SPIRIT OF SHINOBI

embrace your power




  1. ANNONCES

    22.04.24 patch Le Patch .02 est disponible !

    01.02.24 patch Le Patch .01 est disponible !

    20.12.23 nouveautés La news de fin d'année est sortie, affublée de nombreux changements et nouveautés, notamment dans les mises à jour de topics, de contextes, ainsi que d'un bottin des PnJs apparus en narrations afin de faciliter leur suivi !

    31.10.23 nouveautés La news d'octobre est sortie et le forum se dote, à l'occasion d'Halloween, d'un bestiaire de yokai dédié aux joueurs ainsi que d'une nouvelle bannière ! Kumo obient également un nouveau Ninjutsu Spécial, les reliques mystiques.

    24.10.23 changement Le forum passe officiellement à l'été 83. De nouvelles trames sont apparues pour chaque faction !

    18.07.23 update Les doubles-comptes sont désormais ouverts à toutes les factions et nous mettons en place les rangs intermédiaire pour donner plus de visibilité sur l'avancée du personnage ! La faction de Kiri récupère également un bonus XP à la présentation.

    04.07.23 update Les doubles-comptes sont désormais fermés pour la faction de Kumo qui a retrouvé sa pleine attractivité : ils demeurent toutefois ouverts à Kiri ! Nous retirons également les bonus XP associés, puisque l'activité atteinte nous convient.

    01.07.23 update Le forum dispose désormais d'un thème sombre ! Reportez-vous au petit curseur sur votre droite pour changer de l'un à l'autre.

    24.06.23 NEWS ! La news de juin est sortie ! Au programme ; des précisions et changements sur notre philosophie, la faction des Errants et les paliers de progression.

    23.06.23 changement Le forum passe officiellement l'an 83 (printemps). De nouveaux enjeux sont apparus sur les contextes de chaque faction !

    Été 83

    Cent huit ans avant notre ère, le chakra courut sur le monde comme une traînée de poudre. Venu de nulle part et de partout à la fois, il étreignit les hommes et anima leurs corps comme ceux des nouveau-nés dès leur premier souffle. Tel un raz-de-marée changeant le monde, son énergie leur offrit les prémices de ce qu’ils nommeraient « pouvoir », bien des années plus tard.

    Celui de dépasser les limites que la nature leur avait jusque-là imposées. De donner vie et corps à leurs ambitions les plus folles comme à leurs vices les plus abjects.

    Leurs chairs avaient été bénies de la grâce de l’alizée et de la force des typhons : leurs coups étaient plus précis, leurs organismes plus vigoureux. Un simple bond les menait jusqu’aux cimes des arbres majestueux du désormais Pays du Bois. Leurs pas les guidaient sans peine à travers les monts qui édifièrent bien plus tard les frontières de l’actuel Pays des Montagnes.

    Alors, ils embrassèrent cette nouveauté comme chaque bien de l’Humanité : avec le profond désir de la dompter jusqu’au moindre détail, de faire cette énergie sienne avant tant d’autres. Il leur fallut des décennies pour maîtriser ce que le plus simple shinobi peut accomplir aujourd’hui – mais ils y parvinrent, en demeurant dans la profonde ignorance de l’origine du chakra.

    Et ils comprirent. À quel point il pouvait receler la puissance de faire de l’imagination une réalité ; à quel point ils pouvaient dompter les leurs par la force et fonder les dynasties qui gouvernèrent le monde des années durant.

    Lire la suite


    XP

    Homura

    personnages


    Kiri

    personnages, +30 XP


    Kumo

    personnages, +15 XP


    Errants

    personnages


  2. Image decoration
    shogunat printemps 83
    Contexte d'Homura
    Régie par la noblesse, la richesse et par un grand sens de l'honneur et de la droiture, Homura se distingue ni plus ni moins des autres villages par son caractère guerrier à la limite du comportement militaire. Les shinobis qui sont formés pour devenir des shinobis d'Homura sont, dès leur plus jeune âge ou dès l'entrée dans la formation, forcés de respecter ce code d'honneur. Il est précisé que quiconque y dérogerait se verrait sanctionné de différentes façons... des travaux d'intérêt publique à l'emprisonnement et du bannissement des terres d'Homura à la pure et simple mise à mort.

    ❈ Tout shinobi doit être capable de se sacrifier pour la cause Homura-jin.

    ❈ Tout shinobi doit être capable de donner sa vie pour ses camarades, particulièrement s'ils sont plus jeunes ou s'ils sont moins expérimentés. De la même manière, il doit un incontestable respect à ces derniers.

    ❈ Tout shinobi doit être capable de se sacrifier pour les civils.

    ❈ Tout shinobi doit être capable de réussir une mission primordiale même si cela signifie abandonner ou laisser mourir ses camarades.

    ❈ Tout shinobi doit être capable de dissimuler ses sentiments personnels ; pire que cela, il se doit de les ignorer et de les faire passer au second plan.

    ❈ Tout shinobi doit une indiscutable fidélité à sa faction. Toute information dissimulée, cachée volontairement ou toute trahison quelconque sera sévèrement sanctionnée.

    ❈ Tout shinobi doit se dévouer à son entraînement et au perfectionnement de son corps et de son esprit. Il doit respect aux siens et aux autres, tolérance aux différences, empathie aux plus faibles et rigueur dans ses efforts personnels (qui doivent être constants et variés).

    ❈ Tout shinobi doit un indiscutable respect à ses supérieurs hiérarchiques et doit obéir au doigt et à l'oeil à leurs ordres. Toute insubordination sera sévèrement sanctionnée.
    Image Personnage

    FUJIWARA SENCHI Portant sur ses épaules l'ensemble du clan Fujiwara, Senchi est un guerrier hors pair dont le jeune âge, la force d'esprit, la droiture, la témérité et les compétences l'ont rendu capable de se hisser au sommet. Un lien particulier mais inconnu le lie à Iwao, la Shogun, sans que personne ne sache trop quoi en penser. Certains le suspecteraient même d'être à l'origine de la mort de son père, bien que rien ne l'incrimine.

    Image Personnage

    HYÛGA EIMEI Figure représentante du clan Hyûga, devenu chef en l'an 68, Eimei incarne toute la fierté des siens. Droit, noble, charismatique tout en restant sobre, il semble en savoir plus qu'il ne le devrait. Il est à l'origine de l'ensemble des mouvements du clan Hyûga, car rares sont les membres de son clan osant défier ses ordres ou agir sans son aval. Il fait parti de la branche principale.

    Image Personnage

    NARA KUENAI Etant à la tête du clan Nara, Kuenai est extrêmement perspicace et dispose d'une intuition impressionnante. Très soucieuse des maux qui pèsent sur Homura, elle est parfaitement lucide vis-à-vis du comportement des siens comme de celui des autres clans et s'organise toujours dans l'ombre afin de limiter les dégâts. Certains la suspectent d'avoir assassiné Fujiwara Oda, et de nombreuses preuves mèneraient à penser qu'elle est coupable. Etrangement, elle rejette l'entière culpabilité sur Fujiwara Senchi.

    Enjeu n°1 :

    COOPÉRER AVEC KIRI ET KUMO

    65%

    Enjeu n°2 :

    CONNAÎTRE SES ENNEMIS

    10%

    Enjeu n°3 :

    VERS LES PROFONDEURS INCONNUES

    100%

    Derniers RP

    Retour au temple souterrain

    À l'été 83, un shinobi d'Homura se rend au sein du temple souterrain découvert lors de l'attaque d'Oto sur Homura, en périphérie du Shogunat. Ses découvertes mènent le lieu à son scellement complet par le clan Uzumaki, ainsi qu'à l'amnésie du genin.

    Le massacre du boucher

    À l'été 83, 90 civils sont assassinés dans la bourgade de Rindо̄ par un homme se faisant appeler « le Boucher ».
    Au terme d'un combat qui se révéla être une victoire pour l'escouade envoyée par Homura, il fut assassiné par Yamamoto Janome au moment où il s'apprêtait à leur révéler les plans de l'Alliance.
    À sa mort, le pouvoir des fils noirs, le Jiongu, réapparu à travers le monde.

    Évènement

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    Culture & religion

    → La chasse 春・狩猟期 – printemps
    → Festival de la Lune Rouge 夏・赤月の祭り – été
    → Virée aux morts 秋・死者への旅行 – automne
    → Nouvel an guerrier 冬・戦士新年 – hiver

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  3. Image decoration
    kirigakure printemps 83
    Contexte de Kiri
    S'il y a bien un lieu dans lequel la mort peut survenir à tout moment, c'est bien au sein du Village Caché de la Brume. Depuis des années, afin de lutter contre le retard qu'eut prit le pays par rapport aux autres factions, les autorités de l'Eau se décidèrent à mettre au point une philosophie qui leur permettrait de rattraper l'avancement des autres factions. C'est notamment au travers de l'assassinat que ces derniers trouvèrent leur réponse et ainsi furent éduquées les jeunes pousses destinées à devenir les futurs shinobis de Kiri. A un style sanglant et sanguinaire, loin de toute valeur humaine.

    ▒ Chaque Shinobi doit être capable de mourir pour la Brume et pour ses habitants.

    ▒ Chaque Shinobi doit capable d'abandonner, de laisser mourir voire de tuer ses camarades si cela leur permet la réussite d'une mission primordiale.

    ▒ Chaque Shinobi ne dispose d'aucun sentiment personnel : ils doivent agir sous les ordres de la hiérarchie.

    ▒ L'entraînement de chaque shinobi doit être rigoureux et il doit toujours être au service de l'identité de la Brume.

    ▒ Chaque Shinobi doit servitude et obéissance à la hiérarchie, tout manquement sera vu comme insubordination.

    ▒ Chaque Shinobi doit tuer tous les adversaires qui se dresseront sur le chemin de Kiri.

    ▒ La Brume est l'alliée de Kiri, nul ne doit la remettre en question.
    Image Personnage

    YUKI ZENRYŌ Yuki Zenryо̄, autrefois jeune membre du clan dont tous reconnaissaient le potentiel, devint chef de clan à la mort de Yuki Saburô en l'an 75. Très proche de la Mizukage, il lui assure son soutien inconditionnel et celui de son clan.

    Image Personnage

    KAGUYA TAOSU Cheffe du clan Kaguya, Taosu est connue comme étant une guerrière redoutable et particulièrement avide de sang et de trippes. Supportant avec fidélité l'identité de ce clan depuis des décennies, elle est, malgré son apparence, extrêmement hostile, sournoise et meurtrière, si bien qu'elle est redoutée dans son clan entier. Elle éprouve une très forte rancœur envers Oboroge, la Mizukage, car sa simple présence a fait diminuer de manière importante son quota d'assassinats par jour.

    Image Personnage

    SEIDŌ IMIFUMEI Personnalité émérite parmi les sabreurs, tout le monde au sein de Kiri connait Imifumei. Combattant redoutable maîtrisant Sо̄kо̄jikan, le Sabre du Temps, l'ensemble de Kiri le voit comme un shinobi imbattable. Il est vénéré de tous, car tous le connaissent comme un homme héroïque, portant de grandes valeurs d'espoir, de courage et de persévérance auprès des plus faibles.

    Enjeu n°1 :

    SE RENSEIGNER À L'INTERNATIONAL

    20%

    Enjeu n°2 :

    LE MYSTÈRE D'ARASHI

    0%

    Enjeu n°3 :

    LES ORIGINES DE LA BRUME SANGLANTE

    30%

    Derniers RP

    La lutte contre le yokai originel, groupe 1 et groupe 2

    Une escouade menée par Kaguya Bankichi permis à la Brume de repérer la trace de Shinchū et, au terme d'un affrontement difficile, de l'éliminer en le prenant par surprise. L'ensemble de l'escouade fut frappée par une marque maudite mystérieuse lors de son ultime râle.

    Enjeu : les origines de la Brume Sanglante & La Brume du Seigneur

    TBA

    Évènement

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    Culture & religion

    → Soutien aux cultures 春・米農業のサポート – printemps
    → Grande marée 夏・大潮 – été
    → Parade de sang 秋・血液示威運動 – automne
    → Hymne à la Brume 冬・霧に賛美歌 – hiver

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  4. Image decoration
    kumogakure printemps 83
    Contexte de Kumo
    Parmi les lieux les plus malsains et insidieux du Yuusei, Kumo s'y érige en maître. Faussement uni, le village est peuplé de shinobis qui ne souhaitent qu'agir pour leurs intérêts propres ou pour ceux des personnes pour lesquelles elles travaillent. Etrangement, cela est parfaitement assumé par tout le monde et ainsi sont éduqués les shinobis. En plus de cet état d'esprit, rédigé par le Daimyo en personne, Kumo dispose d'un Code de Renseignements que tout le monde doit consciencieusement respecter sous peine d'être sanctionné par le dernier. Evidemment, la crainte de ce dernier incite et invite tout le monde à les appliquer sans broncher.

    ζ Chaque Shinobi doit être capable de mourir pour son Daimyo.

    ζ Chaque Shinobi ne peut discuter des ordres de la hiérarchie. Aussi, tout manquement aux ordres du Daimyo est passible d'une peine de mort.

    ζ Chaque Shinobi doit être capable d'accomplir toute mission, même si cela lui impose des sacrifices insurmontables.

    ζ Chaque Shinobi doit s'entraîner en vue de récupérer toujours plus d'informations, et afin d'être toujours plus discret.

    ζ Toute information récoltée doit revenir au Daimyo sans aucune exception.

    ζ Toute personne surprise en train de comploter contre le Daimyo sera soumise à la peine de mort.
    Image Personnage

    SHIRATSUCHI BAKU'EN Baku'en est, en plus d'être le chef du clan Shiratsuchi, l'homme qui les a relevé de leur condition de "parfaits petits soldats obéissants". Désireux de liberté et de justice, il est animé par une grande hostilité qu'il parvient à maintenir discrète pour restaurer l'honneur de son clan, qu'il estime bafoué depuis des décennies. Secrètement, il rêve de pouvoir mener une rébellion contre Koriki Tomio, au risque que cela mène à l'extermination des siens.

    Image Personnage

    ABURAME YOKOSHIMA Fourbe, manipulatrice et très protectrice vis-à-vis des siens, Yokoshima est la cheffe du clan Aburame. Soupçonnée – sans preuves concrètes – par plusieurs personnalités d'avoir son nez fourré dans toutes les affaires, elle est autant admirée que crainte. En plus d'être une des rares personnes du clan Aburame à maîtriser les Rinkaichû, des rumeurs courent selon lesquelles elle serait à même d'agir efficacement, n'importe quand et dans tous les recoins du village.

    Image Personnage

    INUZUKA GETSUMEN — DÉCÉDÉ Fier et orgueilleux, à l'image des siens, Getsumen était le chef du clan Inuzuka. Reconnu pour sa ténacité au combat et pour sa témérité, il faisait partie des personnalités les plus attendues au poste de Shodaime Raikage. Il ne cachait pas sa profonde hostilité envers les dirigeants de son village, ce qui étrangement ne lui est jamais retombé dessus.

    Enjeu n°1 :

    COLLABORER AVEC HOMURA ET KIRI

    50%

    Enjeu n°2 :

    ESPIONNER LES PUISSANCES DU MONDE

    50%

    Enjeu n°3 :

    DESSEIN DE CONTRE-ATTAQUE

    0%

    Enjeu n°4 :

    SUITE DE L'AMULETTE

    20%

    Derniers RP

    L'histoire se répète : tour du raikage

    À l'été 83, l'Alliance, menée par un Yamanaka inconnu, tenta de récupérer le Shodaime Raikage. Ils y parvinrent, mais ne purent le ramener en vie - Getsumen fut tué, alors inconscient, par un shinobi nommé Sumashâ.

    L'histoire se répète : domaine aburame

    Une attaque d'un Yokai dans le Domaine Aburame décima une partie du clan. Un kumojin et deux errants présents sur place, parvinrent à endiguer la menace et à en venir à bout, en le tuant avec une la dague d'annihilation des Aburame.

    L'histoire se répète : domaine shiratsuchi

    Un shinobi de l'Alliance maîtrisant un art shinobi inconnu s'apparentant à l'orage attaqua le Domaine Shiratsuchi pour tenter de capturer l'un des membres du clan.
    Celui-ci fut tué par un Shiratsuchi ayant libéré le pouvoir de la première pièce d'une arme mythique, retrouvée plus tôt dans l'année par les forces de Kumo. Sa libération généra une explosion titanesque qui ne laissa aucun survivant.
    À la mort de l'homme inconnu, le pouvoir de l'orage, le Ranton, réapparu à travers le monde.

    Évènement

    À l'hiver 82, l'élection du Shodaime Raikage fit rage. Nommé presque unanimement, Inuzuka Getsumen prit le pouvoir et profita de son ascension pour tenter de mener un coup d'état contre le Daimyo, Koriki Tomio.
    Lui reprochant une cruauté sans nom qui punit, asservit et torture les innocents, une grande guerre civile éclata et le peuple Kumojin fut déchiré par l'affrontement des deux forces, alors que le Seigneur lui-même était présent.

    Culture & religion

    → Grande collecte 春・大採取 – printemps
    → Célébration d'Antan 夏・昨年のお祝い – été
    → Cérémonie des chandelles 秋・キャンドルの式 – automne
    → Jeux d'hiver 冬・冬季ゲーム – hiver

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Sur la route d'Homura [Minamoto Yoichi]

Kawazu Ubu
Sur la route d'Homura [Minamoto Yoichi] EmptySam 9 Déc - 10:45

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Messages : 52

Sur la route d'Homura [Minamoto Yoichi] Empty
Kawazu UbuErrant 流離 de rang C+

Message Sujet: Sur la route d'Homura [Minamoto Yoichi]

Un chapelet de villages s’égrenait sur la route menant à Homura. On trouvait là des localités de tous les genres et de toutes les tailles. Aucune, bien sûr, n'avait le gigantisme de la capitale impériale. Certaines parvenaient toutefois à développer leur embonpoint dans des dimensions remarquables et elles s'étaient ainsi attiré une réputation et une renommée qui faisaient le tour des tavernes qui, comme chacun le sait, sont le refuge par excellent des voyageurs de grands chemins. La plupart cependant étaient beaucoup plus modestes, particulièrement à mesure que les murailles de la capitale se faisaient plus proches. Les bourgs et les hameaux fleurissaient plus aisément que les cités à proximité d'un centre hyper développé. Ils étaient des havres de paix, ou bien des lieux de tension extrême entre les voyageurs, les marchands itinérants et toute cette autre population nomade, difficile à identifier, que l'on considérait par défaut comme une nuisance et une source de danger. Le brigandage n'était, après tout, pas si rare, même sur les grandes routes.

Le village de Shinmen était un endroit tranquille. L'histoire de sa naissance était inconnue - à l'image de celles de nombre de ces lieux, qui semblaient n'avoir pour vocation que de servir de relai aux marchands de passage - mais il avait l'excellente réputation d'apaiser tous ceux qui choisissaient d'y séjourner, fût-ce pour une nuit ou pour une vie. Les autochtones disaient d'ailleurs en riant qu'ils ne comptaient plus les commerçants qui avaient tout plaqué, abandonnant boutique, marchandises et richesses pour bâtir une maison et s'installer là. Le lieu était, à la vérité, enchanteur. Le village s'était développé à la rencontre de la grande route et d'une rivière. celle-ci le traversait en son plein centre. Les deux moitiés du hameau étaient reliées par un unique pont, tout en bois, dont les services étaient complétés par ceux des passeurs qui proposaient de traverser la rivière dans leurs bacs en bambou. Du reste, le courant n'était pas très fort et la rivière déroulait ses eaux comme une chevelure souple, sans empressement, en produisant un glouglou dont l'air retentissait joyeusement. Ce rythme naturel s'imposait à tout le village, si bien que personne n'y était en hâte et que tout le monde avait le sourire aux lèvres. Mais l'eau n'était pas seulement au centre topographique du village : elle était également au coeur des vies. C'était l'eau de la rivière que l'on consommait, car elle était pure et dépourvue de toute pollution. Le poisson, les crabes et les algues que l'on mangeait, c'était encore la rivière qui les avait charriés jusqu'à Shinmen, pour que les mains habiles des pêcheurs puissent les récolter. Enfin, lorsqu'un feu se déclarait dans le village - ce qui n'était pas rare, puisque, comme partout ailleurs, les murs des maisons étaient de torchis et de bois, et leur toit de paille - c'était l'eau de la rivière que l'on puisait pour calmer les flammes. Elle était la souveraine maîtresse des lieux et des âmes et tous l'adoraient.

On avait érigé, en des temps oubliés, un autel au dieu Ida - divinité locale dont l'esprit habitait la rivière - sur un îlot perdu au centre des eaux. La légende disait que jamais les crues n'avaient élevé le cours si haut qu'il inondât le lieu sacré : aussi tous y voyaient un signe de la mansuétude du dieu et de sa bienveillance à l'égard d'un peuple qui le traitait avec respect et déférence. Le zèle des locaux n'en était que plus grand. L'endroit n'attirait pas beaucoup de pèlerins, mais si l'un d'eux se présentait il trouvait toujours une âme prête à lui raconter la prévenance du dieu Ida. On l'invitait ensuite à se recueillir devant l'autel et à faire son offrande à la divinité : une seule pièce, jetée sans un regard dans les eaux. Un plongeur mal intentionné aurait ainsi retrouvé dans le lit de la rivière un petit pactole, dont les monnaies les plus anciennes étaient frappées des profils de souverains dont seuls quelques livres érudits avaient gardé le souvenir.

Si l'on était pas riche, à Shinmen, on vivait tout de même confortablement grâce au flot ininterrompu des voyageurs, qui imitait celui de la rivière. Quelques auberges étaient renommées et l'on n'y trouvait que rarement une chambre. Mais on ne voyait jamais un malheureux à la rue, car il se trouvait toujours quelque bonne âme pour lui offrir le logis, moyennant un petit pécule. Jamais on ne refusait cette offre, car les sourires et les bonnes actions des habitants étaient d'une bienveillance telle qu'ils déliaient les bourses avec un succès remarquable. Les tavernes - que l'on trouvait dans chaque rue - avaient cette même faculté. On y servait des alcools de bonne qualité et jamais de piquette. S'il se trouvait un hôte qui abusait de la boisson et dont l'exubérance venait à déranger les autres, il était promptement chassé par le tenancier, qui ne se départait cependant pas de son sourire ; si bien que le malheureux, se trouvant à la porte, ne pouvait éprouver la moindre colère à l'égard de celui qui l'avait expulsé. Les ennemis eux-mêmes, lorsqu'ils se croisaient à un carrefour, n'osaient dégainer, car la tranquillité des lieux était sacrée. Ils s'éviscéraient généralement à la frontière du village et on les enterrait le long de la route.

Le soleil se couchait et enflammait le ciel de ses derniers traits lorsqu'Ubu arriva à Shinmen. Il avait marché toute la journée durant et sentait bien que ses jambes ne le porteraient pas jusqu'au prochain village. Il s'en désolait. S'il avait la constitution et l'endurance d'un paysan, il devait cependant admettre qu'une semaine de pérégrination ininterrompue avait eu raison de ses forces. Il lui semblait que la capitale ne dût jamais se profiler à l'horizon. Et avait-il le temps et le droit de s'arrêter et de jouir de ses haltes, tandis que sa famille était retenue, quelque part, dans ce pays ou déjà au-delà de ses frontières ? Ses nuits étaient troublées par la culpabilité qu'il éprouvait à se reposer et cette agitation ne faisait rien pour améliorer son état. Il avait entendu parler de Shinmen, cependant. S'il y avait un endroit sur terre où il pût goûter au calme, ce devait être ici. Cette dernière pensée acheva de le convaincre.

Il était d'ailleurs sensible au charme des lieux. Cette rivière, surtout, lui plaisait. Sa première destination fut naturellement l'îlot sacré où trônait l'autel du dieu Ida. Il goûtait peu à la religion, cependant, et se contenta d'une prière distraite à l'attention de la divinité. Il était venu pour perdre son regard dans le courant. Les eaux brillaient alors d'un éclat tout particulier, car les derniers rayons du soleil y ricochaient en pépites riantes. Ubu sourit. Il distinguait, dans l'eau claire, la silhouette des truites et des carpes qui étincelaient comme de l'or. Puis il ferma les yeux et ce fut son esprit qui fut enveloppé du chant guttural de la rivière. L'envie d'y plonger, de se métamorphoser et d'en goûter toute la fraîcheur le tenaillait, mais il ne céda pas.

"N'oubliez pas de faire votre offrande !"

Il rouvrit les yeux et se retourna : la voix était celle d'une vieille femme, dont il devina aisément à la tenue qu'elle était la gardienne de l'autel. Elle avait parlé sans ordonner et son sourire était bon, mais il comprit à l'insistance de son regard qu'il n'avait d'autre choix que d'obéir. Masquant son malaise - car il avait été dérangé dans un moment de plénitude parfaite pour être ramené à des réalités bien vénales - il tira un sou de sa bourse et s'apprêtait à le poser sur l'autel lorsque la vieille interrompit son geste d'une tape sur le dos de la main :

"Non, non ! Par-dessus l'épaule !"

Et elle joignit à l'instruction le geste, pour lui montrer comment faire. Ubu resta un instant hébété. En voilà une étrange coutume. L'argent coulait-il tant à flot que ça, ici, que l'on dût se débarrasser de son pécule dans la rivière ? Le dieu Ida devait être bien riche. D'ailleurs, ce dieu-là n'aurait-il pas préféré qu'un de ses sujets, créature aquatique par excellence, gardât pour lui le peu de pièces qu'il gardait encore pour s'offrir un bon repas et un lit ? Mais Ubu ne voulait pas risquer de se fâcher avec une divinité de l'eau. Il se tourna, dos à la rivière, et lança par-dessus son épaule sa pièce, comme la vieille lui avait montré. Elle sembla satisfaite. Elle entreprit ensuite de s'enquérir de sa situation. Comment, il n'avait pas réservé de chambre à l'avance ? Par tous les dieux, il lui serait impossible de loger à l'auberge. Les lits y étaient pris d'assaut depuis deux saisons déjà ! Non, non, il lui faudrait crécher chez une âme dévouée. Elle-même n'avait pas de place chez elle, mais la fille de son frère, peut-être… Elle promit d'enquêter et lui conseilla, en attendant, de manger un bout et de boire à sa santé à la taverne la plus proche : "Au havre d'Ida". Tenue par son frère.

Ubu la remercia bien, sensible au sourire dont elle avait enrobé son démarchage. Il ne s'était, d'ailleurs, pas rendu compte une seconde qu'il venait de subir les assauts publicitaires coutumiers aux habitants du village : il était de ces chalands dont la candeur est telle qu'ils font la fortune des vendeurs retors. Aussi se délesta-t-il de quelques écus encore avec une joie parfaite lorsqu'il vit que le frère de la prêtresse était tout aussi cajoleur qu'elle. On lui servit à boire et à manger sans attendre et il porta le goulot et ses baguettes à ses lèvres dans une tranquillité d'âme comme seule en connaissaient les pachas.

Minamoto Yoichi
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Message Sujet: Re: Sur la route d'Homura [Minamoto Yoichi]

La mosaïque de couleurs vivaces offrait une image pittoresque et holistique de la bourgade au creux de la vallée à la tranquillité enivrante, dorlotant ses habitants dans un sentiment mystique de fausse sécurité. Un îlot de sûreté au milieu de la nature sauvage et impétueuse, un microcosme dans le Yuusei, un sanctuaire préservé par la faveur de la déesse populaire. A l’image des pièces étincelantes et mirobolantes tapissant le lit doré de la rivière paisible traversant le village, la monnaie coulait à flot dans les commerces environnants, qu’il s’agisse des échoppes ou bien des boutiques de gri-gri et bric-à-broc proposant des souvenirs de leur passage aux différents visiteurs prospectant la bénédiction de la divinité des eaux et de l’opulence. Qu’ils fussent de passage ou qu’ils viennent accomplir leur pèlerinage jusqu’à l’autel pour observer un moment de plénitude et d’austérité, il n’était pas rare pour les visiteurs de se loger sur place le temps d’une nuit afin de reprendre leur grande épopée dans les contrées du Feu. Ainsi, on rencontrait des saltimbanques de tous horizons, aux passés aussi obscurs que abscons, aussi troublés qu’édifiants, la plupart ne donnaient même pas la peine de s’ouvrir à la populace, de peur de créer des attaches inutiles ou d’éveiller la curiosité voire les soupçons. Chaque passage était éphémère, chaque rencontre, une occurrence mettant en branle la fortune.

Les raisons qui conduisirent Yoichi à faire son étape dans ce village étaient purement circonstancielles et subordonnées à son objectif de rentrer à Kumo pour collecter son dû auprès des autorités, après la complétion de sa mission d’infiltration à Homura, il n’avait aucune raison de ne pas hâter sa marche et d’attendre ses coéquipiers, lesquels lui avaient fait se rappeler au fond de lui pourquoi il ne désirait guère travailler sous la bannière d’une nation, encore moins celle dont les shinobis ne lui avaient montré que du mépris ou de la méfiance, parfois les deux. Quoiqu’il fallait nuancer ce constat avec quelques individus ayant su faire preuve de considération, voire de bénévolence à son égard, son vécu personnel l’avait convaincu qu’il n’était pas taillé pour la soldatesque ni pour la servitude envers les puissants, mais qu’il était voué à vivre comme un électron libre se laissant porter par les vagues de l’océan des possibles, suivre son coeur au gré de ses caprices et pérégrinations. L’oriflamme de la déesse solaire quant à elle disparaissait progressivement à l’horizon, couvrant la cîme des chaumières dans un voile d’obscurité. Il eut vent lors de ses échanges avec les locaux qu’une taverne accueillait les âmes vagabondes et esseulées, et le titre éponyme rappelait l’omniprésence de l’ondine dans les us et coutumes du village.

Au Havre d’Ida. Yoichi avait pris place et grâce à sa langue d’airain avait réussi à gagner la confiance du responsable de l’établissement, en lui proposant d’offrir ses services en tant qu’artiste ambulant, colporteur d’histoire et chasseur de légendes (vivantes de préférence). Ce fut ainsi qu’il se retrouva au milieu d’une pièce noire de monde, une masse bruyante et hétéroclite, au point que d’aucuns se seraient sentis intimidés, mais pour quelqu’un qui avait joué sur scène toute sa vie, la question ne se posait plus. En regardant de plus près, il pouvait apercevoir des visages tantôt étrangers, tantôt conférant l’illusion d’une singulière familiarité, et pourtant, il savait qu’il ne les avait jamais croisés de sa vie. Le monde était peuplé de ressemblances et de différences à proportions égales, et l’esprit ne pouvait s’empêcher d’attribuer des significations ou de saisir la réalité à travers le prisme limité de sa propre intelligence, faculté elle-même tributaire de sa condition d’être humain. En voyant toute cette congrégation vagabonde ainsi rassemblée, il fut inspiré de partager avec eux un poème d’un lettré qui avait résonné avec lui lors du début de ses voyages.


À mon père
Las d’avoir visité mondes, continents, villes,
Et vu de tout pays, ciel, palais, monuments,
Le voyageur enfin revient vers les charmilles
Et les vallons rieurs qu’aimaient ses premiers ans.
Alors sur les vieux bancs au sein des soirs tranquilles,
Sous les chênes vieillis, quelques bons paysans,
Graves, fumant la pipe, auprès de leurs familles
Ecoutaient les récits du docte aux cheveux blancs.
Le printemps refleurit. Le rossignol volage
Dans son palais rustique a de nouveau chanté,
Mais les bancs sont déserts car l’homme est en voyage.
On ne le revoit plus dans ses plaines natales.
Fantôme, il disparut dans la nuit, emporté
Par le souffle mortel des brises hivernales.


Le voyageur

Kawazu Ubu
Sur la route d'Homura [Minamoto Yoichi] EmptySam 16 Déc - 13:03

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Message Sujet: Re: Sur la route d'Homura [Minamoto Yoichi]

Le silence qui retomba dans la salle fut bref : déjà, les applaudissements éclataient, ponctués des sifflets et des bravos enthousiastes du public. La taverne avait été transformée, l'espace d'un instant, en théâtre. Le poète avait accompli l'exploit de faire taire les conversations, le temps de sa récitation, et ce sans s'attirer l'animosité d'une foule pourtant déjà sous l'emprise de l'alcool, pour une partie. D'aucuns y auraient vu un miracle. Il n'y avait là que du talent : celui des véritables artistes, dont la sensibilité ne se limite pas à leur création mais leur permet de sonder le coeur de leur audience pour mieux le charmer. Et puis, ce public était également d'une grande sensibilité, car les mots du plus habile des orateurs n'avaient aucun effet sur un esprit absolument fermé et hermétique à la beauté des choses. En somme, dans cette salle s'étaient trouvées les deux moitiés d'une combinaison idéale : un poète talentueux et des spectateurs prêts à l'écouter et à se laisser envoûter par ses mots. On leva des verres à sa santé et on trinqua, puis le murmure des conversations s'éleva de nouveau.

Ubu était resté hébété. Il avait joint ses applaudissements à ceux des autres clients, mais il lui semblait que les vers du conteur avaient une résonance particulière en lui. N'était-ce pas sa propre histoire qu'il venait d'entendre, dans la bouche de cet homme ? N'étaient-ce pas sa quête, sa maison, son village dont il avait été question ? Tout le monde peut, sans doute, trouver quelque chose qui lui permet de s'identifier à un poème et d'y puiser une substance familière : c'est même là l'essence des bonnes oeuvres. Elles sont universelles et leur nature ne les borne pas à un public spécifique. Toutefois, ici, la coïncidence était troublante. D'autant que le destin du voyageur dont traitait le poème semblait infiniment triste à Ubu. Il avait entendu les remords d'un homme errant dans le monde et regrettant son village natal, dont il n'avait oublié aucun des traits, mais pour lequel il n'était plus lui-même qu'un fantôme.

Etait-ce là ce qui l'attendait, lui aussi ?

Cette pensée ne pouvait le quitter, à présent. Elle lui serrait la poitrine. Il se leva de sa table et se dirigea vers l'estrade, où se trouvait encore l'artiste. Il trouva sur sa route le patron des lieux.

"Sacré talent ce bougre, hein ? Je me doutais bien qu'il avait ça dans le ventre. Il m'a si bien embobiné avec ses belles paroles ! Bah, je ne regrette pas. On aime les histoires d'ailleurs, par ici.

-Dites, patron, comment est-ce qu'il s'appelle ?

-Sais pas. J'ai pas pensé à lui demander son nom, tiens. Mais après tout, quelle importance ?

-Aucune, aucune. Et vous lui avez demandé d'où il venait ?

-Pas besoin, je l'ai vu quand il est arrivé. Il marchait sur la route d'Homura, alors j'imagine qu'il vient de la capitale. Il y a des tonnes d'or à se faire, là-bas, pour quelqu'un de son talent. Les maisons nobles raffolent des artistes de qualité. J'imagine qu'il a fait un tabac."

Ubu restait songeur, scrutant la figure tranquille de cet homme. Il dégageait un charisme certain, cela ne faisait aucun doute. Il avait d'ailleurs toujours eu l'impression que des artistes ambulants dans son genre émanait une aura toute particulière. Les quelques-uns d'entre eux qui s'arrêtaient dans son village natal, au temps de son enfance, avaient toujours fait forte impression. Les récits qu'ils apportaient étaient merveilleux et n'auraient jamais pu germer dans le terreau stérile d'esprits bornés au travail de la terre, dont les yeux, jamais, ne se levaient vers le ciel pour y trouver le réconfort d'un rêve. Peut-être Ubu différait-il, en cela, de ses compatriotes. Lui prenait goût non seulement à écouter les histoires mais aussi à les imaginer. Combien de héros de contes n'avaient-ils pas trouvé une suite inédite à leurs aventures dans sa tête ? Tout cela, en plus de cet étrange sentiment qui l'avait pris en entendant le poème, le poussa à finir de s'avancer vers le poète, non sans avoir glissé une pièce au patron pour qu'il leur apporte de quoi manger.

Ubu se présenta de front, un sourire aux lèvres mais plus léger qu'à l'accoutumée. Ses yeux pétillaient d'une malice teintée d'ombre. Il commença par s'incliner pour présenter sa gratitude, comme il était de coutume :

"C'était un beau poème. Merci de nous l'avoir récité. Vos vers resteront gravés dans ma mémoire, pour sûr."

Puis, se redressant, et sur un mode plus hésitant :

"Dites… Le voyageur, dont vous avez parlé, il a vraiment existé ? Vous le connaissez ? Et… Réel ou pas, vous pensez qu'il est heureux ?"

Comme toujours, ses questions étaient la candeur même. Elles filaient droit vers leur cible.

Minamoto Yoichi
Sur la route d'Homura [Minamoto Yoichi] EmptyJeu 28 Déc - 16:14

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Message Sujet: Re: Sur la route d'Homura [Minamoto Yoichi]

Récitant le poème d’un autre temps et d’un autre pays, le voyageur racontait la vie d’un confrère qui jadis parcourut le monde en quête d’aventures et de moults péripéties, la vadrouille du picaresque garçon devenu homme et enrichi par ses rencontres bigarrées. Tant de routes à arpenter, tant de lieux à visiter pour un homme dont la curiosité n’avait de limites que sa propre condition. Tout voyage avait une fin, toute ambition, une limitation. Le leitmotiv du pèlerin dans sa recherche insatiable de l’insolite et du merveilleux le conduisait à découvrir la nature sous toutes ses formes, et la création dans toute sa majesté. L’entendement était le récipient incapable de contenir l’immensité qu’était le cosmos, ce puits sans fond et cette source de toute vie dont nous nous abreuvions afin de satisfaire notre propre existence. De ces expériences, le voyageur en tirait la sagesse de ses printemps, laissant la nostalgie l’emporter en même temps que la terre qui l’avait mis au monde, il retrouvait les siens et complétait le parcours cyclique dans lequel il s’était engagé. Il réalisait dans sa quête de l’infini la finitude de sa propre condition, hanté par les démons de la nostalgie et le besoin de laisser son empreinte sur le monde. Aussi nébuleuses fussent les origines de ce témoignage poétique, on ne pouvait nier à quel point celui-ci résonnait avec chacun des badauds installés dans la pièce qui se turent l’espace de quelques secondes, captivés par la verve hypnotique de l’artiste mystique.

Les paupières légèrement plissées, le sourcil arqué, son visage angélique se tournait vers la figure d’un brave homme qui pour l'œil non entraîné n’avait guère l’apparence que d’une personne ordinaire et sans prétention, mais qui en réalité, dégageait une aura particulière difficile à capturer avec les mots. Ses pupilles céruléennes reflétaient les flots insondables, tandis que ses mèches mordorées évoquaient la période des moissons. Sa peau était une toile vierge sur laquelle il restait encore à dessiner une myriade d’aventures et d’exploits, il incarnait le personnage à l’âme charitable, touché par la fortune et qui était à l’aube d’une grande iliade qui l’emmènerait jusqu’aux confins du monde. Son flair le trompait rarement dans ces cas précis, et c’était tout naturellement qu’il s’ouvrit à un échange amical avec le joyeux luron. D’un sourire cordial, il acceptait le compliment du mystérieux interlocuteur qui lui demandait le contexte dans lequel le poème avait été écrit, montrant son intérêt pour l'œuvre. En tâchant de tempérer ses envolées lyriques pour revenir au domaine des vivants, Yoichi apporta des éclaircissements quant au fameux voyageur du poème dont il ignorait lui-même le nom. Il tâcha de ne pas se cantonner aux poncifs du voyageur universel, mais plutôt alimenter la réflexion en titillant la curiosité intellectuelle de son vis-à-vis.

Personne ne le sait vraiment. Il pourrait s’agir d’un personnage fictif, ou le véritable auteur de ce poème, qui sait? Toujours est-il qu’il existe pour nous aujourd’hui, et qu’il nous fait prendre conscience de la finitude de notre condition, l’histoire est une manière d’ancrer dans l’immémorial les expériences des voyageurs avant nous. Nous héritons de leurs souvenirs, et nous les transmettons en même temps que les nôtres, aux prochaines générations. Et c’est la leçon qu’on peut retenir de ce poème: que nous finissons tôt ou tard par revenir chez nous, car autrement, partir pour partir n’a pas de sens, s’il n’y a pas un retour. Sans cela, le voyageur est condamné par disparaître dans l’oubli, une fois emporté par la mort.

Bien sûr, on pouvait avoir des interprétations multiples et différentes de ce poème chéri par Yoichi en ce qu’il s’identifiait tout autant que son interlocuteur, au personnage évoqué dans le récit. La nostalgie ne cessait de hanter ses errances et c’est pourquoi il ressentait le besoin fondamental d’opérer cette purgation des émotions à travers cette performance artistique. Une manière de se soulager d’un fardeau en le partageant avec d’autres frères et sœurs connaissant les mêmes tourments et les mêmes aspirations.

En parlant de “chez nous”, je m’appelle Minamoto Yoichi, et je suis originaire de Tetsu. Quelle curiosité vous amène donc à croiser mon chemin au Havre d'Ida, bel étranger?


Kawazu Ubu
Sur la route d'Homura [Minamoto Yoichi] EmptySam 30 Déc - 10:01

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Message Sujet: Re: Sur la route d'Homura [Minamoto Yoichi]

Alors ce voyageur n'avait pas vraiment existé… Il n'était qu'une allégorie, un symbole de poète qui servait à effectuer de jolies figures de style. Comme une marionnette dont on agite les membres en tout sens, pour amuser le public, et qui, une fois son spectacle achevé, retombe mollement, sans vie et sans personnalité. Ubu ne put s'empêcher de ressentir une certaine déception en entendant la réponse de l'artiste. À quoi s'était-il attendu ? À trouver la piste d'un compagnon, d'un homme partageant son sort et qui aurait pu lui servir de guide, sinon sur les routes qu'il devrait emprunter physiquement du moins sur celle de sa vie, bouleversée à jamais par la quête dans laquelle il s'était lancé à corps perdu ? Son inconscient avait sans doute fait naître cette graine d'espoir malgré lui. Il devait admettre se sentir terriblement seul depuis son départ de son village natal : là-bas étaient restés tous ses amis, les compagnons de ses jeux d'enfance, et sa fiancée, la plus charmante des jeunes filles. Il n'avait emporté avec lui que le souvenir de leurs rires et de son dernier baiser. La chaleur d'une étreinte, voilà ce qui lui manquait cruellement.

Pour toutes ces raisons, dont il ne parvenait pas à saisir lui-même la teneur, il se contenta de répondre, d'abord, par un sobre :

"Ah. Bon…"

Les explications du poète ne l'aidèrent pas tant. La portée de l'histoire était belle, sans doute, et son message plein d'une sagesse grandie par chacune des bouches qui avaient récité ces vers, mais tout ça ne parlait pas tant à Ubu. Il savait déjà que tout l'intérêt de sa quête à lui était dans le retour. C'était même pour rentrer chez lui qu'il s'y était lancé. Mais ce retour, il ne l'imaginait qu'avec ses parents. Leur trace, il la cherchait encore. Du reste, il se fichait bien de finir dans l'oubli. Dans sa famille, on n'avait jamais officié pour la postérité. De telles visées étaient bonnes pour les véritables héros, ceux qui cherchaient à changer la face du monde par leur seule action. Les Kawazu se contentaient d'entretenir leur rizière, qui elle-même entretenait les estomacs de tous les gens de leur village. C'était déjà beaucoup de travail, merci bien : nul besoin d'y ajouter la charge d'une postérité exceptionnelle, d'exploits extraordinaires ou de toutes ces sortes de grandes actions dont on n'entend parler que dans la bouche des conteurs et des gens du voyage.

Il se réjouit que Yoichi - puisque c'est sous ce nom qu'il se présenta - changeât de sujet. Discuter de leurs origines était sans doute bien plus réjouissant que de le laisser se morfondre dans le désespoir qu'était son aventure. Il n'avait jamais entendu parler d'une terre qui s'appelât "Tetsu". Comme il n'avait pas de honte à avouer son ignorance, il se lança donc avec sa candeur caractéristique :

"Oh, Tetsu ? Qu'est-ce que c'est ? C'est dans le coin d'Homura ? Parce que c'est là-bas que je vais. J'espère y trouver des pistes pour… l'affaire qui m'occupe."

Il ne tenait pas spécialement à parler de l'objet précis de son voyage. Pas tant par prudence - il était trop ingénu pour ça - mais plutôt pour ne pas se miner le moral en se rappelant encore que la vie de ses parents était entre ses mains, et que ses mains étaient bien incapables de porter un tel fardeau. Il ne faisait cependant aucun obstacle à dévoiler d'où il venait et ce fut dans cette voie-là qu'il s'engagea :

"Moi mon village est à plusieurs jours de marche d'ici. Il n'est pas bien grand, à peine quelques maisons, mais tout le monde s'y connaît comme dans une famille. Ma famille cultive une rizière, depuis des générations. Je crois qu'on était des esclaves, il y a très longtemps. Du temps des grands empires. C'est la première fois que je pars aussi loin et pour aussi longtemps. C'est un peu excitant, mais surtout assez effrayant, je trouve. Vous devez être souvent sur la route, vous : on voyait passer des poètes dans votre genre dans mon village, pour les grandes fêtes. Ils nous racontaient leurs histoires et un peu leur vie, aussi. Ca ne vous fatigue pas, tout ça ?"

Un enfant n'eût pas formulé ses phrases différemment.

Minamoto Yoichi
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Message Sujet: Re: Sur la route d'Homura [Minamoto Yoichi]

Placé sous le signe de la sérendipité, l’abouchement des sentiers leur avait conduit à faire l’exégèse introspective d’un poème auquel ils s’identifiaient respectivement selon leurs pérégrinations personnelles. L’un comme l’autre, ils reconnurent cette ligature jusqu’à en former des caractères, et à partir des caractères des mots. Des mots pour qualifier le non-dit, des phrases pour exprimer leur rapport face à la réalité et à ses vicissitudes. Un message suffisait à rassembler les âmes esseulées — les esprits vagabonds prompts à rompre leur fil d’Ariane avec la société, un seul colporteur et sa lyre se suffisait à faire écho à la déréliction partagée par ses confrères du monde. Galvanisé par sa mission de prêcheur sans-frontières, il lisait dans les cœurs transis par le mal du pays, la doxa cosmopolite qui composait son audience, son verbe épousait les formes de leurs aspirations et contemplations que rien ne pouvait purger jusqu’à aujourd’hui. L’agrégation des réminiscences était le catalyseur qui leur faisait découvrir la portée de leurs actions dans le cycle inexorable de la vie. Cette première se révélait à eux avec une vivacité d’autant plus édifiante qu’elle tempérait chez eux le goût de la nostalgie, et en même temps, stimulait la poursuite vers de nouveaux horizons. Ainsi, il n’existait guère sur terre meilleur remède aux maux du cœur que la maïeutique opérée par la raison.

La houle des cheveux de seigle couronnaient le front du zadig bienheureux. Celui-ci exprimait son intérêt pour le poème mais manquait définitivement les mots pour répondre à la réponse du poète éphèbe qui dépeignait la portée philosophique du poème, transportant le sujet de l’oeuvre vers des horizons idéels et intellectuels que tous ne pouvaient contempler sans poursuivre individuellement une quête approfondie de l’érudition. Qu’à cela ne tienne, le rôle du message n’était pas tant de faire l’étalage d’une connaissance inaccessible que de se placer en tant qu’il était le traducteur des émotions indescriptibles par la gente populaire, employant avec les moyens de la langue vulgaire, une éloquente tirade embellie par la faconde de l’esthète. En raison de ses origines plébéiennes, il lui était aisé de se mettre dans le rôle du démagogue, de son promontoire dans l’Agora, défendre le sort des laissés-pour-compte, éclopés et purotins. Il ne le faisait pas tant pour la poursuite du gain, que par obligation morale, un devoir qui passait par la nécessité de parcourir toutes les terres du continent, et l’examiner sous toutes ses coutures. Qu’il fût matériel ou immatériel, l’ambition était à la discrétion de chaque voyageur qui désirait laisser sa marque sur le monde.

Au moment de répondre à son interlocuteur qui lui demandait des renseignements sur Homura, Yoichi, touché par la grâce de la muse, leva son doigt comme pour signaler à l’audience de ne plus faire de bruit et le laisser déclamer sa prose:

Quittant l’Havre d’Ida suivez le vent de l’Ouest,
Marchez jusqu’au chêne vénérable de mille ans,
Aux vallées plantureuses et rivières fluettes,
Naviguez la houle qui emporte les marchands.

Homura vous cherchez, prenez garde là-bas,
Des hommes bons vous trouverez, sages et bien avisés
Dans la ville où richesse et intrigue se côtoient,  
Isolez vos ennemis, préservez vos alliés.



A ce moment-là, il tira sa révérence en réponse aux réactions des personnes qui assistèrent à cette nouvelle prestation de la part de l’artiste exalté par la rencontre avec le vaillant aventurier.

Le pays du Feu est magnifiquement riche, la prodigalité de ses ressources aurait de quoi décourager les habitants de mon pays, où nous arrivons à peine à y faire pousser des cultures, la terre y est gelée et infertile. Mais ici, je vous avoue que tout semble si… Riche et éclatant de vie… j’aurais aimé rester plus longtemps, mais ma quête m’emmène vers le nord-est. La manière dont vous décrivez votre village, cela me rappelle beaucoup nos propres interactions à Tetsu… D’ailleurs, quelque chose me vient encore…

Il marqua un temps de pause, faisant le même signe à l’audience de s’interrompre pour le laisser décrire un tableau de son pays:

Terre glaciale et hostile, nourricière et fragile,
Famine et indigence ô capricieuses maîtresses,
Le supplice qu’elles infligent aux cœurs et corps fébriles.
Retourner sur mes terres, ce credo je professe.
 

A ces mots il se mura dans le silence, regardant son interlocuteur avec insistance, par mimétisme le reste de l’audience fixait leurs yeux vers Uku comme s’ils attendaient quelque chose de sa part, peut-être qu’il l’aide à clôturer sa performance?



Kawazu Ubu
Sur la route d'Homura [Minamoto Yoichi] EmptyDim 14 Jan - 11:36

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Message Sujet: Re: Sur la route d'Homura [Minamoto Yoichi]

Un silence pesant, lourd d'attente était tombé sur la salle. Chacun attendait. Pas un verre ne remuait, pas un souffle ne s'échappait de lèvres un peu écartées sans paraître s'excuser de ce dérangement infime de la quiétude. La taverne entière était suspendue aux lèvres d'Ubu. Quel prodige de poésie ce jeune allait-il produire, pour clore les vers de son aîné ? Il devait lui aussi être un de ces artistes prodigieux, qui font le bonheur des buveurs, car il s'entretenait depuis un moment déjà avec celui qui avait ravi les esgourdes de tout ce peuple soiffard. Alors, quelle magie des mots convoquerait-il pour ponctuer, enfin, la poésie si joliment commencée ?

Ubu n'avait jamais composé de vers. S'il en avait récité, c'était par pur mimétisme : il s'était contenté de répéter ceux qui lui étaient parvenus, par le truchement des chansons rapportées par ces bardes des grands chemins dont il avait parlé à Yoichi. Il ne se serait hasardé pour rien au monde à composer ses propres histoires. L'idée d'ailleurs ne lui était jamais venue à l'esprit. Et là, en plus, il ne s'agissait pas de raconter une histoire mais bien d'exprimer des choses allant au-delà du récit et touchant à la nature plus profonde des hommes. Autant dire qu'il n'avait aucune idée de la façon d'agencer des mots pour dire quoi que ce soit de cet ordre-là. Il ne connaissait pas le sens de la poésie, ne savait pas même appréhender son véritable charme : il se contentait d'apprécier les rimes, qui étaient comme un jeu de devinettes pour savoir comment on terminerait cette phrase alambiquée, trop compliquée pour être naturelle mais ma foi bien sympathique tout de même.

Pas question, cependant, de faire défaut à Yoichi. Surtout, pas question de rester silencieux devant une telle assemblée. Diable, un peu de courage ! S'il flanchait devant cet obstacle, que ferait-il lorsqu'il trouverait, sur sa route, des adversaires redoutables qui exigeraient de lui qu'il convoquât jusqu'aux plus infimes morceaux de courages qui peuplaient son coeur ? Tant pis s'il disait n'importe quoi, mais il fallait bien parler. Il inspira profondément, gonfla la poitrine, et déclama :

"Ô mes rizières, mes champs, mes marais,

Il est loin le temps de nous aimer.

Je suis parti, hélas, encore enfant.

Je reviendrai, un jour, déjà adulte."

On applaudit, poliment. Il n'avait pas produit de la grande poésie, c'était certain : ses rimes n'étaient pas de grande qualité, lorsqu'elles existaient, et le ton de sa déclamation était en décalage avec son propos. Inconsciemment ou non, il avait produit un texte d'une certaine mélancolie. Yoichi avait parlé de ses propres terres natales alors, naturellement, Ubu s'était senti enclin à dépeindre les siennes. Surtout, à dépeindre le sentiment qui étreignait sa poitrine lorsqu'il y pensait.

Le brouhaha des conversations reprit et Ubu put, à son tour, reprendre la sienne avec Yoichi. Il espérait que les interludes poétiques ne se répéteraient pas sans cesse, car l'artiste éveillait sa curiosité. Il était un personnage haut en couleur et Ubu devinait qu'il en savait beaucoup sur des coins du pays, voire du monde, dont il n'avait lui-même pas idée. Ses conseils déguisés sous la forme de vers au sujet d'Homura étaient restés ancrés dans la cervelle du jeune homme. Aussi reprit-il sur ce sujet-là :

"Homura est si dangereuse que ça ? Je sais que c'est une ville très riche, que c'est la capitale de l'Empire et toutes ces choses-là. Mais vous pensez que je pourrais y faire de mauvaises rencontres ? Parce que bon, je n'ai rien à offrir à des brigands. J'ai presque pas d'argent et je sais rien faire de mes dix doigts, à part cultiver des rizières. On pourra pas me vouloir du mal, hein ?"

Il trahissait à demi-mots les angoisses sourdes qui l'assaillaient depuis la récitation du poème. La crainte d'être pris pour cible par toutes sortes de malfrats aux intentions obscures. La crainte que ses cuisses de grenouille finissent frites sur la table d'un noble aux moeurs étranges.

Minamoto Yoichi
Sur la route d'Homura [Minamoto Yoichi] EmptyVen 26 Jan - 18:26

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Message Sujet: Re: Sur la route d'Homura [Minamoto Yoichi]

La performance du jouvenceau ne laissa pas l’audience indifférente, les applaudissements solennels reflétaient la réaction des clients qui, accoutumés aux chansons des artistes vagabonds, ont vu leurs goûts s’affiner au fil des jours. Il ne fallait donc guère s’attendre de leur part à un véritable engouement. D’une certaine manière, ils respectaient l’effort du bellâtre chansonnant, jouant sur le thème du voyage retour, faisant écho aux précédents vers du maître des mots qui le regardait d’un air bienveillant. Un sourire se dessinait sur son visage rayonnant d’une complicité juvénile, bien conscient de ce qu’il venait d’imposer à son camarade étranger, il s’amusait intérieurement de l’avoir placé dans cette situation, mais n’en appréciait pas moins l’étendue de son verbe et l’inspiration dont il fit montre à l’instant. Car si les mots manquaient souvent, le signifié s’exprimait au-delà du signifiant, l’émotion pétillait au travers du regard et de la passion qui pulsait dans les gestes naturels décrits par l’aventurier natif du Feu. Ce dernier se montrait curieux quant aux routes menant au village shogunal, tant et si bien qu’il insista auprès de son interlocuteur pour en connaître davantage sur les “mauvaises rencontres” qu’il pût y faire. Des rencontres, il en fit, mais pouvait-il les qualifier de mauvaises quand chacune d’entre elles furent édifiantes à leur manière. Une fenêtre sur la condition humaine, la vision de l’autre, les semblances et altérités des âmes errantes convergeant sur les sentiers du destin.

Des personnalités intrigantes, excentriques et stupéfiantes. Un guerrier avec des valeurs nobles cherchant à réformer son clan, un maître guérisseur d’une tribu autochtone aspirant à aider les petites gens, un fanatique mystérieux à la verve prosélyte  ou encore une aventurière au naturel indomptable assoiffée de liberté. Autant de personnages colorés ayant marqué son séjour derrière les murs d’une cité impériale, capitale du pouvoir et irradiant de prospérité. Il fut témoin des aspérités du tissu humain qui composait la peuplade locale, les franges populaires marginalisées, la classe nobiliaire dans toute sa splendeur. Intercalé entre les forces en présence, il s’était intéressé à l’histoire et au patrimoine qui solidifier l’assise de cette puissance dominant le Yuusei, les clans de guerriers conféraient ses lettres de noblesse à la grande Homura. Yoichi réalisait aux paroles de son interlocuteur qu’il avait face à lui un travailleur de la terre, et plus spécifiquement, des rizières. Un profil qui n’était pas sans susciter chez lui une certaine forme d’identification puisqu’il était lui-même un roturier, quoiqu’il n’avait eu le loisir de cultiver quoi que ce soit, tant son pays était ravagé par un blizzard infernal et un sol infécond. Le plaisir d’ensemencer ses champs, de porter à ses mains écorchées le fruit du labeur quotidien, contempler le vaste horizon de granulés brillant sous les lueurs du soleil levant. A la question du laboureur des champs il répondit naturellement:

Vous savez, moi je ne crois pas qu’il y ait de bonne ou de mauvaise rencontre.

Il se lança alors dans une longue tirade, une apologie de la vie et ses rencontres, tantôt heureuses, tantôt moins. C’était dans cette balance aléatoire que résidait l’essence de l’existence humaine:  

Moi, si je devais résumer ma vie aujourd’hui avec vous, je dirais que c’est d’abord des rencontres. Des gens qui m’ont tendu la main, peut-être à un moment où je ne pouvais pas, où j’étais seul chez moi. Et c’était assez curieux de se dire que les hasards, les rencontres forgent une destinée. Parce que quand on a le goût de la chose, quand on a le goût de la chose bien faite, le beau geste, parfois on ne trouve pas l’interlocuteur en face je dirais, le miroir qui vous aide à avancer. Alors ça n’est pas mon cas, comme je disais là, puisque moi au contraire, j’ai pu; et je dis merci à la vie, je lui dis merci, je chante la vie, je danse la vie… je ne suis qu’amour! Et finalement, quand des gens me disent “Mais comment fais-tu pour avoir cette humanité?”, je leur réponds très simplement que c’est ce goût de l’amour, ce goût donc qui m’a poussé aujourd’hui à entreprendre une construction mécanique… mais demain qui sait? Peut-être simplement à me mettre au service de la communauté, à faire le don, le don de soi.



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