Dim 8 Oct - 6:49
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▶ Sujet: Baiser venimeux [Solo]
Aujourd'hui Il serait bien fatigant de passer plusieurs minutes bien inutiles à décrire de quoi a l'air le désert de Kaze aujourd'hui: sableux avec probabilité de roches sous le soleil, comme tous les jours que tu passes à parcourir le chemin entre les ruines des anciens établissements et les divers campements où tu séjournes au gré de tes voyages. On ne peut pas dire qu'il y aille âme qui vive non plus à l'exception de ton humble présence. Petit point bleu soufflé par le vent, tu reviens d'une enième quête infructueuse vers une autre ruine qui ne t'as apporté aucune réponse. Tu as bien dequoi être abattu si ce n'était pas qu'au moins, ces multiples échecs commencent à bien réduire ton champs de recherche et t'indiquer une direction de plus en plus claire.
... Mais cet endroit t'as mis une droite dans l'âme que tu n'as pas vu venir. Les battements de ton coeur étouffe le son des pas de ton autruche de sable qui dévalent les dunes à toute vitesse vers ton lieu de repos. Tu regardes à peine le chemin, les yeux ouverts, mais le regard lointain. Tu es comme ça depuis que tu l'as revu pour la première fois après toutes ces années. Toujours debout malgré le tremblement, comme une moquerie à la gloire de tes pêchés. Tu n'aurais jamais pensé le trouver encore là, et pourtant.
Ce maudit arbre.
An 62 Tu t'étais mise en tête de trouver un trésor inestimable pour ton village... ou au moins quelque chose qui rendrait jaloux ce rat de Jabu. Tu n'avais pas forcément d'idée de ce que tu cherchais, mais en dénichant une jolie couleuvre blanche au pied du grand baobab où tu jouais, tes yeux plein d'étoiles avaient trouvé le gros lot. "Ramaaaaa~!", t'écrias-tu au terme d'un duel pas si épique que ça contre le vigoureux serpent non venimeux que tu tenais fièrement par la queue. Finalement, tu n'étais pas mécontente que ton grand frère ait insisté pour t'accompagner lors de ton temps de jeu aujourd'hui. Tu avais peur qu'il n'arrête pas de jouer au grand patron, mais vous aviez heureusement croisé Jaya, une esclave du même âge que Rama qui appartenait au chef de votre village. Jaya était gentille et drôle, c'était normal que ton frère veuille rester discuter avec elle, du coup tu en avais profité pour jouer sans être dérangé. Chacun avait son compte dans l'affaire!
Mais au détour du baobab, l'horreur. "RamaaaaaeeeeeEEEERRRRRKKK!!!!" Tu ne pouvais pas en croire tes pauvres petits yeux choqués d'enfant. Tu en laissas allé la couleuvre que tu tenais dans ta main en grimançant de dégoût face au spectacle qui se déroulait devant toi. Rama et Jaya étaient enlacés l'un contre l'autre et s'embrassaient... sur la bouche! "C'EST DÉGUEUX!" Ton exclamation tira les tourtereaux de leur amour et ils se séparèrent abruptement, apeuré à l'idée d'avoir été découvert. "S-Sītā!" "Beurk!" Outré, tu avais tourné le dos au couple et tu marchais en direction contraire d'eux, les bras croisés. Tu n'avais plus aucune intention de parler à ton frère de ta vie, tu le trouvais trop répugnant. "Attend! Reviens ici!" "Non! GROS DÉGUEUX!"
"SITA!"
Il y eu un courant d'air, puis Jaya apparut devant toi comme si elle y avait été poussé par le cri strident qu'elle t'avait lancé. Elle était penchée et était si proche de toi que tu aurais eu peur qu'elle t'embrasse toi aussi si ce n'était de ton sourire pincée et du regard paniqué qui était très inhabituel dans ses gentils yeux bruns. Tu avais l'impression que son visage n'était comme plus... à sa place. Défait. Ton coeur se mit à battre plus fort. Tu avais un peu peur sans savoir pourquoi. "Sītā...", commença la jeune femme, plus doucement cette fois malgré sa voix tremblante. "Ton frère et moi, on jouait à un jeu, tu vois?" "Hmmm nan! Je sais ce que c'était! C'était un bisou sur la bouche!" Jaya te saisit brusquement par les épaules, sa poigne te traversant le corps jusqu'à l'âme. Tu ne pouvais plus bouger ni le petit doigt, ni le regard. "Tu ne dois rien dire à personne Sītā, tu m'entends?" Le visage de Rama apparu derrière l'esclave et il te saisit le bras lui aussi, serrant un peu trop fort à ton goût. "Ra-Rama..." "Si tu dis quelque chose, papa et maman auront de gros ennuis." "Ils vont battre ta maman.", acquiesça Jaya en te secouant un peu.
Tes petits yeux noirs se remplirent de larme et tu promis de ne jamais rien dire à personne sur le drôle de jeu auquel avait joué ton frère et son amie.
Leur tactique aurait fonctionnée s'ils en avaient fait un peu moins, s'ils ne t'avaient pas fait si peur. Vous êtes rentrés à la maison tout de suite après ça, raccompagnant du même coup l'esclave vers le village. Si vous n'aviez pas croisé Sabaku no Raju, votre père à Rama et toi au puit du village, vous vous seriez séparé de l'esclave et auriez fait votre chemin vers la demeure familiale. Mais lorsque tu vis ton père en train de discuter avec d'autres membres de ton clan, tu fus prise d'une grande panique que seul ton paternel pouvait calmer. "Paaaaaaaaapaaaaaaaaaaaaa!!" Toute en larme et en détresse, tu te jettas dans les bras de ton père et lorsqu'il parvint à te calmer un peu, tu parvins à articuler une source à ton angoisse que Rama n'eut pas le temps de tuer dans ta bouche. "R-Rama a embrassé Jaya sur la b-bouch-e...", braillas-tu bien innocemment.
Tu disais ça à ton papa. Pas eux autres autours. Dans ta tête d'enfant, c'était simple.
Le corps de ton père se raidit comme du fer, tu pouvais le sentir là où tu avais enfoui ton visage et où tu avais entouré tes petits bras. Tu eus peur à nouveau et tu ne voulus plus regarder. Il vallait peut-être mieux. Il y eu un échange de mots entre ton père et Rama, puis quelque chose de la part de Jaya. Un étranger prit la parole, puis d'autres et tout à coup, les adultes autour de toi se mirent à se crier les uns sur les autres très très forts. Tu étais surprise d'apprendre que tout le monde trouvait aussi ce baiser répugnant... mais pas pour les mêmes raisons. Des mains couvrirent tes oreilles alors pour ton plus grand bonheur. Quelques longues minutes passèrent, puis tu fus secoué. Ton papa aussi. Des mains t'arrachèrent à lui et tu poussas un cri en réalisant que tu étais maintenant dans les bras d'une voisine que tu connaissais, mais que tu ne voulais pas du tout voir aujourd'hui. "NON! Non! Je veux mon pa-" Avant que la femme te couvre la vision en t'enveloppant dans sa robe, tu vis ton père au sol être roué de coups au côté de Rama. La femme contre qui tu étais enlacé à présent tremblait très fort: tu remarquas qu'elle pleurait. Toi aussi.
Après un moment, le village retrouva le silence. Tu attendis un peu, puis tu osas tourner la tête de ton refuge afin d'ouvrir un oeil sur ce qui se passait. Mais tu ne compris pas grand chose.
Tu vis Rama rampant au sol face à Sabaku no Arjun, le chef de votre village. Son visage était face contre terre et ses mains étaient jointent devant lui. Il suppliait. Tu vis Jaya à genou devant son maître, se débattant en hurlant alors qu'elle était maintenu fermemant sur place par deux membres de votre clan. Tu vis le reflet de la longue lame d'Arjun sous le soleil. Tu le vis décider qu'une esclave n'avait pas besoin d'un beau visage pour servir. Tu ne pus détacher ton oeil de ton chef charcutant le visage de Jaya, ni du morceau de chair qu'Arjun lança derrière lui une fois sa besogne terminé. Ce morceau qui attérit si près de toi. Son nez. |
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Mar 10 Oct - 0:47
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▶ Sujet: Re: Baiser venimeux [Solo]
An 83 - Plusieurs heures avant l'instant présent. "Arjun?... Cette crapule a dû crever sous le poids de son palais quand tout s'est effondré. On n'en a plus jamais entendu parlé." Est-ce pêché que d'être soulagé de la mort de quelqu'un? Tu fis de ton mieux pour rester impassible face à cette nouvelle, mais tes parents savent lire en toi comme dans un livre ouvert. Assise à tes côtés autour du feu de votre campement - votre maison, de nos jours - ta mère saisit puis serra ta main, l'une des rares méthodes de communication qui lui restait pour témoigner son affection depuis le Tremblement. Ton père, toujours fisselé sur la luge qui lui servait de méthode de locomotion dans le désert, commençait à perdre patience face à toutes tes questions au sujet de votre ancien village. "Mais ça n'fait rien. Qu'il soit vivant ou mort, tu ne devrais pas aller là-bas.", conclus fermement ton père, ce qui te fit répéter une enième fois que "L'or qui se trouvait dans les caves d'Arjun s'y trouve forcément encore enfouit. Ce trésor a toujours appartenu au peuple!", ce qui relança le cycle de votre interminable querelle.
Ce sont de mauvais souvenirs, disait-il - Il avait raison. C'est une entreprise inutile, disait-il - Il n'avait pas tord.
Retourner dans les décombres du village de ton enfance dans le but de retrouver un hypothétique trésor qui n'intéressait presque personne, cela semblait beaucoup de travail pour être très déçue aux yeux de tes parents. Ceux-ci ne comprenaient déjà pas très bien ton besoin de mener des recherches au sujet du Tremblement, alors de vouloir retrouver de l'or dans le but de financer des projets de constructions quelconques, voilà une idée qui leur était complètement farfelue. "Tous ses esclaves, toutes ses possessions, tout l'or du village et des villages autour n'ont pas réussi à sauver Arjun du Tremblement! Tu chasses des fantômes avec ce trésor Sītā. Manger à notre faim. Avoir de l'eau à boire. Ça, ce sont des entreprises nécéssaires où tu trouveras du support." Ce qui te mettait le plus hors de toi, c'est que ce manque d'ambition n'était pas propre à ton père. En ce sens, il avait raison: tu pouvais bien ramener de l'or, mais les gens n'y verrais des pierres inutiles ou un moyen de quitter le pays.
Ou d'acheter deux ou trois esclaves.
"Un puit! Un réservoir! Par les dieux, nous en aurions bien besoin. Avec ce trésor, nous pourrions engager des ouvriers et-" "Nous, encore ce nous, mais pour qui tu t'prends!?" Le ton monta à nouveau. Tu te levas d'un bond - un privilège qui t'es réservé dans cette famille - et tu utilisas tes belles grandes jambes fonctionnelles pour aller prendre l'air... Enfin, pour aller plus loin. Ce n'était pas une bonne façon de se laisser avec un être cher, tu savais que tu pouvais y laisser plein de regrets, mais il n'y avait plus de conversation à y avoir entre ton géniteur et toi. Quant à ta maman, elle n'avait plus de conversation depuis plusieurs années maintenant.
An 62 Cette nuit là, le silence était tellement lourd dans le village que tu avais l'impression qu'il allait te percer les oreilles. Hallucinais-tu ce bourdonnement dans ta tête? Tu étais sonné, mentalement c'est à dire. Plus que ça, cette affreuse fin d'après-midi t'avait laissé dans un état de KO émotionnel dont tu mettrais plusieurs mois à te remettre. Le temps avait été englouti depuis la punition de Jaya et tu n'avais pas anticipé le crépuscule avant de le voir arriver. On t'avait séparé de ton frère et ton papa et tu avais été amené chez une vieille femme de ton clan qui s'est occupé de toi jusqu'à ce ta mère vienne te chercher. Vous faisiez votre chemin dans le village sans dire un mot, le bruissement du sable sous vos pas et tes reniflements saccadés les seuls indicateurs de votre présence dans les ténèbres. Maman t'avait dit qu'elle n'était pas fâchée contre toi, mais tu ne pouvais pas concevoir que tu t'en sortes aussi facilement. Jaya et Rama, eux, seraient certainement livides.
Tu geins un peu en repensant à la jeune esclave et c'est à ce moment là que ta mère arrêta votre route un moment. La maison n'était plus très loin et tu pouvais voir la lumière du fanal familial brillé dans le noir parmis les autres. "Petit aigle.", commença Sabaku no Satya en s'accroupissant près de toi pour t'accueillir dans ses bras. Cela faisait un moment qu'il n'y avait plus de larmes dans ton corps, mais tes hoquettements répétitifs rendaient la conversation beaucoup plus compliqué. "Ton frère Rama et Jaya sont amoureux... c'est ce que tu as vu, n'est-ce pas?" Tu hochas la tête, puis enfoui ton visage dans la robe de ta génitrice. "T-out est-est de m-a-a faut-e...", parvins-tu à articuler sous les frottements réconfortants de la main de maman sur ton dos. "Tu ne savais pas qu'ils n'avaient pas le droit d'être amoureux, petit aigle, n'est-ce pas?"
Encore un hochement de tête affirmatif. Enfin, à travers ton immense chagrin qui te paraissait infini, tu détectas une nouvelle émotion: de la curiosité. "Tu savais déjà que Jaya travaille pour Arjun, n'est-ce pas? Qu'elle est son esclave?" Tu savais, mais vraiment, qu'en savais-tu? "Jaya appartient à Arjun. Comme... comme nous possédons Yagichan." Il y eu quelques longues secondes de silence après que Satya ait mentionné la chèvre familiale. Tu ne voyais vraiment, mais vraiment pas le rapport avec Jaya, même si tu aimais beaucoup les deux (la chèvre et la fille). "M-mais... Jaya n'est pas une chèvre...", dis-tu, mais il s'agissait plus d'une question que d'une affirmation. Cela arracha un sourire triste à ta mère, qui te caressa la joue lorsque vos regards cuivrés se croisèrent enfin. "Jaya est une très gentille fille humaine. Malheureusement... son clan a perdu une guerre contre notre clan il y a très, très longtemps. Depuis ce temps, il arrive que des familles comme la sienne soit obligé de servir un maître à qui ils appartiennent. Être esclave, c'est travailler pour quelqu'un sans avoir le choix."
Tu ne savais plus ou donner de la tête.
Tes questions allaient devoir attendre car ta mère allant droit au but après ça. "Jaya est l'esclave d'Arjun... et notre chef-", poussant un profond soupire, Satya regarda autour de vous, ses yeux habitués par les ténèbres cherchant quelqu'un qui pourrait vous entendre, avant de dire tout bas: "Notre chef n'est pas très gentil avec ses esclaves... Jaya doit obéir à des règles très strictes et Arjun est très sévère. Rama n'avait pas le droit de-... Jaya n'avait pas à laisser Rama la courtiser!" Le mépris qui passa sur le visage de ta mère venait de t'abattre avec une vérité à bout portant. Devant ton mutisme et tes yeux équarquillés, ta génitrice reprit, mais te souleva dans ses bras pour te porter le reste du chemin vers la maison, qu'elle reprit. "Mais toi, petit aigle, tu ne savais rien de tout ça. Tu n'es qu'une enfant, comment aurais-tu pu savoir? Tu ne pensais pas à mal faire envers ton frère, n'est-ce pas?"
Non.
Non, en effet. Tout cela n'avait absolument rien à voir avec les bisous sur la bouche, finalement. |
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Ven 13 Oct - 5:34
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▶ Sujet: Re: Baiser venimeux [Solo]
An 83, quelques heures avant l'instant présent. Trouver la maison du chef parmis les ruines du village de ton enfance n'avait pas été aussi difficile que prévu. Tu te souvenais qu'elle était la seule à avoir été peintes. Les couleurs et l'agencement de celles-ci n'avaient pas d'importance pour Arjun, pourvu que sa maison fasse la démonstration de sa fortune. Bien que le sable avait balayé le site dans les cinq dernières années, tu n'eus pas à fouiller très longtemps pour trouver des décombres aux pigments inhabituels et en à peine une demi heure, tu avais identifié ton site de recherche. Creuser à la pelle et dépoussièrer au pinceau aurait nécéssité une éternité que tu n'avais pas devant toi, heureusement que ton clan avait sa propre façon de faire les choses.
Tu inspiras profondément l'air chaud du désert qui t'avait vu naître avant de fermer tes yeux. Tu avais l'habitude de simplement bander tes pieds plutôt que de porter des chaussures, à l'exception des nuits froides où tu ne pouvais faire autrement. Comme bien des gens, lorsque tu écartes tes orteils et que tu les enfonces dans le sable, c'est pour le plaisir et la détente... sauf que pour toi, c'est toujours un peu comme rentrer à la maison. Tu fermas les yeux et étiras lentement tes bras au-dessus de ta tête, guidant ton chakra dans la direction opposée. Doucement, ton énergie trouva racine dans le sol désertique: tu pouvais sentir ses ramifications s'étendre dans les profondeurs de plus en plus froides du sable.
Tu te sentais inébranlable et solide comme le grand baobab. Comme te l'avait enseignée Janna-sensei.
Tes lèvres se fendirent en un grand sourire et tu entrepris la danse que tu connaissais bien pour sonder le désert. Tes pieds fermement ancrés dans le sol, tes bras dans les airs, tu laissais le vent te balancer comme un arbre, déplaçant au même rythme ton chakra à travers le sable sous tes pieds. Une danse simple, la première que t'avait apprit ta professeure en t'initiant aux arts du clan Sabaku. Une danse très utile que tu avais trouvé très rigolote, jadis... que tu trouves rigolote malgré toi encore aujourd'hui. La vie est belle lorsque l'on aime ce que l'on fait, tu avais presque oublié ce que tu étais venu chercher. Ta zone de recherche était peu profonde, mais assez large pour te perdre dans ta lente danse au gré du vent. Au creux du sol, tu t'étendais tranquillement, interrogeant chaque grain de sable et retournant chaque pierre et débris à la recherche du précieux trésor d'Arjun. Ce n'était pas vraiment comme voir, plus comme avancer à tâton dans une noirceur familière. Lorsque après plusieurs heures de recherche, tu trouvas un corps parmis plusieurs débris-
Tu perdis ta concentration et ouvrit les yeux avec un léger sursaut.
An 62. L'humble demeure familiale n'avait que deux pièces pouvant être consacré au repos de ses habitants. À votre retour à la maison, tu appris que ton frère et ton père s'y trouvaient déjà, mais qu'ils prenaient soin de leurs blessures dans la ''chambre des enfants''. Celle-ci allait devenir la chambre de Rama et Raju, puisqu'il fut décrété en ton absence que ta présence aux côtés de ton frère était... non désirée. "Seulement pour quelques temps.", te rassura ta mère, avec qui tu partagerais une chambre jusqu'au jour du Tremblement... après ça, il n'y eut plus vraiment d'histoire de chambres à partager.
Ton petit corps épuisé avait été mis au lit aussi tôt arrivé à la maison, mais ton esprit continuait de vriller avec les informations de la journée, si bien qu'après plusieurs heures dans la noirceur et malgré la chaleur réconfortante de maman, tu n'avais pas trouvé le sommeil. Tu étais hanté par deux spectres: Culpabilité et Curiosité. Si seulement tu n'étais pas tombée sur Rama et Jaya, mais pourquoi ne pouvaient-ils pas s'aimer? Des questions, tu en avais beaucoup, pourtant tu aurais aimé mieux ne plus penser à l'horrible scène dont tu avais été témoin plus tôt dans la journée. Ta mère avait parlé d'une guerre bien avant ta naissance. Entre son clan et celui de Rama - le tiens. Mais pourtant, n'était-ce pas son clan à elle aussi? À moins que tu avais mal entendu, tu étais persuadé qu'elle était aussi du clan du désert.
Sabaku no Sita. Sabaku no Jaya. Sabaku no Rama. Sabaku no Raju. Sabaku no Satya. Sabaku no Arjun.
À défaut de compter les moutons pour dormir, tu comptais les Sabaku. À moins que deux clans aient portés le même nom dans ton grand pays, tu ne comprenais pas cette histoire de deuxième clan et de guerre. Encore moins pourquoi cela voulait dire que Jaya était obligée de travailler pour Arjun... ou pourquoi il pouvait la traiter pire qu'une chèvre. Tu eus un frisson et enfouit ton nez dans la couverture, espérant que la vision cauchemardesque de cet après-midi disparaisse et te laisse tranquille à jamais. Même sans les voir, tes angoisses étaient des ennemis invisibles dont tu ne pouvais pas te cacher: est-ce que ton frère allait t'en vouloir beaucoup? Et Jaya? Toute leur vie? Comment se portait Jaya, est-ce qu'elle était beaucoup blessée? Et Rama? Et papa? Il faudrait au moins attendre l'aube pour avoir des réponses à la plupart de ces questions. Après un temps qui aurait pu être quelques secondes comme une éternité à te tourmenter dans le lit, tu entendis un son familier. Des pleurs - ceux de ton frère, tu n'en avais aucun doute - étouffés par les minces murs de bois de la maison te laissèrent comprendre que tu n'étais pas la seule personne en détresse cette nuit. Tu joignis tes larmes à ce triste orchestre.
Personne ne dormit vraiment dans les jours qui suivirent. |
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Lun 16 Oct - 5:04
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▶ Sujet: Re: Baiser venimeux [Solo]
An 83, une heure avant l'instant présent. Ce n'était pas la première fois que tu déterrais un corps, ce qui justifiait peut-être l'inquiétude constant de tes parents pour la santé de ton esprit. Le Tremblement avait transformé le désert en vaste cimetière et il n'était pas rare que tu trouves quelques ossements surprises lors de tes fouilles. Si tu cherchais toujours à offrir aux dépouilles une sépulture aussi décente que possible, tu ne savais pas trop quoi faire de celle-ci. Arjun. Tu reconnaissais les restes de sa longue barbe noire sur son visage momifié. Tu avais vu beaucoup de cadavre, c'est vrai, mais c'était la première fois que tu voyais quelqu'un que tu connaissais dans un tel état de décomposition. Morbidement, tu ne pouvais t'empêcher de fixer ces orbites vides, cette bouche grande ouverte, ce corps sec encore habillé, mais dénudé de la vie dont tu l'avais vu être habité dix ans plus tôt.
"Tous ses esclaves, toutes ses possessions, tout l'or du village et des villages autour n'ont pas réussi à sauver Arjun du Tremblement!", avait dit ton père pour te convaincre de l'inutilité de la richesse. Le pitoyable spectacle gisant dans le sable à tes pieds se faisait pièce à conviction pour cet argument, c'était un fait que tu ne pouvais pas nier. Pire encore, dans la mort, personne n'avait cherché à connaître son sort ou du moins à récupérer sa dépouille. Ni sa famille - était-elle morte avec lui? - ni ses esclaves - tu n'avais pas trouvé d'autres corps en cherchant l'or enfouis. D'ailleurs... de l'or, tu n'en avais pas trouvé. La présence du trésor enfouis n'était pas un secret pour grand monde, peut-être que quelqu'un était venu s'occupé des corps des autres victimes et avait emporté le trésor en même temps, mais tu trouvais curieux que la personne ne se soit pas donné la peine de déterré Arjun au passage. Pourquoi se donner tout ce mal et ne pas finir le travail? Était-il haït à ce point?
Tu vis Jaya à genou devant son maître, se débattant en hurlant alors qu'elle était maintenu fermemant sur place par deux membres de votre clan. Tu vis le reflet de la longue lame d'Arjun sous le soleil. Son nez.
Une pensée affreuse longtemps refoulé par ton esprit refit surface et t'impregna d'un grand froid. Il était rare de frissonner dans le désert, mais tu ne pus t'empêcher de quitter l'ombre du baobab sous lequel tu avais tiré le cadavre du chef de ton village et d'aller te réchauffer au soleil. La lumière te fit instantanément du bien, comme si sa chaleur brûlait les mauvais esprits qui t'accablaient. C'était un vieux souvenir, une chose inutile que tu avais bien fait de chasser... mais, il avait le mérite d'être clair: Oui, Arjun était probablement haït à ce point. Une autre pensée, celle-là un peu moins affreuse et beaucoup plus plausible te vint à l'esprit lorsque tu remarquas un petit pieu de fer enfoncé dans la poitrine de la momie. C'était-il empalé sur quelque chose lors du Tremblement? Si c'était le cas, alors il n'était pas resté accroché, puisque tu n'avais sentir aucune résistance ni aucun débris le suivre de force lorsque tu as lentement animé le sable pour le cadavre à la surface.
Tu n'étais pas particulièrement emballée à l'idée de toucher un cadavre, encore moins dans cet état, mais... la curiosité l'emporta sur le dégoût et tu seras la main autour de l'objet qui perçait la poitrine d'Arjun. Il avait été empalé en plein coeur, une très grosse malchance mine de rien. La tunique de ton chef était certes tachée, mais il était sous terre depuis si longtemps que cela pourrait être du sang ou... peu importe ce qui a pu suinter de sa dépouille avant d'en arriver à cet état. Tu eus malheureusement besoin de toucher davantage la momie lorsque tu eus à prendre appuie sur son épaule pour réussir à retirer le pieu de son torse raide et déséché. Le craquement des ossements d'Arjun de fit froid dans le dos à nouveau. Le malheureux n'était pas quelqu'un d'apprécié ou d'appréciable, mais tu étais à peu près certaine que ce que tu faisais à ce cadavre était susceptible d'offenser un esprit quelconque quelque part.
L'objet de fer était pointu et d'étrange facture. Cela ressemblait à un grand clou pour planter une tente, mais fait de fer plutôt que de bois. Tu passas tes doigts le long de l'arme - enfin, de l'outil. Sa surface était trop impeccable pour avoir été forgé à l'aide d'un marteau et d'une enclume et sa texture était très étrange, comme... du sable. Pourtant, le poids du clou ne mentait pas sur sa composition: il s'agissait bien de métal. Du sang séché se trouvait encore dessus, t'indiquant que peu importe ce qui était arrivé, Arjun avait reçu ce pieu dans le torse de son vivant. Un bête accident? Une malchance liée au Tremblement? Tu sentais ton esprit s'emballer.
Tu n'avais trouvé aucun autre corps malgré tes recherches. Pas de trace de l'or du chef non plus. Quelqu'un aurait pu déterrer les corps et partir avec l'or, laissant Arjun le mal aimé derrière.
Ou... Arjun aurait pu ne jamais voir le Tremblement de son vivant. Arjun aurait pu avoir été assassiné. L'assassin - ou les assassins - aurait pu partir avec le trésor. La coincidence alors serait simplement la catastrophe abhérrante qui s'en serait suivi avant que quelqu'un ne remarque la mort du chef. Quant à sa famille, quant à ses esclaves...
Il y eu un courant d'air frais qui rapporta ton attention juste assez longtemps sur l'expression grotesque figée sur le visage d'Arjun pour te tirer tes pensées. Le pieu trouva sa place dans ta sacoche, que tu avais laissé au pied du baobab, le seul encore debout dans le coin.
C'est là que tu as réalisé où tu te trouvais.
An 62 "Papa, je l'aime!" "Qu'est-ce que tu racontes!? Tu dis n'importe quoi!" Tu t'étais isolée hors de votre humble maison pour éviter d'être entre les hurlements de ton frère et de votre père. Ceux-ci étaient incessant depuis que Rama et Jaya s'étaient embrassés: ton frangin, lui, n'en avait pas grand chose à faire de l'autorité injuste d'un chef que tout le monde détestait et souhaitait libérer sa bien aimée avec toute la fougue de son adolescence. Ton paternel se montrait on ne peut plus réaliste quant à la faisabilité de ses ambitions. Toi, tu n'en pouvais plus que toute votre vie ne tourne plus qu'autour de cette unique question depuis que tu avais ouvert ta fichue grande bouche. Tout était de ta faute, donc tu méritais probablement de souffrir un peu. C'était ce que tu croyais en tout cas et c'était la raison pour laquelle tu ne t'éloignais pas trop de la maison malgré les cris. Tu allais t'assoir dehors, simplement, bouchant tes oreilles lorsque la conversation devenait trop vulgaires pour ton petit coeur d'enfant. Tu te faisais du mal en restant là, mais au fond... où aurais-tu été si ce n'était pas à la maison?
Tu te dis que c'était surement la raison pour laquelle Rama restait dans les parages, lui aussi. C'était très évident qu'il était malheureux depuis l'incident, même s'il avait fait des efforts pour se montrer indulgent avec toi. Brave âme, après quelques jours, il s'essaya à venir te parler. À toi, sa petite soeur qu'il aimait tant et qui l'avait trahi. La conversation fut brève. Il y aurait un moment et un endroit. Il y aurait des sourires et des rires à nouveau. Pas maintenant, mais plus tard. Il t'en fit la promesse - il ne pouvait pas savoir que le Tremblement arriverait et l'empêcherait de la tenir, mais ça...
"Pourquoi vous le laissez faire? Pourquoi est-ce que tout le monde le laisse leur prendre leur argent!? Si tout le monde se levait contre lui, si nous tous et tous ses esclaves nous-" Tu plaquas tes mains sur tes oreilles dès que tu entendis le résonnement d'une puissante claque, la main de ton père sur le visage de ton père, sans aucun doute. Il s'en suivit plusieurs cris et des bruits de coups: Raju, comme tous les autres habitants du village, se devait de tenir sa famille en laisse s'il ne voulait pas subir le courroux d'Arjun.
Comme des chiens, tout le monde était terrifié. |
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▶ Sujet: Re: Baiser venimeux [Solo] |
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