Le flavescent s'était retiré dans l'intimité des bois, enveloppé par la sérénité de la nature. Dans sa quête éternelle d'harmonie et de maîtrise intérieure, il s'était engagé dans une séance d'entraînement au Zen, une danse subtile avec l'univers qui transcendait les simples mouvements du sabre.

Assis en méditation, il plongea dans un océan de silence, laissant ses sens s'ouvrir à l'écho des bois. Chaque bruissement de feuille semblait lui conter une histoire millénaire, chaque battement d'aile portait en lui le souffle de l'éternité.

À mesure que sa concentration s'approfondissait, le temps se dilatait autour de lui, étirant chaque instant dans une danse céleste. Les feuilles dansaient dans le vent avec une grâce infinie, les rayons du soleil tissaient des arabesques de lumière à travers la canopée.

Chaque détail prenait une importance sacrée. Les écureuils sautillaient d'arbre en arbre avec une précision divine, les oiseaux tramaient des fresques aériennes dans le ciel azur, leurs chants emplissant l'espace d'une musique céleste.

Il ressentait chaque frémissement de la nature, chaque souffle du vent comme une caresse de l'univers. Et au cœur de cette communion, une nouvelle vision émergea, une capacité de prémonition qui transcenda les limites du temps et de l'espace.

Dans cet état de grâce, il vit le monde se déployer devant lui, chaque événement éclatant comme une étoile dans le firmament infini. Il perçut les ombres du passé et les lueurs de l'avenir, chaque instant contenant en lui la promesse d'une nouvelle aube.

Et au centre de cette vision, sa chevelure blonde se mua lentement en nivéen, reflétant la pureté et la clarté de son esprit éveillé, annonçant une métamorphose intérieure qui transcenda les frontières de l'âme.

Cependant, cette fusion avait un tribut. La méditation profonde, l'union avec les arcanes ancestrales, épuisait ses réserves, à la fois physiques et spirituelles. Les heures s'écoulaient comme des gouttes de pluie, mais chacune d'elles pesait sur son être, tel le fardeau d'un monde à découvrir.

L'effort mental rivalisait avec l'effort physique. Maintenir cette transformation, cette communion avec le Zen, exigeait une concentration extrême, une discipline de l'esprit qui puisait dans ses ressources mentales jusqu'à l'épuisement.

Et puis il y avait le chakra. Cette essence vitale qui alimentait ses facultés, qui entretenait son lien avec l'univers. Chaque minute dans cet état presque divin était une fuite de chakra, une dépense d'énergie qui le laissait vidé, exténué, tel un nomade perdu dans les dunes brûlantes du désert de l'âme.

Il savait que cette transformation ne pouvait perdurer trop longtemps. Ses réserves étaient limitées, ses forces humaines après tout. Lorsque la fatigue commençait à peser sur ses épaules, lorsqu'il sentait ses paupières s'alourdir, il comprenait que l'heure du repos était venue.

Alors, il se retirait de cet état méditatif, laissant la métamorphose s'atténuer telle une étoile déclinante dans le firmament. Il retrouvait sa forme originelle, ses cheveux blonds reprenant leur éclat doré.

Épuisé par l'effort de sa méditation, l’épéiste se leva lentement de son lieu de recueillement, laissant derrière lui les murmures apaisants de la nature environnante. Chaque pas qu'il faisait semblait peser un peu plus lourd sur ses épaules, une douce fatigue empreinte de satisfaction.

Le chemin qui le menait vers le quartier Fujiwara était familier, mais pourtant chaque arbre, chaque rayon de soleil semblait lui offrir un accueil unique, comme s'il foulait pour la première fois cette terre qui avait vu naître les siens. Ses yeux, lourds de la sagesse du Zen, brillaient d'une lueur d'anticipation, comme si chaque pas l'approchait un peu plus de la révélation.

À son arrivée, le quartier s'animait d'une effervescence familière. Les membres du clan s'entraînaient avec une ferveur qui résonnait dans l'air, comme les battements d'un cœur qui pulse au rythme de la vie. Mais parmi cette marée de mouvements, une figure se détachait, un jeune homme au teint mâte, une présence nouvelle parmi les siens.

La peau de l'inconnu était imprégnée d'une teinte chaude, une palette de couleurs qui contrastait avec la pâleur du soleil couchant. Son regard, empreint de fatigue, brillait pourtant d'une innocence pure, comme une étoile dans la nuit. Le candide sentit son cœur s'ouvrir à cette nouvelle rencontre, une invitation à explorer les mystères de l'autre. 

Intrigué par cette présence inhabituelle, il s'approcha, laissant ses pas le guider vers cette nouvelle énigme.

« Impressionnant, n’est-ce pas ? » déclara-t-il tout sourire. « La maîtrise des armes, en particulier celle du katana et de l'arc, représente une caractéristique intrinsèque à cette éminente lignée de samouraïs. Il est indéniable que dans le vaste territoire du Yuusei, nul ne saurait égaler leur habileté et leur virtuosité dans cet art ancestral. Votre intérêt pour ce spectacle est manifeste, et je me demande si c'est la première fois que vous avez l'opportunité d'y assister. »

Après un moment de silence destiné à étudier attentivement son interlocuteur, il reprit la parole.

« Je vous prie de m'excuser pour cette indiscrétion, mais je suppose que vous n'êtes pas habitué au fonctionnement du Shogunat, n'est-ce pas ? Votre émerveillement et vos traits distinctifs me laissent penser que vous venez d'une contrée lointaine. Qu'est-ce qui vous amène sur nos terres aujourd'hui ? »

Sa curiosité avait surpassé sa politesse au point qu'il avait même omis de se présenter. Lorsqu'il s'en rendit compte, une expression de gêne se dessina sur son visage.

« Oh, diantre, quelle étourderie de ma part... J'en ai même oublié les convenances élémentaires... Permettez-moi de me présenter. Je suis Gen'Ichiro. Fujiwara Gen'Ichiro, pour être précis. »
 
 

« Quelle agréable surprise de rencontrer une âme aussi curieuse, émerveillée par la beauté du monde qui nous entoure. Je suis enchanté de faire votre connaissance, Aruzu ! »

Bien que semblant être protocolaire voire rigide en apparence, l’Homurajin partageait les mêmes aspirations que son interlocuteur présent : explorer au-delà des frontières établies par le pays du Feu, découvrir d'autres civilisations, et s'enrichir de leur culture. Il existait un vaste monde à explorer, une multitude de découvertes à faire, ce qui a d'ailleurs motivé son engagement dans une carrière davantage orientée vers la politique.

Il ne se laissa pas attendrir pour autant, trouvant curieux qu'une personne aussi jeune ait pu traverser le pays sans encombre, si l'on peut le dire ainsi. Le blondinet savait pertinemment que les routes à l'intérieur du pays étaient loin d'être sûres. Entre la population importante de Yokais rôdant dans les environs et les brigands de toutes sortes, de nombreuses embûches parsemaient les chemins. Il se demanda alors si l'ébène avait croisé leur route, ce qui pourrait expliquer son état physique.

La soif de connaissance de l'étranger l'incita à s'informer sur la terre qui l'accueillait, ce qui, de prime abord, ne semblait pas alarmant. Cependant, compte tenu des récents événements ayant secoué la Capitale, le flavescent éprouvait certaines réserves quant aux véritables intentions du voyageur. Était-il un espion à la solde de Naga et Janome ? Tant qu'il ne pouvait en être certain, il n'écartait évidemment pas cette possibilité, ni aucune autre d'ailleurs. Comprendre au mieux cet adolescent était désormais primordial. 

« Je conçois tout à fait votre point de vue. Le fonctionnement du Shogunat peut sembler complexe à ceux qui n'y sont pas habitués, d'autant plus que nous faisons partie des rares nations à opérer de cette manière. Afin que votre adaptation se déroule au mieux, je vous recommanderais de faire preuve de respect envers les personnes que vous rencontrerez, particulièrement à l'égard des représentants claniques. En somme, nous sommes un peuple fier qui n'accepte pas l'irrespect. En cas de manquement, dans le meilleur des scénarios, vous pourriez être banni, tandis que dans le pire des cas, la potence pourrait être votre destin. »

Ce n'était pas dans le but de l'intimider, mais plutôt de lui faire réaliser la réalité de l'environnement dans lequel il évoluait désormais. Ce qui pouvait dérouter, c'est que malgré cela, l'opalin arborait un sourire chaleureux, même après avoir évoqué une possible exécution. Protéger le Shogunat était sa priorité absolue, et même si cela impliquait de mettre fin à la vie d'un adolescent, Gen'Ichiro le ferait sans la moindre hésitation.

Dans l'éventualité où l'ébène ne posait pas de problème, l'électrique voyait en lui une opportunité idéale de diffuser ses principes, car il semblait manifestement intéressé par les ardents défenseurs du Bushido.

Il se frotta la joue, réfléchissant à la manière de lui parler du clan sans en révéler trop, mais surtout comment le convaincre d'adopter la vision des samouraïs. Une fois ses idées organisées, il reprit la parole. 

« Par où commencer... Bien que notre statut de noble nous octroie quelques privilèges, nous demeurons avant tout des individus simples, attachés à des valeurs profondes. Êtes-vous familier avec le concept du Bushido ? Il s'agit d'un ensemble de principes qui guide la conduite des samouraïs, mais pas exclusivement. Il est accessible à tous, y compris à ceux qui ne font pas partie de notre lignée. Le Bushido est ce qui contribue à maintenir une certaine harmonie au sein du village. Est-ce pour cette raison que vous êtes ici ? Je n'ai pas évoqué cela plus tôt, mais votre état physique me préoccupe. Que s'est-il donc passé pour vous ?  »

 

« Respecter ces principes est-il une tâche ardue ? Voilà une interrogation pertinente. La complexité de cette démarche est propre à chaque individu, chacun s'efforçant de concilier au mieux ces principes divers. Personnellement, certains tiennent une place prépondérante dans mon cœur par rapport à d'autres. Et vous, quelles sont les forces qui façonnent votre identité en tant que jeune homme animé par une soif de curiosité ? Qu'est-ce qui vous pousse en avant dans votre parcours ? »

Les traces d'épuisement marquaient profondément l'homme à la peau mâte, révélant les rigueurs de son périple vers les terres du Feu et sa majestueuse capitale, Homura. Le jeune homme blond en était conscient, sans l'ombre d'un doute. Cependant, il demeurait surpris de constater que son interlocuteur entreprenait ce voyage en solitaire, simplement animé par le désir de découvrir le monde. C'était une audace presque insensée, une témérité teintée de folie, voire d'inconscience.

« Je conjecture que vous avez effectué votre traversée en solitaire, sans compagnon à vos côtés. Étant donné les multiples dangers qui jalonnent les routes, je suis étonné que vous ayez survécu à tant d'obstacles….» fit-il avec étonnement, comme si cela relevait d’un miracle. « Vous semblez être un voyageur particulièrement chanceux. Votre étoile semble briller avec constance sur votre chemin. Pourriez-vous m’éclairer sur la façon dont vous avez réussi à surmonter ces épreuves ?» 

Une question des plus pertinentes, en effet. Elle pourrait permettre au samouraï de tirer des conclusions intéressantes sur cet étranger. S'il s'avère être un simple civil, sa survie ne serait que le fruit du hasard. En revanche, s'il possède du chakra, cela éclairerait d'un jour nouveau bien des aspects de son parcours. 

Sourcils arqués, le flavescent le dévisageait avec un air dubitatif, comme surpris par ce qu’il venait d’entendre. 
« La voie vers votre quête de renouveau repose entièrement sur votre personne, car elle dépend exclusivement de votre volonté. Le Bushido représente un moyen d'atteindre l'harmonie intérieure. Ainsi, ma question s'adresse à vous : quels sont vos objectifs précis ? Quelles réponses espérez-vous trouver à travers ces préceptes ? »

Naturellement, le jeune Fujiwara était désireux d'apporter son aide dans cette entreprise qui s'annonçait difficile. Mais, pour ce faire, il lui fallait une compréhension plus approfondie des aspirations de l'ébène afin de mieux le conseiller dans cette direction. À ses yeux, débuter un nouveau chapitre de sa vie sans un objectif précis s'avérait particulièrement délicat. 

Sa bienveillance et sa compassion, qui étaient jusqu'alors manifestes, s'évanouirent progressivement, laissant place à une expression plus austère lorsque la discussion dériva vers l'organisation de la cité. Incapable de trouver une réponse adéquate, il prit un moment pour se gratter la joue, embarrassé par cette nouvelle interrogation.

« Votre présence parmi nous est relativement récente, n'est-ce pas ? Il est essentiel, pour l'heure, que vous conserviez à l'esprit l'importance du respect envers les habitants qui peuplent notre village. Les mécanismes de son fonctionnement vous seront dévoilés une fois que vous aurez gagné notre confiance. Après tout, nous avons encore bien peu d'informations à votre sujet, Aruzu-san. En partageant ces connaissances avec vous, comment puis-je être assuré que vous ne causerez pas de tort au Shogunat par la suite ? Si nos situations et nos rôles étaient inversés, auriez-vous jugé bon de me révéler les rouages de votre cité sans avoir une connaissance préalable de ma personne ? Je suis porté à croire que non. »

Préférant ne pas être excessivement pessimiste, l'Homurajin ajouta quelque chose de plus réjouissant en ouvrant légèrement une porte. 

« Comme mentionné précédemment, vous êtes le seul architecte de votre destinée. En prenant l'initiative de vous joindre à nous, en collaborant, par exemple, sur diverses missions, vous constaterez que nous ferons assurément de même à votre égard. Il n'est pas exclu que l'idée d'embrasser nos couleurs vous séduise au fil du temps. » son visage se transforma à nouveau, laissant entrevoir un léger sourire.

 

Un individu déconcerté, désorienté, en quête d'un havre de paix au sein de la Capitale Hijin, voilà ce qu'était l'ébène. Cependant, le samouraï se demandait en silence pourquoi le jeune homme avait choisi le Shogunat d'Homura comme refuge, alors qu'il existait tant d'autres cités pouvant l'accueillir. 

Ensuite, il se dirigea vers le jeune garçon du désert et posa une main réconfortante sur son épaule.

« Une nouvelle page se tourne. » ponctua-t-il d’un sourire amical. 

Ce geste portait une signification particulière pour lui ; tel une éponge, il absorbait la peine de son interlocuteur comme si elle était sienne. Par ce contact physique, il lui transmettait son soutien. Parfois, un geste valait mieux que mille mots.

Sa main se retira de l'épaule du nivéen pour venir se reposer tranquillement sur la garde de son katana. Au fil de la conversation, le jeune homme blond comprit que la survie de son interlocuteur ne tenait pas au hasard ni à la chance, mais plutôt à cette énergie appelée chakra. De plus, l'intervention d'un certain Yukari, selon les dires du garçon, l'avait sauvé d'une situation critique. Sans lui, qui sait ce qui serait arrivé au voyageur.

« Ainsi, mes paroles étaient fondées lorsque je mentionnais que la chance était de votre côté. » fit-il, amusé. « Affirmer que les alentours sont infestés de ces abominations est une litote. Je ne suis pas certain si cette réalité est partagée dans d'autres nations, mais ici, à Hi, il est plus fréquent de croiser un yokai en chemin que de rencontrer d'autres voyageurs. Heureusement, cet individu vous a découvert avant ces créatures, sinon, j'ose à peine imaginer les conséquences du scénario inverse. »

Le destin aurait pu le condamner à périr dans l'obscurité la plus totale de cette forêt si l'aventurier n'avait pas croisé le chemin de ce mystérieux bienfaiteur. D'ailleurs, qui était ce dénommé Yukari ? En se grattant le menton, il arborait un air perplexe, car ce prénom lui semblait vaguement familier, bien que ne correspondant pas aux détails fournis par l'étranger. Sans s'en soucier outre mesure, il écarta rapidement l'hypothèse qui avait traversé son esprit.

Malheureusement, le flavescent n'avait aucune connaissance d'un homme répondant au nom de Yukari, comme il le fit comprendre en secouant la tête de gauche à droite. Il exprima ses regrets. Bien qu'il aurait aimé pouvoir aider, cela lui était impossible.

Son regard glissa lentement de l'adolescent, se portant vers les quelques samouraïs s'entraînant au loin, mais il n'était pas concentré, plutôt songeur. Aruzu aspirait à devenir fort pour honorer la mémoire des êtres chers qu'il avait perdus, une ambition noble, que même le samouraï aurait pu partager. Se demander si la quête de la force avait un sens était légitime, car dans ce vaste monde, il y avait toujours quelqu'un de plus fort, une vérité que l'opalin avait bien intégrée.    

« Observez-vous ces individus, hommes et femmes, là-bas ? » dit-il en pointant du doigt le groupuscule qui s'entraînait. Tous ces individus partagent le même idéal que le vôtre. Cependant, une différence fondamentale se distingue. Contrairement à vous, ils ne luttent pas en solitaire ; ils trouvent du réconfort et du soutien dans leurs camarades, leurs compagnons d'armes, pour se surpasser. Dans un monde aussi périlleux, rester isolé équivaut à s'exposer à la mort...»

Son attention finit par revenir sur l’ébène. 

« Je ne remets nullement en question votre bonne volonté, soyez-en assuré. Cependant, vous qui avez longtemps été habitué à la solitude, parviendrez-vous à vous intégrer pleinement ? Car malgré nos diversités, nous, habitants d'Homura, nous combattons ensemble, comme un seul homme, avec fierté, pour préserver ce qui nous est le plus précieux. C'est là la force même du Shogunat. »

Une légère pause dans ses propos fut marquée avant de reprendre aussitôt. 

« Étant donné votre vif intérêt pour notre culture locale, je me permets de vous informer qu'il y aura dans quelques jours le festival de la lune rouge. Ce serait une excellente opportunité pour vous de vous immerger davantage. Qu'en pensez-vous ?  » 

 

S'adapter à un nouvel environnement qui lui est étranger ne devait pas être chose aisée pour l’enfant du désert. Le jeune flavescent aurait ressenti la même difficulté s'il avait été à sa place. Il avait lui-même expérimenté ce sentiment lors de ses brefs séjours au Pays du Son et au Pays du Fer. Découvrir un climat, des paysages et des coutumes si différents de ce qu'il connaissait était déconcertant. Surmonter cette appréhension naturelle qui saisit chacun face à l'inconnu, Gen’Ichiro l'avait réussi en étant entouré de ses compagnons, une aide qui n'était malheureusement pas disponible pour Aruzu. 

L'un était de nature solitaire, méfiant et habitué à se débrouiller seul. À l'opposé, l'autre était toujours prêt à aider ceux dans le besoin, considérant l'esprit d'équipe comme une valeur primordiale, convaincu que l'union faisait la force. Jusqu'à présent, cet idéalisme en faveur de la coopération avait porté ses fruits, et il était rempli de fierté en voyant les progrès de l'organisation secrète qu'ils avaient fondée il y a une saison. Avec l'aide de ses compagnons, le fin épéiste pouvait avancer pas à pas dans la réalisation de ses projets personnels, tout en travaillant ensemble pour le bien commun, à savoir préserver les intérêts du Shogunat. 

Un patriotisme ardent, certes, mais ce n'était ni le moment ni l'endroit pour en discuter avec la personne aux cheveux cendrés. Le jeune blond préféra donc ne pas rebondir sur les premiers propos de son interlocuteur et lui permit de profiter de cet instant. Après lui avoir mentionné le prochain festival à venir, le voyageur s'était plongé dans ses rêveries, ce qui tira un léger sourire de satisfaction de la part de son interlocuteur. Le Festival de la Lune Rouge représentait pour le jeune homme une opportunité de s'immerger dans la culture Homurajine, en savourant les mets locaux et en côtoyant les autres habitants. En somme, participer à ces festivités ne pouvait que lui apporter des avantages. 

« Chaque année, ce festival réserve son lot de surprises. » dit-il de manière amusée. « Je souhaite pour vous que vous n'éprouviez pas d'agoraphobie, car les ruelles seront assurément bondées lors de cet événement, regorgeant tant de simples villageois que de dignitaires de haut rang. En effet, tout le monde sera au rendez-vous. »

D'un geste de la main, il lui signifia qu'il n'était pas nécessaire de le remercier pour cela, car il considérait tout à fait normal d'inviter l'étranger à se joindre aux festivités avec l'ensemble du village.

« Et qui sait, peut-être que vous ferez la rencontre d’une ravissante demoiselle… » un regard rempli de malice suivi d’un sourire taquin.

Sur le ton de la plaisanterie, le Fujiwara encouragea l'ébène à faire des rencontres, à rompre la solitude qui était la sienne jusque-là, ne serait-ce que le temps d'une soirée, ou peut-être plus si affinités il y avait. Avec respect, il le salua, exprimant l'espoir de le revoir, car malgré ses airs de garçon complètement perdu, il lui avait laissé une bonne impression. Puis, il s'éloigna dans la direction opposée à celle de son interlocuteur du jour.