Jeu 18 Jan - 23:54
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▶ Sujet: Hatsu Tosatsu Les embruns de l'océan. Ils te parvenaient par vagues, au gré des vents estivaux, plus doux que leurs homologues d'hiver capables de vous asséner de terribles morsures glaciales. La senteur, songeas-tu, était à la fois parfaitement semblable et tout à fait différente de celle à laquelle tu t'étais habitué toutes ces années durant, sur l'île où tu t'étais abandonné à un exil volontaire et solitaire. Peut-être était-ce l'empreinte olfactive de toute cette activité qui fourmillait sous tes pieds, tout autour de toi, qui créait cette distinction, mais la raison t'importait finalement assez peu. Seul comptait pour toi le symbole. Ta vie d'alors n'était pas ta vie d'aujourd'hui, par choix et par contrainte, mais elle gardait malgré tout la même visée, le même but. Était habitée par la même volonté, mue par les mêmes plaisirs. Tu ne pouvais toutefois pas calquer tes anciennes habitudes, tes mœurs sauvages, à ta nouvelle existence au sein de la Brume. Tu n'avais certes pas à adopter tous ces codes, à supporter toutes les marques de faiblesse qui gravitaient autour de toi comme autant d'insectes, mais sous le joug de la hiérarchie, et plus encore de cette Brume Sanglante dont on t'avait parlé, tu avais vite pris conscience des règles immuables avec lesquelles tu allais devoir jouer à présent. Et ce soir, le port où tu te trouvais, au nord de Kirigakure no Satô, serait ton terrain de jeu.
Tu t'étais posté en hauteur, sur le toit d'un hangar, à l'affût du trafique formé par les marins et dockers qui ne cessaient d'aller et venir en un ballet soigneusement désorganisé. Les derniers rayons du soleil faisant leur révérence, les flux humains se mirent à s'étioler peu à peu sous ton regard scrutateur, et tu sus alors qu'il allait te falloir changer de position. Tu évoluas donc à pas feutrés, tout en gardant ton regard braqué sur les groupes de travailleurs éreintés, te propulsant en silence de l'ombre d'un toit à une autre. Plus que de guetter l'opportunité, tu réapprenais les rouages d'une vie avec laquelle tu avais perdu tout contact, absorbais la routine de ces gens ordinaires pour mieux la comprendre. Tu ne parvenais pas pour autant à comprendre, cependant. A saisir le pourquoi profond qui animait ces vies. Tu songeas un instant que c'était peut-être car tu en avais peur. Car tu aurais redouté de trouver une quelconque forme de réponse, dans ces élans plein de vacuités. Un tel non-sens ne te resta cependant pas longtemps à l'esprit, et tu te focalisas de plus belle sur le perfectionnement de tes déplacements et sur ceux qui avaient sans le savoir toute ton attention.
La nuit, l'activité migrait tout autant que les étoiles. Le port fut presque déserté, tandis que les tavernes du centre voyaient leur clientèle croître crescendo. Tu descendis discrètement au niveau d'une allée, noyé dans les ombres, avant d'utiliser le jutsu de transformation illusoire pour changer d'apparence. Sous les traits d'un marin lambda, tu t'immisças dès lors dans l'un de ces établissements densément fréquentés et n'y ouvris la bouche que pour commander sobrement une boisson alcoolisée, que tu sirotas en silence en tâchant de dissocier le son des conversations alentour. Tu fis tout ton possible pour adopter une posture neutre, propice à un type d'espionnage fort peu courant que tu t'imposais ce soir-là pour assimiler les us de la vie ordinaire. Tu ne pouvais peut-être pas comprendre comment toutes ces âmes parvenaient à opérer leur corps jour après jour mais par Izanagi, tu étais on ne peut plus capable de disséquer leurs routines pour en extraire la façon la plus probante de magnifier leur pitoyable existence. La plus probante... et aussi la plus éloquente.
Mais le temps pour toi du passage à l'acte n'était pas encore arrivé, malgré l'impulsion créatrice qui commençait à te dévorer. Tu emmagasinas donc autant que tu le pus, terminas ton verre et sortis sans remous de l'établissement. Tu les sentis alors, dans ton dos, t'emboîter le pas avec maladresse jusque dans cette contre-allée, plongée dans une pénombre étouffante que seule la demie-lune venait fendre de ses rayons. Tu osas émettre pour toi-même l'hypothèse que ce n'était là qu'une coïncidence et que ces hommes aux pas lourdauds empruntaient simplement la même route que toi. Tu bifurquas donc pour tester cette idée, et ce à plusieurs reprises, prenant ensuite la tangente en direction de l'épais sous-bois qui cerclait le côté ouest du port en t'éloignant de la zone urbaine. Leurs foulées, cependant, restèrent accrochées aux tiennes. Et alors, le doute ne fut plus permis.
Tu te retournas pour leur faire face.
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Ven 19 Jan - 17:52
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▶ Sujet: Re: Hatsu Tosatsu Tu leur fis face, toujours drapé sous les traits anodins d'un mousse, inspirés par ceux que tu avais observé toute cette fin de journée durant. Vraisemblablement, quelque chose dans ton déguisement avait retenu l'attention des quatre énergumènes qui t'avaient suivi. Peut-être un détail mal reproduit par ton jutsu, une imprécision de ta part, ou bien encore une composante de ta démarche. Il te restait de fait des progrès à faire pour parvenir à te mêler à la piétaille ordinaire sans attirer l'attention, mais il n'y avait guère que par l'expérience, au travers des échecs, que tu pourrais gommer ces défauts et parfaire ton approche. Impassible, tu observas le mouvement des deux hommes les plus excentrés lorsqu'ils se portèrent sur tes flancs, lisant le sourire répugnant de chacun sur leurs visage baigné de rayons lunaires.
« Allez vide tes poches, dépêche-toi... ! » déclara celui qui était resté tout droit face à toi. Tu restas stoïque, curieux, dans l'expectative, détaillant l'individu de tes yeux scrutateurs.
Devant ton absence de réaction, celui qui apparaissait comme le chef de meute esquissa un geste vers son flanc, et tu reconnus sans peine l'éclat de l'acier au creux de sa main. Tu remarquas un mouvement similaire chez les trois autres, visiblement rompus à l'exercice, et une réflexion qui te procura une profonde jouissance intérieure se forma alors dans ton esprit. La réalisation que ces hommes sans envergure, dans leur ignorance, venaient de s'offrir d'eux-même en sacrifice. Tu souris, béat.
« ...Mes poches ? Demandas-tu avec un ersatz de provocation dans la voix Fais pas le guignol ou on te saigne. Michiki », lança-t-il à son comparse avec un signe de tête.
Le plus ou moins bien nommé s'avança vers toi sur ton flanc gauche, tenta de fourrer sa dextre dans tes vêtements factices... et s'étonna soudainement de leur consistance. Tu esquissas un geste vif pour résister à la fouille tandis que ton apparence illusoire se dissipait dans un désagrégation de chakra. Le malandrin Michiki fit darder par réflexe son poignard vers tes côtes, dans un mouvement maladroit de tueur inexpérimenté. Tu restas passif, monolithique dans cet instant fugace de confusion, accueillant la pointe inoffensive de la lame sur ton exosquelette qui finissait d'apparaître, dans le clair-obscur de la nuit estivale. La scène se figea, tandis que les quatre énergumènes compulsaient peu à peu ce qui venait de se passer et ce qu'ils avaient désormais sous les yeux. Une silhouette sortie de leurs cauchemars, aux relents mortifères indomptables.
« U-Un Yokai !! »
Tu saisis ce Michiki à la gorge et l'envoya violemment au sol, l'assommant sur le coup. Ses comparses, déjà, avaient commencé à reculer, se détournant de toi comme d'un mal ancien capable d'aspirer jusqu'à leur âme. Tu ne leur laissas toutefois aucun espoir de t'échapper : d'un pas félin, tu leur coupas la retraite, brisas le tibia de l'un d'eux d'une balayette puissante, et perforas l'omoplate d'un second en usant d'une colonne vertébrale extrudée de ton dos. Tu le draguas vers toi, expédias un crochet destructeur qui brisa tant sa mâchoire que sa conscience. Le coupe-jarret au tibia brisé produisait une douce mélodie d'agonie, un délice à tes oreilles et arrière-plan sonore parfait qui couvrit le son étouffé de tes pas pour rattraper le meneur du groupe. Tu bondis sur son dos, enserrant sa nuque avec tes bras, comprimant les siens contre son buste avec tes jambes verrouillées contre son ventre. Vous tombâtes ensembles sur le sol, et tu entrepris dès lors d'extraire tout résidu de conscience de son corps, extatique à la seule pensée de ce qui allait suivre.
« Oh Izanagi. Merci pour ce cadeau. Ce sang, cette chair et ces os », susurras-tu à l'oreille de ta proie alors qu'elle s'évanouissait pour de bon, asphyxiée.
Tu relâchas alors l'étreinte, traînas son corps jusqu'à ceux de ses comparses et réduisis au silence celui auquel tu avais brisé la jambe. Tu restas ensuite sur place un moment, immobile dans le silence de la nuit, contemplant ces corps inertes qui t'appartenaient à présent tout entiers. Une opportunité formidable, songeas-tu, d'exprimer enfin ton art à nouveau. Une opportunité que tu voulais savourer. Ta contemplation achevée, patiemment quoi que laborieusement, tu emmenas tes proies plus profondément dans le sous-bois jusqu'à une clairière envahie par la tourbe. L'endroit n'était pas parfait, mais la projection magnifique engendrée par la demie-lune procurait malgré tout à cette soirée un attrait unique. Ces moments t'avaient terriblement manqué, et tu réalisais à présent à quel point. Tu pus te permettre enfin de rouvrir les écluses de tes passions et de ton inspiration sans bride ni entrave, te délectas de ces moments d'anticipation en laissant affluer en toi l'essence sanguinaire de ton héritage Kaguya.
Oui, une nuit extraordinaire t'attendait.
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Lun 22 Jan - 23:50
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▶ Sujet: Re: Hatsu Tosatsu Quatre proies, quatre points cardinaux. Une adéquation que tu ne te privas pas d’exploiter dans ta mise en scène macabre, tandis que tu disposais méthodiquement les corps inconscients de tes victimes sur des piloris d’ossements de ta confection. Avec un soin tout particulier, tu les harnachas à leur dernière demeure respective, lias leur chair à tes os en les crucifiant dans l’entremêlement exquis de tes créations. Chacun leur tour, ils virent ainsi la douleur aussi rudimentaire que cinglante les tirer de leur sommeil sans rêve, s’éveillant à la mélodie souffreteuse de leurs congénères effrayés. Et à tous, tu susurras les mêmes mots, dans l’intimité de ces premiers supplices.
« Monzetsu wo kyôyo shite… Monzetsu wo kanjite...Shi wo nagamete. »
Des années avaient passé, depuis la dernière opportunité que tu avais eu de produire une telle performance, de mettre sur pied quoi que ce soit de similaire à ce qu’il t’était donné l’occasion de mettre sur pied ce soir. Tu te délectais de chaque prémisses, laissais chaque frisson de plaisir te parcourir comme un courant froid et délicieux. Les suppliques de tes offrandes, si elles t’étaient au fond indifférentes, apportaient malgré tout une beauté sonore à l’ensemble, que la lune daignait éclairer de sa candeur céleste pour t’épargner d’avoir à allumer une torche quelconque. Les astres t’accompagnaient, et il ne te fallait rien de plus pour te sentir empli d’une profonde félicité. Même si telle n’était pas leur vocation, tes paroles instillaient de façon ostentatoire le désespoir et la souffrance en tes offrandes, cimentant la destinée qu’elles étaient sur le point de partager, la rendant immuable, inexorable. Divine.
Placé au centre de cette formation macabre méticuleusement orchestrée, ignorant les cris, suppliques et insultes incessantes, tu extrudas un petit os tranchant longiligne de ton avant-bras et le soupesas soigneusement. Tu pivotas alors sur toi-même, pointas ton outil tour à tour sur chacun de tes suppliciés encore vierges de tourments.
« ...M’inspirez beaucoup. N’avais jamais eu l’occasion… de m’exprimer sur des déchets comme vous. Soyez honorés, de faire partie de ma création. »
Sans te presser, avec la patience et la passion de l’artiste, tu te mis alors au travail. Sur les nerfs digitaux, en premier lieu. Chacun des quarante doigts à ta disposition fut ainsi scindé en deux et épinglé comme autant de pattes insectoïdes sanguinolentes, créant de magnifiques silhouettes étoilées sur les chevalet d’ossements. Un préambule parfait pour épargner les santés les plus fragiles tout en éveillant les âmes damnées qui passaient entre tes mains. Avec la même attention, tu portas ensuite ton dévolu sur les pieds mis à nu de tes sujets, remontant par la suite le pinceau de ton scalpel d’ivoire jusqu’à leurs genoux afin d’en désarticuler toute la structure. Tendons, ligaments, muscles : rien ne fut épargnée par l’inquisition de ton outil insidieux et méthodique. A tour de rôle, tes suppliciés tournèrent de l’oeil, leur esprit incapable d’endurer l’agonie, avant de revenir d’entre les limbes de l’inconscience quand revenait leur tour de participer à ton chef d’oeuvre. Au sang se mêlèrent défécations et souillures à demi digérées, et tu sus que les pertes de fluide vital allaient bientôt sonner le glas définitif de ces vies sans objet.
Avec un soin et une hâte redoublés, tu incisas alors l’abdomen des quatre coupe-jarret pour laisser s’épandre au sol leurs entrailles, puis t’en saisis pour relier entre eux ces monceaux de boyaux à un grand pieu d’os central. Les derniers râles de souffrance haletant parvinrent à tes oreilles, tandis que tu reculais de quelques pas pour admirer ta fresque sanglante, entremêlement sophistiqué de viscères noués en une toile infernale. Tu aurais pu mieux faire, te dis-tu, mais la quête du perfectionnement était de celles qui ne finissaient jamais. Et rien, ô rien, ne pouvait venir égaler la jubilation que tu ressentais en cet instant. Cette extase qui t’emplissait de fourmillements jouissifs, te faisait entrer en résonance avec une force qui te transcendait en tout point. Comme pour beaucoup d’autres, tu chérirais le souvenir de ce moment, te remémorerais de tous ses détails graphiques, de sa texture et de son odeur. Sans un mot, d’abord à reculons, tu quittas le canevas de ton œuvre, retournas à l’ombre épaisse de la forêt.
Tes appétits étaient rassasiés… pour un temps.
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▶ Sujet: Re: Hatsu Tosatsu |
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