▶ Sujet: [CONTEXTUELLE RANG B] Panser les plaies [Weihan]

____________________________________________________

B	Panser les Plaies @Gakusha Ashin , @Eien no Weihan

Suite à l'attaque récente des Otojins sur le pays,  une situation critique s'est développée, affectant la population et les structures médicales de la région. Ledit village se situe au nord à proximité des frontières avec les terres du Son. Le moral des habitants est en chute libre et les structures médicales actuelles se trouvent submergées, incapable de faire face à l'afflux de blessés. Le village a besoin de notre soutien immédiat pour stabiliser la situation et offrir les soins nécessaires à sa population.

Étapes — → Se rendre sur place  ; → Établir des unités médicales temporaires pour soulager la pression sur les structures médicales existantes ; → Fournir des soins médicaux d'urgence aux blessés et aux malades ; → Organiser des séances de soutien psychologique pour la population affectée ; → Former le personnel médical local pour qu'ils puissent mieux gérer les situations médicales d'urgence à l'avenir ;

Récompenses — ◘ 7 XP et 90 000 ryôs par participants.

Homura - Avant le départ

Sous les senteurs du cèdre enivrant, sous la brise matinale du printemps capricieux, pianotait le dextre du guérisseur devant ses iris perçant, d’une nonchalante posture allongée sur son futon. Le chant de l’aube virevoltait entre ses doigts, dévoilait à l’orée de l’obscurité de cette chambre les reliefs de son torse, les particules flottant sous ses premiers rayons lumineux et les souvenirs mélancoliques d’un mentor défunt. Cette lumière sporadique filtrée par les fentes de cette façade de planche et poutre de bois lui remémorait les hauts feuillages de son ancien hameau, cette zone boisée de calme et de quiétude, et cette scène chère à son cœur.

Lui et son mentor, dos à dos, d’une complicité proche du fils à sa figure paternelle, s’émerveillant devant ses croquis et essayant d’en comprendre le sens pendant que ce dernier gravait le paysage du hameau sur une nouvelle page. Il essayait d’ailleurs toujours de le comprendre, là au présent, étalé sur la tendresse du matelas, carnet de croquis porté devant la façade illuminée, d’un soupir mélancolique. La page ouverte offrait à ses yeux un paysage magnifique, des décors enviables, éveillant le désir d’exploration. Mais de son autre main, Ashin amenait une seconde page annexe, de la seconde partie de son croquis, exposant un champ de cadavre, des visages et figures crispés de douleurs et de terreur, le fléaux de bains de sang.


Ah … J’ai peur, presque peur de découvrir ce que tu n’as jamais voulu me dévoiler avant tes derniers mots … Suis-je vraiment capable de réaliser ce que tu voyais en moi ?


Un nouveau regard se forma sur son faciès, tournant sur le côté vers cet ordre de mission laissé ouvert dans un coin du lit, sous un nouveau soupir inquiet. Un unique soupir incarné par son torse pulsant au gré de ses émotions, avant de subitement agripper l’ordre de mission de sa main. Qu’importe ses doutes, qu’importe ses peurs, la mémoire de son mentor serait honorée. Mouvement de balancier pour se relever, gestuelle mécanique, paquetage récupéré d’une main, pendentif cognant son pectoral, impulsion effrénée. Et d’une poigne solide jetée sur sa veste, la faisait virevolter le guérisseur pour épouser sa musculature, d’un regard déterminé à l’orée de cette mission difficile. Il était temps de partir.


J’y arriverai. Coute que coute.

Pays du Feu - Devant le village

Lueur de l’aube aux reflets funestes, voile d’augure dans un premier temps de par ces feuillages les filtrant sur la route des vagabonds, tableau de désespoir une fois le dénivelé parcouru jusqu’à l’étau final de la forêt. Sans même porter regard, sans même s’y attarder de réflexions quelconques, le zéphyr transportant ces relents cendrés et poisseux suffit à s’imprégner du désastre qui avait frappé ce village, encore noyé dans une dualité de silence mortuaire et de cri d’agoni, là, devant ces deux silhouettes vagues surplombant le paysages. Ashin et Weihan, guérisseur et guerrier, renfort d’Homura devant les dommages collatérales d’une guerre sanglante. Dès la sortie de la forêt, comme investi d’une certaine appréhension existentielle, le shaman avait devancé d’un léger pas son collègue pour prendre appui sur un rocher d’une jambe plié, coude sur le genoux, d’une tension palpable sur le visage.

Quel désastre … C’est quelque chose que nous n'avons jamais connu …

Il parlait bien évidemment de sa tribu, son hameau, des informations partagées avec le soldat en armure, de façon professionnelle au cours de la route. La dépêche l’avait occupé de préparation médicinale et réflexions le long du voyage, mais même s’ils ne se connaissaient pas encore énormément, le guérisseur portrait un certain respect envers son compagnon, peut-être de par cette droiture impliqué par la voie et cet aspect qui faisait moins ninja dans son apparence et attitude, un peu comme lui. Malheureusement, en dépit des coups de marteaux répétés sur les pieux qu’un groupe d’Akimichi préparait, la situation ne leur laissait guère le temps à la parlote usuelle. Du village s’échappa soudainement un cri de désespoir, d’une femme pleurant la perte d’un proche, ambiance désormais commune en ces lieux.

… Est-ce déjà trop tard ? J'espère pouvoir y faire quelque chose, au moins un peu ...

Submergé, dépassé par les événements, l’urgence et l’ambiance du décors s’imposait à eux avec au milieu de ce chaos pour seul espoir les campements et bâtisses déjà instaurés par un groupe d’Akimichi déjà sur place. Peut-être Weihan les connaissaient-ils, de par leur apparence et leur bandeau plus imposant que le ninja classique. Ashin se releva ainsi et se tourna vers le guerrier, s’en remettant à son avis avant que la route ne reprenne.

Le duo put s’imprégner davantage de l’état du village durant la traversée de ces routes pavés reconstitués par les Akimichis, chemins de fortunes parmi ces champs brûlés et saccagés, ces bâtisses à moitiés effondrées et beaucoup de villageois dehors, à même le sol. Bien que ce fusse peut-être plus souhaitable, il ne s’agissait pas là de sans-abris mais plutôt de proches ne souhaitant pas quitter ces campements de fortunes servant d'hôpital provisoire, débordé. Ainsi, les iris du médecin ne pouvaient que s'attarder sur leur visage, imprimant un à un leur expression d’un air retenu, comme si leur détresse se cumulait en lui.

Soupir presque las, regard dur, bras croisés, le Shaman finit par entrer dans l'hôpital rudimentaire réaménagé par les locaux et les akimichis, ou plutôt de ce qui servait de base stratégique. A l’intérieur les accueillait Futormaru d’un côté, muni de mets et autres provisions personnelles, puis en face, le chef même du village et à côté celui qui dirigeait l'hôpital actuel. Ou du moins ce qu’il en restait.

Nous y sommes.

Inspirant un grand coup, la silhouette du guérisseur suivit celle de l’homme en armure sous le voile de l’entrée, muni de son rouleau de voyage propre aux ermites de sa tribu.

Spoiler:

▶ Sujet: Re: [CONTEXTUELLE RANG B] Panser les plaies [Weihan]

____________________________________________________

Interloqué, submergé par les émotions intériorisés face à tant de misère, le guérisseur ne put qu’ouvrir grand les yeux devant le geste imprévisible de la silhouette d’acier, tel un mur infranchissable sur le moment, autant que l’étaient ses préceptes encore trop idéalisés. Les mots de l’Eien résonnèrent dans un premier temps au travers de l’adrénaline et du zèle plutôt que de sa rationalité ; Car plus que le médecin, ce fut aux implications de la promesse qu’elles s’adressèrent. Ne pas pouvoir sauver tout le monde, observer cette craie et l’ultimatum de son compagnon d’arme. Horrifié, presque révulsé par l’idée de la méthode opposée à lui, son souffle se fit plus lourd, ses iris plus fermes et enhardi par l’honneur du serment des guérisseurs.

Qu’est ce que tu … Ce n’est pas comme ça qu’on …

Entre la confusion et la contestation, l’élan du médecin s’arrêta net, son faciès se tournant sur d’autres cris qui encore une fois pleuraient le décès d’un des patients affaiblis et délaissé par manque d’effectifs. La scène auditive, bien que brève au vue de l’instant suffit à changer le regard d’Ashin, commençant à réaliser avec difficulté que l’ensemble des cérémonies et deuils respectueux de son hameau représentait finalement une sorte de luxe. Sans guerre, sans fléau, seules les maladies naturelles déjà moralement acceptées emportaient les leurs, de cette part de sa tribu enracinée à Hi.

Les paroles de Weihan prenaient alors un autre sens, dénué de cette hargne, ramenant le ninja à une forme de résilience pas encore totalement résolue. Une certaine forme d’injustice germait dans le caractère de nature conquérante d’Ashin au détour de cette attention déportée l’espace d’une seconde …

Ainsi donc … Les morts n’avaient-ils pas leur mot à dire sur tout le malheur qu’ils avaient subi ?

Pensée évasive, soupir intérieur inaudible, idée dissimulée si ce ne fusse perceptible qu’au reflet sur ses iris d'ébènes. Il revenait vers Weihan, plus résolue.

Je déteste cette méthode … Mais tu as raison. S’ils sont déjà débordés dans les hôpitaux et sur les chantiers de reconstruction, les cadavres et les morts risquent de générer d’autres fléaux encore. Je le ferai, mais discrètement aux yeux du peuple.

Ashin marqua une pause, se repri entièrement, essayant de songer à travers la visière ombragée de ce casque imposant.

La paix seule ne leur suffira pas. Il nous faut leur apporter l’espoir, Weihan, je ne parle pas d'idylle mais bel et bien d’espoir.

Le guerrier en armure semblait être guidé par un code et une croyance très différente de celle des ninjas et ce serait peut-être cela qui pouvait davantage aider le village plus que de belles promesses. Il ne s’agissait pas seulement de panser les blessures actuelles mais aussi de leur donner les outils spirituels pour lutter contre la prochaine. Ainsi rentrait le duo dans le QG improvisé, Ashin saluant de son côté les deux commanditaires de la mission actuelle. Ce fut une table ronde et basse qui fut apprêtée à la situation, divers breuvages et plats rudimentaires disposés pour les restaurer de leur voyage. A peine les formalités esquivées, le Chef de village ne tarda pas à prendre la parole, seul, plus proche d’un briefing sur la situation qu’un dialogue. Le temps pressait.

Chef du village a écrit:Nous vous remercions de votre venue, renforts d’Homura … Malheureusement, je vais vous épargner les politesses. Notre village s’écroule, les conséquences de ces attaques n’ont fait que se multiplier ces derniers temps, d’une façon que nous ne pouvions l’imaginer … Nous n’avons jamais subi de telles attaques. Beaucoup de nos structures ont été touchées, beaucoup de nos ressources brûlées et surtout, des artisans importants du village qui ont succombé. Heureusement pour nous que les Akimichis ont pallié une partie de ces manques pour nous soutenir, cependant les morts continuent d’affluer. Nous sommes en tension, mais c’est surtout le moral du village qui flanche de jour en jour. Nous sommes passés du calme au désespoir en très peu de temps. L’essentiel de nos habitant et effectifs même guerriers sont dénués de chakra ni de formation militaire comme vous, Shinobis. Alors vous comprenez …

Bien que le chef du village tentait de garder le face, il avait conscience que sa seule présence unique ne suffisait pas à rassurer les habitants. Cette affaire exigeait plutôt un soutien et une confiance issue du Shogunat. La situation semblait pour autant avoir été bien résumée, assez pour laisser place au responsable de l’équipe médicale du village.

Responsable de l'Hôpital a écrit:Je vais prendre le relais. Ma seule présence ici est déjà périlleuse comparé au nombre de blessés que nous devons traiter alors je serais bref. Nos effectifs sont débordés et nous ne disposons que de peu de médecins capables d’utiliser le chakra médical. Ils pourraient se compter sur les doigts d’une main … Et encore, ils correspondraient tout au plus aux aspirants Shinbois d’Homura. Les soins prennent donc du temps … Et certains cas nous dépassent. Nous n’avons pas une structure adaptée pour un tel afflux. Nous nous occupions de maigres vagues issues de la frontières en cas d’agressions de Yokaïs ou blessures plus naturelles mais pas pour les conséquences d’une telle attaque.

Le topo était parfaitement posé. Pas plus de temps perdu en bavardage. L’ambiance se prêtait déjà à poser un plan et une organisation pour agir au plus vite.

▶ Sujet: Re: [CONTEXTUELLE RANG B] Panser les plaies [Weihan]

____________________________________________________

L’espoir. Maigre fil d’ariane dans l'épopée humaine, lueur semblable à l’étoile du soir au fond des abysses de l’âme, tantôt glorieux, tantôt trompeur. Si la notion avait piqué l’attention de Weihan, celle-ci manquait cruellement au chef du village et au responsable de l'hôpital, d’une tonalité de voix qui montrait bien l’étendue morale de ses habitants. Les deux Shinobis prenaient ainsi l’ampleur de la situation, le guérisseur visiblement plus en retrait que son partenaire de mission dans un premier temps. Il réfléchissait davantage à une stratégie pour la gestion des blessés et effectifs en eux-mêmes, comme écrasé par tant de contraintes. Homura aurait peut-être dû envoyer plus d’effectifs, mais les paroles de Weihan faisaient sens ; D’autres villages de la frontières devaient être en tension et en plein sauvetage, comme ici.

De l’échange de regard, Ashin compris que son seul rôle de Iryo-nin n’allait clairement pas suffire.

Je partage le point de vue de Weihan. Cette situation est tendue pour toute la frontière mais nous sommes là pour représenter Homura. Mon temps sera sûrement accaparé par la situation de l'hôpital, mais une grande logistique sera nécessaire derrière pour qu’on puisse le faire.

Si les Akimichis déjà présents faisaient office de bons main d'œuvre, le guérisseur pensait que Weihan serait plus à même d’organiser et mettre en place plus franchement la logistique entre Homura et ce village.

Pour ce qui est des techniques médicales en eux-même, ne vous en faites pas. Nous sommes venus pour vous aider mais aussi renforcer le village sur le long terme. Je vais transmettre à vos médecins et ninjas médicales des stratégies issues de notre propre hôpital et aussi des connaissances plus personnelles.

Au lieu de s’étaler en discussion plus longuement, réservant cela aux phases d'après analyses et tour du camp, Ashin préféra plutôt être démonstratif en sortant son rouleaux de voyageur, l’ouvrant partiellement pour afficher des sortes de runes contenant chacun un type de ressources médicales et enfin une part qui contenait comme des textes de connaissances issues de sa tribu, encore indéchiffrable sans sa propre clés de lecture en Fuinjutsu.

Rouleau de voyage de l'Ermite

Objet

Le Rouleau de voyage propre aux guérisseurs de la tribu d'Ashin semble se méprendre dans sa forme et ses proportions à celle des maîtres de pactes d'invocation. Chaque membre de la lignée de guérisseur se voit attribué d'un rouleau personnel qui en dépit de sa robustesse n'a aucune utilité en combat. En effet, elle contient trois fonctions majeurs : D'une part, concilier à l'intérieur les connaissances sur l'Iroujutsu propre à la tribu, dans une calligraphie très runique et visuelle, pourtant incomplète. C'est au guérisseur lui même de compléter la partie manquante, comme une clé de voute via le Fuinjutsu pour rendre le contenu des connaissances lisibles et compréhensibles. Dans un second temps, le rouleau contient la liste des apprentis du guérisseur au cours de sa vie, qui y signent de leur nom pour une forme de reconnaissance symbolique. Enfin, une autre partie est plutôt dédié à contenir divers marquages fuinjutsus à vocations utilitaires pour transporter des denrées au cours de longs voyages, notamment les Sigils du Voyageur. Ce rouleau n'est cependant jamais utilisé en combat, ni en considération d'arme, ni en considération de parchemin, rien que de part sa valeur culturelle.


UTILITAIRE

Voici quelques denrées en attendant ceux qui viendront d’Homura. Il y aussi de quoi permettre à vos ninjas médicaux d’étudier pendant leur pause.

Il présenta tout cela brièvement pour les mettre en confiance avant de remballer le rouleau et l’accrocher sur son dos de nouveau, regardant de nouveau Weihan face à sa proposition.

Oui, allons-y.

Ils se levèrent rapidement, mettant fin à ce briefing pour s’engouffrer dans une partie du campement à l’agonie. L’urgence des lits et de l'agencement de l’espace ajoutait au désespoir une nouvelle couche de teinte sordide, dépeignant l’horreur des guerres. Ashin en profitait pour faire des analyses de surfaces, voir un peu les types de blessés dans le camp. Certains profitaient de sa technique d’analyse poussée, quand le cas venait à être difficile.

Préceptes du guérisseur | Examen Médical — C

Iroujutsu – Ninjutsu Spécial

En tant que médecin-ninja, l'utilisateur va faire luire ses mains d'un halo de chakra curatif et poser ses mains sur une cible afin d’analyser les maux qui tiraillent son corps, l’ampleur de ses blessures et son état de santé en vue d’une intervention par exemple.

UTILITAIREMONODIRECTIONELLEMonociblePUISSANCE DE RANG C

Mais ce fut l’intervention d’une main pleine de peur et d’inquiétude face à sa souffrance qui les stoppa net dans leur élan. Une femme âgé, mourrante, à l’état qui ne présageait rien de bon. Sans briser l'interaction de sa main avec Weihan, le médecin fit légèrement le tour afin d’apposer son chakra bleuté d’analyse poussée sans rien lui dire. Weihan pouvait voir au regard du guérisseur que le destin de cette femme était scellé. Elle manquait d’énergie pour résister aux blessures ni même à une forme d’intervention.

Pourtant, Ashin ne disait toujours rien. Peut-être même qu’à la surprise du guerrier en armure, celui-ci leva un coin du drap pour marquer en dessous, à même le bois, la fameuse croix qui allait les guider dans l’état des patients et leur gestion. Autant des vivants que des futurs trépassés. La femme ne regardait pas, c’était fait discrétement. Il refermait le droit comme au début, mais au moins Weihan saurait où il apposer les symboles. C’était comme un signe, un signe montrant qu’il jouait le jeu. Mais ce ne fut pas tout. Sa silhouette refit le tour du lit, s’approcha du guerrier en armure de côté et sembla lui tendre son propre collier symbolisant la protection des Zéphyrites.

L’espoir. Quand tout semble perdu, quand aucune solution ne semble à portée, c’est comme une petite flamme qui dit à tout le corps et à l’âme d’avancer, parfois même sans raison, juste pour cette possibilité. Sans cela, certains patient meurt avant même l’heure de leurs blessures. Mais avec, certains mourant outrepassent même leur destin scellé. C’est quelque chose qui se propage. Tiens, voici un symbole de la protection.

Sa voix semblait légère, presque spirituelle sans pour autant de mysticisme. C’était un principe assez connu en matière de guérison. Cela aidait vraiment beaucoup de patients à rester accrocher à la vie, dans la même lignée du projet d’Ashin concernant les méthodes de guérison consistant à stimuler les systèmes naturelles du corps et de l’esprit.

Il aurait pu le faire lui même, venir accrocher cela autour de son cou ou venir la rassurer sur éventuellement ses proches, ses enfants ou petit enfants et leur avenir dans le village. Ashin se mit néanmoins en retrait, bras croisés, attendant de voir ce qu’il comptait faire. Le Shaman ne lui en voudrait pas vraiment si ce dernier ne savait pas comment faire. Homura était un village guerrier après tout.

Peut-être que l’espoir était aussi une partie du destin, de l’ordre des choses, pour ceux qui ne pouvaient d’eux-mêmes développer une détermination allant plus loin que leur propre existence.

▶ Sujet: Re: [CONTEXTUELLE RANG B] Panser les plaies [Weihan]

____________________________________________________

Le guérisseur ne s’attendait pas vraiment à une adhésion miracle, des idéaux partagés et un sens naturel de ce qui l’était pour eux. L’érudit se surprenait même à être spectateur, comme si la candeur que représentait son hameau d’origine consolidait en son cœur une protection qui le distanciait de ce monde ci, de ses codes et de ses gens. Pour tout dire, il ne connaissait Weihan que sous sa stature de guerrier mais pas forcément pour ses facettes humaines et cette discussion occupait un mental tourmenté devant la pression de cette situation d’urgence.

Cette fameuse voie souvent évoquée par sa personne devenait peu à peu plus claire aux yeux du shaman, un genre de concept de destinée et d’ordre des choses mêlés à ce que l’on nomme souvent le karma, du moins de ce que lui en comprenait. Peut-être y voyait-il même un certain fatalisme, comme si Weihan était torturé entre la prédestination et le fait d’être présent ici, à parler et prendre des décisions, à la lisière entre l’illusion du libre arbitre et de l’ordre établi. Lorsque le gant de métal lui redonna le collier, cela sonna comme un échec pour le guérisseur, voire même un doute ; Pour certains, guérir ne faisait que partie de la vie ou même dans le cas présent, une hérésie.

Son mentor y avait placé beaucoup d’espoir tel y voyait un don incroyable, mais était-ce bien la réalité ? L’Iroujutsu serait-il suffisant pour agir sur ce chaos ?

Ashin reprenait le collier, étrangement silencieux, le rangeait, se retournait. Il ne semblait ni en colère ni méprisant. C’était un sentiment encore différent ; La lutte entre l’homme de science et le chaman, entre la candeur et le réalisme. Il se retourna simplement du faciès, un regard en coin, des paroles presque passives.

Il est d’une sagesse qui nous est conté, avant que nous ne passions le rituel des guérisseurs ; Qui de l’initié demande au grand guérisseur “Pourquoi nourrir quelconque désir ou volonté de guérir si tout est déjà écrit ?” ; Et du grand sage qui guide “Et si sur quelques pages de ta destiné était écrit, fait à ta guise, que ferais-tu ? Prépare-toi à ce jour.”

Sans attendre de réponse, le médecin se mit sur le départ … Mais tout comme son coéquipier, remarqua les paroles de la vieille dame. Ashin demeurait surpris, que dans cet échange presque opposé se dégage finalement une autre forme d’espoir et de réconfort. Que cela soit dans la voie. Peut-être qu’ils étaient finalement tous dépassés par la situation et que cette journée serait portée par l’imprévisibilité.

Dès cet instant, le duo se sépara, chacun se son côté s’attelant à sa part du travail. Ashin, conformément à sa profession, réalisa l’inventaire des blessés et des états, du matériel manquant et marqua comme convenu toutes les personnes au bord du trépas d’une croix, dissimulé sous leurs draps. Même avec ce décompte, la situation demeurait tendue. Les médecins locaux s'affairaient déjà à intervenir, précipitations sur précipitations, alors que notre homme évaluait l'étendue de leur capacité et leur efficacité au travail. Il fit l’inventaire de ce qui pouvait leur être en si peu de temps et éventuellement d’autres ressources exotiques à chercher dans les environs.

Le campement s’avérait dans un sale état, peut-être même plus que dans les descriptions du chef du village et du médecin. La mort empestait les lieux, les blessés semblaient comme empilés tant les lits de fortunes étaient empilés les uns sur les autres ou à côté des autres. Dans le lot de médecins, nombres d’entre eux paraissaient encore débutants et surtout improvisés sur le tas ; La gestuelle de certains rappelait même celle de vétérinaires plutôt que de médecins. Le constat dépitait un peu Ashin, constant le peu de moyens qu’il disposaient pour un si grand travail à effectuer. Beaucoup des pots contenant herbes et autres plantes curatives avaient pourris ou étaient juste erronés ; la hâte, l’urgence et la méconnaissance des civiles extérieurs à l'hôpital devait y jouer beaucoup. Ce serait sûrement un point important à réorganiser, notamment pour Weihan, puisque ces plantes faisaient partie de l’enseignement basique des ninjas même à Homura pour la survie.

Une fois ses examens terminés, Ashin se posta en attente de son coéquipier histoire de faire un topo et éventuellement se répartir les tâches.

▶ Sujet: Re: [CONTEXTUELLE RANG B] Panser les plaies [Weihan]

____________________________________________________

Cet entre deux, ce déchirement entre l’idéal et la réalité imposé, entre la volonté et l’impossible … Voilà ce que le guérisseur détestait sur le moment, confronté à la stratégie qui n’avait pas réussi à passer discrètement auprès des deux responsables de ce village et de cette situation. Le jeune homme soupira, croisa les bras et parut soudainement véhiculer une aura lourde, fermée et surtout intraitable. Il fallait s’y faire, de telles décisions militaires ne pouvaient réellement être comprises par de simples civils. Pourtant, les paroles des deux responsables faisaient écho dans l’âme d’Ashin, toujours torturé par cette réflexion qu’il eut en observant les morts et les cadavres dehors ; Que dans cette tumulte, ceux-ci demeuraient finalement les seuls à ne pas avoir le droit de parole, d’avis sur leur sort.

Ce serait peut-être plus simple … Si autant les esprits que les morts pouvaient donner leur avis, contester ou rassurer les vivants pour que ces derniers puissent continuer leur vie sans regrets, sans amertume … Voir sans plus jamais oser reproduire leur insouciance. Et ainsi, une fois la débâcle à son plus haut point de tension, les regards se tournèrent vers le médecin, laissé dans un dilemme terrible.

Vous avez raison. Ces gens sont votre peuple, vos amis et vos proches … Et nous ne vous considérons pas comme nos sujets. Nous sommes bien médecins et protégeons la vie. Mais ce n’est pas juste une provocation ou un caprice lancé au destin, comme ça, sur un coup de tête. Alors en effet, c’est vous qui le ferez.

Silencieusement, dans la gravité de ce qu’il exposait, le shaman évaluait la taille de l’équipe disponible. Il pourrait gérer un temps avec une partie de ces derniers et en laisser une petite part accompagner le chef du village pour des soins qui de toute façon ne sauverait pas les blessés déjà condamnés. Mais dans tous les cas, Ashin n’allait pas pouvoir enseigner à l’ensemble en même temps et allait avoir besoin d’un roulement entre les équipes pour économiser son chakra.

J’ai moi même analysé l’état de ces patients, de mes dons en ninjutsu médical ninja. Certains sont malheureusement déjà condamnés. Cela implique que les soins et le temps que nous leur donnons là, les condamnerons. Ainsi, comme vous êtes le responsable de ce village, ce sera à vous de le faire, de gérer l'agonie de ceux que vous voulez sauver. Il ne sera pas nécessaire de prendre une pause. Je réquisitionne sept de vos médecins. Les quatres autres seront avec vous, pour les blessés condamnés.

Le regard d’Ashin se tourna vers Weihan. Vu sur les points qu’ils avaient déjà échangés, ce dernier devait naturellement comprendre sa stratégie. Weihan allait bel et bien achever ces blessés et de par sa sensibilité, le chef du village ne pourrait y arriver. Cependant, pour ne pas prendre cela comme un acte criminel et barbare, c’était au chef de village de céder à cette décision. Ainsi s’engageait pour eux une course contre la montre. Plus Weihan parviendrait à le conduire à prendre cette décision, plus ils auraient de quoi sauver les vies restantes.

L’espoir n’est pas un simple élément magique, donné entre de mauvaises mains et utilisé de la mauvaise façon, elle peut se retourner contre vous et devenir une haine profonde et détruire votre village. Ce sera à vous de voir ce que vous décidez pour votre peuple. Il est parfois plus simple de faire un deuil honorable et respectable sur le poids écrasant des lois de la nature que sur la vision impuissante d’un proche qui s’échappe de nos mains sous l’injustice des hommes.

Cela pouvait être une considération cruelle, mais donner une allure héroïque au sacrifice des condamnés pouvait apaiser le coeur et donner l’espoir pour la suite ; Quand faire assister à l’agonie impuissante d’un proche à sa famille pouvait être la source d’une rancœur profonde envers les humains. Ashin laissait cela à Weihan, quitte à ce que les proches des blessés condamnés viennent à leur chevet, laissant le chef du village obligé de gérer cette partie émotionnelle.

Pendant ce temps, ce dernier prenait sous son aile les septs médecins accompagné de leur superviseur, établissant des équipes selon leurs qualifications et connaissances. Durant une bonne dizaines de minutes, le guérisseur leur expliqua les capacités qui seraient les plus utiles à quelle tâche et qu’ils le travailleraient plus sur un patient dédié mais plutôt en alternance. Les médecins disposant de chakra médical seraient les piliers des soins les plus rapides et efficaces mais laisseront les autres compléter et terminer les soins pendant qu’ils consacreront et optimiseront leur chakra à cet effet. A chaque fois, deux de ces médecins ayant le chakra médical l’accompagneraient, pour aussi améliorer progressivement leurs capacités, à force de répétitions de plusieurs étapes supervisées par lui, au lieu de tout faire seul dans un coin avec une attention et un temps dilapidés.

▶ Sujet: Re: [CONTEXTUELLE RANG B] Panser les plaies [Weihan]

____________________________________________________

Il y en avait trop, beaucoup trop entassés et confinés là, de blessés, dans de si petits espaces. Faire de beaux discours devant ces gens s’avérait simple, bien plus simple que de se confronter à l’urgence de la situation. Le guérisseur devait en même temps lui-même ne pas perdre espoir, ne pas faire perdre espoir à son équipe mais surtout réussir à jongler entre ce qu’ils avaient décidé avec les chefs et son impact sur les médecins qui l’accompagnaient là.

Fermez les bâches entre chaque rangées de lit, j’ai besoin que vous soyez parfaitement concentrés lors des soins. Il y a beaucoup de patients qui ont besoin de divers types de soins en urgence, nous ne pouvons utiliser les méthodes d’organisations classiques. Les analyses que j’ai effectué serviront de base aux deux Iryo-nin parmi vous, qui eux même s’exerceront à peaufiner leurs capacités d’analyses chakratique pour confirmer ou approfondir ces derniers au fur et à mesure. Nous ne pouvons épuiser notre chakra sur des patients précis, alors nous fonctionnerons par un système de relais.

Ashin défit de nouveau le rouleau à son dos et l’ouvrit suffisamment pour exposer les premières pages concernant les connaissances en chakra médicales primaires et avancés et défit aussi les sceaux qui retenaient les herbes et autres concoctions apportés en renfort. Celle-ci allait demeurer dans un coin qui leur servirait de zone neutre, hors des malades.

La moindre période entre deux relais servira d'entraînement aux ninjas médicaux pour parfaire leur maîtrise du chakra par le rituel inscrit sur ces glyphes. Affinez votre maîtrise du chakra et combinez le aux expériences obtenus à force d’intervenir sur les blessures ; Elle s’ancrera plus facilement dans vos mémoires. Ceci le temps que les médecins dépourvus de chakra puissent terminer de refermer les blessures ne nécessitant plus de chakra médical.

Le ninja d’Homura allait s’occuper du premier passage, pour opérer les soins de plus haut rang de par son propre jutsu mais pas entièrement, juste assez pour alléger les plus grandes blessures de façon à ce qu’elles soient ensuite accessibles aux compétences de soins plus limités des aspirants ninjas médicaux. Ces derniers, servant de relais, seraient ainsi en mesure de rendre accessible la fermeture de ces blessures par des médecins sans chakra afin d’optimiser le temps d’intervention et la consommation de chakra.

Suivez-moi et profitez de chaque temps mort. Nous ne pouvons gaspiller une seule seconde. Je commence, puis vous deux, vous prendrez le relais, puis après eux, vous quatre prendrez la suite en deux équipes pendant que dernier administrera les traitements appropriés. On y va !

Ashin, puis deux équipes de trois, suivi du dernier qui se chargeait des traitements. Dans une symphonie désespérée, ils se mirent ainsi à l'œuvre, de lueurs azurés en lueurs azurés, de sutures en sutures dans une course contre la montre épuisante. Pourtant, ce ne fut pas la partie pratique qui épuisa le plus le shaman, même si son chakra partait à vue d’oeil ; Non, ce fut plutôt un combat mental, de cette profonde frustration sourde et contrainte en lui qu’il résorber afin de motiver les autres. Mais à chaque blessé, à chaque signe de ce qu’il se passait à l’extérieur de leur bulle d’intervention, le jeune homme comptait les blessés achevés à la même mesure qu’il avait marqué ces lits de ses croix.

Plus le sang de blessés guéris défilaient entre ses mains, plus son regard se faisait sombre, comme ailleurs, comme si l’insuffisance de ses capacités se reflétait dans une part inconsciente de son esprit. La guerre, les victimes collatérales, la réalité implacable de la nature. Nulle personne à accuser, nulle personne à prendre à partie dans ce qui se voulait les affres du monde. Et dans cette transe d’incertitude, voici que demandait l’un des autres médecins si cela arriverait de nouveau et comment ils feraient pour sauver plus de monde, si un jour ce fut ce possible.

Le Shaman tourna le regard vers cette personne, se montra d’un silence particulièrement lourd et pesant, comme si ce dernier le tirait de ses propres abysses. Il était à deux doigts de lui déversait ses réelles pensées, cette part de compassion et d’idéal qui commençait à s'effriter au profit de ce qui briserait les limites du possible. Il se ravisa cependant, l’espace d’un instant, revenant à lui et reprenant contexte dans la situation.

Tu … Tu n’es encore qu’un débutant pour le moment, moi aussi considéré les capacités en médecine qui se cachent dans le monde. Entraîne toi, comme moi, et un jour tu y parviendras … Tu pourras soigner plus vite et plus de personnes …

Le sérieux de ses paroles semblaient réelles, palpable, et pourtant, une fois remotivé relativement, le guérisseur détourna le regard pour le reposer sur les prochaines blessés à traiter et les morts qu’il comptait dans son esprit alors que les autres médecins les avaients même oubliés de par les efforts à fournir.

Même avec toutes les capacités du monde … Il n’y aurait jamais assez de médecins ni d’effectifs pour guérir toute ces personnes.  Alors … Que faire … Soigner … Était- ce là la seule chose à faire ?

***

Exténué, après plusieurs heures d’intervention intense, toute l’équipe avait pris une pause, ne restant plus que des suivis à faire et assurer dans les jours à venir le transport des blessés à Homuras pour ceux qui le nécessitent après avoir été stabilisés. La silhouette du guérisseur quant à lui apparut non loin de Weihan, sans trop lui échanger un regard, non pas par rapport à ce qu’ils avaient fait … Mais d’un esprit trop ailleurs, encore sous un certain choc de la décision prise. Il vint s’asseoir sur un autre tabouret, non loin, comme relâchant la tension de sa silhouette d’un soupir unique.

C’est terminé … Enfin si on peut appeler ça terminer … Tu as réussi finalement … Les proches des victimes ne sont pas à lui à vouloir notre tête à tous. Je n’ai quasi plus de chakra …

Ashin passa une de ses mains sur son visage comme pour chasser ces visions, ces supplications des proches et agonies des blessés, mélanges d’un ambiance tortueuse durant les soins.

Nous avons évité le pire et en même temps j’ai l’impression qu’on l’a fait en réalisant le pire … Comment l’ont-ils pris ? Il faudra de toute façon que je reste encore quelques jours en même temps que se font les transports de blessés, sur quoi je partirais avec le dernier convoi …

Ils avaient passé le plus difficile, le reste n’étant sûrement que de la gestion. Après tout Weihan serait plus en mesure d’organiser le côté acheminement et sécurité pendant qu’il superviserait le suivi des blessés avec l’équipe de médecin et consolider leurs acquis. Mais un instant, il se détourna de ce sujet pour lui poser une question plus personnelle.

Dis moi Weihan, comment fais-tu pour supporter tout ça ? Comment considères tu la mort ou plutôt devrais je dire … Comment sont considérés les morts aux yeux de la voie ?

Pourquoi cette question ? Peut-être voulait il se rassurer en confrontant une autre vision que celle de sa tribu sur celle-ci. Mais peut-être y voyait il aussi un aspect plus scientifique, comme dénicher dans le superstitieux quelques clés du réel …

▶ Sujet: Re: [CONTEXTUELLE RANG B] Panser les plaies [Weihan]

____________________________________________________

La paix … La fin … Là, au détour de cette discussion, des prémices de ces réponses, ces mots ne sonnaient pas aussi simple dans l’esprit du guérisseur. De ses propres notions de la vie, il commençait à comprendre cette sensation confuse aux premiers abords avec une insensibilité dénuée d’humanité. Les zéphyrites n’étaient au final qu’un ancien peuple ayant réussi à transcender leur condition humaine pour devenir des esprits protecteurs, mais cela se limitait à une considération d’une dimension bien inférieur à ce que semblait être la voie. Un concept plus lointain, plus absolu, peut-être vertigineux quand sur son tabouret s’imaginait le guérisseur ce que pouvait être cette place que rejoindraient ces morts.

Une distance si lointaine qu’elle impliquait finalement un détachement de l’ordre matériel, en des échelles de temps qui rendait sûrement les petits jeux et actes des humains assez insignifiants et limités à leur plan d’existence au final. L’absence de tumulte, d’errement, de l’instabilité de l’âme humaine pour une sérénité éternelle. L’idée aurait dû être rassurante mais … Sa nature demandait une prise de recul si lointaine que le feu de l’action, l’identification instinct au présent et au destin ne faisait que ressurgir ces incertitudes de façon plus violente. Pourtant, le Shaman réalisait maintenant, d’où provenait cette distance que pouvait avoir le zélote face aux phénomènes qui les entouraient.

Un certain sentiment de solitude revenait, du poids des épaules qui reposait toujours sur eux tant que nul n’aurait rejoint cette étape ultime évoquée, gourde à la main, seul réconfort pour sa fatigue.

Mais soudain … D’un élan inimaginable … Écarquilla les yeux le médecin, relevant le regard vers son coéquipier, d’une gestuelle de sa main d’acier qu’il n’aurait jamais pu concevoir.

Weihan …

Ce souffle, cette armure presque broyée et tiraillée au travers de ces paroles dont l’essence comportait une humanité presque plus profonde et déchirante que la sienne, un peu trop évidente pour le rôle qu’il incarnait en tant que médecin.

Comment fais-tu …

Sa remarque murmurée se noya comme une pensée à voix haute, du choc qui éprit son faciès face à ce qui tiraillait le colosse de métal en ce moment même. Quelle niveau de fanatisme, quelle niveau de dévotion exigeait une telle souffrance quant à déchirer les deux parts de son être envers un effort qui semblait presque insoutenable ? Lui aussi croulait devant ce que la situation avait nécessité, pourtant, ce dernier encaissait encore maintenant tout le poids de l’innocence préservé des habitants de ce village, de ses médecins et ses chefs.

Ashin se rappela de ses craintes quant à fournir l’espoir et leur échanges de points de vue à ce sujet. Ce n’était pas forcément la façon dont il avait espéré être réconforté par sa réponse … Finalement, ce ne fut pas par le sort des morts mais l’idée qu’un frère d’arme partageait le même fardeau quant au sort des vivants et aux règles parfois cruelles de la vie. Un ami, à n’en point douter. Ici, à ce moment précis, le guérisseur sut qu’il pourrait donner sa vie sans hésiter pour ce frère d’arme sur le champ de bataille.

Je te comprends mieux maintenant, Weihan … Cette dévotion qu’est la tienne comporte une force que je ne pense pas pouvoir un jour égaler, de par ma nature … Je n’ai pas un corps d’acier comme le tiens …

Sa remarque n’était pas une question ni un dialogue, plutôt un avis, un compliment. A la tonalité de sa phrase, Weihan pouvait comprendre qu’il ne parlait pas de son armure … Mais de cette âme et cette constitution d’acier qui supportait un tel poids et un tel tiraillement entre humanité et dévotion. Ce n’était pas quelque chose que pouvait faire Ashin, trop scientifique, trop rationnel en dépit de sa propre culture, trop plongé dans la réflexion et l’action du moment. Cette méthode ne fonctionnerait pas pour lui … Sa propre voie serait ailleurs.

Il l’observa se relever, d’un étonnement nouveau quant à la désignation d’ami dans sa phrase, ayant acquiescé les autres explications sans répondre.

Merci. Ne t’en fais pas, je m’en rappellerai. Après tout, un bon ami se doit de couvrir les arrières des siens pour qu’ils puissent accomplir tout ce qu’ils pourront faire jusqu’à la gloire.

Sourire en coin, il le regardait de loin, sur le départ, ayant de par sa phrase insinuée qu’il serait là pour assurer ses arrières lors de leurs futures batailles, en tant que médecin. Mais en dépit de ce réconfort au milieu de ces innombrables âmes perdues à jamais, les dernières paroles de Weihan résonnèrent dans son esprit.

Tuer ou sauver n’est qu’un autre acte pour y parvenir.

Tuer ou sauver … Seulement un acte pour y parvenir, à la même échelle … Cela lui rappelait la même limite que son mentor, sur ce qu’il n’avait pas voulu accomplir mais souhaité … Tout placé sur son don de guérison … Mais peut-être que cela ne suffirait pas, faisant partie d’un même rouage au final … Non … Il devait y avoir un autre élément dans son rouage … Mettre de côté son humanité pour parvenir à des objectifs plus grands …

Et si les acteurs de la paix, de l’éternité, pouvaient eux aussi avoir leur mot à dire un temps ?  Un dernier temps avant la paix ultime …

***

Le calme après la tempête, l’ordre après le chaos. Du moins fut-ce d'un constat en demi -teinte, le temps seul pouvant effacer les traces d’une telle guerre. Alors que cette intervention intenses avaient éprouvés autant le médecin que le guerrier en armure, les jours suivant s’avérèrent plus calmes, d’une participation général des villageois pour effectuer les funérailles, l’acheminement des derniers blessés tandis que le rôle du guérisseur fut de continuer et superviser ce qu’il avait débuté le temps de consolider cela avant son départ. Il n’y eut en réalité pour lui que peu de place entre les chefs du village et la commémoration des morts qui avait donné un sens à leur sacrifice pour le bien commun. La voie comme soutien, comme espoir pour ces gens, la présence d’Homura et une dose de destin pour l’avenir …