B	L'Artisan disparu [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] & [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

Un artisan renommé pour ses compétences dans la création de parchemins ninjas et de sceaux a mystérieusement disparu. Des indices suggèrent qu'il aurait été enlevé par un groupe de ninjas renégats cherchant à exploiter son savoir-faire pour des desseins inconnus. La mission est de retrouver l'artisan disparu avant qu'il ne soit contraint de partager ses connaissances.

Étapes — → Enquêter sur les lieux de la disparition et recueillir des indices. → Identifier le groupe de ninjas renégats responsables de l'enlèvement. → Suivre la piste de l'artisan disparu en utilisant les informations recueillies. → Libérer l'artisan tout en neutralisant ou capturant les membres du groupe renégat. → Rapporter les détails de la mission et les découvertes aux autorités de Kiri pour des mesures préventives éventuelles.

Récompenses — ◘ 7 XP et 90 000 ryôs par participants.

Spoiler:

Notre mission était enfin tombée. Après avoir rencontré mon partenaire, sur un concours de circonstances, nous sommes tous les deux allés récupérer notre ordre de mission. Avec attention, je le lisais. Il y avait un homme, un artisan spécialisé dans l'écriture et conception de parchemins ninjas et de sceaux qui avait disparu. Ou plutôt, a été enlevé selon les sources qu'on avait. Des indices pointaient un groupe de renégats particulier. La mission était donc simple à comprendre : il nous fallait retrouver cet artisan, avant qu'il ne leur dévoile tous ses secrets.

Intéressant. C'était la première fois, au cours d'une mission, que j'allais agir contre un groupuscule de personnes ayant potentiellement de mauvaises intentions à l'égard du village. Dans un sens, il y avait difficilement mieux pour prouver ma valeur et ma loyauté. Dans un autre, s'ils disposent d'un plan apte à faire sombrer Kiri, devrais-je les laisser faire ? Difficile à dire, sans en connaître les détails. Seulement, les dirigeants étaient intelligents. S'ils étaient réellement une grande menace, ils n'auraient pas envoyé que deux Genin pour cette mission, aussi importante soit-elle. Je ne pensais pas qu'ils me seraient d'une quelconque utilité. Je comptais aviser.

Pour l'instant, j'avais d'autres préoccupations. Les premières interrogations sur ma mission s'accompagnaient également des milliers de questions que j'avais à posé à Riku. Ce garçon m'avait atteint là où il fallait, droit dans le cœur. Sa pureté et sa détresse m'avait fait tomber ce masque que j'essayais de conserver. Et, au final, ça ne me dérangeait pas. Je ne le considérais pas comme une menace. Je ne le considérais pas comme mon ennemi. Il m'avait fait réaliser qu'il y avait bien des victimes, ici. Une leçon que je conserverai, auprès de moi.

« C'est embêtant, cette mission. »

Directement, il y avait quelque chose qui m'inquiétait.

« Si notre homme a été enlevé, cela voudrait dire que ses ravisseurs ont réussi à agir à l'intérieur du village, sans que personne ne les attrape. Nous n'avons potentiellement pas à faire à n'importe qui. »

Bien entendu, il y avait plusieurs hypothèses déjà. Peut-être qu'il a été attiré par quelqu'un de confiance, qui jouait un double-jeu, afin de le faire s'éloigner du village. Peut-être qu'il était délibérément parti, prétextant un enlèvement. Peut-être que ces renégats étaient vraiment expérimentés, au point de tromper la vigilance de tout un village. Je croyais un peu moins en cette dernière idée, mais on ne pouvait pour le moment rien n'exclure. Pour en savoir plus, il fallait inspecter les lieux de la disparition.

Mais avant ça, un engagement est un engagement.

« Au vu de la mission qu'on a reçu, on risque de devoir traquer nos cibles pendant quelques jours, peut-être. Passons déjà chez moi, pour récupérer les affaires que je t'ai promises. »

Sans le forcer en rien, je le guidais jusqu'à mon humble demeure. Il s'agissait d'une petite maison, avec une salle de vie, une chambre ainsi qu'une salle de bain et toilettes. En soi, rien qui ne sort de l'ordinaire, ni d'extravagant. Le domicile était propre, bien rangé. Les seules décorations étaient des tableaux, que j'avais moi-même peint. Mes peintures étaient plus souvent des représentations de paysage, comme par exemple les rizières de Mizu lorsqu'elles étaient encore en état, la mer, une imagination des profondeurs sous-marines, etc. Mis à part ça, le tout restait sobre et modeste.

Je regardais mon invité, avec un petit sourire qui se voulait rassurant.

« Fais comme chez toi. Je te laisse choisir ce qui te semble le mieux pour toi. Il n'y a rien de très grande valeur, donc ne te sens pas gêné en quoi que ce soit. Ensuite, tu peux utiliser la salle de bain qui est juste à droite, pour te changer. En attendant je vais préparer quelques affaires également. »

Plusieurs de mes affaires étaient déjà prêtes, je préparais simplement et rapidement quelques encas, et des rations d'eau pour nous, afin que nous soyons parés pour la mission. Rien de bien exceptionnel, j'allais au plus vite, pour que nous puissions débuter la mission dans les plus brefs délais.

Agir par soi-même. Il ne voyait pas les fils de marionnettistes t’enveloppant, et dictant le moindre de tes mouvements. Oui, son affirmative était juste. Mais Dieu ne t’offrirait pas de seconde chance. Pas dans cette vie. Pas dans cette existence. Mieux alors fallait-il accomplir ton but, et laisser les autres faires. Un incapable comme toi ne doit pas prendre d’initiative maladroite.

Tu entras alors dans le bâtiment, d’une démarche tout aussi fantomatique. Récupérant sans un mot l’ordre de mission, tu détournas ensuite les talons, quittant les lieux aussi vite qu’à ton arrivée. Une mission dangereuse, car impliquant d’autres Shinobi. « La dernière ? » Te demandais-tu avec une pointe d’espoir. Peut-être. Alors que vous étiez de nouveau à l’extérieur de la bâtisse, Yashiro reprit la parole.

« Je sais que je n’ai pas la même importance que cet artisan, mais moi, je n’ai pas de difficulté à disparaître et à me déplacer sans me faire remarquer… »

Tu baissas les yeux.

« Très bien. Allons chez toi. »

Tu posas ton petit sac en lin sur ton dos, et tu emboitas sagement le pas de Yashiro, jusqu’à arriver dans une petite et charmante maison. Tu entras dans la petite entrée, ôta tes sandales, avant de poser le pied sur le sol de la demeure.

« Désolé du dérangement. »

Tu croisas les bras, de peur d’heurté un objet quelconque, et de salir l’endroit par ta simple présence. Mieux fallait-il être économe. Ton regard passa furtivement sur les toiles, avant de s’arrêter sur une représentation des rizières, fixant une petite cabane dessinée au loin. Elle évoquait en toi quelques souvenirs, avant que la voix de Yashiro ne te sorte de ta torpeur.

« Ou…oui… »

D’un pas discret, tu traversas la maison, comme un fantôme à peine perceptible, jusqu’à arriver dans la fameuse chambre.  Tu avais pris l’habitude de te déplacer en faisant le moins de bruit possible, évitant de déranger l’entourage. Tu fixas un instant le lit, doux et bien fait. L’odeur spécifique et différente d’une chambre régulièrement habitée. Tu t’avanças jusqu’à l’armoire sur la pointe des pieds, l’ouvrant avec une grande délicatesse, fixant les différentes tenues. Tu sélectionnas spécifiquement celle qui semblait être la moins usité et la moins onéreuse : un vieux Kimono noir, que tu déposas avec tout autant de précaution, sur le lit. Puis, tu fermas la porte de la chambre, ôtant tes vêtements pour enfiler le Kimono, bien plus adaptée à ta carrure. Il était agréable, il sentait bon, et il était doux. C’était étrange. Tu verrouillas la tunique en te servant de ton bandeau comme ceinture. Puis, tu déposas tes affaires dans ton sac, et quitta la pièce, sans même que l’on puisse savoir que tu y étais passé.

Tu entras de nouveau dans le salon, et, instinctivement, tu te posas dans un coin de la pièce, à côté d’une plante verte, avant de te figer, attendant probablement le prochain ordre que l’on te donnera. A la différence que cette fois, ton regard se plongea dans l’un des tableaux, une représentation des abysses. C’était joli. Il n’y avait que des belles choses ici. Comme d’habitude, tu fais tache.

Tu baissas les yeux, attristé.
Tu ne méritais pas ce Kimono.
Tu ne méritais rien de ça.
Tu ne mérite que le martinet et les coups.
Tu ne vaux rien, Riku.

La remarque de Riku était pertinente, si on omettait la dégradation de lui-même qu'il faisait, en se considérant forcément moins important qu'autrui. Malheureusement, je ne pouvais pas le reprendre à chaque fois, il semblait être fermement convaincu de tout ça. Tout ce que je lui disais ne parvenait pas vraiment à le convaincre, ou au moins le faire douter. Du moins, ce n'était pas l'impression que cela donnait. Le mieux était sans doute de laisser faire les choses. Au cours de cette mission, peut-être que je parviendrais à un peu plus gagner sa confiance. Laissons faire les choses naturellement, peut-être que ça finira par payer.

« Tu penses qu'il serait parti de lui-même ? C'est une possibilité, en effet. »

Il faudrait voir les lieux de la disparition pour confirmer ou non cette hypothèse.

Dans tous les cas, une fois chez moi il accepta de se changer, en empruntant l'un de mes kimonos. Celui-là, cela devait faire un petit moment que je ne l'avais pas mis, maintenant que j'y pense. Au moins, il servira à quelque chose. Parfait. De mon côté, j'avais terminé ce que j'avais à préparer également, prenant quelques affaires afin d'être paré pour cette mission, et après avoir préparé nos rations. Ce regard qu'il portait, tantôt captivé par mes toiles, tantôt empli de tristesse alors qu'il regardait ses pieds, ne laissait rien présager de bon sur ce qu'il devait penser à ce moment-là. Je l'observais un moment, avec une pointe de tristesse mais aussi d'affection, avant de me mettre sur le départ.

« Allons-y. »

On se mit alors en route, en direction de la première étape de notre mission. Cet artisan avait son propre petit laboratoire, et apparemment que c'était là où il avait disparu. L'endroit avait été sécurisé, afin d'éviter toute intrusion qui pourrait nuire à l'enquête. Cet artisan s'appelait Iruka Mamoshi, et ses recherches étaient importantes pour Kiri. En arrivant, je nous présentais au ninja chargé de sécuriser les lieux.

« Sumioka Yashiro, et Okada Riku, mon coéquipier. Nous sommes chargés d'enquêter sur la disparition de notre homme. »

Je lui tendis l'ordre de mission, afin qu'il puisse vérifier mes propos, et me le rendit d'un hochement de tête.

« Quelle est la situation exacte ? Qu'avons-nous déjà ? »

Le ninja prit la parole, afin de me répondre.

« À première vue, rien d'anormal. Ses assistants nous ont assuré qu'il était dans son laboratoire, le soir de la disparition. Il avait l'habitude de travailler jusqu'à très tard, et de dormir dans une petite salle adjacente. Nous n'avons rien relevé d'anormal : il n'y a ni trace d'effraction, ni trace de bagarre ou de lutte à l'intérieur. La seule chose étrange qui a été relevé était que l'une de ses expérimentations était inachevée lorsque ses assistants sont revenus le lendemain, et que cela ne lui ressemblait pas du tout. »

Je hochais la tête.

« Je vois. On va rentrer, et voir ce qu'on peut en tirer. »

Je tournais la tête vers Riku, l'invitant à me suivre. Puis, on est rentré à l'intérieur. Après une investigation des lieux, il semblait assez clair que les informations du ninja à l'entrée était avérée. Il n'y avait, effectivement, pas la moindre trace de lutte, d'agression, ni d'effraction. L'expérience inachevée avait néanmoins été rangée, sans doute par l'un des assistants. Etant médecin, il me semblait improbable de partir en laissant quelque chose d'inachevé, surtout lorsqu'il s'agissait d'expérience. Après, un parchemin était peut-être moins dangereux qu'une potion quelconque, qu'un médicament, etc. Et peut-être que j'étais juste plus méthodique et organisé que lui. Mais, tout de même.

Après avoir fait le tour du laboratoire, et de cette petite salle de vie, je trouvais néanmoins quelque chose d'intéressant. Premièrement, il y avait pas mal d'effets personnels à lui. Il y avait une sorte de bourse contenant une sacrée somme d'argent, dans l'un des tiroirs. Il y avait également des papiers importants confirmant son identité, et son diplôme de recherche. À vrai dire, il y avait presque tout, sauf les clés de son laboratoire et sa blouse. Il y avait des blouses entièrement propres, sans doute inutilisées depuis leur dernier lavage. C'est comme si il était sorti en apportant rien, peut-être juste après que ses assistants soient partis.

« C'est étrange. Il n'y a aucun signe d'enlèvement, mais par contre tous ses effets personnels sont présents ici, ce qui suggérerait qu'il ne soit pas parti de lui-même. Si jamais l'idée me prenait de partir, j'emporterai avec moi au moins mon argent, des vêtements, manteaux, etc. Il a l'air de manquer plusieurs de ses recherches cependant, il n'y a que d'anciennes recherches dans son laboratoire. Je refuse de croire qu'il n'a rien écrit sur les plus récentes. »

Je me grattais le menton.

« S'il s'agit d'un enlèvement, je vois deux possibilités. Soit il a été attiré en extérieur par quelque chose, soit il a été contrôlé, ou menacé de sortir. Un Genjutsu, peut-être ? En tous les cas, s'il s'agit de ces ninjas renégats, ils n'ont visiblement pas laissé grand-chose ici. Je ne pense pas qu'ils soient venus en nombre. »

Mon attention se porta vers Riku.

« Tu en penses quoi ? Tu as trouvé quelque chose, de ton côté ? »

Comme une marionnette, tu t’actionnas sans un bruit, sortant de la bâtisse. Il n’y avait aucune trace de ton passage, hormis la disparition de ce petit Kimono noir. C’est comme à ton habitude, en silence, que vous rejoignirent tout deux le laboratoire de ce fameux artisan, spécialisé dans la création de matériel ninja. Par chance, Yashiro te présenta à ta place. Tu n’eus qu’à hocher la tête, fixant le garde d’un air convaincu, pour pouvoir rejoindre la pièce.

Au signal de ton coéquipier du jour, tu entras dans le laboratoire, un espace comme figé dans le temps. Certes, à première vue, il n’y avait rien d’extraordinaire. Du moins, aux yeux du commun des mortels. Tu fixas chaque élément, mais quelque chose coincé. Tu passas tes mains sur les étagères, tu t’accroupis pour vérifier sous le lit dans cette petite pièce de vie, tu déplaças même cette petite table de nuit pour être sûr et certains. Et le résultat fut sans appel.

Tout était extrêmement propre, et méthodiquement nettoyé.

Yashiro te rejoignis, et commença à donner le fruit de ses recherches. Tu hochais la tête, buvant ses paroles. Il était plus intelligent, probablement plus expérimenté, plus riche et même plus beau que toi. Alors, quoi qu’il pût dire, il devait forcément avoir raison, pas vrai ?

 « Peut-être. Tu dois sûrement avoir raison. »

Tu croisas les bras, détournant le regard.

« Et bien je ne sais pas si c’est un indice… Mais tout est étrangement propre, non ? C’est comme si quelqu’un avait fait le ménage avant qu’on arrive. Il n’y a même pas de poussière, ni sous le lit, ni sous les étagères… »

Tu baissas les yeux.

« Je… Je ne veux accuser personne. Mais même les chaises sont parfaitement en place. Tout est incroyablement rangé. Ça ne colle pas trop avec quelqu’un qui s’est fait enlever non ? L’arrangement semble naturel, alors c’est peut-être un de ses collègues qui a rangé ? Mais pourquoi l’avoir fait avant de nous appeler ? Où peut-être que quelqu’un est passé après son enlèvement pour tout mettre en ordre, et brouiller les pistes… »

Tu fis une moue.

« Non, qui ferai ça s’ils sont amis ? Je suis désolé, je ne suis pas très intelligent, alors je dois dire beaucoup de bêtises. »

Attentivement, j'écoutais le retour de mon camarade. Et il soulevait un élément assez pertinent et intéressant, qui se corrélait assez bien avec mes premières déductions. Il était vrai que cela ne m'avait pas plus que ça choqué, mais tout était extrêmement bien rangé. À ses mots, j'observais les alentours pour constater par moi-même ce fait, et il avait effectivement raison. C'était probable que quelqu'un soit passé avant nous, et donc avant la garde. Et l'idée qui me venait en tête d'emblée, c'était bien entendu l'un des assistants. Après tout, on nous avait mentionné qu'un assistant avait rangé ce qui trainait de l'expérience.

Cette expérience était étrange du coup. Pourquoi l'avoir mentionnée ? Est-ce que d'une certaine manière, l'assistant l'a inconsciemment fait pour appuyer la théorie de l'enlèvement ? Alors, pourquoi ranger les lieux ensuite qui viserait à éloigner cette théorie ?

Je regardais Riku, hochant la tête.

« Bien vu en tout cas, tu as tout à fait eu raison de mettre ça en avant. Je ne l'avais pas remarqué. Tu dis que tu n'es pas intelligent, pourtant moi je vois l'inverse en toi. »

Je lui tapotais l'arrière de l'épaule en lui disant cela, avec un bref sourire, puis je repris ma déduction.

« On nous a parlé d'une expérience non terminée que les assistants auraient rangé avant. Et puis, effectivement, on peut remarquer que l'ensemble du lieu semble avoir été rangé très récemment, comme si personne n'était venu avant nous. Pourtant, c'est faux car ils sont venus ranger ce qu'il trainait de cette expérience avant que l'on arrive, dès qu'ils ont constaté la disparition. J'ai l'impression que ces assistants nous cachent quelque chose, ou peut-être juste l'un d'entre eux. J'ai l'impression qu'ils ont quelque chose à se reprocher, et ont… paniqué, en en disant trop. Si c'est vrai, ce sont clairement des novices en la matière, et ne sont en aucun cas le cerveau de cette histoire. »

En parlant de cela, je repensais aux paroles de Riku emplies d'innocence. Pourquoi les assistants feraient ça, s'ils sont amis ? Même collègues ? Malheureusement, il pourrait y avoir des centaines de raisons qui pourraient pousser les hommes à trahir l'un des leurs. L'argent, la jalousie, le prestige, la menace, et j'en passe.

« Riku, je pense que tu as mis le doigt sur quelque chose d'important. Malheureusement, personne n'est à l'abri d'une quelconque trahison, même pas venant de ses plus proches amis. Il est possible qu'ils aient été payés pour le faire disparaître et le faire sortir de Kiri, il est possible qu'ils aient été menacés également. Cela peut, malheureusement, arriver à tout le monde. De nos temps, rares sont les personnes en qui on peut avoir entièrement confiance… Mais je m'égare. »

D'une certaine manière, cette vision assez péjorative de l'humanité était bonne à prendre. Riku ne devait surtout pas penser qu'il était le seul à souffrir de cela. Peut-être qu'en partageant ses douleurs avec autrui, il saura surmonter ses propres démons.

« On devrait rencontrer ces assistants. Je pense qu'on ne trouvera plus rien ici. Et s'il s'avère qu'on ait raison, alors il serait peut-être possible de leur tirer les vers du nez. »

D'un pas assuré, je quittais donc ce laboratoire, après avoir bien pris le temps de l'inspecter, puis je m'en allais voir le garde à l'entrée, qui nous a accueilli.

« On en a fini ici. Nous avons quelques questions. Ses assistants, où sont-ils ? Et combien sont-ils ? Il faut que nous leur parlons, ils sont potentiellement impliqués dans cette affaire. »

Le ninja gardant l'entrée me répondit alors, m'indiquant qu'ils étaient deux, et qu'ils sont actuellement dans un petit local à quelques minutes d'ici, pour continuer à travailler malgré tout. Récupérant l'adresse, j'hochais la tête puis on se mit en route. En effet, quelques dizaines de mètres plus loin, se trouvait ce local. Quelques shinobis surveillaient les alentours, sans doute suite à cette affaire. Peut-être étaient-ils suspects à leurs yeux, ou de potentielles nouvelles victimes ? Qu'importe.

Je me tournais vers mon partenaire.

« J'ai deux idées qui me viennent à l'esprit, Riku. »

Je levai l'index uniquement, annonçant la première.

« La plus simple : on toque, on rentre, et on pose des questions. Si on arrive à leur mettre la pression, peut-être qu'ils parleront. Le problème, c'est que nous n'avons pas de preuves, seulement des théories et intuitions. On peut bluffer, pour leur faire croire qu'on a quelque chose, cela dit. Sinon… »

Je levai un second doigt.

« Sinon, on peut tenter de s'infiltrer à l'intérieur. Si nous sommes relativement discrets, nous pourrions peut-être trouver une preuve les incriminant, ou surprendre une conversation de leur part qui pourrait les mettre en tort. À partir de là, on pourra intervenir en les prenant les mains dans le sac. »

Je croisais les bras, l'observant une nouvelle fois.

« Quelle idée te semble la mieux ? Laquelle préfères-tu ? On choisira celle qui te botte le plus. Tu es intelligent, quoi que tu en dises, alors je suis sûr que tu sauras prendre la meilleure décision. »

Je continuais, malgré moi, à essayer de gagner un tant soit peu sa confiance, mais aussi de le valoriser et mettre en avant. Je serais comblé s'il apprenait au cours de cette mission à commencer à s'écouter un peu. Juste un peu, au moins.

Un geste amical, et un compliment. La main sur ton épaule déclencha une réaction presque électrique, alors que tout ton corps se tendait soudainement. Tu tournas la tête, fixant Yashiro avec un regard étrange. Se situant entre celui d’une proie apeurée, mais affichant un sourire maladroit, comme ne sachant pas vraiment comment réagir à ce genre de chose. La plupart du temps, les gens aussi amicaux et tactiles avaient une idée très précise derrière la tête. Est-ce qu’il partageait ce genre d’idée ?

« C’est… euh… D’accord. J’imagine. »

Au reste de son discours, tu baissas les yeux. Il y en avait d’autre ? Ton cœur se serra, alors que tu fus envahi par une grande tristesse, fixant le sol, quittant cette posture insécure pour une torpeur de désespoir.

« Oui. Certains gens très proches sont parfois très cruels. »

Tu fixas de nouveau Yashiro, lui adressant alors un maigre sourire.

« Mais il faut pardonner et ne pas répliquer, car sinon, c’est toi qui rends les autres triste. »

Même si c’est difficile, même si c’est cruel, même si c’est injuste… Tu dois encaisser, et tenir bon, sans jamais répliquer. Une arme ne se retourne pas contre son maître.

Après quelques instants, vous rejoignirent tous deux la bâtisse où était les deux assistant. Après quoi, ton coéquipier te proposa deux solutions. Soit mettre la pression pour qu’ils parlent, soit s’infiltrer et essayer d’obtenir une information importante. Tu reculas un peu, manifestement mal à l’aise qu’il te laisse le choix.

« Je… Je ne sais pas moi. Ce n’est pas à moi de décider… Je ne sais pas… Je suis pas… Je ne peux pas… »

Tu détournas le regard, croisant les bras, te tenant le ventre.

« Je ne dois pas… Je… C’est mieux si c’est toi qui décides. Moi je… J’ai… Je dois… »

Soudainement, tu te recroquevillas par terre, tenant tes genoux.

« Je suis un gentil garçon obéissant, mais trop bête, alors je dois me laisser faire, c’est mieux comme ça. »

Il faut savoir pardonner, et ne pas répliquer ? Afin de ne pas rendre les gens tristes ? Cette simple affirmation avait eu l'effet d'une bombe. Je regardais Riku d'un air assez surpris, puis vide tant cela m'avait plongé dans mes pensées. Une pensée d'abord pour lui, qui me tiraillait. Des gens proches très cruels, puis pardonner sans jamais répliquer ? C'était se perdre soi-même. Comment pouvait-il accepter cela ? Et encore, je n'avais aucune idée de l'ampleur de l'horreur qu'il vivait au quotidien. Mais le peu que je savais me permettait déjà de mieux le comprendre.

Cependant, ce qu'il disait était pour moi un non-sens absolu. Il ne devait pas pardonner, et se laisser faire. Tout comme moi. Je ne pouvais pardonner le mal que fait ce village et ses ninjas. Et je répliquerai, lorsque le moment sera venu. Je ne m'attendais pas à ce qu'il affirme, aussi innocemment et avec ce sourire, quelque chose allant autant à l'encontre de mes objectifs réels. Rendre les autres tristes ? Foutaise. Les autres, ceux qui le méritent, vivront bien mieux sans cette menace et ce souffle de mort constant.

Après m'être terré dans le silence un instant, je tournais le dos à Riku, baissant légèrement la tête. J'étais tiraillé de l'intérieur. Que devrais-je répondre à ça ? Devrais-je répondre à ça ? Je le prenais, d'une certaine manière, personnellement. Bien que ce n'était clairement pas son intention, loin de là. Il ne pouvait pas savoir. Et je le savais. Seulement, je me devais de faire attention à ce que je disais. C'était comme un rappel à l'ordre. Je ne devais pas baisser ma garde, même s'il avait le don de m'atteindre au plus profond de mon être et de m'attendrir. Même si ce masque que je portais se fissurait peu à peu. Le voilà ce cruel dilemme. Assumer et montrer mon désaccord, quitte à montrer une facette que je ne souhaitais pas, ou jouer le rôle du parfait petit soldat en affirmant ses propos, alors que cette situation n'allait que le détruire.

J'avançais dans un silence pesant, ne savant pas trop quoi répondre. Je pesais le pour et le contre. Nous étions arrivés devant ce local, et je lui présentais les plans que j'avais, ayant pour l'instant occulté mon avis sur son constat.

Sa réaction néanmoins, aux plans annoncés, n'eut pas l'effet escompté. Le malaise s'installait en lui, il finit par angoisser à l'idée de choisir et se recroquevilla sur lui-même. Dans une position similaire dans laquelle je l'avais trouvé. Je repensais une nouvelle fois à ses paroles, lorsqu'il s'annonça trop bête mais obéissant, et qu'il devait se laisser faire.

« Riku… »

Je l'observais, recroquevillé ainsi. Un mélange d'inquiétude, de tristesse, mais aussi de colère commençait peu à peu à m'envahir. De la colère ? Oui. Mais pas contre lui. Contre ceux qui lui ont fait ça. Contre ce village. Contre ce monde que je hais tant.

« Riku. Tu… »

Je sentais ce blocage une nouvelle fois. Je ne devais pas trop parler, ni trop en dire. C'était dangereux. Il se complaignait à être une arme, un outil, il m'a rappelé qu'ici on ne devait jamais répliquer, et remettre en question quoique ce soit. À une toute autre échelle. Alors je ne devais pas le consoler sur ça. Je devais affirmer ses propos. Je... Oh, et puis merde.

« Riku. Tu as bien plus de valeur, selon moi, que beaucoup de ninjas de ce village. Ces gens qui abusent de toi, qui t'utilisent, ne méritent pas que tu leur pardonnes. J'ignore beaucoup de choses sur toi. J'ignore qui te fait du mal, et j'ignore comment. Mais néanmoins, tu ne mérites pas ça. Tu ne mérites pas qu'on te traite de la sorte, et de te laisser faire. Nous ne sommes pas des armes, ni des outils. C'est ce qu'ils attendent de nous, mais nous sommes bien plus que ça ! Tu as le droit de prendre tes propres décisions, tu as le droit d'agir selon ta propre volonté… Tu as le droit de vivre ! »

Je lui tendis ma main, pour l'aider à se relever. Je le regardais d'un regard mélangeant tristesse, mais néanmoins avec une pointe de sévérité.

« Relève-toi, Riku. Si jamais, un jour, tu souhaites changer les choses, sache que je serai là pour toi. Nous aurons tout le loisir d'en parler, et d'en discuter ensemble. »

J'en avais beaucoup, mais alors beaucoup trop dit sur mon réel tempérament que je m'efforçais tant bien que mal de cacher habituellement. Malheureusement, je ne pouvais pas rester insensible à ça. Je devrais peut-être me calmer, et me reconcentrer sur la mission... Oh, et puis Ô diable cette mission ! Il y avait bien plus important que de jouer le parfait petit soldat.

Tu baissais la tête, fixant tes pieds, fixant le sol, évitant tout contact avec Yashiro. Ton cœur battait, rapidement, alors que tu t’agripais fortement, l’angoisse montant dans tout ton être. Il était comme lui. Il était comme ton oncle. Il jouait le gentil. Il voulait t’endormir, accusant l’autre d’être injuste avec toi, pour mieux s’accaparer de toi. C’est dangereux, Riku. Tu es en danger, Riku. C’est le danger, Riku !

 « Argn… »

Tu t’agrippas la poitrine, alors que la valse de sa voix dansait dans ta tête. La peur dansant dans ton ventre, l’électricité parcourant le moindre de tes muscles. Il avançait sa main, s’approchant pour tout te prendre. L’air autour de toi se densifiait, alors qu’un afflux important d’énergie s’accumulait dans ton corps. Le chakra blanc. Il s’était réveillé. Il brisa cette première porte, soufflant d’un coup seul, éveillant des éclats blancs dans ton regard. SAUVE-TOI RIKU !



Alors qu’il tendait sa main, et avec une vitesse bien supérieure à la moyenne, tu balayas son offre d’un revers de main.

 « NE ME TOUCHE PAS ! »

A genoux, au sol, tu agrippais ta poitrine. Une déferlante d’émotions te submergea, en même temps que le flux de ton chakra s’emballait.


D’un mouvement céleste, tu fis un tour de bassin, posant ton pied sur le sol, et te propulsant dans la bâtisse la plus proche. Ta vitesse et ta force naturelle ne laissa aucune chance à cette barrière de bois. Tu brisas la porte, entrant en trombe dans la bâtisse, les deux assistants, surpris, criant de surprise.


Une propulsion plus tard, tu frappas en plein torse un des deux assistant, le propulsant à pleine vitesse dans une armoire. Tu renversas d’un mouvement sec la table, plongeant pour rejoindre l’autre, le plaquant au sol, avant d’effectuer un mouvement, tel un serpent, pour te retrouver dans son dos, tordant son bras, prêt à le briser.

 « Je sais tout. Je SAIS TOUT. ARRÊTE DE MENTIR, ET DIT MOI TOUTE LA VERITÉE ! »

Mais à qui parlais-tu ? Ta poigne se fit plus forte, alors que ton chakra s’envolait, forçant doucement l’ouverture de cette seconde porte.

Une fois n'étant pas coutume, je ne m'étais absolument pas attendu à ce genre de réaction. Mes paroles l'avaient encore plus mis dans la tourmente, et j'ignorais qu'il avait ça en lui. Un chakra blanc, dense et puissant, se mit à émaner autour de lui, son corps montrait des signes de suractivité flagrants. Qu'était-ce que ce pouvoir qu'il avait en lui ? J'en ignorais clairement l'origine, mais je ressentis la violence que son être pouvait contenir lorsqu'il balaya brutalement ma main, d'un revers de la sienne. Il cria alors, ordonnant à ce qu'on ne le touche pas.

Que venait-il de se passer, au juste ? Ce changement de caractère était tout aussi brutal que ce qu'il dégageait, comme si deux êtres cohabitaient. Je ne l'expliquais pas. Il était passé d'un être pur et innocent à un amas d'émotions négatives. C'était dangereux. Pour moi, mais aussi pour lui. Il semblait ne plus avoir de contrôle sur lui-même !

« Ri-Riku... ? Qu'est-ce qui t'arrives ?! »

L'inquiétude pouvait se lire sur mon visage, notamment lorsqu'il s'élança directement dans la porte de la bâtisse, la détruisant suite au choc. Si le temps était aux blagues, je dirais qu'il avait finalement choisi la troisième solution : celle du barbare qui enfonce les portes. Seulement, il était bien loin de vouloir rire, actuellement. Suite à la destruction de cette porte, un nuage de poussière s'était soulevé, mais je pouvais entendre les cris des assistants, et le vacarme qu'il faisait  à l'intérieur.

« Je sais tout. Je SAIS TOUT. ARRÊTE DE MENTIR, ET DIT MOI TOUTE LA VERITÉE ! »

Cette voix déchirante me percutait en plein cœur. C'est moi qui l'avait mis dans cet état ? Alors que je n'essayais que de bien faire les choses. Je ne pouvais m'empêcher de me sentir en danger d'une certaine manière, mais aussi criblé par cette voix qui retentissait. Merde, ça n'allait pas du tout. Risquait-il de les tuer, sous la colère ? À quel point avait-il perdu le contrôle ? Et puis, aussi…

Cela commençait à s'agiter. Forcément. Les ninjas qui surveillaient la bâtisse ont forcément été témoin du spectacle, et vont rappliquer. Ca craint. Certains s'activèrent pour guetter les alentours, tandis qu'un autre y alla. Et merde. Je ne pouvais pas rester là sans rien faire.

Ce ninja devait être un autre Genin, et rappliqua directement dans la bâtisse par cette nouvelle entrée fraichement instaurée. Je le suivais dans la foulée, et il se dirigeait droit vers Riku qui s'en prenait, sans doute, à une personne qui était sous leur surveillance. Forcément. C'était bien ce qu'il me semblait. Alors qu'il s'approchait de lui pour prendre Riku par surprise kunai en main, j'intervins sans perdre un instant, le bousculant puis instaurant une distance avec lui à l'aide de mon épée, qui se trouvait désormais entre lui et moi. Néanmoins dans la manipulation, le kunai m'avait entaillé le bras sur lequel j'avais pris appui pour le bousculer, me provoquant une grimace de douleur.

« Toi, pas un pas de plus. Si tu touches à ne serait-ce qu'un seul cheveu de mon partenaire, je te règle ton compte directement. »

Putain, quelle merde. Il fallait la jouer fine, mais pas trop non plus au vu de la situation.

« Pardon ?! Vous vous prenez pour qu... »

Je regardais le Genin d'un air sévère et dur.

« Boucle-la. Ces types sont suspectés de trahison envers le village, dans le cadre de notre mission. Ils sont sous notre responsabilité maintenant. »

Malheureusement, je n'avais pas beaucoup de temps et de marge de manœuvre. Je devais m'avancer sur nos suppositions, pour essayer de justifier tant bien que mal le comportement de Riku. À ce propos, l'assistant se tordait sous la prise de Riku, et commençait à crier, avec désespoir. Son partenaire le tenait dans une position terrible, sur le point de lui briser le bras à tout moment.

« S-STOP ! Ok ! OK ! On va tout avouer ! Pitié, lâchez-moi...  Et je vous dirais tout ! »

L'homme se tordait de douleur, pleurant pour sa vie tant la douleur devait être intenable. Surtout qu'ils n'étaient en rien des ninjas. C'était délicat. Le Genin ne disait rien d'autre, mais ne s'éloignait pas pour autant, considérant ma lame. L'autre assistant reculait doucement, comme dans l'espoir de s'échapper.

« Toi, tu ne bouges pas d'ici. Ton pote a dit qu'il allait avouer, donc tu vas sagement écouter et déballer ton sac également. Si tu tentes de fuir, la sanction sera immédiate. »

Mon regard se tournait ensuite vers le Genin que je tenais en joug.

« Tu les as entendu, ils ont bel et bien quelque chose à avouer. Merci de nous laisser faire notre travail, maintenant. Et que je ne te surprenne plus à tenter quoique ce soit contre mon ami, tu ferais bien de faire passer le message. »

Le Genin commençait à reculer, remonté néanmoins. Enfin, il adressa un dernier regard à Riku.

« Riku, reprends-toi... Il va parler, c'est bon. »

Je le regardais avec une profonde tristesse, ne sachant pas réellement ce que j'avais déclenché mais aussi ce qu'il lui était passé par la tête. Avait-il seulement le contrôle de son corps, à ce moment-là ? J'avais sans doute merdé quelque part. J'avais raison, au départ. Je ne le connaissais pas, je ne pouvais pas m'immiscer autant dans sa vie. Je l'avais fait, j'en payais sans doute les conséquences.

« Et… Je suis sincèrement désolé si je t'ai brusqué, offusqué, ou bien blessé. Ce n'était pas mon intention. »

Je le pensais sincèrement. Tout comme je pensais sincèrement qu'on aurait des problèmes avec tout ce grabuge. Soit assez vite, soit lorsqu'on rendra notre rapport de mission.

Un instant frénétique. Le pouvoir affluait en toi, t’offrant cette force. Il te suffisait juste de t’abandonner à elle. De la laisser déferler. N’était-ce pas là, la clef de ton salut ? Mourir telle la flamme brûlante d’une bougie un peu trop brillante. Tu n’avais rien d’autre à faire que simplement te laisser aller à cette rage, à cette déferlante. Ta main se referma sur ton étreinte, provoquant le crissement des os en même temps que le crissement du traître que tu tenais dans tes mains.

N'était-ce pas là, quelque part, une trace de la volonté divine ? Être la faux de la mort châtiant les traîtres grâce à ce don exceptionnel ? Ce chakra blanc, intense, pur, prêt à dévorer le monde de son étreinte. Alors quand le ninja de la Brume entra, tu relevas doucement la tête, le fixant d’un regard aussi froid que les neiges éternelles, des flammes blanches luisantes, dévorant les doutes pour ne laisser place qu’à une froide détermination d’éliminer ce que tu identifiais comme le « danger ».

Le chakra dévorait les chaînes qui retenaient la seconde porte de ton cerveau, alors que tu sentais doucement cette douleur familière t’envahir, à l’instar de quelques légères courbatures. Tu fixas le bras ensanglanté de Yashiro, et, comme le dernier coup de marteau, tu fixas l’autre Kirijin. Ta voix était d’un calme surnaturel.

« Tu es un ennemi, toi aussi ? »

D’un mouvement sec et rotatif, comme si tu brisais une allumette, tu tordais le poignet du scientifique, qui libérant un cri glaçant. Cette question n’était qu’une menace à peine voilée : elle sonnait à l’oreille comme un cinglant « Tu veux mourir, toi aussi ? ». Tu penchas légèrement ton buste en avant, prêt à fondre sur ce nouvel adversaire, comme en guise d’un dernier avertissement pour cet adversaire. Mais la menace avait fait son œuvre, et il quitta la pièce, alors que les paroles de Yashiro te plongeaient dans une autre torpeur.

« Un… Ami ? »

Le flux de chakra qui s’embrasait, vacilla pour la première fois. Ton regard fit un balayage de la pièce, constatant de force que les dangers n’étaient plus. Tu poussas un faible soupir, tantôt soulagé, tantôt déstabilisé, alors que les flammes de tes yeux se baissaient légèrement.

« Je suis désolé. »

Ta poigne était pourtant encore crispée sur l’homme que tu tenais fermement, et dont le bras, que tu avais déboîté, lui infligeait une grande douleur.

« Très bien ! Lâche-moi maintenant ! »

Tu fixas l’homme, comme si ton esprit reprenait peu à peu le contrôle de ton corps. Tu fixas Yashiro, reprenant la forme qu’il avait toujours connu. Celle d’une marionnette, au regard vide, attendant désespérément d'être animé. Mais désormais, il savait.

Ce pantin était bien une arme.
Parfaitement forgée pour servir et détruire.
Au moindre ordre de celui qu’elle considérait comme son maître.
Une question demeurait pourtant…
Si ces chaînes inhibitrices finissaient par se détruire,
Si ce pouvoir, encore faible et brut, arrivait à son paroxysme,
Qui serait assez puissant pour la garder sous son contrôle ?

Un ami ? J'entendais sa voix reprendre une intonation plus habituelle, comme si ce mot commençait à le ramener à lui. Et ce fut bel et bien le cas, cette émanation de chakra s'arrêtait brutalement, son corps semblait reprendre une activité normale. La crise était terminée, visiblement ; mais jusqu'à quand ? Il m'avait montré à quel point il pouvait être instable et puissant. Je mentirai si je disais pouvoir tout comprendre, à vrai dire j'avais bien des questions à lui poser sur ce qu'il venait de se passer. Pour l'instant, je préférais m'en abstenir. Plonger dans sa vie privée était quelque chose que je devais sans doute éviter, au vu de la réaction précédente.

Il semblerait néanmoins que l'appellation « ami» l'ait atteint. À vrai dire, cela m'était sorti tout seul, dans le feu de l'action. Je ne savais pas trop quoi en penser. Mon arrivée à Kiri n'était due qu'à une seule et unique volonté, uniquement à la réalisation de mes objectifs. Jamais je ne me suis dit que je me ferai des amis ici. Pourtant, c'est bien ce que j'avais dit, de manière irréfléchie. Est-ce que je pouvais le considérer tel quel ? Je ne savais pas trop quoi en penser. Oui, je l'appréciais bien, et j'avais envie de l'aider et le protéger. Peut-être bien, oui, que je pourrais l'envisager comme ami.

Riku était en train de me fixer, alors que je réfléchissais à mes prochaines paroles.

« Ami, oui. Tu as bien entendu. »

Je lui disais cela avec un léger sourire. Peut-être que je regretterai un jour ces paroles. Peut-être qu'un jour je regretterai de m'être ouvert à l'amitié, ici. Peut-être qu'un jour il me détestera, si je parvenais à mes objectifs. Dans tous les cas, à l'heure actuelle, je ne pouvais nier ce sentiment que je ressentais. En temps normal, j'aurais du ne rien dire, et agir tel un soldat. J'ai décidé d'en faire autrement. C'était sans doute une erreur. C'était une faille dans mes plans, une faille que je n'avais pas imaginée. Et bien, tant pis.

Une pensée indésirable se fraya un chemin dans mes pensées : « Tu pourrais l'utiliser. » Cette pensée me fit frémir. Elle continua : « Il est le pion parfait. Il est puissant. » Je regardais Riku, de la tête aux pieds, avant de secouer légèrement la tête. Il n'en était pas question. Je ne l'utiliserai pas pour atteindre mes objectifs. Je ne pouvais pas lui infliger ça. Je ne pouvais pas lui mentir de la sorte. Pas après tout ce qu'il doit vivre au quotidien. Prenant une profonde respiration, je chassais cette pensée parasite de mon esprit, essayant de penser à autre chose.

À ses excuses, je ne lui adressai qu'un simple hochement de tête. J'ai hésité à lui mettre une tape légère sur l'épaule, mais j'ai décidé de m'en abstenir. Il avait été clair. Il ne voulait pas que je le touche. Tâtant ma propre blessure, je constatai que ce n'était rien de grave. Rien qui ne pouvait pas attendre. Alors, je m'avançais vers l'assistant blessé, et paniqué. Le second n'osait pas bouger d'un pouce, après la menace.

« Riku, peux-tu surveiller son camarade ? J'aimerais qu'il reste avec nous, et qu'il contribue aux aveux de son collègue. »

En m'avançant vers le scientifique, qui ne s'était même pas relevé, j'observais le poignet du scientifique. Il était dans un bien sale état. Riku y avait mit beaucoup de force. Ce pouvoir qu'il renfermait, et à quel point cela pouvait lui faire perdre l'esprit était effrayant. Avant de passer aux interrogatoires, et aveux, je m'occupais de son poignet. Je sortais mon matériel médical, et usai de quelques techniques médicales afin de réparer, du mieux que je le pouvais, sa blessure. Le poignet avait été brisé avec une grande violence, je ne pouvais en aucun cas le rendre comme neuf avec le temps et les moyens que j'avais à ma disposition. Je pouvais néanmoins le soulager de sa douleur, lui préparer une attelle pour son pognet, et entamer les premiers soins. Je ne devais pas trop attendre, au risque qu'il ait des séquelles irréversibles, ou qui demanderaient de bien trop grands soins.

« C'est tout ce que je peux faire. Nous ne sommes pas des monstres, tu vas pouvoir déballer ton sac dans de meilleures conditions. Il faudra néanmoins que tu aies des soins plus approfondis pour ton poignet, si tu ne veux pas en perdre définitivement l'usage et la mobilité. Si tu coopères, tu auras accès à ses soins bien plus rapidement. Si je m'aperçois que tu me caches quoique ce soit, ou que tu me mens, il est possible que tu doives t'habituer à travailler que d'une seule main. »

L'assistant ravalait sa salive, et hocha la tête.

« Que sais-tu sur la disparition d'Iruka Mamoshi ? Es-tu impliqué d'une quelconque manière dans sa disparition ? Est-ce que ton camarade est lui aussi impliqué ? Qui l'a enlevé, pour qui et pourquoi ? Et où est-il maintenant ? Réponds. »

L'assistant regardait le sol, puis son camarade. Les deux étaient inquiets, voire paniqués d'autant plus. Leur culpabilité ne faisait aucun doute, dès à présent.

« On... On nous a simplement demandé de le capturer, et de l'emmener à l'extérieur de Kiri. On nous a promis une grande somme d'argent, en échange. Un homme masqué est venu le récupérer ensuite, et il est parti avec. »
« Vous n'avez aucun nom à nous donner ? »
« Non, je le jure ! On... On sait simplement qu'ils sont intéressés par les recherches du professeur Mamoshi. Et nous... on a besoin de cet argent. Et puis, il nous traitait et payait mal, alors ça nous a convaincu de le faire. Mais on regrette, on s'est fait manipuler... ! »
« Il est trop tard pour avoir des regrets. Surtout que vous n'avez quasiment rien à nous donner, alors... »
« Attendez... On est censé récupérer notre argent sur une petite île à l'est, Shizumi ! Ils doivent être là-bas ! »

Shizumi... De ce que j'en savais, c'était effectivement le nom d'une île à l'est. Une petite île de montagnes, mais non habitée. Du moins, à ma connaissance. Ce n'était pas très rassurant, comme lieu de rendez-vous pour qu'ils puissent récupérer leur pactole. On dirait presque que c'était un lieu choisi pour éliminer les quelques témoins de cette affaire, ou poursuivants. C'était potentiellement une embuscade.

« Bien. Vous allez être remis aux autorités, et vous serez jugés pour trahison envers Kiri. Espérez qu'on retrouve notre homme, peut-être que nous aurons un peu plus de clémence à votre égard. »

La panique se lisait dans leur regard, mais ils n'étaient clairement pas en position de discuter. Je fis appeler les shinobis aux alentours, afin de les embarquer, tout en leur faisant un tope de la situation.

Mon regard se tournait ensuite vers Riku. Etrangement, ma voix s'adoucissait constamment lorsque je m'adressais à lui.

« On a une piste. Mais je ne te cache pas que je vois l'embuscade venir. Il est probable qu'ils n'aient jamais eu l'intention de les payer, et utilisent cet argent pour attirer les témoins, ou potentiels poursuivants comme nous, dans un piège. Mais c'est notre seule piste, alors on va devoir redoubler de prudence. Tu es partant ? »

L’Ordre fut donné. Comme un pantin mécanique, tu t’activas de nouveau. Tu lâchas le bras du bougre, et tu t’avanças jusqu’à l’autre assistant, l’observant sans relâche. La surveillance était totale, sans discrétion aucune. Yashiro t’avait demandé, tu avais exécuté. Tout cela pouvait paraître maltraitant, mais on avait réussi à te donner goût à l’obéissance. Obéir était également synonyme de ne pas réfléchir à ses actes. Un sentiment rassurant, te confortant dans cette posture bien docile.

Tu écoutais d’une oreille attentive les aveux des assistants. Ils avaient fait tout cela pour de l’argent. Encore une fois, l’argent était à la source de toutes les discordes. Qu’est-ce que les hommes ne feraient pas pour ce bout de papier, dont la valeur dépendait de choses qui t’étaient bien obscures. Toi, tu donnais tout ce que tu avais à tes parents biologiques. Il te le demandait, alors tu le faisais, sans même oser penser que cet argent pourrait te servir à toi.

Yashiro s’adressa ensuite à toi. La destination était claire : une île, pleine de danger, probablement une embuscade meurtrière. Tu ne tournas pas la tête, car l’ordre de surveillance n’était pas omis. Tu lui répondis simplement.

« D’accord. Allons-là bas. »

Quelques échanges plus tard, les assistants furent déplacés en geôles, alors que tu avançais avec Yashiro vers le port, à la recherche d’un navire pour aller sur l’île en question. Tu demeurais silencieux, baissant du regard lorsqu’il te regardait. Puis, arrivant au port, tu brisas le silence.

« Tu sais… Je vais te protéger là-bas. Je te suis quand même utile, hein ? Alors ça va aller, n’est-ce pas? »

Tu le regardais, d’un air interrogateur, comme attendant son approbation. L’inquiétude sincère pouvait se lire dans ton regard, le même lorsqu’un enfant, tétanisé, ne parvient pas à savoir comment réparer la situation. Tu le fixais, l’inquiétude se transformant peu à peu en désespoir, comme si le moindre mot désapprobateur aurait l’effet d’un parchemin explosif en plein cœur.

Alors qu’on vous assignait un petit voilier, tu emboîtas le pas, mettant en œuvre ce que tu avais appris à l’académie. Savoir naviguer était une des bases pour accomplir ta mission à Kiri. Tu mis tout en œuvre de façon très proactive, devançant Yashiro dans les différentes manœuvres, cherchant encore, peut-être vainement, à réparer ce que, instinctivement, tu avais peur d’avoir brisé.

Car ce que tu n’avais pas dit, et ce qui se lisait dans tes lèvres silencieuses, c’était que c’était ton premier, et seul, ami. Tu ignorais ce que cela impliquait réellement. Quel était la différence entre un maître et un ami ? Ce rapport inconnu t’inquiétait. Car au fond, une seule chose importait.

C’était d’être suffisamment bon pour ne pas trop le décevoir.

Riku accepta ma proposition. De toute manière, ce n'était pas comme si nous avions le choix. Il s'agissait de notre seule et unique piste. Et même si elle était dangereuse, et qu'un piège nous attendait potentiellement, il fallait que l'on prenne ce risque. Pour le bien de notre mission. Je me devais de la remplir, cela ne ferait que me permettre d'avancer dans mes projets personnels. Et puis, avoir une vision concrète de ce qui pouvait s'opposer à Kiri était également instructif. Peut-être que j'en tirerai quelque chose un jour, qui sait.

Pour l'instant, je n'en étais pas encore là. Je ne savais pas trop quoi dire à Riku, après ce qu'il venait de se passer. M'excuser ? Déjà fait. Et il ne l'avait pas spécialement relevé, donc j'ignorais ce qu'il en pensait. Parler de choses personnelles ? Je craignais une nouvelle mauvaise réaction de sa part. Lui demander quelque chose ? Il le prendrait comme un ordre. C'était... complexe.

Etonnamment, ce fut lui qui brisa ce silence qui s'était installé. Sa remarque me fit sourire. Il était redevenu le Riku pur et innocent. J'étais tenté de lui parler de la notion entre volonté et devoir, à savoir s'il voulait me protéger, ou s'il le devait, dans l'espoir de faire naître en lui quelque chose, mais après le fiasco de ma dernière tentative je ne comptais pas trop m'aventurer sur ce terrain glissant. Du moins, pas pour tout de suite. Peut-être plus tard, lorsqu'on se connaîtra mieux.

« Bien sûr que tu es utile. N'en doute jamais ! »

Je croisais légèrement les bras, le regardant avec une douceur qui me perdra sans doute un jour.

« Je te protégerai aussi, Riku. On est une équipe après tout, non ? »

Je n'en doutais pas une seule seconde. Nous allons nous en sortir, et nous ferons de notre mieux pour faire en sorte qu'on réussisse cette mission. Et d'autant plus qu'après avoir vu un bref aperçu de ce que pouvait faire Riku, je ne tenais pas à le laisser tout porter sur ses épaules. Ce pouvoir semblait avoir une influence sur son esprit, sans doute qu'il ne devrait pas trop en abuser. Alors, si je pouvais le soulager en combat, ce serait sans doute mieux pour lui.

Une fois en mer, Riku s'activait pour faire avancer le voilier, ne me laissant que peu de place pour l'aider. À croire qu'il comptait tout faire par lui-même. Décidément.

« Laisse moi t'aider, tu vas pas tout faire tout seul quand même. On va trimer à deux. »

Le voilier avançait jusqu'à l'île de Shizumi, et je profitais de ce moment de voyage pour le questionner un peu sur ses capacités.

« Dis... Ton pouvoir de tout à l'heure. C'était impressionnant, j'ai rarement vu un tel déferlement de puissance. Qu'est-ce que c'est au juste ? »

Il y avait surtout une question qui me brûlait les lèvres, à ce sujet.

« Aussi... Ca avait l'air d'affecter ton esprit. Tu... Tu arrives à le contrôler ? À quel point ? »

Cette question avait de l'importance. Car s'il n'avait aucun contrôle sur ça, même si c'était un grand pouvoir, il devrait peut-être faire attention en l'employant. Et aussi attention à ne pas perdre le contrôle, et l'activer par inadvertance.

 « Oui ! »

Tu affichais un joli sourire, doux et teinté de fierté, lorsque Yashiro t’annonça que vous formiez une équipe. Tu redoublas alors d’effort sur le navire, bien décidé à continuer dans cette belle lancée, probablement dans l’espoir de recevoir quelques autres encouragements. Chaque parole douce était décuplée, tant tu chérissais ces marques d’affection avec tendresse, se muant en impatience d’en recevoir une autre. Paradoxalement, c’était principalement ce système de récompense, bien rodé, qui t’enfermais dans ta servitude.

 « D’accord… Je voulais juste t’aider. »

Aider qui signifiait « tout faire » dans ton langage, lorsque c’est toi qui faisais. Mais tu laissas Yashiro prendre sa part, et le voilier commença à avancer à bon rythme. Et alors que tout allait pour le mieux, sa question troubla ton calme apparent. Qu’est-ce que c’était au juste ?

 « Je ne crois pas que j’ai le droit d’en parler. »

Tu t’arrêtas un instant, fixant le sol du voilier.

 « J'ai pas d'esprit moi, je suis trop bête pour ça...Mais je le contrôle… Même si parfois, non. Mon corps peut agir tout seul. Surtout quand il y a un grand danger, j’agis sans réfléchir. Comme j’t’ai dit, je suis un peu bête, alors on m’a appris par cœur comment me battre, en frappant jusqu’à ce que ça rentre. Parce que sinon, comme j’n’ai pas de mémoire, j’ne fais jamais les choses correctement, alors c’est mieux qu’on m’frappe… Je crois. Mon corps retient beaucoup plus vite que ma tête ! J’ai même plus besoin de penser. »

Maladroitement, tu décrivais l’apanage des combattants et de la maltraitance. A force de prendre et de recevoir des coups, le corps agissait avant même que l’esprit ne prenne conscience du danger. C’était l’instinct, ce qui faisait de toi un combattant dangereux, surtout lorsque tu usais de ton pouvoir. Alors, dans une tentative de te mettre un peu en valeur, à la recherche de compliment, tu continuas.

 « Là, c’n’était pas très fort. Je peux libérer beaucoup, beaucoup, beaucoup plus de mon chakra, jusqu’à devenir tout rouge et tout blanc ! Et là, je suis content de pas avoir à réfléchir avec mon cerveau lent, parce que mon corps est plus rapide qu’une hirondelle, et plus fort qu’un bœuf ! Je peux tout casser ! »

Tu affichais un grand sourire, levant les bras en l’air comme si c’était une bonne chose, sans comprendre totalement l’horreur que tu décrivais. Un entraînement harassant, grâce au conditionnement par la douleur. Tu redescendis tes bras.

 « Après, j’ai très mal et je dois beaucoup me reposer, et je redeviens inutile comme d’habitude. Mais j’ai bien combattu, et souvent, on m’caresse gentiment sur la tête sans rien de plus, quand je rapporte tout l’argent de la mission ! Et ça, c’est super ! Ça veut dire que je suis un gentil garçon obéissant, et que j’aurais du fromage sur mon pain. On me fait des reproches, mais c’est pour mon bien. »

Tu posas une main sur ton menton.

 « Papa veut que je pousse encore plus… Mais je n’y arrive pas. Je dois m’entraîner encore plus dur, pour faire plus de mission dangereuse qui rapporte gros avant d’mourir. Comme ça, je montre à tous que je suis encore utile. »

J'écoutais avec attention la réponse de mon camarade. Et il m'était très compliqué de cacher ma réaction face à l'horreur que j'entendais. C'est bien ce que j'imaginais... mais en bien pire. Riku me décrivait de véritables scènes d'horreur auxquelles il était régulièrement confronté, et ne semblait même pas se rendre compte que c'était mal, et qu'il n'avait pas à subir ça. Son corps et son être étaient conditionnés à accepter ce traitement. Et il trouvait cela normal. C'était ça le pire. Il n'avait pas l'air de chercher à s'en défaire, parce que pour lui, c'était quelque chose de normal. Parce que pour lui, c'était comme ça et pas autrement. Il n'avait aucune considération pour lui-même.

Il était une victime dans tout ça. Clairement. C'est pour des cas comme ça que j'aspire à changer les choses. Cette brume sanglante et cette mentalité était toxique, et ruinait la vie de bon nombre de personnes. En poursuivant mes plans, le moment arrivera forcément où je m'opposerai à la famille de Riku, car je ne pourrais pas laisser ça comme ça, impuni. Me le pardonnera-t-il ? Il y avait peu de chance, dans l'état actuel des choses.

« Riku, je... »

Je m'arrêtais brusquement de parler. Je réfléchissais à mes propos. Forcément, je n'avais qu'une seule envie : l'attraper par les épaules, le secouer un bon coup et prendre le temps de lui expliquer en quoi il n'avait pas à endurer ça, qu'il était un être doté de conscience et d'intelligence comme tout le monde, qu'il ne devait pas laisser sa famille l'abuser ainsi, qu'il devait se rebeller et se sortir de cette spirale infernale, et que je serai là pour l'aider à faire ce pas. Seulement, en y pensant, je ne pouvais m'empêcher de repenser à cette explosion de chakra blanc, à ce regard qu'il avait, et à la puissance qu'il avait déployé, juste car j'ai remis en question la légitimité de ce qu'il vivait. Chacune de ses paroles avait l'effet d'un coup de couteau. Et pourtant, je me devais de l'endurer.

Et en même temps, je ne pouvais le tolérer. Que faire ? Que dire ? Pourquoi les choses étaient-elles ainsi ? Pourquoi lui ?

Riku, un jour ou l'autre, je te sortirai de là. Un jour ou l'autre, tu connaîtras le bonheur. Pour l'instant, je n'avais aucune légitimité de remettre en cause quoique ce soit. D'autant plus sur ce voilier que tu pourrais détruire sur un coup de colère.

La vue de mon ami me sortit de mes pensées, puis je hochais la tête machinalement.

« Fais attention à toi. Ne te blesse pas trop, en voulant trop en faire. S'il t'arrive d'être blessé, je pourrais te soigner, certes, mais cela ne veut pas dire que tu peux pousser ton corps à l'extrême. Il y a des blessures que je ne saurais soigner. Et il est inutile d'utiliser ce pouvoir plus que nécessaire. D'accord ? »

Je le regardais, d'un regard d'une profonde tristesse. Une tristesse que je n'arrivais pas à entièrement contenir. Je parvenais à cacher ma colère, envers ces êtres qui lui pourrissent la vie ainsi. Pour ce qui était de ma tristesse, c'était au-delà de mes forces. Surtout que, mine de rien, je commençais à réellement m'attacher à ce jeune homme à la vie si misérable. Si seulement il pouvait m'écouter...

Lentement, je pris une lente respiration.

« Cela me ferait de la peine qu'il t'arrive quelque chose. Je t'apprécie, Riku. Je t'ai dit que tu es mon ami, et je le pense sincèrement. Tu es même, dans ce village, le seul pour l'instant que je pourrais qualifier de la sorte. Alors, reste prudent. »

Je me tournais un peu, observant le large. Au milieu de la mer, il n'y avait que nous à portée de vue. C'était une sensation étrangement agréable, de se savoir aussi loin de tous mes ennemis.

« J'espère qu'un jour, tu sauras me faire confiance, car je ne te veux que du bien. Mais, je ne te forcerai pas la main en quoique ce soit, prends le temps qu'il te faut. »

Malheureusement, l'impulsion de faire changer les choses devait venir de lui-même. Si jamais une brèche ne se crée dans son conditionnement, jamais le ne pourrais l'en sortir. Mais le réveil et retour à la réalité risquera d'être brutal et terrible pour lui. La seule chose que je peux faire pour l'instant, c'est gagner sa confiance, et rendre les quelques temps à mes côtés un peu plus agréables que sa vie quotidienne.

Est-ce que cela ne rajoutait pas encore plus au drame ? Cette différence qu’il y avait entre ton discours et la réalité. Le conditionnement, le temps et l’exposition avaient eu l’effet escompté : tu ne voyais plus l’aberration de ton existence, les conditions inacceptables de ta vie. Tu étais une arme, au service d’un autre, dépossédé de ta volonté et de tes désirs autre que celui de servir. Alors, naturellement, tu fis un sourire à Yashiro.

« Oui, mais ne t’inquiète pas, j’ai l’habitude. Et puis, ce n’est pas une grosse perte. »

Tu adoptais ce discours maintes fois entendu, et l’acceptais comme une unique et seule réalité. Seulement, tu plongeas ton regard dans le sien, percevant cette émotion, cette grande tristesse. Alors, inquiet, tu t’avanças, lui prenant la main.

« Tout… Tout va bien ? J’ai fait quelque chose de mal ? »

Encore une fois, ton regard montrait une inquiétude sincère. Tu avais peur. Tu ne savais pas trop quoi faire, comment agir, dans ce genre de relation. Un ami, c’était comme un maître un peu plus gentil non ? Tu avais forcément dû faire quelque chose pour le contrarier. Alors, quand il t’annonça que tu étais son premier ami, tu reculas un peu, ton visage s’empourprant légèrement, puis, tu hochas la tête.

« Tu verras, je serais un ami très utile ! Je ferai tout pour que tu sois satisfait. »

Tu n’avais visiblement pas la bonne définition de ce qu’étais être ami. Alors que le vent vous portez, vous arriviez à destination. Tu arrimas le voilier, posant pied à terre sur le sable, reprenant tout ton sérieux, fixant cette forêt. Le point de destination était proche…

Mais tu restas là, inanimé, fixant Yashiro, en attente d’un ordre quelconque. Le regard, les oreilles, et même ton âme, accrochés à ses lèvres, comme à une barque au milieu de l’océan, attendant sagement qu’il te dise quoi faire.

Parce que, même s’il était ton ami, tu restais trop imbécile pour agir par toi-même.
Gros nigaud.

« Non, tu n'as rien fait de mal. »

Malgré moi, je me forçais de lui rendre un sourire. Simplement, l'entendre parler ainsi, puis me dire que c'était une habitude et que ce n'était pas si grave ne faisait qu'ajouter du sel sur la plaie. À quel moment de tels actes pouvaient-ils être tolérés ? Quand ces gens ont-ils perdu leur humanité ? C'était horrible, rien que d'y penser. Alors, le vivre ? C'était sans doute au-delà des forces de bon nombre de personnes. Et lui le subissait et l'acceptait malgré tout. En ce moment, je n'avais qu'une envie : aller régler leur compte à sa famille. Ainsi, je pourrais le libérer. Sans doute qu'il ne verrait pas la chose ainsi, cependant. Sa main était chaud au toucher, et il s'était risqué à venir prendre la mienne, malgré ses craintes. Est-ce qu'il commençait, un peu, à me faire confiance ? Ou bien, était-ce normal pour lui d'agir ainsi ?

Je restais un moment silencieux, l'écoutant me dire une nouvelle fois qu'il sera utile, et qu'il me rendra satisfait. En même temps, j'apercevais la terre approcher, notre voilier allait bientôt atteindre l'île de Shizumi. Mon regard se tournait vers notre destination.

« Tu sais, l'utilité en tant qu'ami n'est clairement pas le critère prédominant. Je dirais même que je ne me pose même pas la question. L'amitié, c'est un partage, de la confiance et de l'affection. Enfin, on aura tout le temps d'en discuter plus en détail, si le cœur t'en dit. En attendant, nous arrivons. Reste sur tes gardes, à n'importe quel moment cela peut nous tomber dessus. »

Mon attention se porta une nouvelle fois vers lui ?

« Tu es bon en Henge ? »

Après avoir appris que non, je lui exposais une idée.

« Dommage, mais pas grave ! Ecoute, je vais prendre l'apparence d'un des assistants. Toi tu vas cacher ton bandeau. Tu n'as pas d'équipement ninja, ça peut le faire. En faisant ça, ils seront moins sur leur garde, et ne décamperont pas en voyant des shinobis arriver. »

On s'exécuta alors, prenant l'apparence chacun d'un assistant différent, puis on progressa sur l'île. Après avoir recueilli les informations nécessaires, j'avais des indications pour trouver le point de rendez-vous : dans un petit bois en bas de la montagne de cette île. Un bois... un bon endroit pour une embuscade. Si j'avais encore des doutes quant à cette possibilité, le lieu de rendez-vous m'avait convaincu que le risque était bel et bien réel.

On progressa dans le bois. Le lieu était bien ici, sans doute à quelques mètres encore, et nous étions dans les temps du rendez-vous. C'était maintenant qu'il fallait redoubler de prudence.

« Ouh... ce bois ne m'inspire rien qui vaille ! J'espère qu'on va vite les trouver, et quand on a notre argent on se barre vite, hein ? »

Discrètement, je fis un clin d'œil à Riku, espérant qu'il me suive dans mon jeu. Surtout que... Ils étaient là. Je le savais. J'avais entendu un bruissement pas très naturel dans l'un des fourrés sur notre gauche, puis un autre un peu plus loin sur la droite. Ils étaient... deux ? Potentiellement. Peut-être qu'il y en avait d'autres, qui parvenaient à mieux se dissimuler. De toute manière, ce n'était sans doute pas ici qu'on allait trouver notre homme et toute la clique. Mais en les capturant, là par contre on en saura bien plus.

Un nouveau bruit trahissant une agitation palpable, alors que deux hommes sortirent de leur cachette et se ruèrent sur nous.

« Attention !! »

Prenant un kunai en main, je le lançais directement sur celui qui se dirigeait vers moi, le coupant dans son élan et instaurant une première distance entre nous. Suite à ça, la métamorphose s'estompa, et je repris ma véritable apparence.

« Eh bien, vous n'avez réellement aucune race. Enfin, c'était prévisible... Rendez-vous, sinon vous n'aurez plus que vos yeux pour pleurer. »

Ils ne semblaient pas être de cet avis...

L’utilité n’est pas le seul critère ? Tu penchas la tête d’un air interrogatif. Que voulait-il entendre par cela ? N’est-ce pas l’utilité d’une personne qui permet l’affection ? Arrivé à destination, il était trop tard pour approfondir le sujet. Alors que vous descendiez du voilier, Yashiro te demanda si tu étais bon en Henge…

Tu baissas les yeux.

« Je ne peux pas utiliser le Ninjutsu… »

Ta voix trahissait une profonde honte. Oui, ta maladie du chakra te permettait de devenir extrêmement puissant, mais le moindre Ninjutsu devenait hors de contrôle, provoquant souvent des effets délétères. Alors, tu te contentais de ce que tu savais faire… Tu déposas ton bandeau dans ton sac en lin, et tu lui emboitas le pas.

Vous avanciez dans la forêt, alors que Yashiro, transformé, te disait qu’il souhaitait récupérer l’argent. Tu le regardas d’un air étrange, avant de hocher la tête. Une ruse ? À peine avait-il eu le temps de le réaliser, que deux hommes sortirent du bois pour en découdre. Yashiro interrompit la charge avec un lancer de Kunaï astucieux. Toi, tu fixais les hommes, le regard vide.

La demande de sédition n’avait pas eu l’effet escompté. Tu fixas ton coéquipier, comme attendant de sa part l’autorisation d’agir. L’hochement de tête qu’il fit te donna le feu vert. D’un mouvement habile, tu ôtas le haut de ton kimono, laissant voir un torse extrêmement ferme et sec, ainsi que de nombreuses cicatrices. Parfois récentes, parfois anciennes, parfois induites par une arme quelconque, parfois le fruit de coups de martinet ou fouet. Tu ne les comptais plus avec le temps. Tu déposas alors le Kimono au sol, fixant les deux adversaires.

« Désolé par avance… »

Tu croisas les bras, concentrant cette fois volontairement ton chakra. Tu n’avais pas vraiment eu le temps de t’épuiser là-bas, il te restait seulement quelques douleurs musculaires très légères. Alors, tu libéras la première porte, un vent de puissance soufflant le terrain, à la surprise de vos adversaires. Tes yeux brillaient d’un éclat blanc, ton regard transpirait un sérieux presque menaçant, alors que tu te penchais dangereusement en avant.

OST:

« J’y vais. »

Un des hommes incanta une série de mûdras, alors que l’autre dégaina un sabre. Toi, tu chargeas à vitesse grand V. Soudainement, l’atmosphère se réchauffa avec brutalité, alors qu’une lumière rougeoyante sortait de la bouche d’un des shinobi pour former une sphère de flamme de ta taille, qui fonçait dangereusement vers toi.

D’un sang-froid insoupçonné, tu pris alors appui sur le sol, te propulsant sur le côté. Tu te réceptionnas avec une roulade, et propulsas ton corps pour te remettre droit, avant de reprendre ta course en direction du pyromane. Son coéquipier ne te laissait pas faire, et se mit en garde. Des mouvements d’esquives habiles, jouissant de la vitesse de la porte céleste, tu esquivais sans mal les mouvements. Ils n’étaient probablement pas les plus puissants de la bande.

Et lorsqu’il fit un puissant estoc, tu profitas de ce mouvement pour avancer dangereusement vers lui, pliant tes doigts en forme de serres, te précipitant vers sa main directrice. Main sur la sienne, tu forças de manière à lui faire lâcher son arme, avant de le tirer vers toi, puis de le frapper d’un coup de pied, vif et sec, l’envoyant dans le décor.

« À ton tour, maintenant. »

Ta voix était innocente. Seulement, ton regard était la preuve de tes intentions belliqueuses. Or, l’ennemi n’allait pas se laisser faire. D’ailleurs, un Kunaï s’interposa entre toi et ta cible, alors que deux shinobi de plus sortais des ombres pour leur prêter main forte.

Tu fixas Yashiro, te demandant si tu pouvais y aller un peu plus fort.

L'affrontement était donc inévitable. Forcément, la reddition n'était pas de mise. Même si leur tentative d'embuscade avait échoué. Après tout, en ces lieux, tout se réglait par la violence. Y aurait-il des morts aujourd'hui ? Ce serait bien d'éviter. Répandre le sang n'était pas dans mes habitudes.

Une nouvelle fois, Riku fit une démonstration de son pouvoir singulier. Le chakra blanc était de retour, toujours aussi intense que la dernière fois. Son corps rentrait une nouvelle fois dans cette suractivité. Il m'avait expliqué qu'il pouvait aller encore plus loin, mais que son corps avait bien du mal à le supporter. C'était un pouvoir dangereux. Il ne devait pas en abuser. Et pourtant, il l'activait de manière systématique. Etait-ce sa seule et unique carte dans son jeu ? Il est vrai qu'il m'avait dit qu'il était incapable de produire le moindre Ninjutsu, pas même un henge. On allait devoir faire avec.

Assez vite, Riku se chargea d'un d'entre eux, et combattit avec bravoure en jetant par ailleurs le kimono que je lui avais prêté sur le sol, exhibant ainsi son corps mais aussi toutes ses cicatrices, symbole de la torture qu'il avait pu subir au cours de sa vie. Un pincement au cœur me prit, cela ne faisait que confirmait ses dires. Néanmoins, le temps n'était pas à la compassion et complainte, je ne pouvais pas rester inactif alors qu'un type sortit des fourrés et se rua sur moi. Il y en avait un autre, donc ? Merde ! Il semblait combattre de manière rapprochée, utilisant du pur Taïjutsu. De mon côté, armé d'une épée, j'imposais forcément une distance avec, bien que je sois un peu une fraude dans ce domaine. Je restais sur la défensive, me contentant de reculer et conserver la distance, parfois effectuer des contre-attaques habiles, visant principalement ses bras et épaules afin de l'handicaper.

Il réussissait à passer ma défense, me donnant un sale coup au niveau au niveau de l'épaule droite, me faisant reculer brusquement. Il frappait comme un forcené, je grimaçais de douleur.

« Dôton : Génèse des pierres ! »


Après quelques mudras habilement effectués, une muraille de pierres en arc de cercle sortit de la terre, et s'affaissant vers l'extérieur. Je serrais ma main autour de mon épée, courant sur la paroi rocheuse qui montait en pente. Arrivé à son sommet, je jetais un rapide coup d'œil en bas pour voir où était mon adversaire : il était en train de contourner la muraille, mais me repérait assez vite et envoya une salve d'éclairs, me visant moi et le sommet de la muraille. Je me mis à couvert directement, mais les pierres sous la puissance de son Raïton s'effritèrent, faisant s'écrouler ma technique. Je sautais de pierres en pierres jusqu'à atteindre le sol, alors que je le voyais déjà retourner à la charge.

De son côté, Riku semblait en avoir terminé avec son adversaire. Et deux adversaires supplémentaires arrivaient, profitant de l'agitation pour tenter de nous prendre par surprise. Ou plutôt, me prendre par surprise.

« Merde ! »

Bien que je les ai vus, cela ne m'aidait pas forcément puisque assez vite ce 1v1 déjà mal entamé se transforma en 3v1 alors que je n'étais clairement pas le meilleur en combat. Rapidement, je croisais le regard de Riku, il avait bien vu la situation. J'avais peur qu'il n'envoie toute la sauce, alors j'essayais de ne pas trop paniquer pour ne pas l'affoler plus que nécessaire, malgré que la situation soit bien mal engagée... Je reculais, essayant tant bien que mal de me défendre et de reculer. Le but pour moi n'était plus de tenter de les avoir, seulement de survivre. L'un d'entre eux restait légèrement en retrait, effectuait quelques mudras et cracha une gerbe d'eau pressurisée. N'ayant pas vraiment d'autres choix, je mis ma lame devant moi, gardant appui le plus que je le pouvais. Seulement, la pression était trop forte, ce qui me fit lâcher mon épée et me repoussa violemment en arrière. Je me réceptionnais tant bien que mal, analysant mes options. Je n'en voyais qu'une : me faire sauver le cul.

Cela voulait probablement dire oui.

OST - Kyûmon:

Ton chakra blanc s’éjecta alors de ton corps, soufflant sur le champ de bataille. Nul besoin d’être ninja senseur pour comprendre qu’il influait désormais librement dans ton corps, stimulant chacune de tes cellules. Tes yeux devinrent bleus très clairs, alors que tes courbatures musculaires disparaissaient, pour laisser place à cette puissante énergie. D’un mouvement vif, tu te baissas, effectuant un croche-patte au manipulateur de Katon, relevant par la même occasion son pied, que tu attrapas tout aussi tôt de ta main, alors que tu te redressais.

 « YAAAAAAAAAAAAAAAAAH ! »

Tu tourbillonnas alors sur toi-même à très grande vitesse, usant et abusant de ta vitesse et de cette force, avant de jeter ton assaillant -où plutôt ta victime- sur le manipulateur du Suiton, qui fut lui-même éjecté plus loin, dans un arbre. La force du « projectile » fut telle qu’à l’impact, il brisa le tronc.

À peine avait-il eu le temps de s’écraser, que tu étais déjà au niveau de l’assaillant de ton ami, en position de coup de pied sauté. Le Ninja au Raiton, surpris par ta vitesse, arrêta son coup pour se défendre en parant. Mauvaise idée. Ta force surpassait désormais largement les capacités humaines, et tu n’avais pas lésiné en termes de chakra. L’impact de ton pied sur son avant-bras le brisa net, et l’expulsa une douzaine de mètres en arrière. Tu posas de nouveau ton pied sur le sol, fixant les trois assaillants. Une femme à la hache, l’homme au sabre que tu avais précédemment expulsé, et l’homme manipulant le suiton.

Tu te repositionnas en garde, te plaçant sur le côté, devant Yashiro. Ton style était sauvage, brutal, ravageur, dénotant totalement avec ta nature.

 « Je suis désolé, mais je vais devoir vous massacrer maintenant. »
« C’est quoi ce mon… »

L’homme au sabre aurait souhaité finir sa phrase. Seulement, tu avais effectué une charge, le frappant au niveau des abdos avec ton bras grand ouvert, coupant net sa respiration. D’un mouvement sec, tu l’éjectas plus loin, à quelques dizaines de mètres, avant de revenir dans ta position.

« Dôton : Prison de pierre ! »

La femme à la hache posa alors la main au sol. Deux piliers de pierre sortir de terre, attrapant tes poignets, et te maintenant les deux bras en l’air. Elle profita de l’occasion pour abattre sa hache. Tu fus surpris, mais tu te libéras de la roche d’un coup sec, évitant une partie du coup. La hache t’avait quand même touché l’avant-bras gauche. En revanche, toi, tu lui avais agrippé la gorge, que tu serrais de toute ta force. Son hurlement de douleur devint rauque, alors qu’un bruissement effroyable se faisait entendre, et que son propre sang étouffa l’expression de sa douleur. Comme ça, elle ne ferait plus d'eau. Enfin, est-ce que c'était-elle, qui crachait l'eau ? Tu avais du mal à te souvenir. Tout cela finalement, c'était pas très important. Ils devaient simplement tous mourir, et Yashiro serait content, non ?

Un bruit effroyable.
Un bruit d’une gorge broyée à main nue.
Tu ne sourcillais même pas.
Une aberration.

 « Va rejoindre tes copains ! »

Ta voix innocente rendait les choses totalement étranges, irréelles, alors que tu envoyais sur l’homme au suiton sa camarade, tel un projectile, qu’il réceptionna, non sans mal. Tu faisais la démonstration de la philosophie de la brume : une véritable machine de guerre, brisant la chair et les os, prêt à prendre la vie au moindre ordre que l’on te donnait.

Etat des adversaires.:

J'aurais du m'y attendre. J'aurais du le prévenir, avant que tout dérape. Pour moi, il me semblait évident que nous avions besoin d'eux vivants. Nous n'étions pas ici pour faire un massacre, nous étions ici pour obtenir l'information d'où était cet artisan. Si jamais ils périssaient tous, nous n'aurions plus aucune piste. Et à voir comment il éclatait chaque adversaire à tour de rôle, allant jusqu'à broyer la gorge de cette femme, il commençait à douter de cela. Comment un être aussi innocent que lui pouvait-il causer une telle barbarie ? D'une certaine manière, cela restait un Kirijin. Etait-ce ça ? Etait-ce du au conditionnement qu'il a subit ? Ou un habile mélange des deux. Il ne savait guère.

Et pourtant. Je lui faisais confiance jusque là, ayant risqué de griller ma position à quelques reprises. Et là, je commençais à me demander si je ne m'étais pas trompé. Est-ce que lui dire de ne pas les tuer allait lui faire se poser des questions ? Au final, devais-je jouer la comédie, même avec lui ?

« Fais chier... »

Je murmurais cela en voyant le carnage qu'il faisait. Il y en avait un qui était éclaté contre un arbre, avec une violence inouïe. Il ne risquait pas de se relever, celui là. Un deuxième qui s'était écrasé contre un arbre après avoir réceptionné, malgré lui, sa collègue. Pareil, celui-là semblait hors d'état de nuire. Un autre homme gisait au sol, visiblement toujours conscient, mais avec un bras brisé par l'attaque de Riku. Il n'était plus réellement un danger, bien qu'à considérer. La femme qui s'est faite envoyer sur l'utilisateur du Suiton a été lancée à pleine puissance après une série de rotation de Riku, qui semblait l'avoir visiblement sonné. Et finalement, cette pauvre femme à qui il avait littéralement broyé la gorge par la simple force de sa main, qui avait lâché des râles de douleur à glacer le sang.

Il la balança ensuite sur le même type qui avait réceptionné la première femme, au cas où s'il en avait pas eu assez. Résultat des courses : quatre inconscients, et un inapte à se battre. Et potentiellement une morte dans ceux qui étaient tombés inconscients. Merde.

Je regardais Riku, très inquiet pour la suite. La peur m'avait pris. Au final, bien que différent, il était aussi barbare que tous ces autres compères Kirijins. Et ça, cela faisait du mal de l'accepter.

« ... Ne... Ne massacre pas le dernier. Contente-toi de l'immobiliser. »

Suite à ça, je me ruais sur la femme à la gorge broyée. Utilisant mes techniques médicales, j'analysais d'abord la blessure, afin de lui appliquer les soins nécessaires. Et c'est bien ce que je craignais : dire que sa gorge avait été broyée aurait presque été un euphémisme. À ce stade, il n'y avait rien que je puisse faire. Elle était condamnée.

Cela ne servait à rien que je tente quoique ce soit. Et le pire, c'est que cette femme était encore consciente, sur le point de s'éteindre à tout jamais. Elle saisissait ma main, dans un dernier souffle de vie. Puis, elle la lâcha, son bras tombant sur le sol. Elle était morte. À ce moment, je tournais le dos à Riku, affichant un air grave. Je détestais cette situation. J'avais espoir de ne pas avoir à la vivre au cours de cette mission, avec lui, mais je m'étais trompé. Reprenant mon souffle et mon calme, j'adoptais de nouveau ce masque de neutralité que je n'appréciais guère, laissant le corps au sol. Sans un mot, j'examinais l'état des trois autres inconscients. Ils étaient toujours en vie, et leur vie n'était pas en danger. Par contre, ils avaient de belles blessures. Ils mettraient du temps à s'en remettre. Rassemblant les blessés au même endroit, je m'assurais de les ligoter pour qu'ils ne tentent rien de stupide. Non pas que je les craignais. C'est plus pour leur vie que je m'inquiétais. Suite à quoi, je revenais vers Riku, et l'homme au bras brisé.

« Vous avez perdu. Maintenant, si tu veux vivre, tu as tout intérêt à répondre à nos questions. Au moindre refus, tu le paieras. Au moindre doute sur ta sincérité, également. »

L'homme cracha sur le sol.

« Heureusement que t'étais accompagné de ton monstre, car sinon j'n'aurais fait qu'une bouchée de toi. »

Mon regard se tourna vers Riku un instant, puis vers lui.

« Il n'a rien d'un monstre. »

Au fond de moi, je voulais continuer d'y croire.

« Qui êtes-vous ? Où est-ce que vous détenez Iruka Mamoshi ? Et dans quel but ? »

L'homme regardait ses quelques collègues. Il était évident de penser que celle qui était tenue à l'écart était décédée.

« Nous on a été engagé pour régler leur compte à deux témoins de nos employeurs. Je sais pas grand-chose d'eux, apparemment c'est des anciens ninjas de votre village. Le type que vous cherchez doit toujours être en vie, ils ont besoin de lui et de sa connaissance des sceaux et parchemins. J'ignore leur but exact, ils doivent prévoir un sale coup contre vous. »
« Combien sont-ils ? Et où ? »
« Ils sont quatre. Assez balèzes. Ils nous ont engagé pour prendre le moins de risque possible, ils cherchent vraiment à éviter que Kiri fasse le lien avec eux.  Ils sont sur une petite île voisine, Tahara. Y a un petit village là-bas, ils ont leur QG dans leur labo souterrain, on peut y accéder depuis une petite maison tout à l'est. La plus à l'est, presque en dehors du village. »
« Bien. On va désarmer et attacher tes collègues sur notre voilier. Toi, tu vas nous suivre également. S'il s'avère que tu nous as trompé, tu en subiras les conséquences, sache-le. »

Je détestais cette situation. Mais je devais le faire. Je ne souhaitais pas vraiment qu'ils subissent plus de pertes dans leur groupe, et je ne pense pas que ce type me mente à vrai dire. Il faisait le fier, mais il transpirait la peur. Et puis, ils n'étaient que des mercenaires au final. Risquer leur vie pour une mission n'était généralement pas dans leurs habitudes. Surtout lorsqu'ils devaient tuer deux civils, et sont tombés sur des ninjas à la place. Ca la foutait assez mal. Je regardais Riku ensuite.

« En route. »

On attacha nos prises sur le voilier, et mit le cap sur Tahara.