L’Évolution.

Abandonner des caractéristiques précédentes pour en adopter de nouvelles. Transcender son état originel, afin de devenir une « meilleure » version de soi-même. Se transformer, au risque de se voir totalement métamorphoser, afin d’obtenir quelque chose que l’on convoite. La réflexion avait été longue, mais tu étais parvenue à une conclusion, aussi funeste que solide : il était temps pour toi de changer, pour le meilleur ou pour le pire.

Les reliques mystiques. Des objets aux pouvoirs ancestraux, en capacité de t’offrir ce que tu désirais tant. C’était un secret de polichinelle : le DRK recherchait activement des prétendants, des porteurs, à chacune de ses reliques. Au-delà du pouvoir, elles apportaient un statut, des liens inhérents entre chaque porteur. Comment ignorer celui qui partageait un pouvoir similaire au sien ?

Une raison de plus s’ajoutait à tout cela : le DRK lui-même. En obtenant un objet pareil, tu te rapprochais de ton but : investiguer les services de renseignements. Sur un versant, certes, diplomatique, mais mieux fallait-il être en bons termes avec les yeux et les oreilles du seigneur absolu de la foudre.

Tu savais que ce choix n’était pas sans sacrifice : tu perdrais l’usage de tes marionnettes. Le pouvoir de la relique t’envahirait, puis écraserait tes capacités au profit des siennes. Un choix qui pouvait paraître définitif. Un pas vers une indépendance. C’était peut-être ton premier choix solitaire. Tu sortais des sentiers de ta famille, pour embrasser une voix peut-être plus personnelle, correspondant enfin à tes atteintes.

Alors, tu avais envoyé une lettre, te proposant en tant que potentielle prétendante. Et un matin, alors que buvais ton café sur ta terrasse du domaine, un Jônin se présenta à toi. La lettre avait fait son effet. La lettre, ainsi que ton profil. Enfin, tu l’espérais. Il te dirigea dans une bâtisse, qui semblait commune en apparence, mais dont l’intérieur détonait avec l’ambiance extérieure. Tu ne savais pas le DRK si coquet et secrètement flamboyant.

L’homme te demanda d’attendre… Peu après, une autre personne entra. Tu le fixas, plongeant ton regard mauve dans ses yeux, remarquant son masque et quelques autres brûlures passées, mais dont la douleur semblait toujours aussi vive. Dans ton esprit, virevoltèrent quelques pensées que l’on pouvait résumer en une seule phrase : qu’est-ce qu’il le poussait à faire ce choix ? Le devoir ? La nécessité ? Le désir ? Un savant mélange des trois ? Ou autre chose ?

Il leva la main, alors que tu te tournais définitivement vers lui, effectuant une belle révérence, parfaitement maîtrisée. Une inclinaison, signe de respect mutuel et d’accueil élégamment chaleureux.

« Un autre prétendant j’imagine ? Uzumaki Yumeko, enchantée de vous rencontrer ? »

Tu le fixais, un sourire avenant sur le visage, comme à ton habitude. Mais un éclat de curiosité s’éveillait dans ton regard. Avec de telles blessures, pouvait-il au moins parler ?

La voix rauque, portant dans son ton grave autant de douleur que de désirs, te stoppa un instant. Une fraction de seconde, liant les éléments entre eux. Il était très aisé de comprendre l’histoire de ce membre du clan Shiratsuchi. Ce Renzo avait subi des dégâts, probablement irréversibles, d’une quelconque explosion. Que ce soit par une erreur de jeunesse, ou par la maladresse de l’un des siens, il était aujourd’hui réduit à un presque silence, ce qui rendait chacun de ses mots d’autant plus précieux.

Peut-être désirait-il renier définitivement son clan et son sang en s’appropriant la force d’une relique qui, elle seule, serait capable de lui donner une raison suffisamment solide de se détacher du pouvoir des siens, qui pourtant, avait dû lui faire tant de mal ? Tu l’ignorais. Et tu n’osas pas poser la question. Milles possibilités étaient envisageables. Peut-être était-il devenu incapable d’utiliser son pouvoir avec le temps ? On disait que la parole est d’argent, mais le silence est d’or. Certains useraient de ce proverbe pour désigner la meilleure méthode pour mépriser quelqu’un. Mais toi, tu y voyais la sagesse d’un enseignement : mieux fallait-il donc faire attention au langage non-verbal de cet interlocuteur, tout aussi riche en communication.

 « Heureuse de voir ce plaisir partagé. »

Dis-tu, avec un beau sourire, simplement après avoir entendu deux syllabes précieuses et un langage non-verbal allant sans aucun doute dans le sens d’un enchantement mutuel.


Quatre jours avaient passé. Quatre longs jours, à apercevoir des prétendants, abandonnant face à une épreuve plus difficile qu’elle n’y paraissait : l’ennui. Pourtant, toi, tu étais loin de t’ennuyer. Tu étais même loin de chômer. En quatre jours, tu avais appris le nom, le prénom, et les capacités de chacun des participants. Tu avais tissé des liens, construit un réseau, mis sous contrôle chaque potentiel rivaux ou futur ami.

Le contrôle.

Voilà peut-être le mot qui était le plus adapté pour toi en cette situation, qui ressemblait sans nul doute à une épreuve d’endurance mentale.

Tu contrôlais tes réactions, tes sourires, ton attitude. Parfois, à l’abri des regards, tu t’autorisais à abandonner ce masque avenant pour afficher un regard plus authentique. Ces moments, précieux, étaient les instants où tu t’abandonnais à des activités plus spirituelles : philosophie, pensées créatives, instant de flânerie.

Bien sûr, il y avait des moments d’agacement public, mais toujours finement dissimulé à l’abri des profanes. Ces moments prenaient la forme de léger soupir, suivis d’un sourire affichant de la compassion. Où alors, de petites remarques cinglantes, presque murmurée. D’instant de pause, de regard au loin, essayant de te rappeler les enseignements DU stoïcisme pour survivre dans ce genre d’environnement aussi rapproché avec de parfaits inconnus.

Tu fuyais les individus, dont le chant de complainte incessant te perçait les tympans. Tu appréciais alors d’autant plus la compagnie de Renzo, car il économisait ses mots. Vous discutiez d’un tout autre langage. Parfois, tu lui apportais une boisson chaude, que vous partagiez en échangeant des regards. Parfois, tu chantais pour lui, avec une voix douce. En ces moments précieux, le monde s’arrêtait pour t’entendre un instant, libérant l’assemblée de la torpeur de l’ennui. Parfois, tu te posais simplement à côté de lui, posant ta tête sur son épaule, sans même dire un mot, prenant une pause bien méritée avant de te replonger dans le bain social.

Oui, tu avais créé un véritable cercle social en très peu de temps. Tu étais bien meilleure à tisser des liens qu’à faire des Jutsu. D’ailleurs, le métier de Ninja était plus une obligation qu’un véritable choix. Tu étais du clan Uzumaki. Tu n’avais pas eu le choix.

Alors, quand Renzo annonça quatre avec un intervalle aussi régulier, tu comprenais qu’il donnait son estimation du temps, probablement en jour. Quelqu’un comme lui ne gaspillerait pas sa salive à simplement compter ses mots. Tu l’avais compris, lorsqu’il avait dit le numéro « trois ».

Vous étiez plus de quatre-vingts. Vous étiez désormais huit. Huit possibles prétendants. Huit connaissances. Mais aussi, huit rivaux. Car toute la diplomatie du monde ne saurait effacer ta nature ambitieuse. Car si l’épreuve se terminait par un combat, tu n’hésiterais pas à utiliser et à abuser des informations recueillis pour exploiter les points faibles, et terminer à la première place.

Vaincre sans même dégainer, c’était là, tout l’art de la diplomatie.

Lorsque le septième jour arriva, vous étiez encore 8. Aucun n’avait succombé à l’épreuve de l’ennui. Et sans crier gare…

Des aérations ne sortaient plus de l’oxygène, mais un gaz pourpre, probablement hautement nocif. Tu te déplaças avec célérité vers l’endroit contenant vos vivres, tout en effectuant une série de mûdras. Ton regard croisa celui de Renzô, un mouvement de tête lui indiquant de te suivre. Et alors que tu arrivais à destination, tu posas ta main sur le sol, libérant plusieurs glyphes qui formèrent une petite zone autour de toi, formant une barrière d’air.

 « Fuînjutsu – Scellement des esprits de l’air ! »

Une épreuve d’ennui, puis un empoisonnement au gaz ? Quelle serait la prochaine étape ?


Dernière édition par Uzumaki Yumeko le Dim 14 Jan - 19:48, édité 1 fois

La tension était palpable. L’amabilité avait laissé place aux feux de l’ambition et à l’ombre de la paranoïa. À juste titre ? Tu l’ignoras. Toi, tu avais fait simplement signe à la personne qui t’apparaissait la plus puissante, proposant par les yeux une alliance de circonstance. Tu le savais, la trahison était un levier puissant et rapide pour atteindre ses objectifs, mais avec des conséquences parfois irréversibles.

Trop trahir, et la parole donnée n’avait plus aucune valeur, devenant un handicap important à l’avenir. Pas assez, et la multiplication des alliances risquaient de devenir ingérable, au point d’en être paralysé.

L’important était donc de « pousser l’autre » à la faute, afin de se positionner en tant que « victime ». Le pompier incendiaire, dans la finesse et l’illusion. Voilà une tactique qui avait fait ses preuves avec le temps.

Le Fuînjutsu entoura la zone, sécurisant un peu d’oxygène. De son côté, Renzo avait fait tomber la chemise, dévoilant un étrange corps meurtri. Il n’avait pas une, mais quatre bouches. Quatre orifices mâchant de l’argile, et recrachant des créatures d’argiles. Tu ignorais que le clan avait une quatrième bouche, au niveau du cœur. Etrange chose… Le chakra pouvait-il à ce point influer sur la génétique ? Où était-ce la génétique qui influait sur la nature pouvoir clanique ? Tu l’ignorais. Peut-être te fallait-il alors te rapprocher un peu plus de lui pour comprendre ;

Quatre avaient à rejoindre la zone de sûreté : Shiratsuchi Renzo, Nanatsume Kaito et Aburame Wakano. Quatre autres, c’étaient effondrés dans le poison. Tu étais désormais la dernière femme de cet entourage. Ton regard ne vacilla aucunement : ici, il n’y avait pas de place pour les faibles. Renzo se tourna vers toi, comme deux autres pairs d’œil, demandant une idée.

« J’ai effectivement une solution. »

Tu pointas une aération, bouché par Renzo.

« Je vais étendre mon Fuînjutsu pour déplacer l’air. Kaito, tu m’as confié être un utilisateur du Fûton. Je compte sur toi pour m’aider dans cette tâche. Renzo, on va sélectionner une aération que tu détruiras. Il doit également y avoir une sorte de mécanisme poussant l’air empoisonné : tâche de le détruire. Wakano, je compte sur ton Dôton pour compartimenter les différentes sûres. Mettons-nous au travail. »

Une vraie cheffe d’équipe. Ou une femme à la main de fer. Tu n’avais pas laissé vraiment places aux questions : l’urgence de la situation ne le permettait pas. De toute manière, seuls les plus quatre vifs d’esprits étaient encore en liste. Et vous vous mîtes au travail. Le vent poussait l’air vicié vers l’aération explosée, tandis que les Fuînjutsu et les murs Dôton avançaient à progression régulière.

Tu étais probablement l’une des quatre ayant le plus consommé en termes de chakra, devant à chaque fois modifier le sceau, en réinstaller un de nouveau. La salle était désormais quadrillée en zone d’air…

La petite mascarade était que tu n’avais pas totalement éliminé les Fuînjutsu. Tu t’avanças derrière le Shiratsuchi, et d’un murmure, tu lui tins à peu près ce langage.

« Renzô, tu es avec moi, n’est-ce pas ? Il n’y a que trois reliques. Et je t’apprécie bien plus que ces deux-là. »

Un chantage par l’affect. Tu reculas, annonçant d’une voix bien plus forte.

« Et bien, nous avons échappé belle… »

Ton regard croisa celui de l’Aburame, alors que tu t’approchais de Kaito, qui était aux abords d’une salle. Alors que tu allais lui mettre une tape dans le dos, tu le poussas violemment dans une salle, tandis que l’Aburame effectua un mur de terre, l’enfermant. Toi, tu désactivas simplement le Fuînjutsu protecteur, te tournant vers Renzô.

« Fais-moi exploser cette grille, que le poison l’emporte. Nous sommes trois, il y a trois reliques mystiques. Nous avons gagné. Et il était le plus faible d’entre nous. Ce n’est que justice, n’est-ce pas ? »

Tu fixas Renzô, un doux sourire sur le visage.
Tu serais victorieuse, quoi qu’il en coûte. Il le fallait. Pour le clan Uzumaki. Pour l’équilibre du monde.
Et surtout, pour toi.

Logiquement, la suite serait l'épreuve finale : se faire choisir par l'une des reliques.

Le dénouement s’accélérait avec une célérité mésestimée. Le plan c’était pourtant déroulé parfaitement selon tes désirs : Renzo avait fait ce qu’il fallait, condamnant dans une explosion mortifère le manipulateur du vent. Alors que tu croyais que la trahison avait suffisamment payé pour t’assurer la loyauté des autres personnes -devenant ainsi tout partenaires de crimes – Renzo en décida autrement. D’un mouvement, aussi soudain que difficilement compréhensible, il créa un oiseau d’argile qui fonça sur l’Aburame, à peine remis de ses mûdras.

Toi, tu dégainas ton parchemin, descellant ta marionnette. D’un mouvement rapide, tu dispersas les éléments d’attaques principaux, tentant de préserver la contre-attaque, et sacrifiant délibérément l’abdomen du pantin pour encaisser la déflagration. Il explosa devant toi, les grosses échardes de bois effritant tes vêtements, ne laissant que quelques pièces de ton pantin. Sa tête surtout : là où tu dissimulais tes bombes.


Il ne fut pas long avant que le gaz empoisonné ne refasse surface dans la pièce, l’explosion ayant aisément réduit les barrières de terres en poussière. Seuls tes sceaux maintenaient tout cela en place.

Après l’explosion, vint le silence. Que tu brisas, applaudissant des mains.

« Et bien, et bien… Je ne te croyais pas si expéditif, Shiratsuchi Renzo. Expéditif, impulsif, imprévisible, et même suicidaire. Je ne m’étais pas trompée en pariant sur toi. Je savais qu’irrémédiablement, c’était toi, l’autre personnage principal de cet acte. »

Le gaz emplissait la pièce. Seuls deux espaces tenaient encore intact, grâce à ton Fuînjutsu. Le tien te contenant, et celui de Renzo. Tu fixas les morceaux de ta marionnette, repérant les pièces maîtresses de ton prochain coup.

« Je crains malheureusement que nous soyons dans une impasse, et que le choix du grand final te revient. Ton explosion a détruit mon pantin, mais également les barrières retenant le gaz. Si je tombe dans l’inconscience par tes assauts, la barrière s’éteindra, et tu finiras comme Kaito. Tu essuieras l’échec, et ton ascension vers la quête de la relique s’arrêtera ici. Nos deux espoirs s’éteindront, comme les héros des tragédies antiques, dans une magnifique explosion, tous deux morts dans un nuage. N’est-ce pas là la belle allégorie de l'irrémédiable destin des Kumojin ? Mourir de la trahison de ses frères et sœurs d’armes ? Sûrement était-ce le plan du DRK depuis le début. »

Tu dégainas un parchemin.

« Je pourrais aussi faire le choix de me réarmer et de finir seule cette histoire. Après tout, une marionnettiste n’est jamais mal préparée, et je pourrais te montrer mon dernier spectacle… Mais cela ne serait que confirmer une conclusion aussi prévisible que décevante. Ou il y a ce troisième choix, Shiratsuchi Renzo… »

Tu tendis les bras, l’un tenant un parchemin, l’autre prêt à projeter des fils de marionnettiste sur le crâne de Lolth, activant au moindre mouvement hostile des mécanismes mortels. Ton regard révélait cette fois toute la hauteur de ton ambition dévorante.

« Nous pouvons sceller cette alliance, et sortir nos personnages victorieux, saisir à pleine main notre destin. Cette alliance, fructueuse, entre deux porteurs de reliques, mains dans la main, dépassant toutes les attentes, faisant voler en éclats toutes les prédictions d’un vainqueur solitaire ! »

Tu lui fis un sourire.

« Je te tends la main, Shiratsuchi Renzo. Celle d'une véritable amie. Une alliée qui ne t'a jamais laissé tombé depuis le début de cette épreuve. Ensemble, détruisons le cycle infernal de la trahison. Ensemble, faisons voler en éclats les prédictions de nos funestes observateurs, et offrons à tous un inédit nouveau final ! Ensemble, saisissons la chance de tisser l’imprévisible, dans une alliance, forte de sa confiance et de sa victoire commune ! »

Techniques en attente :