crois que te suivre serait le meilleur moyen de briser la solitude. »
Je m’arrêtai là, ne désirant pas trop en dire. J'avais peut-être déjà trop étalé de confidences, et cela ne me plaisait pas beaucoup. Tout ce que Taiga ignorait n’en serait que mieux protégé, un rempart de moins entre lui et les périls insidieux qui rôdaient autour de nous.
« Quant à ce combat que tu veux délivrer, je te laisse libre de le mener comme bon te semble, Taiga. Mon rôle n’est pas de me substituer à toi. Si tu me veux à tes côtés, c’est en allié, en appui. Si je trouve la route, c'est à toi qu'il appartient de décider si tu veux l'emprunter ou non. Je me tiendrai à tes côtés, je suivrais tes pas, mais je ne te ferais pas l'offense de décider à ta place de ce que tu veux faire. »
Mes mots résonnèrent un instant, et j’esquissai un dernier regard, une lueur d’espoir presque indéchiffrable.
« Si par aventure nous triomphons de cette quête, peut-être ton récit, à terme, pourrait-il servir à redorer mon blason aux yeux des Kumojins, à leur rappeler que, malgré mes propres erreurs, je demeure dévoué à ce village et à ce qu’il représente. Au passage, c'est une occasion parfaite pour moi de collecter du renseignement, et notre cité s'en réjouira certainement. »
Spoiler:
Au contact de Taiga, pour justifier ma présence au RP suivant, Stalker, j'active cette technique :
姫内緒 Hime Naisho | Princesse cachée — D
Aburame
Usant des arcanes coloniaux du monde entomologique, l'Aburame dissimule une femelle Bikôchû capable de se faufiler sur le corps d'une cible au moindre contact physique.
DISSIMULATIONUTILITAIREMONOCIBLEPUISSANCE DE RANG D
Observant Wari avec attention sans approcher son plat, Taiga savait qu’il avait posé une question risquée, voire critique. Pourtant, il était à l’aise avec le risque. Il valait mieux parfois poser des questions difficiles que de tout garder dans sa tête et assumer la réponse. Satisfait, son intuition lui prouvait de nouveau la nécessité de la suivre. Telle une boussole, il savait qu’il ne pouvait perdre le nord avec une telle approche.
Malgré tout, toute chose n’était pas forcément bonne à savoir et ce que lui partagea Wari ne fit pas exception. Renforçant son idée préconçue qu’il avait des villages shinogi, il n’hésita pas à pester bruyamment avant de s’attaquer à son assiette. Dégustant avec autant de fureur que d’attention les légumes cuits à la vapeur, il déposa ses baguettes avant de soupirer ouvertement pour lâcher la bouche semi-pleine :
-Les connards.
Plus fort que lui, il détestait ce qu’avait vécu Wari. Humiliant et destructeur, bien que le travail n’était pas tout dans une vie, le rang d’un shinobi était capitalt. Au-delà du grade, il y avait bien entendu le nindo d’un ninja, deux éléments qui avaient été piétinés par la politique Kumojine.
-La seule chose positive, c’est que les politiciens ont tous les mêmes stupides réflexes.
Croquant de nouveau dans un légume, il acheva sa pensée :
-Ils sont tous trop prévisibles et réactifs devant quelqu’un qu’ils ne peuvent contrôler.
Bombe à retardement, les iris de Taiga confrontaient ce qui restait de la fierté de Wari. Ayant plus fière allure qu’au début de leur discussion, le fait de partager de telles informations laissait croire à Taiga qu’il y avait eu un certain effet libérateur, du moins, il l’espérait. À ses yeux, l'aura autour de maître insectoide avait changé... Il ne le voyait pas, mais il le sentait.
-Quoiqu’ils pensent de toi, tant que tu es conscient de qui tu es ou de qui tu n’es pas, c’est l’essentiel. À la fin de la journée, ce qu’il qualifie de mauvaise herbe peut très bien gangréner le terrain supposé fertile qu’ils tentent de protéger par des moyens qui laissent à désirer. Bien souvent le terrain supposé fertile qui peine a poussé n'a aucun mal à accepter les mauvaises herbes cependant... comme quoi les lois de la nature participent aussi à l'histoire.
Les villages shinobis servaient trop souvent à canaliser les gens au lieu de les laisser exprimer leur génie. Si tous les shinobis ne méritaient pas forcément un tel honneur, quelqu’un comme Wari le méritait. Surpris qu’il ne soit pas Jonin, apprendre qu’il avait été remis au rôle de genin le frustrait.
-Par contre, Wari.
Marquant une pause, pour la première fois, Taiga dévoila un sourire. S’il se demandait si Wari avait été impliqué dans l’histoire des temples Kumojines dont Takeshi lui avait parlé, il était tout de même curieux d’en savoir davantage.
-Advenant que je décide d’embrasser la tempête et l’orage, me suivrais-tu tout de même ?
Posant une question sincère, son sourire témoignait de son imprévisibilité. Taiga ne prétendait pas, il était honnête et sérieux, comme s’il en savait plus qu’il ne le laissait sous-entendre.
Avec du recul, il était vrai qu’aller contre la hiérarchie Kumojine était important et intéressant. À la base, il était venu à Kaminari pour y explorer ce qui se cachait dans les montagnes, cherchant désespérément les pistes d’une civilisation cachée. Sans la moindre source ou piste, Taiga s’était uniquement fié à son intuition.
Trop lent, la communauté de moines étant découverte, ,mais sécurisée il désirait tout de même élucider ce mystère et voir ce qu’ils avaient aussi vu. Par chance, ce n’était pas la seule destination qu’il avait en tête.
-Dans tous les cas, tu tombes bien. Si je t’avoue que l’hésitation était palpable, je comptais rejoindre un de mes contacts afin d’acheter une piste à Kaze. Avec tout ce qu’il se passe en ce moment, j’ai besoin de retourner à la source et consulter des écrits anciens pour m’orienter sur la reconstitution de l’histoire du Yuukan. Kaze est l’endroit parfait pour retourner aux sources. Loin de toute altération et des regards un peu trop organisés, on devrait pouvoir être un peu plus libres en dehors du sable qui peut se glisser dans nos chaussures.
Posant cette proposition sur la table alors qu’il comptait de base y aller seul, il devait avouer qu’y amener Wari était une bonne idée.
-On pourrait même faire deux pièces d’un coup et y chercher le fameux Yokai que je pourchasse. Je ne sais pas s’il est encore à Kaze, mais quelque chose me dit qu’on trouvera au moins une piste.
Visionnaire, le flair de Taiga l’attirait dans cette direction.
-Après, ne t’en fais pas pour le reste. Sans vouloir t’offusquer, je ne pense pas que mon récit aura le moindre impact aux yeux des Kumojines, du moins pas plus que le tien a d’impact à mon sens.
Admirant l’énergie rebelle puisqu’elle honorait quelque chose de vrai, Taiga ne pouvait en nier l’impact :
-Tout n’est pas toujours perceptible à l'œil. Parfois, ça se sent uniquement, mais pour ça il faut accepter de respirer.
Le pointant du doigt, il termina :
-Si j’étais eux, je serais déjà inspiré, donc ne laisse pas les insécurités des politiciens te diminuer. Dans tous les cas, le voyage fait mûrir et parfois même il est nécessaire pour se retrouver ou évoluer…
S’attaquant à son plat avec plus d’attention, Taiga enchaina la diversité de mets l’attendant avant de prendre une pause.
-Si jamais, les deux ne sont pas mutuellement exclusives d’ailleurs.
Cartes sur tables, le nomade pouvait certainement voir l’utilité de collaborer avec quelqu’un comme Wari. Acceptant de partager sa solitude, c’était là un signe de confiance, mais aussi un signe de respect.
Malgré lui, son réseau commençait à s’étendre. Certes lent, Taiga avait toutefois le mérite de se concentrer sur le solide et uniquement le solide et à ce jour, le possible retour d’un Wari enflammé à Kumo était une histoire qui l’intéressait. Si Wari voulait le voir attaquer un chapitre important de sa vie, Taiga voulait voir ce que ce chapitre allait lui inspirer.
L’Histoire était écrite par les vainqueurs et jusqu’à preuve du contraire, ils avaient tous les deux triomphé une fois. La suite n’était que prévisible : la victoire et uniquement la victoire, un mouvement de révolte menant à un autre.