▶ Sujet: Printemps 75 - Solitude peuplée [ft. Hirai Hidemi]

Il faisait beau, la température était douce. Les enfants jouaient, s'amusaient à l'académie de Kumo. C'était une journée, on ne peut plus normal de l'an 75 pour la plupart des enfants. Pour Shirudo, c'était parmi les premières journées d'une longue errance solitaire, son père était décédé depuis peu. Trois mois et demi pour être précis, c'est très long dans la vie d'un enfant qui était à quelques semaines de souffler sa neuvième bougie. Cette situation était toute nouvelle, mais ça le peinait. Il avait de plus en plus de mal à s'y faire, en fait, plus le temps passe et plus la situation empirait. Il l'avait plutôt bien accepté au début, mais le manque commence peu à peu à s'installer, la solitude le prend. Il rentre chez lui seul, sa maison est dans l'exact même état qu'il a laissé lorsqu'il y en est sorti. C'est à partir de ce moment-là qu'il eut compris, qu'il se trouvait maintenant seul et pour toujours...

Il n'y était pas accoutumé, mais en même temps pas étranger à la solitude. Il l'avait connu quelques fois lorsque son père partait en mission quelques jours, voire quelques semaines ou qu'il y enchaînait les missions. Une si longue absence de trois mois et demi, ça n'était jamais arrivé. L'enfant commençait à réaliser, à comprendre ce qu'il se passait, il commençait à le percevoir : sa vie future sera bien différente de ce qu'il a pu connaître jusque-là.

Paradoxalement, à l'académie, la vie continuait son cours. Aussi meurtrit pouvait-il être, blessé intérieurement, il ne pouvait se résoudre à accepter la bonne humeur des enfants en cette agréable journée. Pour lui, cela devait morose, c'était comme une insulte pour ce qu'il endurait, le monde se devait de compatir à sa peine. Après tout, comme tout enfant, Shirudo se pensait comme le centre du monde. La réalité le rattrapa, il n'en était pas le centre, il en était en périphérie. En fait... il n'en était rien, si ce n'est un autre de ses orphelins dont le monde ninja en a ôté l'insouciance et altéré son futur. Conscient de bien trop de choses à un si jeune âge, il se faisait des gros nœuds au cerveau dans sa si petite tête. Il était seul, il s'isolait de lui-même, s'auto-ostraciser de plus en plus.

Il vit un jour, tout près de lui, une petite fille, à peine plus âgée que lui. En réalité, il avait l'habitude de la voir seule, très discrète. Il ne lui avait jamais accordé la parole, ne s'était jamais intéressée à elle. Elle n'était pas non plus dans sa classe, mais il la voyait pendant les pauses. Leur regard commençait à se croiser peu à peu, il commençait à se poser des questions sur elle. Il ne s'y était jamais intéressé, mais là il pouvait la comprendre et cela l'intéressait. Avait-elle subi la même chose que lui plus tôt dans sa vie ? Lorsque Shirudo s'amusait avec les autres enfants, elle le regardait peut-être avec le même regard que ce dernier avait envers les autres enfants. Il était peut-être le seul à la comprendre et elle était peut-être également la seule à la comprendre. Un jour, il s'approcha près d'elle puis s'adressa directement.

"Et toi ? Pourquoi tu parles jamais ?"

Après tout, il n'était qu'un enfant, c'était sa façon à lui de briser la glace... Nous étions dans la cours de récréation de l'académie de Kumo une journée de printemps de l'année 75.

▶ Sujet: Re: Printemps 75 - Solitude peuplée [ft. Hirai Hidemi]

La petite jouait avec une clochette suspendue le long d'un fil, c'était son seul ami. Elle s'amusait comme si elle voulait passer le temps, se distraire, comme si elle essayait de fuir quelque chose, cette réalité. Cependant, Shirudo n'était qu'un enfant, il ne comprenait pas ça, il voyait qu'une petite fille timide, semble-t-il mal, gênée par sa présence. Elle le regarda dans les yeux, il pouvait percevoir son mal-être à travers ses iris bleu écarquillée. Il avait réussi à le percevoir que cette fille n'était pas bien.

Pourquoi ? Il n'en avait pas la moindre idée, mais il savait que quelque chose clochait. Il pouvait le ressentir, son désarroi émanant de son regard. Elle se concentra puis essaya de parler, mais elle ne put prononcer qu'une seule syllabe avant de tourner sa tête comme si elle était contrariée. Quelque chose semblait vouloir sortir, mais elle était résolue à ne rien lâcher. Shirudo s'approcha alors d'elle d'un air insistant, il sentait que sa présence dérangeait, mais il avait été captivé par cette petite. Elle n'était pas comme les autres enfants de l'école, personne ne s'y intéressait, mais elle avait quelque chose de différent. Il parvenait à le cerner qu'une fois s'être mis à sa place.

"Tu as de beaux yeux, tu sais ?"

Il tentait de poser des mots sur ses sentiments. il est vrai que les yeux bleus de la jeune fille l'avait interpelé. Il est d'ailleurs particulièrement sensible au regard des autres, c'est ce qu'il considère aujourd'hui comme la fenêtre de l'âme. C'était peut-être inné chez lui, cette attrait pour les yeux d'autrui. Dans le regard, on peut percevoir beaucoup de choses et Shirudo l'avait compris à sa façon déjà à un très jeune âge. Cette jeune fille ne l'avait pas laissé indifférent, elle l'avait fusillé du regard et il en a été touché. Il lui tendit alors la main et lui sourit.

"Viens, on va jouer."

▶ Sujet: Re: Printemps 75 - Solitude peuplée [ft. Hirai Hidemi]

La petite fille fut surprise par l'instance de Shirudo. A vrai dire, le petit enfant avait en elle quelque chose de très fort, il se reconnaissait dans son regard et voyait beaucoup de chose. Il n'avait pas envie de la laisser comme ça, seule sans lui venir en aide. Il comptait lui donner du bon temps après avoir passé tant de temps sans se soucier d'elle. A présent, il la comprenait et il comptait l'apaiser à sa manière.

La petite fille lui avait donné son prénom, ce qui était déjà une victoire pour lui. Il ne s'y attendait pas, elle qui d'habitude ne parlait pas et n'avait jamais parlé à qui que ce soit auparavant. Et elle avait même fait mieux que ça en lui demandant à son tour son prénom, chose dont il ne s'attendait pas. Elle semblait s'intéresser à lui, ce qui eut le don de surprendre l'enfant au cheveux bruns.

"Je m'appelle Shirudo !" - Criait-il avec un large sourire.

Il peinait à cacher sa joie, il était de bonne humeur, il venait se faire une amie et il était peut-être son seul ami. Touché un coeur aussi peiné était pour lui une grande victoire. Il ne fut pas au bout de ses surprises lorsque la petite accepta sa main tendue et l'attrapa pour venir avec lui. Les deux kumojines s'isolèrent dans un coin reculé de la cours dans l'ombre d'un arbre. Elle lui avoua ne pas connaître de jeu.

Shirudo ne comprenait pas comme cela était possible, tout le monde connaissait à minima le jeu du ninja ou bien le jeu du chat. La petite kumojine semblait donc toujours avoir été seule et ce, depuis le début de sa vie. Elle n'a jamais eu d'enfance, mais cela n'était pas trop tard. Enfin... Shirudo était trop jeune pour le comprendre, il fut simplement surpris par ce qu'il venait d'entendre. C'était pour lui, la toute première fois qu'il entendait cela, il ne s'attendait pas à ce qu'un enfant puisse lui faire ce genre de remarque.

"Ce n'est pas grave, je peux t'apprendre ! On peut jouer au ninja, qu'est-ce que tu en dis ?"

Tous les enfants étaient là pour devenir Shinobi, elle devait donc probablement être à l'aise pour jouer à ce jeu, car elle aussi, elle partageait ce même rêve commun à tous les aspirants. Elle n'avait juste qu'à laisser libre cours à son imagination.

▶ Sujet: Re: Printemps 75 - Solitude peuplée [ft. Hirai Hidemi]

La petite Hidemi semblait revivre le temps de quelques minutes, elle prononça le nom de Shirudo une nouvelle fois. Le petit la regarda puis le sourit de nouveau avant de lui crier.

"Oui c'est bien moi !"

Il lui proposa de jouer au ninja, ce jeu que tout le monde connaît et pratique depuis le plus jeune âge. Tous étaient dans cette académie avec l'ambition de devenir Shinobi un jour, chaque élève avait déjà joué le rôle d'un ninja face aux autres, incarnant chacun le ninja qu'ils rêveraient d'être. C'était une façon pour ces enfants de se projeter dans leur futur "moi", celui qu'il deviendra après l'examen final et même encore après lorsqu'ils continueront d'évoluer. Ce jeu parle à tous, il est simple et ne nécessite absolument rien.

La petite aux yeux bleus lui tend une clochette, elle énonça les règles et le but du jeu avec une assurance plutôt impressionnante. Elle cacha même la clochette dans sa poigne avant lâcher un "si tu peux". Hidemi avait subitement changé, elle était devenue sûre d'elle-même et semblait avoir confiance dans ses capacités, comme si elle avait déjà joué auparavant. Shirudo se demandait alors si elle avait vraiment été toujours toute seule comme il l'imaginait au début.

Elle se mit alors à courir quelques mètres, Shirudo commença à la chasser quand tout un coup elle heurta un autre élève. Il semblait se connaître tous les deux, le jeune kumojin observait de loin la scène. Il s'approcha alors peu à peu et s'interposa devant Hidemi, le poing serré. Furieux, Shirudo s'apprêtait à invectiver le roux, mais il fut surpris par l'ardeur de la fillette qui ne semblait pas vouloir se laisser faire. Il n'eut donc pas réagi, préférant observer, la petite était en rogne, prêt à frapper.

Elle le regarda alors et lui rappela le jeu auquel ils jouaient, leur mission était de récupérer la clochette. Shirudo la regarda, il rougit légèrement, sa température corporelle augmentait après qu'une vague de chaleur a parcouru sa poitrine. Le petit genin commençait, contre toute attente, à développer des sentiments pour cette petite. Il était maintenant prêt à se battre pour elle.

"Oui et c'est à moi de la récupérer !"

Shirudo assigna un coup de poing au visage de l'aspirant, puis le refrappa en ventre avant de lui sauter dessus et de le rouer de coups. Il misa sur l'effet de surprise, mais l'enfant était plus vieux de lui de 3 à 4 années. A cet âge, une telle différence est énorme, surtout pour des apprentis ninja. Le jeune était quasiment en fin d'année, presque Genin, il faisait quasiment une tête de plus que Shirudo, c'était déjà perdu d'avance.

Pour ce dernier, cela n'avait pas d'importance, il continuait à cogner tant qu'il le pouvait, il savait que s'il s'arrêterait, il en subira les conséquences au prix forts. Par ailleurs, le Kaminarijin est de consistance frêle, la force brute, ça n'a jamais été son fort. Le roux se mit alors à répliquer violemment frappant Shirudo au visage et lui assignant un coup de pied au ventre, il commençait à saigner. Il voyait rouge maintenant, de colère, il était consumé par l'envie de le frapper. Pourquoi ? Il ne savait même plus. La situation avait clairement dégénéré.

▶ Sujet: Re: Printemps 75 - Solitude peuplée [ft. Hirai Hidemi]

La bagarre éclata et le jeune Shirudo lança les hostilités. Comme attendu, la petite Hidemi se voit aux festivités essayant de s'attaquer au bas du corps de l'aspirant aux cheveux rouges. Elle fut cependant pris à parti avant même d'avoir pu intervenir. De son côté, la situation bascula et Shirudo était en difficulté, c'était sans compter sur l'arrivée salvatrice des surveillants qui faisaient bien sûr partis de l'équation.

C'était l'avantage, mais aussi l'inconvénient, de se battre à l'académie, car les professeurs et surveillants pouvaient intervenir pour séparer. Dans ce cas présent, si cette bagarre avait eu lieu en dehors du cadre académique, Shirudo aurait mal fini, mais ça il le savait très bien. Dès lors qu'il fut saisi par son col, le kumojin n'eut pas résisté et se laisser trainer.

Par ailleurs, l'enfant au cheveux bruns avait l'avantage d'être le plus jeune et le plus frêle. Il ne paraitrait pas pour le bourreau, mais il paraît bien en victime qui n'a fait que de se défendre. L'élève aux cheveux rouges, lui, était plutôt connu des surveillants, il était là depuis plus longtemps et avait déjà un historique turbulent. Shirudo en profita pour ne pas prononcer un mot et observé la situation, il resta à l'écart, tandis que Hidemi se tut.

Le Sensai s'en pris donc directement à Akira et ses camarades, les sanctionnant d'une heure de col. Shirudo acquiessa, puisque justice avait été faite, les responsables avaient été sanctionné, sans qu'il n'ait besoin de se défendre ou de protester. Visiblement, leur passé semblait très bien connu et le pédigré de Shirudo et Hidemi étaient tout deux bien connus également, puisqu'aucun n'était réputé pour leurs écarts. C'est donc sans surpris qu'il s'en sortit plutôt bien, mais ce n'est pas tout. Le sensai se retourna vers l'orphelin pour lui préciser qu'il en informera son professeur, cela était justifié et Shirudo comprenait, mais cette fois il comptait se défendre.

"C'est lui qui a commencé, il a poussé Hidemi, puis lui a volé sa clochette. Regardez ce qu'il a dans sa main ! Demandez-lui de rendre la clochette qu'il a volé !"

Les élèves furent ordonnés de rejoindre leur classe et remonter dans leur classe respectives. Hidemi semblait être dans la même classe qu'Akita et ses compères, elle devait donc être aussi âgée que lui, elle ne le faisait pas. Elle devait donc avoir un, voire deux ans de plus que Shirudo. Le kumojin regagna sa classe à son tour et il fut pris à parti par son sensai comme il s'y attendait. Ce dernier lui demanda d'abord de raconter ce qu'il s'est passé, ce que l'orphelin fit. Il s'en sortit cette fois avec un avertissement, le premier et dernier avertissement avant la sanction. Son sensai n'apprécia pas le recours à la violence, mais apprécia l'attention qu'il avait de défendre les intérêts de sa camarade. Il nota également que le jeune Shirudo n'avait pas d'historique et était connu pour être un élève calme, il passa donc l'éponge pour cette fois.

▶ Sujet: Re: Printemps 75 - Solitude peuplée [ft. Hirai Hidemi]

La mission semblait être un échec, Shirudo ne put ramener la clochette comme cela lui avait été demandé. Il ne le pouvait pas, non pas parce qu'il n'a pas été assez bon, mais parce que les circonstances actuelles l'en empêchaient. Le jeune kumojin ne pouvait que se résoudre à accepter cette situation. Hidemi ne l'aidait pas non plus avec son mutisme légendaire, ils auraient pu récupérer sa clochette si elle s'était contentée de parler.

L'enfant aux cheveux bruns était fortement déçu par cet échec, il voulait sincèrement récupérer la clochette et la redonner à son propriétaire, mais sa non-réaction ne pouvait que jouer en sa défaveur. Et d'ailleurs, Shirudo ne parvenait pas à comprendre pourquoi cette dernière ne réagissait pas, alors qu'elle était en position de force, qu'elle pouvait aisément faire payer le prix forts à Akira et sa bande. Cela le dépassait et l'énervait, il avait un sentiment de gâchis, il avait la désagréable sensation d'avoir fait tout ça pour rien, il était vraiment déçu sur ce coup.

Les aspirants retournèrent dans leur classe, continuèrent leur péripétie. Après avoir été sermonné par son professeur, il s'installa à sa place et continua sa journée comme si de rien n'était. L'adrénaline était retombé et il continua de suivre les cours comme une journée tout à fait normal. A la fin de la journée, il rentra chez lui comme tous les jours se préparer pour la nouvelle journée. Le lendemain, il se leva puis repartit à l'académie. De nouveau, vint la première pause récréation à environ dix heures du matin. Cela faisait déjà dix huit heures que les deux aspirants s'étaient rentrés.

En ce jour, Shirudo était de bonne humeur, mieux qu'hier lorsqu'il avait rencontré Hidemi, il semblait plus épanoui, plus joviable, sans raison. Il se sentait véritablement bien en ce nouveau jour, il s'amusait avec d'autres gamins de sa classe quand il perçut au loin Hidemi, leur regard se croisèrent, la petite aussi l'avait repéré. Shirudo s'arrêta et s'absenta pour aller vers la petite aux yeux bleus.

"Salut Hidemi, comment tu vas depuis hier ?"

▶ Sujet: Re: Printemps 75 - Solitude peuplée [ft. Hirai Hidemi]

Le lendemain Shirudo reprit contact avec Hidemi. Il l'aperçut dans la cours de récréation et ne pouvait donc pas passer outre. Il courut vers elle pour la saluer tout d'abord et lui adresser quelques mots. Il voulait lui parler, bien qu'il s'amusait déjà avec d'autres enfants, il a quand même pris l'initiative d'interrompre ce qu'il faisait pour aller lui parler. Dès que son regard se posa sur elle, il ne ne voyait rien d'autres que ses yeux bleus. Elle l'intriguait vraiment beaucoup, elle l'attirait et il ne pouvait se résoudre à la laisser ainsi s'enfoncer seule dans la solitude. Il alla donc naturellement auprès d'elle puisqu'il l'aperçut seule, aussi seule que la veille et cela lui déplaisait.

Maintenant qu'il avait appris à la connaître, maintenant qu'il l'avait vu sourire, il ne comptait pas la laisser seule, s'enfoncer dans les méandres de la solitude. Il y était passé par là le temps de quelques jours, après le décès de son père, il s'était morfond dans la tristesse, la mélancolie, la solitude, mais en la côtoyant, il avait compris que cela n'était pas la solution. Elle avait aidé, elle aussi, aidé à surmonter ses démons et lui avait fait comprendre beaucoup de choses par son silence et ses gestes. Pour cela, Shirudo l'affectionnait beaucoup et par conséquent, il ne pouvait se résoudre à la laisser comme ça.

Elle n'osa pas lui regarder dans les yeux, ne parvenait à peine à prononcer son nom. Elle avait toujours cette difficulté de s'exprimer comme la première fois que le brun l'avait abordé par surprise. Il comprenait sa réaction de la veille, mais un peu moins celle qu'elle avait en ce jour. Il ne parvenait pas à la comprendre et cela le démangeait. Il tentait de la regarder dans les yeux, car il a toujours considéré le regard comme le miroir de l'âme et du coeur, mais il ne parvenait pas ou tout du moins difficilement à percevoir le sien en raison de ses cheveux et de sa tête baissée.

Elle releva sa tête, saisit la main du kumojin qui rougit tout à coup, il fut à son tour très surpris, car il ne s'y attendait pas. Cela semblait sincère pourtant, mais il avait du mal cette fois. Shirudo était plutôt tactile avec les autres, il apprécie le contact humain, mais cette fois, cela le gênait. Ce n'était pas désagréable, c'était tout le contraire, c'était surprenant, donc différent et forcément mieux. C'était une agréable surprise dont Shirudo ne sut pas comment réagir. Il observa son sourire, il fut encore plus déstabilisé, c'était si soudain. Elle le remercia puis s'en alla aussi vite que la scène avait commencé.

Shirudo resta bouche-bée, planté, tout en la suivant du regard. Il ne comprenait, mais alors pas du tout ce qu'il venait de passer. Cette scène n'avait absolument aucun sens, il en était perturbé. Au final, il ne pouvait pas la laisser sans avoir compris quoi que ce soit, il était encore plus intrigué et attiré par la petite Hidemi, plus qu'auparavant, car il était davantage perdu qu'il ne l'avait jamais été depuis sa rencontre.

"C'est tout ? Déjà ? Et tu t'en vas comme ça ?" - Disait-il alors qu'Hidemi était déjà partie loin de lui.

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Les journées passèrent, Shirudo continuait sa vie d'étudiant, il fréquentait toujours ses camarades et commençait à accepter sa vie d'orphelin. Il rentrait chez lui, il était seul, mais il s'y faisait. Sa vie était devenue une routine, il acceptait cette situation, en fait, c'était pas plus mal, car il était au plus bas. Il ne pouvait pas tomber plus bas, sa vie à l'académie était bien, elle lui permettait de s'épanouir, il avait des amis, s'amusait avec, mais à la maison, c'était autre chose.

Un jour comme un autre, il rentra en classe de la récréation. Il s'était amusé avec ses camarades puis retourna dans sa classe à sa place près de la fenêtre. Après plusieurs dizaines de minutes, son camarade devant poussa chaise pour se lever et aller au tableau. La chaise heurta la table de Shirudo et sa trousse fut secouée. Il entendit un bruit de clochette, puis cette dernière tomba sur la table. Curieux, il la saisit, l'observa de plus près. Il reconnut alors la clochette d'Hidemi sans comprendre comment elle avait atterri là, ni pourquoi après tout ce temps. Cela le travaillait, comme toujours lorsqu'il ne parvenait pas à comprendre une situation. Il y a réfléchi pendant longtemps lorsqu'il posa ses idées. Seule une personne pouvait trouver la clochette, puisque c'était la sienne, elle devait sûrement l'avoir récupéré. Elle était la seule à connaître le lien qui les avait uni tous les deux à cette clochette et l'importance qu'elle avait pour Shirudo. Il n'y avait qu'une seule personne et c'était Hidemi.

Il la serra donc très fort dans sa main puis observa par la fenêtre les salles de classe où pouvait se trouver Hidemi. Il ne savait pas elle était dans quelle salle, il savait simplement que les étudiants de sa génération se trouvait dans cette zone de l'académie. Il esquissa un large sourire qu'il ne put dissimuler. Il avait compris que cette action était d'elle, que ce moment qu'il avait partagé l'avait marqué. Elle s'en est quand même rappelé tout ce temps et avait quand même pensé à faire ça. Elle s'en est quand même rappelé après plusieurs semaines, elle a même fait l'effort de poser la clochette dans les affaires de Shirudo surtout que c'était son jouet et son seul ami. Il comprit également que la petite aux yeux bleus connaissait sa place dans la salle et l'avait placé sans hésitation : elle l'avait observé. C'était sa façon à elle se lui signifier son respect et son affection.

Shirudo avait enfin compris, il avait enfin compris ces scènes qui n'avaient pas de sens, qui l'avaient laissé bouche-bée. Il avait compris qu'Hidemi communiquait de cette façon, tout était dans la discrétion, dans les détails. Ce geste signifiait beaucoup pour lui, il avait compris que c'était sa façon de le remercier. Il garda précieusement cette clochette, même après tant d'années, il la détenait encore. Il continua à observer Hidemi de loin, il a vu sa diplomation, il faisait sa dernière année quand elle avait terminé ses études et était devenue Genin. Il l'a alors perdu de vue depuis, mais il avait conservé sa clochette. Il continua de multiplier les approches, évitant d'être direct, lui envoyant des messages, des sourires et des regards de temps à autres. Il ne l'avait pas oublié et ne comptait pas l'oublier.