Famille Mabushi, un héritage déchu
D’une généalogie retracée jusqu'à l’apparition du chakra, cette ère charnière où de nombreux destins furent scellés, la famille Mabushi s’ancrait dans une ancienneté symbolique, presque au statut de vestige d’un ancien monde. Elle avait particulièrement brillé par son aspect conquérant, fier et impitoyable à l’image des souverains qu’ils ont servi au fil des âges, d’un amour pour la nation et plus précisément son peuple aussi passionné que leur hargne au combat. Il ne s’agissait étrangement pas de puissance à proprement parler, mais surtout d’acte, de démonstration et d'héroïsme à des moments clefs sur le champ de bataille qui leur fit une place parmi les personnes respectées dans le Pays.
Elle avait l’habitude d’être une des familles les plus démonstratives, notamment dans le style de leurs armures, tenues cérémonielles et habitat, si bien qu’aujourd’hui encore ces derniers semblent dénoter du monde Shinobi et de son évolution, encore ancré dans un classicisme de caste féodale antique. Malheureusement, en l’état nul ne peut parler de clan, de noblesse réelle ou encore d’un statut élevé et reconnu à Kumo, dans le village militaire à cause de cette malédiction qui les a poursuivis jusqu’à l'ère actuelle.
Le chakra, apparu de nul part, avait autant mis en avant des familles et clans oubliés que plongés d’autres dans l’ombre, ternissant leur image comme leur influence dans ce nouveau paysage politique. Les Mabushis en étaient la représentation parfaite ; De conquérant et fier guerrier, ils étaient passés à forces armées civils symboliques, d’une noblesse fragilisée et totalement écartées de la scène militaire. Leur attache personnelle à leur héritage les poussaient à continuer dans cette voie, de garder cette fierté de la guerre et du combat mais la famille et la région qu’ils dirigeaient en tant que chef de village civil furent obligé de se diversifier essentiellement dans le commerce pour survivre et asseoir une autre forme d’influence, fervent partisans du Daimyo.
Cette situation ne leur plaisait naturellement pas, se targuant d’une patience de fer, maintenant leurs traditions, règles et coutumes afin de percevoir un jour l’opportunité de regagner leur image d'antan et surtout revenir dans le paysage politique. Chaque événement qui déstabilisait Kumo n’échappait jamais à Mabushi Kojiro, le dirigeant actuel de la famille et père de Rheylien. Ce dernier passait ses journées et ses nuits à chercher une solution, une piste, la moindre chose lui permettant de réasseoir la gloire d'antan de sa famille ; Légendes, généalogie, histoires des origines, écrits de leurs ancêtres. Il y en avait bien une de légende qui hantait ses nuits, de fameuses reliques qui auraient un jour concerné sa famille. Impossible de savoir si ces légendes étaient reliées à celles de Kumo, mais pour lui, ce ne pouvait être qu’une évidence ; lien ou non, qu’un héritier de son sang puisse obtenir une de ses reliques serait la clef de voûte pour ses objectifs.
Une conviction forte, puissante, quitte à avoir créé en son esprit un lien presque superstitieux entre la relique et sa lignée. Kojiro croyait fermement que si une relique venait en leur possession, imprégnait de sa présence et sa puissance les siens, alors leur sang permettrait de nouveau de redonner le chakra aux prochaines générations.
Ainsi débutait l’histoire de Rheylien, héritière d’un enjeu majeur envers sa famille …
Rheylien, l’étoile du soir
Joyaux de sa lignée, élu de son père et espoir de son peuple, la jeune Mabushi souffla comme un air du renouveau pour un peuple qui subissait depuis trop longtemps l’humiliation silencieuse et passive d’avoir été relégué au rang d’une noblesse symbolique, d’une gloire guerrière de parade seulement. La chance semblait revenir cette fois, toutes les étoiles alignées, d’une héritière capable de maîtriser le chakra et d’une beauté et d’un teint qui se voulait angélique.
Elle fut ainsi entourée de tous les privilèges d’un mode de vie digne de la noblesse, un point d’honneur que s’évertuaient à poursuivre les Mabushi même privés de la reconnaissance des autres. De ses entrainements à son éducation, la jeune femme ne fut pas épargné du même traitement que tout leurs ancêtres, ne faisant pas de distinction entre les deux sexes en ce qui concernait le champ de bataille.
On lui attribua rapidement six gardes rapprochés, des personnes qui allaient grandir avec elle, l’accompagner dans chacune de ses aventures durant sa formation, dont l’un, le chef de la garde qui lui servirait de mentor et de guide. Son aptitude à maîtriser le chakra la rendait naturellement plus puissante que la majorité de l’armée protégeant le village, mais pour son père et les plans qu’il avait pour sa fille, chaque chose devait se faire en temps voulu.
Ainsi, Rheylien fut privé de l’utilisation de chakra durant toute son enfance, y étant entraîné par un consultant mais ayant l’interdiction de l’utiliser. Elle devait privilégier l'entraînement comme le reste des soldats, privé de chakra et avec des techniques propres à eux. Cela s’accompagnait de nombreuses autres séances, notamment la bienséance, les légendes et récits de leur peuple, la généalogie de celle-ci et bien d’autres étapes vitales pour ancrer en elle toute leur identité.
Malgré les difficultés qu’ils traversaient tant économiquement que socialement, la Mabushi devait comprendre et ressentir la même chose afin de sa propre idée dessus. Cette proximité avec son peuple et les siens au lieux d’être isolé dans un statut de bourgeois lui permit de ne pas nourrir de frustration quant à sa condition mais plutôt de raviver en elle toutes ces passions qui devenaient siennes ; Plus que jamais, l’étoile du soir assumait son rôle et sa destiné.
Une fois ces étapes franchies, arrivé à un certain âge, Rheylien se vit enfin confier l’ultime but de sa formation et de sa tâche : intégrer le village de Kumo en tant que shinobi et devenir prétendante à l’une des reliques mystiques conservée par ce dernier. De son jeune âge, elle ne se rendait pas encore compte de l’ampleur de cette affaire ni de ce que ces armes représentaient, mais son imaginaire la projetait déjà dans les récits de légendes de leurs ancêtres, s’imaginant réaliser les mêmes conquêtes que ces derniers.
Cette fois, la nivéenne commençait à être intégrée dans des affaires plus complexes liées à son père et ses activités, notamment la politique locale et surtout le commerce, milieux assez friands de coups bas, manipulations et autres stratégies peu morales. Ce fut là un moyen de se rapprocher de son père mais surtout de recevoir cette part de fermeté et de cruauté propre à leur famille pour la préparer aux tensions qui alimentaient Kumo, entre ceux qui allaient dans le sens du Daimyo et ceux qui voulaient se rebeller. En dépit de l’environnement que dépeignait cette longue partie sa vie, la jeune femme l’avait adoré, de par sa proximité avec son peuple et surtout du naturel que dégageait tout cela ; Tout le monde en était fier, autant les habitants que sa famille et chacun œuvrait pour se soutenir entre eux et seulement entre eux, comme un genre de pacte.
Tout le contraire de sa vie quand elle intégra Kumo des années plus tard, subitement coupée des siens mais plongée dans une période d'extrême fébrilité, seule et isolée la forçant à développer un caractère plus endurci et plus fermé. Elle en avait déjà assisté à des choses extrêmes auprès de son paternel, comme la torture sévère de prisonniers, la fomentation de plans pour déstabiliser des concurrents commerciaux et autres punitions appliqués aux traitres. Mais en ces lieux, dans le village shinobi, l'ambiance se prêtait à à des faux semblant de surface, une méfiance de tout instant envers des gens qui n'assumaient ni leur positions, ni leur identités. Pire encore, elle-même, observatrice de ces tensions qui la dégoûtaient, se devait aussi d’agir ainsi pour accomplir l'œuvre de son père.
Se tenir à carreaux, paraître neutre et bon soldat, retenir toute sa hargne pour accomplir un seul objectif : La relique.
Kumo, guerre civile
Silencieuse, d’un âge désormais adapté pour la désignation de dame, patientait la nivéenne dans les abysses de cette salle sans fond, comme insonorisé et totalement isolé. Sa posture ne s’affligeait d’aucune faille ni de peur, portant sur ses épaules l’image de toute sa lignée. Dans l’ombre se mouvaient des silhouettes aux contours ondulant telle la houle sous l’astre lunaire, d’une vitesse folle que même ses pupilles ne pouvaient suivre. Ils se préparaient, disposaient chaque élément de cette cérémonie comme si une hâte précise les hantait.
Depuis plusieurs longues années déjà, la Mabushi avait fait ses preuves au sein du village, d’une expérience qui lui pesait lourd, confronté à une vie loin des siens, loin de son berceaux, qui malgré son apparence plus morale et calme que son village d’origine, lui paraissait pourtant plus anxiogène et froid. Elle n’aimait pas vraiment les Shinobis de ce village ni trop ces faux semblant de bienséances et bon comportement, un peu trop niais et bien moins authentique que ce qui transpirait dans son village natal. Son coeur s’était renfermé, plus endurcie et solitaire aussi, d’un oeil jalousant et méprisant tout ce qui avait fait le déclin de leur propre prestige : Le chakra. Ou plutôt, ces gens, ces mauviettes qui en profitaient par chance, seulement.
Heureusement, le jour du changement était arrivé. La relique, le signe d’espoir tant convoité par son paternel, là, devant sur l’autel, préparé par ces hommes masqués. Ornée, scintillante, luisante de cette noblesse angélique qui allait sauver leur peuple … Du moins, ce fut l’image qui défila dans ses pensées, attentes balayées par l’apparence lugubre et malsaine du grimoire qui se présentait devant ses yeux. L’étoile du soir ne s’y attendait pas, surprise et décontenancée, comme l’air de vouloir balbutier quelque chose. Mais celle-ci s’arrêta. Sa compatibilité avec la relique ne s'avèra pas être celle espérée ; Voir même celle redoutée, quand bien même ses capacités demeuraient obscures.
Pourtant, ses bottes avançaient, ses courbes semblaient comme attiré, d’une résonance entre l’aura de la relique et ce que la noirceur de son coeur renfermait ; De cette appétence au pouvoir et du même acabit que ses ancêtres quant à accomplir l’inimaginable, la jeune femme se presenta, droite, devant ses interlocuteurs. Un simple mot, une simple injonction pour qu’elle s’approche. Le responsable de la relique qui peu à peu en défaisait les cadenas runiques s’approcha au milieu des flammes, arpenta de quelques pas ce tapis ornementé pour déposer le grimoire dans les paumes ouvertes de Rheylien, désormais agenouillé, tête légèrement abaissé, comme lors d’un adoubement.
Il t’as choisi, plus que tout autre. Tu es la prétendante, seulement sa prétendante. Maintenant, part.L’urgence de la situation semblait étonnante. Le groupe débutait une sorte de chorale d'incantation étrange, amplifiant en Rheylien ce vertige abyssal, d’un frison lugubre et glacial qui parcourait son corps, comme sous un pression colossale. Le grimoire au bout de ses paumes semblait peser des tonnes, d’une peur qu’elle n’avait jamais ressenti jusque là. Pourtant, elle était sommée de partir, sur un ton autoritaire, entouré de ces incantations dont l’intensité augmentait à chaque récitation. Dehors, tout semblait s’emballer, entre explosions, cris et effusions de sang. Du moins à en fier à ces bruits sourd, car telle une épreuve, le chemin du retour prenait désormais les allures d’un couloir distordu, et par l’ambiance sonore ésotérique et par cette fatigue et ce poid imposé par le grimoire.
Les talons de la Mabushi exaltaient d’appuis déchirés pour garder l’équilibre à chaque pas, seconde après secondes, minutes après minutes, comme si en de longues étapes, son corps cherchait à se hisser au sommet et revenir à son état initial. Et au bout du chemin, une lueur, porte ouverte vers la ruine et la fin du monde. Une représentation parfaite du spectacle qui s’opposa à ses yeux alors que les portes se refermaient derrière elle, sa silhouette revigorée d’une énergie nouvelle comme si la relique avait fini de soumettre son âme.
Dame Rheylien, nous avons été dépêché par votre père pour la cérémonie. Mais … C’est la guerre, le village se déchire. Nous devons appliquer notre plan d’urgence : Évacuer les membres de notre peuple vivant ici.Les six gardes de la dame, dépêchés ici. Un spectacle auquelle ses pupilles ne s’attendirent pas, partagé entre le plaisir de les revoir après tant de temps mais aussi l’urgence de la situation. Machoir serrés, traits du visage tendu, la jeune femme fit un tour rapide du regard pour voir la situation. Ils avaient déjà réuni les leurs, ne restait plus qu’à sortir de ce village et les évacuer.
Très bien. Je suis encore essoufflé mais … Je suis une Mabushi.Revigoré par l’aura galvanisante de cette réussite, la jeune femme se redressa et dégagea sa cape cérémoniel d’un geste de la main avant de s’adresser au petit convoi à escorter en contre bas.
EN FORMATION ! NE FAIBLISSEZ, NE FLANCHEZ PAS PEU IMPORTE CE QUI SE PRÉSENTERA À VOUS ! JE SUIS RHEYLIEN, DIGNE HÉRITIÈRE DE MABUSHI KOJIRO, NUL NE VOUS ABANDONNERA ICI !De sa voix portante, étouffée par le brouhaha environnant, la guerrière redonna courage et force à ses protégés mais aussi à ses six gardes. Ils tremblaient déjà, bien que contenue par leur expérience, devant l’écrasante force des shinobis mêlées aux civils qui pouvaient mettre fin à leur vie n’importe quand. Elle vit rapidement leur fébrilité et s’adressa au chef des six gardes.
Surtout, ne vous en prenez à personne tant que ce n’est pas nécessaire. Nous devons rester neutres, ce n’est pas notre affaire pour le moment.Comme enseigné par son paternel depuis son arrivée au village, ils devaient rester neutres et ne pas s’afficher ouvertement jusqu’à l’obtention de la relique et l’exploitation de son pouvoir. Même si l’envie de prendre le partie du Daimyo brûlait en eux, il leur fallait obéir à un plan plus grand.
Le convoi se mit ainsi en marche, entre coups d’épée perdus, Kunaïs abandonnés au vol, tout types d’objets artisanaux balancés par les civils, la boue, le sang, les cadavres ; Un véritable chaos. Les six gardes défendaient au mieux le convoi, soutenus par les arcanes de l'héritière. Elle faisait tout pour ne pas recourir au grimoire pour l’instant, même si la curiosité et l’appel insondable de la relique cherchait à convaincre son coeur ; du moins, jusqu’à ce que, par accident, un parchemin explosif parvint à atterrir au pied d’un des siens, un civil de son peuple incapable de se défendre. Ce dernier explosa tout simplement, d’un cadavre inerte, au sol.
Le spectacle horrifique décrocha sur le faciès de Rheylien un regard horrifique, furieuse, avide de meurtre et de vengeance. Froide, sans mot, sans réaction, juste d’un regard glaçant presque inhumain posé sur le civil en question qui avait lancé l’explosif, sûrement récupéré aléatoirement sur le champ de bataille. Dans ce chaos, nul ne portait d’attention à personne … Ni à lui d’ailleurs. Ainsi, d’un signe de la main, d’un unique regard, la jeune femme ordonna aux six d’avancer et continuer alors que le Grimoire d’ouvrit lentement. Le chef de sa garde l'observait du coin de l’oeil, aussi fasciné que terrifié.
La relique faisait revenir à la vie le corps mêlée à la boue de celui qui était mort tout à l’heure par l’explosif, le fit d’un geste brusque attraper la cheville du coupable et l’attirer dans la boue. Et dans l’horreur de ce que l’on pouvait s’imaginer, le dévora entièrement. Ni mots, ni justifications, ni explications. Rheylien même avait encore du mal à y croire.
Ce livre … Recelait un pouvoir terrifiant.
Le sacrifice ultime
La relique revenue au mains des Mabushis, la renaissance d’un espoir, d’un nouvel âge ? Certainement, mais tout autant convoité que porteur de malheur, là, au milieu de cette nuit guidé par la lune, soldats du village en alerte. A peine revenu après l’évacuation l’espace d’une nuit avant retour à Kumo, la voici déjà devant les portes, entouré de sa garde personnelle, d’autres soldats s’occupant des autres entrées. Dans les forêts et montagnes environnantes, des bruits les avaient extirpés de leur agitation, suivis de quelques explosions artisanales de divers ; Ils étaient attaqués.
De sa gestuelle gracieuse et féline, la nivéenne s’élançait de cibles en cibles pour les décapiter, les planter au coeur, user de ses arcanes ninjas pour défaire le nombre de ce qui s’apparentaient à des mercenaires ou bandits envoyés pour voler la relique. Surement une famille concurrente, un ennemi de son père ou encore une simple jalousie. Ils ne connaissaient pas vraiment l’origine de l’attaque, mais ces derniers n’avaient rien à avoir avec des shinobis. Qu’importe, Rheylien semblait déterminé à tous les exterminés, investis d’une hargne sans limite. Si elle ne craignait rien au vue de leur force, c’était leur nombre qui commençait à poser problème ; Les autres soldats risquaient de se faire submerger sans chakra et les ennemis pourraient ainsi s’infiltrer dans l’enceinte pour prendre des otages. Mais sans même le temps de réfléchir à une stratégie, elle se fit interrompre par le retour d’un des six membres de sa garde personnelle, partie quérir la sécurité de son père.
Votre demeure est sécurisée, Dame Rheylien. Nous risquons cependant de nous faire déborder … Nos hommes sont désavantagés. Votre père refuse cependant de demander l’aide de Kumo … Il ne veut pas impliquer de ninja dans cette affaire. Il compte sur vous et sur nous, nous sommes seuls.
Rheylien exposa une expression contrariée, bien qu’elle comprenait la fierté de son père. Cependant, il en sortait de partout et ces mercenaires n’hésitaient pas à se sacrifier …
Utilisez-le. Oui, je l’ai vu lors de l’évacuation. Dame Rheylien … Utilisez-le. Votre père n’aime pas la nature de ce pouvoir qui vous a choisi, mais il ne se rend pas compte de ce qu’est devenu notre vie … Depuis votre départ à Kumo, beaucoup de choses ont changés, mais cela fait bien trop longtemps que votre père n’a pas foulé le champ de bataille. Il se rend pas compte de l’écart qu’il y a entre nous et les shinobis … Il veut que nous agissions comme des soldats, mais que peut-on faire contre eux ? Il veut que l’on se batte selon des stratégies anciennes, par fierté, mais regardez …Furieuse, la jeune femme ne comprenait pas l’origine de cette déclaration et s’avérait même choqué d’entendre cela de la part de sa propre garde personnelle.
COMMENT OSES-TU PARLER DE LUI AINSI, LÂCHE, TRAI …Du même sang bouillonnant que ses ancêtres, l'héritière allait presque tuer d'elle-même cet homme qui semblait empli de lâcheté à en croire ses paroles … Mais une fois tourné vers lui, ce fut un spectacle qui la figea sur place. Les six membres de sa garde royale avaient posé un genoux à terre, en cercle autour d’elle, leur propres lames portée à leur cou, dans l’intention de s’ôter la vie. Ce n’était pas par lâcheté non …
Prenez nos vies. Nous aussi, nous sommes des Mabushis, nous avons notre fierté. Notre vie sous cette forme n’a aucun intérêt ; Nous ne sommes devenus que des soldats de figurations, tous les jours humiliés, surpassés par les shinobis, remplacés par les requêtes de missions. Nous viendrons avec vous, partirons ou vous irez. Nous serons bien plus utiles sous cette forme …Horrifié, presque dépassé par l’offre qui lui avait faite sur le moment, la nivéenne trembla, porta un regard étrange sur sa garde personnelle, incrédule. Elle sentait tel un raz de marée la souffrance de son peuple, plus intimement et plus profondément que jamais, choqué que des personnes aient pu arriver à ce niveau d’humiliation pour lui proposer ce genre de pacte. Sa poigne se referma sur le pommeau de son sabre, le serra d’une force folle comme si ce dernier voulait briser le cou de tout ceux qui avaient privés les siens du même honneur que les clans et familles de ce pays.
Puis elle se retourna, observant ceux qui voulaient les tourmenter ce soir. Soudain, le poid sur ses épaules semblait devenir intenable, lui faisant prendre conscience à quelle point cette relique et ce pouvoir constituait un espoir pour les siens mais surtout … À quelle point sa nature impliquait des enjeux insoupçonnés.
GARDES, FERMEZ LES PORTES !Un ordre pour une sécurité rudimentaire, qui n’avait en réalité qu’un seul objectif, empêcher les autres d’assister à ce pouvoir et cette scène. Alors, de dos face à sa garde, Rheylien fit un signe du sabre pour acter leur sacrifice.
Vous serez à mes côtés jusqu’à la fin, jusqu’à la ruine, jusqu’à notre triomphe …Six corps tombant au sol, inerte. Rheylien tremblait au départ du choque puis commençait à trembler d’une excitation folle ; D’un coup, le sang qui bouillonait en elle reveillait la folie impitoyable de ses ancêtres, capables d’accomplir le pire pour la victoire et la gloire. C’était donc ça, cette sensation ? Tenir ce grimoire. Sentir ses pages défiler, sentir son aura malsaine. S’en imprégner. Puis incanter. Incanter la mort, incanter l’impossible, incanter la folie …
Levez-vous …