Printemps 83, Pays du Feu.
Suivre sa propre voie.
Le samouraï s’était retiré dans le jardin fleuri des Fujiwara, un endroit où il pouvait trouver la paix et la solitude nécessaires à ses méditations. La lueur déclinante du soleil traversait les cimes des arbres environnants pour illuminer les tombes de ses ancêtres. Tous ceux qui étaient tombés pour que le clan soit ce qu’il était.
Assis à même le sol, en tailleur, près de la tombe de sa mère, il fermait lentement les yeux, se plongeant dans ses pensées.
Puis, après un certain temps, alors qu'il se concentrait sur sa respiration et tentait de calmer son esprit, une ombre passa au-dessus de lui, projetant une petite silhouette sombre sur la pierre tombale de sa génitrice.
Ouvrant lentement les yeux, il découvrit un corbeau dont il avait manifestement déjà croisé le chemin lors de son passage dans le domaine des Hyûga. Ses plumes étaient d'un noir profond, presque luisant, et ses yeux brillaient d'une lueur de malice.
Le volatile se posa lentement sur une branche basse à proximité et le fixa avec une intensité inhabituelle. Kamui sentait que quelque chose n'allait pas…
Après quelques instants de silence, le corbeau finit par s’exprimer, d'une voix aigüe.
«
… Cette capacité à ne pas t’agiter pour un rien comme la plupart de tes semblables, je la trouve vraiment fascinante, Kamui des braises... » Fit-il, en guise d’introduction.
Fronçant légèrement les sourcils, le Fujiwara semblait perplexe. Son regard invitait toute de même son interlocuteur à poursuivre son monologue.
«
… Dis comme ça, je conçois que ça te laisse perplexe. Mais je t'assure, tu as une aura puissance et singulière. Elle rayonne d'une détermination qu'on retrouve chez peu d'humains, surtout de nos jours. » Ajouta -t-il, ses pupilles sondant curieusement le samouraï.
Basculant légèrement la tête, l'oiseau roula étrangement des yeux.
«
… Je lis en toi comme un livre ouvert, samouraï. J'y vois tout ce que tu tentes de dissimuler aux autres. Ce sentiment, toutes ces émotions que tu refreines ardemment. Ces choix qui te dévorent. Cette route obscure dont tu crois ne jamais pouvoir y voir la fin. Je vois certaines choses dont tu n'as même pas encore conscience. C'est gravé dans tes yeux. Dans ton souffle. Ton chakra. Ton aura. » Reprit le corbeau, d'un sourire malicieux.
Le Fujiwara garda d’abord le silence, incertain de la signification de ces paroles. Puis, après réflexion, il finit par s’exprimer…
«
Tu es celui que j’ai vu chez Hyûga Karasu… Allez, viens-en aux faits maintenant ! » Finit-il par rétorquer, en dévisageant le volatile.
Le corbeau abandonna sa branche. Il volait au-dessus de lui en riant.
Quelques battements d’ailes lui permirent finalement de se poser sur la pierre tombale de sa mère. Il le sonda de nouveau du regard, comme s’il cherchait à voir au-delà des apparences, puis sourit mystérieux...