Mer 20 Déc - 18:26
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▶ Sujet: Okaeri [Ouvert] Tes pas lourds et agiles te conduisent paisiblement et assurément, habités par la même conviction que celle qui aurait mené un homme de foi. Il t’en avait fallu, pour oser ainsi sortir de ta retraite, retourner au monde que tu avais laissé derrière toi, et aller ainsi renouer avec un passé qui t’était presque devenu étranger. Presque, car il était malgré tout bien des principes qui ne t’avaient jamais quitté pendant cette longue décennie d’exil que tu t’étais offerte. Des valeurs issues tant de ton hérédité que de ta façon pure et sans artifice d’apprécier la vie, qui avaient bercé ton quotidien toutes ces années durant. L’extase de la découverte. L’euphorie de l’expérience nouvelle et l’allégresse portée par le sang. Aucune d’entre elles ne s’était vraiment tarie pendant tout ce temps, mais il en était advenu bien différemment de tes appétits. Ton paradis entouré par les mers en était venu à ne plus te suffire, et ta soif insatiable comptait naturellement trouver son oasis au terme de ce voyage que tu avais entrepris. Un périple qui ne pouvait guère te mener qu’à un seul et unique endroit. Kirigakure no Satô.
Drapé dans cette même grande cape marron usée dont tu t’étais emparé sur le bateau qui t’avais mené jusqu’au coeur de l’archipel, tu avais depuis laissé le capuchon du vêtement obscurcir tes traits. Avant de massacrer l’équipage, quelques nœuds avant l’arrivée au port, tu avais pu observer sur leur visage toute l’horreur que leur avait inspiré ton corps. Tu t’étais alors demandé si le Pays de l’Eau était devenu si faible que la simple vue d’un Kaguya dans la pleine expression de sa nature suffisait désormais à frapper les populations d’effroi. Fort heureusement, tu avais pu intervenir, donner un sens magnifique à leur mort que n’aurait jamais pu avoir leur vie. Mais cet environnement, peuplé, dense, parfois même urbain, n’avait rien de compatible avec ce que tu étais devenu : pour y évoluer comme un prédateur et non comme une proie moribonde, tu avais donc choisi cet accoutrement. Tu pus ainsi te mouvoir dans cette jungle, y observer quelques unes de ses règles, de ses coutumes, de ses populations, tout le long du chemin mnémonique qui devait ultimement te ramener là où tout avait commencé.
Ainsi finis-tu par te présenter devant ses murs, inchangés, intemporels. Immobile, tu élevas alors lentement ton regard ambré vers les vigies en poste dans les tours, puis portas tes mains osseuses à ton capuchon pour le rabattre en arrière, révélant de fait ta véritable nature.
« … Sakufuu de, kuru. »
Ta voix caverneuse retentit vers l’entrée, récitant les mots que tu étais allé piocher dans de très lointains souvenirs. Une phrase codée, certainement hors d’usage aujourd’hui, employée à l’époque par les Aspirants égarés hors des murs. Une bribe de ce qui te restait de cet endroit… que tu serais amené à redécouvrir.
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Jeu 21 Déc - 17:44
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▶ Sujet: Re: Okaeri [Ouvert] Aux portes de la Brume Ft. Bankichi, et un titanUn autre jour, une autre escapade. Bankichi trainait avec sur son dos un sanglier. Il venait de passer par les portes en croisant les deux cerbères ninjas quand il entendit une autre discussion débuter, et un mot de passe...
Qu'il connaissait. Et cela, c'était rare dans ce village, car Bankichi n'était ni haut gradé ni très intéressé par la paperasse et les procédures. Il se retourna et déposa son gibier avant de plisser des yeux et de dévisager l'arrivant.
C'est qui ce trouffi... Hé, attendez. Je le connais ? T'étais pas le mioche de l'autre là, comment il s'appelle...
Bankichi claqua des doigts, mais il avait beau faire, le nom ne lui revenait pas en tête. Ni de lui, ni de son père. Mais c'était un Kaguya, pour sûr ! C'était presque quelqu'un de sa chair, de son sang, et de ses os. Bankichi savait qu'il venait d'une fratrie assez grande, et qu'il était son ainé dans le clan de quelques années tout au plus. Un mioche sauvage qui courrait dans ses pattes à l'époque, mais qui n'était jamais revenu de son examen.
Un vieux murmure semblait lui revenir en tête.
Tsumei ? T'étais pas mort durant ton examen genin ? Tu fous quoi ici cousin ? Le monde des morts te plaisait pas ?
Bankichi était quand même sur ses gardes, même si le mot de passe semblait avoir rassuré les deux gardes présents aux portes de Kiri. Il avait déjà suffisamment joué avec des Yokaïs dangereux ces derniers temps. Alors affronter un fantôme de son clan ? Très peu pour lui. Ses doigts pianotaient sur sa lance rouge.
© Bankichi |
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Ven 22 Déc - 18:00
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▶ Sujet: Re: Okaeri [Ouvert] Un moment, tes pupilles dorées restèrent braquées vers le haut, vers les tours, scrutant avec une intensité sauvage celui, celle ou ceux qui oseraient les premiers s'avancer. Des traits de ton visage, seules les plus grandes lignes étaient reconnaissables pour l'oeil le plus avisé, altérés par les plaques d'ossement et de cartilage qui faisaient de ton faciès un masque de mort permanent. Il y avait aussi l'obstacle du temps, celui qui avait filé sans s'arrêter depuis le début de ton exil, et qui avait immanquablement eu raison de tout ce que ton visage avait pu avoir de juvénile. Pourtant, en te présentant ainsi aux portes de ta genèse, tu ne doutais pas un instant de la capacité des tiens à t'identifier.Ton masque mortuaire, cet exosquelette que tu ne quittais plus, dissimulait en effet autant tes traits qu'il ne révélait ouvertement ta nature profonde. Une nature qui, pour autant que tu saches, était toujours chez elle en ces terres.
Enregistrant du mouvement, ta tête se mit lentement à pivoter pour en saisir la source : un homme grand, brun et élancé qui acheminait sa pitance. Tes yeux ambrés se braquèrent sur lui, inquisiteur, lui rendant son propre regard avec une froideur assassine. Lui, sembla alors te reconnaître, incrédule, balbutiant. Sur l'instant, tu n'aurais su lui rendre la pareille, les lignes de son visage t'évoquant seulement de façon abstraite des morceaux de souvenirs sur lesquels il t'était encore impossible de mettre des mots. Communiquer... Tu avais pris tes aises, ces quelques douze années passées, et faire la conversation n'était assurément plus parmi tes facultés instinctives. Tes parents... Tu avais évidemment pensé à eux à de multiples reprises cette dernière décennie, à leurs enseignements, et plus encore ces derniers jours, mais il te fallut un moment pour fournir l'effort conscient afin d'aller retrouver leur nom. Là, enfoui sous tout le sang que tu avais versé, toutes les merveilles que tu avais contemplé et perpétré.
« ...Chiyo... Masao. »
Jamais en plus de dix ans tu n'avais prononcé leur nom, et tu le faisait à présent autant pour cet homme qui semblait te reconnaître que pour toi-même. Petit à petit tu le savais, il faudrait que tu te réhabitues à certains aspects de cette vie, même si tu exercerais en cela la plus grande modération. Cet homme qui continuait à te toiser et à t'étudier pensa avoir retrouvé ton nom dans les entrailles de sa mémoire, et sa confusion t'arracha le simulacre d'un sourire, cerclé de tes mandibules osseuses, tandis que tu réalisais qui tu avais face à toi. Oui, tu te souvenait également de lui à présent, maintenant que ton esprit avait commencé à naviguer au cœur de ces mémoires laissées en jachère. Son nom t'échappait toujours, mais sa nature t'apparaissait aussi nettement que le ciel.
« Mort...non. J'ai vécu, longtemps. J'ai vu.... la beauté, lanças-tu en relevant ta dextre paume ouverte, révélant les protubérances osseuses qui jalonnaient tes phalanges et zébraient ton avant-bras.
Mais maintenant, je reviens. Danser dans la Brume.... Purger son sang. Des merveilles m'attendent, ici aussi... »
Ton poing se ferma un instant avant que tes doigts ne se desserrent, que ton bras ne retrouve ton flanc.
« Le monde des morts est magnifique, cousin. Je vous montrerai. »
Tu te mis alors à avancer, droit vers l'entrée que tu t'attendais dès lors à franchir sans qu'on t'opposa la moindre résistance. Dans ton sillage, tes empreintes trahissaient la nudité particulière de tes pieds, cerclés comme le reste de ton corps de cartilage et de segments osseux. Tu savais que derrière ces murs t'attendaient autant de familiarités que d'aliénation, mais c'était là un obstacle qu'il te fallait franchir pour pouvoir renouer avec les racines les plus pures de ton héritage.
« ...Zetsumei. Mon nom... Toi ? »
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Ven 22 Déc - 19:14
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▶ Sujet: Re: Okaeri [Ouvert] Aux portes de la Brume Ft. Bankichi, et un titanLes deux parents Kaguyas étaient effectivement membres du clan. Bankichi fit un signe discret aux deux gardes pour confirmer les dires, des fois qu'ils suspectaient encore un intrus. Un intrus qui commençait enfin à donner des signes d'être un véritable être vivant en esquissant l'ébauche d'un sourire.
Il montrait une appartenance claire au clan Kaguya, entre ses protubérances osseuses et... heu... son manque de vêtement. Gênant. Après, s'il avait passé quelques années à survivre sur une ile oublié des kirijins, ceci pouvait peut-être se comprendre.
Zetsumei ! Evidemment. Cela me revient, t'étais pas plus haut que trois pommes à l'époque. Moi c'est Bankichi. Bon, on peut le laisser passer ?
Bankichi regardait avec insistence les deux gardes à l'entrée. Ils hochèrent de la tête. Ce qui traversaient leur esprit était opaque aux yeux du Kaguya. Néanmoins, il se doutait qu'ils devaient au moins réfléchir à une remarque ou deux sur le caractère sauvage des Kaguyas. Et fallait avouer que ce spécimen là, de cousin, semblait bien loin de la civilisation. Il parlait bizarrement. Et il y avait quelque chose dans son attitude... oui qui pouvait faire froid dans le dos.
Enfin, heureusement que Bankichi était un chunin sans peur ni reproche. Ou pas, objection votre honneur. Il fit un signe de main à son cousin et repris son sanglier sur ses épaules avant d'entrer au village.
Entre cousin. Faudra que tu fasses un rapport sur ce que t'as fait tout ce temps, je crois. Mais d'abord, manger. Ou... non, d'abord un bain. Puis on te trouvera un set de vêtement, puis un vrai repas et en attendant mange ceci.
Il s'arrêta et piocha un petit sac de tissus de son kimono avant de l'envoyer au titan manquant d'être déstabilisé par l'effort et par le poids de son gibier sur les épaules. L'odeur était un peu spéciale, bien qu'on reconnaissait des relents de viande. C'était une spécialité de la branche Kaguya de Bankichi.
Pemmican, de la viande sêchée.
C'était les rations que Bankichi cuisinait avec son trop plein de viande. Il en avait souvent sous la main, surtout depuis qu'il s'était mis à la chasse de manière un peu plus extensive. © Bankichi |
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Sam 23 Déc - 10:20
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▶ Sujet: Re: Okaeri [Ouvert] Tu ne prêtas pas attention aux errements vocaux de ton congénère, notas tout au plus l’empreinte symphonique de son prénom tout en continuant à avancer jusqu’au seuil du Village Caché de la Brume. Ton foyer originel, que tu avais quitté il y a si longtemps maintenant, mais qui allait redevenir le nid de tes aspirations et de ta conquête sans borne de raffinement et d’émerveillement. Petit à petit, la silhouette des bâtiments pour la plupart familiers se dessina alentour, berçant ton esprit tranchant de volutes mnémoniques qui te rappelaient à quel point tout cet environnement t’avait été familier, autrefois. Mais ce n’était pas vraiment tes marques géographiques qu’il te serait le plus difficile de récupérer, tu le savais pertinemment. Bankichi, ton cousin, t’avait emboîté le pas et abreuvait tes tympans d’un flot de paroles qui te paraissait presque assourdissant tant il était omniprésent. Oppressant. Irritant…
Ton regard darda dans la direction du shinobi et de son gibier, attrapant son offrande au vol. Ce n’était toutefois pas ce qu’il venait de te donner qui focalisait en cet instant ton attention, mais plutôt la pulsion qui s’était éveillée en toi, celle-là même qui avait guidé ta main à bord de ce bateau quelques jours plus tôt, et au gré de laquelle tu avais conduit ton quotidien sur l’île où tu avais si longtemps séjourné. Celle du meurtre. Plus de dix années durant, tu n’avais eu de compte à rendre à personne, n’avais eu à subir les palabres de qui que ce soit et avait joui d’une liberté absolument totale. Voilà, où allait s’enkyster la plus grande difficulté que tu aurais à surmonter en revenant entre ces murs. Celle du compromis. Celle d’une interaction avec d’autres êtres conscient qui devrait prendre bien d’autres formes que la simple torture conclue par la magnification de leur vie. Sous tes mandibules osseuses, ta mâchoire se serra, résistant à l’envie, recentrant tes pensées sur ce flot de paroles dont t’avais inondé ce Bankichi.
« Vêtements… ? Aucun besoin de ça. Je suis Kaguya. »
Tout en gardant fermement en main le sachet de viande séchée offert par ton congénère, tu remuas alors vivement les épaules et expédias tout le tissu que composait ton par-dessus sur ton avant-bras avant de l’envoyer s’échouer au sol. Tu révélas ce faisant aux yeux de ton cousin, à ceux de tous ceux qui pouvaient à ce moment croiser ton chemin, l’étendue de ta nature profonde. Des extrémités bestiales auxquelles t’avait mené ta vie sur cette île, dont tu avais savouré chaque heure et chaque minute. Fourrant une main dans le sachet, tu te décidas alors à goûter ce Pemmican que t’avais donné Bankichi. Au moment d’enfourner le premier morceau dans ta bouche, la forme de cette dernière s’altéra visiblement, ta mâchoire s’étirant pour laisser la place à de nouvelles dents faites d’ossements qui allèrent s’enfoncer dans la viande séchée pour la déchiqueter sans ménagement. Le goût s’avéra familier, tout en étant différent de ce à quoi tu t’étais habitué durant ton exil.
« Hmmm. Aspirant, quand je suis parti. Je le suis toujours… Temps est venu pour moi, de passer les épreuves. »
Une pensée t’effleura alors et te tira de ta mastication à l’ampleur démesurée. De nouveau, tu te tournas alors de façon plus appuyée en direction de Bankichi, cette fois en quête de réponses.
« Yoshinori. Les hommes du Daimiyô. Dois les voir, faire savoir que je suis prêt. Ensuite… le Clan. Me présenterai pas devant eux… sans le bandeau. »
Tes foulées s’agrandirent, ton impatience devenant plus intense à chaque pas. Tu n’avais pas besoin de manger, pas besoin de te laver. C’était un tout autre appétit que tu devais amener à satiété, et ce au plus vite. Mais alors que tous les bâtiments ou presque qui t’entouraient t’évoquaient quelque vague souvenir lointain, une forme longiligne, anormalement haute se détacha soudain de l’horizon et capta toute entière ton attention.
« Une tour… Pourquoi... »
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Dim 24 Déc - 17:08
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▶ Sujet: Re: Okaeri [Ouvert] Aux portes de la Brume Ft. Bankichi, et un titanZetsumei se moqua de son besoin hygiènique (malgré l'odeur insupportable), ou même de porter de vrais vêtements. Il était drapé d'armure Kaguya, et possédait juste une veste au-dessus. Son physique, bien qu'un peu émincé, était malgré tout scuplté et rêvélait des muscles puissants. Des restants d'excroissances osseuses de partout, typique de l'utilisation traditionnelle de leur talent de clan.
Et une absence de vêtements presque total, surtout.
Un vrai cousin, celui-là.
Son oeil s'attarda quelque peu sur les os nâcré. Depuis son retour de mission, Bankichi n'arrivait plus à canaliser son pouvoir d'ostéogénèse. Il sentait quelque chose, sous sa peau. La sensation était néanmoins différente et il avait encore du mal à contrôler totalement son chakra depuis l'expédition. D'ailleurs, il portait encore quelques bandages sur ses avants bras et sur sa nuque, témoins du difficile affrontement.
Mais lui il portait un kimono (basique, certes, mais un kimono tout de même) qui cachait avec subtilité la raison médicale de ces pansements. Il soupira, à l'attention de son funeste cousin qui était encore aspirant (ce qui faisait du sens, enfin, pour quelqu'un qui s'était fait passé pour mort). Il s'agissait d'écourter quelque peu cette entrevue, ne serait-ce que pour épagner ce qui lui restait d'odorat.
Hatoshi Gensei - c'est notre Daimyo actuel, mais le village répond avant tout à une Kage Hado Oboroge. Je t'y conduis.
Il hâta le pas, gardant un peu plus ses pensées pour lui et le sanglier sur ses épaules. Il en avait des choses à réfléchir, ces derniers temps. Il avait même pas mal de projets à lancer. La Chasse Sauvage... Puis il secoua la tête, et après une rare question de son visiteur, se contenta de répondre.
Pour compenser quelque chose. Non, en vrai, je sais pas, mais la vue est jolie d'en haut. J'y suis allé une fois.
Pour la débâcle de Shinchu. En y repensant, Bankichi passa sa main reflexivement sur sa nuque, là où sous les bandages se cachait désormais un sceau maudit. Un sceau qui lui murmurait des promesses de pouvoir, de maitriser des acides tout puissants. Des promesses qui ne sous-entendaient nullement le risque d'avoir un effet sur lui, ou pire, sur sa personnalité. Lorsque des souffles et des voix se font entendre sous le crâne l'on n'est plus sûr de rien.
Cela, et son incapacité à utiliser ses talents Kaguya, de manière inexplicable. Il avait supposé que c'était l'effet du sceau, néanmoins les autres "marqués" ne subissaient pas la même atrophie. Un mystère pour un autre jour.
Maintenant, il amenait ses pas vers l'Administration. © Bankichi |
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Lun 25 Déc - 17:40
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▶ Sujet: Re: Okaeri [Ouvert] Les réactions de ton congénère à ton égard n'avaient rien à voir avec celles auxquelles tu avais eu droit à bord de ce navire, que tu avais laissé à la dérive, privé d'équipage et gorgé du sang de ceux qui l'avaient navigué. En progressant dans les entrailles de cette ville familière que tu ne connaissais plus, tu ne pus faire autrement que de remarquer malgré tout quelle étrangeté habitait le regard de Bankichi à mesure que ce dernier te passait au crible. Il n'avait pas peur de toi, ne te craignait pas comme avaient pu le faire ces matelots que tu avais magnifié dans la mort, mais quelque chose en toi le révulsait, à un degré que tu ne pouvais pas encore qualifier ou quantifier. Lui aussi était Kaguya, partageait théoriquement tes mœurs, tes valeurs, mais un profond schisme semblait malgré tout vous séparer. Ressentirais-tu ce clivage avec les autres membres de ton clan, une fois que tu irais les retrouver ? Les tiens avaient-ils changé, s'étaient-ils éloignés de la voie du sang, la voie du sublime ?
Il était trop tôt pour que tu puisses te laisser aller à tirer des conclusions. Comme il t'aurait été impossible de déduire ce que pouvaient cacher ces bribes de bandage que tu avais pu apercevoir sur ton cousin, sous les replis de son kimono, et qui semblaient accaparer une partie de ses pensées. A maintes reprises tu avais connu les préoccupations de la convalescence, au cœur de l'île où tu avais séjourné, avais dû composer avec les moyens limités à ta disposition pour guérir de vilaines plaies qui, chaque fois, t'avaient enseigné d'inoubliables leçons. L'inquiétude, alors, ne t'avait pas été étrangère, mais tu n'étais à l'époque qu'un adolescent volontairement esseulé et sans autres ressources que celles de ton cœur et de ton environnement. Bankichi, élevé et nourri au sein de la Brume, n'avait pas à composer avec de telles contraintes, alors... pourquoi ce tracas dans son regard et dans ses gestes, qui allaient effleurer du doigts les stigmates d'un probable récent combat ? Mais d'autres sujets, bien vite, accaparèrent ton attention.
« Hatoshi... Gensei. Et une Ombre... Pouvoir partagé. Pouvoir uni... ? Hrm. »
Ta mémoire replongea de plus belle dans les méandres de tes souvenirs, de vastes fresques imprécises qui avaient néanmoins fondé la base de la personne que tu étais aujourd'hui. La symphonie de ce nom, alors, te revint comme l'avaient fait les traits de Bankichi un peu plus tôt. Oboroge.
« Aah.. L'onde trouble, oui... Me souviens, d'elle. De ses cheveux... »
Tu avais, pour ainsi dire, fait tes classes avec elle, ces années durant, jusqu'à ton cuisant échec à l'examen qui avait sanctionné ton cursus militaire. Ce revers que tu devais, pensais-tu, autant à la maladie qui t'avait frappé alors qu'à la destinée qui t'attendait. Une tournure pour le moins intéressante des fils respectifs de vos vies, pensas-tu, mais une donnée tout à fait inconséquente à la priorité qui t'habitait pour l'heure corps et âme, celle de marquer ton retour officiel parmi les effectifs de la Brume. Ton cadence accéléra de plus belle, faisant se retourner vers toi d'autant plus de regards intrigués auxquels tu n'accordas pas une fraction de ton intérêt.
« Mauvaise blessure, ça ? » désignas-tu d'un geste de la main vers la nuque de Bankichi.
Une façon qui te sembla appropriée, dans ce contexte, de rendre la pareille à ton cousin en échangeant quelques mots avec lui. Il s'était montré accueillant. Gentil... Ces notions, tu en avais perdu l'essence, mais des relents de ta vie passée te dictaient d'adopter certains comportements, si tu ne voulais pas te fermer l'accès à ces gens. Ceux-là même qui pourraient, le moment venu, t'aider à magnifier de nombreuses existences. Mais que ce fut de façon bienvenue ou pas, il se trouva que le centre administratif ne tarda pas à poindre au détour d'une grande avenue, qui avait depuis le temps subi bien des changements. Tu le contemplas un instant après avoir mis un terme à tes foulées, le toisant comme un défi qui n'était plus à ta mesure, puis te tournas vers ton congénère.
« Merci pour... l'escorte. Je fais le reste, maintenant. Te retrouverai, après. Je veux voir... ce que sait faire le clan, maintenant. »
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Mar 26 Déc - 10:23
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▶ Sujet: Re: Okaeri [Ouvert] Aux portes de la Brume Ft. Bankichi, et un titanL'Ombre est notre supérieure, elle a été nominée par Hatoshi-sama, et leurs intérêts semble coïncider. Ou du moins, je n'ai jamais vu de frictions entre eux. Le Pays de l'Eau est fort et uni.
Le pas s'accélère. Leur destination se rapproche - le centre du village. Par après, Bankichi bifurquera pour se diriger vers le domaine de son clan. Quand Zetsumei pointe vers sa nuque, il grimace. Ses blessures sont avant tout sur ses avants-bras, un peu sur son torse. Le cou, c'était pas une blessure.
C'était une marque.
Mauvais souvenir de Sinchu, celui qu'on nommait le "Yokaï" originel. Très puissant. Il a croqué une cousine à nous comme une pomme. Mais j'ai trouvé sa planque, et on lui a rendu une visite digne de Kiri. L'âme de nôtre cousine peut danser dans l'au-delà. Mes quelques blessures sont des badges d'honneur.
Il ne parla pas du sceau maudit. Pas... encore. Bankichi sentait une présence dans ce dernier, une présence alien. Il y avait aussi ce murmure qui lui parlait de quelques mudras pour invoquer sa puissance et cracher l'acide capable de ronger le monde. Oui, s'il était superstitieux, Bankichi pouvait penser qu'une partie de Shinchu vivait désormais en lui, qu'il était prison et réceptacle du Yokaï, que ce dernier ne pouvait jamais véritablement mourir. Et bien, il aviserait.
En attendant, il ne pouvait que sourire et hocher de la tête à ce Kaguya qui revenait des limbes. Il était sauvage, il était diamant brute sans cissaillage. Il était comme moults membres de son clan, des guerriers et non des soldats. Il manquaient tous de discipline, même s'il ne pouvait s'empêcher de malgré tout apprécier leur compagnie quand il n'était pas effrayé de leur présence ou de leur volonté de violence.
Bonne chance, cousin.
Il continua son chemin à lui, le sanglier sur les épaules.
© Bankichi |
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Mar 26 Déc - 18:42
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▶ Sujet: Re: Okaeri [Ouvert] Fort et uni. Mélioratifs par bien des aspects, ces termes ne pourraient cependant avoir de sens pour toi que lorsque tu aurais appris derrière quels idéaux exactement se trouvait à présent unie la Brume. Ton instinct te souffla toutefois que ceux-ci étaient désormais de meilleur aloi que les idées aussi novatrices que blasphématoires qui avaient germé sous l’égide douteuse de Yoshinori, le rejeton de Norio. Si le maillon faible de la lignée n’était plus au pouvoir malgré son âge théoriquement peu avancé, l’espoir existait pour toi que cette nouvelle régence à deux têtes se révéla plus en phase avec l’essence de ton pays. Et si tes souvenirs restaient très flous à cet égard, ce dont tu pouvais te rappeler de la personnalité d’Oboroge, ces minces filaments mémoriels qui se frayaient depuis peu un chemin jusqu’à ton esprit, augurait davantage de bon que de mauvais selon tes principes. Ces pensées furent cependant promptement chassées, soufflées par la tempête qui s’empara de tes synapses par la seule écoute du récit succinct que te fit ton cousin de son affrontement contre un Yokai à la puissance incroyable. Tes yeux s’écarquillèrent, ton corps se pencha presque en avant, comme pour capter et faire tienne toute l’expérience de ce combat dont Bankichi était dépositaire.
« Shinchû…Parasite du cœur… Bien. Yokai peuvent être dangereux, oui. Même pour nous, Kaguya. Nous obligent parfois à être plus malin, plus… vicieux, qu’eux. Pas toujours facile. »
Tu avais croisé ton lot de créatures démoniaques lors de ton exil. Des résidents plus ou moins permanents de cette île, dont la cruauté et la malice avaient parfois su rivaliser avec les tiennes. Les avaient inspirées même, parfois. Au même titre qu’avec les autres êtres conscients qui peuplaient le Yuusei, et plus particulièrement les humains tels que toi, tu avais toutefois pris le même plaisir à en magnifier l’enveloppe charnelle et à en explorer ce qui leur tenait lieu de tripes. Armé de tes principes, tu plaçais ainsi tout naturellement toutes les formes de vie conscientes sur un pied d’égalité absolue, une qualité dont tu ne te serais jamais assez targué. Ce Bankichi… Il te semblait droit, élevé dans la même culture de rétribution sanglante dans laquelle tu avais baigné autrefois, et ce malgré ses atours pour le moins profanes. Pour avoir participé à la défaite d’un Yokai qualifié « d’originel », il devait assurément être fort, très fort. Digne de ton intérêt de prédateur né, de ta fascination pour le sang et le massacre.
« Chance… Pas besoin. Tout ce qu’il faut…là », fis-tu en désignant les lignes agressives de ton corps osseux.
En un mouvement décisif, tu te détournas alors pour de bon de ton congénère et t’engouffras dans les méandres de ta première épreuve en ces lieux. Une formalité tout sauf enthousiasmante, étant donnée la nature de tes plaisirs usuels, mais qui ne saurait en aucun cas te ralentir dans cet élan qui t’avait habité depuis ton île.
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▶ Sujet: Re: Okaeri [Ouvert] |
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