La hache s’enfonça dans le bois, resta coincée comme elle le faisait souvent. Weihan soupira, posant son sabaton contre le tronc pour l’arracher d’un coup sec. Il relevait brièvement la visière de son casque pour essuyer la sueur sur son front avant de se remettre au travail.

Les buches s’empilaient sur le côté, dans cet air parsemé de brin de scie qu’on pouvait presque sentir sans même y penser. Le soleil peinait à traverser les branches, cette ombre pesante dans l’air lourd de la forêt.

L’arbre sembla enfin abandonner son destin, commençant sa descente dans un grondement qui rappelait celle du tonnerre. L’atterrissage lui fut pourtant muselé et creux; l’arbre était déjà mort après tout.

C’était là toute l’affaire de la chose, Weihan cherchait spécifiquement des arbres déjà passés depuis un certain temps. Jusqu’à un certain point, l’âge avancé de la fibre rendait plus facile la fabrication du charbon si utile à tout forgeron. Et sans les fonds nécessaires pour l’acheter directement des marchands, Weihan en était à créer le sien, un processus ardu mais qui faisait parti de son apprentissage comme débutant dans l’art de la forge.

Une fois séché et pressé, le bois était mis dans un four et cuit à haute température. Après une longue cuisson, le charbon résultant est placé dans un chaudron scellé et réchauffé une fois de plus à une encore plus haute température, créant un charbon appelé coke. Celui-ci sera éventuellement allié à du fer pour créer de l’acier de haute qualité. C’était la théorie; Weihan en apprenait encore les rudiments à ce stade.

De retour au travail de bucheron. Weihan empila les buches une fois celles-ci raccourcies. C’était une opportunité pour son esprit d’errer dans bien des directions, mais surtout celles menant au Boucher.

S’il n’avait pas montré d’intérêt manifeste envers cette histoire de capacités oubliées, c’était plutôt la puissance derrière qui avait sa curiosité. Kurogane avait montré des capacités extrêmes avec une facilité déconcertantes, au-delà de tout ce que Weihan aurait pu faire. Comment avait-il atteint une telle force ? Et Janome était autre chose encore. C’était… Aggravant.

Un bruit étrange l’arracha de ses pensées. Une sorte de Buzz qui dura quelques secondes avant de se taire. Comme un grillon en plus fort, en plus grave peut-être. Étrange. Weihan posa la hache sur son épaule pendant quelques instants, mais ne trouvant rien comme origine se remit au travail.

Ashin avait insisté pour garder la main de Kurogane. Comptait-il l’utiliser pour l’étudier ? Le shaman était avait du cœur mais restait une anomalie pour Weihan, qui ne comprenait pas sa manière d’allier ses coutumes traditionnelles aux méthodes modernes de sa médecine. N’y avait-il pas une opposition ? Une fois dans l’hérésie, rien ne pouvait l’empirer, songea le Genin en secouant la tête, apercevant un arbre propice.

Il s’approcha pour en tâter la surface, qui semblait convenable. Celui-ci était plutôt large, et serait parfait pour terminer sa cueillette de la journée. Weihan inspira tout en relevant sa hache en se préparant à frapper à la base.

Le même bruit retentit et l’armuré se figea, confus. Le bruit était davantage qu’un son, c’était une vibration, et il pouvait la sentir à travers son corps tout entier. Ou plus précisément… Sur son bras ? Sans vraiment y penser, il portait les yeux à celui-ci.

Un gigantesque scarabée s’y était posé. Il pouvait sembler impossible de ne pas l’avoir remarqué auparavant, mais Weihan n’avait logiqument aucune sensation tactile vu l’armure qui couvrait sa peau. Pour en revenir au coléoptère, celui-ci occupait la majeure partie de son avant-bras, et vibrait furieusement sans pourtant tenter de « l’attaquer » - une telle chose était-elle possible ? Weihan secoua le bras par réflexe mais la créature était ferment accrochée. Weihan, agacé, posa la hache, remarquant que la vibration cessait.  Étrange. Certes il avait déjà vu de grosses araignées et toute sorte de bestioles dans les forêts de Hi, mais jamais un scarabée de cette taille. Celui-ci avait même des cornes, et on pouvait deviner sous les plaques chitineuses de son dos des ailes translucides qui devaient être la source de la vibration qu’elle semblait capable de causer. Un particulier symbole semblait coloré la carapace de l’insecte, un motif qui rappelait une constellation peut-être. Dans tous les cas, Weihan n’avait jamais rien vu de tel.

« Mais que me veux-tu, étrange bête ? »

Soupirant, il s’esclaffait tout seul, dépité.

« La Voie doit bien se moquer de moi à cet instant, à essayer de converser avec une bestiole. »

…

« Ouais, enfoiré. »



Dernière édition par Eien no Weihan le Dim 3 Mar - 15:28, édité 1 fois

« … »
« … »
« … »

Weihan releva l’avant-bras, le gesticula un peu mais l’immense coléoptère à cornes était fermement agrippé. Il songea à le frapper de son autre main, mais la bête semblait incroyablement coriace vu l’épaisseur de la carapace qui couvrait son épiderme.

« … Es-tu une sorte de yokai ? »
« J’ai l’air l’un d’un yokai, ****** ? »

La vulgarité de l’insecte était saisissante, mais il n’avait pas totalement tort, songea Weihan en inspecta la créature sous tous les angles que son bras lui permettait.

« … Je suppose que tu as l’air d’un scarabée Kabuto, en plus gros. Et moins poli ? »
« Ah, le **** de tas de métal est moins ***** qu’il ne le parait ! Il y a encore de l’espoir ! »
Sidéré,  Weihan resta ultimement silencieux, mais c’était un jeu que son interlocuteur semblait tout autant connaître que lui.

« … »
« … »
« … »
« … »

Inconfortable, Weihan posait la hache, réfléchissant quelques secondes en posant sa main libre derrière sa tête.

« Et euh… Vous avez un nom ? »
« Évidemment, *****. Kabuto. »
« Vous êtes Kabuto le… Kabuto. »

Difficile d’attribuer un faciès à un insecte, alors difficile de dire si Kabuto semblait profondément découragé de l’existence ou simplement encore plus en colère. Dans tous les cas, il ne prit même pas la peine de répondre et Weihan toussota pour essayer un autre angle.

« Et donc… Hmm… Y a-t-il une raison particulière à cette… Rencontre ? »
« Oh, presque rien ****** ! Juste un ***** de ***** qui allait abattre ma ***** de maison ! »

Confus, Weihan regardait autour de lui. Une maison ? De quoi parlait-il. Puis il réalisa l’arbre pourri devant lui, celui qu’il était le point d’attaquer à la hache avant cette interruption.

« Cet arbre est votre… »
« Bravo, il a tout compris le ***** »

Weihan fit la moue.

« Êtes-vous obligé de constamment parler ainsi ? »
« Et toi, d’être un ***** qui détruit les maisons d’honnêtes Kabuto comme moi ? »

Le genin se gratta la tête.

« Je suppose qu’à votre place, je serais également en colère. Toutes mes excuses. J’ignorais que vous résidiez dans cet arbre. J’essayais justement d’épargner ceux qui sont encore vivants. »

Un vrombissement d’ailes d’une puissante surprenante alors que le Kabuto s’envola pour se poser sur une branche basse de l’arbre mort.

« Oh tu vas comprendre, *****. Met ta main dedans. »
« Euh… Hein ? »

Le scarabé relevait une patte dirigée vers ce qui semblait être un trou dans le tronc de l’arbre. Weihan fronça les sourcils, plutôt désarçonné.

« Je ne vais pas… »
« MET TA ***** DE MAIN DANS LE ***** DE TROU DE CE ***** SATANÉ ARBRE, *****. »

Weihan le considéra en silence, soupira avant de s’approcher.

« Et pas de gant, enfoiré. »

Le Genin fit la moue en jetant un regard noir avant de retirer un gantelet, se demandant sérieusement dans quoi il s’embarquait…

Pas de gloire sans trou, on suppose.