??? ???, Empereur du Feu

Fujiwara Iwao, Shogun d'Homura.

« Nous y sommes, Shujou-sama. Voici le Palais du Daimyô d'Oto où son généralissime ainsi que ce dernier nous recevrons. »

L'Empereur était silencieux. Il l'avait été tout au long du voyage. Comme s'il s'agissait d'une âme errante perdue au sein de mécanismes bien trop ambitieux pour lui, et c'était un peu ce qui l'avait attendu depuis son arrivée au pouvoir, l'homme le plus puissant et le plus influent de Hi no Kuni restait secret. Ses yeux toisaient la grande bâtisse du Son de sa petitesse : ses prunelles scrutaient avec crainte et admiration la grandeur de ce Palais qui se voulait aussi terne que sa taille était étonnante. Au fond, il n'y avait pas plus représentatif du pays dans lequel il avait été construit et cela datait de bien avant la guerre. Avant même que Tetsu et eux ne mêlent le fer, Oto n'avait toujours été qu'un vaste champ de désolation. Le sang qui tapissait son sol n'avait pas vraiment amélioré sa situation.

« Rappelez moi une dernière fois les attentes quant à ce tête à tête je vous prie, Iwao. »

Il connaissait sa position. Loin de toute autorité, bien qu'il en avait "malheureusement", il n'avait pas d'autres choix que de s'acoquiner avec toutes ses responsabilités mêlées à toutes les ambitions qu'avaient les autorités d'Homura. Il parlait ni plus ni moins qu'en le nom des trois grands clans et des conseillers qui les accompagnaient sans cesse.

« Le plus important est de nous protéger de tout conflit. Nous nous innocentons en nous désolidarisant de Janome et nous proposons une potentielle aide extérieure en faisant en sortes qu'elle ne soit pas en rapport avec la guerre qu'ils mènent avec Tetsu. Dans le meilleur des cas, nous en faisons nos alliés. Vous avez entendu pour Naga et Kyuubi... plus nous en disposons, plus nous saurons combattre ce mal qui s'érige sur le monde. »

Il n'était pas surpris de ce qu'il entendait. Bien évidemment, cela faisait d'innombrables fois qu'on le lui avait répété.

« Et s'ils nous forcent à les aider contre Tetsu ? »

Elle ricana d'une gorge déployée.

« Rassurez-vous et repensez à ce que vous a dit Kuenai, Shujou-sama. Ils ne sont pas en position de négocier... ils n'en ont ni la force ni les moyens. »

...

« ... Bien. »

Muromachi Shinwanbou, Daimyo d'Oto

Daidoji Tettsui, Généralissime d'Oto.

« Shujou-sama. Shogun-sama. »

L'homme qui venait de parler était le Généralissime d'Oto. Se mettant visiblement en avant à la manière d'un homme d'affaire qui savait qui il voulait faire marcher, sa carrure et sa silhouette le rendait automatiquement charismatique et imposant, physiquement comme moralement. Sa voix était rauque et sonnait la manipulation. On pouvait ressentir la fourberie émaner de lui alors même qu'il ne prononçait que quelques mots. Cela eut le don de tétaniser très vite l'Empereur d'Homura qui fit tout de même en sortes de rester de marbre dans ses vêtements majestueux.

Ils étaient seuls dans la pièce. Il n'y avait que ces quatre personnalités accompagnées de nombreux gardes qui pullulaient tout autour de la salle, prêts à intervenir au cas où le moindre drame se produisait. Mais là ne serait pas l'objet de leur rencontre.

« Nous vous remercions d'avoir accepté notre demande d'entrevue, Daimyô-sama, Bushō-sama. Celle-ci était primordiale quant à l'entente entre nos deux pays, depuis la guerre qui a sonné à nos portes. »

Le généralissime se frotta odieusement les mains, ce qui le rendait tout à fait fidèle à l'image qu'il renvoyait.

« Cela est tout à fait normal. Au regard du mal que vous avez causé à bon nombre de nos troupes, il était tout naturel que vous décidiez de désamorcer la mèche que vous avez vous-même allumé. »

Un silence retentit dans la pièce le temps de quelques instants. Les tensions étaient lancées et petit à petit se dessinait la voie qu'allait décider d'embrasser le rondouillard.

« Nous sommes justement ici pour nous mettre au clair quant à la situation. Nos pays n'ont, durant des décennies, jamais été divisés d'une moindre des manières et jamais ne sera t'il dans nos intérêts de nous en prendre à plus faible que nous. En tout cas, si vous l'avions souhaité, sûrement aurait-il été plus aisé pour nous de vous annexer. »

L'Empereur semblait décidé à ne pas se laisser marcher sur les pieds. Surprenant Iwao de son arrogance et d'une insolence qu'elle ne soupçonnait pas chez lui – car lorsqu'on le voyait on imaginait plus un pleutre mêlé d'un paysan plutôt qu'un véritable gouverneur –, la moue que tirait le Généralissime laissait deviner qu'il avait marqué un bon point : le rapport de force était instauré.

Il grommela silencieusement en fronçant des yeux.

« Vos ambitions nous parûmes clair, Empereur du Feu. Un ancien shinobi d'Homura qui usa de ses talents pour feindre une guerre qu'il savait qu'il allait gagner, tout cela pour nous priver d'une très grande partie de nos hommes. Cela ne peut qu'être une machination tout droit sortie d'une alliance secrète avec Tetsu... après tout, vos Fujiwara n'y sont-ils pas liés ? »

Ses yeux brillants ne laissaient deviner s'il plaisantait, s'il exagérait ou s'il y croyait fermement. Mais de son point de vue, comment l'en persuader ? La théorie du complot tenait la route énoncée comme cela.

« Libre à vous de nous croire. Nous ne sommes pas ici élucider vos combines montées sans preuves ; laissez nous plutôt vous partager ce qu'il est essentiel à entendre. »

Il prit un instant.

« L'attaque à Oto ne fut qu'une combine du terroriste d'Homura pour permettre à son allié, Naga, également déserteur du Shogunat, de récupérer un réceptacle mythique qui était logé dans les sous-sols secrets d'Homura. Je ne vous partagerai pas tout de suite son utilité, simplement, veuillez comprendre que vos guerriers ne furent utilisés qu'à la manière de pantins dans des mains bien trop malines et ambitieuses pour nous. Ils n'étaient que des dommages collatéraux, que des pions que le binôme voulait sacrifier. »

« Veuillez tenir votre langue, Empereur. Vous insultez les vies qui ont été perdues au détriment de la pérennité de notre pays et vous insultez la mémoire de tous ceux qui se sont fait duper par l'un des vôtres. »

Véritable emportement ou choix stratégique, l'Empereur ne put savoir à ce moment là quel était l'état d'esprit du Généralissime. Une goutte de sueur perla sur sa tempe alors qu'il se concentra pour continuer.

« Vous ne comprenez pas. Notre ennemi : c'est eux. Ils jouent avec nos vies, ils jouent avec nos secrets, ils jouent avec nos relations internationales et ils ne cherchent qu'à nous diviser. Nous devons nous lier pour les combattre. »

« Cela suffit. Notre pays a bien assez souffert de sa situation, aussi dans l'ombre de la vôtre. Prouvez-nous que cela n'est pas un marché avec Tetsu, prenez les armes et venez nous aider sur le champ de bataille. C'est la seule condition pour que nous entendions vos mots. »

Un instant de silence bien plus long marqua le moment. Iwao avait tourné discrètement ses yeux vers son supérieur, comme pour lui intimer "je vous l'avais dis". C'était tout ce que recherchait le généralissime depuis le début : une force de frappe conséquente pour lutter contre la guerre envers Tetsu. Sûrement ne croyait-il lui-même pas un seul mot de tout ce qu'il déblatérait.

« ... Le Pays du Feu ne peut donc pas compter sur celui du Son afin de lutter contre un mal grandissant dans notre Yuusei, c'est ce que nous devons conclure ? »

« Tout ce que vous baragouinez n'est que balivernes et vulgaires sornettes. »

Ils tournèrent le dos au Généralissime et au Daimyō qui était restée de marbre tout au long de l'échange.

« Mesurez vos paroles, Bushō. N'oubliez pas que la seule raison pour laquelle nous n'annexons pas votre pauvre pays, c'est parce que nous ne le voulons pas. »

Puis ils se dirigèrent vers la porte avec un goût amer dans la bouche.

« Nous reparlerons de tout cela ensemble, lorsque des Bijuu seront apparus pour effacer votre pays une bonne fois pour toutes de la carte. »

Mais ce que l'Empereur ne savait pas en signant de cette manière, c'était que l'interprétation de son message ne serait pas bonne. En voulant les avertir de la puissance de Janome et Naga... ils avaient pris son avertissement pour une menace. Comme si Homura était capable de réduire en cendre le Pays du Son.

La conclusion de cet échange fut amère, pour les deux factions.