▶ Sujet: Re: Préservation et entraide ❅ Cristallisation du bras de Kurogane ft. Gakusha Ashin

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Esquisses ombragées incarnées sous les reflets lunaires de ces tuiles entrelacées, déchirées par la valse de ce dextre presque compulsif, insufflant à cette page le coeur embrasé du voyageur, de l’ermite. Prenait ainsi vie sur ce carnet de croquis, disposé d’une nouvelle page immaculée, une représentation onirique de ce quartier commerçant en un style particulier, de formes et incarnations déformées afin d’y imprégner un souffle dynamique, inspiré du zéphyr. Telle une bataille endiablée, autant l’inanimé que l’animé semblaient en perpétuelle confrontation, comme si le décor se mouvait, s’entrechoquait, s’attirait et se repoussait sous les iris d'ébènes du guérisseur aux reflets argentés sous cette buée cristallisé par la brise nocturne du village.

Rendez vous fixé, lettre envoyée, lourdes responsabilités sur les épaules. Pourtant, d’une bonne heure d’avance, demeurait là sa silhouette depuis ce temps, installée sur une toiture où nul passant ne saurait donner naturelle attention. Il se surprenait à reprendre les habitudes maladives de son mentor à l’orée de ce long périple annoncé, comprenant désormais pourquoi ce dernier nourrissait une telle appétence pour les croquis, pour l'entretien de ce genre de carnet. Un échappatoire, un quasi mantra dont l’exercice permettait à son esprit de s'évader, de contenir en son cœur et âme l’essence des lieux parcourus et de ce qui lui demeurait chère. Exactement ce que son dextre s’evertuait à reproduire là, sur cette page blanche, mais étrangement non destiné à sa propre personne.

En effet, figurait sur ce dessin le quartier commerçant en contrebas, mais plus précisément un focus sur une boutique spéciale, affiliée à la personne entretenant des échanges manuscrits avec lui, pour un but précis. Pas seulement. Ce serait un compagnon de voyage, un membre de l’équipe qui allait partir bientôt pour de nouvelles contrées à travers l’océan. Le guérisseur y pensait, se demandait comment nouer un lien, comment introduire la cohésion entre eux. Mais plus que cela, de ce que sa personnalité s’exprima de cet échange, poussa le médecin à lui donner quelque chose de rassurant, de symbolique. Une volonté qui parvint à se transcrire sur les traits de son visage baigné par l’astre lunaire dans ce voile nocturne, détourant du regard les contours de cette scène, du quartier orné par la représentation d’un esprit du vent protecteur propre à sa culture. Un dragon serpentin aux ailes ondulantes avec magnificences, affublé d’un coup de crayon personnel pour lui donner les attraits de l’affinité du cristal, du moins de ce qu’il en imaginait.

L'œuvre était terminée, la page arrachée, l’heure du rendez-vous aux aguets.

Filant du haut de son perchoir, Ashin se retrouva à marcher d’un pas calme et serein, d’une maîtrise assurée qui dénotait de l’avant et après rencontre avec Janome. Éprouver une telle situation, un tel danger donnait à sa silhouette une posture nouvelle, moins incertaine, plus puissante et affirmée. D’escalade en escalade, son rôle dans ces affaires le faisait entrer dans des sphères insoupçonnées pour cet homme qui avait passé un temps de sa vie dans la quiétude d’un simple hameau. Il n’aurait jamais pensé avant effectuer une telle demande auprès du Shogunat, avec des enjeux aussi incertains. Haruka Miyuki aussi en était informée au vu de leur projet, portant peut-être un fardeaux similaire. Il se posait la question, essayait de savoir ce qu’elle en penserait, sur ce souffle embrumé devant la vision de sa boutique, d’une allure bien plus grande que de par sa position tout à l’heure. Ce dernier s’y était attardé d’un coup d’oeil évasif aprés avoir toqué, attendant une réponse qui ne tarderait pas.

Bruits de pas sur un escalier usé, hâte entremêlé à la finesse d’une silhouette agile, d’un minois surprenant.

De ces secondes figées, étranges et frissonnantes, ce fut de cette vision dans l'entrebâillement de la porte que demeura le jeune homme subjugué par les traits de Miyuki, d’un moment de flottement non expliqué. Sculptée dans les teintes nivéennes de Tetsu, dans la grâce des ornements les plus raffinés, affublé de cette fine touche de noblesse qu’il ne possédait guère. Pas d’ici, pas de ces terres, même si cette impression s’avérait moins marquée que lui. Le guérisseur s’étonnait alors, investi de ses réflexions inspirées sur la nature du chakra et des capacités propres, se demandant à quel point ceux-ci pouvaient être en lien avec notre nature, notre corps et apparence. La jeune femme incarnait parfaitement ce que son esprit s’imagineait du pouvoir de cristallisation.

Mais dans ce silence de plusieurs secondes, cette part de méfiance et de peur se refléta à son âme, n’oubliant pas le présent apporté pour l’occasion. D’un geste vif, le dessin réalisé apparut alors sous les yeux de Miyuki, tenue entre deux de ses doigts, d’un regard qui se voulait rassurant.

C’est moi, Ashin, tu ne crains rien. Je suis là pour ce dont on avait évoqué dans nos lettres, au sujet du voyage à Kiri.

D’un sourire léger, le médecin lui indiqua son bandeau accroché à son bras, avec aussi le symbole d’Iryô-nin avant de lui tendre le croquis.

Tiens, c’est pour toi. Ce sera un long voyage alors … J’ai pensé que cela aiderait à savoir le village et ton commerce en sécurité.

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Mélodieuse tendresse effleurant l’âme tel le voile du zéphyr couvrant le voyageur de sa douce caresse, du crépitement chaleureux de ces maigres flammes pulsant en lui du repos mérité entre deux batailles éprouvées ; Ainsi rayonnait-elle de son sourire et de ses mimiques à l’orée de ce changement de tempérament, d’une allégorie évocatrice. Surpris et inondé d’une chaleur s’avérant rare en cette nation guerrière, le guérisseur se vit décontenancé dans un premier temps avant de rire à sa remarque légitime. Le carmin de ses joues, les attraits féminins de ses mimiques, l’aura solaire de sa gestuelle contrairement à la pâleur cristalline de son teint lui évoquait la même candeur et la même quiétude que ces moments passés dos à dos avec son mentor, sous les rayons lumineux filtrés par les feuillages entrelacés de son hameau, à admirer ses carnets de croquis issue de ses voyages pendant que ce dernier insufflait l’âme du hameau dans une nouvelle feuille d’histoire.

L’effet provoqué par son offrande ne put que le satisfaire, d’un sourire bienveillant affiché, peut-être même touché de voir que cela lui plaisait autant. Ne sachant trop comment réagir, ce dernier leva son dextre afin de caresser sa propre chevelure, comme amusé de la passion avec laquelle la nivéenne enlaçait le dessin, avant de se faire inviter à entrer. Et le voici qui se perdait subitement dans un dépaysement inattendu, soufflé par la dense richesse de cette antre aux milles merveilles, tel un voyage avant l’heure, n’ayant jamais imaginé à sa correspondante un tel univers, une telle demeure. Tourbillonnèrent ainsi les iris du guérisseur au sein de ces orfèvreries, de cette valse des senteurs inattendues des quatres coins du monde, du tissu ancien ayant gardé toutes ses notes et saveurs, embelli de la douce note parfumé du bois vétuste qui habitait la bâtisse.

De semi rotation en semi rotation de par son attention retenue, la silhouette du médecin finit par s’échouer dans l’atelier personnel de la jeune femme, un coin plus intimiste qui exprimait cette aura de protection qui émanait d’elle, de cette minutie presque maternelle dans la délicatesse dédié à leur conception, d’une finesse qui ne manqua pas de capter son regard un instant. Ashin avait déjà rencontré un artiste des grands chemins, Yoichi, le fameux voyageur de Tetsu aux représentations théâtrales et aux musiques folkloriques. Il était cependant loin de se douter que d’autres talents se cachaient là, à Homura, dans cette ambiance plus guerrière et combative. Vraiment impressionnant.

Ce sont … De magnifiques créations.

Emporté par sa contemplation et sa découverte, imprégné de ce qui laissait transparaître la personnalité de son hôte, le jeune homme fut pris de court par sa question.

Ah pardon … Oui, ne t’embête pas. Je ne vais pas prendre trop de ton temps.

Ce fut un peu dommage que la réponse à sa demande auprès du Shogunat ne lui laissa guère de temps quant à rencontrer ses partenaires de missions, cependant, ce sentiment fut éclipsé lorsqu’elle déposa le dessin sur son armoire, geste qui ne manqua pas de le toucher. Un certain lien de confiance semblait s’établir entre eux.

Merci …

Il put ainsi prendre place sur la table débarrassé par ses soins et ne fit pas vraiment de détour. En réalité, il ne savait pas comment aborder la chose en pratique …

Bien, je ne sais pas trop comment te présenter la chose alors …

D’un sac sortie alors une main inerte, pourtant bien conservée par le biais de l’Iroujutsu jusque-là, excroissance tranchée refermée par une régénération propre. Un trésor de guerre à la valeur insoupçonnée, conservé dans plusieurs couches de tissus spécifiques qu’il s’affaira à déballer puis disposer sur la table. En réalité, elle pouvait observer sur son faciès un certain stress quant à voir sa réaction devant cela. Si lui était médecin et disposait d’une aisance naturelle pour les corps, cette demande pouvait par contre la faire réagir avec dégoût ou hésitation …

Pourtant, ce ne fut pas le cas, bien au contraire.

Ashin se surprit à la voir opérer, d’une certaine assurance qui l’envouta de par l’estime qu’il se forgeait peu à peu d’elle et ses capacités hors du commun. Miyuki prit les devant sans attendre, enquis d’une expertise qui intrigua le médecin au point où ses iris ne purent vraiment se détacher d’elle et de sa gestuelle, pris dans l’ambiance de cette soirée et cette lueur tamisé, comme si ce ne fut pas un jutsu mais un sort jeté sur l’artefact. Le pouvoir de cristallisation s’avérait vraiment impressionnant et là sur l’instant, les milliers de possibilités qu’offrait de pouvoir tourbillonnait dans son esprit, mêlant admiration et une certaine passion quant à la voir faire. Le reflet et la beauté de ses créations et son cristal éclipsait presque totalement le malaise induit par la nature de l’objet, poussant son dextre à venir esquisser les contours de cette création alors qu’elle même y apposait l'empreinte de ses doigts.

C’est impressionnant … Tu as une capacité vraiment extraordinaire Miyuki. Je pensais au départ que tu serais gêné … Mais on dirait que tu as déjà fait ça, le résultat est meilleur que je l’imaginais … C’est parfait.

Un échange de regard s’instaura alors, véhiculant sa satisfaction mais aussi sa curiosité face à sa demande. Une demande avisée et pour le moins méritée aussi. Son faciès semblait un peu se refermer à l’idée de repenser à cette bataille, des conséquences et de ce que cela représentait … Mais il fallait bien commencer quelque part.

C’est la main d’un meurtrier de masse que j’ai récupéré au cours de cette bataille désespérée. Il s’appelait Kurogane, désigné maintenant comme le Boucher, possesseur d’une capacité jusque-là inconnue ; Celle de manipuler les fils noirs. Nous l’avons combattu en compagnie de Weihan, qui nous accompagnera demain, Kawasaki Kaïto et enfin un ninja d’élite d’Homura.

Il prit une pause, faisant volontairement abstraction du statut du ninja d’élite qui en réalité était une ombre du shogunat. Ashin ne savait pas vraiment s’il devait révéler cela à la moindre rencontre. Le reste était assez accessible à quiconque s’intéressait à cette affaire.

Ce meurtrier était lié à Janome, un des plus grands criminels d’Homura. Il travaillait pour lui et devait accomplir un plan spécifique. Ce qui nous intéresse ici est sa capacité unique. Avant de le tuer, d'après nos théories, sa capacité unique avait été comme effacée à notre mémoire. Je ne saurais comment le décrire. Mais ça s’est prouvé récemment, avec l’apparition de cette capacité parmi certains, tel un phénomène non naturel. Tu comprends donc l'importance de cette main qui est un trésor de guerre.

Les yeux du guérisseur se posèrent dans celles de son interlocutrice, plus intensément, lui laissant le temps d’assimiler ses informations.

Nous disposons de son corps et de sa main. Comme tu le sais, j’ai ainsi demandé au Shogunat de pouvoir l’emporter en vue d’une monnaie diplomatique, uniquement sa main. Cependant, cette responsabilité repose sur nos épaules, sachant que nous devons le rapporter ici, à Homura une fois nos échanges réalisés. L’étude de cette main est importante.

En se concentrant un peu, elle pouvait clairement voir en lui un certain poids qui pesait sur ses épaules, peut-être trop au vu de son statut de Genin et du premier voyage aussi lointain qu’il comptait entreprendre. Inquiet au fond de lui, incertain, l’homme se voulait cependant apaisant et rassurant.

Il peut nous mettre en danger quand nous serons sur place. Mais ne t’en fais pas, je ne suis pas seulement un ninja médecin. Je souhaite renforcer la survie de nos soldats, ainsi je me fais d’un rôle de soutien dédié. Je suis prêt à sacrifier ma vie pour ramener mon équipe en vie.

Un léger soupir s’échappait de ses lèvres, se remémorant le sort de Weihan contre Janome. Un moment difficile qui l’avait poussé à développer des jutsus spécifiques. Il espérait que cela ne se reproduirait pas cette fois …

Et toi, comment te sens-tu par rapport à ce voyage ? Es-tu prête ?