Deux silhouettes marchaient côte à côte le long d’une rue s’éloignant du centre-ville. De loin, on aurait pu penser qu’il s’agissait d’un père accompagnant son enfant, faute à la taille et la jeunesse de son compagnon de théâtre qu’il avait recruté récemment dans sa troupe. Elle portait sur elle un attirail vestimentaire clownesque, avec son maquillage de carnaval qui ne cessait d’attirer les regards des passants se demandant dans quel monde elle vivait pour se promener dans une tenue aussi ridicule. D’autant qu’elle n’avait pas l’air d’y prêter attention, et encore moins de s’en préoccuper, c’était plutôt son accompagnateur qui se sentait relativement embarrassé au début, mais qui au fur et à mesure a appris à faire fi de tous ces regards stigmatisants. Après tout lui-même était affublé d’une capuche de fourrure dont il ne se séparait jamais, ainsi se gardait-il bien de donner des leçons de mode à ses compères, une joyeuse bande de lurons marginaux, des vagabonds qui avait du mal à se faire accepter au sein de la société mais qui avaient appris à s’exprimer à travers l'art dans lequel ils excellaient. Usagi (c’était le prénom de la jeune fille) avait beau n’avoir que 16 ans, elle faisait preuve d’une maturité et d’un certain talent dans la couture et le maquillage, d’où le fait que Yoichi eut vu en elle un potentiel au sein de sa troupe, en effet qui de mieux pour être en charge de la décoration et des costumes ? Bien qu’elle fut encore une jeune pousse à la loyauté capricieuse, elle avait accepté la proposition du dramaturge moins par intérêt que parce qu’il avait su flatter son égo, longtemps fragilisé par le manque de reconnaissance dont elle avait fait l’objet auprès du public de Kumo. Une artiste incomprise qui ne demandait qu’à exprimer son art sous sa forme la plus pure, le compliment de Yoichi était semblable à une main qu’on lui tendait pour la première fois de sa vie.

— Rappelle-moi pourquoi j'ai accepté de venir?

— Parce que tu es mon patron et ton boulot c'est de me soutenir dans tout ce que je fais!

— Euh... je suis pas sûr que ce soit ça la définition (peut-être celle d'un esclave). Mais d'accord...

Leur coopération n’était qu’à ses débuts, il était optimiste quant à ses capacités à porter leur troupe de théâtre jusqu’aux sommets. Toutefois, elle n’était encore qu’un diamant à l’état brut, et il pouvait arriver que ses idées fussent inattendues, pour ne pas dire extrêmes. L’élan d’inspiration dont elle pouvait faire preuve parfois était difficile à brider, et Yoichi n’avait aucunement envie de briser l’enthousiasme de la nouvelle recrue. Tiraillé entre la nécessité de soutenir moralement sa collègue de travail (et techniquement son “employée”) et le sentiment qu’il se faisait entraîner dans des situations sur lesquelles il n’avait aucun contrôle et qui pouvaient aisément tourner au drame, il se retrouvait donc à accompagner Usagi plus ou moins contre son gré dans ce nouveau projet qu’elle concoctait pour leur prochaine oeuvre dramaturgique. On pouvait dès lors lire une certaine pâleur sur le visage déjà blanc comme neige du Tetsujin, il n’avait absolument pas hâte d’arriver jusqu’à leur destination, et encore moins d’être celui devant donner des explications. La petite fille au contraire, marchait d’un pas assuré, le regard fixe et plus déterminé que jamais sur l’horizon où l’on pouvait déjà apercevoir une barrière et une grande porte au milieu. L’endroit était calme, et plutôt glauque. Pas étonnant, puisqu’ils avaient mis les pieds devant un cimetière. C’était donc avec appréhension que Yoichi poussa la porte grinçante du lieu funèbre, tandis que la costumière lui emboîtait le pas, contemplant les tombeaux environnants avec une fascination esthétique.  A la première impression, les lieux semblaient bien entretenus, et il n’y avait pas de doute qu’une ou plusieurs personnes s’occupaient de cet endroit.

Au milieu de ce silence de mort, Usagi se précipita plus loin comme un petit chiot qui venait de trouver un nouveau jouet, le genre d’intermittence qui rappelait à Yoichi qu’elle restait une gamine derrière cette façade sérieuse qu'elle voulait se donner. Laissé seul au milieu des tombeaux, son regard glissait entre les différentes sépultures, s’intéressant aux noms gravés dans la pierre, comme s’il essayait de s’imprégner de la mémoire des morts et d’imaginer leur histoire, de la même manière qu’il matérialisait ses personnages dans chacune de ses œuvres littéraires. Sauf qu’ici il était en présence de personnes qui avaient vraiment foulé la terre, des personnes qui avaient quitté ce monde. Il n’était pas vraiment à l’aise avec le concept de la mort, le concept en lui-même était un memento mori qui faisait de l’ombrage sur sa volonté de vivre et laisser une marque sur le monde. Alors qu’il était plongé dans ses pensées après avoir été abandonné par la fillette qui était allée gambader plus loin dans le cimetière, Yoichi sentit un frisson glacial lui parcourir le dos. Ce n’était pas tant la peur des cadavres que l’impression de se sentir observé qui le mettait sur ses gardes. Des sueurs froides parcouraient son front délicat. Il n’avait qu’une hâte, s’en aller.

Le côté poule mouillée de Yoichi ne l’aidait certainement pas à rester serein au milieu de toutes ces tombes, mais il essayait tout de même de se donner du courage en se rappelant qu’il était un adulte et qu’il devait au moins garder sa dignité en présence de son employée, même si cette dernière avait complètement disparu de son champ de vision. Malgré tout ce n’était pas une raison pour perdre ses moyens à la moindre occasion qui se présentait à lui. Il n’avait rien d’un homme viril et encore moins l’étoffe d’un guerrier, il préférait les combats où il pouvait rester à une distance de sécurité plutôt confortable de son adversaire… Ou il préférait ne pas faire de combat tout court. Être marionnettiste, c’était le parfait compromis pour lui, puisqu’il pouvait faire combattre des pantins à sa place. En arrêtant son regard sur la pierre tombale face à lui, il se demandait s’il existait un jutsu en ce monde capable de ranimer les morts? Une idée un peu saugrenue et tordue certes, mais qui valait la peine d’être creusée. Il n’allait pas tenter l’expérience, son éthique l’empêchant de s’adonner à ce genre de pratique profane et immorale (quoique le projet de Usagi n’était pas très éloigné de cela), il savait néanmoins qu’il était possible pour lui de contrôler des êtres vivants avec ses fils de chakra si tant est qu’ils furent volontaires. L’heure n’était cependant pas à la stimulation de l’imaginaire mais à finir ce qu’ils étaient venus faire ici, et évidemment, la personne concernée était aux abonnés absents. Un long soupir, il n’avait aucunement envie de ratisser tout le cimetière pour retrouver ce garnement. Peut-être qu’il pouvait signaler sa disparition au responsable des lieux, pour que celui-ci l’aide dans ses recherches de l’enfant qui s’était perdue et qu’elle vienne le retrouver à l’accueil? Décidément il avait vraiment des idées de génie. Souriant bêtement à son auto-flatterie, le regard tourné vers la direction où la gamine s’en était allée, il fut complètement pris par surprise par la gamine numéro deux qui s’était glissé dans son dos, comme pour lui faire regretter d’avoir traité l’autre de “gamine” dans son esprit. Le karma.

Le cœur sortit de sa poitrine (pas littéralement bien sûr sinon ce serait trop gore et un peu fort quand même) au moment où il entendit le chuchotement fantomatique glisser dans son oreille. Avec le réflexe d’un pachyderme s’échappant des griffes d’une petite souris, Yoichi plaça les bras en croix devant lui pour se protéger, un trémor possédant l’ensemble de son corps jusqu’à hérisser les poils de sa capuche en fourrure, c’était dire à quel point il était terrifié. Les yeux fermés pour compléter la scène, il attendit quelques secondes, figé dans une posture statuaire ridicule. Un moment de silence et de malaise agrémenté des cris rieurs de corbeaux ponctuant l’atmosphère, même les volatiles en arrière-plan se payaient sa tronche. Voyant que rien ne se passait et qu’il était toujours en vie, il ouvrit un œil pour voir ce qu’il avait devant lui: rien. Il avait sûrement imaginé la voix. Il ouvrit l’autre œil en poussant un soupir de soulagement. C’était probablement parce qu’il avait lu tout plein de fictions d’horreur, et son imagination lui jouait des tours. Rigolant à sa propre bêtise, les mains sur les hanches dans une posture héroïque et le torse bombé empli de confiance, il se disait que finalement, il n’y avait rien à craindre et qu’il manquait de sommeil c’était tout. Finalement, il baissa les yeux vers la petite fille qui était habillée comme une croquemort ou un yôkai tout droit sorti des enfers pour hanter ses jours, il se mit immédiatement en position latérale de sécurité, tirant sa capuche sur son visage comme pour échapper à ce cauchemar éveillé. Les yeux fermés de nouveau, il se concentrait pour essayer de se réveiller mais rien n’y faisait, il était toujours là.

Il se releva, les vêtements poussiéreux après qu’il se soit mis en boule comme un fétus, râclant la gorge pour prendre la parole et ramasser les morceaux qui restaient de sa dignité. Il sourit d’un air gêné au compliment de la fille, en faisant mine d’oublier ce qui venait de se passer.

— Haha que c'était drôle! Drôle que dans un sens, oui. C’est un plaisir Chihaya! Moi, c’est Minamoto Yoichi, du pays de Tetsu. Je suis mercenaire à Kumo mais avant tout, un artiste itinérant et je dirige une troupe de théâtre qui va bientôt faire sa tournée dans le monde! Enfin… c’est ce qui est prévu, ce n’est pas comme si tout était prêt. Peut-être que vous pourriez nous aider justement.

Il tourna encore une fois son regard vers la dernière position de Usagi, celle qui était censée venue présenter le fameux projet au responsable du cimetière. Intérieurement, il se maudissait d’avoir accepté de venir pour finalement se faire abandonner et être celui qui devait faire cette demande absurde, et à une enfant qui venait de l’humilier en plus! Ces gamines je vous jure… Pas une pour rattraper l’autre.

— Bon, ce n’est pas vraiment mon idée hein… C’est pas pour embaumer les morts, mais plutôt les.. dé-baumer? Je sais pas si c’est comme ça qu’on dit. Enfin vous m’avez compris. On aimerait vous acheter un cadavre en fait.

Et là c’était le moment où son interlocuteur allait lui répondre “mange tes morts”.

Il avait l’air bien malin de faire une demande aussi absurde à une gamine, l’adulte qu’il était demander à ce que l’on fasse l’excavation d’un cadavre d’un cimetière, c’était comme ce que suggérait la maîtresse des lieux, s’approprier l’une des pièces d’un musée. Les corps des défunts n’étaient pas à vendre, et les sortir de leur repos éternel, il n’y avait rien de plus blasphématoire et immoral que de s’abaisser à ce genre d’acte, pour peu que son interlocutrice accède à la requête. Étonnamment, elle ne semblait pas fermée à l’idée et parlait de “procédures” ou de “permission” pour acquérir un cadavre, sous-entendant qu’il était réellement possible de le faire. Sous quelles conditions, il imaginait que cela devait dépendre du caractère impératif ou non de la demande, comme par exemple pour une enquête policière ou pour récupérer les biens enterrés avec un proche défunt. M’enfin, il n’était guère très versé dans les politiques des cimetières vis-à-vis de l’extraction des cadavres, il était content de demeurer dans son domaine d’expertise qu’était l’art du spectacle. C’était justement en vue de monter sa prochaine pièce que sa décoratrice lui avait proposé de la suivre dans ce projet à contre-courant des mœurs pour ajouter une touche de réalisme à la scène et épater les spectateurs. C’était ce qu’elle lui avait assuré au départ, maintenant qu’il venait d’en parler à la demoiselle, il réalisait qu’il avait fait l’erreur de donner trop de liberté créative à son employée, qui était entièrement en charge de cet aspect de l'œuvre dramaturgique. Face à cette impasse, Yoichi se retrouvait embêté, et forcé d’aller jusqu’au bout de cette grande mascarade dont il était la victime et Chihaya aussi, même si elle semblait plutôt compréhensive finalement.

— Des procédures? Je vous avoue que nous n’avons pas beaucoup d’argent pour l’instant. Pour ne pas dire rien du tout. On vient de lancer notre projet de théâtre, mais on compte bien vous rembourser les sous qu’on vous doit après la représentation. Considérez cela comme un crédit. On vous paiera avec les intérêts, promis.

Il relâcha un soupir. Qu’est-ce qu’il racontait? Cela devenait ridicule. Cherchant du regard le cimetière, il vit une silhouette se rapprocher, c’était Usagi qui revenait de son escapade solitaire, sautillant dans sa course, les pupilles emplies de curiosité. Une gamine gambadant joyeusement dans cette prairie mortuaire, Yoichi ne pouvait s’empêcher de sourire à l’ironie de la situation. Et cette Chihaya tout comme elle ne paraissait guère intimidée par les forces d’outre-tombe, au contraire, elle était parfaitement dans son élément. Voir une fille de son âge travailler dans un tel environnement était particulièrement intriguant, et il garda sa question de côté pour plus tard, tandis qu’il répondit à la dernière interrogation concernant la fonction qu’ils allaient donner au mort.

— Tout ce que je sais, c’est que le cadre va servir d’élément du décor, pour ajouter une touche de réalisme à la scène d’exposition lorsque les spectateurs admireront le champ de bataille. J’ai mes doutes mais ma décoratrice est plutôt difficile à dissuader. Quand elle a une idée en tête vous savez…

En parlant du loup, Usagi interrompit l’échange afin de s’adresser à la croque-mort gardant les lieux.
 
— Dites-moi, pour vous prendre un cadavre, il faut forcément amener sa propre pelle?

Yoichi fronça les sourcils, ne comprenant pas l’origine de la question.

— De quoi tu parles?

— Bah, je viens de croiser un groupe de personnes en train de creuser plusieurs tombes là-bas. Elle pointa du doigt la direction. Pour collecter des objets personnels, surtout des bijoux de ce que j’ai pu voir. Ils doivent avoir beaucoup d’amis et de proches dans ce cimetière!

Un silence pendant lequel Yoichi méditait sur ce qu'il venait d'entendre. Le diagnostic était facile à établir du moment qu’on avait un minimum de jugeote. Il était étrange pour des pilleurs de tombe d'opérer ainsi en plein jour. N'y avait-il plus de respect pour les morts? Quoique ce n'était pas le respect qui empêchait les deux saltimbanques de vouloir entrer en possession d'une dépouille.

— Je pense qu’on va devoir mettre de côté notre négociation, vous avez de la compagnie.

Visiblement ils n’étaient pas les seuls à vouloir emprunter un cadavre, d’autres au lieu de demander l’autorisation comme ils avaient l’intention de le faire, n’hésitaient pas à sortir leurs propres outils d’excavation. Bien que les fins fussent utilitaires, on pouvait dire que les leurs étaient moins nobles, puisqu’il s’agissait avant tout de déposséder les morts de leurs richesses. Existait-il vraiment des individus aux moeurs si morbides qu’ils se laissaient au larcin des macchabées, comme si détrousser les vivants n’était déjà pas assez dépravé, l’homme ne pouvait se résoudre à des vices qui étaient l’apanage du passé. Là où le bon sens guiderait les âmes raisonnées à arrêter leur geste, le désespoir des profanateurs des lieux sacrés ne connaissait ni limite ni conscience pour leur apporter les maximes morales qui les empêcheraient de commettre l’irréparable erreur de désacraliser les sépultures, si bien qu’ils rassemblèrent un cortège de brutes épaisses et patibulaires aujourd’hui. Le destin voulut que ce même jour, Yoichi et sa camarade décident de rendre visite au cimetière pour y faire leur demande spéciale, quoique ce projet risquait d’être retardé en raison de la présence du groupe d’indésirables qui venait de se manifester. Et la responsable de s’absenter pour aller à la rencontre des intéressés afin de leur exprimer ses remontrances.

De manière prévisible, la rencontre ne tarda pas à virer à l’échauffourée, même si étant donné les circonstances la diplomatie avait peu de chances d’être ne serait-ce que considérée, les roublards tous autant qu’ils furent se tournèrent comme un seul homme vers la courageuse kunoichi qui les toisa avec véhémence, leur reprochant à juste titre leur incartade. Plutôt que de les haranguer, elle attira d’abord leur attention d’un jet de pierre qui ricocha sur le crâne d’un des voyous. Curieux, Yoichi qui était témoin de la scène devina que la suite n’allait pas être agréable à voir et se tourna vers sa collègue de théâtre qui assistait en même temps à ce qui se déroulait plus loin sous leurs yeux:

— Qu’est-ce que tu attends pour l’aider, si tu le fais elle nous accordera peut-être une réduction?

— Ce n’est pas le moment de penser à ça!

Sur ces remarques, l’artiste vagabond rejoignit sans se précipiter la jeune fille tout en dégainant un éventail de sa ceinture, heureusement il arriva précisément au moment où un des individus avait décidé de répondre au jet de pierre de la kunoichi par une dague qui fusa en suivant une trajectoire rectiligne et qui menaçait de trouver sa cible. Au moment où la pointe de la lame n’était qu’à quelques centimètres du front de cette dernière, une force invisible arrêta l’arme de jet, et la fit dévier juste à côté de sa joue. Elle pouvait ressentir une légère brise caresser sa peau en constatant la dague plantée au sol, tandis que l’homme à l’éventail faisait quelques pas pour arriver à son niveau, esquissant un sourire décontracté à son égard, une sérénité qui contrastait avec le caractère critique de la situation. Sa confiance venait du fait que ce n’était pas la première fois qu’il croisait ce genre de vermine dans ses voyages, et ceux-ci souvent baissaient leur garde face à son apparence inoffensive. Ce qui lui conférait d’emblée l’avantage de la surprise. Peut-être qu’il allait en être de même pour son alliée qui avait les traits d’une gamine dont la témérité avait failli lui coûter cher? En tant que manieur des arts ninja, il était facile de reconnaître le potentiel d’un semblable.

— Que diriez-vous d’un petit coup de main? Les bandits de nos jours, ils attaquent sans dire bonjour, aucune politesse. Toujours sur le ton de l’ironie, il s’adressa au groupe d’en face qui se montrait de plus en plus hostile. Dites messieurs, vous avez interrompu une conversation très importante entre elle et moi, combien proposez-vous pour réparer ce préjudice? Faisant mine de réfléchir, il fit une proposition, qui était davantage sur le ton de l’obligation. Je sais, vous pourriez commencer rendre les objets que vous avez volé?

Sans plus attendre, il se mit à se concentrer quelques instants avant de balayer le vide devant lui avec son éventail de manière à créer une rafale de vent qui prit de l’ampleur, arrivant entre le duo et le groupe d’ennemis, flottant au-dessus d’eux comme un nuage tourbillonnant, et dont les traits ressemblèrent à ceux d’un énorme crapaud ouvrant sa cavité buccale qui se mit à aspirer l’ensemble des armes de jets et autres bijoux qu’ils avaient réussi à subtiliser, les cumulant dans une scintillante tornade qui finit par retomber au sol, au milieu de l’espace qui les séparait. N’y avait-il pas plus grande satisfaction que de voir un chapardeur se faire chaparder? C’était le genre d’ironie que le dramaturge aimait voir aussi bien dans le monde du théâtre que dans la réalité. N'ayant plus d'armes de jet sous la main ils furent obligés d'aller au corps à corps, les truands se craquèrent les doigts, plus remontés que jamais, marchant tous ensemble dans la direction du duo de ninjas afin de leur régler leur compte.

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