SPIRIT OF SHINOBI

embrace your power




  1. ANNONCES

    22.04.24 patch Le Patch .02 est disponible !

    01.02.24 patch Le Patch .01 est disponible !

    20.12.23 nouveautés La news de fin d'année est sortie, affublée de nombreux changements et nouveautés, notamment dans les mises à jour de topics, de contextes, ainsi que d'un bottin des PnJs apparus en narrations afin de faciliter leur suivi !

    31.10.23 nouveautés La news d'octobre est sortie et le forum se dote, à l'occasion d'Halloween, d'un bestiaire de yokai dédié aux joueurs ainsi que d'une nouvelle bannière ! Kumo obient également un nouveau Ninjutsu Spécial, les reliques mystiques.

    24.10.23 changement Le forum passe officiellement à l'été 83. De nouvelles trames sont apparues pour chaque faction !

    18.07.23 update Les doubles-comptes sont désormais ouverts à toutes les factions et nous mettons en place les rangs intermédiaire pour donner plus de visibilité sur l'avancée du personnage ! La faction de Kiri récupère également un bonus XP à la présentation.

    04.07.23 update Les doubles-comptes sont désormais fermés pour la faction de Kumo qui a retrouvé sa pleine attractivité : ils demeurent toutefois ouverts à Kiri ! Nous retirons également les bonus XP associés, puisque l'activité atteinte nous convient.

    01.07.23 update Le forum dispose désormais d'un thème sombre ! Reportez-vous au petit curseur sur votre droite pour changer de l'un à l'autre.

    24.06.23 NEWS ! La news de juin est sortie ! Au programme ; des précisions et changements sur notre philosophie, la faction des Errants et les paliers de progression.

    23.06.23 changement Le forum passe officiellement l'an 83 (printemps). De nouveaux enjeux sont apparus sur les contextes de chaque faction !

    Été 83

    Cent huit ans avant notre ère, le chakra courut sur le monde comme une traînée de poudre. Venu de nulle part et de partout à la fois, il étreignit les hommes et anima leurs corps comme ceux des nouveau-nés dès leur premier souffle. Tel un raz-de-marée changeant le monde, son énergie leur offrit les prémices de ce qu’ils nommeraient « pouvoir », bien des années plus tard.

    Celui de dépasser les limites que la nature leur avait jusque-là imposées. De donner vie et corps à leurs ambitions les plus folles comme à leurs vices les plus abjects.

    Leurs chairs avaient été bénies de la grâce de l’alizée et de la force des typhons : leurs coups étaient plus précis, leurs organismes plus vigoureux. Un simple bond les menait jusqu’aux cimes des arbres majestueux du désormais Pays du Bois. Leurs pas les guidaient sans peine à travers les monts qui édifièrent bien plus tard les frontières de l’actuel Pays des Montagnes.

    Alors, ils embrassèrent cette nouveauté comme chaque bien de l’Humanité : avec le profond désir de la dompter jusqu’au moindre détail, de faire cette énergie sienne avant tant d’autres. Il leur fallut des décennies pour maîtriser ce que le plus simple shinobi peut accomplir aujourd’hui – mais ils y parvinrent, en demeurant dans la profonde ignorance de l’origine du chakra.

    Et ils comprirent. À quel point il pouvait receler la puissance de faire de l’imagination une réalité ; à quel point ils pouvaient dompter les leurs par la force et fonder les dynasties qui gouvernèrent le monde des années durant.

    Lire la suite


    XP

    Homura

    personnages


    Kiri

    personnages, +30 XP


    Kumo

    personnages, +15 XP


    Errants

    personnages


  2. Image decoration
    shogunat printemps 83
    Contexte d'Homura
    Régie par la noblesse, la richesse et par un grand sens de l'honneur et de la droiture, Homura se distingue ni plus ni moins des autres villages par son caractère guerrier à la limite du comportement militaire. Les shinobis qui sont formés pour devenir des shinobis d'Homura sont, dès leur plus jeune âge ou dès l'entrée dans la formation, forcés de respecter ce code d'honneur. Il est précisé que quiconque y dérogerait se verrait sanctionné de différentes façons... des travaux d'intérêt publique à l'emprisonnement et du bannissement des terres d'Homura à la pure et simple mise à mort.

    ❈ Tout shinobi doit être capable de se sacrifier pour la cause Homura-jin.

    ❈ Tout shinobi doit être capable de donner sa vie pour ses camarades, particulièrement s'ils sont plus jeunes ou s'ils sont moins expérimentés. De la même manière, il doit un incontestable respect à ces derniers.

    ❈ Tout shinobi doit être capable de se sacrifier pour les civils.

    ❈ Tout shinobi doit être capable de réussir une mission primordiale même si cela signifie abandonner ou laisser mourir ses camarades.

    ❈ Tout shinobi doit être capable de dissimuler ses sentiments personnels ; pire que cela, il se doit de les ignorer et de les faire passer au second plan.

    ❈ Tout shinobi doit une indiscutable fidélité à sa faction. Toute information dissimulée, cachée volontairement ou toute trahison quelconque sera sévèrement sanctionnée.

    ❈ Tout shinobi doit se dévouer à son entraînement et au perfectionnement de son corps et de son esprit. Il doit respect aux siens et aux autres, tolérance aux différences, empathie aux plus faibles et rigueur dans ses efforts personnels (qui doivent être constants et variés).

    ❈ Tout shinobi doit un indiscutable respect à ses supérieurs hiérarchiques et doit obéir au doigt et à l'oeil à leurs ordres. Toute insubordination sera sévèrement sanctionnée.
    Image Personnage

    FUJIWARA SENCHI Portant sur ses épaules l'ensemble du clan Fujiwara, Senchi est un guerrier hors pair dont le jeune âge, la force d'esprit, la droiture, la témérité et les compétences l'ont rendu capable de se hisser au sommet. Un lien particulier mais inconnu le lie à Iwao, la Shogun, sans que personne ne sache trop quoi en penser. Certains le suspecteraient même d'être à l'origine de la mort de son père, bien que rien ne l'incrimine.

    Image Personnage

    HYÛGA EIMEI Figure représentante du clan Hyûga, devenu chef en l'an 68, Eimei incarne toute la fierté des siens. Droit, noble, charismatique tout en restant sobre, il semble en savoir plus qu'il ne le devrait. Il est à l'origine de l'ensemble des mouvements du clan Hyûga, car rares sont les membres de son clan osant défier ses ordres ou agir sans son aval. Il fait parti de la branche principale.

    Image Personnage

    NARA KUENAI Etant à la tête du clan Nara, Kuenai est extrêmement perspicace et dispose d'une intuition impressionnante. Très soucieuse des maux qui pèsent sur Homura, elle est parfaitement lucide vis-à-vis du comportement des siens comme de celui des autres clans et s'organise toujours dans l'ombre afin de limiter les dégâts. Certains la suspectent d'avoir assassiné Fujiwara Oda, et de nombreuses preuves mèneraient à penser qu'elle est coupable. Etrangement, elle rejette l'entière culpabilité sur Fujiwara Senchi.

    Enjeu n°1 :

    COOPÉRER AVEC KIRI ET KUMO

    65%

    Enjeu n°2 :

    CONNAÎTRE SES ENNEMIS

    10%

    Enjeu n°3 :

    VERS LES PROFONDEURS INCONNUES

    100%

    Derniers RP

    Retour au temple souterrain

    À l'été 83, un shinobi d'Homura se rend au sein du temple souterrain découvert lors de l'attaque d'Oto sur Homura, en périphérie du Shogunat. Ses découvertes mènent le lieu à son scellement complet par le clan Uzumaki, ainsi qu'à l'amnésie du genin.

    Le massacre du boucher

    À l'été 83, 90 civils sont assassinés dans la bourgade de Rindо̄ par un homme se faisant appeler « le Boucher ».
    Au terme d'un combat qui se révéla être une victoire pour l'escouade envoyée par Homura, il fut assassiné par Yamamoto Janome au moment où il s'apprêtait à leur révéler les plans de l'Alliance.
    À sa mort, le pouvoir des fils noirs, le Jiongu, réapparu à travers le monde.

    Évènement

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    Culture & religion

    → La chasse 春・狩猟期 – printemps
    → Festival de la Lune Rouge 夏・赤月の祭り – été
    → Virée aux morts 秋・死者への旅行 – automne
    → Nouvel an guerrier 冬・戦士新年 – hiver

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  3. Image decoration
    kirigakure printemps 83
    Contexte de Kiri
    S'il y a bien un lieu dans lequel la mort peut survenir à tout moment, c'est bien au sein du Village Caché de la Brume. Depuis des années, afin de lutter contre le retard qu'eut prit le pays par rapport aux autres factions, les autorités de l'Eau se décidèrent à mettre au point une philosophie qui leur permettrait de rattraper l'avancement des autres factions. C'est notamment au travers de l'assassinat que ces derniers trouvèrent leur réponse et ainsi furent éduquées les jeunes pousses destinées à devenir les futurs shinobis de Kiri. A un style sanglant et sanguinaire, loin de toute valeur humaine.

    ▒ Chaque Shinobi doit être capable de mourir pour la Brume et pour ses habitants.

    ▒ Chaque Shinobi doit capable d'abandonner, de laisser mourir voire de tuer ses camarades si cela leur permet la réussite d'une mission primordiale.

    ▒ Chaque Shinobi ne dispose d'aucun sentiment personnel : ils doivent agir sous les ordres de la hiérarchie.

    ▒ L'entraînement de chaque shinobi doit être rigoureux et il doit toujours être au service de l'identité de la Brume.

    ▒ Chaque Shinobi doit servitude et obéissance à la hiérarchie, tout manquement sera vu comme insubordination.

    ▒ Chaque Shinobi doit tuer tous les adversaires qui se dresseront sur le chemin de Kiri.

    ▒ La Brume est l'alliée de Kiri, nul ne doit la remettre en question.
    Image Personnage

    YUKI ZENRYŌ Yuki Zenryо̄, autrefois jeune membre du clan dont tous reconnaissaient le potentiel, devint chef de clan à la mort de Yuki Saburô en l'an 75. Très proche de la Mizukage, il lui assure son soutien inconditionnel et celui de son clan.

    Image Personnage

    KAGUYA TAOSU Cheffe du clan Kaguya, Taosu est connue comme étant une guerrière redoutable et particulièrement avide de sang et de trippes. Supportant avec fidélité l'identité de ce clan depuis des décennies, elle est, malgré son apparence, extrêmement hostile, sournoise et meurtrière, si bien qu'elle est redoutée dans son clan entier. Elle éprouve une très forte rancœur envers Oboroge, la Mizukage, car sa simple présence a fait diminuer de manière importante son quota d'assassinats par jour.

    Image Personnage

    SEIDŌ IMIFUMEI Personnalité émérite parmi les sabreurs, tout le monde au sein de Kiri connait Imifumei. Combattant redoutable maîtrisant Sо̄kо̄jikan, le Sabre du Temps, l'ensemble de Kiri le voit comme un shinobi imbattable. Il est vénéré de tous, car tous le connaissent comme un homme héroïque, portant de grandes valeurs d'espoir, de courage et de persévérance auprès des plus faibles.

    Enjeu n°1 :

    SE RENSEIGNER À L'INTERNATIONAL

    20%

    Enjeu n°2 :

    LE MYSTÈRE D'ARASHI

    0%

    Enjeu n°3 :

    LES ORIGINES DE LA BRUME SANGLANTE

    30%

    Derniers RP

    La lutte contre le yokai originel, groupe 1 et groupe 2

    Une escouade menée par Kaguya Bankichi permis à la Brume de repérer la trace de Shinchū et, au terme d'un affrontement difficile, de l'éliminer en le prenant par surprise. L'ensemble de l'escouade fut frappée par une marque maudite mystérieuse lors de son ultime râle.

    Enjeu : les origines de la Brume Sanglante & La Brume du Seigneur

    TBA

    Évènement

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    Culture & religion

    → Soutien aux cultures 春・米農業のサポート – printemps
    → Grande marée 夏・大潮 – été
    → Parade de sang 秋・血液示威運動 – automne
    → Hymne à la Brume 冬・霧に賛美歌 – hiver

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  4. Image decoration
    kumogakure printemps 83
    Contexte de Kumo
    Parmi les lieux les plus malsains et insidieux du Yuusei, Kumo s'y érige en maître. Faussement uni, le village est peuplé de shinobis qui ne souhaitent qu'agir pour leurs intérêts propres ou pour ceux des personnes pour lesquelles elles travaillent. Etrangement, cela est parfaitement assumé par tout le monde et ainsi sont éduqués les shinobis. En plus de cet état d'esprit, rédigé par le Daimyo en personne, Kumo dispose d'un Code de Renseignements que tout le monde doit consciencieusement respecter sous peine d'être sanctionné par le dernier. Evidemment, la crainte de ce dernier incite et invite tout le monde à les appliquer sans broncher.

    ζ Chaque Shinobi doit être capable de mourir pour son Daimyo.

    ζ Chaque Shinobi ne peut discuter des ordres de la hiérarchie. Aussi, tout manquement aux ordres du Daimyo est passible d'une peine de mort.

    ζ Chaque Shinobi doit être capable d'accomplir toute mission, même si cela lui impose des sacrifices insurmontables.

    ζ Chaque Shinobi doit s'entraîner en vue de récupérer toujours plus d'informations, et afin d'être toujours plus discret.

    ζ Toute information récoltée doit revenir au Daimyo sans aucune exception.

    ζ Toute personne surprise en train de comploter contre le Daimyo sera soumise à la peine de mort.
    Image Personnage

    SHIRATSUCHI BAKU'EN Baku'en est, en plus d'être le chef du clan Shiratsuchi, l'homme qui les a relevé de leur condition de "parfaits petits soldats obéissants". Désireux de liberté et de justice, il est animé par une grande hostilité qu'il parvient à maintenir discrète pour restaurer l'honneur de son clan, qu'il estime bafoué depuis des décennies. Secrètement, il rêve de pouvoir mener une rébellion contre Koriki Tomio, au risque que cela mène à l'extermination des siens.

    Image Personnage

    ABURAME YOKOSHIMA Fourbe, manipulatrice et très protectrice vis-à-vis des siens, Yokoshima est la cheffe du clan Aburame. Soupçonnée – sans preuves concrètes – par plusieurs personnalités d'avoir son nez fourré dans toutes les affaires, elle est autant admirée que crainte. En plus d'être une des rares personnes du clan Aburame à maîtriser les Rinkaichû, des rumeurs courent selon lesquelles elle serait à même d'agir efficacement, n'importe quand et dans tous les recoins du village.

    Image Personnage

    INUZUKA GETSUMEN — DÉCÉDÉ Fier et orgueilleux, à l'image des siens, Getsumen était le chef du clan Inuzuka. Reconnu pour sa ténacité au combat et pour sa témérité, il faisait partie des personnalités les plus attendues au poste de Shodaime Raikage. Il ne cachait pas sa profonde hostilité envers les dirigeants de son village, ce qui étrangement ne lui est jamais retombé dessus.

    Enjeu n°1 :

    COLLABORER AVEC HOMURA ET KIRI

    50%

    Enjeu n°2 :

    ESPIONNER LES PUISSANCES DU MONDE

    50%

    Enjeu n°3 :

    DESSEIN DE CONTRE-ATTAQUE

    0%

    Enjeu n°4 :

    SUITE DE L'AMULETTE

    20%

    Derniers RP

    L'histoire se répète : tour du raikage

    À l'été 83, l'Alliance, menée par un Yamanaka inconnu, tenta de récupérer le Shodaime Raikage. Ils y parvinrent, mais ne purent le ramener en vie - Getsumen fut tué, alors inconscient, par un shinobi nommé Sumashâ.

    L'histoire se répète : domaine aburame

    Une attaque d'un Yokai dans le Domaine Aburame décima une partie du clan. Un kumojin et deux errants présents sur place, parvinrent à endiguer la menace et à en venir à bout, en le tuant avec une la dague d'annihilation des Aburame.

    L'histoire se répète : domaine shiratsuchi

    Un shinobi de l'Alliance maîtrisant un art shinobi inconnu s'apparentant à l'orage attaqua le Domaine Shiratsuchi pour tenter de capturer l'un des membres du clan.
    Celui-ci fut tué par un Shiratsuchi ayant libéré le pouvoir de la première pièce d'une arme mythique, retrouvée plus tôt dans l'année par les forces de Kumo. Sa libération généra une explosion titanesque qui ne laissa aucun survivant.
    À la mort de l'homme inconnu, le pouvoir de l'orage, le Ranton, réapparu à travers le monde.

    Évènement

    À l'hiver 82, l'élection du Shodaime Raikage fit rage. Nommé presque unanimement, Inuzuka Getsumen prit le pouvoir et profita de son ascension pour tenter de mener un coup d'état contre le Daimyo, Koriki Tomio.
    Lui reprochant une cruauté sans nom qui punit, asservit et torture les innocents, une grande guerre civile éclata et le peuple Kumojin fut déchiré par l'affrontement des deux forces, alors que le Seigneur lui-même était présent.

    Culture & religion

    → Grande collecte 春・大採取 – printemps
    → Célébration d'Antan 夏・昨年のお祝い – été
    → Cérémonie des chandelles 秋・キャンドルの式 – automne
    → Jeux d'hiver 冬・冬季ゲーム – hiver

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L'île des Secondes Chances [An 79]

Fuwa Yasahiro
L'île des Secondes Chances [An 79] EmptyJeu 2 Nov - 17:12

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L'île des Secondes Chances [An 79] Empty
Fuwa YasahiroChûnin 中忍 de rang B

Message Sujet: L'île des Secondes Chances [An 79]
L’île de la Lune s’approchait à vue d'œil malgré le collier de brume qui venait effacer sa silhouette. La traversée s’effectuait à bâteau, dont la coque venait bourlinguer contre les bris de glace formés sur les terres. J'étais assis sur l'un des bancs gelés, observant discrètement mes compagnons de voyage. Le souffle sortait de ma bouche en de petits nuages coniques qui se dissipaient rapidement, tandis que je toisais discrètement mes semblables. Tous semblaient se préparer en silence, emplis d'inquiétude et d'espoir, conscients que briser ce silence nous attirerait des regards suspicieux. Je faisais de même, subrepticement, usitant mes dons de senseur pour d’ores et déjà prendre un avantage, posant une apparence sur chacune des signatures de chakra que je ressentais.

Chacun d’entre nous se tenait sur l’embarcation pour la même raison : l'échec de l’examen genin. Nous étions une bonne quinzaine à partager ce sort. Pourtant, au sein de la promotion l'un d'entre nous, Togawa Terusuke, avait choisi délibérément de perdre son combat. Son aura sinistre dénotait un comportement instable, perturbé, voire sanguinaire, laissant planer le doute sur ses intentions obscures. De temps en temps, un sourire sinistre, aussi fortuit que carnassier, lui était lancé par l'un des Kaguya, surveillant le déroulement du voyage. Le débarquement sur l'île de la Lune se déroula sans heurts, sous la protection du puissant clan des manipulateurs d'os.

Cette escorte se rassemblait petit à petit devant nous, jusqu’à créer deux groupes distincts. Leurs regards froids nous transperçaient sans jamais se poser sur nos pupilles, donnant cette sensation dérangeante d'appartenance au passé, tels des fantômes qui erraient sans but. L’inspecteur en chef s’avançait, marquant un temps de pause, les regards apeurés braqués sur lui, laissant voir la myriade de stigmates que composait son corps. Imperturbable, sa voix caverneuse dénuée d'émotion résonnait comme une promesse d'horreur. Ses mots assuraient l'application de la clause que son clan avait instauré, synonyme d’un avenir infernal.

– Écoutez bien, fragiles âmes égarées. Votre sort, insignifiant à nos yeux, repose entre vos mains chétives et les griffes acérées de la nature sauvage. Sept jours, un temps éphémère, vous seront accordés pour défier les lois impitoyables qui régissent cette terre. Si, durant cette épreuve, vous échouez à montrer ne serait-ce qu'une lueur de résilience parmi les prédateurs qui rôdent et les éléments qui vous défieront, alors ce sera fini de vous. Vos corps pourriront à jamais dans les abysses voraces de cette île maudite.

Les candidats ne réalisaient que vaguement la gravité de la situation avant que tout ne commence. Sans plus attendre, je m'éclipsai discrètement, me soustrayant au regard des individus qui me semblaient les plus dangereux. D'autres se tournaient vers leurs camarades à la recherche d'alliés, tandis que certains choisissaient déjà leurs prochaines proies. Convoitant de rester à l’écart de tous jeux de pouvoirs, je me résignais finalement à réintégrer cette gigantesque alliance, qui pourtant, était une cible criante pour les créatures qui résidaient sur l’île. Il me fallait constituer un petit groupe de confiance, si tant est que cette vertue avait encore de la valeur au seins de la Brume Sanglante et de l’île de la Lune. Un groupe de survivants, qui pouvait pousser la réflexion au-delà d’une soif de sang absurde.

Shimizu Eri
L'île des Secondes Chances [An 79] EmptyMer 22 Nov - 8:05

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L'île des Secondes Chances [An 79] Empty
Shimizu EriGenin 下忍 de rang B

Message Sujet: Re: L'île des Secondes Chances [An 79]
Les faibles n'ont pas leur place au village de la Brume sanglante –  la vermine ne fait jamais de vieux os, ici-bas; les étrangers encore moins, d’ailleurs. Qu’en est-il, alors, de la vermine étrangère?


La voix caverneuse de l’inspecteur en chef vint enfin à se taire. Par-delà le bastingage, le brouillard s’étendait aux abords de leur destination à la manière d’un portail donnant sur un autre monde, un univers autrement plus sinistre, plus sanguinaire. Sur le pont du navire, les regards insistants du Togawa avaient poussé la Shimizu à s’éclipser au plus loin des autres rats en son genre. Muets comme des tombes face au destin funeste qui les attendait peut-être tous, ces êtres condamnés cheminaient loin de la chaleur de leur foyer, des rêves qui les avaient jadis bercés : ils empruntaient à l’unisson le passage inexorable vers les enfers de l’île de la Lune. Telle était la sentence qui s’abattait sur leur tête, en la clause Kaguya : sept jours durant, à survivre à la barbarie des Hommes et à la sauvagerie de la Nature; c’était-là leur chemin de croix jusqu’à la potentielle réhabilitation. Ainsi arracheraient-ils seulement, à la mort elle-même, une place dans les rangs des braves, tantôt couronnés du bandeau qui les lieraient à jamais à la Brume dans un mariage aux vœux inviolables. C’était-là l’espoir qu’ils chérissaient tous, bien qu’Eri n’en fut-ce pas dupe : il était illusoire de s’imaginer qu’elle en sortirait victorieuse, lorsque le rideau tomberait sur cette énième danse macabre.

Les raisons pour un tel pessimisme ne manquaient pas.

D’abord de faibles murmures de couloirs, les rumeurs à son sujet s’étaient rapidement accentuées, puis répandues, au fil du temps, entre les murs de l’académie. Sa naïveté flagrante et son ignorance des us et coutumes du pays avaient révélé au grand jour sa vraie nature – On l’avait ainsi su d’outre-mer, une vile étrangère. Les années qui avaient suivies s’étaient enchaînées comme autant de cauchemars éveillés. Passant outre les railleries et les regards dédaigneux des natifs, le mépris des gradés et l’agressivité manifeste de ses plus grands détracteurs, la solitaire avait ravalé sa fierté et tracé seule son chemin, gardant la tête haute devant la bassesse et l’étroitesse d’esprit de la plupart de ses comparses – résultat d’une vision hostile de longue date vis-à-vis des factions continentales. Née sous la Pluie, elle s’était donc élevée dans l’Eau trouble pour espérer un jour ou l’autre ne faire plus qu’un avec la Brume. Les choses, néanmoins, ne s’étaient pas déroulées comme prévues; et l’examen genin s’était avéré une catastrophe durant laquelle elle avait violemment mordu la poussière dans son combat l’opposant à la brutalité du clan des os. Son inexpérience au maniement du sabre avait parlé de lui-même dès les premières secondes du duel, et, contrainte à battre en retraite, le résultat n’avait  bientôt plus fait de doute dans l’esprit des examinateurs.

Évidemment, son pronostic sur l’île de la Lune s’annonçait tout aussi sombre; et dans l’isolement qui était le sien, il était improbable de parvenir  à dénicher un quelconque appui chez ses pairs sur ce navire.

Démoralisée, elle chercha donc le confort relatif d’un banc froid libre, à l’écart des groupes et des alliances naissant tout autour. Sans égard, désormais, pour la suite des choses, elle fixa ses doigts rougis par les engelures en devenir, qu’elle réchauffa à même son souffle chaud – sans doute la dernière sensation agréable qu’elle vivrait avant un bon moment, si seulement elle survivait à la première nuit de l’épreuve.

Et alors que sonnait l’heure du débarquement, elle s’enfonça entre les branches et les fougères, en quête de vivres, d’eau et d’un endroit où se terrer, sans jamais regarder en arrière; et sans se douter qu'on la suivait de près.  

Yuki Shinki
L'île des Secondes Chances [An 79] EmptyDim 3 Déc - 10:55

Expérience : 200
Messages : 22

L'île des Secondes Chances [An 79] Empty
Yuki ShinkiGenin 下忍 de rang C

Message Sujet: Re: L'île des Secondes Chances [An 79]
L’Île des Secondes Chances
la glace la plus pure protège tout aussi bien que le fer le plus dur[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]


Jusqu’à présent, ça vie n’avait été qu’échecs et ressentiments. Sa famille le détestait, et son Clan le supportait à peine. S’il était capable de manipuler la glace, ce qui n’était pas le cas de tout le monde parmi les siens, il avait pourtant échoué à devenir un ninja. Il avait lamentablement raté les examens pour devenir un Genin, et voilà qu’il se retrouvait sur l’île de la Lune. L’île des secondes chances.
Celle-ci était à la fois une punition et un examen de rattrapage. Survivre une semaine sur le bout de terre inhospitalier signifiait intégrer les rangs des Shinobis de la Brume, alors qu’échouer ne signifiait qu’une mort plus ou moins douloureuse, selon les circonstances. Si Shinki n’était pas totalement sûr de pouvoir réussir cette épreuve supplémentaire, il était certain d’une chose : Ayako serait à ses côtés. La jeune fille, l’une de ses seules amies, était dans le même cas que lui et cela lui donnait la force dont il avait besoin pour avancer. Sans son soutien, il n’était pas sûr de pouvoir aller jusqu’au bout. Peut-être valait-il mieux qu’il écoute les siens ? Qu’il abandonne ? Jusqu’à présent, les paroles de la jeune Kunoichi avaient réussi à le convaincre mais cela ne suffirait pas toujours…

D’autant plus que l’épreuve commença très mal. À peine avaient-ils débarqué du bateau qu’ils furent séparés en deux groupe, et le Yuki perdit de vue son amie. La vision obscurcie par la brume, il ne parvint pas à repérer Ayako dans la foule devant lui. Toutefois, les alliances se formaient peu à peu devant lui sans qu’il ne soit inclus dans l’une d’entre elles, qui aurait voulu d’un manipulateur de glace raté ? Le jeune homme préféra alors s’écarter de l’attroupement avant que quelqu’un ne décide qu’il était une proie facile.

Sans un regard en arrière, il s’enfonça entre les branches et disparu dans la brume. Il voulait être le plus loin possible de ses camarades quand leur soif de sang, et leur instinct de chasseur se réveillerait. Une fois à l’abris des regards, que ce soit dans l’obscurité profonde ou dans un brouillard impénétrable, ce qu’il y avait de pire chez l’être humain se réveillait. Ils étaient capables d’actes qu’ils n’auraient pas imaginés faire en pleine lumière. Ils étaient capables du pire, et Shinki ne voulait pas être présent quand cela se produirait. Il s’éloigna donc de la côte sans se retourner, ni le moindre remord. Il avait confiance en Ayako pour qu’elle survive, et qu’ils se retrouvent à la fin de cet enfer.
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Fuwa Yasahiro
L'île des Secondes Chances [An 79] EmptyJeu 7 Déc - 0:46

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Messages : 162

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Fuwa YasahiroChûnin 中忍 de rang B

Message Sujet: Re: L'île des Secondes Chances [An 79]

Après avoir intercepté Washirô, un solitaire des premiers instants qui s’était fait attaquer par une konoichi, je rentrais sur la plage du débarquement pour y constater l’évolution. Le campement érigé par les ninjas débutants de Kiri sur l'île de la Lune était rudimentaire mais fonctionnel. Les jeunes shinobis, encore marqués par l'échec de l'examen genin, s'étaient rassemblés instinctivement pour assurer leur survie dans cet environnement hostile. Au centre du campement se trouvait un feu de camp, entretenu méticuleusement par quelques-uns des aspirants ninjas. Les flammes crépitaient, projetant des reflets dans les yeux inquiets des jeunes gens. Des fougères étaient disposées en cercle autour du feu, formant un abri sommaire contre les vents glaciaux qui soufflaient sur l'île.

Malgré l'atmosphère d'entraide par défaut, la méfiance était palpable. Les ninjas se regroupaient par affinités naturelles ou par alliances temporaires, mais rares étaient ceux qui accordaient une confiance totale. Chacun gardait un œil sur les autres, se demandant quelles alliances se formeraient et quelles trahisons pourraient émerger dans ce microcosme de survie. À l'extérieur du cercle principal, quelques individus étaient désignés pour monter la garde. Ils scrutaient la jungle environnante, conscients que la menace pouvait surgir de n'importe où. Les bruits de la faune de l'île se mêlaient au murmure étouffé des discussions entre les minables de l’eau.

L'intimité était un luxe rare dans ces circonstances, et les regards restants persistaient toujours empreints de suspicion. Les repas étaient préparés collectivement, avec chacun contribuant à la récolte de ressources comestibles sur l'île. Les rations étaient maigres, mais chaque bouchée était une victoire contre la faim qui menaçait constamment. Les ninjas évitaient de parler de l'épreuve en devenir, sachant que la simple évocation pouvait semer la discorde. Les regards en coin et les chuchotements en absence de confiance persistaient, et pourtant, une compréhension tacite unissait ces aspirants ninjas dans leur quête commune de survie.

En dépit de la méfiance ambiante, certains groupes parvenaient à forger des liens plus solides basés sur la nécessité. La Brume Sanglante pouvait être un ennemi redoutable, mais l'île de la Lune ne tolérait aucune faiblesse, obligeant ces jeunes shinobis à naviguer entre la confiance et la prudence pour espérer s'en sortir indemnes.Pendant que le tumulte apparent régnait au sein du campement, je demeurais à l'écart, comme une ombre silencieuse observant chaque mouvement avec une attention méticuleuse. Mon passage à l'académie ninja avait été marqué par une discrétion remarquable, ne souhaitant pas m’attirer les foudres des trois grands clans comme ce fût parfois le cas pour d’autres Fuwa.

Cette habitude, forgée au fil des années, m'avait permis de développer des compétences de senseur aiguisées, devenant ainsi un élément précieux pour évaluer la dynamique du groupe. Mon visage impassible, dissimulant mes pensées profondes derrière une expression neutre. En apparence, j'étais l'un des nombreux ninjas débutants, mais mes sens étaient en alerte constante, analysant chaque interaction, chaque échange de regards, chaque murmure étouffé. C'était une position que je préférais, un observateur stratégique qui pouvait anticiper les mouvements adverses tout en restant insaisissable. Mon choix de rester en retrait était une stratégie délibérée visant à naviguer dans les eaux troubles de l'île de la Lune sans attirer l'attention indésirable. Et celle dont je désirais le plus m’échapper n’était pas présente. Togawa Terusuke était parti en chasse.

Dans l'analyse méticuleuse des individus au sein de divers groupes, j'étais confronté à évaluer leur force et faiblesse apparente, de disparité, de compétences de survie, de charisme, de docilité et d'agressivité parmi les individus. Ces critères, délicatement sélectionnés pour refléter les miens, devaient être dosés avec précision, ni trop abondants ni trop modestes, se fondre en une complémentarité délicate, ni excessive ni insuffisante tout comme l'effectif au sein de ces cercles restreints. Malgré mes efforts, une insatisfaction persistait, une quête constante d'équilibre dans la formation de ce groupe singulier. Une création vouée à l'échec, le seul groupe intéressant n’ayant pas accepté de quitter ce camp au plus tôt.

Il n’était question que de temps, avant que la plage ne se transforme en carnage, avant que les unions se brisent en éclat, face aux hordes de créatures qui se déchaineraient aussitôt leurs existences connues. Maniaque du contrôle, je refusais être ainsi négligé, quand je détenais plus de savoirs et de lucidité, m’étant véritablement préparé en amont pour l'épreuve de l’île de la Lune. J’avais espoir que la deuxième vague de solitaire, se révélerait plus aisé à convaincre. Ainsi je m’enfonçais de nouveau dans la jungle, tentant d’éviter soigneusement Togawa Terusuke. Sur le chemin, un petit serpent enroulé autour de mon cou s’était ajouté, me servant de grignotage sans dévoiler ma position en allumant un feu. Une flèche en pleine tête avait eu raison de lui, et cette dernière lui avait été ôtée afin de le vider.

Finalement, une signature de chakra reconnaissable entrait dans mon périmètre. C’était la jeune femme discréte, en proie aux rallieries dont je taisais personnellement, mais dont je me réjouissais. La continentale, l'étrangère par défaut, s’était isolée à la première opportunité, discernant son destin funeste aux côtés des enfants de l’eau. Les instances avaient accepté sa présence, à contrario de la nouvelle génération d'aspirants. Pragmatique, je voyais en elle une pièce sacrifiable, le disjoncteur implicite du futur groupe de survie dont je distinguais. Seul, je ne pouvais survivre à une mauvaise rencontre, tout comme elle. Une alliance communément profitable, et à ceux qui nous rejoindraient. L’absence de ses alternatives était un malheur dont je comptais bien tirer parti.

– Plus un geste, l'étrangère. Tu bouges, tu cries, tu meurs. Main en évidence. Tu dégaines, tu signes, tu meurs.

Dans son dos, je m’étais approché, la tenant en joue à distance. Par réflexe certainement, elle s’était retournée, lui indiquant de me présenter à nouveau son échine. Doucement, je venais poser quelques pas pour flouter ma position, estimable à nouveau par le son de ma voix.

– Seule, cette île aura ta peau, je n’ai nul besoin de décocher une flèche pour toi. Tu ne survivrais pas à mes semblables. Mais en vérité, il existe des menaces plus sérieuses, qui se débarrasseront de toi encore plus facilement.

C’en est de même pour moi.


Je prenais le pari que la graine ainsi plantée dans son esprit germerait en une alliance, dont elle penserait en être l’autrice.

Shimizu Eri
L'île des Secondes Chances [An 79] EmptySam 9 Déc - 7:00

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Shimizu EriGenin 下忍 de rang B

Message Sujet: Re: L'île des Secondes Chances [An 79]


Elle ressentait l’instant, à l’instar de ses ancêtres en déroute: la peur au ventre, hantée par le seule idée de fuir, fuir aussi loin que le vent la porterait, aussi loin que son instinct primaire le lui intimerait; pour se cacher et disparaître, dans l’ombre et les souvenirs, et revenir d’autant plus forte au moment opportun, pour tous les écraser, un à un, comme autant de fourmis broyées par la ruse du renard. Car lui seul savait manipuler aussi brillamment son esprit pour appâter les forts de ses faiblesses les plus grandes et amadouer les plus grands de ses louvoiements les plus forts. C’est ainsi souvent, et par ses crocs ou ses griffes rarement, que le chafouin déployait sa fourberie, son art, pour triompher dans l’adversité. Et c’était ainsi, seulement, que l’enfant des esprits, la peur au ventre, triompherait à son tour sur les terres insulaires de la Lune, et reviendrait enfin en sa demeure, sa tanière, un peu plus Yamanaka qu’elle ne l’avait jamais été.

Cette aventure, aussi macabre que sanglante, débutait donc ainsi...




Dans l’herbe et la rosée reposait, déversé sur le tapis herbacé, le peu de vivres que l’étrangère avait amassé. De petites baies au jus pourtant nauséabond, une petite bête rattrapée de justesse dans sa fuite au pied d’un tronc noueux; rien pour assurer sa subsistance sept journées durant, mais juste assez pour ne pas s’endormir affamée cependant. Quelques pas plus loin, quelques mètres en aval, sur le versant nord de la modeste colline qui surplombait les paysages forestiers de l’île, ce fut au tour d’une gourde de s'affaler, terrassée par la course effrénée de son artisane. Esseulée et sans un bruit, elle se vidait petit à petit du peu d’or bleu qu’elle renfermait encore, son liquide si précieux à la vie, dans l’indifférence la plus totale de celle qui l’avait mise au monde.

Un peu plus loin encore, au milieu de cette nature sauvage, des herbes, des buissons, des arbustes et des petits feuillus, la présence de la gamine se fit aussi brève, aussi éphémère que le bruissement des feuilles qu’elle bousculait dans sa fuite; non sans une riposte cinglante des branches ou des épines qui fouettaient ou tailladaient sa peau glacée par l’effroi de sa savoir la proie d’un autre – un autre de ses loups déchaînés qui voyaient en la vermine d’outre-mer une cible de choix, facile à capturer et à passer au fil de sa lame aiguisée. Il l’avait ainsi surprise dans sa collecte de provisions et l’avait prise en chasse, croyant en une victoire rapide, sans se douter qu’elle lutterait avec d’autant plus d’ardeur que sa cause n’était désespérée. L'instinct de survie, peut-être.
Haletante, elle avait ainsi réussi à le distancer juste assez pour ressentir l’espoir de sortir vivante du pétrin dans lequel elle s’était embourbée, sans comprendre que son destin, tôt ou tard, finirait par la rattraper dans l’ombre d’un détour. Alors, alors elle le percuta de plein fouet, et, propulsé par l’impact, tomba à la renverse dans la froideur du sol, impuissante face au monstre qui se pourléchait déjà à la vue de sa prise sidérée, et de toutes les immondices qu’il s’apprêtait à commettre.

Or, esclave de ses instincts vicieux, il ne vit jamais se dresser la faux qui allait l’emporter dans l’autre monde. La scène ne dura qu’une fraction de seconde, à vrai dire : le temps d’un mudra in extremis qui scellerait à jamais le cercueil sur ses sombres desseins d’aspirant. Tétanisée sous le poids d’une âme qui n’était pas la sienne, sa jambe droite se déroba aussi rapidement que le vautour s’était élancé; et il trébucha en avant, portée par son élan pervers, tout droit vers le trépas. Dans sa chute, sa gorge rencontra le tranchant glacial du sabre immaculé de la blonde tandis qu’un désespoir douloureusement sonore faisait bourdonner ses tympans…

En cette terre isolée empestant la mort, la folie des Hommes avait une fois de plus réclamé la vie d’un innocent. Un sacrifice de plus à la gloire de la grande Kiri, au plus grand bonheur de ceux et celles qui forçaient et forgeaient une telle brutalité sur le dos de sa progéniture vacillante, ses enfants les moins adroits.

Car au village de la Brume sanglante, les faibles n'avaient jamais leur place, et la vermine ne faisait jamais de vieux os; pas plus que la vermine étrangère qui suivait à la lettre chacune de leurs plus sinistres traditions.

Car il n'y avait jamais d'avenir, pour celle-ci, dans les volutes opaques du brouillard sanguinaire. Jamais.




* * * * *



L’eau presque stagnante d’un ruisseau tranquille s’agitait dans tous les sens, éclaboussant le contour de son rivage d’une couleur carmin trouble. Les mains, les doigts de la Shimizu paniquée s’agitaient de manière désordonnée, à la limite de la frénésie, pour se départir une bonne fois pour toute de l’empreinte infernale de leur victime. Si elle y parvint au prix d’une chaude lutte et de vêtements détrempés, son effort ne fut en rien suffisant, néanmoins, pour déloger les images macabres gravées dans sa mémoire. La vie prise ne quitterait jamais plus ses songes, elle le savait bien; ni même les traits crispés du malheureux qui avait longuement suffoqué, agonisant dans la terreur de la noyade, les poumons emplis de son propre sang.

Ainsi accroupie face à cette tache indélébile, reflet de son inhumanité, l’enfant des esprits trouva un peu de réconfort dans le contact familier de ses paumes sur son front mouillé. Un bien-être relatif, que la vie se fit un plaisir d’arracher aussi vivement qu’un pansement fusionné à sa peau, alors que l’écho d’une menace parvenait à ses oreilles… jusqu’à lui glacer les sangs et l’échine, comme parcourut d’un long frisson.    

Elle se releva alors, doucement. Suivit le moindre de ses ordres sans protester ni geindre, les mains écartées, paumes ouvertes, dressées légèrement au-dessus de sa tête. Elle se risqua cependant à interroger son assaillant dont l'identité lui échappait, d’un ton si morne, si éteint, qu'on aurait pu le penser d'outre-tombe; une quête de sens, d’un tout petit sens, pour combler le vide que creusait l’éventualité prochaine de sa propre finalité.            

« Tu… Tu es venu pour le venger? Si c’était ton ami… Je… Je suis désolée. Sincèrement. Je… Je n’ai pas voulu que ça se termine ainsi. »

Les bruits de pas se rapprochèrent alors, dans son dos, attisant son angoisse du pire. Se tournant par réflexe, elle eut à peine le temps nécessaire pour apercevoir la silhouette de l’homme derrière elle, que celui-ci lui intimait de regagner sa position, la plongeant de plus belle dans l’ignorance. Seule sa voix, discernable malgré le ruissellement, lui permit dès lors d’évaluer la position de son adversaire.

Mais à travers elle vint aussi le doute; et dans son sillage, la peur viscérale de se voir réduit à l’état d’offrande aux prédateurs qui hantaient les lieux, pour la gloire d’un seul homme, vil et cruel.

Elle voulut déglutir, chasser la boule qui se formait au fond de sa gorge; elle voulut s’enfuir dans le lointain, éponger dans la solitude les larmes qui menaçaient à présent sa dignité. Elle n’en fit rien, profondément lassée, épuisée de courir vers un mirage, un salut qui n’existait tout bonnement pas pour sa personne, sinon dans l’éternel néant. Ici, comme partout ailleurs, elle avait été damnée par son héritage, condamnée pour des crimes qu'elle n'avait pas commis. C’était là le fardeau des Yamanaka comme elle, des rats en son genre, ici-bas plus que n’importe où à travers le Yuusei.

« Si je comprends bien… Tu… Tu veux m’utiliser comme monnaie d’échange auprès des monstres comme Terusuke? C’est ce que tu veux..? Protéger ta vie en leur offrant la mienne? »

Ses paupières se fermèrent, brièvement. Elle expira bruyamment par les narines, exposant ce qui bouillait au fin fond de ses tripes : une rage, un dégoût profond envers son ravisseur. Lorsqu’elle rouvrit enfin les yeux, se fut pour basculer légèrement son menton sur son épaule droite. Elle entreprit ensuite de pivoter son corps, petit à petit, sans agressivité aucune, ni brusquerie dans ses mouvements, bravant la menace imminente brandit par l’inconnu.

« Tu… Tu sais bien ce qu’ils me feront, ces chiens, n’est-ce pas, avant d’en finir avec moi ?  »

Eri lui fit face, le visage détrempé par les larmes, mais tordu par le dédain.

« C'est pire que la mort…  »

Elle fit un pas; un seul, la tête haute – résignée face à l’inéluctable marche du destin.

« Si… Si tu veux me tuer… vas-y; je ne te suivrai pas. Je… Je préfère encore crever, ici. Tout de suite. »

Elle n’attendit plus que lui, et la flèche qui allait apaiser ses maux pour toujours, regrettant cependant sa mort prochaine à l'image de tous ses semblables, dans la persécution – des êtres qu'elle méprisait, jusqu'au dernier d'entre eux. Une fin digne de ce clan maudit duquel elle avait tant cherché à s'éloigner...

Quelle ironie.


Yuki Shinki
L'île des Secondes Chances [An 79] EmptyDim 10 Déc - 16:12

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Yuki ShinkiGenin 下忍 de rang C

Message Sujet: Re: L'île des Secondes Chances [An 79]
L’Île des Secondes Chances
la glace la plus pure protège tout aussi bien que le fer le plus dur[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]


Alors qu’il avait trouvé une petite clairière à plusieurs centaines de mètres de son point de départ, Shinki s’arrêta quelques instants afin de mettre de l’ordre dans ses idées. Il commença par estimer combien de temps il tiendrait avec ses rations, et il arriva rapidement à la conclusion que ce ne serait pas suffisant. La Tortue pouvait sauter des repas bien entendu, mais il devait garder suffisamment de force pour se défendre si on l’attaquait. Et ce n’était pas avec une boule de riz tous les deux jours qu’il serait apte à se battre. D’autant plus qu’il n’avait pas assez d’eau pour tenir pendant l’entièreté de son séjour sur cette île maudite. Si le liquide cristallin ne manquait, elle était majoritairement salée et donc impropre à sa consommation.
Ensuite, ses pensées divaguèrent vers Ayako. Est-ce qu’il avait bien fait de l’abandonner ? Après tout, s’ils s’étaient rassemblés, ils auraient grandement amélioré leurs chances de survie. Trouver des vivres aurait été plus aisé, tout comme dénicher de l’eau. Ils auraient également pu se défendre plus facilement. Rapidement, il arriva à la conclusion qu’il avait fait une erreur et qu’il devait faire demi-tour. Posséder une alliée, en laquelle on avait parfaitement confiance, était un atout majeur lors de cette épreuve.

Le Yuki n’hésita plus et décida de faire demi-tour… Enfin plus ou moins. Il ne voulait pas emprunter le même chemin, au cas où quelqu’un l’avait suivi, et il voulait arriver directement là où Ayako avait débarqué. Cela ne servait à rien qu’il parcourt toute la plage, ce serait bien plus dangereux que profitable. Sur le sable, face à la mer, le champ était complètement dégagé pour des ninjas cachés dans les hautes herbes. Du moins c’est ce qu’il aurait fait.

Toutefois, il n’avait pas parcouru cinquante mètres que des bruits attirèrent son attention. Il s’avança alors prudemment vers l’origine des voix, et fit attention à ne pas se faire repérer. Étrangement, il avait toujours été bon pour se dissimuler et observer quelqu’un en toute discrétion était quelque chose de presque naturel pour lui.
Lorsqu’il arriva sur place, la discussion était déjà entamée et il n’entendit que les dernières paroles de la jeune fille. Bien qu’elle affichât le regard d’une combattante, et qu’elle ne semblait pas être intimidée, ses joues étaient complètement mouillées et ses yeux rougis. Comme si elle avait pleuré. Shinki reporta alors son attention sur le second intervenant, et compris rapidement ce qu’il se passait. Le shinobi menaçait la kunoichi de son arc. Il était certainement sur le point de décocher une flèche et de mettre fin à ses jours… Tout ça pour quoi ? Un peu de nourriture et de l’eau. À moins qu’il ne fasse ça par pur plaisir. Tandis que l’image d’Ayako prise au piège se superposait à celle de la jeune fille, le Yuki réagit sans trop réfléchir aux conséquences. Il composa des mûdras, et lança une série d’aiguilles faites de glace transparente en direction de la main dominante, du moins il le supposa, de l’archer.

Je ne veux tuer personne, comme vous je cherche à survivre à cette épreuve, mais je ne peux pas laisser quelqu’un mourir sans raison. Ce n’est pas parce qu’on est livré à nous même, que nos instincts bestiaux doivent se révéler.

Tout en surveillant l’adolescent aux cheveux bleus du coin de l’œil, il se tourna vers la jeune fille.

Vous allez bien ? À deux, on devrait pouvoir se défendre contre lui.
Résumé technique:
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Fuwa Yasahiro
L'île des Secondes Chances [An 79] EmptyMer 13 Déc - 19:16

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Fuwa YasahiroChûnin 中忍 de rang B

Message Sujet: Re: L'île des Secondes Chances [An 79]
L'étrangère, au nom encore inconnu, semblait divaguer et paniquer. Je n’avais nul ami sur l’archipel de la lune. Pourtant, la vie d’un enfant de l’eau ôtée par la Shimizu me révulsait, tout autant que l’existence même du traître Togawa Terusuke. Un être assez ignoble pour essuyer une défaite volontaire à l’examen, afin d’assouvir ses pulsions les plus sombres. Cela n’était pas sans évoquer la mise en scène de mon propre échec. Contrairement au vautour, je ne souhaitais que survivre. Face à une défaillance inévitable, j’avais opté pour la préservation de mes modestes talents, bien plus utiles sur l’Archipel de la Lune.

L’une de ces habilités m’avaient justement mené au mouton noir de la promotion. Un atout imperceptible pour les autres, mais pas pour moi, ni pour la concernée. En partie, elle entrevoyait son utilité, sans se douter qu’elle pouvait être le ciment d’un groupe, aussi disparate soit-il. La victime des abandons dans le feu de l’action ferait consensus tacite. J’avais tout intérêt à la préserver autant que faire se peut et récupérer son suffrage. Un malsain mélange de désolation et d’aversion traversait l'Etrangère aux joues attristée, capitulant la vie, faisant naître en moi une révolte.  

– Espèce de sale idiote, tu penses t’en tirer à si bon compte ?! Pourquoi mourir quand tu n’as même pas commencé à survivre ? Tu penses mon sort différent face aux psychopathes comme Terusuke ?

Je fulminais. Elle brisait mes espérances de jour meilleur, défiant le crédo survivaliste des Fuwa. Survivre assez pour se découvrir une voie. Survivre assez pour en profiter. Survivre, jusqu’à vivre. Il m’était inconcevable de se livrer ainsi à la mort. D’une aigreur certaine, ma voix trahissait une sensibilité voilée de raison, animée d’une conviction propre.

– Qui d’autre t’as tendu la main jusqu’ici ? Survivons, ensemble nous avons nos chances.

Une chance infime et insignifiante. A deux, seule l’agonie nous attendait. Ce n’était pas cette opportunité que j’adhérais, mais aux suivantes qui se présenteraient. La première pièce à l’édifice, pavant l'enfer de l’archipel, jusqu’à la lumière. Face à la détresse d’un désespoir aussi profond, je ne connaissais qu’un seul remède pour conquérir la brebis galeuse : incarner l’espoir. Un rôle imparfait, m’accrochant déjà aux miens avec difficulté mais rigueur, sans rêve si ce n’est celui de déjouer la Faucheuse. A ce propos, mes sens m’alertaient d’un nouveau danger, un autre aspirant s’en venait dans notre direction, pénétrant dans mon périmètre de détection. Pris de court dans les négociations, je tentais une dernière remontrance avant d’être interrompu.

– Secoues-toi, du nerf bon sa-

Le point de bascule était dépassé, se révélant plus replet qu’annoncé. Derrière moi, un flux de chakra était projeté en direction de mes mains. L’archer que j’étais ne pouvait laisser ces précieux outils s'abîmer, amorçant un mouvement brusque.

La corde de l’arc propulsait alors la flèche, douée d’un subtil effet minime par la torsion du bois, appliquée par ma main experte. La délivrance tendait les bras à l'Etrangère. Dans un éclat éphémère, tout aussi criard que rutilant, une certaine apparition venait de me glacer le sang. Shimizu Eri avait survécu, sans même se défendre. Dans son dos, s’extirpant du ruisseau, le sabre dégainé, Togawa Terusuke était venu purger nos pauvres âmes, ses préférés. Mes yeux s’ecarquillaient quand mon regard croisait le sien, porteur d’un seul message : j’étais le suivant. Il était une meilleure version de moi-même. Un fort, usant de l’art des faibles, de l’assassinat, pour venir se hisser au sommet, dont seul les moeurs étaient déplorables.

Sa lame avait décrit une courbe parfaite pour venir chercher la nuque de l'étrangère, vite interrompue pour arriver chercher la garde et découper la flèche. Le sursis que je m'étais offert, me paraissait dérisoire et fugitif. Je ne l’avais pas senti venir. Il était passé sous mon radar comme si de rien n’était. Il était dangereux, plus encore que je ne l'avais imaginé. Shimizu Eri aussi allait le découvrir, car depuis le début, elle était sa proie, l’épuisant tout autant physiquement que mentalement au travers d’illusion, pour venir s’extasier et cueillir les fruits de sa maltraitance. Les abysses voraces de l’île maudite nous contemplaient, guettant la perdition de nos résiliences.

– Et à trois contre lui !


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Shimizu Eri
L'île des Secondes Chances [An 79] EmptyJeu 14 Déc - 2:56

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Shimizu EriGenin 下忍 de rang B

Message Sujet: Re: L'île des Secondes Chances [An 79]


Elle écouta les tentatives désespérées du Fuwa sans broncher, ni vouloir s’extirper de cette fâcheuse position... en apparence. De la confiance, elle n’en réservait aucune pour l’inconnu qui souhaitait la convaincre de coopérer – par la menace d'une flèche pointée en sa direction. Car la kunoichi croyait résolument tout espoir perdu, la concernant. Elle était, depuis toujours finalement, le vilain petit canard, de par son ascendance clanique. Une Yamanaka sournoise et machiavélique, bonne pour le bûcher ou la hache du boucher, peu importe sa bonne volonté ou la terre éloignée qu’elle foulait de son pied. Il en avait toujours été ainsi : pour elle, sa famille, et tous ses ancêtres tombés dans l'ombre de la honte, de la disgrâce ou du trépas. La blonde leur en voulait d’ailleurs, à ses semblables, son sang. À la vie elle-même peut-être aussi, pour être née ainsi; une étrangère chez les autres, comme chez soi. Une paria du Yuusei. Une indésirable. De la vermine à écraser.

« Ça ne changera rien, tu sais… Le monde entier est un archipel de la Lune, pour une… une personne comme moi. Si ce n’est pas ici et maintenant… Ce sera demain à Kiri, ou ailleurs. Alors tu sais quoi faire. »

Par orgueil ou par crainte, la Shimizu appuya davantage sur ses maux. Mais elle se voilait la face, et, quelque part, en vérité, elle savait qu’il n’était pas dans le tort : cette île singulière, plus que partout ailleurs, remettait les comptes à zéro pour les êtres faibles qu’ils étaient. Devant la sauvagerie de la clause Kaguya, la mort, ils suivaient pour la plupart le même chemin et les mêmes aspirations – survivre un autre jour et espérer rentrer chez soi, genin. Là-dessus, et sur bien d’autres choses, l’archer avait sans doute raison : leur sort, comme leur rêve, n’était pas très différent.

Et malgré cela, elle se conforta tristement dans son entêtement.

Et lorsqu’une délivrance inespérée naquit depuis les arbres sous la forme d’un assaut invisible, et que brûla à nouveau en elle l’espoir de fuir, de survivre, elle ne put, non plus, saisir sa chance…

Car près d’elle, une flèche avait été décochée, pour révéler en sa cible, la menace tapie dans son angle mort.

Elle vint comme un train, fonçant à vive allure pour la percuter de plein fouet, sans aucune pitié, sans aucun regret. Dans la précipitation et la confusion, Eri n’avait pas su assurer la solidité de ses appuis face à la brutalité déployée par l’assassin. Les lames s’entrechoquèrent avec fracas, arrachant une grimace à la blonde dont le corps tremblotant, ses muscles comme ses os, encaissait chacune des secousses. Ainsi prise de court, elle croulait déjà sous le poids titanesque s’abattant sur son arme : petit à petit, centimètre par centimètre, elle était écrasée doucement, mais sûrement, par son adversaire vorace dont le rictus s’étirait au fur et à mesure qu’elle lui cédait du terrain, jusqu’à ce que la froide morsure du revers de sa propre lame, enfoncée dans son épaule, ne s’érige en dernier rempart contre l’inévitable. Un spectacle délectable pour le vautour, qui savourait l’instant prochain où il lui arracherait son dernier souffle, tandis qu’il s’abreuvait du désespoir qui s’immisçait toujours plus sur le visage de sa proie; de la sueur qui perlait à son front aux larmes discrètes, mais bien présentes, qui ruisselaient sur ses joues rougies, et cette mâchoire, ces jolies dents crispées à souhait par l’effort fourni pour échapper en vain à ses griffes mortelles.

À cet instant, la jeune femme sans défense crut son destin scellé. Le gaillard n’avait désormais plus qu’à tendre la main pour cueillir sa vie comme une pomme bien mûre prête à chuter des branches du pommier. Pourtant… il n’en fit rien, car de sa perfidie avait germé l’essence tordue d’une idée nouvelle, aussi sadique qu’elle ne lui apparaissait amusante :  celle de contempler l’effritement chaotique de cette union naissante; de juger la vermine qui courberait tôt ou tard l’échine pour le supplier d’abréger leurs vies miséreuses; d’admirer la lueur d’espoir s’éteindre à petit feu dans les yeux de l’étrangère au moment où il la passerait au couperet. De tout cela, et de bien plus : Oh oui, il en jubilait déjà.

Alors, dominant la rixe, il enveloppa l'agneau égaré de toute sa hauteur, jusqu’à effleurer, puis écorcher l’oreille d’Eri de ses lèvres rugueuses et de sa langue vicieuse – un sombre présage, tout autant qu’une manifestation de sa domination, de son emprise insidieuse sur sa psyché.

« Oh… P’tite Sorcière… Et si on s’amusait un peu avant la nuit, hein, juste tous les deux…? Il la vit frissonner d’effroi. Oh… T’en fais pas… ce sera rapide. »

Sur ses derniers mots, la puissance qu’il déchaînait sur sa proie fut soudainement décuplée, venant à bout de ses dernières réserves tandis que le tranchant pénétrait violemment sa chair, et qu’il lui attrapait la nuque d’une main solide afin d’emprisonner ses cheveux d’or entre ses doigts; qu’il tira, et tira, et tira encore, ne relâchant sa douloureuse étreinte qu’au moment où elle échappait enfin son sabre immaculé dans l’herbe à leurs pieds. Il la fit alors basculer pour faire face aux deux autres aspirants, la maintenant captive au fil de sa lame sur son cou.

Une scène inédite s’ouvrait à tous ceux présents : le plan d’un fou furieux pour briser leurs illusions, leurs espoirs de survie et d’union, et les soumettre, l’un après l’autre, au jugement dernier. Se dévoilèrent alors, à gauche de Terusuke, une copie de sa personne, celle qui avait assiégé l’enfant des neiges de projectiles d’eau, de connivence avec un second ersatz s'avançant à sa droite, décourageant tous deux le duo de toute intervention fortuite.

« T’as raison sur un point, p’tite Sorcière : y’a pire que la mort, ici… Mais c’est pas ce que tu veux, hein..? Moi, je sais ce qui t’ferait plaisir… Jouons un peu ensemble, tu veux ? »

D’un simple souffle, inaudible dans la distance qui les séparait tous, sa voix devint plus claire, plus forte, cherchant à s’accaparer l’attention des rejetons des clans Yuki et Fuwa.

« Trois contre un, hein, la Flèche..?! Et avec qui..? Le Glaçon seulement ? Je crois qu’tu devrais réapprendre à compter, l’archer ! »

Le monstre écarta la tête, créant un peu de distance avec celle d’Eri, son otage. Il l’observa longuement, elle, puis dévisagea Yasahiro, et Shinki.

« Ou alors… tu comptais vraiment sur la p’tite Sorcière pour assurer ta survie..? Une merde du continent… vraiment..? Toi, un fier kirijin… Tu te moques de nous ou quoi..? Et toi, le Glaçon? »

Elle serra les poings, paupières closes. Il sourit.

« Je l’ai vu massacrer froidement l’un des nôtres. Notre frère. Et vous, vous… Il soupira, leva brièvement les yeux au ciel. Une honte. Vous savez même pas ce qu'elle est vraiment. »

Mêlant l'exaspération à sa froideur fébrile, le Togawa frémissa presque d’extase en pensant au petit jeu auquel il allait les confronter; tous. La Shimizu, elle, retint tant bien que mal sa frustration, ses sanglots étouffés, face ses fautes, sa propre naïveté. Elle voulut se débattre, se libérer, et fuir aussi loin que ses jambes la porteraient, mais dans son impuissance, n’y put rien. Ce qu’il cherchait à faire, ce qu’il s’apprêtait à commettre, elle l’avait déjà compris.

« Montre-leur c’que tu lui as fait. Montre-leur ce dont t’es vraiment capable. Montre donc à la Flèche ce que t’es réellement, Shimizu Eri. »

L’effroi, gravé dans chacune des fibres de son être. Depuis quand l’avait-il donc suivi? Comment avait-il pu reconnaître le sceau? Comment avait-il pu comprendre?

Cela n’avait sans doute plus aucune importance, maintenant. La mascarade devait prendre fin, tôt ou tard. Et elle allait probablement mourir ici, de toute façon.

Le sang commençait à perler sur la peau du cou de la jeune femme. Pressée par son ravisseur, elle fit naître, de ses mains jointes, le mudra; symbole unique, assimilé aux enfants des esprits. Or, elle ne suivit pas pour autant les ordres du vautour – pas tout de suite : car des paroles et remontrances que l’archer avait plantées, germait tranquillement une lumière, un espoir, mince et fragile, auquel elle voulut s’accrocher. Alors, alors elle profita de la discrétion, du minuscule avantage que lui offrait ce sceau si particulier, pour y dissimuler le lien qui allait unir le trio de circonstance, une connexion qui allait, peut-être, s’avérer salvatrice pour peu qu’elle pouvait appréhender l’avenir; et, dans le même temps, elle fit valser son âme dans le corps, les bras du garçon qui avait tenté de la raisonner.

Je suis désolée…

Un fantôme, une présence timide naissait ainsi dans les songes du Fuwa comme du Yuki, chassée, à travers leur ouïe, par le ton jubilatoire du véritable monstre qui salivait devant tant de révélations.

« Une foutue vipère de Yamanaka ! C’est avec ça que vous pensiez vaincre votre frère d’armes... Vraiment ?! »

Dans sa hargne, il plaqua sa victime au sol, composant toute une série de signes incantatoires, aspirant le ruisseau entier pour le canaliser autour de la jeune femme, formant une impressionnante geôle aqueuse au sein de laquelle elle fut aussitôt privée de mouvement… et d’oxygène.

« Faites-moi une faveur… et restez bien sages pendant qu’on la regarde se vider de ses précieuses p’tites bulles d’air, voulez-vous? »

Il se pourlécha, enthousiaste.

« Et vous en faites surtout pas… Ce sera votre tour ensuite. »

Une exécution publique pour la vermine étrangère. Une leçon pour les traîtres à la nation. La réalité pouvait parfois s'avérer plus infernale que les plus horribles cauchemars...

...à moins que..?

Résumé:

Yuki Shinki
L'île des Secondes Chances [An 79] EmptyJeu 21 Déc - 14:35

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Yuki ShinkiGenin 下忍 de rang C

Message Sujet: Re: L'île des Secondes Chances [An 79]
L’Île des Secondes Chances
la glace la plus pure protège tout aussi bien que le fer le plus dur[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]


Shinki compris qu’il avait commis une grossière erreur en se dévoilant si rapidement. Premièrement, cela aurait pu s’agir d’un piège. Les deux shinobis pourraient être alliés et avoir monté ce petit stratagème pour attirer les plus naïfs. À deux contre un, il était facile de dépouiller une cible voire de la tuer. Ensuite, il n’avait pas pris la peine d’observer les alentours. S’il s’était approché de façon furtive d’autres personnes auraient très bien pu le faire aussi et en s’exposant de cette manière, il se mettait en danger. Enfin, il avait largement sous-estimé le jeune ninja aux cheveux bleus. La Tortue pensait son attaque infaillible, et surtout indétectable, mais il l’avait esquivé d’un mouvement fluide. Comme s’il ne s’agissait que d’une boule de neige. Tout se passa alors très vite.

D’une torsion de poignet, la cible des projectiles avait non seulement esquivé la technique mais également tiré une flèche. Par réflexe, Shinki s’était légèrement rapproché de la jeune fille qui, étrangement, ne sembla pas être la personne visée. Au contraire, celle-ci se trouvait quelques mètres derrière et se rapprochait à grande vitesse. La silhouette s’était extirpée d’un petit cours d’eau qui passait non loin de leur position, et il ne fallut que quelques instants au manipulateur de glace pour reconnaitre le nouveau venu. Togawa Terusuke. Une brute parmi les assassins. Il avait leur âge environ, mais sa soif de sang semblait plus ancienne. Plus profonde. Comme s’il prenait un véritable plaisir à ôter la vie de ses cibles. Après tout, Kiri était réputé pour ses bains de sang alors cela ne faisait-il pas sens ?
Toutefois, les évènements qui se déroulaient autour de lui n’attendirent pas que Shinki termine ses états d’esprits. Au contraire, ils se déroulaient toujours avec la même vitesse surréelle. D’un côté, l’assaillant s’était jeté sur la jeune fille avec une lame courbée et d’un autre, il commença à bombarder le Yuki de projectiles d’eau. Par un réflexe qu’il ne savait pas posséder, il composa rapidement des mudrâs et une petite barrière de glace se forma devant lui. Elle n’était pas bien grande, mais cela lui suffit pour se mettre à l’abri.

Protégé par sa technique, la Tortue pu reprendre ses esprits et réfléchir calmement à la situation. Il avait révélé sa position pour protéger une kunoichi d’un shinobi qui ne semblait même pas en vouloir à sa vie. Dans le cas contraire, pourquoi ne l’a-t-il pas visée avec sa flèche quand il en avait l’occasion. Il a même essayé de l’aider en voyant le quatrième intervenant arriver. Ce dernier devait même avoir utilisé une technique de duplication pour palier à son infériorité numérique, et un simple coup d’œil confirma cette hypothèse. Il y avait bien deux clones et un original, dont un l’attaquait sans relâche avec une technique Suiton. Son but devait certainement de le maintenir sur place, et empêcher toute possibilités de contre-attaque. C’était très bien pensé !

L’esprit de Shinki s’encra à nouveau dans la réalité lorsqu’il entendit Terusuke mentionner une « Flèche » et un « Glaçon ». Il parlait donc d’eux. Il leur parlait même à vrai dire. La Tortue l’écoutait d’une oreille distraite tout en se déplaçant doucement vers la gauche. Il se perdait dans des discours de haine et de rancœur. Pour une raison inconnue, il semblait haïr la jeune fille et généralement des émotions aussi fortes aveuglait. La faible expérience du manipulateur de glace, ainsi que son éducation, lui avaient fait comprendre que les sentiments n’étaient pas toujours quelque chose d’avantageux lors d’un affrontement. Ils faisaient prendre de mauvaises décisions. Ils se retournaient contre nous. Alors petit à petit, Shinki tenta d’aligner deux Terusuke : celui qui l’attaquait et celui qui en avait après la jeune fille.

Elle a peut-être massacré des personnes de sang-froid, mais n’es-tu pas en train de faire la même chose ? Toi aussi, tu massacres tes frères. Cela signifie que tu ne vaux pas mieux alors. Démon.

Toujours aussi froid, du moins en apparence, que sa glace, le Yuki voulait faire perdre se moyen à son adversaire. Parfois, la guerre mentale était tout aussi importante que les techniques lancées.

Par contre, tu es certain de ta supériorité numérique ? Parce que si je compte bien nous sommes quatre, et vous êtes que trois. Enfin, trois exemplaires de ta misérable personne le Démon.

La Tortue profita alors d’une légère accalmie dans les projectiles pour stopper l’alimentation en chakra de son bouclier. Il n’était pas sûr qu’il tiendrait longtemps sans énergie, mais il devrait faire avec. Au pire, il encaisserait une partie de la technique de son adversaire. Cependant, dans le court laps de temps où il relâcha sa technique, il composa des mudrâs et créa son propre clone à partir de glace. À peine celui-ci s’était élancé vers leur adversaire, qu’il lança à son tour une offensive de projectiles invisibles. Cette fois-ci son but était de couper le contact entre Terusuke et la cage d’eau avant que la Yamanaka ne s’étouffe.
De son côté, l’original reforma son bouclier et repensa aux dernières paroles de l’adversaire commun. La kunoichi serait une Yamanaka. Des anciens de son Clan lui en avait déjà parlé, il s’agissait de manipulateurs de l’esprit. Ils pouvaient projeter leurs pensées dans le corps des autres, ou pouvaient les désorientés. Bien entrainés, ils pouvaient devenir des ninjas puissants. Étrangement, c’est à ce moment-là qu’il ressenti comme un chatouillement au fond de son esprit. Ce n’était peut-être qu’une impression, mais cela lui avait paru si réel…
Résumé technique:
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Fuwa Yasahiro
L'île des Secondes Chances [An 79] EmptyMer 27 Déc - 1:35

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Fuwa YasahiroChûnin 中忍 de rang B

Message Sujet: Re: L'île des Secondes Chances [An 79]

La facilité, ennemie des grandes choses, referme toujours son piège lorsque le mal est déjà accompli. Shimizu Eri y avait succombé, renonçant à la vie, et l’opportunité que représentait sa situation m’avait attiré dans ses filets, destiné à partager la même fatalité. Un instinct de survie, élan vital inopiné, animait l'Etrangère quand la mort lui imposait son regard. Une résistance précieuse et fugace, améliorant mes propres chances, résultant pourtant d’un sabre voltigeant au sol. Quand les clones aqueux se dévoilaient, le premier canardant au feu nourri le Yuki, le second se voyait être interrompu dans ses mudra par une flèche, le forçant à se défendre à l’épée tout comme l’original l’avait fait. Avant l’impact, un fumigène libérait son produit, créant un écran de fumée, isolant la cible.

Terusuke me provoquait, prenant d’assaut le peu de dignité qu’il me restait. Ma stratégie avait été déjà décidée, le compromis en valait la chandelle avec la survie au bout. La révélation du meurtre de l’Etrangére, simple manipulation ou vérité, me répugnais, saisissant aussitôt que l’argument pouvait être exploiter plus tard, à condition d’y survivre. Les deux monstres n’étaient pas si différents l’un de l’autre, à la différence de leurs nationalités et de l’aura sinistre de Terusuke, qui avait prévu depuis le départ de se délecter de scènes similaires. Forçant le vice, il extorquait la Shimizu afin de la retourner contre nous, fragilisant l’alliance naissante dans le feu de l’action. Pointant l’arc vers l’avatar d’eau enfumé, je sentais à nouveau du chakra s’approcher de moi, sans le voir.

*Peste ! Elle n’a honte de rien. Ils en ont pas marre de leurs attaques masquées !*

Comble d'ironie, je décochais en direction de l’entité aqueuse privée de vue. Ses propriétés l’empêchait d’être aussi discret que l’original. Capable de le situer par ma sensibilité au chakra, le tir concentré en un point ne peinait pas à franchir une quelconque barrière large, ignorant les défenses locales et hasardeuse qu’il pouvait tenter en vain, l’abattant sur-le-champ. Le mur invisible qui partait de la Yamanaka était lent, facilement esquivable. L’Etrangére, La Peste Meurtrière, avait accédé aux requêtes de son ravisseur, devenant son jouet dans l’espoir d’une trêve sur sa jugulaire. Une prison d’eau venait la récompenser, ne faisant que retarder l’inévitable.    

– Vos deux existences sont damnés ! Seulement, c’est la tienne qui attente à la mienne, Terusuke !

Le Yuki au cheveux bleu, s’alignait avec moi dans sa course, me forçant à décaler de côté puis derrière. Le dernier clone n’eut d’autre choix que de stopper sa propre technique pour ne pas cibler son créateur, tandis que celui de glace lançait à nouveau ses projectiles, de face, discernant une vague forme de senbon. A cet assaut envers le Démon, s’ajoutait mon propre tir, me coordonnant comme si j’avais entendu l’intention de base de l’aspirant genin à mes côtés. D’un signe de tête, Terusuke s’adressait à sa copie en levant son katana, aspirant l’eau de la cage devant lui. D’un coup de talon qui s’enfonçait dans l’estomac de sa victime, il l’envoyait lui faire goûter le sol. Les aiguilles venaient se figer à l’intérieur de l’amas d’eau, tandis que le fer venait sectionner ma flèche.

– Quel dommage ! Je ne vais pas pouvoir admirer les expressions de vos visages !

Un rictus taquin et carnassier se glissait dans son intervention, satisfait de l’acte qui venait de se jouer, comme si le scénario se poursuivait sans accrochage. Une brume venait engloutir la zone, recourant à une technique phare et éponyme de Kiri. La nécessité d’être sur ses gardes s'intensifiaient, tandis que dissimulé dans la brume, invisible à mon don de senseur, Togawa Terusuke employait un second nuage, qui combiné au premier, devenait bien plus vicieux, se mêlant à la brume. La simple présence du voile brumeux représentait un danger, dont il fallait m’extirper, mais aussitôt en vue, le Démon m’abattrait comme un lapin. Une attaque d’envergure me serait fatal, heureusement le Yuki était à mes côtés.

*Test.
Yuki, j’arrive sur ta droite. Tu peux nous protéger d’un Suiton de zone ? On doit sortir de là, mais je ne donne pas cher de notre peau à deux.
18m, nord-ouest, présence de la Yamanaka. 16m, nord-ouest-ouest, présence du clone aqueux.
On dégage vers l’est.*


Tandis que j’essayais d’indiquer en temps réel la position de chacun, je n’avais aucune idée que plus le temps passait, plus nous respirions une toxine non létale, qui allait grandement nous handicaper pour la suite. Le poison volatile, emplissait l’air, s’insinuant doucement dans nos organismes. Sa dangerosité s'acquierait en particulier dans un milieu survivaliste, s’assimilant à une intoxication alimentaire avec nausée, vomissements, diarrhée, fièvre et maux de tête, engendrant un épuisement et une faiblesse certaine. Concentré à repérer une attaque afin d’aider le Yuki à diriger ses défenses, nous évoluons presque à tâtons, à l’aveugle pour certains, quand la voix de notre cauchemar rebondissait dans toutes les directions, tel un écho d'outre-monde.

– Mais rassurez-vous, cela viendra..

Car le Démon savait. Au bout de la patience, il y avait le succès pour l’un, il y avait le ciel pour le reste.

Shimizu Eri
L'île des Secondes Chances [An 79] EmptyMar 2 Jan - 19:26

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Shimizu EriGenin 下忍 de rang B

Message Sujet: Re: L'île des Secondes Chances [An 79]
Sale idiote. Peste. Démon. Sorcière. Ainsi naissait-on Yamanaka en ce monde, comme étrangère en ce pays immonde : une existence, pour toujours, damnée. Un fantôme rarement silencieux qui l'accompagnait dans la vie comme il le faisait à présent dans la tombe.

Ainsi plaquée au sol, la Shimizu parvint du bout des doigts à s'accrocher au précieux oxygène dont elle s'était emplie, un fil mince dans la tourmente du chaos et des vents contraires, tandis que le sarcophage aqueux la précipitait, une seconde, une bulle d'air, un doigt glissant après l'autre, vers l'inéluctable destin qui devait au fond être le sien.
Les braises, de peine ardentes, étaient dès lors asphyxiées par les eaux du ruisseau déchaîné, voyant ainsi sa chaleur réconfortante inondée, refroidie par la soif insatiable des flots sanguinaires. Née dans la haine, la vengeance était après tout un plat que l'on mangeait froid ici-bas – le préféré de Togawa Terusuke, qui n'avait d'appétit que pour les cadavres exquis, pâles et hiémaux, qu'il cueillait avec aisance et allégresse sur les sentiers maculés du sang de ses victimes; la prochaine vie qu'il s'apprêtait à récolter, denrée rare en ces terres hostiles aux gens d'outre monde, lui avait pourtant été offerte sur un plateau d'argent ennuyant, insipide, mais surtout, rebutant. Stérile était sa joie d’admirer le mouton noir se débattre si peu dans l’abbatoire; alors il lui vint ce malicieux désir du barbare, aussi ignoble que sadique, de titiller un brin ses espoirs pour mieux les y faucher : à défaut de se satisfaire pleinement d’un encas fastidieux, il jouerait avec sa nourriture, un peu, juste un peu, avant de l’engloutir dans le néant et de passer au festin suivant. Se nourrir du malheur des autres, les voir s'abandonner à la mort pouvait être plus jouissif que de trancher d'un coup net et précis le fil sur lequel la vermine s'accrochait désespérément, comprit-il à travers l’euphorie du moment. Une opportunité unique de joindre l’extase à ses méthodes expéditives pour en améliorer la saveur de ses mets, créant de son chef un sens intime au sobriquet des lieux.

Plongée dans cette impuissance, subissant les événements plutôt que d'y nager vraiment, la jeune femme en perdition sombra telle l'enclume dans le piège du monstre. Dans cette sphère filtrant les bruits alentour, suspendue dans le temps et l'espace, elle eût aussitôt envie de fermer les paupières et de clore son ultime chapitre. L'extérieur pouvait être bruyant, agité par la lutte des uns et des autres, leurs rêves et leurs aspirations, mais ici, ici… Il n'y avait que le vide;  et elle s'y sentait étrangement bien. Calme dans sa détresse apparente. Juste assez pour y voir son esprit s'y balader comme un poisson dans l’eau, ou presque. Juste assez pour y trouver, enfin, la quiétude qu'elle chérissait tant…

Jusqu'à ce que les murmures et les échos, dans son esprit vagabond, ne viennent troubler cette surdité forcée, stable et agréable des derniers instants, telles des aiguilles pénétrant sa chair au rythme d’une autre, plus fine, plus vicieuse, qui battait les secondes sans vouloir s'arrêter encore; chacune d'entre elles s'écoulant ainsi, plus insupportable que l'autre, en un interminable supplice de la goutte. La vie était une maladie fatale avec laquelle elle ne savait pas composer, même au bout de la route; parce qu'elle avait vu le jour sans faire exprès, autre part, et Yamanaka.  

Alors elle se souvint, dans cette bulle bannie d'espoir, à quel point elle détestait l'eau autant qu'elle méprisait son ascendance. La Pluie n'était pas étrangère à l'Eau, en soi. Elles étaient, enfant et mère, se mêlant à tout et à rien, miséreuse et vengeresse, assombrissant les cieux d'une part comme elle noyait de noirceur les abysses du monde de l'autre; similaires dans leurs différences, un miroir dans lequel on contemplait le paradoxe de son essence en même temps que l’enfant des esprits, qui y voyait désormais clairement son chemin de croix – un cycle, une boucle qui allait tantôt atteindre sa conclusion, pour de bon.

Mais cette roue s'entêta dans sa rotation, incapable de s’imposer le point final. Le choc, inattendu, dans l'abdomen de la condamnée, se répercuta dans tout son corps, fêlant ou brisant aussi des morceaux à l'impact, tandis que son être était brutalement expédié hors de la sphère, sitôt accueilli par la dureté de la terre ferme. D’instinct, Eri chercha son souffle, avalant goulument cet air toxique, et ce nuage de poison qui venait prolonger son agonie dans une humiliation dont elle ne pouvait encore saisir les contours, mais fut stoppée par de vives douleurs dans son inspiration. De peine et de misère, elle roula sur elle-même, puis usa de son front et de ses genoux pour stabiliser sa position, avant de s'écarter du sol sous l’impulsion déséquilibrée de ses bras tremblants. Ainsi haletante au milieu du champ de bataille dont elle ne parvenait plus à saisir ni l'action, ni le sens, elle sut alors, résignée, que malgré la voix et les indications de l’archer dans ses plus beaux songes, elle atteignait ici, et pour toujours, ses limites.

F-Foutez-le camp, merde ! Sauvez-vous pendant... Pendant que c'est encore possible. S'il-vous-plaît.

D’un coup, le vide : la connexion entre leurs esprits mêlés se rompit.

C'était là le peu de réconfort qu'elle put dénicher dans sa situation : savoir qu'elle ne les entraînerait pas avec elle dans sa chute, savoir qu'il y aurait un peu de sens, de lumière au bout du tunnel. Aussi vit-elle, finalement, cette petite lueur au milieu de la déroute :  elle pouvait rejoindre Ryota sans détourner le regard, le sourire aux lèvres. Car elle allait bientôt racheter les fautes de son existence damnée...

En servant de gibier au Boucher.

Fuwa Yasahiro
L'île des Secondes Chances [An 79] EmptyMer 17 Jan - 19:38

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Fuwa YasahiroChûnin 中忍 de rang B

Message Sujet: Re: L'île des Secondes Chances [An 79]

La brume épaisse nous engloutissait, écho sinistre de notre désespoir palpable. Le rictus cruel de Togawa Terusuke planait comme une menace persistante, tandis que nous tentions de fuir cette toile mortelle tissée autour de nous. Yuki Shinki, à mes côtés, répondait à ma demande avec une rapidité et une précision propres à son art. Chaque pas était une incertitude, guidés par ma voix inaudible, chaque respiration empoisonnée amplifiait notre vulnérabilité. Eri, déjà affaiblie, lançait un appel déchirant, un ultime geste de sacrifice, qu’elle pensait à tort notre salut, coupant soudainement la télépathie. Le lien de chakra qui nous unissait se brisa soudainement, laissant un vide dans nos esprits connectés.

Notre progression devenait plus chaotique l’espace d’un instant, le temps de mettre en bandoulière mon arc. Je saisissais le Yuki par la manche, commençant à enchaîner les pas plus rapidement, jusqu’à parvenir jusqu’à la télépathe, lui agrippant le bras. Je les trainais, les tirais, les dirigeais jusqu’à sortir du nuage, rejoignant les arbres de la forêt. Le bouclier de glace du Yuki couvrait nos arrières, et d’un heureux hasard, nous ne tombions pas face à celui qui venait de nous empoisonner. Habitué aux efforts, je tractais, poussant sur mes jambes comme si chacune des foulées se devaient être des dérobades, pulsant du chakra dans mes pieds.

La jungle, alliée tacite de notre fuite, se dressait comme une sentinelle protectrice, nous cachant à la vue du démon. L'effet des toxines se faisait de plus en plus ressentir, notre résilience mise à l'épreuve par cette nouvelle menace silencieuse. Les maux de tête devenaient lancinants, la nausée montait insidieusement, et la faiblesse s'insinuait dans nos membres déjà éprouvés par le combat. Nous continuions à courir, guidés par l'instinct de survie et la nécessité de mettre une distance suffisante entre nous et le danger invisible qui nous poursuivait.

Cependant, la réalité de notre situation devenait de plus en plus tangible. Eri, secouée par la rencontre, représentait le fardeau que je portais avec détermination, mais chaque pas pesait davantage sur mes épaules fatiguées. Les profondeurs de la forêt semblaient offrir un abri temporaire. Nous nous enfoncions parmi les arbres. Mon cœur s’emballait, ma respiration avec, offrant aux toxines la liberté de se répandre davantage plus vite et plus férocement. Mon ventre lançait des douleurs, je n’avais jamais autant couru de ma vie, galvanisé par l’instinct et la peur. Je pensais que tous ces symptômes en étaient le contrecoup. Je me trompais.

Je vacillais d’un côté, puis de l’autre, jusqu’à m’écrouler à genoux, dégobillant. La terre froide de la jungle semblait aspirer ma chaleur vitale. Shinki et Eri, tout aussi épuisés, m'entouraient dans cette sombre canopée. Leurs respirations étaient à peine audibles dans le tumulte de ma propre lutte intérieure contre les effets des toxines. Mon esprit tourbillonnait, et la jungle elle-même semblait se transformer en une mosaïque déformée de couleurs et de formes. Blême, mon regard vide croisait le leur, avec comme seule aurore de résignation mêlée à une détermination farouche, une main tendue, cherchant, proposant, réclamant de l’aide et du réconfort.

La forêt était notre alliée, mais elle devenait aussi notre geôlière. Chaque arbre, chaque feuille, chaque souffle de vent portait en lui le potentiel d'une embuscade mortelle. Chaque inspiration était un effort, et chaque pas, à présent à quatre pattes, était un défi. Les racines tortueuses sous mes pieds semblaient se tordre dans une danse cruelle pour me faire tomber, moi qui était déjà si près du sol. Nous atteignîmes enfin un abri précaire, une grotte cachée dans le flanc d'une colline. Yuki Shinki érigea une barrière de glace à l'entrée, camouflé de banchage, nous isolant du monde extérieur. Les nausées se transformaient en vagues de vertiges, et mes membres semblaient être enchaînés par une lassitude insurmontable. Eri, à mes côtés, semblait avoir atteint ses limites, son souffle irrégulier trahissant une lutte intérieure. La lueur d'espoir, autrefois flamboyante, se fanait lentement.

Au repos, le souffle retrouvé, la maladie, puisque la fièvre s’installait, s’amenuisait. L’effort de traction et de chakra, jusqu’au malaise, avait eu raison de moi, déclenchant un pic du virus. Les parois rugueuses de la grotte semblaient serrer leurs bras naturels autour de nous, offrant un semblant de répit dans cette danse macabre avec la maladie. La pénombre de notre refuge temporaire était rompue par l'éclat faible de quelques champignons luminescents, et je me laissais glisser contre le mur froid, cherchant un appui pour reprendre mes esprits.

– Il faut.. Il faut tenir, au moins.. jusqu’à la nuit prochaine.. pour.. des renforts.

Ma voix était à peine plus qu'un murmure, étouffée par la faiblesse qui persistait, amplifiée par mon désir de discrétion. Je le cachais mais ma certitude était branlante. Les secours n’en étaient pas, il s’agissait de Washirô, un aspirant présent au même titre que nous, dont la venue hypothétique amenait son lot de tracas, plus expérimentés, plus fort que nous. La situation était plus critique qu’annoncée, car à l’aube de la troisième journée, la véritable survie, celle pour laquelle je m’étais tant préparée, allait débuter le réveil de l’île de la seconde chance.

Mes mains tremblaient alors que je tentais de saisir une gourde d'eau, mes doigts débiles peinant à enlever le bouchon. Chacun de nous était une ombre de lui-même, marqué par les ravages du poison. Les parois de la grotte semblaient résonner des échos de nos gémissements étouffés, comme si la jungle elle-même exprimait sa cruauté impitoyable. Soudainement frappé de mes connaissances botaniques propres à l’île, mon kunai prélevait de ces racines qui nous avaient conduit en la grotte, et des champignons qui la parsemaient, les cisaillant en une mixture impropre versée dans ma gourde, patientant sa diffusion dans l’eau. L'amertume des plantes semblait apporter un répit bienvenu, bien qu’insuffisant pour en guérir.

– Buvez.

Le soleil se couchait.

Shimizu Eri
L'île des Secondes Chances [An 79] EmptySam 17 Fév - 4:51

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Shimizu EriGenin 下忍 de rang B

Message Sujet: Re: L'île des Secondes Chances [An 79]


L'Île des Secondes chances – An 79, archipel de la Lune
Ft. Fuwa Yasahiro & Yuki Shinki


Du vide laissé par la connexion brisée ne suinta que du vide ; une plaie béante dans les profondeurs de son existence damnée. De cet ultime sacrifice naissait une paix qu'elle n'avait que peu connue alors, sinon dans l'intimité d'une bulle dont on venait vicieusement de l'arracher. L'angoisse et les murmures des fantômes à ses oreilles se taisaient pour une quiétude creuse, sans chaleur, tandis qu'au fond d'elle s'éteignaient les flammes vacillantes de l'espoir, et chacune des batailles qui l'avaient jadis habité. Perdue au milieu des volutes infectieuses, le démon du clan de l'esprit contemplait ainsi sa propre finalité avec détachement, sombrant peu à peu dans les ombres à mesure que sa respiration échappait à son contrôle et que l'engourdissement gagnait chacun de ses membres. Et ce froid, ces frissons si intenses qui l'assiégeaient de toutes parts...

Elle crut y ressentir-là l'étreinte hiémale de la mort, la tirant par le bras dans l'outre-tombe ; elle ne pouvait encore s'imaginer qu'on l'en extirpait vivement, en vérité, entraînée malgré elle dans une course dans la survivance, sur des sentiers d'autant plus sinueux qu'ils lui étaient totalement étrangers.

Le nuage toxique, se dissipant, leva rapidement le voile sur des rangées d'arbres défilant à gauche et à droite à un rythme effréné, comme s'ils étaient les seuls êtres encore dotés de courage pour se jeter sur l'ennemi contre lequel les lâches battaient en retraite.

Du reste, elle n'eut que peu de souvenirs : son esprit s'était empêtré dans le brouillard de la résignation, de ceux et celles qui laissent la vie leur glisser d'entre les doigts, comme l'eau savait s'écouler d'une gourde percée. Ce furent la dureté de la pierre, mêlée aux arômes poisseuses de moisissures et d'humidité qui la tirèrent de son crépuscule, duquel émergèrent, sur les parois rocheuses de la caverne, de petites lueurs dont elle ne parvint à saisir la source ; tant d'étoiles parsemant cet horizon obscur, qu'elle distingua, longuement, une à une, avec lassitude, luttant sans raison contre le poids accablant de paupières qui ne demandaient pourtant qu'à clore son calvaire.

« R-Ryo… Ryota… »

Ses doigts, animés d'une volonté soudaine, cherchèrent alors le réconfort du sabre immaculé qui les avait accompagnés à travers chaque mésaventure depuis le décès du garçon. Au sein du fourreau, où l'arme siégeait d'ordinaire à ses côtés, ils n'y trouvèrent seulement que la douleur de l'absence, de la perte de repères. Son guide n'était plus. Son phare, autrefois inextinguible, s'était tu dans le brouillard.  

« M-Mon sabre... Mon sabre... »

Tout son corps sembla s'agiter, enquêter les alentours, frissonner en se rendant à l'évidence : elle l'avait perdu. En lieu et place, on lui passa plutôt une gourde sous le nez, cachant les parfums terreux d'une décoction salvatrice, qu'elle chassa néanmoins du revers de la main, tremblante.

« N-Non... Je veux..! »

Elle vit à cet instant la silhouette floue de l'archer se détacher des éclats lumineux, entendit brièvement les échos de sa voix fétide ; et prise de violentes nausées, plaqua sa dextre contre ses lèvres pour en sceller le mal... sans vraiment y parvenir. La maladie, dans une marre à sa droite, révélait ainsi ses plus affreuses couleurs, et la Shimizu comprit, dès lors, qu'on lui avait soutiré sa rédemption.

« P-Pourquoi tu... Pourquoi... Je... Je devais mourir là-bas, et toi... C'est tout ce que je... mérite... Tu le sais. Alors... Pourquoi..? »

Au-delà de l'épuisement, de l'abattement : l'amertume, la rancœur ; car cet homme, par-delà ses meilleures intentions, par-delà l'au-delà peut-être, l'avait dérobé des bras de son cher frère. Loin de la paix éternelle, du baiser mortel de la faucheuse dont elle était désormais éprise...


Fuwa Yasahiro
L'île des Secondes Chances [An 79] EmptyMer 21 Fév - 3:40

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Fuwa YasahiroChûnin 中忍 de rang B

Message Sujet: Re: L'île des Secondes Chances [An 79]

Je n’avais rien mangé ni bu susceptible de me rendre malade. Je m’en étais assuré, vigilant à ce que j’ingérais, pratiquant des formes de contrôle de comestibilité, croisées avec les archives de ma famille sur les Archipels de la Lune. Par ailleurs, la maladie nous touchait tous les trois. De communs, nous n’avions que la rencontre de Terusuke Togawa et le terrain sur lequel nous avions convergé. L’assassin nous avait contaminés, à moins que cela ne soit l’île sur laquelle une germe ou un virus y couvait et s’y était développé.

Je pris une profonde inspiration, chassant la douleur lancinante qui irradiait de chaque fibre de mon être. Nous devions tenir bon, rassembler nos forces pour affronter ce qui nous attendait. Avec précaution, je tendis la gourde remplie de la mixture d'herbes médicinales vers mes compagnons de fortune. Chaque gorgée de l’eau teintée du remède improvisé apportait un soulagement momentané à nos poumons tourmentés par les toxines, un soulagement fugace, un baume pour nos corps meurtris.

Shinki, à mes côtés, gardait une vigilance sourde, son regard scrutant chaque recoin de notre refuge précaire. Eri, prostrée dans un coin, tentait de rassembler ses forces épuisées par une épreuve tortueuse de ses méandres, chassant d’un revers de main la gourde, s’agitant avant de gerber sur son flanc. Après ses jérémiades, je me décalais sur son côté non souillé, lui agrippant le sommet du crâne, la poigne remplie de ses cheveux, la forçant à me regarder.

– T-Terusuke a dit.. que.. tu avais massacré l’un des nôtres.. Si tu tiens tant que cela à mourir, pourquoi as-tu tué un kirijin ? Ça n'aurait pas été plus simple.. d’en finir à ce moment-là ? Raconte-nous.

Ma voix haletante marquait des pauses éreintées, muée par l’appétence de l’information, synonyme de vie. Il n’était pas à exclure que le Démon nous montait les uns contre les autres, mais l’incohérence des états d’âme de la Shimizu n’était pas des plus raccords. La blondinette s'assimilait être une tueuse, regrettant le poids de son geste jusqu’à en souffrir, signe qu’elle avait franchi pour la première fois l’acte d’ôter la vie. Au déroulé de la rencontre, sa complicité pouvait être écartée, ce n’était guère un stratagème. Toutefois, la naissance de l’appui du Yuki n’en deviendrait que plus ancrée.

– Tes inquiétudes se portent envers un sabre, un.. Ryota ? Oh, tu y tiens à la vie. Alors bois.

J’écrasais la gourde auprès d’elle, contre le sol, chassant la terre pour y créer son nid. Un vertige me parcourait. J’avais été trop vif, trop irrité par le comportement de la Yamanaka, cette facilité à l’abandon et à l’unique abnégation finale. Je reprenais un peu de souffle.

– E-Et.. Et si.. ce n’est pas le cas, alors.. donne-en un sens. Tu veux te sacrifier ? Fais-le. Fais-le, mais c’est moi qui déciderais quand, comment et où.

Ma main, lasse de lui étrangler le chignon nouvellement créé, relâcha son emprise, cessant de lui maintenir la tête. Je regagnais la partie de la grotte, m’allongeant de tout mon large. Le jour s'évanouissait dans un crépuscule teinté de promesses funestes, une toile tissée de souffrances et d'espoirs fragiles. Nous étions là, dans l'antre de la jungle, pris au piège de ses rebondissements chaotiques. La lueur mourante du soleil filtrant à travers les feuillages semblait annoncer une nuit empreinte de dangers toujours plus perfides. Le soleil s'évanouissait à l'horizon, teintant le ciel d'une palette de couleurs sombres.

Dans l'obscurité naissante de notre refuge précaire, nos corps affaiblis par les toxines continuaient leur lutte. Une tension palpable envahit l'atmosphère alors que nous nous préparions pour la nuit à venir. Mais pour l'instant, dans la grotte, nous avions un moment de répit, une précieuse période pour reprendre des forces et planifier notre prochaine étape dans cette lutte désespérée pour la survie. La nuit, telle une faucheuse invisible, descendit sur l'île maudite, enveloppant chaque cri de la faune nocturne dans un voile de menace.

Alors que la lune conquérait le ciel, je sentais le sommeil me gagner. Mes paupières devenaient lourdes, mon esprit s'enfonçant dans un état de semi-conscience. Mais même dans mes rêves agités, l'ombre menaçante de Togawa Terusuke continuait de hanter mes pensées. Dans ces songes, je me demandais si nous avions une chance réelle de survivre à ce cauchemar vivant. La maladie avait toujours été une composante à écarter, et pourtant, aujourd’hui elle se mettait en travers de ma route si longuement bâtie.

** Jour 2 **


Le repos s’était effectué quand la deuxième journée de la clause Kaguya pointait le bout de son aube. L’assoupissement, aux limites du passable et du médiocre, méritait d’exister. Je scrutais au-delà de l'entrée de la grotte, mes sens en alerte maximale. Je me levai de ma position, sentant chaque muscle de mon corps protestant contre l'effort. Je commençais à briser la glace pour y former un petit trou dans lequel nous pouvions naviguer. Il nous fallait manger si nous ne voulions pas perdre nos forces.

– On va faire des provisions. La dernière fois, je ne sentais pas le chakra de Terusuke. Personne ne doit rester seul.. Et donc, on se déplacera à trois.

Avec l'aide de mon don de détection du chakra, nous tentions de repérer les petits animaux qui pourraient nous servir de nourriture, évitant ainsi les rencontres malheureuses avec les prédateurs. Chaque pas, chaque geste étaient calculés. L’avantage de traquer les petits animaux contenait l'intelligence d’obtenir des chemins directement aux sources d’eau, limpide qui jaillissait d'une roche crevassée, et de fruits juteux pendant des branches des arbres environnants, les racines nutritives se dissimulées sous la terre humide, que je récoltais en posant les yeux dessus.

J’essayais d’inculquer quelle récolte était à éviter ou à prioriser à mes camarades repêchés. Pour finir, j’abattais un oiseau dans un buisson touffu, davantage pour l’apport nutritif d’une quelconque faim taiseuse à cause du virus, me compliquant le tir. Nous avions assez, l’ordre était au repos, limitant nos dépenses, ramassant quelques bois sec sur le retour. Le soleil atteignait son zénith et la réalité de la survie n’était autre que celle d’éviter les menaces et chercher de la nourriture, domaines dans lesquels même diminué j’étais particulièrement efficace, et de se reposer.

Nos estomacs pleins par nécessité de guérir, le moment de faire un premier et dernier feu pour cuire la maigre pitance que nous avions réussi à chasser se présentait. Saisissant mon arc, j’en utilisais la corde pour frotter les bois, alimentant les premières braises. Le foyer crépitait joyeusement, illuminant notre petit coin de jungle d'une lueur chaleureuse, seul plaisir agréable des dernières heures, accompagné d’une petite odeur de volaille. J’étais épuisé mais fier, conscient que chaque épreuve surmontée nous rapprochait un peu plus de la survie.

– Et donc.. On est supposé t’appeler Yamanaka ou Shimizu Eri. Moi c’est Fuwa Yasahiro. Et toi ?
– Yuki Shinki.
– C’est plutôt rare la couleur de nos cheveux. Tu n’aurais pas un parent dont le prénom commence par “ Ya “ ?
– Yuki Yamucha, un grand-père. C’est plutôt rare de se présenter après avoir pointé une arme.
– ... C’était une précaution. Et.. Elle a payé n’est-ce pas, haha ? Je crois bien que nous sommes cousins éloignés en ce cas. C’est une particule première courante au sein de ma famille.
– Hm.. Peut-être, mais si l’on tombe sur Ayako, je m’en charge, c’est une amie précieuse.
– Je m’occuperai d’un certain Asakura Washirô, j’ai pu le croiser avant vous, il était méfiant mais pas hostile, j'espère l'avoir convaincu à me rejoindre par la suite. Vous n’avez rien contre lui ? Et toi Eri, tu as de la famille ? J’ai cru comprendre à l’académie que tu venais du Pays de la Pluie.


La discussion suivait son fils, murmures résonnant dans la cavité. A la stupeur de Shinki et de Eri, je tuais le feu, le recouvrant de terre en même temps que les restes indésirables de l’oiseau, qui m’avait valu quelques nausées. La viande était pour ce soir. Le confort de la chaleur était à éviter, si elle chassait les animaux, ce n’était pas le cas de tous, plus encore des prédateurs emblématiques des Archipels de la Lune. Je réclamais à Shinki de boucher complètement la grotte afin de nous isoler cette nuit. Je procédais méticuleusement. Il était temps de fournir quelques explications, quelques révélations.

– Ecoutez. Les Fuwa ne réussissent que rarement l’examen Genin. Si nous partageons le même sang Shinki, j’en suis désolé. Nos membres se rendent souvent sur les Archipels de la Lune, rapportant leurs témoignages. Je pense que vous commencez à comprendre.. Je suis préparé et je ne fais rien au hasard. Cette nuit sera probablement la plus agitée.. La plus meurtrière aussi, ceux sur les plages ne survivront qu’en petit nombre. Ne faites pas de bruit, cela devrait bien se passer. Je pense.

L’annonce avait jeté un froid, jusqu’au soir. Et alors que la nuit tombait une fois de plus sur l'île maudite, Morphée nous accueillait l’un après l’autre, se réveillant pour le tour de garde. Soudain, un craquement sinistre résonna dans la jungle, brisant le silence oppressant de l’aube. Le sol se dévissait sous nos pieds, l’archipel donnait la sensation de s'élever vers les airs. Les cailloux roulaient sur le sol, d’un côté puis de l’autre à chaque secousse. La poussière lévitait, remplissant notre grotte d’une brume boueuse. Les coups se rapprochaient, prenant en volume et en consistance, tel un tambour auquel on ajoutait à chaque fois une réverbe toujours plus longue. Le rythme s’harmonisait quelques fois, pour mieux répandre son boucan tumultueux.

La symphonie d’éclat lourd envahissait les lieux, provenant de tout part, les détonations s’enchainaient, jusqu’à ce que l’une d’elles soit toute proche. Des ombres mouvantes se dessinèrent à l'entrée de la grotte, des silhouettes monstrueuses émergeant à contre-jour, leurs yeux luisants fixés au loin avec une lueur de convoitise bestiale. C'étaient les créatures endémiques de l'île, réveillées par l'appel de vie nouvelle et incrédule, affamées de chair et de sang. Leurs grognements rauques remplissaient l'air, annonçant le début d'un festin macabre.

Nous nous recroquevillâmes dans l'ombre, retenant notre souffle, priant pour que les créatures ne nous repèrent pas dans notre cachette précaire. Chaque battement de mon cœur semblait résonner dans l'air étouffant de la grotte, révélant notre présence aux prédateurs qui nous encerclaient. Des heures semblèrent s'écouler dans cette attente insoutenable, notre angoisse grandissant à chaque bruissement. Mais finalement, les créatures se lassèrent de chercher leur proie et s'éloignèrent, convergeant vers la plage, emportant avec elles leur promesse de mort et de désolation.

Hihi:

Shimizu Eri
L'île des Secondes Chances [An 79] EmptyDim 3 Mar - 21:26

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Shimizu EriGenin 下忍 de rang B

Message Sujet: Re: L'île des Secondes Chances [An 79]


L'Île des Secondes chances – An 79, Archipel de la Lune
Ft. Fuwa Yasahiro, Yuki Shinki & Asakura Washirō


Renaître dans la mort des autres, quelle idée. Fugace pensée, un murmure dans l'esprit vacillant de la Shimizu, alors qu'elle posait le pied sur la terre ferme imbibée de sang, chavirant les destins à la dérive...


* * * * *



Au royaume des cauchemars, l’île de la seconde chance ravivait parfois les balafres les plus profondément enfouies. D'anciennes douleurs, oubliées. De vieilles rancœurs, effacées par le temps. Les silhouettes délabrées, enterrées dans les bas-fonds d'un monde d'allure onirique, prisonnières des affres de la bestialité des Hommes ou de la Nature, étaient tourmentées dans le défilement insaisissable des événements, les desseins les plus sombres des plus vils prédateurs, le sang versé de leurs victimes. Souffrant de la maladie des âmes perdues, elles souhaitaient racheter le péché de la faiblesse des mains de leurs bourreaux, attendant patiemment au sein de la caverne que le monde des ombres se taise enfin, que la fureur des uns se calme tandis que la flamme des autres s'éteignait à petit feu. Elles souffraient en silence, pourtant, de bien plus de maux inconnus, innommables, que toutes les autres, se déchiraient entre elles dans l'espoir de recoudre les morceaux dépecés en une entité unique, soudée : une équipe aux membres fébriles, s'unissant contre la folie de l'ivoire, pour un temps seulement.

L'une d'entre elles, cependant, peinait à tenir en place, s'écroulant dès lors qu'on tentait de lui imposer la présence des autres, ses ravisseurs insulaires, ses meilleurs ennemis. Elle était de cette espèce sans attaches ni racines, que l'on ne peut nouer aux autres que par la force, celle d'une poigne tirant son crâne, son cuir chevelu, ses brins dorés en un chignon affligeant, pour lui enfoncer l'espoir qu'elle répugnait au travers de la gorge. Un espoir de fou, croyait-elle, inatteignable dans la petitesse de son esprit écrasé par la fourberie des siens, leur héritage perfide. Un espoir qui se refusait à elle, comme l'eau refusait l'huile. Or, elle oubliait, en cet instant fatidique, qu'elle était en réalité enfant de la Pluie. Qu'elle était de ces gouttelettes qui nourrissaient la mer, savaient la faire grandir – née dans les hauteurs pour noircir les abysses, lui avait-on dit, une fois. Elle n'y avait pas cru, à l'époque. Elle n'y croyait toujours pas, dans l'humidité et le parfum des moisissures de la grotte isolée.
L'homme à ses côtés ne lui ferait pas changer d'avis – pas encore. Il ne se berçait sans doute pas d'illusions, non plus. Mais dans le terreau fertile de sa culpabilité, il savait bien qu'il y cultivait l'obéissance prochaine, fruit du désespoir, croisé à la solitude, qui pousserait tantôt sous la forme d'une arme vicieuse en la jeune fille, comme une mauvaise herbe à arracher pour certains, ou comme une pièce maîtresse au jeu des Ombres, et au sien.

Le rappel d'une vie fauchée fut la première graine qu'il planta dans son champ, préalablement labouré à la sueur du Boucher. Une graine qui chassa brièvement sa prise de lugubres méandres, obligeant réponse à de viles accusations. La Yamanaka le fit, à contre-cœur, non sans rechigner devant la tâche ardue devant laquelle on la tirait, qu'elle ne souhaitait pas entreprendre. Elle balbutia d'abord, fit, au prix de lourds efforts, une première tentative, infructueuse, décousue, suivie d'une seconde, sans doute plus intelligible pour le cultivateur de survivance. Des mots qui ne vinrent pas sans effroi, pâlissant ses traits, glaçant son courage autant que les frissons du poison, que le froid ambiant emprisonné dans ce sarcophage de pierre.


« I-Il... Il voulait... Il voulait me... Il... Je... Je n'ai pas eu le choix. Je ne pouvais pas... Ce... C'était... »


Le reste des explications s'ensuivit, toujours plus saccadé. Un flot toujours perturbé, s'ajoutant au déluge, aux sanglots se déversant sur des joues rougies, crispées. Ses paupières se refermèrent, serrées pour éviter de confronter l'archer, fuir ses contours d'où émanait tant de lueurs, trop vives pour être ainsi contemplées de front. Elle ne pouvait pas s'abreuver de sa lumière – pas encore. Mais devant le miroir qu'on lui tendit, l'évidence qu'il brandissait par-delà ses incohérences, elle se vit rapidement obligée de le faire, de cette gourde qu'elle avait repoussée du revers de la main et qu'il avait écrasée dans le sol à proximité.
Emmurée dans le silence, son bras se tendit, de peine et de misère, ses doigts hésitant une seconde, peut-être deux, avant de se lier au remède temporaire, de s'accrocher à la vie. Ses seules paroles furent celles de ses gestes, lents, assommés, traduisant son abattement, sa renonciation devant l'entêtement du kirijin. Du sens, elle n'en trouvait plus, après tout, loin des rêves qui avaient bercés son défunt frère, portés sa lame.

Sa lame...

Elle ricana doucement, amère, clignant lourdement des yeux, lasse. Peut-être devait-elle se la réapproprier avant d'être rongée par le néant. Il n'y avait rien d'autre pour elle, au-delà... Ce katana était toute sa vie. Le seul guide qu'il lui restait dans la brume des maîtres de l'esprit. Un phare inextinguible dans la brume sanglante.
Ce fut la dernière pensée qui l'accompagna, la cajola tranquillement au moment où elle sombrait dans la fatigue d'une journée si éprouvante. Oui, elle allait devoir retrouver ce sabre.



Et si on s’amusait un peu avant la nuit, hein, juste tous les deux…?


Le chuchotement des fantômes, lui arrachant des sueurs froides. Une intonation rauque, traversant l'espace et le temps pour se loger au creux de son oreille, aux aurores. Gutturale était la voix du monstre savourant encore sa proie, par-delà la frontière des rêves, la soutirant, en sursaut, des bras apaisants des songes. Un réveil abrupt, réveillant des douleurs endormies, là où le métal avait mordu son épaule, là le pied du rustre avait rencontré ses côtes, là où le gaz toxique poursuivait ses ravages...

Les visages que la gamine affaiblie rencontra alors la firent grincer des dents. Mais lorsqu'ils voulurent quitter leur refuge en quête de provisions, elle ne rouspéta aucunement, les suivant comme un chien de poche dans les bois sauvages de l'île des Secondes chances, sans vraiment s'y sentir adéquate. Elle écouta distraitement les conseils avisés du chasseur, l'aida même un peu, en surpassant son apathie, lorsqu'il le demandait, espérant obtenir, en retour, une aide précieuse jusqu'à la lame perdue. Une coopération éphémère à laquelle elle vint finalement à consentir par le mutisme, dans l'unique espérance de retrouvailles prochaines avec son aîné disparu. Un silence, bientôt perturbé en dépit de son refus insonore, au coin du feu qu'ils allumèrent brièvement, le soir venu, afin de cuir leurs maigres trouvailles. Une discussion à laquelle l'entêtée se refusa, à moitié, de participer, répondant sans trop répondre, sans se laisser aller dans la complicité ou l'intimité.


« Shimizu. Je... n'ai rien d'une Yamanaka. »


Elle s'intéressa à peine à la conversation des deux cousins, perdant plutôt son attention dans les flammes, et leur chaleur réconfortante – la seule qu'elle avait connue depuis qu'ils avaient quitté le navire qui les avaient condamnés à cet enfer.

Asakura. Une mention qui ne rassura pas le moins du monde la vermine étrangère quant à la suite de cette mésaventure. Elle avait eu vent des rumeurs, elle aussi, au sujet de cette famille. Les bourreaux attitrés de Sa Seigneurie, soufflait-on entre les lèvres, dans les rues du village. Qu'allait-il advenir d'elle, lorsqu'il serait là?


« Ça... Ça ne te regarde pas. » rétorqua-t-elle à la flèche lorsqu'il l'interrogea sur la présence de ses proches au pays.


Elle avait voyagé avec eux depuis le continent, autrefois, traversé le Feu, puis la mer, pour atteindre leur destination finale. Elle s'imagina son père, si elle devait le revoir, si elle survivait à son châtiment. À la colère et au dédain qu'il afficherait dès lors qu'elle passerait le pas de la porte. À ce qu'il lui ferait ensuite...


« Des monstres... Juste... des monstres... »


Qui n'avaient rien à envier à ceux qui surgiraient, quelques heures plus tard, des entrailles telluriques de leur prison à ciel ouvert, pour terroriser leur nuit dans la caverne. Ceux-là pouvaient être combattus, après tout. L'héritage de son clan, lui, pire que tout, survivrait à jamais – en la demeure des Shimizu, ou ailleurs, sous une pluie torrentielle...




Asakura Washirō
L'île des Secondes Chances [An 79] EmptyDim 10 Mar - 19:03

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Asakura WashirōChûnin 中忍 de rang B

Message Sujet: Re: L'île des Secondes Chances [An 79]

L'ÎLE DES SECONDES CHANCES

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La nature de cette île démoniaque se révélait à ceux qui s'en donnaient la peine d'en saisir la portée cynique. Ce prétendu examen n'en était qu'un pour les plus naïfs des condamnés. Car dans cet environnement hostile, ou tout autour de soit prêtait au danger - faune, flore, même candidat, il n'y avait aucun prestige à survivre. Même le plus insignifiant cafard pouvait se prétendre vainqueur de cette épreuve où se côtoyaient carnassiers et innocents. Il suffisait d'abandonner son honneur et sa fierté, pour chercher à disparaître aux yeux de tous. En un sens, renier son humanité pour embrasser le dogme le plus obscur du code shinobi. En bref, ne faire qu'un avec la brume. Du reste, il fallait accepter, de gré ou de force, de n'être qu'un ignare dansant dans la paume des puissants. Pour celui qui refusait de se changer en pierre et d'hiverner à l'abri de toute menace jusqu'au septième jour, alors il fallait lutter avec la foule. Pour au final, n'être qu'un acteur d'une tragédie, celle des enfants de la Brume qui se laissent mourir pour le plaisir de quelques boutefeux cultivant l'art de sculpter leur squelette en arme de guerre.

La voilà, l'écrasante vérité tapie dans l'ombre de ces bois marécageux. Tous ici n'étaient que des pions qui se déplaçaient inconsciemment sur un immense échiquier insulaire. Et plutôt que de s'amuser à les placer, les Kaguya, depuis des décennies, se plaisaient à imaginer ces aspirants se faire broyer par l'implacable sauvagerie de ces lieux, de ses occupants, et des visiteurs qui succombaient à leurs instincts les plus sombres. A cultiver la passion du meurtre comme mantra suprême d'une cité guerrière, on récoltait parmi ses rangs les fruits les plus corrompus par la soif de sang, le zèle et l'arrogance.

Mais parmi tous les participants à cette mascarade élevée en devoir de repêchage, il en était sans doute un bien indifférent à sa condition d'acteur d'une pièce sanglante. Washirō était loin d'être un simple acteur, conscient ou non des enjeux qui pesaient sur ses épaules. Loin, puisqu'il n'était que le pantin du clan Asakura. Une marionnette sans âme, sculptée dès l'enfance avec des valeurs cardinales pour fils moteurs : l'obéissance et la discipline. Ce pur produit d'un jansénisme circonstanciel avait atterri sur l'île des dernières chances car on le lui avait ordonné. Le Monsieur de Kiri n'avait pas besoin d'en savoir davantage ; il n'en avait de toute manière pas la finesse d'esprit pour envisager d'en espérer plus. On lui avait donné un but, survivre, de quoi survivre, un sabre, et une durée, sept jours et sept nuits. Avec pour seule alliée son inoxydable fermeté, il s'était élancé dans cette aventure, sans pour autant percevoir tous les dangers qui planaient sur sa tête. En définitive, Washirō était l'interprète idéal pour cette pièce qui se répétait sempiternellement depuis l'an dix huit. Il ne restait plus qu'à appliquer cette recette rodée à chaque génération : enfermer la vermine aspirante dans cette prison de jade, la saupoudrer d'autres cafards, accompagnés de péripéties et assaisonner le tout avec les épices du doute et de la cruauté. Pour, enfin, laisser reposer pendant sept jours avant de déguster.



Au troisième jour, la recette de Tsukijima, l'île de la Lune, avait commencé à prendre forme.
Un savoureux fumet de sang mêlé de sueur exhalait de la cime des arbres qui jugeaient en silence les participants de l'épreuve.

Washirō avait fait les frais de cette cuisine infernale.


Il errait dorénavant en direction du Nord-Ouest, l'air hagard. Une première balafre ensanglantée traversait son visage en diagonale. Sa tenue était couverte de boue, parfois de sang. Sa jambe le lançait par intermittence, ce qui le forçait à alterner en une allure féline, et un pas hésitant qui le faisait clopiner sur plusieurs mètres. Dans son dos, une imposante carapace de chitine dépassait de son épaule. Elle suintait d'un suc verdâtre encore frais qui se diluait dans l'eau trouble des mangroves. Elle appartenait à un yōkai aux allures de scarabée monstrueux qu'il avait pourfendu, et qui servait dorénavant aussi bien de bouclier de fortune que de provision. De la main gauche, il agrippait fermement la patte restante de la créature pour fixer cette protection primitive contre lui. De la droite, son sabre dégageait le chemin, réduite à l'état de simple machette dans une jungle hostile. Si certains avaient connu une éducation empirique en parallèle de celle imposée par l'académie, Washirō faisait sa première expérience du terrain. Là où des privilégiés avaient pu se former aux périls de la survie en milieu naturel, Washirō n'avait fait qu'appliquer inlassablement la justice capitale du Daimyō, dans le confort relatif de la colline des soupirs. Il était bien loin de la propreté de l'échafaud, ou la peine capitale s'exprimait avec clarté et assiduité. Ici, le chien des Asakura avait vécu dans sa chair les leçons de l'académie qui se refusa à le consacrer directement en tant que Genin.

Il avait appris à chasser. Puiser son eau en trouvant des sources potables. Exterminer les yōkais qui le menaçaient. Éviter les pièges et les chemins sans issue dans une forêt sans repères. Localiser un abri pour passer la nuit. Massacrer les candidats impétueux. Identifier des baies, racines et autres végétaux comestibles. Ôter la vie, sous quelque forme qu'elle soit, pour préserver la sienne.

En jugeant de sa démarche hésitante, on pouvait penser que le Monsieur de Kiri était perdu, plongé dans une torpeur fatale. C'était partiellement vrai. Washirō manquait cruellement de sommeil. Bien qu'ayant appris à trouver par soi-même sa nourriture, ses prises étaient maigres. Et chaque gorgée d'eau était aussi précieuse qu'une nuit sans accrocs. Mais si son allure laissait à désirer, il se dirigeait vers la direction suggérée par Yasahiro avec une détermination inépuisable. Dans sa poche, il avait en effet réussi à préserver une petite bourse contenant le précieux trésor des femmes de son clan : les pilules sanglantes. Pour se donner une chance de réussir, il n'avait pas hésité dès le troisième jour à croquer dans ce concentré d'immondices qui mobilisa des forces insoupçonnées. Lorsqu'il avait avalé cette drogue, l'avertissement de Tsugumi résonnait dans sa tête avec un écho caverneux : chaque pilule t'épargne une nuit de sommeil, mais te privera d'une semaine d'éveil.. Tel était le prix métabolique à payer pour poursuivre son avancée vers le Nord-Ouest.

Sur le chemin, le lion esseulé avait fait des rencontres bien moins réjouissantes que celle avec Yasahiro. L'énigmatique archer avait eu le mérite de menacer avant de prodiguer de précieux conseils à son potentiel allié, conseils qui s'avérèrent utiles une fois appliqués. Les rencontres suivantes virent les menaces mises à exécution, et le seul conseil qui résulta de ces affrontements se traduisait en la maxime suivante : tuer un pour en terrifier un millier. A mesure que sa progression le conduisait à sa destination, on se méfiait davantage du Monsieur de Kiri. Plus seulement en sa seule qualité de bourreau, mais bien en tant que prédateur parmi les bêtes sauvages. Cela jouait sans doute sur l'exagération, l'anxiété, la fatigue. Mais cela suffisait à écarter le danger du chemin du futur Shinigami.

Autre conséquence de cette voie pavée de sang : Washirō avait perdu son outil de travail. A l'issue d'une brève lutte avec un aspirant dévoré par la vengeance, il avait en effet amoché son sabre. L'aspirant s'était déchaîné sur son épée, à défaut de concentrer ses efforts sur la chair de celui qui lui avait ôté un proche des années plus tôt. L'épée fut ébréchée, et projetée contre une pierre qui aggrava son état. Par chance, sur sa route, il venait de trouver un katana à l'abandon, encore utilisable. Washirō le préserva de l'humidité et employa toutes ses connaissances au sujet des épées, bien plus avancées qu'en matière de survie, pour en faire son arme principale. Il ignorait totalement à qui appartenait cette arme de bonne facture. Mais l'Asakura avait assimilé que sur cette île, la possession n'était relative qu'à la puissance de celui qui se donnait la peine de s'accaparer les ressources. Après avoir parcouru une longue distance dès le soleil levé, Washirō fit une énième rencontre désagréable.

Mōryō*

La créature l'observait silencieusement, bloquant son passage. En réalité, elle avait repéré grâce à son odorat affuté un abri où gisait de la chair fraîche de shinobis. Fraîche, du fait de cette source de froid qui les isolait de l'extérieur, et non pas du fait de la qualité de leurs entrailles, corrompues par quelque toxine. Cela, la créature s'en moquait bien. Elle avait appris à apprécier la viande en dépit de son état. Mais à l'approche du colosse au visage de marbre, elle se ravisa derechef pour porter son dévolu sur cette proie de proximité. Aussitôt Washirō dégaina son arme et la créature se rua vers lui, essayant de l'étriper au moyen de ses longues griffes crochues. Le choc du katana contre ces appendices évoquait l'entrechoquement de deux pièces de métal entre elles. Washirō échangea sans broncher, le concentré d'énergie conféré par la drogue Asakura lui permettant d'ignorer l'épuisement croissant qui gagnait son corps. En riposte, la créature grognait lorsqu'elle était repoussée, sinon tailladée par l'adepte du style Kubikiri Itto-ryū. Les deux êtres s'affrontaient les pieds dans l'eau jusqu'à la cheville. De quoi attirer l'attention de quiconque se trouvait dans les parages, y compris de ceux terrés dans quelque cachette. Pour ces derniers, un rare spectacle s'offrait à leurs yeux. Celui de deux monstres, un venu de la ville, l'autre de l'île, luttant pour leur survie dans la fange. Et ce sabre, cette trouvaille providentielle, luisait dans la bataille comme une étoile solitaire dans un ciel nocturne. Un phare d'espérance qui rayonnait pour quiconque croyait encore au genre humain.

* 魍魎 : litt. esprit des montagnes, forêts, rivières, rochers.

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