SPIRIT OF SHINOBI

embrace your power




  1. ANNONCES

    22.04.24 patch Le Patch .02 est disponible !

    01.02.24 patch Le Patch .01 est disponible !

    20.12.23 nouveautés La news de fin d'année est sortie, affublée de nombreux changements et nouveautés, notamment dans les mises à jour de topics, de contextes, ainsi que d'un bottin des PnJs apparus en narrations afin de faciliter leur suivi !

    31.10.23 nouveautés La news d'octobre est sortie et le forum se dote, à l'occasion d'Halloween, d'un bestiaire de yokai dédié aux joueurs ainsi que d'une nouvelle bannière ! Kumo obient également un nouveau Ninjutsu Spécial, les reliques mystiques.

    24.10.23 changement Le forum passe officiellement à l'été 83. De nouvelles trames sont apparues pour chaque faction !

    18.07.23 update Les doubles-comptes sont désormais ouverts à toutes les factions et nous mettons en place les rangs intermédiaire pour donner plus de visibilité sur l'avancée du personnage ! La faction de Kiri récupère également un bonus XP à la présentation.

    04.07.23 update Les doubles-comptes sont désormais fermés pour la faction de Kumo qui a retrouvé sa pleine attractivité : ils demeurent toutefois ouverts à Kiri ! Nous retirons également les bonus XP associés, puisque l'activité atteinte nous convient.

    01.07.23 update Le forum dispose désormais d'un thème sombre ! Reportez-vous au petit curseur sur votre droite pour changer de l'un à l'autre.

    24.06.23 NEWS ! La news de juin est sortie ! Au programme ; des précisions et changements sur notre philosophie, la faction des Errants et les paliers de progression.

    23.06.23 changement Le forum passe officiellement l'an 83 (printemps). De nouveaux enjeux sont apparus sur les contextes de chaque faction !

    Été 83

    Cent huit ans avant notre ère, le chakra courut sur le monde comme une traînée de poudre. Venu de nulle part et de partout à la fois, il étreignit les hommes et anima leurs corps comme ceux des nouveau-nés dès leur premier souffle. Tel un raz-de-marée changeant le monde, son énergie leur offrit les prémices de ce qu’ils nommeraient « pouvoir », bien des années plus tard.

    Celui de dépasser les limites que la nature leur avait jusque-là imposées. De donner vie et corps à leurs ambitions les plus folles comme à leurs vices les plus abjects.

    Leurs chairs avaient été bénies de la grâce de l’alizée et de la force des typhons : leurs coups étaient plus précis, leurs organismes plus vigoureux. Un simple bond les menait jusqu’aux cimes des arbres majestueux du désormais Pays du Bois. Leurs pas les guidaient sans peine à travers les monts qui édifièrent bien plus tard les frontières de l’actuel Pays des Montagnes.

    Alors, ils embrassèrent cette nouveauté comme chaque bien de l’Humanité : avec le profond désir de la dompter jusqu’au moindre détail, de faire cette énergie sienne avant tant d’autres. Il leur fallut des décennies pour maîtriser ce que le plus simple shinobi peut accomplir aujourd’hui – mais ils y parvinrent, en demeurant dans la profonde ignorance de l’origine du chakra.

    Et ils comprirent. À quel point il pouvait receler la puissance de faire de l’imagination une réalité ; à quel point ils pouvaient dompter les leurs par la force et fonder les dynasties qui gouvernèrent le monde des années durant.

    Lire la suite


    XP

    Homura

    personnages


    Kiri

    personnages, +30 XP


    Kumo

    personnages, +15 XP


    Errants

    personnages


  2. Image decoration
    shogunat printemps 83
    Contexte d'Homura
    Régie par la noblesse, la richesse et par un grand sens de l'honneur et de la droiture, Homura se distingue ni plus ni moins des autres villages par son caractère guerrier à la limite du comportement militaire. Les shinobis qui sont formés pour devenir des shinobis d'Homura sont, dès leur plus jeune âge ou dès l'entrée dans la formation, forcés de respecter ce code d'honneur. Il est précisé que quiconque y dérogerait se verrait sanctionné de différentes façons... des travaux d'intérêt publique à l'emprisonnement et du bannissement des terres d'Homura à la pure et simple mise à mort.

    ❈ Tout shinobi doit être capable de se sacrifier pour la cause Homura-jin.

    ❈ Tout shinobi doit être capable de donner sa vie pour ses camarades, particulièrement s'ils sont plus jeunes ou s'ils sont moins expérimentés. De la même manière, il doit un incontestable respect à ces derniers.

    ❈ Tout shinobi doit être capable de se sacrifier pour les civils.

    ❈ Tout shinobi doit être capable de réussir une mission primordiale même si cela signifie abandonner ou laisser mourir ses camarades.

    ❈ Tout shinobi doit être capable de dissimuler ses sentiments personnels ; pire que cela, il se doit de les ignorer et de les faire passer au second plan.

    ❈ Tout shinobi doit une indiscutable fidélité à sa faction. Toute information dissimulée, cachée volontairement ou toute trahison quelconque sera sévèrement sanctionnée.

    ❈ Tout shinobi doit se dévouer à son entraînement et au perfectionnement de son corps et de son esprit. Il doit respect aux siens et aux autres, tolérance aux différences, empathie aux plus faibles et rigueur dans ses efforts personnels (qui doivent être constants et variés).

    ❈ Tout shinobi doit un indiscutable respect à ses supérieurs hiérarchiques et doit obéir au doigt et à l'oeil à leurs ordres. Toute insubordination sera sévèrement sanctionnée.
    Image Personnage

    FUJIWARA SENCHI Portant sur ses épaules l'ensemble du clan Fujiwara, Senchi est un guerrier hors pair dont le jeune âge, la force d'esprit, la droiture, la témérité et les compétences l'ont rendu capable de se hisser au sommet. Un lien particulier mais inconnu le lie à Iwao, la Shogun, sans que personne ne sache trop quoi en penser. Certains le suspecteraient même d'être à l'origine de la mort de son père, bien que rien ne l'incrimine.

    Image Personnage

    HYÛGA EIMEI Figure représentante du clan Hyûga, devenu chef en l'an 68, Eimei incarne toute la fierté des siens. Droit, noble, charismatique tout en restant sobre, il semble en savoir plus qu'il ne le devrait. Il est à l'origine de l'ensemble des mouvements du clan Hyûga, car rares sont les membres de son clan osant défier ses ordres ou agir sans son aval. Il fait parti de la branche principale.

    Image Personnage

    NARA KUENAI Etant à la tête du clan Nara, Kuenai est extrêmement perspicace et dispose d'une intuition impressionnante. Très soucieuse des maux qui pèsent sur Homura, elle est parfaitement lucide vis-à-vis du comportement des siens comme de celui des autres clans et s'organise toujours dans l'ombre afin de limiter les dégâts. Certains la suspectent d'avoir assassiné Fujiwara Oda, et de nombreuses preuves mèneraient à penser qu'elle est coupable. Etrangement, elle rejette l'entière culpabilité sur Fujiwara Senchi.

    Enjeu n°1 :

    COOPÉRER AVEC KIRI ET KUMO

    65%

    Enjeu n°2 :

    CONNAÎTRE SES ENNEMIS

    10%

    Enjeu n°3 :

    VERS LES PROFONDEURS INCONNUES

    100%

    Derniers RP

    Retour au temple souterrain

    À l'été 83, un shinobi d'Homura se rend au sein du temple souterrain découvert lors de l'attaque d'Oto sur Homura, en périphérie du Shogunat. Ses découvertes mènent le lieu à son scellement complet par le clan Uzumaki, ainsi qu'à l'amnésie du genin.

    Le massacre du boucher

    À l'été 83, 90 civils sont assassinés dans la bourgade de Rindо̄ par un homme se faisant appeler « le Boucher ».
    Au terme d'un combat qui se révéla être une victoire pour l'escouade envoyée par Homura, il fut assassiné par Yamamoto Janome au moment où il s'apprêtait à leur révéler les plans de l'Alliance.
    À sa mort, le pouvoir des fils noirs, le Jiongu, réapparu à travers le monde.

    Évènement

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    Culture & religion

    → La chasse 春・狩猟期 – printemps
    → Festival de la Lune Rouge 夏・赤月の祭り – été
    → Virée aux morts 秋・死者への旅行 – automne
    → Nouvel an guerrier 冬・戦士新年 – hiver

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  3. Image decoration
    kirigakure printemps 83
    Contexte de Kiri
    S'il y a bien un lieu dans lequel la mort peut survenir à tout moment, c'est bien au sein du Village Caché de la Brume. Depuis des années, afin de lutter contre le retard qu'eut prit le pays par rapport aux autres factions, les autorités de l'Eau se décidèrent à mettre au point une philosophie qui leur permettrait de rattraper l'avancement des autres factions. C'est notamment au travers de l'assassinat que ces derniers trouvèrent leur réponse et ainsi furent éduquées les jeunes pousses destinées à devenir les futurs shinobis de Kiri. A un style sanglant et sanguinaire, loin de toute valeur humaine.

    ▒ Chaque Shinobi doit être capable de mourir pour la Brume et pour ses habitants.

    ▒ Chaque Shinobi doit capable d'abandonner, de laisser mourir voire de tuer ses camarades si cela leur permet la réussite d'une mission primordiale.

    ▒ Chaque Shinobi ne dispose d'aucun sentiment personnel : ils doivent agir sous les ordres de la hiérarchie.

    ▒ L'entraînement de chaque shinobi doit être rigoureux et il doit toujours être au service de l'identité de la Brume.

    ▒ Chaque Shinobi doit servitude et obéissance à la hiérarchie, tout manquement sera vu comme insubordination.

    ▒ Chaque Shinobi doit tuer tous les adversaires qui se dresseront sur le chemin de Kiri.

    ▒ La Brume est l'alliée de Kiri, nul ne doit la remettre en question.
    Image Personnage

    YUKI ZENRYŌ Yuki Zenryо̄, autrefois jeune membre du clan dont tous reconnaissaient le potentiel, devint chef de clan à la mort de Yuki Saburô en l'an 75. Très proche de la Mizukage, il lui assure son soutien inconditionnel et celui de son clan.

    Image Personnage

    KAGUYA TAOSU Cheffe du clan Kaguya, Taosu est connue comme étant une guerrière redoutable et particulièrement avide de sang et de trippes. Supportant avec fidélité l'identité de ce clan depuis des décennies, elle est, malgré son apparence, extrêmement hostile, sournoise et meurtrière, si bien qu'elle est redoutée dans son clan entier. Elle éprouve une très forte rancœur envers Oboroge, la Mizukage, car sa simple présence a fait diminuer de manière importante son quota d'assassinats par jour.

    Image Personnage

    SEIDŌ IMIFUMEI Personnalité émérite parmi les sabreurs, tout le monde au sein de Kiri connait Imifumei. Combattant redoutable maîtrisant Sо̄kо̄jikan, le Sabre du Temps, l'ensemble de Kiri le voit comme un shinobi imbattable. Il est vénéré de tous, car tous le connaissent comme un homme héroïque, portant de grandes valeurs d'espoir, de courage et de persévérance auprès des plus faibles.

    Enjeu n°1 :

    SE RENSEIGNER À L'INTERNATIONAL

    20%

    Enjeu n°2 :

    LE MYSTÈRE D'ARASHI

    0%

    Enjeu n°3 :

    LES ORIGINES DE LA BRUME SANGLANTE

    30%

    Derniers RP

    La lutte contre le yokai originel, groupe 1 et groupe 2

    Une escouade menée par Kaguya Bankichi permis à la Brume de repérer la trace de Shinchū et, au terme d'un affrontement difficile, de l'éliminer en le prenant par surprise. L'ensemble de l'escouade fut frappée par une marque maudite mystérieuse lors de son ultime râle.

    Enjeu : les origines de la Brume Sanglante & La Brume du Seigneur

    TBA

    Évènement

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    Culture & religion

    → Soutien aux cultures 春・米農業のサポート – printemps
    → Grande marée 夏・大潮 – été
    → Parade de sang 秋・血液示威運動 – automne
    → Hymne à la Brume 冬・霧に賛美歌 – hiver

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  4. Image decoration
    kumogakure printemps 83
    Contexte de Kumo
    Parmi les lieux les plus malsains et insidieux du Yuusei, Kumo s'y érige en maître. Faussement uni, le village est peuplé de shinobis qui ne souhaitent qu'agir pour leurs intérêts propres ou pour ceux des personnes pour lesquelles elles travaillent. Etrangement, cela est parfaitement assumé par tout le monde et ainsi sont éduqués les shinobis. En plus de cet état d'esprit, rédigé par le Daimyo en personne, Kumo dispose d'un Code de Renseignements que tout le monde doit consciencieusement respecter sous peine d'être sanctionné par le dernier. Evidemment, la crainte de ce dernier incite et invite tout le monde à les appliquer sans broncher.

    ζ Chaque Shinobi doit être capable de mourir pour son Daimyo.

    ζ Chaque Shinobi ne peut discuter des ordres de la hiérarchie. Aussi, tout manquement aux ordres du Daimyo est passible d'une peine de mort.

    ζ Chaque Shinobi doit être capable d'accomplir toute mission, même si cela lui impose des sacrifices insurmontables.

    ζ Chaque Shinobi doit s'entraîner en vue de récupérer toujours plus d'informations, et afin d'être toujours plus discret.

    ζ Toute information récoltée doit revenir au Daimyo sans aucune exception.

    ζ Toute personne surprise en train de comploter contre le Daimyo sera soumise à la peine de mort.
    Image Personnage

    SHIRATSUCHI BAKU'EN Baku'en est, en plus d'être le chef du clan Shiratsuchi, l'homme qui les a relevé de leur condition de "parfaits petits soldats obéissants". Désireux de liberté et de justice, il est animé par une grande hostilité qu'il parvient à maintenir discrète pour restaurer l'honneur de son clan, qu'il estime bafoué depuis des décennies. Secrètement, il rêve de pouvoir mener une rébellion contre Koriki Tomio, au risque que cela mène à l'extermination des siens.

    Image Personnage

    ABURAME YOKOSHIMA Fourbe, manipulatrice et très protectrice vis-à-vis des siens, Yokoshima est la cheffe du clan Aburame. Soupçonnée – sans preuves concrètes – par plusieurs personnalités d'avoir son nez fourré dans toutes les affaires, elle est autant admirée que crainte. En plus d'être une des rares personnes du clan Aburame à maîtriser les Rinkaichû, des rumeurs courent selon lesquelles elle serait à même d'agir efficacement, n'importe quand et dans tous les recoins du village.

    Image Personnage

    INUZUKA GETSUMEN — DÉCÉDÉ Fier et orgueilleux, à l'image des siens, Getsumen était le chef du clan Inuzuka. Reconnu pour sa ténacité au combat et pour sa témérité, il faisait partie des personnalités les plus attendues au poste de Shodaime Raikage. Il ne cachait pas sa profonde hostilité envers les dirigeants de son village, ce qui étrangement ne lui est jamais retombé dessus.

    Enjeu n°1 :

    COLLABORER AVEC HOMURA ET KIRI

    50%

    Enjeu n°2 :

    ESPIONNER LES PUISSANCES DU MONDE

    50%

    Enjeu n°3 :

    DESSEIN DE CONTRE-ATTAQUE

    0%

    Enjeu n°4 :

    SUITE DE L'AMULETTE

    20%

    Derniers RP

    L'histoire se répète : tour du raikage

    À l'été 83, l'Alliance, menée par un Yamanaka inconnu, tenta de récupérer le Shodaime Raikage. Ils y parvinrent, mais ne purent le ramener en vie - Getsumen fut tué, alors inconscient, par un shinobi nommé Sumashâ.

    L'histoire se répète : domaine aburame

    Une attaque d'un Yokai dans le Domaine Aburame décima une partie du clan. Un kumojin et deux errants présents sur place, parvinrent à endiguer la menace et à en venir à bout, en le tuant avec une la dague d'annihilation des Aburame.

    L'histoire se répète : domaine shiratsuchi

    Un shinobi de l'Alliance maîtrisant un art shinobi inconnu s'apparentant à l'orage attaqua le Domaine Shiratsuchi pour tenter de capturer l'un des membres du clan.
    Celui-ci fut tué par un Shiratsuchi ayant libéré le pouvoir de la première pièce d'une arme mythique, retrouvée plus tôt dans l'année par les forces de Kumo. Sa libération généra une explosion titanesque qui ne laissa aucun survivant.
    À la mort de l'homme inconnu, le pouvoir de l'orage, le Ranton, réapparu à travers le monde.

    Évènement

    À l'hiver 82, l'élection du Shodaime Raikage fit rage. Nommé presque unanimement, Inuzuka Getsumen prit le pouvoir et profita de son ascension pour tenter de mener un coup d'état contre le Daimyo, Koriki Tomio.
    Lui reprochant une cruauté sans nom qui punit, asservit et torture les innocents, une grande guerre civile éclata et le peuple Kumojin fut déchiré par l'affrontement des deux forces, alors que le Seigneur lui-même était présent.

    Culture & religion

    → Grande collecte 春・大採取 – printemps
    → Célébration d'Antan 夏・昨年のお祝い – été
    → Cérémonie des chandelles 秋・キャンドルの式 – automne
    → Jeux d'hiver 冬・冬季ゲーム – hiver

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Aux portes d'Homura [Ryokyaku Shinjirō]

Kawazu Ubu
Aux portes d'Homura [Ryokyaku Shinjirō] EmptySam 9 Déc - 22:56

Expérience : 268
Messages : 52

Aux portes d'Homura [Ryokyaku Shinjirō] Empty
Kawazu UbuErrant 流離 de rang C+

Message Sujet: Aux portes d'Homura [Ryokyaku Shinjirō]

Il y avait aux abords d'Homura une foule d'êtres curieux. On ne les voyait pas, même depuis les chemins de ronde au sommet des remparts de la capitale impériale, car ils pullulaient dans l'ombre des forêts. Pourtant, ils étaient bien là. Et il semblait que ces créatures - car il était difficile de les désigner par un autre terme, tant elles étaient hétérogènes - ne pouvaient être définies autrement que par des négations. Leur principal trait était qu'elles n'appartenaient pas à la ville : elles restaient hors de ses murailles, exclues physiquement de cet espace duquel elles ne pouvaient pourtant détacher leur regard, car elles continuaient de grouiller dans son orbite. Ensuite, elles étaient également exclues de la société urbaine. Elles étaient des parias, des entités que l'on avait repoussées hors des murs, ou que l'on n'avait simplement jamais acceptées dans leur enceinte. Enfin, elles n'étaient, pour la plupart, pas d'une nature commune.

On trouvait en effet de tout dans cette foule étrange. Des humains, d'abord. Ceux que l'on chassait vite des villes, car leur présence était trop nauséabonde ou trop néfaste pour leurs rues. Il y avait donc là tout un peuple de mendiants, qui parvenaient à se glisser à travers les murailles, au petit jour, glanaient leur pitance puis retournaient à l'ombre de la forêt le soir. On racontait parfois que leurs feux de joie allumaient des ombres terribles, projetées dans le ciel étoilé comme des silhouettes spectrales. Ces gens-là n'étaient certainement pas les plus beaux. Ils puaient, étaient bourrés de poux et de puces et leurs manières auraient fait chuter l'Empereur lui-même de son trône. Pourtant, ils n'étaient pas les plus malheureux des êtres. Ils avaient leur routine, parvenaient tant bien que mal à manger à leur faim. Même, ceux qui les prenaient assez en pitié pour les nourrir éprouvaient un certain réconfort à cette aide gratuite, comme un pansement d'âme.

À côté des mendiants vivaient les véritables parias, ceux que l'on chassait et que l'on refusait obstinément de laisser rentrer parce qu'ils apportaient le mauvais oeil, ou parce que leur seule existence constituait une tache sur la surface du monde. Ce statut, ils le devaient à d'anciennes croyances, que l'on retrouve dans tous les pays et toutes les ères. Ils n'avaient rien fait d'autre pour le mériter que de naître du mauvais ventre. Trop peu disciplinés pour s'organiser en véritable communauté, ils se contentaient d'errer, plantant parfois quelque graine de campement de fortune au milieu des troncs. Ces installations ne duraient guère, balayées par la première averse ou simplement réduites à rien par les habitants de la forêt. Les intouchables déambulaient alors, sans but, creux comme des carcasses. Mais jamais ils n'arrivaient à s'extraire de l'attraction de la ville. Et leur vie misérable était finalement cueillie par la maladie, la faim, l'âge ou bien…

Les Yokai qui habitaient les abords d'Homura étaient redoutés par les voyageurs. Certains avaient un esprit malin et ne répugnaient pas à soulager les infortunés qui croisaient leur route de leur fardeau, fût-il composé de marchandises, d'espèces sonnantes et trébuchantes ou de vivres au fumet délicat. On craignait de les voir apparaître aux abords du chemin et ce n'était généralement que devant les gardes des portes que l'on pouvait respirer. C'était, en quelque sorte, la dernière épreuve à surmonter avant de pouvoir prétendre mettre les pieds dans l'enceinte de la capitale impériale. La situation, présentée en ces termes, laisserait croire que les mauvaises rencontres avec ces démons étaient fréquentes : en vérité, elles étaient plus rares qu'on ne le croyait et si beaucoup de voyageurs racontaient qu'ils s'étaient faits brigander par des Yokai, c'était parce qu'une majorité d'entre eux affabulait, trop honteux d'avoir cédé sans lutter leur cargaison à des brigands bien humains. Tous les esprits de la forêt n'étaient, d'ailleurs, pas mauvais : il y en avait également qui adoptaient, à l'égard des hommes, une attitude toute bienveillante, voire altruiste. Il était toutefois difficile de les distinguer de ceux qui feignaient la gentillesse pour mieux planter leurs crocs dans la nuque offerte. Et puis enfin, il y avait ceux qui restaient parfaitement indifférents aux destinées humaines et qui ne les remarquaient même pas, lesdits hommes passassent-ils sous leur nez - ou son équivalent.

De tout cela, Ubu n'avait entendu que des échos assez lointains, et franchement romancés pour la plupart. Tout candide qu'il était, cependant, il s'était gorgé de ces récits comme une éponge se gorge d'eau. Aussi, en approchant de la capitale sentait-il ses jambes trembler et son estomac se nouer. Il pensait qu'il allait à sa mort, véritablement, et qu'il ne verrait jamais les portes d'Homura. Il se demandait simplement qui aurait sa peau : les mendiants, les intouchables ou les Yokai ? On lui avait tellement bourré le crâne de sottises qu'il avait jugé bon de se munir de talismans pour repousser chacun de ces groupes. Contre les premiers, il avait mélangé la moitié de ses pièces à des cailloux récoltés sur les sentiers, de façon à garnir sa bourse le plus possible. Il comptait la jeter à la figure des quémandeurs avant même qu'ils aient pu le stopper. Contre les deuxièmes, il avait prévu d'utiliser son long bâton - sa seule arme - pour maintenir une bonne distance entre eux et lui. S'il en avait la possibilité, il essaierait également de les effrayer avec du feu - un gros marchand lui avait dit que ces choses-là craignaient la lumière, mais surtout la chaleur d'une flamme bien entretenue. Enfin, contre les derniers il s'était muni d'une bonne réserve de sel, qu'il gardait dans une sorte de tabatière attachée à sa ceinture. Il était en effet de notoriété commune que les mauvais esprits, à l'image des mauvaises soupes, détestaient être assaisonnés.

Le jour était plein, pourtant une certaine pénombre régnait-elle en maîtresse sur la route. La canopée était dense. Les rayons qui parvenaient à la traverser se trouvaient considérablement diminués. La chaleur y était également bien plus tolérable qu'à découvert. On était aux premiers jours de l'été, pourtant le soleil cognait-il déjà comme au plus fort de la saison. Ubu avait marché toute la matinée durant. Il était en sueur. Il avait bien fait une halte pour bivouaquer, mais son angoisse était telle de croiser des dangers à l'approche d'Homura qu'il n'avait pu avaler son repas. À présent, son ventre protestait bruyamment. Il était toutefois hors de question de faire halte ici. C'eût été s'exposer bien trop à l'ennemi au coeur même de sa tanière.

Il n'avait plus croisé d'autres voyageurs depuis le matin. Cela lui semblait particulièrement étrange. Il s'était attendu à ce que la route vers la capitale regorge de caravanes et de convois, surtout si près des murailles. Où étaient donc passés les gens ? Etait-il déjà plongé dans l'illusion de quelque esprit sournois ? Il ignorait, bien sûr, que le chemin qu'il avait emprunté n'était pas la route principale. Mal guidé par un conseiller un peu trop ivre, il s'était engagé sur un sentier qui, s'il était parfaitement praticable, faisait cependant une coudée qui rallongeait nettement le trajet, par rapport à la grand-route.

Tous ses sens étaient en éveil. Le moindre craquement de branche qui n'émanait pas de ses propres semelles le faisait sursauter. Son coeur ne cessait de bondir dans sa pauvre poitrine. Plusieurs fois il laissa échapper des métamorphoses, comme on laisse échapper un hoquet, simplement parce qu'un corbeau avait cru bon de croasser. La sueur qui coulait le long de son dos n'était plus seulement celle de l'effort : c'était aussi la goutte glacée des terreurs profondes. Il serrait les dents, continuait d'avancer. Mais une de ses mains était déjà posée sur sa bourse, tandis que l'autre serrait fermement son bâton.

Soudain, il entendit nettement des bruits de pas derrière lui. Il réagit alors avec une vivacité de véritable guerrier. Il fit volte-face et hurla, à l'égard de celui qui ne pouvait être que son agresseur :

"Prends tout et laisse ma vie, esprit néfaste !"

Les ennemis s'étaient mélangés dans son esprit pour ne plus former qu'une seule ombre menaçante. Sans doute fût-ce pour cela qu'il commença par jeter sa bourse chargée de cailloux droit vers la silhouette inconnue, avant de projeter un nuage de sel et de prendre ses jambes à son cou, en braillant pour se donner du courage.

Il trébucha sur une racine noueuse qui dépassait du sol. Catastrophe. L'humus amortit sa chute, mais il était perdu à présent : il était certain que le prédateur, quel qu'il fût, allait le rattraper. Les larmes jaillirent alors de ses yeux et avec elles il laissait échapper tout un gros chagrin de jeune homme qui n'a pas encore tout à fait quitté l'enfance et dont le monde a, pourtant, décidé de faire un adulte. Il se recroquevilla, serrant toujours son bâton contre lui. Ainsi ramassé, il attendit la mort, qui ne manquerait pas de venir le cueillir.

Ryokyaku Shinjirō
Aux portes d'Homura [Ryokyaku Shinjirō] EmptyDim 10 Déc - 18:41

Expérience : 1027
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Ryokyaku ShinjirōGenin 下忍 de rang B

Message Sujet: Re: Aux portes d'Homura [Ryokyaku Shinjirō]
La bûche sur laquelle il était assis était encore humide d'un précédent jour pluvieux. Elle reposait sur sa côte alors que son bois tassait les herbes mouillées, les quelques insectes qui avaient élu leur domicile sur son flanc n'avaient eu d'autres choix que de déménager et pour cause, pris d'un élan de fatigue qui s'expliquait par son long voyage, il venait de s'y asseoir et de jouer avec sa mobilité. Ses pieds le faisaient balancer sur son roulis, son mouvement freiné par les reliefs de la terre ne pouvait être ample mais cela lui suffisait bien : il n'y avait pas plus sot que de continuer à s'agiter lorsque ses inspirations se tournaient vers un moment de détente. Il souffla lentement cet air déjà chauffé par le soleil du Pays du Feu. Les rayons lui éclaircissaient tout juste les mains ainsi que quelques infimes et diverses parties de son corps ; les feuilles qui dominaient sa position filtraient autant qu'elles le pouvaient la chaleur et la luminosité déjà bien présentes dans l'atmosphère.

Au bout de son bras tendu, un ustensile en bois tournoyait lentement dans une marmite de fortune. Le feu qu'il avait allumé en frottant intensément deux bouts de branches sèches crépitait tout juste sous le bois du support dans lequel il cuisait quelques bouts de viande. Récupérées il y avait de cela peu de temps, sur le corps d'une faune qu'il chassait de ses armes pour survivre, les quelques pièces découpées par ses quelques outils baignaient dans un jus naturel qui provenait de plantes écrasées qu'il savait comestible. Alors, concevant son bouillon chaud qui ferait perler son front de quelques notes de chaleur supplémentaires lorsqu'il l'aurait ingéré, il zieuta timidement et sobrement les alentours comme pour s'assurer que personne ne le suivait.

En fuyant la guerre, bien qu'il soit maintenant loin de ses terres natales, il avait développé une crainte bercée par un soupçon de paranoïa. Etouffant son esprit dans une étreinte étriquée, il revoyait les corps tombés ensanglantés, parfois encore plantés par les épées, par les shurikens ou par les kunais des guerriers de Tetsu. Il revoyait les troupes débarquer en masse, en grand nombre, arborant fièrement sur leurs lèvres un sourire qui soulignait toute leur assurance. Comme s'ils savaient qu'aucun rival ne serait digne de leur nom. Leur tenue spécifique qui rappelait le froid de leur pays, leur stature et l'aisance qu'ils dévoilaient devant les âmes terrorisées du Son n'avaient d'humain que l'apparence. A ce moment là, il n'avait vu qu'une horde de démons corrompus par les plus sombres des déviances, cajolés dans les mêmes mains putrides qui leur avait ordonné de mener cette nouvelle attaque.

Puis alors qu'il était loin de tout, il se revoyait. Seul, sans nouvelles de qui que ce soit, caressé par la froideur du mur sur lequel il était adossé. Il revoyait ses prunelles se mêler à l'infini que les séparaient de son plafond, il repensait à ses songes qui, à ce moment là, s'étaient résignés au concept même de survie. Il se revoyait, planté face au gris de son habitat, faisant tourner en boucle dans sa tête le concept même de la vie qui surgissait sans prévenir et qui pouvait disparaître tout aussi subitement. Il se voyait déjà perdu dans l'éternité, alors que son âme survolerait encore dans un cosmos qui lui donnerait autant d'existence que de sens, ou à l'inverse, il se voyait en priver une de son corps par sa lame en l'envoyer voyager parmi les astres, loin de toute l'histoire de l'humanité.

Il revint à la surface lorsque parvint à ses narines une odeur de brûlé.

« ... Oh non ! », pesta t'il en se levant brusquement.


︵︵︵︵︵︵︵︵︵︵︵︵︵︵︵︵︵︵︵︵︵︵︵︵︵︵︵︵︵︵︵︵︵︵︵︵︵︵︵
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Le chemin qu'il avait arpenté pour continuer sa route vers Homura n'avait rien de rassurant. La lumière s'était d'autant plus tarie sous une masse de feuillages et de branchages qui se voulaient toujours plus denses. Empilées les unes sur les autres, elles laissaient totalement la place à toutes les petites bestioles qui souhaitaient s'y balader ; c'étaient d'ailleurs leurs chants et leurs mouvements audibles qui donnaient l'orchestre et les battements de la vie à ses oreilles. Sûrement était-ce d'ailleurs la seule chose qui pouvait encore le charmer. La terre se voulait plus noircie, plus ses pas progressaient sur les herbes d'un vert grisonnant car privé de clarté, plus il ressentait le doute qu'une présence externe et indésirable ne vienne menacer son chemin. Le chapeau fermement posé sur son crâne, sa posture pourtant calme était trahie par ses yeux qui virevoltaient avec vitesse et attention tout autour de lui. Ses mains, parées à dégainer son katana et/ou son Kusarigama, devenaient moites par l'inquiétude et l'humidité qui se dégageait de cette zone.

Puis ce fut lorsqu'il se demandait où est-ce qu'il se situait par rapport aux portes de la Capitale qu'il trouva une présence.

La même qui se leva angoissée, criant au ciel toute la grandeur de son effroi.

Il vit le petit sac de caillasses progresser vers lui avec mollesse et espoir tandis qu'il leva le bras pour qu'il franchisse son dessous. Ce qui était le plus gênant, c'était ce voile de sel qui agressa ses yeux... Car s'il y avait bien quelque chose de plus ennuyeux qu'une arme qui se voyait, c'était bien celle qui se divisait pour mieux régner.

« Attends...! », avança t'il sobrement.

Se passant les doigts sur les yeux comme par réflexe, alors que ses paupières luttaient contre le nombre, il le vit dans un instant de visibilité partir jusqu'à ce qu'une branche ne le coupe. C'était notamment en le fracassant contre le sol qu'il comprit que le destin était peut-être avec lui, car il n'y avait rien de plus rassurant que d'être cortégé dans un tel endroit.

« Je me suis aussi perdu ici. Vas-tu bien vers Homura ? »

Grattant ses yeux, souhaitant dans ses plus intimes prières que les derniers grains quittent ses paupières et cessent d'irriter ses orbites, il tenta de garder un contact visuel avec l'inconnu.

« Je suis en route vers la Capitale. Le lieu a l'air dangereux, traversons le ensemble. Je te protègerai même contre quelques pièces, si tu le veux. »

Loin d'être cupide, c'était plutôt face à la misère qu'il avait compris que l'argent faisait tourner le monde. Cette situation n'en était qu'une parmi tant d'autres pour tenter d'emplir un peu ses poches.


Kawazu Ubu
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Message Sujet: Re: Aux portes d'Homura [Ryokyaku Shinjirō]

Mais la mort ne vint pas. Pas de souffle glacial qui vous frôle la nuque et fauche votre vie sans effort, pas de cri menaçant, pas même de douleur intense, de plaie béante et sanguinolente, ni d'empoisonnement farouche. Avait-elle seulement été une véritable menace ? S'était-elle jamais penchée, encore, sur le corps misérable, à cet instant, d'Ubu pour considérer l'option de lui ôter la vie ? Non, point encore. Ca, le jeune homme l'ignorait, toutefois. Il se confondrait sans doute plus tard en prières et en remerciements aux divinités diverses dont les noms lui seraient soufflés par sa gratitude. Il était en effet de ces gens dont la piété ne se réveille que dans les moments de grand péril : alors seulement se souvenait-il des bienfaits de l'existence d'entités supérieures, commandant aux forces du bien, du mal, de la vie et de la mort. Il oubliait bien vite ce réconfort de la religion une fois les premiers chocs passés, et surtout une fois son petit pactole dilapidé dans l'urne de quelque temple ou dans la bourse d'un moine itinérant. Sa conscience était purgée, il pouvait retourner à sa vie sans dieux.

Tout cela serait pour plus tard. Ubu était, pour l'heure, encore recroquevillé sur le sol. Il faisait peine à voir. Les larmes continuaient de dégouliner le long de son visage et ses sanglots lui arrachaient des tremblements que la peur ne faisait rien pour arranger. Sa belle chevelure blonde, dorée comme les blés, s'était ternie en se mélangeant à la boue et aux feuilles qui tapissaient la terre de la forêt. Aussi, quand il osa lever les yeux vers cette voix qui l'avait interpellé, il avait l'air du plus misérable des garçons.

Il lui fallut un peu de temps, et quelques paroles rassurantes de l'inconnu qui l'avait abordé, pour qu'il reprenne ses esprits. Il se nettoya la figure, se débarbouilla et retrouva son calme et sa jovialité habituelle. Par pure superstition, il avait également jeté un sou par-dessus son épaule, en offrande aux divinités qui habitaient cette forêt pour leur protection : il ne connaissait pas même leur nom, mais il se rattraperait une fois entré dans Homura, où il ne manquerait pas de faire oeuvre d'une dévotion un peu plus marquée. Pour l'heure, il s'agissait surtout de conjurer le mauvais sort qui se serait immanquablement abattu sur lui s'il n'avait, dans l'instant suivant sa délivrance du mal, exprimé sa gratitude. C'eût été d'un toupet bien trop grand de la part d'un humain.

"Pardon d'avoir crié, de t'avoir jeté ma bourse et du sel…"

Il était à présent embarrassé et se rendait compte qu'il avait bien pu blesser cet inconnu. Il s'imaginait qu'il devait être doté de facultés surprenantes, toutefois, pour avoir ainsi pu résister sans trop broncher à ses assauts pourtant savamment préparés. S'il restait si insensible à des pièges prévus pour des démons et des pillards, c'est qu'il devait bien avoir quelque chose de démoniaque en lui, aussi. Cette présomption d'une force surnaturelle inclina Ubu au respect et lui fit penser qu'il avait tout intérêt à accepter la protection qu'on lui offrait, au risque de se mettre à dos un bien puissant ennemi.

"Je veux bien qu'on fasse le chemin ensemble, si tu es prêt à te battre avec moi contre…"

Il n'osait dire "les choses qui habitent la forêt", de peur de paraître stupide, ou couard. Il se contenta d'un geste maladroit, qui signifiait peu ou prou "tu sais bien, contre tout ça, quoi".

"Tu n'as qu'à garder la bourse que je t'ai jetée. Il y a quelques pièces dedans. Pardon, encore."

Il s'inclina profondément, pour appuyer ses excuses et exprimer à nouveau sa révérence. Il n'y avait rien, dans cette attitude, de la manoeuvre sournoise, du calcul prévu pour s'épargner le courroux d'une entité au pouvoir immense : il s'agissait d'une véritable soumission à un être qu'Ubu reconnaissait comme plus fort que lui, et sous la coupe duquel il entendait se placer sans délai et sans discussion. Pourquoi aurait-il cherché à lutter ? Sa facilité à plier devant la moindre force extérieure avait été imprimée dans ses veines même par le sang de ses parents, issus eux-mêmes d'une lignée d'esclaves qui se satisfaisaient d'un sort pourtant assez misérable. Il y avait là de quoi étonner, surtout des esprits ayant l'habitude du calcul et des manigances dont sont capables les hommes. La pureté d'âme d'Ubu n'était pas naturelle et sans doute pouvait-elle paraître menaçante. Autant de risques qui s'ajoutaient à celui qu'on abuse de sa naïveté.

"Viens, si on suit ce chemin on arrivera devant les portes. C'est un marchands qui me l'a indiqué."

Et il se remit en route, accompagné de cet acolyte dont il ne savait rien. Parce qu'il était d'un naturel assez extraverti, il se présenta le premier et entama la conversation sur un terrain plus propice au tissage de liens :

"Je m'appelle Ubu, au fait. Je viens d'un petit village, dans les rizières. Et toi, tu es qui ? Et tu viens d'où ?"

Les questions étaient simples, pleines de candeurs. Désarmantes, pour ainsi dire.

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Message Sujet: Re: Aux portes d'Homura [Ryokyaku Shinjirō]


Il n'y avait pas vraiment grandeur d'homme dans sa taille à proprement parler : tous ses efforts, il les mettait dans l'entretien de ce qu'il estimait être un humain juste et bon. Peut-être était-ce d'ailleurs ce qu'il définissait être l'illumination, l'apothéose d'une carrière de vie qui provenait une fois l'âme effacée après des décennies d'incarnation, le paroxysme d'une sagesse reconnue par la Balance lorsque cette dernière estimait objectivement le poids d'une existence. Car croyant, il l'était partiellement. Si ce n'était réellement une divinité qu'il vénérait, c'était toute l'énergie qu'incarnaient les auras et flux qui ne pouvaient se voir. Loin du chakra, il estimait les liens énergétiques entre les gens et par extension, il croyait bien en l'idée que ses actions et comportements, à la manière du battement d'une aile d'un papillon, pouvaient trouver leur heurt chez les vivants comme chez les morts.

Peut-être était-ce pour tout cela qu'il ne l'avait pris de pitié au point de vouloir y voir sa gorge mêlée à l'acier de son katana. Ou peut-être était-ce tout simplement car il n'était pas un meurtrier.

Un petit ricanement candide et amusé s'échappa de ses lèvres, joint d'un petit sourire divertit.

« Ne t'en fais pas. »

Aussi noblement qu'il lui avait adressé sa douce voix, sa silhouette droite se retourna sobrement jusqu'à s'accroupir pour récupérer sa bourse. Ses doigts filèrent vers le tissu qui couvait les pierres, et avec un soupçon d'intérêt mêlé avec un peu de curiosité, ils se dirigèrent vers le bout de ficelle supplémentaire qui pendouillait. L'amenant à ses oreilles, il fit jacasser le sachet au point de tenter d'en entendre ses pièces et sans qu'il n'en fut vraiment surpris, le constat pouvait être décevant...

Pour s'en assurer, il tira le bout du nœud qui permettait de le garder maladroitement fermé. Tout aussi maladroitement, l'intégralité de ce qui le composait roula avec précipitation sur la paume de sa main jusqu'à dévoiler le trésor qui lui avait été projeté au visage.

« Tout juste une centaine de ryôs... Ca suffira pour l'affront. Mais certains te raccourciraient pour moins que ça, tu sais. »

Mais ce sourire amusé qui ne quittait toujours pas ses lèvres pouvait taire ces voix dans la tête d'Ubu. Jamais n'avait-il eu la moindre intention de tailler sa nuque en julienne, comme jamais ne s'était-il le moins du monde senti offensé par son geste, il ne faisait que se gausser affectueusement de cette candeur qu'il animait.

En s'approchant, après avoir ramassé tout ce qui avait roulé au sol jusqu'à le rassembler dans la bourse, il passa à côté de lui tout aussi simplement, la lui remettant dans la paume de sa main.

« Tiens, et redresse toi. Tu ne me dois rien tant que je n'ai pas travaillé pour toi. »

Evidemment, il n'était pas de ces niais qui ne comprenaient pas d'où était né ce comportement. En venant de la guerre, en côtoyant ses dérives et en admirant d'un profond dégoût ses détournements, c'était en constatant ce qu'il y avait de plus perfide dans la race humaine qu'il comprit bien qu'un homme qui courbait l'échine était un homme déjà battu qui ne souhaitait que vivre.

Et en bon amoureux de la vie qu'il était, il ne pouvait qu'embrasser cette si noble et accessible requête qu'était le simple désir de vouloir continuer à épouser l'air pur jusqu'à le laisser insuffler la vie.

« Allons-y. »

Mais en cet instant de franc partage identitaire, il résidait cette crainte qui l'habitait s'il avait bon souvenir de ce qui avait assailli Homura il y avait peu.

« Enchanté Ubu. Je m'appelle Shinjirō, et je viens... »

...

« Je suis un nomade. Mon nom est "Ryokyaku", c'est un nom que je me suis donné seul, cela signifie "voyageur, passager". Alors je viens un peu de partout. »

Il n'avait pas vraiment menti.

« Je vais à Homura car j'ai eu des échos de leur noblesse. J'adore l'idée de dompter les vices des êtres humains. »

« Car là d'où je viens, ils sont plus bestiaux que des Seijuu, plus monstrueux que des Yokai. » Mais cela ne pouvait être dit.

« Et toi, pourquoi tu t'y rends ? Tu souhaites y loger aussi ? »


Kawazu Ubu
Aux portes d'Homura [Ryokyaku Shinjirō] EmptySam 16 Déc - 11:50

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Message Sujet: Re: Aux portes d'Homura [Ryokyaku Shinjirō]

Ubu avait fait une moue mais n'avait pas émis de commentaire au sujet des objectifs de son nouveau compagnon de route. Du reste, il n'était pas tout à fait sûr de les comprendre, d'ailleurs. Il lui avait semblé que Shinjirō aurait tout à la fois pu vouloir dire qu'il souhaitait côtoyer la noblesse d'Homura comme il aurait pu signifier que c'était en elle qu'il entendait faire la chasser aux vices. Mais après tout, quelle importance ? Ubu n'avait aucune idée de ce qu'était la noblesse. Il n'en était évidemment pas question dans son petit village natal, où tout le monde était ramené à son humble condition de paysan et où aucun sang n'avait plus de valeur qu'un autre. Ses ancêtres esclaves, peut-être, auraient su qu'il existait, dans les grandes villes et aux cours princières, des hommes dont la seule naissance suffisait à justifier de leur rang supérieur. Quelle différence y avait-il, alors, entre les nobles et les roturiers, voire les esclaves ? Ceux-ci fouillaient la terre de leurs mains et la travaillaient avec leurs muscles pour en extraire leur pitance ; ceux-là tiraient leur profit du labeur des autres. Ces conceptions appartenaient à une autre époque.

Il n'était en tout cas pas certain d'éprouver la plus grande sympathie pour Shinjirō. L'idée de chercher à "dompter" quoi que ce soit ne lui était pas agréable. Un relent d'une nature animale, connaissant les dangers du fouet ? Peut-être. Il fallait sans doute y voir, bien plutôt, une autre manifestation de sa pureté d'âme. Il n'avait jamais lui-même cherché à dompter ou à dominer quoi que ce soit. Même avec les rizières de sa famille, il ne considérait pas qu'il y avait un quelconque rapport de force de l'ordre de l'humain faisant plier la nature à son bon désir : au contraire, il y avait un judicieux échange de forces et de bienfaits entre humains et végétaux. Les premiers aidaient les seconds à croître et ceux-ci, en retour, répétaient la même action au profit des premiers. Avec ses camarades de jeu non plus, Ubu n'avait jamais cherché à établir un quelconque rapport de domination. S'il avait un certain ascendant sur la plupart d'entre eux, il le devait à ses qualités morales : à un certain âge, lorsque l'esprit est touché par la grâce de la raison, de telles vertus transparaissent dans chaque action, qui devient un véritable plaidoyer, un manifeste. Il ne le recherchait pas, n'était pas même conscient de ce phénomène.

À nouveau, il se contentait d'être.

Le sentier sur lequel ils évoluaient semblait bien plus accueillant avec un camarade à son côté. La forêt développait sa beauté mystérieuse ; mais il n'était plus question de redouter ce mystère. On avait plutôt envie de l'explorer, de dévoiler ses secrets. Il faut dire que la foule des arbres était dense et massive. Il y avait là des individus dont l'âge avancé ne faisait aucun doute, tant les troncs étaient larges et hérissés d'une multitude de branches. À quel temps oublié des hommes ces racines-là remontaient-elles ? Quels souvenirs étaient-ils enfouis dans la terre, avec elles ? Il y avait là des écorces qui avaient vu des empires se lever et tomber ; des destinées humaines se dérouler comme une pelote de laine. Et toujours, ces arbres-là avaient crû. Quelle force fragile, pourtant, que celle de la forêt. Une étincelle, une seule langue de feu, et elle partait en fumée.

"Non, je ne vais pas rester longtemps à Homura. J'y vais pour retrouver la piste de mes parents. Ils ont été enlevés dans notre village, tu sais ? Par des mercenaires. Je suis sûr que s'il y a un endroit dans le pays où je peux trouver des informations à leur sujet, c'est dans sa plus grande ville."

À nouveau, quelle candeur suintait de ces propos : pas un instant il n'était venu à l'esprit d'Ubu que révéler les motifs de son expédition était une imprudence. Au contraire, il s'imaginait que parler de ses parents au plus de gens possible était la meilleure façon d'obtenir des nouvelles d'eux. C'était d'ailleurs ce qu'il avait fait durant tout son trajet jusqu'ici : il croyait tisser une toile de renseignement, un réseau de personnes sensibles et fidèles qui ne manqueraient pas de l'informer dès l'instant où elles entendraient parler de son affaire. C'était faire beaucoup de cas du coeur des hommes et bien peu de leur distraction. C'était aussi oublier l'état d'ivresse stupide dans lequel se trouvaient certains de ses interlocuteurs lorsqu'il leur avait parlé de son projet.

"Le plus difficile, ça sera de trouver par où commencer. Il paraît qu'Homura est si grande…"

Une idée lumineuse lui vint soudain. Elle était parfaite, merveilleuse, un véritable phare dans la nuit des incertitudes :

"Oh ! Peut-être… Je n'ai qu'à aller demander aux nobles, moi aussi ! Ils voudront sans doute m'aider !"

Le voudraient-ils ? Pour un esprit comme celui d'Ubu, cela ne faisait pas l'ombre d'un doute : la noblesse ne pouvait que vouloir le bien de ceux qui grattaient la terre pour la nourrir. D'ailleurs, ils avaient un devoir de protection, qui relevait en quelque sorte du contrat social de ces temps-là. Sans doute, Shinjirō ne serait-il pas du même avis. Mais pourrait-il dire non à ce visage désormais radieux qui se tournait vers lui, les yeux brillants d'espoir et de conviction ?

Ryokyaku Shinjirō
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Message Sujet: Re: Aux portes d'Homura [Ryokyaku Shinjirō]
La candeur illuminait son visage. S'il y avait bien des teintes qu'on pouvait lui accorder, c'était bien celles qui raviraient les rayons du soleil tant elles brillaient à leur image. De ses prunelles, le Voyageur dévisageait ses traits. Ses yeux s'écarquillaient, s'amusaient, s'excitaient. On y trouvait un pêle-mêle d'ambitions radieuses qui tapissaient pourtant une histoire si sombre, comme si elles l'enveloppaient pour ne plus laisser ses ténèbres prendre davantage de place. Puis dans ses mots, il percuta la pureté avec laquelle il dessinait ses plans. Il y avait des soupçons d'innocence, des grains d'espoir, des pointes d'envie de les retrouver... mais il y avait également ce nuage de doutes et de méconnaissances qui ne lui permettait pas d'enquêter correctement.

Visiblement, Ubu sautait dans un grand vide et tentait de trouver des branches auxquelles se raccrocher. Et ce n'était malheureusement pas le Nomade qui pouvait lui accorder une quelconque information... car ce n'était pas à Oto qu'il aurait pu croiser des pistes à leur sujet.

« De quel village parles-tu ? Dans quel pays se trouve t'il ? »

Plus curieux qu'autre chose, ses réparties avaient l'honneur de faire parler plutôt que de vraiment trouver des solutions. C'était plutôt car il n'en avait pas, des solutions.

Mais plutôt que de se contenter que d'écouter, il acceptait bien de retenir tout cela. S'il n'était pas question de demeurer intrusif dans ce projet très personnel, Shinjirō était plutôt du genre à accepter de collaborer, déjà en l'honneur d'une certaine somme d'argent qui correspondrait à son investissement, mais aussi en l'honneur d'une bonté d'âme qui le laissait rembruni s'il se décidait à ignorer cette peine. Alors, il rebondit à son tour, sans trop en savoir plus sur l'identité des nobles qu'il voulait aborder car il ne connaissait pas même les clans qui régnaient sur Homura.

« Sans doute. J'ai toujours entendu dire qu'Homura était valeureuse et peuplée de clans réputés pour être bons, prospères et chaleureux. De là d'où je viens, certains y peignaient un tableau cruel, antipathique et malveillant... mais les opinions provenaient de soldats avides de guerre et de sang. Je ne suis pas sûr que leur avis vaille quelque chose. Tu devrais trouver ce qu'il te faut, j'en suis sûr. »

Leur route continuait parmi les anciennetés boisées dont les écorces tenaient depuis des années. La proximité avec laquelle les troncs se côtoyaient ne permettait pas toujours aux deux silhouettes de se déplacer avec beaucoup d'aisance. Les racines ne les aidaient pas non plus : creusant le sol dans des mouvements ondulatoires, elles déchiraient souvent la terre pour venir humecter l'air ambiant et, par la même occasion, croiser les semelles des deux Errants. Le Vagabond y manqua quelques fois de trébucher. Mais ce n'était ainsi plus les potentielles menaces de Yokai camouflés qui l'inquiétait, toute sa concentration restait dans la simple évolution vers une destination qu'ils avaient mutuellement ébauchée... Sûrement se suivaient-ils l'un l'autre, avec la possibilité que ces quelques non-dits n'en viennent à avoir raison de leur orientation.

*SQUIK*

Le bruit d'un animal provenait de l'intérieur des vêtements du Ryokyaku. Ubu put voir le haut du shinobi se déformer légèrement sous l'effet des déplacements que la bête se permettait. Puis rapidement, elle sortit de sa cachette, se dévoilant sur le tissu du brun en courant rapidement tout autour de son cou. Jusqu'à se blottir sous son menton, visiblement agrippée fermement... elle semblait inquiète.

« Qu'est-ce qu'il t'arrive, Kuru ? »

Kuru était un écureuil-volant. Compagnon de Shinjirō depuis quelques jours, alors qu'il l'eut trouvé sur son chemin d'Oto vers Homura, il n'était âgé encore que de quelques mois. L'ayant sortit d'une misère et d'un état de santé déplorable, les deux étaient devenus de jeunes compagnons évoluant humblement l'un avec l'autre, et sans grande surprise, la seule manière qu'avait Shinjirō pour lui permettre de l'accompagner durant ses nombreux voyages, c'était bien de le glisser sous ses vêtements.

Mais ce qui était embêtant, c'était qu'il tremblait comme une feuille.

En passant la paume de sa main sur son pelage d'abord, puis en déposant délicatement un doigt sur son front, l'épéiste comprit qu'il ne s'agissait pas de température ou d'une maladie quelconque. Et la main qui se glissa tout autour du pommeau de son épée laissa comprendre à Ubu qu'il y avait quelque chose qui clochait.

« Ressens-tu quelque chose, Ubu ? Il y a quelque chose qui approche. »

Mais rien ne parvint à ses sens, il n'y avait que l'inconnu, le mystère et le danger qui les entouraient jusqu'à faire germer de premiers sentiments d'inquiétude.


Kawazu Ubu
Aux portes d'Homura [Ryokyaku Shinjirō] EmptySam 23 Déc - 20:24

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Message Sujet: Re: Aux portes d'Homura [Ryokyaku Shinjirō]

L'acquiescement de Shinjirō ne fit que renforcer la détermination d'Ubu à aller trouver les nobles d'Homura dès qu'il aurait mis les pieds dans la légendaire capitale. Il n'était plus même question d'en débattre. D'ailleurs, la conversation ne tournait pas en rond et Ubu eut une autre occasion de se livrer. Il n'y manqua pas, témoignage nouveau - s'il en était besoin - de sa grande naïveté et de son ignorance totale des dangers du monde. Ses parents ne lui avaient-ils jamais appris à se méfier des inconnus ?

"Oh mon village je doute que tu le connaisses, tu sais. L'appeler village c'est même lui faire beaucoup d'honneur. On est quelques maisons autour de champs, voilà tout. En tout cas, on est dans le Pays du Feu, ça c'est certain !"

Et il se mit à rire en prononçant ces mots, tout amusé qu'il était à l'idée que l'on eût pu penser qu'il vînt d'une autre contrée. Toutes ces terres et ces mers, au-delà de Hi no Kuni, il n'en avait jamais entendu parler que dans des contes ou des mythes : c'est-à-dire que ce n'étaient encore que des choses irréelles, sans présence physique ni concrète. Du matériau pour des légendes et un bel arrière-plan pour le montage d'une odyssée. Voilà tout. Il allait sans dire que le héros de cette odyssée, il était à des lieues d'imaginer qu'il pourrait le devenir. Mais peut-être le destin avait-il d'autres projets à son égard. Peu importait, de toute façon : tout ça n'était que conjectures et spéculation sur un avenir qui demeurait, pour lors, plus qu'hypothétique.

Mais tout à coup, la joie dans laquelle s'était envolé son éclat de rire se perdit.

Shinjirō manifestait soudain une inquiétude troublante. Si la vision de son animal de compagnie devait être, en temps normal, quelque chose de tout à fait apaisant, attendrissant même, il y avait un véritable mauvais présage à voir une boule de poils gémir d'inquiétude ainsi. Ubu sentit un frisson le parcourir. Etait-ce sa propre nature partiellement animale qui le rendait si sensible à la peur de l'écureuil volant ? Ou bien fallait-il y voir seulement un autre signe de l'angoisse extrême qui l'habitait depuis qu'il avait mis les pieds dans cette forêt ? D'instinct, sa poigne se raffermit autour de son bâton. Mais dans le même temps, ses membres furent pris d'un tremblement incontrôlable. Malgré ce signe évident de terreur, il s'efforça d'étirer ses lèvres en un sourire - lui-même peu convaincant - et de se donner des airs braves en répondant aux alarmes de Shinjirō avec tout l'aplomb dont il était encore capable :

"Ah… Ah bon ? Non non, moi je… Je sens rien du tout ! Haha ! Ha… Ha…"

Pourtant, la sueur perlait déjà à son front. Cette goutte glacée, qui naissait à un creux de la peau, grossissait petit à petit et glissait, doucement d'abord, puis tombait follement dans le dos, le long de la colonne vertébrale.

Et pour cause.

Un buisson ne tarda pas à remuer, à la gauche des voyageurs. Et de ce buisson émergea bientôt une silhouette haute, imposante. Une silhouette humaine.

Aux portes d'Homura [Ryokyaku Shinjirō] 5sqa

La créature - car il était difficile de définir ce qu'ils avaient devant les yeux comme un humain ou comme un animal - s'arrêta au milieu du chemin et se tourna nonchalamment vers eux. Le danger n'était apparent : tout au plus pouvait-on croire que cette chose n'était qu'un chat aux commandes de quelque automate ingénieux dont seuls les meilleurs artisans de spectacle avaient le secret - et quelle que soit l'absurdité d'une telle pensée. Mais il émanait de la créature une aura étrange. Une bizarrerie tellement décalée qu'elle ne pouvait inspirer que la peur. Ubu en était tout retourné. Craignant que ses jambes ne l'abandonnassent, il planta son bâton dans le sol et s'appuya dessus.

Le yokai - c'était bien là la nature de cet être - déplia distraitement son éventail. Une voix émana de lui, sans que le chat ouvrît la bouche :

"Tiens ? Qu'est-ce que vous faites là, vous deux ?"

La question était banale, si banale, même, qu'Ubu ne put s'empêcher de répondre du tac-au-tac :

"Oh, on ne fait que passer monsieur.

-Monsieur ?"

Un grondement sourd résonna dans l'air. Le chat sembla se hérisser et le yokai ouvrit grand ses bras. Sa voix qui venait de partout à la fois se fit alors rugissante comme le tonnerre et il éclata :

"EST-CE QUE J'AI L'AIR D'UN MONSIEUR, À TON AVIS ?"

Oui, il ressemblait en fait foutrement à un humain. Si on faisait exception du félin posé à l'endroit où l'on aurait normalement dû trouver une tête. La réponse attendue était toutefois un "non" volontaire. Mais ce "non", Ubu était désormais incapable de le prononcer. Il avait à moitié tourné de l'oeil et s'il tenait encore debout c'était par l'opération de quelque miracle.

Ryokyaku Shinjirō
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Message Sujet: Re: Aux portes d'Homura [Ryokyaku Shinjirō]


Son index glissait sur la fourrure de Kuru. Alternant entre de brefs passages sur son front pour s'assurer qu'il n'avait pas de température et de grandes caresses de main sur son dos pour le rassurer, le Voyageur semblait montrer une plus grande inquiétude pour son petit animal que pour ce qui pouvait leur arriver. Si bien que ses iris se portaient eux aussi plus fréquemment sur la boule de poil qui gémissait doucement, il en ignorait presque les buissons qui s'agitaient à côté, annonçant pourtant la venue de quelqu'un ou de quelque chose. Mais l'animal ne faisait que de continuer à se blottir d'inquiétude contre le cou du shinobi, complètement couvert d'une paume protectrice qu'il lui adressait.

Puis, l'inconnu se dévoila. Accompagné du bruissement des feuilles qu'il écartait de son corps aux allures mystérieusement humaines, ce fut sa grande silhouette, plus grande que les deux shinobis, qui sortit des feuillages pour s'interposer sur leur chemin. Shinjirō s'arrêta net, non pas inquiet, mais plutôt curieux de ce qu'il venait de voir. Et puis, comme par habitude, il plongea l'une de ses mains dans une de ses grandes poches de sa veste dans laquelle il trouva un petit sachet en tissu. C'est notamment en l'ouvrant de doigts habiles qu'il put y récupérer un grillon visiblement décédé, qu'il déposa dans les pattes de sa petite bête.

« Rappelle toi Kuru, où est-ce que l'on se met lorsque l'on a peur ? »

En l'attrapant entre ses griffes, Kuru ingéra directement l'insecte et vint retourner dans les vêtements de ses propriétaires... dans son dos, plus exactement. A l'opposé du danger, tel qu'il lui avait appris.

Il sourit.

« C'est bien. On se met de l'autre côté du danger, derrière moi. »

Alors, une fois que l'écureuil fut installé dans le dos du Nomade, il ne restait maintenant qu'à percer le mystère de celui qui venait de les confronter. Ubu lui répondit en premier, mais en restant d'abord silencieux sur la scène tant il l'analysait avec beaucoup de difficulté, il finit par laisser volontairement un secret pour se laisser quelques occasions de comprendre.

L'inconnu leva le ton. Ses poils s'hérissaient et son regard se voulait perçant. Ses oreilles, droites et tendues, accompagnaient des pupilles rendues pointues et des moustaches tirées vers les côtés. Cela nuançait parfaitement avec sa stature d'aristocrate, car on ne pouvait lui enlever la droiture qu'il maintenait comme s'il était un homme de grande vertu.

Le temps que Shinjirō prit était presque insolent. Surtout, il n'était pas vraiment inquiet, mais ce n'était pas là un moindre soupçon d'arrogance, c'était plutôt car il n'était pas du genre à sentir une menace lorsqu'il n'était pas lui-même en intention de combattre. Après tout, comme l'avait si bien dit le jeune homme qui l'accompagnait... ils ne faisaient que passer.

Ce fut tout à fait innocemment qu'il lui répondit à son tour, alors qu'il le contournait d'un regard curieux pour mieux le défigurer.

« Mmmh... Vous en avez tout l'air. »

Sans une bribe d'animosité, le Ryokyaku continua à bouger avec intérêt, comme un enfant qui admirait les recoins d'un jouet qui le dépassait en taille.

"COMMENT ?!"
« Hé bien, vous avez tout bien l'air d'un monsieur. »

L'animal leva brusquement ses mains. Jetant au dessus de lui son éventail, il libéra de ses manches deux grandes pattes d'une taille anormale. Dignes de véritables membres inférieurs provenant d'un animal de son genre, il les tapa l'une dans l'autre avec quelques répétitions en s'écriant.

"GAAAAAAAAAAAAAARDES !"

Les yeux du brun se froncèrent. Qu'est-ce qu'il se passait ?

En récupérant l'éventail qu'il avait jeté, c'était d'innombrables chats de toutes apparences qui débarquèrent des buissons. Ce qui était étrange, c'était qu'ils étaient apparus comme s'ils n'avaient jamais existé, comme si la voix de cet aristocrate les avait invoqué du néant. Ils se dessinèrent dans l'espace, sortant d'une étrange transparence dont on ne pouvait soupçonner les coulisses, puis ils s'avancèrent devant leur invocateur, se dressant sur deux pattes pour faire opposition.

"OOOOOH MOI, CALIPSO LE TÉMÉRAIRE, CONQUÉRANT DES TERRES DU SUD, ÉPOUX DE LA BELLE CARAMELA, VAINQUEUR DES ARÈNES DU CH'TYX, DOMPTEUR DES SAINTES CRAQUINETTES ET DUC DU JARDIN DES FÉLINS, JURE N'AVOIR JAMAIS RENCONTRÉ TELS INSOLENTS !"

Il grandit, prit des centimètres, se dressa toujours plus grand. Puis il leva sa patte, celle qui avait l'épouvantail coincé entre ses coussinets, afin de menacer les deux Errants.

"ATTRAPEZ LES ! QU'ON LES DONNE À MANGER À MA BELLE !"

Ses yeux s'écarquillèrent, puis Shinjirō réagit aussi tôt. Consterné par ce qu'il venait de voir mais soucieux de ne pas avoir plus de problèmes que nécessaire, il attrapa fermement le poignet d'Ubu, courant vers la droite, fuyant les gardes du Duc qui couraient en leur direction en s'enfonçant dans la forêt.

« COURS ! »

S'ils avaient su que le Pays du Feu était peuplé de telles espèces.


Kawazu Ubu
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Message Sujet: Re: Aux portes d'Homura [Ryokyaku Shinjirō]

Ubu avait à peine eu besoin que Shinjirō le prenne par la main pour prendre ses jambes à son cou : la seule vue de cette entité démoniaque, à la frontière entre le félin domestique et l'humain, brandissant une patte démesurée dans leur direction pour désigner à ses sbires la cible de sa rage, avait suffi à mettre en action ses réflexes de survie. En un éclair, l'adrénaline afflua dans son cerveau ; ses membres se mirent à bouger tout seuls et avant qu'il pût s'en rendre compte il était déjà en train de courir à côté de Shinjirō. Jamais il n'avait ressenti une telle terreur et jamais il n'avait eu à faire face à un tel danger : sa tranquille vie de paysan ne l'avait pas préparé à des dangers tels que celui-ci et, s'il s'était bien imaginé que le voyage jusqu'à Homura - voire jusqu'à ses parents perdus - ne serait pas de tout repos, il n'avait pu qu'imaginer ce à quoi ressemblerait la peur, avec la conviction arrogante qu'il parviendrait toujours à la surmonter. Force était de constater que sa résolution était bien maigre face à la réalité des choses.

Sans avoir même besoin de se retourner, ils entendaient bien au bruissement des feuilles sur le sol et au brouhaha d'une foule de pattes que les soldats du Duc des Jardins étaient à leurs trousses. Un chat était bien mignon, d'ordinaire, mais il était aussi un prédateur doté de redoutables griffes. Avoir une foule de telles bêtes sur les talons était pour le moins angoissant. D'autant qu'il était à peu près certain que quelque chose de l'ordre du mystique se tramait là. Dans ce cas, il y avait une solution, toute trouvée. Ubu plongea la main dans son sac de sel, en prit une grosse poignée et la jeta par-dessus son épaule :

"Arrière, démons !"

Il entendit derrière lui des feulements et des miaulements de détresse, signe que son geste avait fonctionné. Ce succès, si modeste fût-il, suffit à gonfler l'esprit combattif d'Ubu : d'un coup, il se vit en héros des contes de son enfance. Il était devenu un de ces guerriers solitaires, dont les exploits naissaient au hasard des rencontres, sur les grands chemins du Yuusei. Et comme eux, il ne pouvait reculer devant le premier danger venu. Il lui fallait combattre.

Il dérapa sur les feuillages sur presque un mètre avant de s'arrêter net dans sa course folle. Puis, il fit volte-face. Il fit alors front, en solitaire, devant le murs de félins enragés dont la poignée de sel n'avait fait que redoubler la colère. Il avait saisi son bâton à deux mains, prêt à se lancer dans la bataille. Sa gorge était sèche. Jamais il n'avait tant eu peur. Savait-il seulement assez bien se battre pour repousser ces chats ? Il n'avait pas le temps de se poser vraiment cette question, ni aucune autre d'ailleurs. L'excitation du combat le prenait, avant même qu'il eût commencé à se battre.

Il était temps. Les feulements se faisaient plus proches que jamais. Il fallait se lancer dans la bataille et se faire un nom. Un nom qui résonnerait à jamais dans les jardins du duc.

"Y… YAAAAAAAAAAH !"

Le cri était venu d'instinct, sans qu'il l'eût programmé ni même pensé. Et il se lança. Si une flamme avait un instant animé son regard, elle disparut vite car il craignait pour ses yeux. Il ferma les paupières. Difficile alors de viser ses cibles : il se contenta de donner des coups furieux de son bâton, aussi amples que possible et tout autour de lui, pour être certain d'atteindre au moins un ennemi. Parfois, il sentait des résistances sur le chemin de son arme : il en déduisait qu'il faisait mouche et ce succès hypothétique ne l'encourageait qu' à balancer son long bâton, encore et toujours, pour mettre au tapis le maximum de félins. Les griffures qu'il sentait sur sa peau n'étaient pas non plus pour le décourager. Chacune d'elles occasionnait une douleur surprenante et vive, qui ne faisait qu'exciter sa combattivité.

Il se déchaîna donc ainsi, comme un beau diable aveugle, contre une foule d'adversaires invisibles, croyant forger là les premiers jalons d'une réputation héroïque.

Ryokyaku Shinjirō
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Message Sujet: Re: Aux portes d'Homura [Ryokyaku Shinjirō]


Leurs jambes filaient toutes les quatre à toute allure. Piétinant les herbes sans vergogne, levant tantôt les jambes en esquivant les racines pour éviter d'épouser le sol, le Ryokyaku ne tournait que très brièvement les yeux pendant sa course effrénée. Sa main eut à peine le temps d'effleurer le poignet du Kawazu ; semblant descendre de la même branche, les deux s'étaient vivement décidés à engager de grands pas de course à haute fréquence en tâchant de froisser l'air sans percuter ses voisins de la nature. De cette manière, les troncs qui étaient sur le chemin ne pouvaient que sentir l'appel d'air qui se créait à leur passage, tout comme les enchevêtrements de branches, feuillages, racines et fourrés qui les effleuraient, parfois étaient brisés par la vitesse de leurs pas.

Ce qui rompit cette course, c'était d'abord le jet de sel qu'Ubu avait tenté, bien que ses intentions ne soient pas tout de suite claires aux yeux de Shinjirō. Mais surtout, c'était cette fougue qui l'avait amené à se dresser contre les ennemis communs des deux Errants – qui leur couraient après avec toute l'adresse et l'agilité qui les caractérisait –, c'était cette poigne qui avait saisi le bois de son bâton avec vigueur et qui, après un bref cri de courage, dirigeait l'arme du ninja en direction des attaquants.

Le Vagabond s'arrêta net, laissant le blond en première ligne. Avec un sourire curieux, il dévisagea avec beaucoup d'intérêt sa posture nouvelle. Lui qui s'était longuement entraîné et renseigné sur l’art au katana, il tentait dans un premier temps de trouver l'allure et le style qu’habillait une telle mobilité. Il essayait de comprendre : ses gestes étaient brièvement analysés, sa posture dissimulait visiblement bien des mystères et ce regard…

Ce regard dévoilait ses secrets. Accompagné de toute la ruée des chats qui semblait faire fi de ses menaces au bâton et si certains étaient certes abattus par de violentes frappes boisées, la majorité, plus maline et perspicace, tachèrent de s’engouffrer dans les nombreux angles morts qu’il laissait aveuglément. Ils changeaient de direction, se faisaient plus instables, ils déchiffraient surtout le fruit du hasard que laissait germer sa rage et à partir de leurs quelques études, un changement était perceptible.

Il fallait se dépêcher.

D’un grand geste de bras et de main, Shinjirō empoigna avec adresse un parchemin d’une taille moyenne qu’il camouflait dans ses vêtements. De l’autre, il extirpa d'une toute petite poche de sa veste un pinceau accompagné de son encre très spécifique. Déroulant le support de ses techniques pour le déposer d'abord sur le sol, il appliqua rapidement son pinceau dans le pot d’encre puis sur la toile. Et après quelques coups de l’outil qui lui servit à dessiner son croquis, il ne lui fallut qu’un mūdra pour faire émerger de sa toile le Roi des Oiseaux : Garuda.

Après un bref écran de fumée, l’homme-oiseau apparut. Prenant place dans les trois dimensions, Shinjirō sauta sur celui-ci et lui pointa du doigt celui qu’il voulait aller chercher. Les intentions étaient simples…

« UBU, TEND TON BRAS SUR TA GAUCHE ! »

S’il l'écoutait, alors pourrait-il être sauvé en étant récupéré au vol par la poigne du Voyageur. Et une fois installés sur son dos, ils pourraient prendre de l’altitude pour s'éloigner une bonne fois pour toutes de ces félins aux mauvais desseins. Sûrement pourraient-ils même en profiter pour retrouver leur trace vers Homura, car là était leur destination initiale.


Kawazu Ubu
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Message Sujet: Re: Aux portes d'Homura [Ryokyaku Shinjirō]

Et voilà que dans le déluge de sa bravoure inconsidérée, dans cette tempête de coups qu'il balançait à l'aveuglette, une voix amie surgit du néant. C'était une réponse à son appel à l'aide qu'il n'avait pas formulé. La main tendue d'un allié qu'il n'attendait guère, mais qui se présentait tout de même. Bref, un espoir dans la nuit. Ubu ne rouvrit pas les yeux : il craignait encore qu'une griffe fort malintentionnée n'abîmât ses rétines d'un coup mal placé. Il se contenta de laisser ses réflexes agir à une instruction si bien lancée sur le ton de l'ordre. Tandis que sa prise se raffermissait, à la main droite, sur le manche de son bâton, sa main gauche se tendit donc, droite comme un piquet. Pour quoi faire, il n'en savait rien. Mais il fallait croire que les décennies de soumission qui avaient présidé à la conduite de ses ancêtres se manifestaient là, dans une obéissance parfaite et sans question. Cela sans doute lui épargna la mort - ou tout du moins de longues semaines de soins à grands renforts de cataplasmes et autres pommades.

Il se sentit brusquement saisi par le bras - Garuda n'était pas de la plus grande finesse, semblait-il - et décollé de sa position. Ce fut d'abord un soulagement. Les douleurs vives et brèves des griffures à répétition disparurent. Ou plutôt, elles s'estompèrent en surface, tout en laissant, comme une queue de comète, un résidu piquant derrière elle. Ubu sentait qu'il saignait en plusieurs endroits. Caractéristique des plus petites blessures, il avait l'impression que sa peau était mise à vif, comme tranchée par le plus mince des fils. C'était cette même sensation que l'on éprouvait après s'être incisé la mince pellicule de peau qui relie les doigts au moyen d'une feuille de papier au bord particulièrement tranchant. En vaillant soldat, il ne gémit pas. Il se contenta de serrer très fort son bâton, espérant faire disparaître la douleur derrière la pression de ses muscles.

Il lui fallut un peu de temps pour réaliser que ses pieds avaient quitté la terre ferme. À vrai dire, il ne s'en aperçut qu'une fois qu'il eut ouvert les yeux. Il resta d'abord hébété. Cois, devant le spectacle qui s'offrait à lui.

La forêt qu'il avait prise pour un décor de théâtre était devenue tapis. Elle couvrait le monde de ses teintes d'émeraude, uniforme, moelleuse comme une couverture d'hiver. Cà-et-là, des clairières éclaircissaient la canopée ; mais autrement, il ne s'agissait que d'une mer invariablement verte, du plus beau vert qu'Ubu eût jamais vu. Un vol de corneilles en perça la surface, vola un instant dans l'infinité du monde entre la forêt et le ciel, puis alla se perdre dans un voile de nuages bas. Et au loin, une masse se distinguait. Cernée d'un espace dégagé, espacée d'une ou deux lieues de la lisière de la forêt, c'était l'enceinte d'Homura la Grande qui montrait fièrement ses portes. Ubu restait bouche bée. Les vents des hauteurs lui coulaient dans la gorge sans même qu'il s'en rendît compte. Il dut bien avaler un ou deux moucherons sans que cela ne le tirât de sa stupéfaction.

Mais tout de même, son cerveau finit par percuter. Or, comme il avait toujours été très proche de la terre ferme et n'avait jamais eu la moindre envie de s'en éloigner, merci bien, il ne put faire autrement que de commencer à paniquer :

"Qu'est-ce que… Par la barbe de… AaaaaaaaaaaaaaAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH AU SECOUUUUUUUUUUUUUUUUUUURS !"

Il agita les jambes comme pour courir, mais évidemment il ne brassa que de l'air. C'est à peine s'il dérangea un papillon dans son vol. De son bras droit, au bout duquel il tenait toujours son bâton, il donna également des coups. Dans le vent, une fois de plus. Son bras gauche restait prisonnier de la poigne de Garuda.

"JE VEUX DESCENDRE ! AAAAAAAAAAAAAAAAAAAH !"

Il commençait à perdre les pédales. Finis ses rêves héroïques et les préambules aux chansons de gestes que l'on devait écrire à son sujet. Il devenait tellement hors de contrôle que son corps passait de l'état humain à l'animal durant de courts instants. Ainsi, sa tête se changea-t-elle un instant en celle du batracien qui était son autre lui-même, faisant de ses cris paniqués un joli coassement :

"AU SECOÂÂÂÂÂÂÂÂÂC !"

Il ne s'en rendit pas compte, pas plus que de la métamorphose de ses jambes, transformées en dodues cuisses de grenouille. Finalement, il finit par tellement s'agiter qu'il commença à tourner de l'oeil. Ses égosillements se perdirent dans un nuage d'écume qui lui était monté aux lèvres et il perdit connaissance. Trop plein d'émotions, sans doute. Après tout, il était déjà dans un état de considérable inquiétude avant même d'entrer dans cette forêt. Les péripéties récentes n'avaient fait qu'aggraver ces prémices. Il ne fut plus qu'un poids mort et sans consistance, pendu par un bras à une créature volante. Sa nervosité était telle que sa poigne ne se desserra pas même autour de son bâton.

Comme un dernier signe de bravoure, même dans l'inconscience.

Ryokyaku Shinjirō
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Message Sujet: Re: Aux portes d'Homura [Ryokyaku Shinjirō]


Ils perdirent de l'altitude après plusieurs minutes de nage parmi les nuages. Confortablement installé, Shinjirō avait pris soin de s'éloigner du conflit en profitant de brises qui faisaient danser ses vêtements et les faisait battre au rythme du vent. Contrairement au blondinet que le dessin animé avait récupéré d'une patte d'encre vigoureuse, il se laissait prendre le temps d'admirer la vue et de se laisser charmer par l'horizon qui se dévoilait derrière quelques collines émeraudes. Il avait bien des occasions de chanter la liberté et de défier la gravité, mais il s'assurait bien que toutes les fois où il s'adonnait à cette arrogante chorale, tous ses sens profitaient de cette richesse.

C'était cela qui le rendait amoureux de la vie.



≡≡≡≡≡


« Allez, réveille toi. »

Un grand seau d'eau froide tenue dans les mains du Vagabond laissa échapper une certaine quantité de liquide gelé qu'il avait récupérée d'une source qu'il avait croisé quelques instants auparavant. La gerbe glacée s'échappa avec vitesse et densité vers le visage du Berger, éclaboussant au passage ses traits, ses cheveux ainsi qu'une petite partie du haut de ses vêtements. La fraîcheur était telle qu'elle pouvait durcir ses nerfs, contracter ses muscles, crisper ses doigts et hérisser ses poils. Là était tout le pari du Nomade qui espérait bien le tirer de son répit mérité... si on considérait tous les efforts qu'il avait fait face aux chats. Il n'y avait que Kuru qui pouvait lui accorder une once de sympathie et de douceur - et encore, ce n'était pas son idée principale -, cognant maladroitement ses pattes sur son crâne comme s'il voulait l'aider à s'éveiller.

Et puis, alors qu'il n'était pas certain de la réussite de son entreprise, il s'avança pas à pas à son niveau et s'accroupit proches de ses flancs, préparant le plat de sa main à lui accoler quelques gifles dont il se souviendrait. Mais ce fut lorsqu'il fut prêt à employer une manière un peu plus radicale qu'une toux le fit se raviser au dernier moment, le redressant doucement par la suite pour le faire retourner silencieusement à sa préoccupation. Sans que ses yeux ne le quitte, après tout, il était soucieux de sa reprise de conscience.

Autour du duo, non loin de la capitale, un feu de camp maigrement aménagé laissait comprendre à Homura que deux inconnus au bataillon étaient en route vers leurs portes. Ce qui ne comptait pour Shinjirō n'était pas la discrétion, il préférait plutôt s'assurer, dans une optique très humaniste, que le shinobi sur lequel il veillait n'allait pas rejoindre le rang des guerriers avec quelques attitudes qui pouvaient lui porter préjudice. Le brun n'était après tout pas exemplaire, mais il se trouvait le mérite d'être discret, réservé et humblement compétent, ce qui lui assurait d'après lui une intégration certaine.

C'était en tout cas ce qu'il espérait.

Et par extension, il craignait qu'un jeune homme peureux, maladroit, malhabile et enclin à se faire dépasser ses émotions ne soit mal perçu par les grandeurs qu'il voulait rencontrer.

« Tu es sur la terre ferme, loin de tout danger. », commença t'il.

Assis devant le feu de camp, quelques petits animaux grillant sur des brochettes de fortune, il s'appuya sur son katana posé verticalement sur le sol, sa paume autour de son pommeau, alors qu'il continua son petit monologue.

« Les hommes d'Homura sont reconnus pour leur valeur, leur fierté, leur courage et leur stature. J'ai peur que ton manque d'expérience se retourne contre toi. »

C'était une belle manière d'engager la discussion sans le vexer. Éviter de le rabaisser trop méchamment, aussi parce que ce n'était pas du genre de l'Errant.

Car quelques regards curieux avaient suffit pour comprendre que les voyages du Shinobi n'étaient que très récents et qu'ils avaient été animés par son désir de retrouver ses parents... Une ambition compréhensible, simple et tout à fait légitime, mais qui serait insuffisante contre les maux de ce monde si elle n'était pas accompagnée par un peu de pouvoir.

« Que sais-tu sur la stature des nobles et sur les façons de combattre ? Je pense qu'il faut que tu sois capable de les honorer. »


Kawazu Ubu
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Message Sujet: Re: Aux portes d'Homura [Ryokyaku Shinjirō]

Ubu fit un étrange rêve. Il était dans une barque, faite d'un bois vermoulu. Il naviguait sur des flots particulièrement agités, qui faisaient tanguer - non sans une certaine violence - son humble esquif. Parce que c'était un rêve, il n'en ressentait aucune autre gêne que celle du mouvement perpétuel ; il ne faisait toutefois aucun doute que, s'il avait été dans le monde réel, il aurait senti son coeur lui remonter jusqu'aux portes des lèvres. Des eaux tourmentées jaillit soudain un bâton. Il était curieux parce qu'il restait parfaitement immobile, dressé à une parfaite verticale malgré l'agitation de la mer. Ubu ne pouvait en détacher son regard. Bientôt, d'autres bâtons semblables, quoique de teintes variant légèrement, surgirent à leur tour autour du premier. C'était une forêt qui émergeait de l'océan : une vision comme on ne peut en avoir que dans les rêves. Puis, lentement, étrangement, les bâtons commencèrent à onduler. Ce n'étaient d'abord que de petites ondulations, à peine des déformations de leur parfaite ligne droite. Mais peu à peu elles se changeaient en véritables courbes, sans cesse plus osées. Ce ne fut qu'alors qu'Ubu comprit qu'il ne s'agissait pas de bâtons, mais bien de…

"Oh non… Non, non, non !"

Des queues de chats. Elles ne tardèrent pas à s'élever au-dessus des eaux, dévoilant les félins en entier. Il y en avait toute une armée, dotée de l'arsenal le plus redoutable. Sabres, épées lourdes, arcs, javelots… Ils partaient en croisade, c'était évident. Et leur cible ne pouvait être qu'Ubu lui-même. La troupe, dans sa lévitation bizarre, fila droit sur la barque et son frêle marin. Celui-ci, terrifié à nouveau, ne put que lâcher un dernier cri avant de succomber à l'assaut et à l'éveil :

"NOOOOOOOOOOOON !"

Il s'éveilla en sursaut, trempé jusqu'aux os. Interloqué, il rabattit distraitement les longues mèches mouillées qui lui tombaient sur le visage. Il n'avait rien contre l'eau - bien au contraire, la part de batracien en lui l'encourageait à être en contact avec elle autant que possible - mais il se demandait d'où venait celle-ci. Il leva les yeux et le comprit : Shinjirō était là. Les derniers souvenirs de leur mauvaise rencontre, de leur combat et de leur fuite lui revinrent alors. Il crut qu'il allait tourner de l'oeil à nouveau en se remémorant leur escapade dans les airs, à des lieues au-dessus de la terre. Il dut tâter l'humus sous son séant pour s'assurer qu'il était bien sur le plancher des vaches, à sa juste place.

"Merci…"

Merci de quoi, il n'aurait trop su le dire. Sa gratitude était confuse. Merci de l'avoir sauvé des griffes des chats ? Merci de l'avoir transporté en lieu sûr ? Merci d'avoir pris soin de lui, de ne pas l'avoir abandonné dans la forêt ? Tout ça à la fois, sans doute. Il s'approcha du feu, dont la chaude lueur orangée éclairait leur bout de clairière, et tendit les mains pour les sécher. La forêt paraissait sinistre, même au prisme du havre de ce semblant de foyer. Les arbres, qui avaient des allures de protecteurs durant le jour, prenaient des silhouettes de sorcières une fois le soleil couché. C'était une armée de doigts crochus tendus vers le ciel, comme s'ils cherchaient à attraper les étoiles pour les arracher à leur berceau. Des voleurs d'enfants… Ubu frissonna.

Il écouta les commentaires de son compagnon de route en lorgnant sur les brochettes qui grillaient doucement. Il avait faim. Mais sa faim ne l'empêchait pas d'entendre les reproches que lui faisait Shinjirō, même en demi-teinte. Des reproches dont la teneur ne l'étonnait guère, d'ailleurs. Il savait qu'il n'était pas un guerrier né. Il n'avait jamais appris à se battre et son départ en expédition, sur la trace de ses parents, avait été douloureux, car, pour innocent qu'il était, il n'ignorait pas les dangers du monde. Plus exactement, il imaginait sans peine qu'ils dépassassent ses capacités. Une part de lui remerciait le ciel et tous ses dieux de lui avoir épargné d'être dans la maison familiale lorsque ses parents avaient été enlevés. Autrement, il aurait été capturé avec eux et il n'y aurait alors eu personne pour voler à leur rescousse. Mais finalement, si le héros de l'histoire était de sa trempe, valait-il vraiment le coup qu'il s'acharnât ? De telles pensées étaient déprimantes. Elles lui rappelaient que sa quête n'était pas une partie de plaisir et qu'il n'était pas en mesure de la mener à terme. En somme, que sa famille était déjà perdue.

"Je sais que je suis pas capable de me battre comme les nobles d'Homura… Dans mon village, on n'en parle pas souvent. Mais quand on les évoque, c'est pour dire qu'ils sont des samouraïs vaillants, prêts à défendre la veuve et l'orphelin et à mettre leur lame au service de n'importe quelle cause, pourvu qu'elle soit juste. Je me fiche d'être aussi fort que les hommes d'Homura, je n'ai pas l'intention de me battre avec eux. Moi, tout ce que je veux, c'est retrouver mes parents… Mais même ça, je suis pas assez fort pour y arriver."

Il se tut. De bien mornes pensées. Jamais encore dans son voyage - qui n'était pour l'instant pas si long - il n'avait été si bas, moralement. Mais sans doute les compagnons d'aventure servaient-ils à ça : redresser la barre lorsqu'elle menaçait un peu trop dangereusement de faire chavirer tout le navire.

Ryokyaku Shinjirō
Aux portes d'Homura [Ryokyaku Shinjirō] EmptyMer 3 Jan - 23:11

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Ryokyaku ShinjirōGenin 下忍 de rang B

Message Sujet: Re: Aux portes d'Homura [Ryokyaku Shinjirō]
L'ombre qui planait sur sa tête prenait de plus en plus de place. Elle était sombre, insidieuse, fourbe et mauvaise, elle se glissait dans ses pensées au fil de ses allocutions et elle s'abreuvait de ses peurs. Ses mots, elle s'en délectait sans fin ; s'il y avait bien quelque chose qui nourrissait les démons, c'était bien le mélange de toutes les craintes, de tous les doutes, de toutes les impuissances et de tout ce qui rongeait un homme. Ubu en était un met digne des plus grands festins : en l'accueillant à bras ouverts, il lui donnait inéluctablement la liberté de s'introduire dans son esprit et de l'y persécuter.

Shinjirō resta pudique dans sa réponse. Il y avait dans son caractère le devoir de réflexion et de sagesse – celle dont il ne pouvait et devait se vanter –, le devoir d'un silence qui se devait gorgé de respect et d'une réflexion qui se voulait porteuse d'un message clair. Sa discrétion était parsemée, les crépitements des flammes qui accompagnaient la candeur déchéante de l'Errant donnaient une profondeur à sa mélancolie. Faisant virevolter ses étincelles, les quelques lueurs qu'elles créaient peinaient à enjoliver son discours ; plutôt, elles tombaient aussi vite qu'elles avaient pris de la hauteur, s'effaçant dans l'espace jusqu'à côtoyer l'oubli.

Finalement, il n'y avait ici pour embrasser l'espoir que l'odeur envoûtante des quelques pièces de viande qui s'engouffrait dans leurs narines. Elle s'associait à merveille avec la faim qu'accompagnait le zénith, menant tout simplement les deux voyageurs à prendre un petit temps de pause autour d'un repas bien mérité.

« Je peux sûrement faire quelque chose pour toi. »

Sa main continuait de tourner avec attention les brochettes au dessus de son feu de camp. Le regard jeté sur ses flammes, tant son discours n'intégrait pas la valeur de sa proposition à ses yeux, il ne faisait qu'examiner sans cesse la dorure de la chaire qui cuisait et qui, au fur et à mesure, se raffermissait sous la chaleur.

« Je ne pourrai pas t'aiguiller sur les comportements qu'ils voudraient que tu aies, mais je sais me battre. »

Ce qui lui était plus embêtant, c'était que cela donnait un écho malheureux à tous les souvenirs de la guerre dont il aurait adoré s'affranchir. Au Pays du Son, durant toute son enfance et son adolescence, c'était au prix de la guerre, du sang et de la peur qu'il avait dû s'entraîner et s'améliorer... pour avoir ne serait-ce que le droit de survivre, tout simplement.

Ses doigts se crispèrent sur le bout de bois qui tenait la brochette, puis ses paupières se raffermirent sous le poids de ces réminiscences.

Il se décida plutôt à ne pas entrer dans les détails.

« Tu ne connaîtrais pas alors les rudiments de leurs arts, mais je suis persuadé que si tu as du répondant, ils te considèreront. »

Puis sa voix resta profonde, soucieuse, blâmant presque cette accablante réalité.

« Au delà de ça, ça t'aiderais à être capable de réaliser ton souhait. »

Sa nature lui aurait bien rappelé que ces services devaient être monnayés, mais il y avait dans le poids de cette mémoire une ombre qui planait cette fois sur son esprit. Plus que d'empoisonner Ubu, elle prenait à son tour une place grandissante dans la tête du fuyard.

Les irréparables séquelles de la guerre.


Kawazu Ubu
Aux portes d'Homura [Ryokyaku Shinjirō] EmptyDim 14 Jan - 14:19

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Kawazu UbuErrant 流離 de rang C+

Message Sujet: Re: Aux portes d'Homura [Ryokyaku Shinjirō]

Ô, lueur d'espoir dans un avenir si tragiquement sombre ! Quelle bonne étoile veillait donc sur Ubu, qui mit sur sa route cet autre voyageur au coeur généreux ? Parce qu'il était en bien des points pareil à l'enfant, dont il suffit de détourner le regard du malheur un instant pour le lui faire oublier, Ubu sentit immédiatement sa combativité se ranimer à la flamme des paroles de Shinjirō. Lui qui s'était lancé sur les routes sans rien savoir du combat et qui se doutait pourtant qu'il lui faudrait se battre pour parvenir à sa fin dernière - c'est-à-dire à la libération des siens - il voyait le plus grand de ses tracas attaqué par cette lame furieuse d'espoir : la proposition altruiste d'un éveil aux arts de la guerre. C'était à vrai dire un grand pas à franchir : car, en décidant de marcher sur la voie du combat, quand bien même ce fût pour se protéger et non pour attaquer, Ubu renonçait à une part de son innocence, pourtant son bien le plus précieux. Cela bien sûr, il n'en était pas conscient. Il ne le deviendrait que des années plus tard, lorsque l'âge le ferait inexorablement réfléchir à son jeune passé, si la providence voulait bien l'accompagner ses faveurs jusqu'à ce temps-là.

"Oui ! Oui, oui, oui, trois fois oui !"

Il avait presque bondi, debout à nouveau, les bras fourmillant d'excitation. Exit le désir de manger et la déprime : il n'y avait plus de place dans son esprit que pour l'exercice. Qu'attendaient-ils ? Chaque seconde n'était-elle pas précieuse ? Chaque moment passé assis au coin du feu n'était-il pas un moment perdu, durant lequel ils auraient pu exercer leurs membres ? Assimiler de nouveau mouvements, voire des bottes secrètes ? Il y avait tant à faire et si peu de distance, à présent, jusqu'aux portes d'Homura. Or, il était primordial qu'Ubu ingère les compétences promises par celui qu'il voyait désormais comme un mentor avant qu'ils ne parvinssent à l'intérieur de la cité. Il lui fallait être doté de cette connaissance pour traiter avec les nobles. Tout du moins, il voulait avoir conscience de l'étendu de son ignorance et du travail qui l'attendait. Il voulait connaître le fossé qui le séparait du monde et de ses dangers.

Mais soudain, il fut saisi d'une brusque réalisation. Les armes dont Shinjirō était muni étaient des sabres. Armes nobles, par excellence, dignes des samouraïs qui étaient, même dans les contes populaires qui étaient parvenus jusqu'au village d'Ubu, toujours les héros, ou alors des méchants au charisme fou. Lui n'avait, à l'inverse, qu'un bâton de marche. Un long bâton, certes, et qui pouvait probablement servir à se battre : son bois était solide et jamais ne pliait. Mais un bâton tout de même.

"Mais, euh… Je crois qu'on va avoir un problème. J'ai pas de sabre, comme toi, ou de vraies armes. Tout ce que j'ai, moi, c'est mon bâton."

Et pour illustrer son propos, il se saisit de l'objet, qu'il présenta à la lueur des flammes. C'était à la vérité un beau bâton. Droit jusqu'à son extrémité supérieure, qui avait gardé quelque chose d'une forme naturelle de tronc noueux, il était long, assez léger, robuste. En somme, il était plein de qualités qu'Ubu ne percevait pas.

Sa vertu la plus grande, toutefois, s'il devait être utilisé comme arme, était bien celle-ci : il ne tuait pas.

Les épées des samouraïs avaient bien des mérites sur le champ de bataille. Comme effilées par le diable lui-même, elles tranchaient net tout morceau de chair qui passait sous leur langue. Les armures elles-mêmes peinaient à résister au sabre diligemment forgé et entretenu. Laisser sa lame s'émousser était un déshonneur ultime pour un bretteur. Aussi étaient-elles des armes de guerre et de meurtre particulièrement efficaces. Si elles n'ôtaient pas la vie immédiatement, c'était pour l'engendrer après de longues souffrances ; ou bien, simplement, pour amputer d'un membre. Un bâton n'avait pas de telles capacités. Certes, il était toujours possible de tuer en s'en servant, mais il fallait alors faire preuve d'un acharnement particulier. C'était une arme avant tout faite pour tenir à distance, repousser et mettre hors d'état de nuire, temporairement. Rien de définitif. Pas question de tuer instantanément, sans avoir pesé le pour et le contre d'un tel acte. Une arme parfaite pour Ubu.

"Tu… Tu penses que tu peux quand même m'apprendre… quelque chose ?"

Ryokyaku Shinjirō
Aux portes d'Homura [Ryokyaku Shinjirō] EmptyMer 17 Jan - 22:13

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Ryokyaku ShinjirōGenin 下忍 de rang B

Message Sujet: Re: Aux portes d'Homura [Ryokyaku Shinjirō]
Les morceaux se cuisaient avec réussite. Tenus au dessus du feu grâce à ces brochettes de fortune, manipulés entre des doigts habiles et précautionneux de bien faire, les yeux du Voyageur ne semblaient vouloir se détacher de leur cuisson alors même que la discussion avançait. Il s'agissait là d'une forme de respect, déjà pour lui, mais surtout pour un jeune homme qu'il avait l'impression de prendre sous son aile. Il tenait à lui proposer une qualité digne de leur échange et surtout, face à cette candeur innée que la vie n'avait réussie à lui faire échapper, c'était presque avec l'intention de la préserver qu'il continua dans ce sens. Voilà dans quoi était-il embarqué : entre le besoin d'être terre à terre – ce qui était nécessaire pour le préparer à son aventure – et le désir presque fraternel de le maintenir tel qu'il était. Sûrement car en plein milieu de cette guerre, il n'avait que rarement eu l'occasion de voir un tel personnage.

Il sourit tendrement. Face à l'excitation du jeune homme qui paraissait prêt à en apprendre plus sur l'art de la guerre,  il ne put trouver d'autre réponse qu'une certaine satisfaction. Et c'était notamment en oubliant les vices auxquels l'art du combat pouvait être associé qu'il trouva sa réponse ; ici, s'il était d'habitude hors de question de former de futurs potentiels meurtriers de masse, le caractère spontané, innocent, enthousiaste et pur à souhait du blondinet trouva écho dans l'esprit du Nomade. Dans cette parfaite résonance avec les quelques valeurs qu'il paraissait refléter, le Sabreur y trouva sa voie et sa raison.

Il lui tendit la main. Au bout de celle-ci, un de ces fameux bout de poids qui transperçait les quelques morceaux d'une bête fraichement abattue devait lui servir à reprendre des forces. Il ne s'apprêtait pas à livrer un entraînement dantesque, mais il craignait tout de même que le manque d'énergie ne puisse lui porter préjudice lors des quelques efforts auxquels ils s'apprêtaient à s'adonner. Il en prit également un pour lui, d'autre restants pendus dans les airs sur quelques branchages et avec quelques cordes qui leur firent éviter de toucher le sol ou d'autres surfaces sales, puis il attaqua à son tour le repas. Il en prit une première bouchée.

« Oui. Ca peut donner un style un peu particulier et qui ne serait pas propre au bâton, mais l'important c'est que ça fonctionne. »

Surtout, il appréciait trouver dans cette arme la possibilité de ne pas tuer sa cible. Il y avait évidemment d'innombrables manières d'attenter aux jours de qui que ce soit avec cet outil, mais quelqu'un qui était bel et bien déterminé à occire ne s'embêterait pas avec des armes d'une telle qualité.

« Dans le cas d'un sabre, nous sommes forcés de le manier en manipulant le pommeau. Si je t'apprends à faire ça avec un bâton, tu t'entraînerais à le manier en ne restant en contact qu'avec une de ses extrémités. Ca peut marcher, mais ça ne l'exploiterait pas au mieux. »

Il prit de sa main libre sa propre épée qu'il sortit difficilement et en plusieurs étapes, puis il l'allongea devant lui.

« L'avantage du bâton, si on oublie que c'est plus compliqué de tuer avec, c'est que tes mains peuvent se placer partout dessus. Quelqu'un qui le manipule vraiment bien pourrait en faire quelque chose d'aléatoire, de surprenant, de rapide et d'efficace. »

Il continua de prendre dans sa bouche les quelques morceaux restants, avant de se resservir une nouvelle fois.

« Finissons de manger, on fera quelques exercices après. Je ne ferai pas de toi un guerrier en quelques minutes, mais tu auras au moins des bases. »

Puis il lui sourit finalement, toujours aussi simplement. Il y avait dans cet échange tout ce qu'il y avait de plus modeste et de plus calme, comme deux frères qui jabotaient de tout et de rien.



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