D	A la recherche de Maximus @Seijuu Koichi & @Uzumaki Yumeko

Une partie d’une falaise longeant un chemin de promenade apprécié des Kumojins vient de s’effondrer, obligeant les promeneurs à se réfugier dans un réseau de cavités dont les sorties ont été recouvertes par le déluge de roches. Si plusieurs équipes sont déjà sur place pour secourir les civils ainsi piégés, une demande particulière a été émise par Dame Ina, l’une des courtisanes les plus appréciées du Daimyo: son petit chien Maximus semble avoir été pris dans l’accident alors qu’il promenait avec son gardien. Vous avez donc pour mission de vous rendre sur les lieux de l’accident et de trouver et secourir le petit chien caractériel si important aux yeux de sa maîtresse.

Étapes — → Vous rendre sur les lieux de l’éboulement ; → Trouver et secourir Maximus le petit chien caractériel ; → (Facultatif): Au cas où Maximus n’ait malheureusement pas survécu, vous êtes priés de trouver une alternative crédible qui compenserait la perte du petit chien ; → Ramener Maximus (ou une alternative) à Dame Ina.

Récompenses — ◘ 3 XP et 30 000 ryôs par participants.

A chaque jour suffit sa scène. Tu te rappelais de ce proverbe chaque matin. Comme un mantra impulsant le souffle de vie dans ton cœur. Le commun des mortels aurait dit « peine », mais la scène englobait l’ensemble de l’univers des possibles. Cette idée ne manquait pas de poésie, t’amusant à imaginer l’ensemble du monde vu du ciel. Pour dire vrai, cela n’était pas sans te rappeler la vue sur les plus hautes montagnes du pays de la foudre. Une vision douce-amère. Un monde si grand… Aux perspectives pourtant si restreintes.

Tu récupéras la missive sur la table. Une convocation en urgence suite à l’éboulement d’un chemin de promenade populaire. Une tragédie. Un drame. L’événement perturbateur du théâtre du jour. Pourtant, ce n’était ni les hommes, ni le chemin qu’il fallait sauver. Mais un animal d’une courtisane ayant visiblement les moyens de se payer les services de deux Ninjas. Le lien unissant l’homme à l’animal était étrangement fort. Deux races différentes, incapables de communiquer, mais vivant dans une sorte d’harmonie étrange. L’animal soumis à l’homme, ce dernier devenant accroc à cette dépendance qu’il nomme maladroitement amour. L’amour est-il une chaîne nous soumettant au sentiment de reconnaissance ?

Les divagations de ton esprit s’estompant, tu déposas ta tasse de thé, désormais vide, sur la table, avant de te diriger simplement vers la porte d’entrée. Une vingtaine de minutes te séparaient de la zone accidentée. Tu déposas tes lunettes noires et rondes sur ton nez, ajustant ta chemise d’été, blanche, légère et aérienne. Une vingtaine de minutes de voyage plus tard, dans une démarche calme et assurée, tu arrivas sur le fameux chemin effondré. L’agitation, la panique, la peur, l’attente, l’absence… Nombreuses sont les émotions que tu pouvais observer sur le visage de chaque individu. Ils n’étaient pour toi que des éléments du décor, des figurants de la première scène. Pourtant, sur d’autres tableaux, pour d’autres personnes, chacun était bien le protagoniste de son histoire. Cette conscience était ta plus grande force lorsqu’il s’agissait de comprendre les gens.

Et ta plus grande faiblesse lorsqu’il s’agissait de les trahir.

Une main passant dans tes cheveux d’un rouge tirant vers le mauve plus tard, tu fixas le Chûnin qui semblait être responsable des différentes équipes dépêchées sur le terrain. Tu t’avanças vers lui.

« Bonjour, je… »
« Madame, nous vous donnerons des nouvelles lorsque nous en aurons ! Pour l’instant, laissez-nous faire notre travail ! »

Tu arrêtas ton élancée verbale, fixant le visage de cet homme, dont le poids des responsabilités semblait être bien lourd pour de si petites épaules. Cruel était leurs destins, car leur incapacité se transformerait irrémédiablement en un océan de culpabilité dans leur cœur, dévorant par l’érosion les fines barrières leur permettant aujourd’hui de tenir : l’Ego.

« Il y a mésentente. » repris-tu avec une voix douce « Je suis une Genin affectée à votre unité… »

L’homme daigna enfin lever la tête pour voir ton visage. Un instant plus tard, il se figea un instant, diverses pensées traversantes, sans doute aucun, son esprit. Certaines professionnelles, d’autres non. Ta chevelure rousse et ton statut de Shinobi indiquaient tes origines : une Uzumaki.

« Si tu connaissais l’étendue de mon insignifiance… »

Seul un sourire léger s’affichait sur ton visage. Tantôt amusée, tantôt dépitée de voir le respect induit par ton sang. Une fausse réalité, comme si tous les Uzumaki avait la même valeur.

« Oui… Euh… Oui. Ahem. Votre camarade est avec vous ? »
« Je pense qu’il ne saurait tarder. »

Seiju Koichi. Un clan d’homme-bête. Visiblement aujourd’hui, tu jouerais le rôle de Pet-Sitter.

Maximus. Un drôle de nom. Quoique, ça a tout de même l'air d'être un sacré nom de bonhomme, non ? Maximus... Oui, c'est bien ça. C'est un nom qui exprime la grandeur, le prestige.  Il était certain que la perte de cet animal devait être terrible pour sa maîtresse. Sans doute que Maximus était la clé de sa réussite, de sa richesse. Jamais cette pauvre dame ne serait allée aussi loin sans la présence de cet être grandiose.

Hm.. Non. Tout compte fait, non. Le garçon avait beau essayer de rendre cette mission épique, comme il le pouvait, au bout d'un moment même lui n'y croyait pas. Alors oui, il venait tout juste de devenir ninja, et il savait qu'il n'aurait pas de missions incroyables avant un petit moment. Mais, tout de même… Être envoyé sur un lieu accidenté où de nombreux civils sont piégés juste pour un chien ? Et les civils alors ? Il y avait d'autres équipes sur le coup, très bien… mais du coup, supposons une situation terrible où il se retrouve à devoir sauver soit un civil, soit Maximus, et que s'il choisit l'un, l'autre périra. Qui devrait-il sauver ? En fait, la question ne se pose pas. Il sauvera Maximus. Solidarité animale, et ouais. Et puis, les professeurs l'ont souvent répété : « La mission, la mission, la mission, bla bla bla ! ». Tant pis pour le civil, il n'a qu'à être plus demandé qu'un petit chien caractériel. Caractériel, hein ? C'est ce qu'on verra. Ce n'est pas ça qui allait lui faire peur, nan mais oh.

« Yosh ! C'est parti. »

C'est alors qu'il se mit en route, pour accomplir sa toute première mission. De ce qu'il savait, il allait être accompagné par une autre Genin, une certaine Uzumaki Yumeko. Une fille ! À l'académie, les filles ne lui adressaient pas souvent la parole, et parlaient pas mal entre elles pour critiquer le garçon. Elles se plaignaient principalement de son sale caractère, de son manque d'éducation, mais aussi de son odeur. Des petites princesses pourries gâtées. Comment ça, de son odeur ? Il se lave tout de même. Parfois. En bref, souvent des chieuses. Il n'était, du coup, pas spécialement rassuré. Déjà que le comportement des hommes lui échappait parfois, mais alors celui des femmes… C'est toute une autre affaire. Enfin bref, il dévora son repas avant de se mettre en route.

Voyant qu'il risquait d'être en retard, il se précipita jusqu'au lieu du rendez-vous, sur le chemin accidenté. Et en effet, il y en avait du monde ici. C'est un chemin par lequel il était passé quelques fois, lors de ses sorties du village, et c'était bien triste de le voir dans un tel état. Mais pas de soucis, car Koichi allait tout arranger. Tout ! Ah… Bah non en fait, car il devait juste retrouver un chien. C'est vrai.

Arrivé sur les lieux, il vit au loin un homme qui semblait donner des directives ici. C'était lui qui était chargé de diriger l'opération de sauvetage, et commandait aux différents groupes de ninja. À côté de lui, il y avait une femme que le garçon ne voyait que de dos. Elle était un peu plus grande, et il voyait sa chevelure avec une couleur assez atypique, un rouge un peu rosé. Cela revenait au Seijuu, il avait déjà entendu parler des Uzumaki en cours, mais leurs cheveux était la seule chose qu'il avait finalement retenu.

Koichi s'approchait d'eux, avec un sourire presque arrogant sur le visage. Il n'avait pas oublié sa vision des choses : il ne se ferait jamais respecter parmi les hommes si ces derniers le considérait comme un faible et une personne insignifiante. C'était la loi du plus fort. Comme dans la nature.

« Hey, le sauveur du grand Maximus est dans la place ! »

Encore une fois, il fallait rendre cette mission un peu plus épique qu'elle n'y paraissait, s'il voulait réussir à s'investir un minimum.

Il observa de plus près la dame, plissant les yeux à son égard. Elle allait être sa partenaire après tout. Elle était belle. Et, elle sentait bon. Elle sentait les fruits rouges, et les fleurs. Un doux mélange, bien loin de ce qu'il a l'habitude de manger. Cela lui rappelait la nature. C'était très agréable. Il la dévisageait de plus en plus, sans de réelle gêne.

« C'est toi Yumeko ? »

Il commençait à revoir sa pensée sur les femmes, parce que celle-ci était une perle rare. Et en plus, elle était seule, donc pas de commérage possible ! Il est vrai que les filles, ça se balade souvent en meute également, même pour aller aux toilettes. C'est bizarre quand on y pense, non ? Peut-être qu'une fille toute seule sera un peu plus gentille avec lui ?

« Moi c'est Koichi ! On commence ? »

C'est à peine s'il calculait le Chûnin. Il n'avait d'ailleurs pas dit bonjour, et ne s'était pas excusé pour son retard, bien que léger. Très vite, il transformait partiellement son visage pour faire apparaître le museau de sa partie hyène, et commençait à renifler un peu tout autour. Un chien, ça devrait se sentir, non ? Il reniflait l'air, la terre. Et… Il y avait un problème. Il y avait bien trop d'odeurs dans tous les sens, trop de personnes dans les parages, et puis… il tournait la tête vers Yumeko, silencieusement. En voilà un autre problème, elle sentait bien trop bon pour qu'il puisse se concentrer !

« Hum… Je… On devrait s'aventurer un peu plus loin, peut-être que je pourrais ressentir son odeur si on passe pas trop loin. »

Koichi passa devant, se déplaçant à quatre pattes bien que sous sa forme humaine, afin que personne ne puisse voir la gêne sur son visage. Il était étrangement pressé de commencer.

Une voix jeune et fougueuse éveilla ton regard absent induit par l’attente d’un coéquipier tardif, et le torrent inépuisable de ton esprit créatif. Presque aigu mais pourtant masculin, le ton employé trahissait une arrogance palpable. Ton regard mauve se posant sur l’être attendu, confirma cette première impression. La confiance était bien trop caricaturale, suintant une sécurité factice. La vision attirée par le mouvement d’une oreille animale sur le sommet de son crâne précipita une pulsion créative incontrôlable. Tu t’arrêtas de réfléchir à l’avenir, une simple seconde salutaire, profitant de ce moment de grâce.

Un matin sauvage,
S’éveille le cœur fougueux –
Rêve la nature.

L’Haiku posé dans ton esprit, tu affichas un sourire amical, peut-être même un peu trop pour une première rencontre. Mais malgré toi, c’était un protagoniste inspirant. Il incarnait le personnage de sa propre histoire. Le héros d’une tragédie, divisée entre la partie animale de l’homme et son addiction à rejeter sa nature profonde. Même son apparence évoquait le conflit entre nature sauvage et civilisation ordonnée. Son odeur, son apparence, sa présence, tout dérangeait dans cet être. Une projection de nos propres failles, de notre propre bestialité que l’on camoufle derrière un voile de civilité.

« Enchantée Koichi. »

« Chan » t’aurait presque échappée, tant l’instant créatif qui avait son effet attendrissant sur toi ne semblait pas s’arrêter.

« Je n'attendais que toi. »

Un simple sourire s’afficha, alors que son nez, empli de jalousie envers ses oreilles, se transformait grossièrement à son tour. C’était une Hyène, sans aucun doute. Est-ce que son rire était semblable au cri de son animal intérieur ? Amaterasu seule sait ce que tu ferais pour l’entendre. La raison te dictait qu’au regard de son profil, ce désir serait assez facile à combler.

Alors que son regard se posait sur toi, tu haussas un sourcil. Était-ce une timidité furtive dans son regard ? L’hésitation dans sa voix confirmait encore ton impression. Il était agréable, facile à lire. Un livre ouvert d’honnêteté. Alors qu’il courrait tel le fauve qu’il était vraiment, tu le suivais d’un trot plus gracieux. Une pensée amère teinta le goût sucré de cette douce rencontre : son cœur était aisément manipulable. Ce village allait n’en faire qu’une bouchée.

Arrivant un peu plus loin, tu fixas l’éboulement. Pourquoi t’avait-on affecté à cette mission ? Tes compétences n’allaient d’être probablement d’aucune utilité. Par contre, ce Genin était parfaitement taillée pour cette cause.

« Tu trouves quelque chose ? »

Tu l’ignorais, mais ton odeur, ton sourire, et ta présence empêchait le Genin de faire son travail. Tu t’avançais vers lui, d’un air candide, posant même ta douce main délicatement sur son épaule. Un air chaleureux, compatissante face au destin qu’il attendrait dans ce village.

« Tu avais raison, tu seras vraiment le sauveur de Maximus. Mes compétences ne sont pas utiles dans ce genre de situation, alors je compte sur toi. »

Tu lui adressas un nouveau sourire sincère. La simplicité de l’instant était reposante. Le cœur de son âme semblait pur. Tu ne pouvais que combler son manque d’insécurité par des paroles réconfortantes. Ta main se détacha de son corps, et tu t’avanças vers les restes de l’éboulement. Il y avait de nombreuses cavités, mais il était impossible de savoir dans quelle direction le chien était parti.

« Au cœur des Montagnes,
Un être inutile -
Cri désespéré. »

Deux haiku en une seule journée ? C'était assurément un bon jour, malgré la tragédie.

Il n'y avait pas que son odeur et sa beauté. Sa voix était tout aussi douce que le reste. Elle n'attendait que lui ? N'était-ce qu'une simple politesse de sa part ? Ou bien, le pensait-elle réellement ? Les filles ne lui ont jamais porté de très grands intérêts jusque là, alors qu'une femme comme elle s'intéresse à lui, cela avait le don de le déstabiliser. Et pas qu'un peu. Ce n'était pas bon. Pas bon du tout. Enfin si, ça avait du bon... mais pas comme ça. Il ne savait pas réellement si prendre dans ce genre de cas. Etrangement, il trouvait ça plus simple de bien ou mal se comporter en la présence de personnes inintéressentes, ou qui le méprisaient. Il aimait même faire peur aux jeunes enfants qui avaient peur de lui. Sauf que là, ce n'était pas le cas. Elle était douce et gentille avec lui, en plus d'être belle et de sentir bon. Il ne savait pas comment réagir, si bien qu'il essayait de se concentrer uniquement sur la mission. Et même ça, c'était compliqué. À cause de son odeur.

Le garçon sondait les alentours avec son flair, jusqu'à que sa voix le sortit une nouvelle fois de sa concentration. S'il trouvait quelque chose ? Pas vraiment... Le garçon n'eut pas l'occasion de lui répondre, qu'il sentit une main se poser sur son épaule. Un sursaut le saisit tout à coup. Elle était proche. Trop proche. Beaucoup trop proche. Il s'arrêtait net, tournant la tête vers elle à ses paroles. Il lui sourit espièglement.

« Haha ! Ouais... Sans doute ! Tu peux compter sur moi ! Mais, euh... Je suis sûr que tu seras utile ! »

À vrai dire, il n'en savait trop rien. Tiens, d'ailleurs, depuis quand cherchait-il à conforter quelqu'un d'autre que lui ? Il y avait réellement quelque chose qui ne tournait pas rond chez lui. Ce n'était clairement pas son genre. Il continuait de la regarder jusqu'à qu'elle lève sa main de son épaule, et il se ressaisit en secouant bêtement la tête. Le garçon hyène continua de sonder les alentours à l'aide de son flair.

Plus les deux sauveurs de canidé avancèrent, plus ils s'approchèrent de la montagne et de l'éboulement. Les cavités étaient bel et bien là, le tout était de déterminer vers où était parti le chien. Une fois qu'il aurait repéré son odeur, la suite sera bien plus simple. Les premières équipes de ninja avaient déjà commencé à déblayer, offrant l'accès à certaines des cavités déjà. Un déclic eut lieu dans son esprit à ce moment-là. Si jamais une équipe tombe sur le pauvre chien, alors leur mission sera réussie par d'autres ! Autrement dit, cela serait un échec, non ? C'était donc une course contre la montre. Peut-être devrait-il saboter les autres équipes ? C'est tentant, mais ça ne serait pas très pro. La belle Uzumaki n'apprécierait peut-être pas cette initiative rocambolesque. Non, cette solution ne devra être adoptée qu'en dernier recours !

Ses oreilles s'agitèrent à l'écoute du haiku de Yumeko. Non pas qu'il sache ce qu'est un haiku, ni comprenne réellement sa signification. Seulement, il entendit cette mention : « cri désespéré ».

« Un cri ? Tu as entendu quelque chose ? »

Il peinait à comprendre le véritable sens de celui-ci, et se remit en chasse.

S'approchant des quelques cavités n'étant plus que partiellement recouvertes par l'éboulement, il finit par sentir une odeur relativement forte, qui lui piquait le museau. Ses quelques poils humains se hérissaient à cette odeur, mais il y avait de forte chance qu'il ait trouvé une piste. Il devrait s'approcher pour en être un peu plus certain...

« J'crois que j'tiens quelque chose... Entrons par ici. »
« Hum... Excusez-moi. Nous avons déjà tout investigué par ici, veuillez vous rendre utile et allez ailleurs. »

L'homme hyène tourna son regard brusquement sur celui qui les interpella.

« Eh bien tu dois avoir de la merde dans les yeux, car ça sent le cabot par là ! »

Grognant comme souvent, il n'écoutait même plus l'homme qui lui répondit et s'aventura de ce côté, jusqu'à qu'il sentit une main le saisir par l'arrière du col. L'homme, sans doute un ninja responsable de cette partie-là, commençait à s'énerver, Koichi lui répondait avec agressivité. Tout ça, sans trop se poser de questions sur la pertinence de l'investigation qui a eu lieu ici, ou de la position de cet homme. Il fallait désamorcer la bombe, et vite.

« Le sourire est le reflet de la lumière, et contamine le cœur des hommes. Ainsi, celui en proie aux ténèbres de la cruauté peut sourire à son tour si quelqu’un lui donne suffisamment de lumière pour le faire. »

Une façon poétique de dire que le sourire est souvent contagieux, et ce jeune homme en faisait la parfaite démonstration. Tu avais fait preuve de douceur et de gentillesse, et, tel un miroir de pureté, il faisait preuve de la même chose en retour.

Ton Haiku terminé, le fauve se précipita vers toi, prenant au sens littéral la poésie. Tu libéras un rire cristallin. Cette naïveté d’enfant insouciant était aussi rafraîchissante que la petite brise qui soufflait sous le soleil d’été.

« Seulement le cri du silence. » fut ta seule réponse. Courte, brève, mystérieuse, poétique. Un reflet de ton âme en quelque sorte.

L’instinct canidé de Koichi reprit le dessus. Tu le fixas, alors que tu le voyais, s’agitant et reniflant l’air proche d’une des cavités. Tu t’approchas simplement, alors qu’il t’indiquait de le suivre. Quelqu’un lui répondit. Mais tu n’étais pas ce quelqu’un. Et il n’avait fallu que d’une étincelle pour percer très léger voile de civilité du blondinet. La brutalité de sa réponse, le regard sanguinaire, l’explosion de sa nature profonde face à la frustration.

Toi qui te posais la question du pourquoi on ne l’a pas envoyé seul et de ton utilité, la réponse était aussi flamboyante que la lumière d’un phare dans une nuit sans étoile. Le fauve se détournant de sa proie non sans grognement trahissant sa colère te fit presser le pas. La brutalité était-elle aussi contagieuse. Surtout chez certains hommes à l’égo fragile.

Ce « responsable » en était un.

Habilement, tu posas une main délicate sur l’épaule de ton camarade d’aventure. Mais cette fois, tu pris appui sur celui-ci afin de te propulser sur le devant de la scène. En un éclair, tu étais désormais entre deux.

« Et nul doute que vous avez accomplis votre travail de façon professionnelle et avec brio, Monsieur ? »
« Katsuka Yoh »

Éteindre le feu de la colère naissante par une pluie douce et agréable.

« Enchantée. Uzumaki Yumeko… Je suis désolée, mais il apparaît que vous ignoriez simplement quoi chercher. »

Ton sourire amical et prévenant s’effaça légèrement. Ta voix s’affûta d’un ton plus autoritaire, plus ferme, mais pourtant tout aussi délicat.

« Nous sommes envoyés par Dame Ina, une des favorites de notre puissant Daimyô, afin de retrouver son fidèle compagnon. Je comprends votre rôle, et l’attention que vous portez à cette tâche dans cette tragédie. Nous pouvons nous retirer et informer Dame Ina qu’il nous fût impossible de suivre la trace de son compagnon de par vos ordres… J’espère que sa tristesse et sa plainte n’entachera pas la disponibilité du Seigneur Koriki lorsqu’il entendra le rapport de cette mission. »

Un bluff dangereux : jamais vous ne feriez vous-même le rapport, et il y avait peu de chances qu’il pose le regard sur quelque chose d’aussi trivial. Mais le doute était permis. Après tout, ta chevelure flamboyante et ton statut de Kunoichi faisaient de toi quelqu’un susceptible d’être proche de la noblesse.

« Comme vous voulez, mais ce n'est pas ma faute si vous ne trouvez rien ! »
« Nous mènerons notre enquête avec diligence et réussite. Je vous remercie de votre inquiétude à ce sujet. »

La bombe fut désamorcée. Tu te tournas vers ton camarade, avançant ton visage proche du sien. À vrai dire, seuls quelques centimètres le séparait du tien.

« Où en étions-nous ? Je suis certaine que tu peux retrouver la piste ! »

Brouiller l’esprit, puis le focaliser sur un autre objectif. En espérant que tes charmes soient suffisants pour parer la colère bestiale de son cœur.

Le cri du silence ? Que voulait-elle dire ? Depuis quand le silence criait ? Cela n'avait pas de sens, si ? Alors oui, il a souvent entendu crier « Silence !», mais cela n'avait jamais été le silence qui avait crié. Seulement le professeur. Cependant, elle était sans doute loin d'être bête, alors cela devait avoir un sens.

« ... Oh, je vois ! »

Bien sûr que non qu'il ne voyait pas du tout de quoi elle parlait. Seulement voilà, il ne voulait pas passer pour un abruti, ou inculte. Alors même si c'était faux, il ferait comme s'il comprenait absolument de quoi elle parlait. Le silence crie, effectivement. Il l'entendait ne rien dire.

Enfin, il était bien assez vite passé à autre chose lorsque cette odeur désagréable était venu lui titiller l'odorat fin qu'il avait, et que cet homme l'avait interpellé. Il cherchait la bagarre ou quoi ? Koichi n'avait rien dit de mal, à ce qu'il sache ! Pour qui se prenait-il, au juste ?

« Et nul... »

Il fut interrompu par une nouvelle main sur son épaule, puis une élégante intervention de Yumeko.

« Et nul doute que vous avez accomplis votre travail de façon professionnelle et avec brio, Monsieur ? »

Le garçon ne continua pas sa phrase, puisque la douce femme s'en était occupé pour lui. Attendez, mais ce n'est pas du tout ce qu'il comptait dire ! Il était plutôt parti pour lui dire quelque chose comme : « Et nullos ! Tu ferais mieux de la fermer si tu veux pas que ta mère retrouve ta carcasse sur le pallier de sa maison ! ». Malheureusement il n'avait pas pu aller au bout de cette joute verbale. Ou plutôt heureusement, d'un point de vue purement objectif. Il était évident que la belle rousse était bien mieux placé que lui pour discuter en toute sérénité avec ses interlocuteurs. Grognant quelques fois à chaque fois que son regard croisait celui du nullos, l'homme hyène écoutait l'échange qu'ils avaient. Il n'était pas spécialement d'accord avec son approche douce pour quelqu'un qui ne le méritait pas, jusqu'à que... Oh. Oh oh. La voilà la menace. C'était du génie. Elle avait complètement retourné la situation en impliquant des personnes bien plus importantes que nous tous réunies. L'homme changea bien assez vite de discours, nous autorisant à continuer. Comme s'ils avaient besoin de son autorisation... En tout cas, c'était plutôt distrayant tout compte fait.

En s'éloignant, le garçon grognait une dernière fois à l'homme avant de suivre sa camarade, qui avança doucement son visage, très proche du sien. Trop proche. Encore et beaucoup trop proche. C'est à peine s'il parvenait à entendre ce qu'elle venait de dire, tant il se sentit perdre ses moyens. Un regard bête observant ses yeux d'un éclat unique et profond, qui le figea un instant. Il rougit bêtement, perdant même sa transformation sur le coup de la surprise, avant de reculer brusquement et lui tourner le dos.

« Je... Euh... Tu... Bref ! ... Oui, où en étions-nous, haha ?  C'est... euh... bête ça m'est complètement sorti de la tête... Ah, oui, Maximus ! Trouver ! Et euh... là-bas ! »

Très vite, il se transforma une nouvelle fois au niveau de son visage, afin d'adopter le museau et le flair d'une hyène, et parti pister très vite. Bon sang, le garçon était complètement à l'ouest ! Qu'est-ce qu'elle lui faisait cette dame pour le déstabiliser autant. Pourquoi elle se tenait toujours aussi proche ? Pourquoi elle sentait aussi bon ? Il n'y avait pas que des avantages à avoir un odorat surdéveloppé...

Il devait se reprendre, et se concentrer. L'odeur s'intensifiait à chaque fois qu'il s'aventurait un peu plus. Jusqu'au moment où l'odeur qu'il sentait depuis tout à l'heure était tout proche. Et c'était bien ce qu'il pensait. Berk. Cela le dégoûtait de flairer cette piste depuis tout à l'heure.

« Je crois que Maximus a fait une petite pause ici. »

Koichi pointait le sol, encore humidifié par le passage urgent d'un cabot. Prenant sur lui, il s'éloigna un peu du besoin déposé, et flaira un peu plus loin, essayant tant bien que mal d'ignorer ce qu'il se trouvait derrière lui. Oui, pas de doute. C'était bien l'odeur d'un animal, sans doute d'un chien même qui était passé par là. Il suivait cette piste, qui à un moment semblait se diriger vers la gauche. La gauche ? Il n'y avait rien à gauche, si ce n'est quelques pierres et le mur... Ah. Le Seijuu commençait à comprendre comment les hommes ont pu passer à côté de ça. Au pied du mur, quelques pierres semblait recouvrir un passage un peu étroit, ne devant pas dépasser le genou d'un homme en terme de taille.

« Je m'occupe de déblayer ça ! Maximus s'est sans doute faufilé par là, et y a du y avoir une secousse qui a tout recouvert par ici. »

Il pressait le pas. Il reprit sa forme entièrement humaine, n'ayant pas besoin de son odorat ici, rebroussa ses manches, et commençait à porter et lever les pierres ayant recouvert le passage.

À un moment, son regard se tournait brièvement vers elle.

« Et donc, tu... ça fait longtemps que t'es ninja ? Je t'avais encore jamais vue. Je pense que je m'en serais souvenu, parce que... euh voilà quoi. »

Abruti de Koichi. Il s'en voulait déjà de trop parler, parfois. Pourquoi s'est-il senti obligé de rajouter ça ?

« Enfin, voilà je veux dire que j'ai une bonne mémoire habituellement, haha. »

C'était gênant. De plus en plus gênant.

« Ils auraient quand même pu nous mettre une une mission plus palpitante ! »

Un moyen de changer de sujet de conversation, tout en continuant à déblayer.

L’esprit clair comme de l’eau de roche, mais troublé par les ondulations de la séduction. Tu le savais que ce n’était pas très moral d’utiliser cet art sur un homme tout juste majeur, mais cela valait mieux qu’un échec sur vos dossiers respectifs à cause d'une bagarre d’ego. Le jeune homme repris la traque, alors que tu le suivais de loin. Sa démarche animale faisait de lui un parfait petit limier à en devenir. Un limier de Kumo. Ou le limier de celui qui abuserait de sa confiance. Cette idée noire assombrit de nouveau ton visage, brièvement.

Peut-être que pour son bien, il valait mieux que cette personne, ce soit toi. « Un mal nécessaire ». Tu connaissais le poids des chaînes sur ton propre cou. Tu détestais ça.

« Félicitations, c’est une piste solide. Je pense que nous sommes sur la bonne voie, grâce à toi. » te contentas-tu de répondre au petit limier, en guise de récompense pour ses efforts.

Mieux fallait-il brosser la hyène dans le sens du poil. Surtout en regardant de plus près la suite des opérations : le passage emprunté par votre fugitif caractériel était bien trop étroit pour un humain, arrivant à peu près aux genoux. Par chance, le jeune homme se désigna corps et âme à la tâche de déblayage. Tu n’allais quand même pas le contrarier dans un si bon élan non ?

« C’est vraiment gentil de ta part. »

Tu passais outre que tu pouvais simplement invoquer un pantin très simple que tu avais en réserve pour l’aider sans même te salir les mains. Mais comment briser l’élan de ce jeune homme si volontaire à la tâche ? Alors qu’il se mettait au travail et que tu trouvais un endroit confortable ou t’asseoir, le jeune homme entama la conversation.

« Et donc, tu... ça fait longtemps que t'es ninja ? Je ne t’avais encore jamais vue. Je pense que je m'en serais souvenu, parce que... euh voilà quoi. Enfin, voilà je veux dire que j'ai une bonne mémoire habituellement, haha. Ils auraient quand même pu nous mettre une une mission plus palpitante ! »

Un sourire mi-compatissant, mi-moqueur se dessina sur tes lèvres. Sa voix intimidée, sa gêne palpable le rendait attendrissant. Presque mignon. Dommage, il était quand même un peu jeune pour toi.

« Oui et non. »

Tu adorais ce genre de réponse nuancée, d’autant plus que tu avais bien compris la sensibilité aux nuances assez… Comment dire ? « Limitée » de ton ami du jour. Un vrai héros qui ne fait aucun compromis. Hélas, la vie des héros était souvent très courte dans le monde réel.

« Kumo est ma ville natale, mais ma famille m’a envoyé vivre à Uzushio assez rapidement. J’ai appris les arts Shinobi auprès de mes parents, et des miens. Mais j’ai surtout développé mes connaissances du monde, mes compétences diplomatiques et tout ce qui touche au domaine artistique. Je connais quelques trucs sur l’ingénierie aussi. »

Quelques trucs étaient un euphémisme. Tu étais une marionnettiste, et rien que ce fait te plaçait parmi les individus en connaissant le plus sur les avancées technologiques.

« Tu dois être nouveau aussi, non ? Ça se voit. Tu es un personnage haut en couleur qui ne passe pas inaperçu, et ta façon d’agir montre que tu n’es pas le plus à l’aise avec la hiérarchie. »

Ça, ton côté sauvage, le fait que tes douches doivent être particulièrement espacée, que tu te déplaces comme un animal, ta résistance à la frustration… Tu avais mille et un indice qui t’indiquait une seule chose : il n’était pas d’ici. Mais c’était loin d’être une gêne : il stimulait ton imagination et son attitude avait quelque chose de presque poétique.

Presque.

« C’est indéniable que cette mission n’est pas riche en sensation forte. »

Tu fixas l'entrée, loin d'être déblayée.

« Pourtant, le caractère épique de cette aventure est présent. La vie d’un être proche de Dame Ina est entre nos mains. De nos choix découleront la joie, la peine, la souffrance, la perte ou les retrouvailles. Nous sommes les héros d’une histoire, certes insignifiante aux yeux du monde, mais d’une importance capitale pour l’amour et la vie de cet animal. »

Tu fixas avec tendresse le jeune Koichi.

« Tu es l’homme parfait pour cette mission. Ton odorat, ton sens animal, ta bravoure et ta force nous permettront de braver le destin funeste, et de ramener Maximus sain et sauf à sa maîtresse. »

Tout n’était qu’une question de perspective. L’importance que l’on donne aux choses est une donnée subjective. Après plus d'une dizaine de minutes d’efforts, tu te disais qu’il était temps de l’aiguiller pour la suite.

« Enfin… Je sais que tu es musclé, je l’ai senti en te touchant tout à l’heure. Mais… Tu devrais peut-être te transformer en hyène pour passer et suivre la piste non ? »

Une hyène sait creuser. Plutôt bien même. Et surtout, s’il peut se transformer, il peut décider de sa taille.

« Si tu le retrouves vite, j’aurai peut-être le temps de t’inviter à manger. »

Des paroles et des promesses pour redonner du baume au cœur au morale des troupes.
C'était aussi une part importante de ton rôle,
En tant que diplomate et artiste.

Cette belle dame ne faisait que le complimenter. C'était fort appréciable pour lui d'être tombé sur quelqu'un comme elle. Elle était tout simplement parfaite, pensait Koichi. Pourquoi toutes les filles n'étaient pas comme elle ? Au lieu de se moquer ou de le mépriser, en voilà une qui le reconnaissait à sa juste valeur. Il était assez fier de cela, surtout que les autres filles de son âge qu'il a fréquenté à l'académie étaient tous des boudins à côté d'elle.

Il l'écoutait avec attention, et le garçon comprenait comment il avait pu faire pour ne pas la remarquer. Elle n'avait pas grandi ici, sans doute était-elle arrivé il y a peu, tout comme lui d'ailleurs. Elle avait cependant un bagage bien différent du sien. Si la spécialité de Koichi était l'attaque et la survie, elle semblait être bien plus compétente dans tous les aspects sociaux, qui lui faisait cruellement défaut.

« Oui, je suis nouveau aussi. Je suis arrivé y a... un peu moins de deux ans je crois ? J'ai grandi dans les montagnes avec ma meute… enfin, des Seijuu comme moi. Mais ma meute a choisi de vivre loin des hommes. »

Et puis, il y avait tous les conflits en interne, etc. Mais il n'allait pas non plus tout lui raconter, après tout ce passé est bien loin derrière lui maintenant. On pourrait croire que l'abandon l'ait rongé, mais pas tant que ça. Il a toujours été convaincu d'avoir fait le bon choix, bien que celui-ci avait été très compliqué à assumer derrière, pendant un long moment.

« Puis un jour j'suis parti. Et j'ai rencontré l'vieil homme qui m'a parlé des humains, et d'ici, alors j'ai voulu voir. Ah, et oui la hiérarchie… j'ai un peu de mal avec ça. Moi j'ai appris à suivre le chef de la meute, lui et seulement lui, et on a pas toute cette hiérarchie, tu vois ? Il y a lui qui guide, et les autres qui suivent. »

Autant dire que cet homme tout à l'heure pouvait être le plus grand Jônin de tous les temps que cela n'aurait rien changé. Il n'était pas le chef. Et cela faisait toute la différence.

Yumeko lui donna sa vision des choses sur cette mission, qui tout à coup devint bien plus épique à ses yeux. Elle avait le don de rendre les choses les choses plus palpitantes. C'était vrai après tout, pour notre cliente, ce chien était toute sa vie. On allait sauver une vie, réaliser la requête désespérée d'une pauvre dame. À ses paroles, Koichi déblaya deux fois plus vite. Et même trois fois plus vite lorsqu'elle le complimenta une dernière fois.

« Oui, tu as raison ! Pour Maximus ! »

La suite de ses paroles avaient cependant enclenché quelque chose en lui, de bien plus intense. Sa proposition tenait la route, mais surtout, la récompense à la clé... se faire inviter à manger ? Par elle ?! Ses poils s'hérissaient, ses oreilles se dressaient sur sa tête. Manger ! Elle ignorait sans doute ce qu'elle venait de déclencher.

« JE VAIS LE RETROUVER TOUT DE SUITE !! »

Sans attendre, il se transforma intégralement. Et il se déchaînait. Les gravats et pierres volaient, tout comme la terre qu'il creusait pour permettre un passage bien plus aisé. En creusant, il pensait au repas qui l'attendait, et il fit résonner dans la caverne son rire de hyène. Il creusait. Il creusait. Et assez vite, une fois le passage suffisament grand, il se faufila avec vélocité, agitant ses pattes arrières avec une grande excitation pour se pousser vers l'avant. Arrivé de l'autre côté, il sondait le lieu, à la recherche de Maximus et de son odeur. Il le sentait, ça sentait bel et bien le cabot ! Il n'était plus très loin !

Alors, il cavalait à toute vitesse, sous sa forme de hyène, et remarqua sur le côté de cette galerie qui était condamné, un homme blessé, effrayé par sa présence. Manger ? Non, pas manger ! Maximus ? Non, pas Maximus ! Assez vite, il pesait le pour et le contre. Devait-il aider l'homme, ou le laisser là pour retrouver au plus vite Maximus ? S'il aidait l'homme il allait perdre du temps. Et le temps, c'est une invitation à manger ! À cette pensée, il reprit sa course, abandonnant l'homme blessé à son triste sort. Désolé pour lui, il n'y avait visiblement personne qui a engagé des ninjas pour le retrouver. Pas comme Maximus.

En parlant de Maximus, il se retrouva après quelques minutes de courses, face à un petit chien. Le chien était sur la défensive, grognait, et aboyait. Ah oui, caractériel, c'est vrai. Comment cette petite créature osait-elle ne pas avoir peur d'une hyène bien plus grande et dangereuse que lui ? Koichi se mit sur la défensive également, comme s'il était prêt à bondir. Le garçon hyène grognait, le cabot aboyait. Pour l'instant, personne ne lançait ouvertement l'offensive. La mission Koichi... Que dis-je, le repas Koichi !

Alors, il s'approchait de lui, avec intimidation. Il grognait. S'il fallait le calmer, il le calmerait par la peur. Il allait fermer sa petite gueule de chien pourri gâté pour qu'on puisse l'embarquer bien plus facilement. C'était un duel de regard terrible, où le moindre mouvement trop suspect pouvait enclencher une véritable joute. Pris d'un certain courage sans doute, Maximus fit quelques pas en avant et aboya une nouvelle fois, Koichi réagit au quart de tour et lui bondit dessus, mais Maximus était rapide également et se sortit de là bien assez vite. Les deux animaux se coururent après, ensuite, tournant en rond dans le fond de cette galerie. On pouvait également entendre le cri de l'homme, criant à l'aide.

C’était donc vrai, le cœur d’un homme passe par son estomac. Peut-être était-ce encore plus efficace avec les hommes-hyènes ? Tu attendis patiemment sur ton rocher, non s’en sortir un petit éventail, usant d’un mouvement gracieux pour te protéger de la poussière. Lorsque la hyène commença à rire, tu ne pus t’empêcher de suivre. Personne ne pouvait s’empêcher de rire en entendant le cri d’une hyène prête à dévorer son repas.

Gloire à Maximus 1er, grâce à qui tu avais pu voir ton souhait être réalisé.

Les minutes passant, tu attendais patiemment le retour de Koichi qui avait pu finalement passer à l’intérieur. Profitant de la légère brise, tu ouvris une ombrelle, te protégeant des rayons ardent du soleil. Tu avais même pour l’occasion desceller un livre de poésie que tu commenças à lire. Non sans te dire, dans un coin de ton esprit, que tu aimerais avoir des missions comme celle-ci un peu plus souvent.

C’est le cri d’un homme qui sortait manifestement de la grotte, qui t’extirpa de ta lecture. Tu poussas un soupir, terminant le vers, avant de te relever.

« Je vais donc devoir utiliser de mes talents. »

Et tu t’éloignas pour rejoindre l’équipe de sauvetage. Qui disait accident d’éboulement, disait intervention de ninjas spécialisés. Il devait bien y avoir un utilisateur du Dôton qui prêterai main forte à une demoiselle en détresse…

« Messieurs, s’il vous plait, j’ai désespérément besoin de votre aide… »

Désespérément était peut-être un peu exagéré. Mais si tu étais beaucoup de choses : une actrice, une diplomate, une artiste… Il y a une chose que tu n’étais pas : un fox terrier. Tu t’approchas d’un homme à l’importante musculature. C’était stéréotypé, mais il avait la tête de l’emploi. Pas celle d’un fox terrier, mais celle d’un utilisateur des arcanes de la terre.

« Un homme est coincée dans une cavité, il me faudrait un utilisateur du Dôton pour ouvrir un passage. »

Une main sur son torse, et un visage inquiet plus tard, et l’homme se précipita pour rejoindre la scène avec son équipe. Quelques mûdra plus tard, et le passage était grand ouvert.

« Je vous remercie de votre aide. »

Tu rejoignis alors ton camarade au cœur de la bataille, entre deux canidés caractériels, tournant en rond. Tu soupiras, sortant un parchemin de ton sac.

« Yare, Yare… Je vais finalement devoir intervenir… »

Tu ouvris lentement le parchemin, dévoilant un sceau où il était inscrit « Figurant ». Un nuage de fumée plus tard, un pantin de bois se fit voir. Inanimé.

« Kugutsu no Jutsu… »

Des fils de chakra se connectèrent à la marionnette, lui insufflant la vie. La tête se releva dans un mouvement saccadé. Des cliquetis métalliques résonnaient dans la caverne.

« Gloire à Maximus 1er, fidèle compagnon de Dame Ina. »

La marionnette s’avança, claquant ses lèvres de bois pour attirer l’attention du cabot. Puis, le pantin leva le bras, qui s’ouvrit en quatre parties distinctes. Un fuînjutsu se dévoila, libérant des centaines de mains de pantin qui foncèrent à grande vitesse sur Maximus, ne lui laissant aucune chance de s’échapper. Quelques mouvements de la main plus tard, le chien se retrouvait enfermée dans une cage de main de marionnette. En dessous, de multiples doigts de marionnettes permettait à l’ensemble d’avancer.

Tu scellas de nouveau les bras, et rangea ton pantin. Ne subsistait que la cage. Le travail avait été propre, rapide. Il manquait un peu de raffinement, mais tu n’allais pas faire une représentation à un simple chien, non ?

« Bon travail. Ramenons Maximus à sa maîtresse. »

Tu fis un sourire à Koichi. Il allait finalement avoir son repas, et cette mission serait un succès. Tu tournas la tête, et leva les doigts en direction de la ca…


Ton regard afficha une mine surprise et inquiète, alors que tes fils ne s’accrochèrent qu’à un rocher sanguinolant, le sang ayant éclabousser tes bottines. On entendit les remerciements de l’homme piéger au Ninja qui avait utilisé la terre pour le sortir de là… Au détriment de…

« Maximus… ? »

Le garçon ne fit pas attention à ce qu'il se passait autour de lui. Il était pris dans sa course effrénée pour attraper ce foutu Maximus. Ce n'est que lorsque quelque chose de soudain et de terrible vienne attraper le cabot à l'aide de ses… très nombreuses mains. Qu'est-ce que c'était que ça ? La hyène tournait la tête, et vit la belle Yumeko accompagné d'un monstre de bois. C'était quoi au juste ? Serait-ce, un… un yokai ?

À cette pensée, le garçon transformé se rua jusqu'à l'une des extrémités de la caverne, observant d'un air terrifié la chose qui avait attrapé Maximus. C'était ça, son pouvoir ? Elle pouvait contrôler des yokai ? Rien que l'idée était terrifiante, alors le voir à l'œuvre… Quoique. En reniflant l'air, Koichi comprit que ce n'était pas sans doute ça. Ce n'était pas pareil. Déjà, tout ce bois et cette odeur métallique, et chimique. Non, on dirait plus la construction d'un humain, en y réfléchissant bien. C'est vrai qu'il avait tendance à considérer tout ce qu'il ne comprenait pas comme créature comme étant un yokai. Seulement là, cela ne remplissait pas absolument toutes les cases… Et Koichi se souvint ensuite qu'elle lui avait parlé d'ingénierie. C'était donc ça ?

Rassuré, le garçon reprit sa forme humaine. Bien qu'il n'avait pas encore songé à si ce n'était pas un réceptacle pour contenir un yokai, qui sait ? Dans tous les cas, Maximus était attrapé, et la belle Uzumaki lui fit un magnifique sourire, lui indiquant qu'il était temps de ramener le petit chien à sa maîtresse. Le garçon observait d'un air étrange l'amas de main qui avait formé une cage pour l'animal, puis se dirigea vers sa partenaire. Et...

CRAAAC ! GRRR ! BOOM ! IIIIIIH !

Son premier réflexe ? Se mettre à l'abri, bien évidemment ! Il y avait eu du mouvement dans la galerie, et une partie s'était effondré sur…

« Maximus… ? »

Oui. Sur Maximus. Il se précipitait alors pour le sortir de là, mais réalisa bien assez vite que le pauvre petit chien n'avait pas survécu. Il avait même du mourir sur le coup. Ses oreilles s'agitèrent lorsqu'il entendit un homme en remercier un autre, un peu plus loin.

« … Ah heureusement que vous étiez là, votre maîtrise de la terre est incroyable ! »
« Il y a tout de même eu une répercussion un peu plus loin, je vais aller voir si tout va bien. »

Le garçon restait figé un moment, regardait dans le vide, les mains ensanglantés par le sang de Maximus. Et leur mission épique alors ? Et l'amour de cette dame pour son fidèle chien ? … Et son repas alors ?

Fou de rage, il enclencha une nouvelle fois sa transformation, et partit à toute allure vers la provenance des voix. Le pauvre ninja fut surpris, et quand Koichi lui sauta dessus il le plaqua violemment au sol, posant ses pattes avant sur ses mains avec force. Il reprit sa forme humaine, cela commençait à lui dévorer pas mal de chakra toutes ces transformations, mais continuait de le maintenir avec force.

« Enfoiré t'as tué Maximus !! »
« … Maxi-qui ?! »
« Et ma mission alors ?! Hein ?! J'étais censé être le héros de Dame Ina aujourd'hui ! »
« … De quoi tu parles ? Lâche moi, heh ! »

Koichi le regardait, le maintenant plaqué au sol, grognant et ses yeux fixait si bien sa proie qu'ils parurent sortir de leurs orbites. Des filets de bave tombaient sur le visage en dessous du sien.

« Peut-être que si je lui ramène la dépouille de son meurtrier, elle sera consolée, non ? »

Le ninja s'agitait, essayant de se défaire de sa prise, criait à l'aide et le regardait d'un air terrifié. Il était exténué, il s'était épuisé à la tâche toute la journée pour sauver les victimes, et maintenant cet homme. Il était à sa merci. L'homme blessé quant à lui profita du passage pour prendre ses jambes à son cou. En tout cas, c'était une bonne idée non ? Pas de Maximus, mais au moins on lui ramène le meurtrier ? Ou bien ce qu'il en resterait ? Au sein de la meute, ils avaient toujours mis un point d'honneur à s'occuper des traîtres, et des menaces extérieures, si le danger n'était pas trop grand. Or, là, quel était le danger (pas du tout à l'extérieur avec tous les autres ninjas, n'est-ce pas ?) ? Il avait l'ascendant sur lui, il n'allait en faire qu'une seule bouchée.

L’entrelacement du destin.

Changer les choses était incroyablement difficile. L’ordre des choses est une machine avec une inertie impressionnante. Mais un emballement tout aussi vertigineux. Tes yeux fixèrent la tâche sanglante se rependant sur le sol. Tu avais pourtant fait tout ce qui était en ton pouvoir. Hélas, c’était insuffisant. Insuffisant pour sauver Maximus. Insuffisant pour réussir cette mission. Insuffisant pour être à la hauteur.

« C’est insuffisant, recommence, Yumeko ! »
« Tu ne pourras pas être à la hauteur du clan si tu ne fais pas plus d’effort ! »

Les phrases assassines résonnaient dans ton esprit, te plongeant dans une torpeur de longues secondes durant. Les pensées mortifères virevoltant comme des lames, tailladaient dans un silence morne, jusqu’au plus profond de ton âme. Un conditionnement de ton esprit si fort que l’erreur faisait échos à toutes tes blessures reçues pour parvenir à ce niveau.

« Cruel soit le destin, car chacune de ses victoires nous rappelle notre impuissance. »

Il avait bon dos, le destin.
C’était ton échec.
Ton impuissance.
Ta honte.
Le destin n’avait rien avoir avec ça.

Tu tournas les talons, laissant cette énième déception derrière toi. Le goût de l’amertume, l’odeur de l’échec, la vision de la mort, le son de la violence, l’étaux de l’injustice. Tu devais aller contre ton corps, contre ce qu’il ressentait. Tu devais te laisser envahir par la froideur du calcul et de la cognition.

Pas de sentiment.
Que des arrangements.
Pas de privilèges,
Que des compromis.

Ta démarche s’élança sur ce rythme. Tu avançais, droite, fière, élégante, comme on te l’avait toujours appris. Cet échec le serait si tu abandonnais. La mort de Maximus avait toujours fait partie de l’équation. Paradoxalement, c’était sa vie qui te l’avait fait oublier.

Et alors que tu arrivais au niveau de la Hyène déchaînée…

« Non. »

D’une froideur presque impériale, ta voix se diffusa dans la caverne, rendant silencieux le conflit en cours. Alors que tu croisais les bras, ton regard défia les deux Shinobi avec une autorité et un calme impassible désarçonnant. La douceur et le sourire avaient disparu de ton comportement. L’ordre était clair, limpide, tranchant comme une lame.

« Non, Koichi. La mort ne console personne. »

Tu fixas le jeune homme, t’avançant d’un pas lent et méthodique. Arrivant à son niveau, tu posas une main sur son épaule, tirant en arrière pour mettre fin à cette altercation.

« La mort fait partie de la vie, et il y avait une possibilité de le retrouver vivant sans pouvoir le faire sortir vivant. C’est injuste, cruel et horrible, mais certains événements sont inévitables quoi qu’on face. C’est ce qu’on appelle le destin. »

Ta voix se faisait plus douce, réconfortante.

« Allons, nous devons trouver un moyen de rendre la peine plus soutenable. »

Même s’il était impossible de rendre cela indolore…

Koichi en était sûr. Il en était certain. Il allait le dévorer, pour lui apprendre à ne pas tuer les protégés des autres et saboter leur mission. L'hystérie du moment lui avait fait perdre les pédales. En vrai, il ne suffisait pas de grand-chose pour le mettre hors de lui. Il était plutôt impulsif comme garçon, il l'a toujours été. Ses instincts sauvages reprennent souvent le dessus, assez rapidement. Ses mains tenaient ses bras, les refermant sur sa prise de plus en plus fermement. Ce pauvre homme était bien trop fatigué et impuissant pour lui résister. La hyène en lui jubilait. Cet incapable ne le savait sans doute pas, mais la loi du plus fort primait toujours. Il était condamné à devoir se faire dévorer par plus puissant que lui, en l'occurrence ici : le Seijuu.

Alors qu'il s'apprêtait à passer au stade supérieur, la voix de l'Uzumaki le ramena un peu sur terre. Il sentit sa main sur son épaule, l'incitant à reculer et lâcher sa proie. La mort ne console personne ? Il ignorait à vrai dire s'il ne se serait pas senti un tout petit peu mieux s'il avait pu venger Maximus. Seulement, ce qu'elle disait était plutôt vrai. Enfin, cela faisait du sens. Personne n'aurait rien pu y faire, c'était le destin qui en était la cause. Bien que la notion du destin lui échappait un peu, le garçon décida de se détacher du pauvre ninja affaibli, qui n'hésita pas un instant avant de se retirer bien assez vite. Koichi grognait, voire boudait presque.

« Que ça te serve de leçon. »

Il faisait un peu la moue. C'en serait presque mignon, s'il ne venait pas d'essayer de dévorer un homme, à peine une minute avant ça. Koichi avait bien du mal à contrôler ses émotions, notamment la colère et la frustration.

Son regard se tournait vers Yumeko.

« J'ai vu rouge quand Maximus est mort, et que lui se faisait remercier alors qu'il a causé sa mort. Pourquoi c'est le destin, si c'est lui ? On devrait pas lui faire payer lui ? »

Koichi soupirait un peu.

« Comment on va faire ? Est-ce qu'on lui prend un nouveau chien ? S'il lui ressemble comme deux gouttes d'eau elle remarquera peut-être pas ! »

En discutant, les deux Genin quittèrent la cavité, retrouvant l'air libre. Il y avait des regards tournés vers lui, comme si quelqu'un avait commencé à raconter des salades à son sujet. Ils s'éloignèrent un peu.

« Ils abusent, j'ai tué personne. »

Un nouveau soupir.

« Ou alors on le fait arrêter par les autorités, en disant que non seulement il a tué Maximus, mais en plus qu'il est la cause de l'éboulement ! Bah il l'a fait une fois, alors pourquoi pas deux ou trois ? Tant c'est lui qui a tout provoqué. Et avec ça il sera mis derrière les barreaux, et Dame Ina sera vengée. Non ? À c'qui paraît c'est comme ça que vous réglez vos conflits vous. »

La raison l’avait atteint. Ton visage afficha de nouveau un sourire doux. Il était jeune, impulsif, et dégageais cette harmonie sauvage. Et surtout, il avait bon cœur. Au fond de lui, derrière le voile de bestialité, se cachait une réelle humanité.

« Je pense qu’il s’en souviendra. »

La peur de cette altercation était après tout le moindre mal. Le compromis entre la pulsion de violence du garçon, et l’erreur involontaire de l’apprenti ninja. L’équilibre parfait. La réponse recherchée, et celle obtenue.

« Ta question est pertinente. Je ne suis pas la Kunoichi la plus sage, mais je vais essayer de t’apprendre ce qu’on m’a appris. »

Tu réfléchissais, posant un doigt sur ton menton. Comment rendre un enseignement fondamentalement nuancé en quelque chose de plus accessible pour quelqu’un d’aussi tranché ?

« En conclure qu’il s’agit du destin, c’est parce que l’on fait la somme de nos actions confrontées aux éléments naturels et à l’inconscient collectif. C’est un résultat, une finalité. »

Elle fixa Koichi.

« La caverne était trop instable, l’équipe de sauvetage pour les humains ont fait une erreur en oubliant quelqu’un, qui a provoqué l’utilisation d’un Jutsu Dôton, qui a provoqué la mort de Maximus. Quelque soit le résultat de nos actions, la balance était par nature, impossible à rééquilibrer. »

Peut-être était-ce un peu trop compliqué pour lui ?

« C’est comme lorsque tu trouves une chèvre. Si tu la trouves dans une colline, tu as toute tes chances d’en faire un casse-croûte. Mais sur la montagne, elle te sèmera sans doute et tu finiras le ventre vide. Le fait qu’il y a une montagne ou une plaine ne dépend pas de toi, mais du « destin ». »

La lumière du jour vous atteignant de nouveau, tu avanças, ignorant sans difficulté les ninjas qui colportait déjà les ragots. Puis, ton regard s’arrêta, surprise par la proposition du Seijuu. Il arrivait à faire preuve de malice et de ruse dans la résolution de ce problème social ? Surprenant. En soit, l’idée globale n'était pas mauvaise, mais les arguments grotesquement improbables : un Genin n’avait pas assez de chakra pour faire tous ces dégâts et le sauvetage.

« En modifiant deux trois choses, on pourrait faire ça… Mais Dame Ina n’aspire pas à la vengeance, mais à la paix. »

Tu réfléchissais, tapotant faussement ta joue le poing fermé.

« On pourrait essayer en prenant un chien extrêmement similaire, mais je n’ai pas eu l’occasion de bien voir les traits de Maximus… C’est assez dangereux, si elle se rend compte de la supercherie. »

Personne ne dépense cette somme pour sauver un animal dont il s’occupe à peine.

« On peut aussi essayer de trouver un remplaçant à Maximus. Un autre chien… ou un perroquet. On pourrait l’appeler Maximus Junior. Et faire un rite funéraire pour son prédécesseur. Qu’est-ce que tu en penses ? »

La situation était délicate.

Koichi regardait sa belle interlocutrice avec des yeux de merlan frit si bien que l'on pourrait croire un croisement étrange avec sa hyène. Oui, il peinait à comprendre ses explications. Non pas qu'elle s'exprimait mal, loin de là ! Seulement voilà, le garçon n'avait pas réellement les connaissances nécessaires pour appréhender ce sujet, surtout lorsque rien ne lui paraît très concret. Il avait un peu du mal à cerner le rapport entre tout ça. Jusqu'à son dernier exemple qui éclairait un peu sa lanterne.

« Ah mais oui je comprends. C'est clair maintenant ! Après, faut pas me sous-estimer. J'ai grandi dans les montagnes avec ma meute j'les connais plutôt bien ! Si la chèvre est nouvelle dans le coin, j'en f'rais qu'une bouchée ! »

En parlant de chèvre, son ventre se mit légèrement à gargouiller. Koichi se donna un léger coup au ventre, pour dire à son estomac de se la fermer.

Pour ce qui était de son plan par contre, ce n'était pas réalisable. Comme elle le disait Dame Ina aspirait à la paix, et non pas à la vengeance. Koichi ne savait pas pourquoi il en était convaincu, il buvait littéralement les paroles de la Uzumaki alors qu'il ne connaissait pas Dame Ina… et peut-être qu'elle non plus ne la connaissait pas d'ailleurs ! Bon, si c'est ce que Yumeko dit, c'est que ça doit être ça ! Voilà ce qu'il pensait.

Par contre, la suite le fit un peu sortir de cette pensée.

« Un perroquet ?! »

Il n'avait encore jamais mangé de perroquet, tiens. Peut-être que ce jour viendra. Tout de même, un perroquet pour remplacer un chien ? Mais quelle idée ! Après…

« Dans un sens, si Maximus avait été un perroquet il serait peut-être encore en vie… »

C'est une façon de voir les choses, non ? Les oiseaux avaient cet avantage de ne pas être soucis au même soucis que les créatures terrestres, la plupart du temps. Presque rien ne pouvait leur arriver dans les airs. Enfin, quand il fait beau.

« En vrai, va pour l'idée du perroquet ! Elle est plutôt bonne en fait ! Un chien ça ne ferait que ressasser sa tristesse, alors qu'un perroquet c'est sans doute tout nouveau pour elle ! »

Son ventre grognait une nouvelle fois. Légèrement.

« Hm… Mais on va trouver où un perroquet ? Tu crois que ça s'vend ? J'en ai pas vu souvent moi dans les montagnes ! »

Dans tous les cas, ils allèrent plus loin, du moins, Koichi suivait la belle et douce Uzumaki. Son odeur avait tout de même le don de l'apaiser, tout comme ses paroles.

« Ah et… euh… au fait. Tu se… … Ah au fait c'était quoi la chose que t'as fait apparaître tout à l'heure ?! »

Oui, il a failli lui dire qu'elle sentait bon, mais il a pas osé.

L’explication simplifiée avait fait mouche, ce qui t’avait décroché un sourire. Il t’évoquait ton petit frère : un petit excité rêvant de devenir le « meilleur épéiste du monde ». Une véritable pile électrique, que tu surnommais affectueusement « l’éclair rouge », en raison de son affinité avec le Raiton et de sa chevelure. Ah… Cette boule d’énergie te manquait.

L’idée du Perroquet avait son chemin. Fort heureusement, tu avais quelques adresses de fournisseurs pour ce genre de prestation. Des connaissances de connaissances connaissant des gens qui avaient des connaissances susceptibles de te vendre un tel animal. Ce n’était pas forcément des personnes recommandables, mais après tout, depuis quand la noblesse était soucieuse d’être respectable tant qu’elle était respectée ? Tout n’était qu’une question d’image… Et en ce sens, un perroquet en jetait plus qu’un chien.

« Tout se vend et s’achète Koichi. Ce n’est qu’une question de prix. »

Parfois le prix demandé n’était pas forcément de l’argent. Un renvoi d’ascenseur, une faveur, la confiance… La nature du coût était variable, mais finalement, tout pouvait s’obtenir si l’on savait bien s’y prendre, et que l’on faisait preuve de souplesse, d’inventivité, et de créativité.

Domaines dans lesquels tu te plaisais à dire que tu excellais.

« C’était une marionnette. Un pantin de bois, que j’ai moi-même confectionné. Celui-là était plutôt simple, je travaille actuellement sur un duo bien plus complexe. Je vais devoir passer à mon atelier pour la suite, tu pourras en profiter pour jeter un œil. »

Tu t’approchas de lui, faisant un sourire, et plaçant ton doigt devant sa bouche.

« Mais je compte sur toi pour garder tout ce que tu verras secret ! Motus et bouche cousue, d’accord ? »

Tu lui fis un clin d’œil, avant de repartir en direction de ton atelier. Le domaine des fleurs était un grand complexe de loisir, disposant d’Osen, d’un théâtre, d’un bar, d’un casino, d’un hôtel et même d’un restaurant. Un îlot de plaisir, de loisir et de détente. Un endroit parfait où récupérer après une mission. Saluant au passage les différents employés, et missionnant ton intendant de trouver un perroquet, tu arrivas dans ton bureau, la porte affichant "Uzumaki Yumeko : Présidente-Directrice Générale". Un endroit élégant, agréable, confortable, à la lumière tamisée et aux odeurs florales se mêlant à tes propres parfums. Une ambiance chaleureuse, aux couleurs vertes. Des dossiers, de l’alcool, de la nourriture… Il était agréable d’y travailler. Tu t’avanças vers la bibliothèque, usant d’un mécanisme physique et activant un sceau pour ouvrir la porte.

« Bienvenue dans mon atelier secret. »

Tu descendis un petit escalier en colimaçon, avant d’atteindre une grande pièce avec de nombreux outils, une bibliothèque entière de parchemin avec des sceaux contenant tes œuvres, mais également un espace de peinture, de sculpture, de musique… Ton environnement à toi. Ton lieu de répit.

« Je vais créer un cercueil pour Maximus, ensuite on récupère le perroquet, on donne le tout à Dame Ina, et puis on prendra un bon repas au restaurant. Prends ton aise, mais ne casse rien. »

Tu sélectionnas un bois clair, et tu te mis au travail. Première étape : assembler le cercueil. Deuxième étape : faire un dessin de Maximus, en sculptant sur le dessus du cercueil et en le peignant. Trois : récupérer le perroquet, et offrir tout cela à Dame Ina. Quatre : après l’effort, le réconfort avec un bon repas !

Oui, c'est vrai que c'est une notion qu'il n'avait jamais eu à appréhender avant son arrivée à Kumo : la question de l'achat et de la vente, du commerce, de l'argent. C'était bien des choses dont il n'avait nullement eu besoin dans son passé, mais qui était devenu aujourd'hui primordial à sa survie. Était-ce d'ailleurs une bonne chose de dépendre de quelques pièces métalliques ou bouts de papier ? Sans les avoir, Koichi ne pouvait pas manger. Du moins, s'il s'abstenait de toute action illégale. Étonnamment, car on pourrait croire le contraire, il n'était pas du genre à aller à l'encontre de toutes les règles et les lois. Alors certes, il n'en a pas respecté certaines au départ, mais disons que ses débuts avaient été compliqués. Les humains sont trop compliqués, et il a du s'adapter avec le temps.

Concernant son monstre, il s'agissait d'une marionnette. C'était donc sans doute ça, ses connaissances en ingénierie. Le voilà le fin mot de l'histoire. Et bien, on pouvait dire que c'était impressionnant de pouvoir faire tant de choses avec des pantins crées entièrement par elle. C'était également intéressant, un style bien plus raffiné et indirect que celui du garçon hyène. Lui sa tactique, c'était plutôt de foncer dans le tas et d'aviser ensuite. Pour l'instant, il était toujours en vie... donc ça va ? À voir pour combien de temps encore.

La belle Yumeko lui parlait également d'un atelier dans lequel elle travaillait. Intérieurement, Koichi était assez content de pouvoir en apprendre un peu plus sur elle, il l'aimait plutôt bien à vrai dire. Elle l'emmena dans un lieu, le "Domaine des Fleurs. Drôle de nom. Il s'attendait pas à trouver quelque chose portant ce nom au sein du village, mais admettons. Qui était-il pour juger ? D'autant plus que le nom était assez adapté. Il y avait à l'intérieur une certaine ambiance. Koichi ne saurait dire si cela venait de l'odeur ambiante très florale, à l'image de l'odeur de l'Uzumaki, ou de la décoration bien choisie et adaptée, ou un somptueux mélange de tout cela. Dans tous les cas, il s'y sentait réellement bien. Lui aussi, il saluait chaque employé lorsqu'il passait avec elle, bien qu'il dénotait naturellement de cet endroit. Il était vêtu comme un sac, pas lavé depuis quelques jours et transpirant tout de même après les événements de cette mission. Oui, il ne semblait ne rien avoir à faire là, et pourtant.

Le garçon s'arrêtait un instant à l'entrée de son bureau, et y vit une annotation : "Uzumaki Yumeko : Présidente-Directrice Générale". Il était surpris.

« Attends mais… tout ça c'est à toi en fait ?! Waouh ! »

En effet, le jeune homme avait de quoi être surpris, lui qui vivait dans une petite habitation modeste, franchement pas au mieux de sa forme. À côté de ça, il vivait clairement dans un taudis.

« Je pensais que tu travaillais juste là, comme ça… »

Cette femme était décidément exceptionnelle. Et encore davantage lorsque la bibliothèque se déroba afin de laisser apparaître un passage secret dans le mur. Koichi sautillait presque sur place, il avait entendu des histoires de passages secrets dans des manoirs, et bien là c'était un peu du même genre, non ? Il avait l'impression d'être un explorateur. La sensation était grisante.

« Mais c'est trop cool ici. »

L'atelier caché était vraiment bien également, et avec tout ça il ne savait presque plus où il était. Ce n'était pas sûr qu'il retrouve la sortie de ce domaine des fleurs s'il repart seul, tant l'endroit était grand et fourni.

« Ok ça marche ! »

Koichi explorait un peu tout dans l'atelier, cela lui prit un bon moment de tout observer. C'était plus de la curiosité à ce stade-là. Il respecta l'ordre de ne rien casser tout de même, il ne voulait pas offusquer la belle femme qui l'invitait en ces lieux. Il ne pouvait cependant s'empêcher de toucher un peu à tout, même de renifler certains pantins qu'il voyait, où l'odeur du vernis apposé récemment lui piquait les narines. Il finit par trouver, après quelques dizaines de minute de fouille, un simple fauteuil pour s'installer confortablement, et il y piqua même un petit somme. Pas très long, juste de quoi fermer un peu les yeux.

Après quoi, Yumeko avait terminé ce qu'elle avait à faire. Elle avait préparé un somptueux cercueil pour Maximus, avec même une sculpture de lui en prime. Il n'était peut-être pas le meilleur pour juger, mais il donna tout de même son avis.

« C'est parfait ça ! Laisse moi t'aider à le porter jusqu'en haut. »

Les deux Genin retournèrent en haut, et une fois retournés dans l'enceinte même, un homme vint jusqu'à elle, avec une belle cage et un magnifique perroquet tout coloré.

« Uzumaki-dono, je vous ramène le bien que vous cherchiez. J'ai fait en sorte d'en choisir un qui me semblait le plus prestigieux, magnifique et coloré que possible. J'espère qu'il vous siéra. »

Koichi observait l'oiseau. Il était plutôt grand pour un perroquet d'ailleurs, ça devait faire un super en-cas. Les oiseaux n'étaient clairement pas les animaux les plus simples à attraper, cela demandait une agilité et une discrétion à toute épreuve, car au moindre pas de travers il s'envole, et on peut dire au revoir à son casse-croûte. L'estomac du garçon grognait de plus belle face à l'oiseau, qui commençait à le regarder de manière étrange.

« Aussi, c'est l'une de nos clientes qui me l'a offert. Lorsqu'elle a su que c'était pour vous, elle s'est empressée de me le confier. Elle m'a tâché de vous dire que c'est avec un grand plaisir qu'elle se propose de vous aider, pour vous remercier du service offert à chacun de ses passages. »

Le garçon était impressionné de voir à quel point ça a été si simple à trouver un perroquet ici. Qui l'eut cru ? Comme quoi avoir des contacts bien placés…

« Bien joué, mec ! »
« … Plait-il ? »

Hein ? De quoi il parle lui ? Il ne restait plus qu'à aller voir Dame Ina, et une fois sorti, il pensait à quelque chose.

« Oh, mais j'y pense ! Peut-être que tu pourrais même lui offrir une réduction ou quelque chose du genre dans ton domaine, non ? Au moins, ça passera peut-être un peu mieux, et en plus tu gagneras une cliente. »

Il regardait ensuite le perroquet.

« On dit qu'il s'appelle comment ? Maximus 2 ? Perroximus ? ... MINIMUS ! »

Le travail du bois. Un passage de la matière brute symbolisant la vie à un ouvrage artistique pouvant durer des millénaires avec les bons gestes et les bons produits. L’art du marionnettiste dans sa splendeur. Il était l’un des rares arts Ninja à pouvoir être transmis de façon totale. Si la technique pouvait disparaître, les mécanismes eux, pouvaient être éternels.

Tu t’appliquas pour faire un ouvrage différent de d’habitude : le dernier lit d’un être vivant. Après quelques heures de travail, l’ouvrage était terminé. Tu n’avais pas vraiment vu passage du temps : ton art était capable de t’absorber des heures durant sans même que rien ne puisse te sortir de ta torpeur créatrice.

« Merci, Koichi. »

Tu n’avais entendu ni fracas, ni hurlement de peur ou de douleur. Alors Koichi devait avoir respecté la seule et unique règle du lieu : ne rien casser. Que ce soit une de tes créations, ou lui-même. En vérité, tu avais peur qu’il ne lui arrive quelque chose. Ton armoire à poison n’était que sommairement verrouillée, et il suffisait d’appuyer sur le bon bouton pour faire sortir des lames secrètes de certains morceaux de pantin.

« Remontons à la surface. »

A la surface de l’eau ou des problèmes, la métaphore était bien choisie. A peine la porte de l’atelier refermée qu’on toqua à la porte. Le perroquet choisi était parfait. Beau, majestueux, coloré, éloquent. Il ferait probablement fureur à la cour du Daimyô. Tu lâchas un léger rire cristallin aux félicitations familières de Koichi, qui déstabilisa un peu cet homme fait de manière, d’honneur et de tradition.

« Excellent travail, Masaru-san. Je n’en attendais pas moins de toi. »
« Tout l’honneur est pour moi, Uzumaki-dôno. »

Un sourire amical et quelques pas plus tard, vous étiez en direction d’un salon de thé.

« Oui, je pourrais lui offrir une réduction. »

Tu passas ta main dans ses cheveux, grattant au passage l’arrière de ses oreilles. Tu n’avais aucune raison particulière d’avoir cet élan d’affection… Du moins, en ignorant le fait que tu étais particulièrement curieuse de voir s’il était sensible de ces reliquats de transformation. Elles étaient mignonnes en plus. Ce serait dommage de ne pas les toucher, non ?

« Ce sera à Dame Ina de nommer son nouveau compagnon. » lui répondis-tu. « Mais j’aime bien Minimus. »

Quelques mètres plus loin, vous arrivèrent en face du salon. Tu te tournas vers Koichi.

« Bon… Cette dame est une noble. Les nobles ne sont pas très enclins à l’originalité, alors surtout, reste calme, souris, soit polis et surtout… Surtout. »

Tu lui tiras légèrement la joue.

« Affiche ton plus beau minois et bouge les oreilles lorsqu’on te pose une question ! »

La dernière épreuve avait commencé : convaincre la noble. Tu entras dans le salon, et après quelques pas, arriva dans une pièce ou une jeune femme, plutôt charmante, discutait avec d’autres dames. Un nuage de fumée dans la pièce, que tu ignoras simplement. Tu t’inclinas alors, avec une révérence élégante et distinguée.

« Dame Ina, nous sommes les Shinobi que vous avez envoyés sur les traces de votre valeureux compagnon : Maximus. »

La dame éveilla un regard inquiet. « Et ? » demanda-t-elle sans même dire un mot.

« Maximus a donné sa vie pour sauver la vie d’un groupe d’enfants piégés sous les décombres. »

Une demi-vérité, que l’on qualifiera bien volontiers de mensonge.

« Mué par une flamme héroïque, Maximus le Brave attira notre regard grâce à un aboiement traduisant le désespoir des cris étouffés des enfants que nul autre que lui n’avait entendu. Nous avons accouru, et il se faufila dans une caverne pour rejoindre ce groupe de jeunes enfants. Le temps de le rejoindre… Il était malheureusement trop tard. Ce pauvre bougre a donné sa vie pour nous alerter de ce danger. C’est un héros, Dame Ina. Vous pouvez être fier de lui. »

Tu fis signe à Koichi d’avancer le cercueil.

« Et un héros mérite un endroit du dernier repos digne de son geste. Ainsi qu’un successeur. »

Tu dévoilas le perroquet, ôtant le drapé de soie rouge sur la cage.

« Voici le successeur de Maximus le grand ! Complémentaire de par son intelligence, et d’une vivacité d’esprit et d’une beauté égale à la grandeur de l’âme de son prédécesseur. Si Maximus était l’Alpha, voici son Oméga. Je vous présente Minimus le sage ! »

C'était un trop beau nom pour ne pas le baptiser ainsi. Puis, tu déposas le Perroquet sur la table, t’inclinant de nouveau.

« Avec les compliments du Domaine des Fleurs, qui vous offre un séjour pour vous consoler dans sa meilleure suite. »

Spoiler:

L'idée était approuvée. Et elle avait une manière, disons, bien à elle de le récompenser. Du moins, si on pouvait le considérer ainsi. Koichi ne savait pas trop pourquoi, mais la belle Uzumaki lui caressait le crâne comme s'il était réellement un animal. Elle passait sa douce mains dans ses cheveux, et grattait derrière ses oreilles. À ce moment-là, le Seijuu s'arrêtait brusquement de parler, et même de bouger. Il était partagé. Il se sentait, dans un sens, terriblement gêné, mais aussi… terriblement satisfait de cette sensation. Il ne savait pas trop pourquoi, mais cela lui faisait du bien. Cela avait le don de l'apaiser. Il semblerait que Yumeko l'ait pris pour un chat, mais pourtant, cela faisait son petit effet et il appréciait grandement.

Jusqu'au moment où elle reprit, et enleva sa main. Le visage du garçon devint tout à coup rouge pivoine, comme honteux d'avoir autant apprécié ce traitement qu'on réserve habituellement à un petit chat de compagnie. Il se tournait vers elle, la gêne se lisait sur son visage, puis il partit en trombe un peu en avant le temps de se calmer. En avance, il marmonnait.

« Bordel… Bordel… Koichi bon sang… »

Avec le recul, il ne saurait trop dire ce qu'il venait exactement de se passer ; s'il avait apprécié ou non cet instant. Un tel mélange de plaisir et de gêne était difficilement explicable. Alors oui, il préférait occulter cet instant de son esprit, et se reprendre afin de se concentrer sur sa mission. Il ne parla plus jusqu'à arriver jusqu'au salon de thé de Dame Ina, où il écoutait attentivement les consignes de la rouquine. Pas d'originalité, rester calme et poli… et surtout sourire. Hein ? Il affichait une mine boudeuse et gênée lorsqu'elle lui tirait la joue comme ça.

« Mais… Mais… Ok… »

Il voulait lui dire d'arrêter, mais le malaise était si grand qu'il préférait ne rien dire de plus. Ses joues reprirent une petite teinte rougeâtre. En rentrant, il mimait ses actions sur Yumeko afin de feindre cette politesse qu'on lui demandait, bien que faire des courbettes était quelque chose qui le frustrait réellement. Il n'était tellement pas naturel en faisant ça, c'était terrible. Avec tout ça, il ne savait plus où se mettre. Alors il allait se contenter de faire ce qu'elle lui avait dit, et faire valoir son « joli minois ». Par contre bouger les oreilles, c'était peut-être trop. La discussion s'engageait, et Koichi regardait la femme aux fleurs d'un air surpris. Qu'est-ce qu'elle racontait ? À quoi jouait-elle ? Mais, ça ne s'était clairement pas passé comme ça ! Et elle parlait de ne pas faire d'originalité ? C'est l'hôpital qui se fout de la charité là. Sauf que, bien assez vite, il retourna son attention envers Dame Ina et lui sourit jusqu'aux oreilles. Il n'était pas un assez bon acteur pour jouer cette mascarade, alors il allait se contenter du joli minois. Si ça ne tenait qu'à lui, il aurait dit toute la vérité et aurait tout fait pour l'inciter à poursuivre son meurtrier.

La prestation de Yumeko était terminée, et même lui aurait pu croire à tous les faits énoncés. Il observait la réaction de Dame Ina, ne sachant pas trop quoi dire. Peut-être qu'elle aurait une réaction normale et plus terre-à-terre…

« Ô sombre tragédie ! Ô rage, Ô désespoir !
Quelle triste nouvelle que je me dois de croire !
Mais pourquoi donc mon si fidèle partenaire,
M'abandonne-t-il, nous qui faisions la paire. »

Koichi toussait à cet instant. Non, elle aussi semblait s'être envolée dans les élans de la tragédie.

« Mais alors que je fus tristement condamnée,
Le voilà ! Lui et son plumage raffiné,
M'enchanter d'une si belle nouvelle histoire,
Qui fera renaître la flamme de l'espoir. »

Dame Ina, les larmes aux yeux, s'approchait du perroquet qui, lui-même, la regardait avec de grands yeux.

« Mon cher Maximus, jamais je ne t'oublierai,
Mais tu peux t'en aller en étant rassuré,
Le sage Minimus saura me faire aimer,
Cette vie sans toi que j'ai toujours redouté. »

Du coup, c'est que ça se passe plutôt bien, non ? Même Koichi était touché par l'envolée théâtrale de la dame.

« À vous, braves shinobi, je vous remercie,
D'avoir à vous seuls, bravé ces péripéties,
À jamais dans mon cœur vous appartiendrez,
Au Domaine des Fleurs, je vous retrouverai. »

C'était finalement fini. Il semblerait que Dame Ina ait accepté leur alternative. Elle leur expliqua ensuite, d'une manière bien plus formelle, qu'elle organiserait les funérailles de Maximus dans quelques jours, invitant des amis haut placés à elle. Bien évidemment, la belle et la hyène étaient conviés. Koichi ne savait pas trop s'il tenait tant que ça à revivre un moment comme celui-ci, amplifié par la présence d'autres gens comme eux… Il ferait mieux d'accepter de venir, puis de se faire oublier. Tant pis pour Maximus, les cérémonies, c'était trop pour lui.

Ils finirent par enfin sortir de ce salon, Koichi regardait Yumeko d'un air un peu fatigué.

« C'est enfin fini… On a réussi la mission. J'y croyais plus. »

Le garçon l'observait, avec un grand sourire ensuite.

« Et ça veut dire qu'on peut aller manger maintenant ! J'ai trop la dalle bordel ! »

Enfin.

Spoiler: