Été 81, quelque part à Mizu no kuni. Dans le Yuusei, il y avait plusieurs types de ninja, certains qui s’entraînaient afin de devenir le plus fort, d’autres qui n’étaient pas aussi rigoureux, et puis en marge de cette typologie classique et binaire, il y avait Yuudai, un adolescent sans prétention qui aimait se battre pour le plaisir. Toujours de bonne humeur, toujours prêt pour une bonne baston, sa personnalité guillerette contrastait avec sa passion pour la bagarre. Si d’aucuns le voyaient comme un étrange garçon un peu bébête, il n’en demeurait pas moins un camarade chaleureux, et un fier patriote de la Brume. Vaillant et relativement doué pour les arts ninja, il avait relevé le défi de l’examen genin, et s’était distingué parmi ses pairs grâce à sa maîtrise du chakra pur. On aurait dit qu’il avait un don naturel pour modéliser le chakra, tandis que d’autres devaient travailler pour atteindre un tel résultat. Jalousie et mépris envers son talent, Yuudai était loin de tout cela. Car son esprit était tourné vers un objectif bien plus excitant que d’aspirer à monter les échelons de la Brume, il émettait le souhait d’un jour apprivoiser les Yôkai et s’en faire des amis, et peut-être qu’un jour, il allait enfin rencontrer celui qui lui avait sauvé la vie. Une expérience qu’il n’était pas prêt d’oublier, et une promesse qu’il s’était faite à lui-même afin de persévérer dans son nindô. Ainsi, la voie du ninja n’était pas tant une fin en soi qu’un moyen en vue d’atteindre son objectif final qui était d’en savoir plus sur ces créatures à mi-chemin entre l’animal et le démon. Pouvait-on considérer qu’ils étaient mauvais par nature? La question ne se posait pas pour beaucoup, mais pour Yuudai, cela était moins sûr.

Ce jour-là, il avait profité d’une escapade champêtre pour tenter de confirmer les rumeurs d’un yôkai aperçu dans les parages, et dont la description était celle d’un petit esprit de la forêt. Après plusieurs heures de recherche et de fausses pistes, Yuudai finit par apercevoir l’espace d’une seconde un petit corps blanc de la taille d’un petit animal disparaître derrière la futaie. En voyant cela, son premier réflexe fut de s’appuyer sur l’un des arbres et sauter de branche en branche jusqu’à la position de la mystérieuse créature des bois. En regardant de près, il aperçut un petit être blanc camouflé dans un buisson, des petites boutures décorant son dos. Un Kodama. Un vrai, en chair et en os! Faisant attention à ne pas perturber les feuillages et à s’approcher de la manière la plus furtive possible, ses pieds s’accrochèrent au tronc et il descendit de l’arbre à la verticale, alors que la charmante créature lui tournait le dos et ne remarquait toujours pas sa présence. Le tohu-bohu dans sa poitrine, il n’avait qu’un seul souhait, pouvoir approcher et parler à un yôkai, un vrai! D’autant que celui-ci paraissait parfaitement inoffensif. Une fois à quelques pas de distance du petit être, il tenta d’engager la conversation. Pour quoi faire demanderez-vous? Il n’était même pas sûr que le yôkai comprenne le langage humain, mais peut-être qu’il réussirait à percevoir ses émotions à travers sa voix? N’était-ce pas la même chose avec les animaux de compagnie?

— N’aie pas peur, je ne veux pas te faire de mal!

Au son de sa voix, le petit être se retourna, croisant son regard avec celui de Yuudai. De plus près, on aurait un petit fantôme blanc, sans hostilité aucune, mais dont les intentions étaient aussi pures que celles du genin qui n’était plus qu’à quelques centimètres de caresser la tête du kodama. Alors que ce dernier restait immobile, mais toujours sur le qui-vive, on pouvait voir un sourire naïf se dessiner sur le visage du garçon aux cheveux azurins, le genre de sourire innocent d’un enfant caressant un chien pour la première fois. Un moment de tendresse qui fut soudainement rompu par une nuée d’oiseaux s’envolant vers le cieux, signalant une présence tierce sur les lieux. Ce bruit d’origine inconnue dans les fourrés avait visiblement perturbé la faune locale, et cela eut pour conséquence de faire peur au kodama qui prit la fuite, à la grande déception de Yuudai qui laissa un soupir de défaite. Il se retourna vers la source du bruit et décida d’escalader un arbre grâce au chakra dans ses pieds, il finit par apercevoir l’inconnu qui avait fait savoir sa présence et à qui il reprochait de l’avoir empêché de devenir ami avec le petit yokai. Il eut alors une idée.

— Hé salut, moi c'est Yuudai. Et toi c'est quoi ton nom? Toi aussi tu cherches des yokai? Ça te dirait de jouer ensemble?  

Intérieurement, Yuudai était en pleine effervescence à l’idée d’avoir trouvé un nouveau partenaire d’entraînement. Son visage irradiait à la perspective du combat et le sourire jusqu’au coin des lèvres, il était perché du haut de son arbre, observant l’inconnue aux cheveux carmins qui ne lui accordait guère la moindre attention, trop concentrée qu’elle était sur ce qu’elle était en train de faire pour avoir le temps de faire la conversation. Un bruit interrompit son monologue dans le vent, quand il réalisa enfin que la femme mystérieuse (et très caractérielle visiblement) frappa du pied le l’arbre massif sur lequel il se trouvait au point qu’il pouvait en ressentir une secousse qui se propagea jusqu’à l’ensemble de son corps. Pourtant, le coup qu’elle avait exécuté ne paraissait pas engager de force ni d’effort de la part de la grincheuse, remettant complètement en question l’examen que l’on pouvait faire d’elle, puisque son apparence ne reflétait en rien sa puissance physique hors norme semblable à celle d’un énorme ursidé.

Malgré tout, Yuudai était intrigué par l’artifice qui avait été employé pour aboutir à un tel résultat, et perdant l’équilibre, ses pieds perdirent leur appui sur l’écorce et glissèrent, laissant son corps planer dans les airs jusqu’à ce qu’il s’écrase dans un buisson en contrebas. Bien qu’il fut tombé de plusieurs mètres, le choc avait été amorti par la broussaille, il s’en sortit heureusement quasi-indemne, sauf le postérieur qui présentait quelques contusions désagréables. Après un moment de silence où il était complètement enfoui sous la foliation, il cria “Je n’ai rien!” avant d’émerger tête la première, sa chevelure cristalline décorée de quelques feuilles mortes et de brindilles cassées. Se relevant de sa chute avec une grimace douloureuse, frottant la partie endolorie, le genin se mit à retirer un kunai de sa sacoche de l’autre main, la faisant tournoyer autour de l’index avec un air de défi.

— Je prends ta réponse pour un oui alors!

Pour profiter de cet engagement, il envoya le kunaï qu’il tenait dans la main droit devant lui jusqu’au moment de la collision avec la cible, celle-ci se rendrait alors compte qu’ une boule fumigène était attachée à la poignée du kunaï, formant un épais nuage visant à déstabiliser et masquer la vision, permettant ainsi à Yuudai d’aller se cacher discrètement derrière un arbre et monter en hauteur en amortissant le bruit de ses pas, dans le dos de son adversaire. L’idée était de profiter de l’environnement afin de masquer sa position, tout en continuant à attaquer sa cible sans que celle-ci ne sache où il se trouvait. Un arbre parmi tant d’autres, tant qu’il savait attaquer quand sa cible ne regardait pas dans sa direction, il ne risquait normalement rien, à moins que celui-ci fut capable de techniques de détection afin de localiser sa présence. De sa position de tireur de précision, il relâcha un senbon aqueux d’entre ses lèvres, une aiguille transparente relativement fine qui perça l’air sans produire le moindre son jusqu’à transpercer la cible au niveau de l’épaule et ressortir de l’autre côté. Une blessure bénigne mais qui avait au moins le mérite de diminuer légèrement l’intégrité physique de la bûcheronne.  

Restant dans sa cachette derrière l’arbre, il continua de monter plus haut afin de changer son angle d’attaque, en marchant toujours à pas de loup, il se trouvait proche de la cîme de l’arbre, prêt à déclencher une nouvelle attaque dès lors qu’il ne se trouvait pas dans le champ de vision de la combattante, qui était déjà certainement sur ses gardes.

Spoiler:

 

Excité d’avoir trouvé un partenaire de jeu, Yuudai se sentait moins seul tout d’un coup, c’était bien plus excitant d’avoir quelqu’un avec qui s’entraîner que de faire des séances en solitaire dans les bois. Au moins là, il avait l’opportunité de tester ses techniques sur une cible mouvante et surtout, intelligente! Quoique, elle ne semblait pas aussi habile qu’il ne le pensait, puisqu’elle restait plantée au beau milieu des arbres, plutôt qu’à grimper comme pouvait le faire un ninja lambda. A moins qu’elle ne l’ait sous-estimé sur ce registre et attendait de voir s’il était capable de la blesser suffisamment? Toutes ces réflexions alimentaient une migraine inutile dans la caboche du garçon, lequel avait certes les qualités spontanés pour adapter son style de combat, mais était loin d’être un stratège, capable de se laisser emporter par la transe du combat. Il constata que celle-ci libérait autour d’elle une aura étrange, grâce au sceau qu’elle avait visiblement posé par terre.

Aussitôt, ses blessures se résorbèrent comme si elles n’avaient jamais existé. Cela provoqua une réaction innocente et stupéfaite du ninja de l’Eau, témoin d’un phénomène insolite dans son petit monde de citoyen de la Brume, jamais n’avait-il vu une personne capable d’un tel pouvoir. Cela eut pour conséquence d’attiser les braises de sa curiosité juvénile, le galvanisant encore davantage, au point qu’il fut tenté de pousser le vice encore plus loin, découvrir ce que cette inconnue était capable de faire. Il était persuadé qu’en son for intérieur, quelque part, même si elle n’osait pas le montrer derrière sa façade grincheuse, elle trouvait du plaisir à jouer avec lui également.

— Mais, tu triches! Ce n’est pas du jeu, pourquoi tu te soignes! Comment tu fais? Sincère, son ton était en même temps capricieux et désagréable à souhait.

L’espace d’un instant, il dévoila sans le vouloir sa position perchée sur son arbre. Lorsqu’il réalisa qu’il venait de faire une erreur de débutant, il mit la main sur sa bouche de manière spontanée, réfléchissant à ce qu’il pouvait faire pour ne pas se faire attraper par la furibonde. Car même s’il n’était pas très futé, il avait quand même conscience quand il était en situation de danger. On pouvait appeler ça son instinct de survie. Lui vint alors l’idée de sauter à l’arbre suivant, puis à un autre, en atténuant continuellement le bruit de ses pas, tâchant de rester hors de portée de la pugiliste, de peur qu’elle le fasse tomber une nouvelle fois de son arbre comme un fruit mûr.

— Attrape-moi si tu peux! Ses mots furent ponctués d’un ricanement enfantin résonnant dans la clairière.

Bondissant avec la même agilité simiesque d’un tronc jusqu’au suivant, il se servait des kunais pour découper des brindilles au loin, et les faisant tomber de manière à fausser sa position ou du moins de détourner l’attention de son adversaire de sa véritable position. On pouvait voir une multitude de branches et feuillages pleuvoir depuis toutes les directions. Profitant de cette manoeuvre plutôt primitive et spontanée, tirant parti au maximum de son environnement, l’enfant des bois composa une série de mudrâs de manière à relâcher depuis sa bouche une sorte de mucus destinée à cacher la vue de sa cible. Il enchaîna ensuite avec un salto arrière dans les airs avec l’agilité d’un acrobate de cirque, à la verticale avec sa cible on pouvait voir la silhouette de Yuudai en contre-jour, il décocha une volée de shurikens traçant des arcs sur les côtés avant de converger vers leur cible en contrebas. Une nouvelle série de mudrâs, il modélisa une grande épée de damoclès qui s’abattit du ciel à la manière d’une guillotine et se planter dans la chair de sa cible… Quoiqu’il avait vite oublié que cela pouvait se révéler peu efficace sur un individu avec le pouvoir de se régénérer. Mais c’était mal connaître le genin qui était du genre obstiné et à répéter la même action jusqu’à que celle-ci fasse finalement mouche.

Spoiler:

 

Tentative sur tentative, coup après coup, le siège mené par Yuudai ne put avoir raison de la forteresse quasi-impénétrable de la femme aux cheveux de rubis, tant celle-ci semblait prompte à anticiper chaque angle d’attaque avec les réflexes impressionnants. Comme quoi le jeune genin n’était pas au bout de ses surprises après avoir été témoin des capacités de force et de soin de son adversaire, car cette dernière était plutôt rapide pour une bûcheronne qui avait pour occupation de frapper des arbres à mains nues. Que cachait-elle encore dans son éventail de techniques? Les pupilles mordorées contenaient à peine le frétillement intérieur que ressentait le goujon dans la force de l’âge, se demandant par quel miracle il était tombé sur un combattant d’un tel calibre, si bien qu’il se donnait pour objectif de la surpasser par tous les moyens. Candide et ambitieux qu’il était, ignorant tout de la force réelle de cet individu à l’air renfrogné, il voyait tout cela comme un amusement, une petite bagarre d’enfant dans la cour de récré. Pour le fils de la Brume ayant grandi dans un village d’assassins et ayant passé l’épreuve de survie de l’examen Genin, la violence faisait naturellement partie de son quotidien, au point que son point de vue était relativement déconnecté de celui qu’on pouvait avoir chez des individus à l’éducation moins tumultueuse. Donc pour être aussi forte, cette combattante devait aimer se battre tout comme lui! Elle cachait seulement sa joie car elle aimait donner cette impression de froideur alors qu’intérieurement elle bouillait de passion. Les arcanes martiales dont elle fit preuve étaient telles une danse décrivant des rosaces de vent dans l’air, alliant grâce et impétuosité.

— Bon, si c’est comme ça, tu l’auras voulu!

On ne pouvait pas faire phrase plus galvaudée, et pourtant ce furent les mots qu’il prononça avant de poursuivre sa tactique de chapardeur de faire tomber des branches du ciel, lançant de nouveau des shurikens dans tous les sens afin de briser les rameaux en hauteur, de sorte à créer une multitude de distractions dont la finalité était tout simplement de masquer son approche imminente opérée de manière relativement créative. En effet, comme tout protagoniste agité et imprévisible qui se respecte, il décida d’utiliser maintenant une métamorphose afin de prendre l’apparence d’une des nombreuses branches tombant de tous les côtés, afin de se placer dans un angle vers lequel son adversaire n’aura peut-être pas le réflexe de se tourner. Une fois au sol, il amortirait le bruit de sa chute à l’aide de la même technique d’étouffement des pas avant de se cacher derrière un tronc, guettant le bon moment pour frapper de manière décisive.

— Pour finir… LE SUPER FINAL DE YUUDAI !!!

Le genre de réplique lancée par les super héros, Yuudai avait toujours rêvé d’en devenir un en suivant son nindô. Chimère ou réalité, seul l’avenir avait les réponses à ce sujet. Au moment où sa phrase fit écho dans la futaie où se trouvait la rousse — ce qui allait probablement l’avertir de l’attaque imminente et aussi de la direction mais qu’importe le style n’avait pas de prix, le chérubin lança depuis sa position une pluie d’une dizaine de senbons parmi lesquelles il avait accroché une petite surprise qui détonnait une fois arrivée à destination ou au moindre impact dans sa trajectoire. Mais tout cela n’était qu’une mise en bouche pour le véritable plat de résistance, car oui, notre héros aimait faire dans le dramatique.

— Et voilà… LE VRAI SUPER FINAL DE YUUDAI !!

Encore une annonce de sa prochaine attaque qui relevait désormais du comique de répétition. Cette fois, il enchaîna une série de mudrâs pour finir en joignant les mains… Ses joues se gonflèrent à la manière d’un crapaud buffle, relâchant de sa bouche une énorme trombe d’eau qui s’élança jusqu’à sa cible, tout en renversant plusieurs troncs d’arbre au passage. Ce qui commença par n’être qu’une forme aqueuse abstraite finit par évoluer en une immense mâchoire de requin laquelle sépara ses rangées de dents afin d’accueillir à l’intérieur de son corps sa victime, et l’emporter au loin dans une violente collision contre le décor. Un sourire narquois se dessinait sur le visage de celui qui croyait s’en sortir victorieux de cet échange, mais c’étant sans compter ce qui allait suivre…

Spoiler:

 

Scandant chaque technique qu’il exécutait afin de leur conférer un caractère épique selon lui, la voix bravache du garçon résonnait entre les troncs d’arbre de la futaie isolée de la civilisation. La lutte sans merci des deux combattants prenait une envergure d’autant plus intéressante que décidant de sortir de sa cachette une fois pour toutes, l’apprenti assassin de la Brume tenta de neutraliser son adversaire avec une des techniques les plus redoutables de son répertoire encore limité. Le manieur élémentaire eut cette fois recours à une technique Suiton aussi grandiose qu’elle était dangereuse, en ce qu’elle pouvait définitivement sceller le destin de sa némésis aux cheveux de carmin. C’était malheureusement sans compter les ressources de celle-ci, en particulier sa prédisposition au fuinjutsu qui se manifesta sous la forme d’une étrange sphère que le farfadet ne reconnut pas au prime abord, puisque c’était la première fois qu’il posait ses yeux sur un tel objet. Il constata avec stupéfaction que son squale aqueux malgré sa taille fut entièrement aspiré par la boule mystérieuse, comme si celle-ci défiait les lois de l’espace-temps. Pour avoir mis toutes ses forces dans cette technique, Yuudai n’en revint pas ses yeux et ses bras le long du corps refusaient de croire à un tel dénouement. Sa technique ultime, aussi facilement balayée? Impossible! Il avait pourtant mis tant d’effort à parfaire l’exécution des mudrâs et la malaxation du chakra, la modélisation de l’eau de manière à lui donner la forme parfaite… Tout cela n’avait aucune espèce d’importance finalement. Naturellement, la réaction du garçon ne se fit pas attendre, puisqu’il pointa du doigt la kunoichi en l’accusant de tricher une nouvelle fois:

— C’est pas juste, tu utilises des objets spéciaux! Ce n’est même pas un objet ninja!

Il fut trop occupé à dénoncer l’injustice plutôt que de se mettre en garde face à la contre-attaque de la rouquine qui elle, n’avait certainement pas le temps de débattre sur la légitimité ou non de sa dernière manœuvre. Lui ne réalisa pas qu’à cet instant précis était complètement exposé à une attaque directe puisqu'il n’était plus caché dans les arbres et qu’il était parfaitement dans le champ de vision de la bûcheronne. Quand il vit cette dernière jaillir sur lui, il était bien trop tard pour faire ses prières, ce fut à peine s’il s’était retourné en criant “Aaaah” qu’il put sentir l’un de ses mollets se relâcher et lui faire perdre l’équilibre complètement, le faisant tomber au sol la tête la première. La chute fut lourde, mais ce n’était pas tant la blessure qu’il reçut à la jambe que la situation précaire dans laquelle il se trouvait qui aurait dû l’inquiéter à ce moment-là. En effet, quand il tenta de se releva de sa position allongée sur le dos, il ne put s’empêcher de retomber en dépit de ses efforts, jusqu’à ce qu’il se rende à l’évidence: il ne pouvait plus marcher comme il le voulait.


— Pouce! Pouce! Si tu me tues, la Brume sanglante va t’attraper! Le genre de phrase qu’on prophérait aux petits enfants qui ne se comportaient pas sagement.

Un coup de bluff un peu désespéré, mais à vrai dire, il n’avait pas d’autre moyen de distraire cet individu et s’offrir une opportunité de lancer une technique qui pouvait peut-être lui permettre de s’échapper sain et sauf. En composant quelques signes, il gonfla les joues avant de cracher une giclée noirâtre dans les yeux de sa cible afin de lui gêner la vue de manière momentanée, après quoi il enchaîna par une autre série de mudrâs, qui celle-ci lui permit de propulser un jet liquide dans les jambes de la kunoichi afin de la déséquilibrer. Pour finir, il composa un dernier jutsu qui celui-ci, lui fit modéliser une tentacule de chakra transparente pour tirer sur la jambe d’appui au milieu du déséquilibre de la mystérieuse combattante, et la faire tomber au sol. Le corps tremblant et s’appuyant sur une seule jambe, la seconde trop engourdie pour lui permettre de se tenir parfaitement debout, il posa les mains sur les hanches avec le torse gonflé de fierté.

— Héhé, je suis Yuudai, grand guerrier de Kiri. Souviens-toi de ce nom car il va marquer l’histoire du Yuusei!

Sur ces mots, il ne s'enfuyait pas comme un lâche, il fallait plutôt appeler ça une retraite stratégique dont l'objectif était de sauver sa peau, d’abord à cloche pied, puis en traînant sa patte tant bien que mal pour s’éloigner du féroce adversaire avant que celui-ci ne vienne le corriger pour son affront.

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