Mes yeux glacials, légèrement éclairés par l’environnement, j’avais planté mon regard dans le sien.


Malgré tout le respect que j’avais pour les anciens, je m’étais permis d’émettre quelques doutes sur la bonne santé mentale de mon interlocutrice… Peut-être même que cette vieille, s'était laissée innonder par le saké pendant des décennies ? La mort de son être cher l'avait certainement chamboulé. Mais ce n'était pas une raison pour déblatérer des inepties et me donner de faux espoirs.

Mais... avais-je déjà pensé ça d'une personne ? Pourquoi ces pensées étaient si obscures, si salines ?

Je n’étais pas dans mon état normal. Que se passait-il ? J’étais à deux doigts de lui rappeler sa sénilité et même à m’énerver. Non, je n’étais pas moi-même, c'était impossible. Les yeux écarquillés, je me mis à regarder mes deux mains, cherchant à savoir si j’étais toujours maître de ma personne.


Son discours s’était vu légèrement modifié aussi, ce n’était pas usuel. Cette aura qui flottait dans l’air, nous changeait.. Ou alors, probablement, que nous étions vraiment ces personnes-là.


L’instant d’après, une lumière violacée fit son apparition et envahit notre espace. Les rochers méticuleusement disposés faisaient office de porte. Sur la pierre la plus haute, j’avais pu apercevoir des signes d’un autre temps, gravés à même la pierre, avec précision, mais mes connaissances ne me permettaient pas d’en comprendre le sens. Peu importe, l’honorable ancienne avait raison. Pour protéger Retsuko, je devais devenir plus fort, pour asseoir mes ambitions, la puissance m’était nécessaire. Alors que la mort était un scénario probable, j’étais prêt à prendre ce risque. S’il n’y avait pas de victoire sans combat, il n’y en avait certainement pas sans sacrifices non plus.

Ma jambe droite se mit à bouger toute seule, comme si mon corps parlait à ma place. La jambe gauche avait suivi et finalement, et ce fut avec la plus grande détermination que j’avais laissé mon bras droit toucher à cette mystique lumière lilas.


Un mot d’adieu ? Assurément pas, je comptais bien rentrer aux côtés des miens. Une chose était certaine, je devais accomplir ma destinée.

Dans un amas d’énergie chakratique, mélangée à d’autres énergies obscures et mystiques non identifiées, je pus pendant quelques instants me laisser transporter, dans l’expectative la plus totale.

Finalement, je fus expulsé brusquement à même le sol, trainé sur plusieurs mètres, avant que mon dos ne heurte une paroi qui semblait être faite de roche. Après avoir gémi quelque peu, je m’étais relevé et ne pus discerner la moindre forme. L’obscurité était la plus totale, je me demandais même si j’avais déjà observé un noir si profond de ma vie d’homme.

Néanmoins, je sentais une présence… oui, une seule présence. Malgré l’hostile fumée ébène qui m’entourait.

Je comprenais la raison de ma venue ici. Je connaissais aussi les histoires sur les pactes Kuchiyose, j’étais au fait de la difficulté de remplir les exigences de certaines créatures. Je saisissais pleinement la raison de ma venue et si Shun pensait que cela pouvait me rendre plus fort… Alors, j'étais prêt à surmonter n’importe quel test se présentant à moi.


Dis-je tandis que ma voix avait l’air de faire écho sur des centaines de mètres, droit devant moi.

Et tout à coup, je fus comme ébloui par une lumière soudaine, toujours face à moi. Cette luisance avait fait apparaître un reptile, d’une beauté, quelque peu surprenante. Ses pupilles amande m’avaient comme hypnotisé et malgré moi, je ne pouvais m’en détacher.

Le reptile qui me faisait face était d’une beauté insaisissable et très loin de ce que je pouvais habituellement rencontrer lors de mes promenades, dans les clairières avoisinantes, la forêt des miens. Un cristal d’un coloris rosâtre pendait à même sa gueule et bien que j’étais comme hypnotisé par les yeux perçant de la créature, je ressentais un sentiment que je connaissais bien : celui de ne pas être à ma place. Mon interlocuteur glissa en ma direction, laissant l’obscure fumée l’entourer comme elle avait pu le faire avec moi. Une fois à ma hauteur, je pus à nouveau saisir l’élégance du comité d’accueil. Toujours en glissant son corps à même le sol, le serpent me tourna autour, comme pour me sonder, comptait-il me dévorer ? C’était une possibilité, mais cela me paraissait bien trop tôt, ce n’était certainement pas l’heure du déjeuner.


D’abord comme un sifflement, puis une mélodie qui avait fait écho dans mon âme. La bête s’était adressée à moi sans que je pusse en comprendre le sens. Cela ne ressemblait même pas à un dialecte ancien, qu’on aurait pu entendre par-ci ou par là.


Un silence presque absolu, je pouvais toujours ouïr le frottement de son corps à même le sol, effectuant sa valse.

Soudainement, ce fût la gueule grande ouverte qu’elle plongea ses dents sur l’arrière de mon épaule gauche. Instinctivement, avec la plus grande force, j’avais posé ma main droite sur sa gueule, cherchant à la retirer. Je ne pus m’empêcher de gémir de souffrance, tellement la douleur était saisissante. En plus de la souffrance, je pus comme sentir un liquide étranger se glisser dans mes veines, se propageant dans l’entièreté de mon être. Du poison ? Oui, c'était certainement du poison. Si seulement Retsuko était là, elle aurait pu confirmer ou infirmer cette hypothèse.

Finalement, elle se retira d’elle-même, je pus discerner la longueur de ses crocs lorsqu’ils eurent été extraits de mon corps. Étrangement et comme si rien ne s’était passé, elle s’était positionnée face à moi, me laissant un genou à terre, respirant comme un nouveau-né.


Alors que la créature conversait en sa langue, soudainement, je pus la comprendre. Ce n’était pas un jutsu et la seule explication plausible, était ce qu’elle venait de me faire. En quoi du venin ou autre substance, pouvait agir de la sorte ?


Ainsi, je l’avais suivi alors que nous étions toujours entourés d’un voile obscur. Cette étrange fumée suivait nos pas à la trace et malgré tout, Li avait l’air de pouvoir nous amener à bon port. Une dizaine de minutes plus tard, on s’arrêta net, après avoir entendu comme une imposante porter se fermer derrière nous.

Le camouflage ébène fut aussitôt dispersé dans les airs et je pus discerner l’environnement. Il s’agissait d’une caverne plutôt classique, avec un plafond très haut. Un rayon de soleil, minuscule, passait au travers. Au milieu se trouvait une stèle de la taille d’un tombeau, gravés de la même façon que la porte d’entrée de ce monde. Une lumière violacée émanait toujours de ces gravures. Malgré “La Marque du Serpent”, je ne pouvais lire ces écrits.

Li m’invita à m’approcher de cette stèle, interrogatif, je l’avais rejoint avant de pouvoir toucher du doigt, ce qui semblait propice pour enterrer un homme.


Tout à coup mon corps lâcha et sur le ventre, j’étais tombé sur la stèle. C’était comme si Li avait activé quelque chose au sein de mon corps, avec une technique avancée. Je pouvais bouger les yeux, mais mon corps ne répondait pas. Je pouvais aussi entendre et… j’avais regretté d’avoir conservé ce don.

J’entendis alors comme des centaines et des centaines de créatures se rapprocher de ma position, le même son que j’avais entendu lorsque Li s’était amusée à sonder mon être.


Ainsi, c'était donc ça le gloussement des serpents ?

Je ne parvenais pas à tenir le compte, mon esprit était embrumé, je n’étais même pas capable de crier, mon corps faisait seulement que convulser. Par vague, des reptiles plantaient leurs crocs dans mon corps pour infuser leurs venins. Peu à peu, c’était comme si je n’étais plus, comme si j’avais traversé le temps et l’espace, perdu dans un monde qui n’était pas mien. Oubliant même ma venue et où je me trouvais.

J’ouvris finalement les yeux, pour me retrouver en position tailleur, dans l’entrée de ma demeure familiale. Était-ce un mauvais rêve ? Assurément, j’étais revenu à moi, revenu à la réalité. Quelle était donc cette odeur, si forte, qui ne me paraissait pas étrangère. C’était une comme une effluve de fer, légèrement plus prononcée et dérangeante. Étant curieux, j’avais enfilé mes chaussures avant de faire coulisser la porte boisée d’entrée de mon domaine. Je ne dus pas attendre pour observer des membres de mon clan, dos à moi, j’avais reconnu la plupart d’entre eux, même dans cette position.

Mon père s’était retourné et m’avait intimé de le rejoindre, à l’aide de son index.

Naturellement, je l’avais rejoint et lorsque mon premier pied foula le sol. J’entendis le même son que l’on produisait, lorsqu’on marchait sur l’eau, à l’aide de notre chakra. Ce son là m’était, lui aussi, commun, sauf qu’il ne s’agissait pas d’eau, mais bien du liquide écarlate, celui coulant dans nos veines. Les yeux écarquillés, c’était comme si je pus observer toute la scène dans son ensemble, scène que je voulais occulter. Autour de moi gisait des corps, déchirés, brûlés, découpés, autour de moi gisait la mort.

Avions-nous subi une attaque ? Dans tous les cas, pour ce que je parvenais à identifier, je ne reconnaissais pas les miens.


Aussitôt, la sixième porte était ouverte et une aura obscure vint envelopper tout mon corps. Mes yeux glacials luisants, j’avais posé ma main droite sur le visage de mon feu père, avant de l’exploser de toutes mes forces à même le sol, laissant dans ma main, ce qui pouvait ressembler à des ossements. Par la puissance de mon offensive, s’était formée un cratère. Alors que je m’apprêtais à sauter sur Kuenai et lui faire subir un sort bien plus lent que celui de mon défunt père, sous mon courroux implacable, une partie du paysage se brisa, tel du verre. Mon flux chakratique était perturbé, ces brisures laissèrent place à un paysage caverneux, qui me semblait familier.

Comme après être tombé dans le coma, des souvenirs me revinrent et même si je n’étais pas totalement extirpé de cet évènement, je pus comprendre que ceci n’était pas réel.

Tel un Nara, comme on me l’avait appris, j’avais ainsi réfléchi plusieurs hypothèses et celle qui me vint le plus naturellement était celle du Genjutsu. Loin d’être une simple hallucination, j’avais été plongé dans une illusion complète, si bien que même les centaines d’attaques n’étaient pas réelles. Mon corps paraissait intact, mais il restait un problème : je n’étais pas complètement sorti de ce cauchemar. C’était comme si mon corps avait instantanément réagi au danger, comme il l’avait si bien appris ces dernières années avec le Hachimon. C’était d’ailleurs ce pouvoir qui m’avait permis de m’extirper de ce mauvais rêve, d’après moi. En brisant une porte, je pouvais influer le flux chakratique et faire en sorte de dissiper les plus mauvaises des intentions.

Dans mon évènement fictif, j’avais ouvert la porte de la contemplation, ici, je pensais avoir ouvert seulement la première. Il fallait juste adapter les portes au niveau de l’illusion, sans pour autant me blesser. J’ouvris ainsi la deuxième porte, voyant le monde se fracturer autour de moi, face à cette insuffisance, la troisième fut nécessaire pour finalement briser entièrement le sort. Je fus ramené à la réalité, cette fois-ci je ne pouvais en douter.


Mon père n’est-ce pas ? Celui que je n’avais pas hésité une seconde à éliminer, sous la colère portée par mon attachement à Retsuko. Bien que c’était une illusion, je devais avouer que mon esprit était chamboulé, quelque peu traumatisé par ce qui venait de se passer.

Toujours sous l’emprise des méandres, je marchais, sans même regarder où j’allais, derrière mon guide. Je comprenais le sens de l’épreuve, je saisissais même la punition qui m’était infligée mais-... cela m’avait semblé si réel ? Un regard sombre sur ma main droite, me permit de relever qu’en effet, je tremblais encore. De cette main, toujours dans l’illusion, j’avais éliminé mon paternel, d’une telle violence–... Une crise de panique ou bien d’angoisse ? Non ce n’était pas mon genre, je ne pouvais l’accepter. Après avoir malaxé brièvement du chakra dans mon poing droit, je l’avais directement envoyé à mon visage pour me réveiller.

Le coup fit écho dans l’environnement caverneux qui m’entourait, que je ne parvenais à décrire avec des mots. Yukith s’était retournée et après avoir laissé quelques instants de blanc, semblait hilare à la manière… d’un serpent.


L’intendante m’avait ensuite fait face, avant de glisser doucement en ma direction. Sur mes gardes, je m’étais mis en position de combat. Peut-être était-ce elle l’épreuve ? Si tel était le cas, elle allait payer pour ce qui se venait de se passer. Yukith ferma les yeux, avant de s’abaisser légèrement, comme si elle voulait m’affirmer qu’elle ne représentait aucune hostilité. Son geste était d’une telle grâce, qui ne me paraissait pas imitable. Relâchant tous les muscles de mon corps, je l’avais ensuite observé m’entourer, comme si elle était en train de nouer des liens autour de ma personne. Lorsqu’elle arriva à mon visage, je me sentis comme transporté dans une épaisse fumée blanche.


Finalement, lorsque cette dernière s’évapora, je pus discerner le paysage m’entourant. Les yeux écarquillés, j’étais comme happé par la beauté des lieux. Des colonnes brisées se trouvaient face à moi, évoquant des affrontements sans pareille. Une grande entrée se trouvait non loin de ma position, ornée d’illustrations finement gravées. La précision des traits était encore impressionnante, faisaient-ils ça avec leurs crocs ? Une lumière crépusculeraire venait éclairer le paysage, qui malgré sa beauté visuelle… dégageait une odeur mortuaire. Je pouvais humer les effluves putrides, semblable à de la charogne.


Tout à coup, les murs tremblèrent et j’entendis un rugissement tel que le sol se mit à mouvoir. Le son était lointain, mais son intensité était parvenue jusqu’à mes entrailles. Quelle était l’origine de ce cri ? J’eus peine à rester en place, avec l’aide de mon chakra, tandis que j’avais évité des morceaux de roches brisés par ce cri, afin de ne pas être écrasé par leur poids.


Balança-t-elle, avant de se retirer, me laissant face à mon destin.

Sa gueule était à quelques mètres de ma position, j’étais pétrifié par la monstruosité de son apparence. Une aura rougeâtre presque imperceptible se dégageait de son revêtement, celle dernière était associée à des pulsions meurtrières qu’elle ne parvenait pas à réfréner. Face à elle, j’étais minuscule, un seul croc de sa part et je pouvais finir en diner. C’était donc elle, la fameuse descendante de la souveraine, de la grande monarque. Pendant un instant, je m’étais essayé à imaginer à quoi pouvait ressembler la maîtresse des lieux. Je n’y étais parvenu, je n’avais pas suffisamment d’imagination pour ça. Je n’avais jamais vu une telle créature, alors en imaginer une plus féroce–...

Sans attendre une seule seconde de plus, j’ouvris les deux premières portes Hachimon successivement. Mon corps commença à se gorger de chakra et mes muscles contractés, j’étais fin prêt à engager le combat.


L’instant d’après, je sentis une sensation glaciale, à même mon corps ; une sensation que je n’avais jamais ressentie auparavant. Suite à ça, mon torse se déforma légèrement et je pus comprendre ce qu’il venait de m’arriver. Judaza avait projeté sa queue sur mon corps et je n’avais même pas pu repérer les signes d’une telle offensive. Le choc fut tel, que j’avais été projeté sur une vingtaine de mètres, écrasant d’éparses sculptures rocheuses sur mon passage. En plus de la douleur assénée par le sang-froid, je ressentais désormais le choc provoqué.

Ne restant pas sur ma défaite et malgré le sang que je crachais abondamment, je m’étais relevé. À quelques mètres de moi, j’avais planté mes yeux glacials dans ses pupilles de chasseuse. La deuxième porte ? Mes calculs étaient donc si mauvais ? Oui, certainement. Sans crier gare, j’ouvris rapidement la troisième. Après avoir sautillé sur place quelques instants, je m’étais lancé, propulsé par mon chakra et le Hachimon, à l’assaut du reptile.

Je pus alors asséner, de toutes mes forces, un premier coup de poing sur son corps. Mes os furent à la limiter de se craqueler tellement sa peau était dure. Elle avait été formée par le temps et certainement par le combat. Je pouvais ressentir les dizaines de guerres qu’elle avait éprouvé. Du coin de l’œil, je pus ressentir le sourire malicieux de la créature. Ce n’était pas suffisant n’est-ce pas ?

Judaza tenta à nouveau de porter une attaque sur ma personne, que j’étais parvenu à éviter de justesse. Vint ensuite une autre tentative, me faisant reculer de quelques mètres, de part mon manque de réactivité. Pendant quelques minutes, comme si elle s’amusait avec sa nourriture, je m’étais mis à danser autour de son corps. Si c’était un jeu pour elle, pour ma part, il était question de survie. Il ne fallut pas longtemps pour que je me sente à bout de souffle. Les efforts étaient grands, trop pour si peu de résultats.


Même si je l’avais vu venir, je fus projeté en l’air violemment, laissant mon liquide écarlate sur mon passage. À une dizaine de mètres du sol, j’étais complètement à sa merci; comme en ralenti, j’avais pu m’assurer de la grandeur de sa gueule et de ses crocs. J’avais pu discerner toute l’immensité qu’elle représentait et ma faiblesse face à une force de la nature. Un coup de tête plus tard, j’avais roulé sur la parcelle d’eau avant de m’écraser sur un mur imposant, bien plus grand que le reptile que j’affrontais. Cet environnement fut craquelé dû au choc, le fractionnant en plusieurs rectangles, toujours attachés entre eux.

Tandis que j’étais replié sur moi-même et au sol, je l’entendis se diriger lentement vers moi, comme pour faire monter progressivement en moi une peur comme je n’en avais jamais eu.

Que ferait Shun dans ces moments-là ? Que ferait Kuenai ? Que ferait Retsuko ?

Les yeux écarquillés suite à une révélation, j’avais envoyé un coup de poing colossal en direction du mur qui m’avait servi de coussin. Ce mur qui ne tenait plus qu’à un fil, commença à se fractionner davantage avant de s’écrouler sur le corps de Judaza. Je savais que cela n’allait pas être suffisant, malgré tout, je devais gagner du temps pour élaborer un plan.

J’avais réussi à m’extirper et à me camoufler, derrière une sculpture encore intacte. Pendant que je réfléchissais à un plan, j’entendais déjà la créature s’agitant pour sortir de ce pétrin. Lorsqu’elle sortit, elle me rit au nez.


Que ferait Retsuko ? Oui je m’étais posé cette question. Cette question n’avait qu’une seule réponse finalement, je devais me battre. Me battre, oui, il n’y avait que ça à faire. Il n’était pas nécessaire de réfléchir à des plans méticuleux comme l’ombre de mon clan, comme Shun-... ici, si je ne faisais aucun sacrifice, je signais mon arrêt de mort. Marchant dans l’eau, mes pas laissèrent s’échapper une douce mélodie, prouvant ma détermination à mettre fin à ce combat. Mon corps endolori, je me demandais même comment je pouvais encore marcher.

La posture droite, je faisais face.

Il était temps.

J’ouvris alors la porte de la contemplation, la sixième porte Hachimon. Une aura sombre, similaire à celle de la chasseuse, était venue m’entourer. Cette dernière laissa place à une explosion de chakra sans pareille comparaison. C’était la première fois que je faisais ça, c’était la première fois que je me sentais si puissant que rien ne pouvait m’arrêter. Quelle était cette confiance qui montait en moi ? Pourquoi j’en étais même venu à mépriser la créature, qui m’avait mis à terre quelques instants auparavant ?


Elle n’eut pas le temps de terminer ses mots, que j’avais déformé l’environnement sur mon passage, envoyant ma première vraie offensive sur ma proie. Au niveau de son corps, le choc fit écho dans tous les mondes environnant, avant de faire rouler le démon à même le sol, sur elle-même. Cette dernière avait fini sa course, comme moi précédemment, contre la paroi de cette roche antique.


Avait-elle balancé, avant de s’élancer contre moi. Pendant quelques minutes, nous avions échangé des coups d’une telle violence, que plus rien n’avait d’importance. Sur notre passage, nous avions éliminé des centaines de reptiles, laissant le sang nous recouvrir entièrement. Ni moi ni elle, ne faisait attention à ce qui nous entourait. Nous nous étions battus dans la caverne, puis une forêt à l’intérieur de ces murs, dans les airs, avant de terminer dans une tour qui surplombait son royaume dissident.

J’étais essoufflé, elle aussi… mais… je pouvais faire mieux. Alors qu’elle, j’en étais moins sûr.


Tandis que je parlais, grâce à mon aura, j’entendis les serpents grimper à même la tour, pour aider la fille de la souveraine, en difficulté. Même si je ne ressentais aucun danger, je ne voulais pas prendre de risque.


Je connaissais les risques de l’ouverture de cette porte, mais c’était après tout, la seule carte que j’avais en ma possession.

Je m’étais ensuite projeté dans les airs, laissant un cratère derrière moi. En hauteur, je pus voir la tour entière et les servants rejoignant Judaza, qui elle s’était élancée vers moi la gueule grande ouverte.

En tapant de mes deux mains en sa direction, j’avais généré une colonne pressurisée qui vint la plaquer à même l’édifice, avant d’engloutir la tour sur elle-même et tout ce qui la composait. Mais ce n’était pas suffisant, je devais l’admettre, peu importe la puissance employée. Le poing dans les airs, je m’étais élancé à la vitesse maximale et comme pour finir le travail, étais retombé à même le corps de Judaza, avant de transpercer sa tête.

Judazan’était plus.

L’obscurité m’entourait, je sentais mon propre corps flotter dans les airs. Je ressentais une étrange sensation, comme si j’étais entre la frontière de la conscience et de l’inconscience. Je regagnis peu à peu mes sens, après avoir traversé de nombreuses étoiles ; j’étais revenu à moi, dans un liquide d’une couleur verdâtre à la limite de la fluorescence des lucioles printanières. J’étais complètement enfoui dans ce bain géant et pourtant je n’avais aucun mal pour respirer, c’était étrange. De plus, même si mon corps était douloureux, je ne ressentais rien de semblable à l’ouverture de la sixième porte. Rapidement, je compris que ce bain n’était pas une simple courtoisie mais un moyen de me conserver en vie, un moyen de me ramener à moi.

Nageant pour retrouver la terre ferme, complètement nu, je m’étais extrait de ce bain mystérieux. Sa texture liquide et semi-épaisse, semblait toujours s'accrocher à moi. Lorsque je pus respirer à nouveau, je pris une grande inspiration, tel un nouveau-né. Mes pieds à même le sol rocheux, un serpent me faisait face. C’était toujours elle, l’intendante. Son air amusé, malgré l’apparence bestiale, ne pouvait me tromper.


Quelques minutes plus tard, je foulais le sol dans un environnement qui m'impressionna. À même la nature, les créatures avaient sculpté des recoins avec précision, laissant penser aux meilleurs artistes de ma génération. Non, les reptiles étaient bien plus doués, l’on pouvait ressentir une expérience, qu’ils avaient certainement obtenu après des siècles durant. Des cristaux colorés gisaient, par-ci, par-là et bien sûr-... Alors que je marchais sur un pont surplombant toute la caverne principale, je pus voir les centaines, non, les milliers de serpents m’entourant.

De toutes espèces, de toutes couleurs, ils marchaient à l’unisson afin de servir leur royauté. Finalement, ils n’étaient pas si bien différents de nous.

Je pus évidemment ressentir beaucoup d’hostilités, des auras meurtrières qui ne tenaient qu’à un fil. Ma présence n’était pas désirée, je le ressentais jusqu’au plus profond de mon être. Certaines autres créatures semblaient… apprécier ma présence ? Ou alors, voulaient-elles me manger, c’était aussi une des possibilités.


Devant moi se trouvait une grande porte, qui s’ouvrit aussitôt, afin même que je ne puisse dire un mot. À l’ouverture je pus sentir une odeur bien plus putride que la précédente, laissant entrevoir la dangerosité du lieu. Je fis un premier pas en direction de l’obscurité et des flammèches bleues vinrent éclairer le lieu. Un autel se trouvait, à l’opposé de l’entrée, qui devait certainement être le trône de la reine. Derrière cet hôtel, malgré les flammes bleutés, il y avait toujours une obscurité pouvant dissimuler la plus forte des lumières. Cette fois-ci, j’avais emboîté le pas, prenant les devants de Yukith et à quelques mètres de l’autel, j’avais plié un genou au sol. Mon corps avait frissonné tout entier, tandis que dans l’obscurité se dessinait deux énormes yeux, observant mon âme toute entière. Je ne pouvais relever la tête, je pouvais seulement ressentir la transpiration s’écouler de mon visage. Une peur venant des entrailles même m’empêcher ne serait-ce que de lever la tête. Ce n’était pas un Genjutsu, mon corps avait réagi instinctivement et m’avait ployé devant cette chose… C’était la Reine, sans aucun doute. Je sentais sa puissance, la même que j’avais ressenti auparavant.


Ses mots firent échos dans tout mon être, comment pouvais-je seulement être en vie ? J’avais l’impression d’imploser.


Ce que je fis rapidement, avant de ressentir un léger picotement dans la paume de celle-ci. Du sang commença à s’écouler d’une incision que je n’avais pu sentir, ni même me prévenir. À nouveau j’étais face à sa puissance écrasante.


Une gueule géante, que je ne pus décrire tellement c’était véloce, vint sur ma position et me heurta violemment. Au choc, je fus projeté en arrière, dans un sol cette fois-ci terreux. Un simple regard me permit de déterminer ma position, j’étais revenu dans le domaine des Nara, dans la forêt de nos ancêtres. Je le sentais, j’étais différent, quelque chose s’était brisé en moi, quelque chose avait changé.

Après m’être relevé, pour observer la lumière revigorante de la lune, je sentis une présence derrière moi; c’était la vieille dame, la Nara qui m’avait guidé jusqu’ici.

Elle me sourit pendant quelques secondes, avant d’abaisser son corps et disparaître de ce monde.