▶ Sujet: [Mission B] Exploration du Marais Profond [FT. Kaguya Zetsumei]

 « Bonjour… »

 « Ah ! En v'là au moins un sur deux ! Je suis Hayabusa Renjirô, explorateur avec une petite renommée dans le métier. Et toi, comment tu t’appelles ? »

 « Ri...Riku… »

 « Parfait Riku. Tout ce passera bien, tu verras ! »

▶ Sujet: Re: [Mission B] Exploration du Marais Profond [FT. Kaguya Zetsumei]

Reprendre pied au sein des rouages de Kirigakure no Satô n’avait pas représenté pour toi un défi très ardu, mais arguer qu’il avait été facile à relever aurait été une totale exagération. Résister au quotidien à tes pulsions, les réfréner pour le bien de tes plus grands desseins et composer avec les idioties futiles qu’imposait une vie en société, fut-ce-t-elle celle d’une société militaire codifiée et pragmatique, n’avait en effet rien de particulièrement évident pour toi. Dans le même temps, mettre ces obstacles sur le même plan que ceux que tu avais dû bravé durant des années entières ne serait-ce que pour rester en vie n’était pas rendre justice à ces innombrables ordalies que tu avais passé avec succès. Que tu avais même, ne cessais-tu de te rappeler, pris un plaisir succulent à traverser. Oscillant au milieu de cette dualité, le salut de tes pensées venait avant tout de la perspective que te laissait entrevoir ce nouveau contexte, ce que ta destinée t’avait promis. Tu avais de surcroît pour toi, depuis cette longue décennie passée en isolement à hisser la sauvagerie au rang d’art suprême, à percevoir le temps différemment de la plupart. Malléable, sujet à la perception de chaque individu, il était pour ainsi dire sous ton contrôle pour autant que tu le décidas ainsi.

Alors que l’aube ce jour-là peinait encore à se frayer un chemin entre les nuages chargés d’humidité qui croisaient au-dessus de ton village, tu reposais encore allongé sur le dos, immobile, tes bras le long du corps, dans une semi léthargie qui permettait à ton attention de rester braquée sur le monde extérieur tout en allouant à ton corps le temps nécessaire pour se reposer. Avant même que le gradé chargé de distribuer les ordres de mission ne frappe négligemment à la porte de la maison familiale où tu séjournais à nouveau, tu entendis ses foulées qui entraient dans ton périmètre sensoriel, dans ce fort imprenable que tu t’étais érigé afin d’empêcher les prédateurs les plus retords et vicieux de te prendre en défaut. Tu te souvenais bien sûr de ces méthodes, dont tu avais déjà été le témoin lorsque jadis tes parents étaient encore appelés régulièrement à partir en mission, et tu pris dès lors quelques minutes avant de te lever, conscient du délais plus que confortable qui t’était laissé avant de prendre connaissance du document.

Stoïque, tu finis par te rendre sur le seuil, par ramasser le parchemin et à prendre connaissance de son contenu séance tenante. La rigueur de la lecture s’était éludée à toi cette dernière décennie, mais les enseignements que tu avais reçu naguère étaient fort heureusement trop profondément ancrés dans ta chair pour être simplement oubliés. Un trésor oublié au fin fond des marais du sud. Un explorateur intrépide. Une quête de connaissances, qui pouvait tout aussi bien cacher l’appel de la plus infâme cupidité. Il t’était toutefois inutile pour l’heure d’en juger, car seul ton concours importait. La Brume désirait te voir à l’oeuvre, après ton succès retentissant à l’examen Genin, et tu lui donnerais donc à voir exactement ce qu’elle espérait : un soldat prêt à suivre les ordres. Sans la moindre cérémonie, tu te mis donc en route pour les portes à pas mesurés, paré comme de coutume de ton armure d’ossements et de cartilages renforcés et d’un simple ceinturon, à demi dissimulé par tes ornements. Lorsque tu arrivas à proximité du seuil du village, tu aperçus au loin deux silhouettes : l’une correspondait assez bien à l’idée qu’on pouvait généralement se faire d’un explorateur ambitieux, tandis que l’autre allait plutôt chercher sa semblance chez tous les autres jeunes shinobi qui oeuvraient pour Kirigakure no Satô.

Tu ne ralentis pas ta foulée. Affichas d’emblée toute la majesté de ton apparence aux deux personnes avec qui tu allais devoir passer ces prochains jours. Ce ne fut que lorsque tes pas t’amenèrent à une poignée de mètres du duo que tu t’arrêtas enfin, les scrutant des pieds à la tête en sondant leur énergie. Le shinobi – celui qui en tout cas en avait le plus l’apparence – te semblait frêle et vêtu d’une façon fort peu pratique pour le genre d’expédition qui vous attendait. La même observation valait pour sa chevelure, fournie et rassemblée en arrière, qui ne t’évoquait rien à part un point faible à exploiter.

...Suis Zetsumei.  Vous emmènerai tous les deux, dans les marais. Faites ce que je dis, quand je le dis. Mission de renseignement, d’exploration : les objectifs ont priorité.

...Allons-y.

 

Tu ne passas pas une seconde de plus à dévisager les deux hommes qui allaient pouvoir s’enorgueillir de ta présence pendant ces prochains jours et commenças à marcher en fendant la brume de l’aube. Les défis qui t’attendaient, certainement, ne seraient pas de tout repos, mais après tant d’années à braver des dangers mortels au quotidien, tu recelais de deux choses en quantités pharamineuses : de la curiosité… et la conviction de ton succès.

Spoiler:

▶ Sujet: Re: [Mission B] Exploration du Marais Profond [FT. Kaguya Zetsumei]

Jamais auparavant n'avais-tu eu à voyager en compagnie d'un civil quel qu'il soit. Jamais, par conséquent, tu n'avais eu à endurer cette lenteur, cette inertie, ce rythme abominable qui confinait presque à la folie. Ce Renjirô que vous deviez escorter t'avait fait l'impression d'un homme robuste et capable, mais le poids de son bardas combiné à sa nature d'être inférieur ne lui permettait pas de fendre les bois et de survoler les routes comme vous shinobis. Et quand vous seriez arrivés à destination, songeas-tu, le problème ne ferait qu'empirer, exacerbé par un environnement que tu savais hostile et inhospitalier.

Tandis que vous faisiez route vers le sud, ta silhouette d'ivoire en tête, tu fis darder un regard inquisiteur en arrière vers l'explorateur et le dénommé Riku. Tu ne savais rien de ce dernier, de cette jeune pousse de Kiri sensée t'aider à accomplir ta mission. Ce que tu savais en revanche reconnaître avec certitude via une perspicacité forgée dans les îles sauvages, c'était l'incarnation de la faiblesse. Son regard apathique et fuyant n débordait, et tu te pris alors à extrapoler ce que comment pourrait se manifester sa contribution à votre besogne. Ta conclusion silencieuse fut loin d'être à son avantage. Tes dents serrées laissèrent échapper un soupir, alors que tu te résignais à t'arrêter au milieu du sentier pour confronter ton coéquipier.

Hey, heum... ! On s'arrête pour quoi, là ? Les marais vont pas s'explorer tout seul, 'savez, et...-

Tu fis quelques pas en direction de Riku, ignorant Renjirô et sa supplique enjouée en le dépassant avec dédain avant de te planter devant ton comparse.

...Rentre à Kiri. Pas besoin de toi.

Tu accompagnas ton injonction d'un geste de la main pour intimer à Riku d'obtempérer et de faire demi-tour, puis fis de même pour te remettre dans le sens de la marche, sous le regard interloqué et perplexe de l'explorateur.

Euuuuh... Vous êtes s... sûr ?

Tu ne lui accordas qu'un regard insistant et pénétrant avant de reprendre ta marche, invitant Renjirô à te suivre. Ce qu'il fit, faute d'alternative, mais visiblement légèrement préoccupé par la soudaine réduction dans l'effectif de son escorte.

Quand même... pauvre gamin.

Tu ne réagis pas, continuas sans t'arrêter en imposant le rythme le plus énergique possible à l'explorateur. Vous franchisâtes les reliefs intérieurs, dévalèrent les pentes humides des vallons qui balafraient le paysage, et alors que vous arriviez  à maintenir une allure qui te semblais presque convenable au vue des circonstances, un nouvel élément vint vous forcer à marquer une halte. Tu l'aperçus de loin, perché ostensiblement sur un arbre décharné, ses prunelles rouges et sa toison blanche tranchant dans le paysage. Un sabre à sa ceinture. Immédiatement, tu joignis les mains pour capter le chakra de l'énergumène et t'en faire une empreinte mémorielle unique, puis tu tendis le bras sur le côté pour intimer à l'Hayabusa de s'arrêter.

… Te retourne la question. Tu attendais. Les bandits, attendent. Dois te traiter comme un bandit... ? N'est pas ma mission, mais peux toujours prendre le temps.

Lentement, des os acérés se mirent à s'extruder de ton avant-bras, menaçant, exsudant une promesse meurtrière sans compromis.

Qui tu es. Ce que tu veux. Tu le dis, ou je m'occupe de toi.

Spoiler:

▶ Sujet: Re: [Mission B] Exploration du Marais Profond [FT. Kaguya Zetsumei]

Sans sourciller, tu observas l’épéiste de grand chemin descendre de son perchoir avec une grâce notable que n’aurait pas su produire le premier mécréant venu. Il s’approchait avec un aplomb certain, songeas-tu, et la vue plus précise qu’il t’offrit alors sur les pourtours de son arme t’ouvrit l’horizon d’une réponse quant à sa véritable nature. Une réponse qui se trouva immédiatement confirmée et étayée par la rétorque du jeune homme aux cheveux blancs, qui te confessa du même coup son nom et son rôle dans tout ceci. L’évidence fit alors son chemin : tu avais face à toi l’un des actuels détenteurs d’un Sabre Légendaire, l’un de ces élus du pouvoir chargés de châtier les ennemis de Mizu et de porter avec eux tout le poids de la loi de la Brume. Le dénommé Hashirama t’interrogeait à son tour, mais ton attention se trouvait dès lors absorbée par les indentations singulières qui zébraient le fourreau et la garde de l’arme, la dévisageant pour ainsi dire comme tu l’aurais fait d’un être humain.

S’agissait-il de Ryuketsu, de Hiboshi, ou bien encore de Sagiri ? La solution à cette énigme pouvait encore attendre d’être révélée, aussi rehaussas-tu ton regard ambré vers le visage pâle de cet Hashirama pour lui répondre avec un détachement palpable.

...Ne faisait pas l’affaire. L’ai renvoyé.

Tu réfléchis un instant à la situation. Troquer u  introverti hésitant contre l’un des sept Sabreurs n’était pas pour t’incommoder, surtout alors que garder ce chasseur de trésor en sécurité faisait partie de tes prérogatives. Tu considéras le jeune shinobi, de même que sa dernière interrogation. Tu ne dis rien d’abord, te contentas de rétracter dans ton corps les os perforants que tu avais ostensiblement préparé en vue d’une potentielle éviscération. D’un signe de la main, tu intimas l’ordre à Renjirô resté en retrait de se remettre en route et fis de même en te dirigeant vers le flanc de l’épéiste, à côté duquel tu passas sans lui accorder un regard.

En avant, Sabreur.

Nul besoin d’en dire davantage à présent que vous vous trouviez mutuellement présentés, quoi que de façon très informelle. Ainsi reprîtes-vous votre périple à destination des marais profonds du sud, accompagnés d’un Renjirô Hayabusa relativement ravi d’avoir ainsi récupéré une partie de son escorte. L’énergumène était d’un naturel optimiste et enjoué, mais prompt au doute et à l’incrédulité avais-tu remarqué, lorsque l’imprévu se glissait dans ses entreprises. Ton travail, et celui d’Hashirama, était précisément d’empêcher l’imprévu de lui coûter la vie, mais tu devinais la difficulté d’une telle prérogative lorsque la personne à protéger s’estimait elle-même assez compétente. Dans un silence de tombe, tu menas votre trio toute la journée durant vers votre destination, à la lisière de laquelle tu t’étais déjà rendu étant plus jeune. Le jour déclinant, tu imposas bon gré mal gré une halte aux abords d’une cavité affleurant contre un relief de la dernière vallée que vous eûtes à arpenter, où vous passâtes la nuit dans un confort qui t’était pour ta part tout à fait suffisant. Tu aurais pu songer, seul, à entamer l’exploration des marais au crépuscule malgré les risques, mais c’était hors de question en compagnie d’un civil.

Au premières lueurs de l’aube, tu mis toutefois tout le monde sur le pied de guerre sans aucun ménagement.

Marais à moins d’une heure par là, fis-tu en désignant le sud-ouest de la main. Vos pas dans les miens, nul part ailleurs. Vous dis de sauter, sautez. Vos yeux, gardez bien ouverts.

Tes injonctions passées, tu repris la tête de votre trio, ignorant les palabres de l’explorateur.

Ha ! ‘Savez Zetsumei-san, c’est pas mon premier marais ! Je sais comment faire, dans ce genre de bourbier, hé !

Tu forças le rythme de la marche, et ce ne fut finalement qu'après une quarantaine de minutes de randonnée sportive que vous arrivâtes en vue des marais. Et alors, même toi tu dus marquer un temps d'arrêt pour prendre la mesure de la tâche qui vous attendait. Drapées dans d'épaisses nappes de brouillard aux nuances changeantes, les étendues désolées se fendaient de reliefs inégaux et traîtres, parcourues de troncs décharnés qui semblaient investis du plus ténu des fils de vitalité qui soit. Ne serait-ce qu'avancer sur ces terres, songeas-tu, allait s'avérer une gageure incroyable, mais de choix dans votre approche, il n'en existait point. Tu avanças donc vers la lisière, ressentant sous tes pieds le changement qui s'opérait peu à peu dans la constitution du sol. D'abord plus meuble, ce dernier devint rapidement impropre à toute forme de marche, et tu fus obligé de rebrousser chemin de quelques pas en faisant signe à tes ouailles de faire de même. Tu relevas les yeux vers les lignées de végétaux rares et aux silhouettes mortifères, étudiant leurs formes, leur implantation dans le paysage. Leur apparente résilience.

Tu passas ta main dans une touffe d'herbes hautes, les attrapas avant de tirer dessus fermement. Les feuilles se déchirèrent, mais leurs racines restèrent immuablement implantées dans le sol. Au contraire de quelques tiges, sèches et rigides en apparence, qui avaient cédé à ton passage quelques mètres plus loin.

Hashirama. Repère ces feuillages. Suis-les. Dis-moi, si sol praticable. Renjirô, restez là.

La nature des végétaux qui arrivaient à subsister dans cet environnement, te dis-tu, pouvait être la clef de votre progression dans cette première partie des marais, et peut-être au-delà.

▶ Sujet: Re: [Mission B] Exploration du Marais Profond [FT. Kaguya Zetsumei]

Tu restas un instant immobile sur le terrain inégal afin d'observer la progression de ton allié Sabreur, qui s'employa à suivre tes consignes sans laisser entrevoir de potentielles réticences à se trouver incidemment subordonné à un autre Genin. En retrait, Renjirô vous regardait tout deux en croisant les bras, l'air confiant et assuré, comme si se trouvait déjà dans son esprit la solution au problème qui se posait. Un premier obstacle, qui aurait pu s'avérer anodin pour toi ou tout autre shinobi capable, mais qui prenait d'autres proportions lorsqu'un civil se trouvait de la partie. Après quelques premiers pas hésitants et prudents, Hashirama se trouva enhardi par on succès et accéléra la cadence, opérant par petits bonds et pirouettes pour évoluer sur les lignes végétales que tu avais identifiées. Ton hypothèse, semblait-il, était en train de se vérifier : là où ces plantes poussaient, la nature du sol était propice à accueillir le poids d'un homme pour lui permettre d'y avancer. Mais alors que tu t'apprêtais à faire signe à l'explorateur d'emboîter le pas à ton coéquipier tout en te préparant toi-même à emprunter un sentier de fortune analogue, tu aperçus et entendis la chute. La silhouette du Sabreur, au loin sur le côté, venait de s'effondrer dans les contours du marais, un bref cri mêlant douleur et surprise s'échappant dans le même temps de ses cordes vocales juvéniles.

Ohw merde... !

Renjirô avait décroisé les bras et entamé une course à travers les pousses salvatrices, poussé comme par la conviction de pouvoir tout à la fois être la personne à protéger et le sauveur.

Stop. Arrête-toi.

Tu avais fait porter ta voix fort et loin, une froideur assassine en trame de fond, pour faire comprendre à ton colis humain tout le sérieux de ton injonction. Il te décrocha un regard associant le courroux à la servilité, conscient de ne pas être en mesure le moins du monde de discuter tes directives. Tu rejoignis alors toi-même avec prudence et doigté la position d'Hashirama, que tu retrouvas tordu de douleur, les mains sur sa cheville droite. Inutile de posséder dès lors ton intuition et ton sens de l'observation pour conclure l'évidence, à savoir que le Genin élu par Hiboshi venait de s'infliger une blessure aussi anodine qu'handicapante en pêchant par excès de confiance. Sur le côté, tu repéras l'épaisse racine sans aucune doute complice de cet affront, puis portas un regard plein de jugement sur l'épéiste qui s'était laissé prendre à ce piège de la nature. Tu peinais à croire, après avoir dû congédier ton précédent coéquipier que tu avais suspecté n'être qu'un poids mort pour cette mission, que tu allais devoir également à présent devoir composer sans l'assistance du Sabreur à cause d'une imprécision aussi affligeante.

...Inutile, maintenant. Rentre à Kiri, pas besoin d'un estropié. Ne meurs pas en route.

Tu le laissas alors nonchalamment sur place en t'en retournant vers la position de l'explorateur dont tu verrouillas le regard avec le tiens, chargé d'une intensité à glacer les sangs.

Toi et moi, au final. Sentiers de longues feuilles sont sûrs. Reste dans mes pas.

Sans autre forme d'explication, tu lui tourna alors le dos et entamas de nouveau la marche en direction du cœur des marais, sous-pesant chaque pas sur le lit de terre et de végétaux mêlés pour ne pas te laisser surprendre par un changement inattendu de texture ou de composition.

Pauvre gamin, vous allez vraiment le laisser là, comme ça ? Vous êtes vraiment... Vous...

...Monstre ?

Tu ne brisas pas l'allure, mais perçus distinctement dans ton dos la tension qui gagnas l'explorateur et le rythme brisé de sa marche, pris à contre-pied par ton intervention. Quelques pas plus loin, tu tournas à peine la tête pour l'avoir en visuel tout en continuant à avancer.

Là où on va, mieux d'avoir monstre avec soi.

Sans un regard, tu dépassas la position d'Hashirama, ton attention portée tout entière sur l'environnement et ses dangers. Sur ta mission et ses objectifs, que tu te devais de remplir pour cimenter ton retour parmi les tiens et prouver ta valeur.

▶ Sujet: Re: [Mission B] Exploration du Marais Profond [FT. Kaguya Zetsumei]

Même seul, songeas-tu tandis que tu progressais patiemment et méthodiquement sur le sentier de feuillages qui s'offrait à toi et Renjirô, probablement n'aurais-tu pas été en mesure d'évoluer beaucoup plus rapidement sur ce type de terrain aussi traître que retord. La moindre foulée était un pari, un risque pris en dépit des circonstances dans la quête sans doute inconsidérée dans laquelle s'était lancé celui que tu devais escorter. Ce Renjirô était toutefois parvenu à convaincre les bonnes personnes de la probable véracité des rumeurs dont il avait eu vent, avait dû avancer des informations et arguments suffisants pour que Mizu entreprenne officiellement une enquête avec son concours pour dénicher ce fameux trésor dont il était question. Rendu encore si loin du cœur supposé des marais, il ne t'appartenait pas de toute façon en ta qualité de simple soldat de questionner la pertinence de tes ordres, aussi guidais-tu sans faillir l'explorateur au travers des mares de boue impraticables qui s'étendaient à vos pieds tout en gardant tes sens en éveil pour guetter l'approche de tout danger que ce soit. Confiant en tes propres capacités à palier la nature exécrable du terrain, tu présupposais également un certain degré de compétence chez cet homme soit-disant aguerri que tu traînais derrière toi et adoptais donc depuis près d'une heure à présent une allure soutenue et incisive, rendue plus aisée par l'expérience acquise jusque là. Arriva toutefois un point, réalisas-tu en tendant l'oreil, où la condition physique de ce Renjirô finit par te poser question, son souffle éreinté et irrégulier trahissant sa difficulté à suivre la cadence. Tu poursuivis malgré tout sur plusieurs centaines de mètres de nivelage feuillu en écoutant distraitement le souffle de l'explorateur s'étioler de façon croissante, de cet homme sans doute trop fier pour admettre ses limites. Stoïque, tu finis néanmoins par t'arrêter et par te retourner vers lui en attendant qu'il rejoigne ta hauteur.

Aah.... Hahh....Vous...n'avez pas de chaussures, je viens.... de remarquer... Haaa.... Hanh purée... !

Pas trop tard pour renoncer. Corps trop faible pour cet endroit.

Non, Non, nononon.... Vous comprenez pas... Ce trésor qu'on cherche... Il pourrait... Il pourrait changer Mizu tout entier. Je dois continuer... Haaah...Il le faut...

… Bien. Sera trop tard pour changer d'avis, après ça.

Tu pointas du doigt à quelques mètres devant toi, invitant Renjirô à s'approcher pour contempler ce qui vous attendait tout deux. Là, au-delà d'un énième massif de ronces décrépi aux racines plongées dans la terre meuble et traîtresse des marais, le relief changeait en effet de façon radicale, offrant à la vue de quiconque se trouvait là un précipice boueux parsemé de troncs décharnés et difformes et qui s'enfonçait dans des profondeurs insondables de brume brune orangée. La descente s'annonçait périlleuse et la remontée qui devrait nécessairement s'en suivre tôt ou tard particulièrement physique, surtout pour quelqu'un ne maîtrisant pas les arts shinobi. Impossible de surcroît, pour toi comme pour Renjirô, de savoir exactement ce qui vous attendrait en bas, ni où exactement ce bas se trouvait vraiment. A l'horizon, l'écran opaque de ce voile terreux ne laissait rien entrevoir d'autre que les pics de très lointaines montagnes peu ou proue identifiables, et il aurait été facile de se dire que s'enfoncer dans ce cratère aux frontières indéfinies pouvait vous mener droit vers un autre plan du Yuusei. L'explorateur, son souffle à peine recouvré, se pencha au-dessus du précipice, et tu pus observer sur son faciès passer l'expression incontestable de l'anxiété et de l'incertitude.

Bien....Bien bien, parfait, oui, allons par là... ! C'est... C'est la bonne direction, c'est sûr, c'est... Ça doit l'être...

….Hm.

Impossible pour Renjirô de descendre sur ce terrain sans se retrouver enseveli sous des dizaines de kilos de boue accrochée à son barda et ses vêtements, pensas-tu. L'aventurier de moins en moins confiant ne sembla pas anticiper le problème et fit un pas en direction du précipice et de sa pente dangereusement pentue, mouvement que tu dus intercepter d'un bras armuré tendu et inflexible. D'un regard, tu intimas à ton colis humain de patienter, fis un pas sur le côté et extrudas consciencieusement de ton dos une réplique plus large et convexe de ton omoplate que tu lanças au sol.

Là-dessus. Glisseras jusqu'en bas.

Qu-Quoi, mais.. !

Tu répétas l'opération pour te procurer une plaque osseuse analogue sur laquelle te placer, plus étroite, où tu pourrais te tenir debout.

Serai avec toi en bas. Allez.

Tu attendis avec plus ou moins de patience que Renjirô se mette en place, assis sur l'omoplate son sac à dos entre les jambes, avant de toi-même avancer ton support jusqu'au bord du précipice. Sans prendre la peine de consulter l'explorateur, tu poussas alors sans ménagement sa luge d'ivoire pour lui faire entamer la descente, te propulsant dans la foulée dans la descente sur ton propre support lisse et opalin, les cris de terreur de l'aventurier remontant déjà à tes oreilles.



Dernière édition par Kaguya Zetsumei le Dim 28 Avr - 14:22, édité 1 fois

▶ Sujet: Re: [Mission B] Exploration du Marais Profond [FT. Kaguya Zetsumei]

Tu ressentis toi-même un relent d'appréhension tandis que la descente au fond de ce méandre insondable se prolongeait, prêt à devoir te défendre aussitôt le seuil de cette pente boueuse et invraisemblable atteint. Tu ne pouvais dès lors, même si tu regrettais de ne pas avoir pris les devants en bâillonnant Renjirô avant de le projeter en contrebas, pas vraiment reprocher à celui-ci de s'époumoner comme il le fit tout au long de la longue glissade anxiogène dans laquelle tu l'avais lancé. Vous pénétrâtes bien vite l'épaisse mélasse brune à la consistance de brouillard hivernal, vous perdant vers le bas dans cette véritable purée de pois, et tu ne sus que la fin de votre descente approchait que lorsque tu entendis une dizaine de mètres devant toi le halètement souffreteux et saccadé de l'aventurier qui selon toutes vraisemblances, venait d'exécuter un roulé-boulé calamiteux sur le sol meuble et humide. Anticipant le ralentissement soudain de la glissade, tu sautas de ta luge d'ivoire pour atterrir nettement et gracieusement non loin de Renjirô, dont tu ne pouvais qu'apercevoir indistinctement la silhouette alors même que seuls quelques mètres vous séparaient.

Silence.

Tu étais devenu coutumier des situations à risque qui t'obligeaient à étendre précisément tous tes sens autours de toi pour ne pas te faire surprendre, dont l'ouïe, mais tu étais moins familier de cet exercice avec un explorateur braillard et apeuré en train de jurer dans sa barbe à tes côtés. Moins encore, quand il s'agissait de garder expressément ledit explorateur en vie. Renjirô avait heureusement bien compris depuis votre première rencontre qu'il ne valait mieux pas discuter tes consignes ou tarder à les mettre en œuvre, aussi pus-tu conclure rapidement avec un certain degré de certitude qu'aucune menace ne se trouvait pour l'heure à proximité.

Ton sac... ?

Il- Il est là, j'ai tout, j'ai...  Merde.

...Quoi.

Ma bouteille de saké... Je la réservais pour la fin de cette escapade. Elle s'est brisée au fond de mon sac... Bordel, vous étiez vraiment obligé de me pousser comme ça !?

Plus simple.

Tu te trouvais bien plus préoccupé par votre environnement, à vrai dire, que par une quelconque complainte formulée par l'explorateur plongé hors de sa zone de confort habituelle. La purée de pois brunâtre qui vous avait englouti dans son linceul lourd et pesant vous empêchait de voir à plus de quelques mètres de distance, et c’était tout juste si tu n’avais pas l’impression de respirer un amas de terre sirupeux. Méthodique, tu tâtas du pied la qualité et la texture du sol à l’endroit de votre réception, qui semblait à peine plus praticable que le plateau marécageux que vous veniez de quitter avec une fluidité irréprochable. Portant ton regard vers le ciel, tu parvins tout juste à estimer la position du nord en repérant la lueur blafarde du soleil qui paraissait à peine au-delà du nuage de particules, déduisant ainsi le cap qu’il vous fallait emprunter pour conserver votre trajectoire initiale. Une trajectoire, songeas-tu qui ne garantissait que de vous faire traverser le coeur supposé de cette étendue inhospitalière, et en aucun cas de trouver une quelconque trace de ce fabuleux trésor aux qualités tant vantées par Renjirô. Pragmatique face à la problématique qui se posait, tu décidais néanmoins de prendre chaque composante de la situation en compte indépendamment des autres. De ton dos jaillit dans cette optique une longue colonne vertébrale que tu enroulas autour de la taille de l’explorateur en faisant fi de son mouvement de recul et de révulsion face au phénomène.

G-Ghahaaaa ! Qu’est-ce que vous faites !?

Te garde en sécurité. Comme l’exige la mission. Avance.

Tu tractas dès lors l’aventurier relié à ton corps par ton appendice d’ivoire, ignorant avec froideur la teneur aussi bien que le ton de ses protestations. Renjirô avait beau être de fort bonne constitution pour un civil, il n’en demeurait pas moins incapable d’opposer une vraie résistance à ton attraction ferme et continue. A pas mesurés, tu fendis la brume brunâtre et étouffante qui vous entourait de toutes part en gardant un œil sur la position à peine discernable de l’astre solaire, puis ralentis encore davantage lorsque tes sens te rapportèrent la présence de formes de vies multiples dans les environs. Il n’était ici plus question de couvrir une distance, mais bel et bien de ne pas faire le faux pas qui pouvait te coûter la vie. Ou, de manière plus réaliste, te coûter celle de cet explorateur et donc la réussite de ta mission. Méfiant, tu opéras plusieurs détours à votre trajectoire initiale afin de prendre la température et de voir si une quelconque entité que tu avais perçue suivait vos mouvements. Mais alors que tu croyais avoir fait décrocher l’attention de ces bêtes ou créatures de votre duo, tu entendis un craquement tout à fait singulier et reconnaissable derrière toi. Tu n’eus pas besoin de plus pour te faire te retourner vivement en direction du sud et de l’aventurier que tu traînais dans ton sillage, mais en lieu et place d’une menace proprement dite, ce fut un vaste rien qui accueillit ton regard. Renjirô, malgré tout, semblait soucieux et observait anxieusement à ses pieds. Là. C’était donc là, que le craquement avait trouvé sa source. Avec empressement, tu retournas sur tes pas pour rejoindre l’aventurier à peine discernable dans la purée de pois et inspectas l’endroit où il venait de marcher. Accroupi, sondant le sol de tes phalanges armurées, tu ne tardas pas à reconnaître même par le seul toucher de quoi il était question. Tu te redressas, grave, ton regard ambré fixé dans ceux de l’explorateur.

Ossements. Veut dire que prédateurs sont là. Que nous sommes dans leur zone de chasse.

▶ Sujet: Re: [Mission B] Exploration du Marais Profond [FT. Kaguya Zetsumei]

Une z-zone de chasse ? C'est... c'est ça que vous dites ?

Tu ignoras absolument l'inquiétude et la fébrilité qui se dégageaient à présent de Renjirô et qui commençaient à lui faire perdre ce qu'il lui restait de crédibilité en tant qu'explorateur émérite, qualité qu'il avait voulu s'octroyer de lui-même aux prémisses de cette escapades en terres sauvages. Malgré le parcours décousu que tu avais fait emprunter à votre duo, manœuvre que tu avais déjà maintes fois employé pour semer certains types de prédateurs, tu percevais encore distinctement dans la purée de pois qui vous encerclait les mouvements concertés et organisés des créatures dont tu avais plus tôt capté l'essence, preuve que vous n'aviez pas échappé à leur attention et de fait, encore moins à leurs potentiels appétits. Immobile, tu concentras tous tes sens sur les environs, ta colonne vertébrale toujours enroulée autours de la taille de l'explorateur dont la survie t'était autant indifférente qu'elle ne t'était essentielle pour prouver à tes supérieurs quel soldat tu étais, capable de t'acquitter des objectifs qui t'étaient confiés même si il ne s'alignaient aucunement avec tes prédispositions et habitudes. Une étape aussi éreintante qu'elle n'était nécessaire.

...Bouge.

Tu te remis en mouvement en draguant de plus belle l'explorateur dans ton sillage en faisant fi de ses protestations, qui étaient heureusement supplantées par sa volonté de survivre. Une survie qui, il le savais fort heureusement, dépendait à présent uniquement de toi. Les présences dans le brouillard brunâtre se faisaient plus pressantes, plus nombreuses, comme un nuage d'entités grouillantes que tu ne parvenais plus à dissocier et plus important encore, qui tendaient à se rapprocher. Tes pas foulèrent rapidement en cercle le terrain qui t'entourait, t'offrant le ressenti au sol de ce qui aller s'avérer être très bientôt, tu le savais, un champ de bataille à part entière, au cœur de ce voile opaque et dans lequel il était difficile de respirer. D'un bond, tu rejoignis alors Renjirô en plaquant tes mains sur ses épaules presque pour l'enfoncer au sol comme tu l'aurais fait d'un piquet.

Reste ici. Au sol.

Ta colonne se rétracta et réintégra ton corps tandis que tu te retournais vers l'abysse brune qui s'étendait tout autour de vous. Nul besoin d'étendre tes sens alentours comme tu l'avais fait auparavant, à présent : le bruit propagé par les grognement et les pas multiples de la meute de créatures suffisaient à t'offrir toute la certitude dont tu avais besoin quant à la nature du combat qui s'annonçait. Là, au travers de la purée de pois, tu captas subrepticement l'ombre d'une mâchoire, sombre et allongée, bardée de crocs. Yokai ou bête sauvage, tu n'aurais su le dire, mais cela ne fit pas grande différence de le savoir pour ce qui s'ensuivit. Une première créature bondit, sortit du marasme opaque du ceignait tout le marais, et il te fallut user de toute la qualité de tes réflexes pour te placer au devant d'elle pour l'empaler séance tenante avec une large côte perforante extrudée de ton bras droit. Le sang noir de la bête coula à flot tandis qu'un dernier râle s'échappait de sa gueule béante et que tu rejetais sa carcasse mourante sur le côté, mais ce premier échec de la meute férale n'allait pas pour autant convaincre ses autres membres de se replier. Bien le contraire.

Trois bêtes se lancèrent en effet simultanément vers vous en fendant le brouillard de glaise orangée, toutes focalisées semblait-il sur la silhouette recroquevillée et fébrile de Renjirô à deux pas de toi. Tu t'interposas de nouveau, expédias une colonne vertébrale dans le torse de l'un des quadrupèdes en quête de nourriture, clouas violemment la mâchoire d'une deuxième dans le sol glaiseux avec une autre côte perforante et encaissa la charge mordante de la dernière au niveau de ton épaule. Tu pivotas rapidement, expédias rapidement les deux yokai blessés plus ou moins mortellement sur le côté et attrapas la gueule qui rejetait son haleine putride, ses crocs enfoncés dans ton armure. Dans un mouvement vif et exutoire, tu séparas en deux les deux parties de la mâchoire et déchiras la créature en deux avant d'en jeter les morceaux vers l'insondable brume étouffante. Les mouvements alentours se firent moins erratiques, mais il semblait toujours loin de l'envisageable que les bêtes qui vous avaient encerclé sur leur territoire se décident à abandonner à moins d'une totale extinction.

….Pourquoi toi.

Tu posas la question à haute voix sans vraiment attendre de réponse, perplexe quant aux vecteurs d'attaque adoptés par les canidés de l'enfer. Ces derniers optaient vraisemblablement pour l'élimination du plus faible en premier lieu, mais rien n'avait pu leur donner l'information assurée que Renjirô était ce maillon le plus faible de la chaîne en amont. Un autre paramètre était en jeu, un mystère que tu ne parvins pas à élucider avant la vague suivante de l'assaut coordonné des créatures férales et déterminées à vous consommer. Trois nouvelles sources de mouvement se manifestèrent cette fois, de façon moins synchronisée, donnant conséquemment lieu à trois rixes aussi courtes que brutales et mortelles. Tu occis successivement les trois bêtes en les tranchant, les dépeçant et les renvoyant dans le brouillard d'où elles avaient émergé, perplexe quant à ce nouveau schéma. Un stratagème dont tu ne compris la teneur que lorsque tu entendis le cris strident et plus paniqué qu'à l'accoutumée du chasseur de trésor, dont tu avais dû t'éloigner de quatre pas. Tu bondis, récupéras le visuel sur lui et deux bêtes et leur mâchoire, enfoncées dans le sac de l'explorateur et compris alors de quoi il était question.

Ces bêtes, semblait-il, étaient friandes de saké. Un trait singulier qui vous avait certainement mis dans cette situation, mais allait également pouvoir vous en sortir.