Enjeu n°1 :

Dim 11 Fév - 22:48 Expérience : 67 Messages : 13

▶ Sujet: Le déclin (Nobu)

Allongé sur la pelouse, j’observais les cieux et cherchais toujours à comprendre la raison qui m’avait poussé à venir ici. Je n’aimais pas spécialement être entouré des autres humains composant cette planète, préférant de loin la compagnie de mes cadavres. Ah… cela m’était revenu. Mon inconscient m’avait poussé à agir, ce jour, le jour où je faisais honneur à ma Yami. J’essayais de faire quelque chose qu’elle aurait aimé faire et le “Domaine des fleurs” me paraissait être un bon compromis…

Cet endroit aurait plu à ma petite sœur, sans le moindre doute. C’était calme et à la fois animé, c’était suffisant pour s’évader et oublier notre quotidien.

Tandis que j'étais perdu dans mes pensées les plus obscures, un élément non pas inconnu vint m'extirper de mes desseins. Une odeur… Oui, il y avait bien une odeur. Celle-ci me rappelait quelque chose, c’était l’odeur de la mort. Le sourire en coin, je m’étais levé et avais suivi comme une aura qui s’entremêlait dans l’air, une effluve que je connaissais que trop bien. Et finalement, cette dernière m’avait mené au cadavre d’un écureuil…

Au vu de son état, sa mort était toute récente. J’appréciais observer ce genre de spectacle, la mort m’avait toujours fasciné, bien avant que le DKR accepte de me livrer la relique de la nécromancie. Un coup d’œil plus haut, je pus apercevoir un autre rongeur, cherchant certainement à retrouver celui qui s’était éteint. La bête semblait paniquée et cela éveilla ma curiosité… Comment allait-il réagir au retour de son partenaire ?

Le sourire en coin, j’étais parti en quête de mon sac, avant d’en sortir le grimoire. L’aura sinistre ne mit pas longtemps à se matérialiser et sans même que j’en donne l’ordre, le grimoire s’était ouvert par lui-même. Je n’étais pas seul à avoir senti la mort.

Après une courte invocation, qui m’était comme dictée par mon livre, les pages se tournèrent rapidement et l’aura violette commença à envelopper la créature à terre.

« Lève-toi. » d'un ton glacial tout droit venu d'outre tombe

C’était un ordre et comme un bon petit esclave, mon cadavre sur patte répondit à mon appel. Après s’être déboité les membres, il me faisait maintenant face et était prêt à répondre à mes requêtes. Cela m'excitait toujours autant !

« Retrouve ton partenaire, on va lui faire une petite surprise ! C’est sympathique n’est-ce pas ? Héhé. »

J’étais pressé d’assister aux retrouvailles, j’imaginais une fête à base de noisettes et d’embrassade. Mon esclave se rendit à toute hâte dans son habitat naturel, pour retrouver sa belle ou son beau rongeur.

Alors que je pensais assister à des émotions dignes des piteux acteurs et des artistes du domaine, le rongeur vivant s’était comme figé à la vue de mon cadavre. Sur une branche très peu épaisse, il s’était avancé vers son homologue pour le sentir. Ce dernier mit quelques instants, mais commença à s’énerver, à se cambrer et même à sauter sur mon soldat.

Je pus alors assister à un combat à sens unique, puisque j’avais ordonné à mon invocation de ne pas réagir. Membre après membre, morsure après morsure, des morceaux de son corps tombèrent de la branche pour se retrouver à mes pieds.

« Fascinant. »

Je m’étais peut-être emballé, peut-être même laissé emporter par mon excitation. Je ne devais pas oublier que c’était le jour de Yami.

Mer 14 Fév - 13:09 Expérience : 478 Messages : 121

▶ Sujet: Re: Le déclin (Nobu)

Le déclin - Eté 83, Kumo

Depuis ma première rencontre avec la propriétaire des lieux, je me suis rendu plus fréquemment au Domaine des Fleurs. J'ai rapidement perçu dans cet établissement une opportunité de développer mon réseau. Le cadre y est propice, favorisant des conversations plus libres et spontanées parmi la clientèle, et moi-même j'en ai bien profité. Cet environnement se prêtait parfaitement à l'écoute discrète. Après avoir commandé un alcool de riz, je me suis installé dans le jardin pour profiter de l'air pur.

Il semblait que je n'étais pas le seul à avoir eu cette idée. Un jeune homme était également présent. Son teint blafard, ses traits tirés, son physique peu flatteur rappelaient ceux de la plupart des Kumojins que j'avais rencontrés jusqu'à présent, ce qui n'était pas vraiment un compliment car je les considérais tous comme des bons à rien. Et pour l'instant, ce gamin ne semblait pas faire exception.

Mon opinion à son égard évolua progressivement lorsque je le vis sortir de sa sacoche un étrange grimoire et en faire un usage surprenant. Bien que mon masque dissimulât mon regard ébahi, je ne pouvais nier ma surprise. Par quelque moyen mystérieux, ce jeune homme avait réussi à faire apparaître une créature en décomposition qui semblait obéir à ses ordres. Quelle capacité extraordinaire ! Pris d'une soudaine réflexion, je contemplais l'avenir avec un tel pouvoir entre ses mains, et je ne pus m'empêcher de sourire sournoisement.

La décision était prise. Que cela lui plaise ou non, ce gamin deviendrait mon projet, ma propriété privée. De grandes opportunités l'attendaient désormais. Alors qu'il pensait être seul, je manifestais ma présence en applaudissant légèrement, tout en me dirigeant vers lui malgré le verre que je tenais à la main.

« Fa-sci-nant ! » des paroles encourageantes pour le mousser un peu. « Hé, p'tit gars, t'as vraiment l'air d'être différent des autres, hein ? Jouer avec la mort, c'est ton truc, j'imagine ? »

Mon regard se posa inévitablement sur l’objet mystique.

« Je suis scientifique, et là, franchement, c'est la première fois que je vois ce genre de truc. Comment t'as fait ? C'est dans ce bouquin que tu ranges tes bestioles ? Enfin, avec la tonne de cadavres qu'on a eue ces derniers temps, j'imagine que t'as de quoi faire des stocks. »

Cette fois, mes yeux se sont posés sur le jeune homme. Il émanait une aura indéfinissable, loin de l'attitude de Renzo. Ce gars-là était à part, complètement différent. Il avait cette sensation de vide en lui, comme s'il était mort à l'intérieur. On dit que les yeux sont le miroir de l'âme, et chez lui, c'était frappant. Une noirceur qui semblait bien au-delà de son âge.

« Avec un don pareil, tu pourrais foutre le feu, mais t'as l'air tellement détaché. Qu'est-ce qui t'arrive ? Tiens, moi c'est Nakano. Scientifique à mes heures perdues, mais ici, je gère les affaires avec l’autre propriétaire. »

La seconde partie était pure invention. Mais embellir un peu mon usurpation d'identité, ça ne faisait pas de mal. Tout le monde me connaissait maintenant sous ce nom d'emprunt, même Nobu était un nom factice. À vrai dire, la cité des nuages ignorait tout de ma véritable identité, ce qui était ironique pour un village qui se vantait de son excellence en matière de renseignement.

Lun 26 Fév - 21:54 Expérience : 67 Messages : 13

▶ Sujet: Re: Le déclin (Nobu)

Jouer avec la mort ? Jouer avec la mort ?

Pensait-il réellement ce qu’il venait de dire ?

Pensait-il sincèrement que je me rabaisserais à jouer avec le trépas avec un instrument, prêté par le DRK, un livre si mystique que même ces derniers ne pouvaient en discerner toute l’étendue ?

Pouvait-il m’imaginer souiller des cimetières entiers, des abandonnés aux plus fréquentés, afin de compléter ma collection ?

Si oui, il m’avait bien cerné.

__

Face à ce scientifique présumé, je ne savais pas trop comment réagir. Montrer mon véritable moi, me paraissait impensable. N’ayant pas encore décidé de son sort, ni même de son utilité, il était certain qu’il aurait le droit au même traitement que les autres : le néant. Oui, c'était ma façon d’interagir avec mes semblables. Je savais comment paraître froid et à la fois rentrer dans les cases. Je devais ça à mon instructeur, qui m’avait offert autant de violence qu’un enfant de mon âge pouvait supporter.

Lorsqu’il traita mon grimoire de bouquin, je ne pus m’empêcher de sourire et de penser à ce qu’il pourrait ressentir à l’entente de ces mots. Si mon grimoire avait la capacité de se matérialiser, il aurait certainement tenté d’ôter la vie à cet impétueux.

« Enchanté, je me nomme Haku. »

Apparemment, le scientifique gérait le domaine en l’absence de la propriétaire. Quelque peu curieux, j’avais toisé du regard l’entièreté du paysage autour de nous. Peut-être que je dérangeais ? Je ne voulais pas me faire remarquer, ce n’était pas le moment pour ça. Surtout qu’il y avait foule et peu importe ce que je fêtais en ce jour, je devais me fondre dans la masse. Dans cette optique, je m’apprêtais à sortir mon meilleur jeu d’acteur, toujours dans la fine froideur.

« Mettre le feu ? Assurément pas Nakano-san ! Veuillez m’excuser pour le dérangement je vous prie ! Ce n’était pas mon intention que de vous causer du tort, je suis venu ici pour fêter l’anniversaire de ma défunte sœur. Je suis enclin à m’excuser à toutes les personnes qui ont observé ce spectacle et, certainement, mal compris mes intentions. »

Le livre sous mon bras, je faisais à nouveau face à mon interlocuteur, avant d’abaisser le haut de mon corps, pour compléter mon rôle.

« Ce livre est une relique d’une rareté certaine. Il me permet de manipuler toutes créatures ayant trépassées. C’est vrai que c’est funeste, mais telle est son utilité. Je veux utiliser ce grimoire afin d’aider mon prochain et surtout, faire de Kumo un lieu plus sûr pour ses compatriotes. »

Foutaises, il se pourrait bien qu’un jour le pays entier soit recouvert d’un noir si profond, qu’on ne pourrait en discerner la fin. Ce noir ne serait rien d’autre qu’un amas de cadavres déambulant, sous mes ordres. Avec un peu de chance, Nakano-san ferait parti de la fête.

« Vous voulez le feuilleter peut-être ? »

Dire que la curiosité pouvait littéralement tuer.

Bien sûr, je ne comptais pas lui laisser ouvrir le fameux grimoire. Il était hors de question qu'on me le retire suite à une action aussi insensée que celle-ci, sa mort par contre, m'importait que très peu, voir pas du tout.

Lun 4 Mar - 18:44 Expérience : 478 Messages : 121

▶ Sujet: Re: Le déclin (Nobu)

Le déclin - Été 83, Kumo

Je ne pouvais pas mettre le doigt dessus, mais ce gamin ne m'inspirait rien de positif. Il dégageait une froideur implacable, comme s'il était dépourvu de toute émotion, ce qui était paradoxal car, selon lui, cette journée revêtait une importance particulière : la commémoration de la mort de sa sœur.

Il était rare de rencontrer des Kumojins aussi instruits que lui, ce qui ne manqua pas de me surprendre. Ce jeune homme semblait avoir reçu une éducation stricte, ce qui expliquait sa formalité et ses manières protocolaires, récitant les formules de politesse de manière presque automatique. Il n'avait pourtant pas besoin de se montrer aussi respectueux envers moi, et pour lui faire comprendre cela, je levai les mains lorsque, par respect, il inclina légèrement le haut de son corps.

« Il n'y a aucune raison de t'excuser, tu n'as rien fait de mal. Ne te fais aucun souci. » le ton se voulait rassurant.

Cependant, je restais lucide et n'oubliais pas que dans la cité des nuages, toutes les relations étaient superficielles. Les forces de ce village reflétaient le caractère tyrannique du Daimyo, connu pour sa cruauté et sa perfidie, tout cela dans le seul but de le servir au mieux. Comme à chaque interaction, je m'efforçais de jouer un rôle différent. Partant de mon expérience personnelle et de la philosophie inculquée ici, il était probable que mon interlocuteur récitait également soigneusement sa partition. Toutefois, il fallait encore le prouver, et je n'avais pas d'éléments probants pour le confirmer.

"Aider mon prochain" me fit froncer les sourcils. Comment pouvait-il y parvenir avec un grimoire capable de ramener toute entité de l'outre-monde ? Cela me laissait perplexe. Je ne parvenais pas à visualiser comment Kumo pouvait devenir un endroit plus sûr avec une armée de morts-vivants. Cet enfant semblait clairement avoir des problèmes psychologiques.

Seuls les fous peuvent reconnaître un autre fou. Cette remarque, je la faisais en toute connaissance de cause, car, tout comme cet adolescent, j'avais mes propres excentricités, voire même des aspects plus sombres. Peut-être est-ce pour cela que j'éprouvais une certaine sympathie à son égard, reconnaissant en lui un potentiel chaotique.

« Ah, donc tu es du genre à avoir le cœur sur la main ? On dirait bien que nous avons affaire à un véritable bienfaiteur, un véritable Samaritain. Tu veux donc rendre ce village plus sûr pour ses habitants ? Très bien. » Mes yeux glissaient continuellement entre lui et le grimoire qu'il maintenait serré sous son bras. « Il semblerait, et j'ai des informations fiables à ce sujet, que plusieurs morceaux d'une arme ayant le pouvoir d'anéantir un pays entier se trouvent quelque part sur nos terres. »

Je ne pouvais pas aborder directement la première pièce que Renzo avait volée. En théorie, un fragment avait déjà été découvert. Il ne nous restait plus qu'à localiser les autres pièces encore inconnues.

« Il serait regrettable que ces fragments tombent entre de mauvaises mains, n'est-ce pas ? » Derrière mon masque, un sourire carnassier se dessinait sur mon visage.

Haku se présentait comme une âme altruiste, laissant ainsi sous-entendre qu'il se proposerait de participer à cette fouille sans que j'aie besoin de lui faire explicitement la demande. Je n'avais fait que saisir l'opportunité qu'il avait créée pour tester la véracité de ses paroles.

▶ Sujet: Re: Le déclin (Nobu)

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