Enjeu n°1 :

Dim 11 Fév - 10:59 Expérience : 75 Messages : 18

▶ Sujet: Most days I wake up with a pit in my chest • Nobu

Des montagnes à perte de vue. Toujours. Qu’importe où elle déplaçait son regard, il n’y avait que des cailloux et des pierres. Des pierres et des cailloux. Que cet environnement pouvait être ennuyant. Il ne semblait jamais rien se passer dans les montagnes. Parfois des oiseaux parcouraient les environs en battant lassement de leurs grandes ailes, adressant un regard dédaigneux aux êtres sur la terre ferme, plusieurs mètres plus bas. Et elle soutenait ce même regard, prête à bondir sur l’oiseau s’il osait planer plus bas, car c’est ce qu’ils faisaient toujours. Oh, qu’elle aurait aimé le chasser de cette manière, l’oiseau de son passé. Elle avait bien essayé, et elle n’avait qu’à y songer pour ressentir à nouveau la sensation de ses griffes se plantant profondément dans sa chair, tandis que ses crocs tentaient de se planter dans sa gorge, par pur acte de survie. Comme un animal acculé, elle s’était débattue comme jamais. Le goût du sang siégeait toujours sur le bout de sa langue râpeuse, et elle ne savait toujours pas si elle s’en délectait ou si la nausée qu’elle ressentait en était la conséquence.

Alors elle ferma les paupières et inspira profondément, remplissant sa cage thoracique un instant avant d’expirer longuement. La douce odeur de la forêt lui revint doucement, s’insinuant en elle comme un enivrant parfum. Elle se souvenait du vert des feuillages et des bosquets, de leur omniprésence dans les bois. Elle se souvenait des multiples odeurs qui parcouraient la forêt de sa naissance, des odeurs qu’elle avait humé chaque jour, dont elle s’était repue. Chaque être vivant portait sa propre trace olfactive et elle avait appris à les connaitre par cœur, au fil des années, si bien qu’elle avait le sentiment de les renifler à nouveau, pourtant si loin. L’odeur des personnes qu’elle avait côtoyée, des membres de sa famille ou au moins de son clan. La douce odeur sucrée que portait sa mère, qui lui donnait toujours envie de s’y lover comme le ferait un chat en recherche de chaleur. Ils lui manquaient. Cela lui crevait le cœur que de l’admettre. Mais ils lui manquaient tellement.

Ses paupières se rouvrirent sur les terres à priori désertiques du village de Kumo, sur les pierres et les cailloux, qu’elle décrivait en silence de son regard lorsqu’elle sortait la tête hors des tunnels du village. Le nez vers la montagne, elle sentit le poids d’un regard dans son dos. Elle choisit tout d’abord de l’ignorer. Il arrivait qu’on la lorgne. Elle n’était pas d’ici, et pour beaucoup, ne le serait jamais vraiment. Cette façon de penser ne dénotait pas beaucoup de celle dans laquelle elle s’était épanouie jadis. D’une étrange façon, cela était presque rassurant. Elle s'était réintroduite dans le même schéma, alors qu’elle avait essayé de le fuir. Elle avait trouvé d’autres persécuteurs. À la place de son cousin, se trouvait désormais le Raikage. Fort heureusement, les choses n’étaient pas entièrement identiques. Elle n’était pas emprisonnée par les liens du sang. Ici, elle pouvait réellement sortir les griffes et se faire une véritable place. Ou c’est ce qu’elle espérait.

Il ne baissait pas le regard. D’habitude, ils finissaient par se lasser de son ignorance et s’éloignaient. Pas celui-là.

« — Qu’est-ce que tu regardes ? » Sa voix dénota dans le silence qui l’entourait jusqu’alors.

Elle se tourna rapidement dans sa direction, les sourcils froncés, sans le quitter de ses deux prunelles dorées dans lesquelles les fentes de ses pupilles de chat résidaient. Elle réduisit la distance qui les partageait de sa démarche féline, légère, comme si elle ne touchait pas le sol. Elle faisait le plus souvent profil bas mais elle était un peu agacée, cette fois-ci.

« — Je peux savoir ce que tu cherches ? » Elle le dévisagea de haut en bas.

•••

Lun 12 Fév - 15:21 Expérience : 478 Messages : 121

▶ Sujet: Re: Most days I wake up with a pit in my chest • Nobu

Most days I wake up with a pit in my chest - Eté 83, Kumo

Depuis que Yamamoto Nobu avait été nommé Raikage, la vie dans le village avait pris une teinte sinistre. Dans ce climat, je prenais un plaisir morbide à semer la terreur parmi les habitants, en particulier parmi les âmes fragiles comme Hirai Hidemi et bien d'autres. Ce village regroupait des individus faibles, indignes de vivre, à l'image de Shiratsuchi Renzo et de Takeshi le punk à chien. Pour moi, cet endroit était un terreau propice à l'exercice de mon pouvoir, un terrain où je pouvais tisser ma toile perfide, une victime à la fois.

Alors que mes yeux malicieux et avertis scrutaient sans relâche le flot incessant de passants, mon radar mental s'est soudainement enclenché à l'apparition d'une silhouette élancée, d'une maigreur presque inquiétante. Une curiosité malsaine m'a envahi alors que mon regard, loin d'être discret, s'est fixé sur elle. Était-ce là une nouvelle proie pour mes jeux pervers ? Il se pouvait bien que oui.

Pour captiver son attention, j'ai intensifié mon regard, pesant sur elle de manière insistante. Elle ne pouvait manquer de sentir ce poids qui la scrutait méticuleusement. À en juger par son agacement immédiat, ma tactique avait porté ses fruits. Nous nous sommes alors jaugés mutuellement, un sourire narquois ornant mon visage, invisible derrière le voile de mon masque.

Son approche ne connaissait pas la circonvolution, elle allait droit au but. J'admirais cette franchise sans détour.

« J’ai cru revoir un fantôme du passé. Tu ressembles trait pour trait à quelqu’un qui m'est cher. Est-ce une coïncidence ? Je ne pense pas. » fis-je, simplement.

En toute franchise, je n'avais aucune idée de qui elle était, ni d'où elle venait. Elle demeurait pour moi une parfaite étrangère, du moins pour l'instant. Ses yeux, étincelants de félinerie, me rappelaient étrangement les traits distinctifs des membres du clan Seijuu. Ce crétin de Koichi m'avait généreusement éclairé sur les capacités des individus dotés d'attributs bestiaux. La question demeurait : cette brune était-elle liée à ce clan ? Rien n'était encore sûr, mais ce détail, celui de ses yeux félins, me poussait à le croire.

« Cette démarche et cette agressivité sont presque une seconde nature pour toi, j’imagine ? » dis-je innocemment sur un ton enjoué. « Quel est le prénom qui accompagne ton nom clanique ? »

En lui posant cette seconde question, j'ai laissé entendre que j'avais accès à plus d'informations sur elle qu'elle ne l'imaginait. Après tout, le renseignement constituait le cœur et l'âme de notre village caché dans les nuages, Kumo. Dans cet univers de jeu, de tromperie et de trahison, les secrets étaient légion.

« Moi, c'est Nakano, un gars passionné de science. J'ai déjà bossé avec l'un de tes semblables. Ce que vous pouvez faire, les gars, c'est carrément fascinant, je dois dire. »

Rien n'est plus étouffant que d'être immédiatement repéré par n'importe qui dans la foule. C'est du moins ce que je penserais si j'étais à sa place, et ce sentiment est tout à fait compréhensible. J'étais curieux d'en savoir plus sur elle, de comprendre ses aspirations, dans le seul but de la captiver davantage. Ma collection était sur le point de s'agrandir.

Ven 16 Fév - 18:13 Expérience : 75 Messages : 18

▶ Sujet: Re: Most days I wake up with a pit in my chest • Nobu

Ʃkaemp はは

L’homme, d’à peu près son âge, ne se montra pas impressionné par la spontanéité de la jeune femme. Elle eut même le sentiment qu’il jubilait intérieurement d’avoir provoqué cette réaction chez elle. Il y avait, dans son regard rieur, quelque chose qui ne lui plaisait pas. Il ne semblait pas sincère face à elle. Mais peut-être était-ce tout simplement la façon dont cette conversation débutait. Agacée par son regard insistant qu’il ne détachait pas de son visage, elle croisa les bras. Si elle avait eu sa queue de chat, on l’aurait vu battre d’agacement. Il lui confia reconnaitre en elle une personne du passé et la jeune femme ne fut par certaine de le croire. Sa façon de se comporter ne transpirait pas le soulagement et la satisfaction de retrouver une personne qui avait compté pour lui. À moins que cela n’ait pas été le cas. Une conquête peut-être ? Difficile à dire, difficile à jauger, sur quelques mots échangés et des regards directs.

Elle fit la moue comme seule réponse tout d’abord, jugeant ses mots et les conséquences qu’ils pourraient avoir si cette personne qu’il disait reconnaitre avait réellement comptée dans son cœur. Qu’importe.

« — À la façon dont tu en parles, j’en conclus que c’est une personne qui n’est plus ici, et peut-être ni totalement de ce monde. » Elle garda la réflexion d’une ancienne conquête pour elle, évitant de lancer un sujet qui pourrait lui échapper. Il avait l’air d’être un homme à femme, avec son air goguenard et son regard perçant.

« — Mon agressivité ? » Elle laissa échapper un petit rire. « Tu t’attendais à être accueilli la bouche en cœur en me matant de la sorte ? » Elle le dévisagea à nouveau.

Par sa question, il lui montrait qu’il se doutait du nom de son clan. Kimitsu en fut agacée mais pas étonnée pour autant. Toute personne ayant déjà côtoyé un Seijuu connaissait la façon que chacun avait de se comporter comme leur animal lié. Dans le cas de la jeune femme, elle partageait le caractère parfois considéré de désagréable des félins, mais jamais elle ne jouait avec ses proies comme ces derniers.

« — Kimitsu. » Répondit-elle finalement après qu’il se fut présenté. « Passionné par les sciences… Tu n’aurais pas disséqué mes semblables, par hasard ? » C’était dit presque sur le ton de la plaisanterie mais avec une once de questionnement. Le fait de parler de science puis de dire qu’ils étaient fascinants, juste après, ne lui inspirait pas que des expériences bien échelonnées et éthiques. Mais peut-être se trompait-elle. Après tout il avait dit « bossé avec » et non « bossé sur ». C’était un peu réconfortant.

•••

Lun 4 Mar - 13:57 Expérience : 478 Messages : 121

▶ Sujet: Re: Most days I wake up with a pit in my chest • Nobu

Most days I wake up with a pit in my chest - Été 83, Kumo

Percevant une lueur d'empathie chez cette femme, je me suis conformé à mon rôle d'acteur en me grattant légèrement l'arrière de la tête. J'ai agi comme si aborder le sujet de la personne qui m'était chère et apparemment disparue me mettait mal à l'aise.

« Ne t’en fais pas. Tu ne pouvais pas le savoir qu’elle n’était plus de ce monde. » dis-je un peu peiné.

Je laissais transparaître cette émotion négative, la tristesse, à travers mon langage corporel, surtout lorsqu'elle tentait de justifier son excès d'agressivité. Quant à mon acte de "voyeurisme", comme elle l'appelait, je n'avais aucune réponse à lui fournir. Certes, mon regard pouvait sembler insistant, mais le qualifier de "mater" était totalement inapproprié. L'essentiel pour moi était que cette manœuvre ait réussi, c'était la seule chose qui importait à mes yeux.

Je pourrais parier sans risque que cette certaine Kimitsu n'aurait pas hésité une seule seconde à me réduire en charpie si nous n'étions pas dans un lieu public. C'est d'ailleurs cet environnement qui me protégeait d'une éventuelle agression. Son tempérament volcanique m'attirait beaucoup. Elle ne mâchait pas ses mots et ne reculait devant rien. Toutes ces caractéristiques en faisaient une proie de choix.

Transitionnant d'un état de mélancolie à un état plus enjoué, notamment par le biais d'un rire, mon comportement a subitement changé lorsqu'elle a laissé entendre que je disséquais ses semblables.

« C’est pas très éthique. » Je l'ai laissée dans l'incertitude en ne confirmant ni en infirmant ses propos.

Je me retrouvais dans l'incapacité de lui avouer, mais elle avait raison. L'idée de disséquer les Seijuu avait effectivement germé dans mon esprit. Leur patrimoine génétique unique, qui leur permettait de se métamorphoser en animaux, était une énigme que je désirais comprendre, analyser, décoder, dans le but de créer des chimères. C'était un projet auquel elle et sa communauté étaient intimement liés, même si elle n'en avait pas conscience à ce moment-là.

« Je suppose que, tout comme ton camarade de clan, tu viens des montagnes environnantes, n'est-ce pas ? Si ce n'est pas trop personnel, pourrais-tu me dire quelle forme animale tu peux prendre ? » je dis cela avec un léger brin de curiosité dans ma voix.

En plus des révélations faites par Koichi sur son clan, il m'avait également indiqué l'emplacement de sa meute, prétendant qu'elle se trouvait dans ces montagnes isolées. Est-ce également le cas pour cette jeune femme ? J'étais impatient de le découvrir.

Un silence lourd s'installa, me donnant l'occasion de l'examiner attentivement, cherchant tout indice qui la lierait au village de Kumo. Puis, je reprenais la parole.

« Et toi, Kimitsu ? Es-tu gradée ? Appartiens-tu aux forces spéciales ? Es-tu une voyageuse itinérante ? Ou simplement... » Sans le dire explicitement, la fin de la phrase laissait entendre qu'elle se trouvait au bas de l'échelle hiérarchique, probablement avec le grade de Genin. « Je te prie de m'excuser si mes interrogations peuvent sembler inappropriées. Je suis encore en train d'apprendre les us et coutumes de ce village, ce qui n'est pas facile pour quelqu'un qui n'est pas originaire d'ici. »

Aucune parole sincère ne s'échappait de mes lèvres. Chacun de mes mots était tissé de mensonge, enveloppé dans une illusion soigneusement entretenue. Je ne faisais que répéter les leçons inculquées par ce village, qui se distinguait par son expertise dans cet art subtil.

▶ Sujet: Re: Most days I wake up with a pit in my chest • Nobu

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