Enjeu n°1 :

Mar 26 Mar - 8:21 Expérience : 373 Messages : 126

▶ Sujet: Épingler le papillon (solo-trame DRK)

Épingler le papillon

Solo

« En soi, la pratique du mensonge n'a rien de particulièrement éprouvant : c'est une question d'habitude professionnelle, une ressource que la plupart des gens peuvent acquérir. »

Une feuille à la main, elle s’avançait, le cliquetis de son katana sonnant au rythme de ses pas, comme un écho à son humeur concentrée. Une détermination presque sans faille sur son visage, une dureté nouvelle dans son regard améthyste. Son manteau blanc, strié de lignes noires, glissait sur le sol poussiéreux de Kumo.
Hidemi se tenait devant la majestueuse tour qui abritait les archives et le département des renseignements du village des Nuages. La structure imposante, érigée avec une précision militaire, se dressait comme un monolithe de connaissance, gardant jalousement les secrets du monde et des gens. Pour le papillon, cette tour représentait bien plus qu'une simple bâtisse à l’architecture austère : c'était son objectif ultime, le symbole de son ambition dévorante de devenir un agent de ce lieu où résidaient les vérités les plus obscures.

Le bâtiment était entouré d'un impressionnant dispositif de sécurité, des gardes patrouillant à chaque entrée, surveillant attentivement toute personne qui osait s'approcher de trop près. Les quelques individus en blouse blanche qui entraient semblaient présenter quelque chose, mais la kunoichi était incapable de discerner ce que c'était, noyée dans le mouvement incessant autour d’elle.
Face à l'imposante forteresse de connaissances, une vague d'appréhension la traversa, mais elle chassa rapidement ces doutes de son esprit, se rappelant de sa confiance en soi inébranlable. Avoir résister à une association aussi perverse qu’avec cet homme masqué l’avait rendue plus forte. Du moins, elle le croyait et essayer de s’en convaincre. Elle savait qu'elle était prête à affronter les défis qui l'attendaient, à surmonter les obstacles qui se dressaient sur son chemin vers la vérité.

Malgré l'incertitude qui l'entourait, Hidemi demeura fermement ancré dans sa résolution, prête à faire tout ce qui était nécessaire. Dans son esprit, rien ne pourrait la détourner de son destin, de son désir ardent de percer les mystères enfouis au cœur de cette tour de savoir, même si cela signifiait affronter les gardiens les plus redoutables et surmonter les défenses les plus impénétrables.
Un pas de plus… voilà, elle s’avança.

« Bonjour. »
Son introduction lui parut pâle et décevante. Ce seul faux pas faillit déjà l’ébranler. Comme elle aurait aimé être plus forte que ce que ses quelques années d’expérience avaient élevé. Elle avait l’impression d’être perchée sur un château de carte, qui pourrait s’effondrer à tout moment. Néanmoins, en avoir conscience lui permettait de localiser sa faiblesse et l’éteindre.
« J-J’ai quelque chose pour le Département. Un rapport secret que je dois remettre en main propre à qui de droit. » poursuivit-elle. D’un geste de la main, elle désigna le bandeau des Nuages cousu à sa ceinture, démontrant en un coup d’œil son affiliation à l’armée. « Je suis une kunoichi de Kumo, je ne peux rien vous dire de plus. »

Les deux gardes la toisèrent de haut en bas, jaugeant sa petite taille, ne correspondant pas forcément à l’apparence voulue pour une kunoichi. Sans un mot, l’expression caché sous leur masque, leur mouvement sous leur manteau blanc, ils échangèrent furtivement un regard. De longues secondes s’écoulèrent, durant lesquelles Hidemi se demandait ce qui allait en être. Sa plus grande crainte : qu’ils se saisissent du rapport sans lui laisse l’occasion de défendre sa présence en ces lieux. Froide, elle ne dévoila rien de son malaise. Immobile, même les rues grouillantes ne pouvaient perturber sa présence séculaire face aux gardes.

Après que les gardes aient finalement accepté de la faire passer, l'un d'entre eux, sans un mot, lui ouvrit le chemin, la conduisant à l'intérieur du bâtiment. Elle se retrouva alors dans une pièce particulière, carrée et dénuée de tout décor, ses murs immaculés dégageant une aura de neutralité austère. Les iris de la jeune fille ne purent s'empêcher de scruter cette pièce, cherchant à percer les mystères cachés derrière sa simplicité apparente.
Enfin, le son de la voix rauque du garde résonna dans l'air, brisant le silence pesant :

« Donnez-moi votre katana et toutes autres armes que vous possédez sur vous. »

Détenant également le goût pour l'économie de mots, c'est silencieusement que le papillon s'exécuta, fournissant le fourreau de son arme ainsi que sa sacoche, remplie du parfait kit du shinobi.

Puis, quelque chose d'assez inattendu se produisit. Le garde effectua un mudra, puis deux, puis trois, avant de saisir violemment le poignet du la kunoichi pour lui apposer un sceau.

« Bien, déshabillez-vous maintenant » ordonna-t-il d'une voix ferme.

La kunoichi au papillon demeura surprise, cette fois, ayant du mal à cacher son émotion. Elle pensait que le garde avait fini son travail. « C'est la procédure pour la première fois au DRK » expliqua-t-il, justifiant son comportement sans aucun ton pouvait être décelé dans ses paroles.

Résignée, Hidemi se dévêtit, se retrouvant presque nue sous le regard scrutateur du garde. Son corps, exposé et vulnérable, fut examiné minutieusement avant que le ninja n'acquiesce, lui donnant l'autorisation de se rhabiller.

« Déclinez votre identité » somma-t-il.
Elle hésita un instant, puis souffla d'une voix légèrement tremblante :
« H-Hidemi Hirai »

Il acquiesça d'un signe de tête et d'un geste de la main, il lui montra une porte, lui permettant ainsi de pénétrer seule dans la pièce suivante. Cependant, au moment où elle s’apprêtait à ouvrir le panneau qui la séparait de la prochaine épreuve, elle sentit ses cheveux se délier. Brusquement, elle se retourna. Au pas de ses lèvres, une exclamation qui ne sortit pas. Le garde avait saisi sa pince en forme de papillon, laissant ses fils noirs tomber sur ses épaules. Il la regarda, la mit dans sa poche, et partit.

Hidemi se retrouva dans une pièce d'une grandeur vertigineuse, le plafond s'élevant haut au-dessus de sa tête, laissant entrevoir les nombreux étages qui composaient la tour imposante. Son regard passa instinctivement au-dessus d’elle pour contempler la hauteur qui l'entourait, mais une voix soudaine la ramena brutalement à la réalité.

Surprise, elle entendit son propre nom prononcé, « Hirai Hidemi. Présentez-nous votre rapport. »

La jeune femme derrière le comptoir semblait déjà tout savoir d'elle, détenteur de ses informations personnelles sans qu'elle n'ait prononcé le moindre mot. Étonnée par cette connaissance approfondie, elle hésita un instant, mais réalisa rapidement qu'elle ne progresserait pas sans révéler au moins une partie de ses intentions. Avec une certaine réticence, elle tendit la feuille cachetée devant elle.

D'un geste délicat, la dame derrière le comptoir ouvrit le document, lisant rapidement son contenu. L'efficacité avec laquelle elle s'acquittait de cette tâche impressionna Hidemi.
« Bien » conclut simplement la gardienne des archives.

Cependant, sans prévenir, la kunoichi lui arracha brusquement le rapport des mains, déchirant ainsi, un peu, le précieux document. L'expression de douleur sur le visage de son interlocutrice ne passa pas inaperçue, reflétant le blasphème de cet acte aux yeux de l’archiviste. D’ailleurs, elle ouvrit la bouche pour protester, mais se ravisa rapidement, sûrement formée pour dissimuler ses émotions.

Revenant à une posture neutre, la gardienne des archives interrogea Hidemi :

« Que voulez-vous? Nous devons récupérer ce rapport et vérifier son contenu. »

Le papillon demeura silencieuse, incitant la dame à poursuivre :
« Pourquoi être venue jusqu'ici si ce n'est pas pour montrer et archiver votre rapport? »

Hidemi posa ses mains sur le comptoir, prenant une profonde inspiration avant de répondre d'une voix claire qui résonna dans la pièce immaculée :

« Je veux entrer au Département des Renseignements. »

(c) DΛNDELION

Mer 27 Mar - 10:01 Expérience : 373 Messages : 126

▶ Sujet: Re: Épingler le papillon (solo-trame DRK)

Rapport confidentiel - DRK

été 83, Kumogakure

Informations confidentielles sur les dernières attaques de Kumo.

► Attaquant domaine Shiratsuchi – Ninjutsu Spécial
Lors des attaques qui ont eu lieu en concomitance à la Tour du Raikage, au domaine Aburame et au domaine Shiratsuchi, causant destructions et la perte du Raikage, Getsumen Inuzuka, un des attaquants possédaient un pouvoir spécifique.

Au domaine Shiratsuchi, l’attaquant était capable de maîtriser l’Orage.

Le manipulateur de foudre est capable de créer un type d’armure, formée d’éclair. Cette foudre peut irradiée autour de lui et viser plusieurs cibles, tout comme elle peut être concentrée et octroyer des dégâts colossaux à une personne. Cette capacité confère également une vélocité augmentée.

► Le Ninjutsu oublié
À la vue de cette capacité, son nom est revenu en mémoire. Il s’agirait du Ranton. Au moment de découvrir ce mot, il y eut cette sensation de retrouvaille avec cette connaissance. La capacité a toujours existé mais… aurait été oubliée ? à vérifier.

Il est possible de corréler la réapparition de cette connaissance à Kumo parce qu’un utilisateur de ce pouvoir est réapparu et est mort. Les défenseurs du domaine semblent s’être souvenu de cette capacité au décès du l’opposant.

► Le décès des défenseurs et l’arme

L’explosion qui eut lieu au domaine Shiratsuchi, causant tous ses morts, n’a rien à voir avec cette capacité spéciale. Elle a été provoquée par l’activation d’une pièce spéciale, qui, à ce moment, à générer une explosion. L’utilisateur de la pièce a également trouvé la mort. Il y a de fortes chances que cette explosion eut été un accident non-prévu par ce dernier.

Celui qui a activé l’arme était un Shiratsuchi.

► L’arme de Kaminari et les Shiratsuchi

La récolte d’informations récentes à ce sujet laisse à croire qu’il y a une arme à Kaminari qui existerait et serait capable de provoquer des dégâts colossaux, à hauteur de la destruction d’un village, si elle venait à apparaître.

Cette arme est démantelée. Il y aurait des pièces à trouver, peut-être à mettre en communion ou à assembler.

Baku’en Shiratsuchi est à la recherche de l’arme. Ainsi, il a ordonné une mission pour la rechercher. Le fait qu’un Shiratsuchi ait détenu cette première pièce n’est pas anodin.
Les raisons du chef de clan Shiratsuchi sont aujourd’hui inconnues, mais ne semblent pas corrélées au Daimyo ou au Raikage.

(c) DΛNDELION

Épingler le papillon

Solo

« En soi, la pratique du mensonge n'a rien de particulièrement éprouvant : c'est une question d'habitude professionnelle, une ressource que la plupart des gens peuvent acquérir. »

Dans l'obscurité aqueuse, elle flottait, immobile, sous le scintillement des lumières célestes qui filtrent à travers la surface miroitante de l'eau. Autour d’elle, des papillons aux ailes bleues, violettes et pourpres dansaient gracieusement, formant des tourbillons de couleurs éclatantes dans les profondeurs marines. Ils s’envolaient hors de l’eau où elle résidait.
Un désir irrésistible d'évasion l'envahit, l'appelant à s'élever vers la liberté, à quitter les confins de ce monde liquide pour rejoindre les cieux éthérés. Mais alors qu'elle se laissait bercer par les lumières flamboyantes qui dansaient au-dessus d’elle, une plante serpentante émergea des abysses, enroulant lentement ses tentacules autour de ses chevilles, puis de son buste.

De plus en plus serrée, la plante l’oppressait impitoyablement, l'enfonçant inexorablement dans les profondeurs de l'océan. Malgré ses efforts pour garder son calme, la panique s'insinua lentement dans son être alors que l'air commençait à lui manquer, son souffle se faisant court, bridé par le poids implacable de l'eau.

Dans un élan désespéré, elle tendit la main vers la surface éloignée, espérant atteindre le salut, la libération de cet étau aquatique oppressant. Chaque instant sembla une éternité, chaque battement de son cœur résonnant dans le silence abyssal de ses pensées, alors qu'elle luttait pour émerger de cet abîme de ténèbres et retrouver la lumière bienfaitrice du monde extérieur.

Plus de respiration.

Elle émergea soudainement, mais dans un monde bien plus terne que celui de son rêve. Enfin, elle sentait l’eau sur sa peau, cette même substance qui n’était qu’éthérée auparavant. Son souffle était brusque, saccadé et lui déchirait les poumons.

« Aaah… Hmmf… Aaah… Hmmf… Aaah… Hmmf… »

On la tirait par les cheveux pour la faire sortir de ce bain glacé et, pourtant, brûlant et qui lui déchirait la peau.

« Alors, mademoiselle Hirai… Une dernière fois… comment avez-vous eu ces informations ? »

Elle ne dit rien. Son regard semblait fixer un point invisible, perdu dans les tréfonds de son intérieur.

« Très bien. » reprit la voix qui se faisait sourde, à cause de ses oreilles bouchées par l’eau.

Il retenta de la noyée.
De nouveau, les papillons fluorescents réapparurent. Elle se demanda si elle survivrait à un nouveau choc.

(c) DΛNDELION

Mer 27 Mar - 11:01 Expérience : 373 Messages : 126

▶ Sujet: Re: Épingler le papillon (solo-trame DRK)

Épingler le papillon

Solo

« En soi, la pratique du mensonge n'a rien de particulièrement éprouvant : c'est une question d'habitude professionnelle, une ressource que la plupart des gens peuvent acquérir. »

Dans l'éclat éblouissant d'une pièce blanche, immaculée, Hidemi semblait figée dans le temps, une silhouette solitaire drapée dans une robe blanche, serrée à la ceinture. Ses cheveux détachés retombaient en cascades autour de ses épaules, encadrant son visage fatigué et livide. Ses traits parcheminés, comme froissés, semblait éteints. Son regard vitreux semblait perdu dans les méandres de la solitude et de l'oubli. Comme s’il ne voyait plus cette lumière éblouissante qui illuminait la pièce. Assise sur une chaise rigide, elle demeurait aussi immobile qu'une statue de cire, ses mains posées avec une consistance troublante sur ses genoux.

Dans cette pièce plongée dans une luminosité éclatante, elle se fondait presque dans le décor, une présence fantomatique dans un tableau vierge. Le son soudain de la porte qui s'ouvrit rompit le silence oppressant. Un verrou mécanique libéra un filet de couleur dans cette mer de blancheur. Le contraste entre la lumière artificielle des néons et la douce lueur naturelle qui s'infiltrait de l'extérieur était saisissant, dévoilant un monde d’outre-cieux, au-delà des murs froids de cette pièce aseptisée.

Un homme fit son entrée, grand et élancé, ses traits ciselés comme dans du marbre, son nez aquilin ajoutant une note de rapace à son apparence. Une cicatrice marquait sa bouche, étirant son sourire en une expression dérangeante, faussement bienveillante. Son visage affichait un calme apparent, teinté d'une neutralité qui dissimulait habilement une aura de menace latente.
Dans cette scène surréaliste, le papillon et l'homme se faisaient face, deux figures immobiles dans un monde d'ombres et de lumière, où la vérité semblait se dissimuler dans les replis obscurs de leur silence. Lui, portant une robe noire, elle, emprisonnée dans le blanc.

« Mademoiselle Hirai… » dit-il.
Il n’attendait pas de réponse. De toute évidence, il n’en aurait pas. Il griffonna dans son carnet quelque chose de court et de rapide.
« Vous n’avez rien dit. Disons qu’avec vous, les informations sont scellées. Et si on vous apposait un sceau pour immobiliser votre parole, votre chakra ou même vos gestes, que feriez-vous ? »
Encore une fois, pas un mot ne passa le seuil de sa bouche. Le sourire du rapace s’élargit.
« Vous ne craignez pas de rester ici pour toujours, n’aviez-vous pas d’autres ambitions ? » interrogea-t-il de nouveau, s’adressant à la poupée de cire abîmée qui se trouvait face à lui.

Il nota avec empressement quelque chose, puis, tourna les pages de son carnet. Il finit par trouver ce qu’il voulait.

« Vous avez grandi au palais. Ceux qui vous ont connu à cette époque disent que vous n’aviez aucun souvenir d’enfance, de votre vie d’avant. Un shinobi vous a amené au palais, vous avez servi comme servante. Votre gouvernante est loquace à votre égard. Elle se souvient bien de la jeune fille au Dokuton qui a empoisonné, avec un simple toucher, un jeune garçon. À l’académie, vous n’avez pas d’ami, les enfants semblaient même plus vous détester. Les professeurs vous définissent comme moyenne, mais avec un certain talent pour vous faire oublier. Vous êtes même capable… de vous rendre invisible. »

Il termina, relevant son nez vers Hidemi, ce même sourire étrange sur le bord de ses lèvres.

« Une tombe. Un papillon qui passe et qui ne se fait pas voir. Vous n’êtes personne mademoiselle Hirai. Votre seul entourage connu est ce jeune garçon, Shirudo, se trouvant désormais dans le coma à l’hôpital. Une tragique situation dû aux combats et à l’explosion au domaine Shiratsuchi. »
Il s’arrêta un temps.

« Avez-vous trouvé un moyen d’entrer en contact avec lui ? Est-ce ainsi que vous avez obtenu de telles informations ? »
Avec une précision médicale, il traça un trait dans son carnet face au silence de la jeune fille.
« Ou alors vous étiez présente et avez trouvé un moyen de survivre à l’explosion ? »

Un autre geste brusque, coup de crayon énergique sur son carnet.

« Bien. »
Il baissa son carnet et fit demi-tour, refermant la porte en sortant, laissant de nouveau Hidemi dans l’éclat artificiel de cette pièce de torture.

Elle se rua vers la porte qui venait de clore son espoir de sortir d’ici. Son masque d’impassibilité venait de tomber, elle regretta de ne pas avoir parlé, elle regretta même d’être venue jusqu’ici. Ses ongles griffèrent la cloison et elle pleura, fermant les yeux, dévoilant enfin qu’elle ne supportait plus ce lieu et ce calvaire.
Trop tard… Il était parti, l’abandonnant à son sort.

***

La porte se rouvrit. Hidemi était repliée en boule dans un coin de la pièce, paupières closes, cherchant à échapper à cette lumière qui lui avait arraché le sommeil depuis… Peu importe, elle ignorait même combien de temps elle était restée là. Les jours, les heures, les années, le temps, tout cela n’avait plus aucun sens. Une seule chose comptait : éteindre la lumière.

Le papillon se releva lentement, n’osant croire que cette porte, symbole de sa délivrance, s’était rouverte. Personne ne rentra dans la pièce, néanmoins, l’ouverture était bien là. Lentement, elle se déplia, ses ailes fragiles ne savaient plus bouger. Un geste brusque et elles se brisaient. Ses mouvements précaires la dirigeaient peu à peu vers l’obscurité. Du moins, ce qu’elle percevait comme les ténèbres, en comparaison aux néons qui l’avaient tenus éveillée depuis tout ce temps. Ses yeux se plissèrent face au noir qui l’enveloppait. Elle ne voyait plus rien, ni même le mur qui se trouvait face à elle et sur lequel elle colla son nez froid. Ses mains touchèrent la paroi invisible, il fallait urgemment qu’elle trouve la sortie, même si ses pupilles n'étaient plus habitués à la lumière naturelle du jour. Engourdie, elle suivait, grâce au toucher, ce mur qui devenait sa béquille. Ses doigts glissaient vers la sortie, ses jambes traînaient, alors que ses yeux, peu à peu discernait les formes autour d’elle.
Une voix qui l’immobilisa et la glaça s’immisça derrière elle. Le sifflement d’un homme qui s’était trouvé être son bourreau durant tout ce temps.

« Bienvenue dans le monde des vivants, mademoiselle Hirai. »

Elle se figea, des larmes coulèrent le long de ses joues à la seule idée qu’elle devrait retourner dans sa cellule.
L’homme lui prit le bras. Résignée, elle se laissa faire, même si, au fond d’elle, elle ignorait si elle serait capable de renouer avec ce masque d’impassibilité qu’elle avait arboré durant sa torture. Il la guida dans une pièce octogonale, à la hauteur sous plafond vertigineuse, baigné par la lumière filtrée par les nuages du village, grâce aux grandes fenêtres qui se trouvait entre de longues et hautes bibliothèques. Au centre de cet espace, une table, de la forme de ce même polygone, vierge de tout objet.

« Nous avons donc décidé de vous laisser une chance. Vous avez fait preuve d’un pieux silence ces derniers jours. Vous pouvez donc rejoindre le DRK. »

Immobile, Hidemi ne savait pas si elle pouvait sourire ou se réjouir. Cette épreuve avait retiré en elle toute émotion. Un seul désir l’habitait : vouloir aller dans un lieu d’aisance où elle n’aurait pas à rester proche de ses mictions plus de quelques minutes.

(c) DΛNDELION

Mer 27 Mar - 12:02 Expérience : 373 Messages : 126

▶ Sujet: Re: Épingler le papillon (solo-trame DRK)

Épingler le papillon

Solo

« En soi, la pratique du mensonge n'a rien de particulièrement éprouvant : c'est une question d'habitude professionnelle, une ressource que la plupart des gens peuvent acquérir. »

Trois jours. Exactement. Hidemi avait vécu trois jours d'une existence nouvelle, loin des tourments de la pièce de torture qui l'avait emprisonnée. Trois jours d'une liberté relative, où les cris de douleur avaient cédé la place à une voix cassée et épuisée, marquant les stigmates de ses épreuves passées. Durant ces trois jours, elle avait été astreinte à des tâches aussi dérisoires que trier des papiers d'archives le matin, avant de devoir subir les assauts incessants des expériences de poison chaque soir. Le DRK, dans sa quête obscure de pouvoir et de contrôle, la soumettait à un entraînement aussi cruel qu'absurde, la confrontant à des épreuves qui semblaient dénuées de sens pour elle. Comment cette paperasse l’aiderait à devenir une meilleure agente ? Pourquoi cette obsession de connaître au mieux son pouvoir, sinon savoir comment se débarrasser d’elle le moment opportun ?

Pourtant, lors de cette soirée particulière, quelque chose avait changé dans l'atmosphère lourde qui enveloppait la pièce. Un pressentiment, un frémissement dans l'air chargé de mystère, annonçant peut-être l'aube d'un destin nouveau.
L’homme à la face de rapace l’avait invité dans cette même pièce octogonale qui avait été le lieu de sa délivrance. Il n’avait pas de nom et était le seul qu’elle avait vu au DRK. Les autres étaient des fantômes, des gens masqués ou encapuchonnés… personne… des sans identité. Il lui dit, de cette voix qui se voulait bienveillante, mais cachait toute sa perversité, d’attendre là. C’est ce qu’elle fit, nouée dans cet uniforme blanc, ses cheveux démunis de leur éternelle pince en forme de papillon. Hidemi semblait être une autre personne.

Quand il revint, se fut muni de son carnet de l’horreur. Celui qui avait terrorisé le papillon dans son for intérieur, sous son masque d’impassibilité. Elle frémit, ne contrôlant pas encore entièrement les dernières émotions qu’elle avait vécu au sein de la torture du DRK.
Sans en être certaine, elle crut voir son mentor s’amusait de la situation.

« Bien. Ma chère Hirai. Nous allons passer à une dernière épreuve. »

Droite comme un piquée, elle était pourtant terrorisée à l’intérieur. Il fallait cependant résister, sa détermination restait sans faille. Elle visualisa sa gloire, face au Daimyo. Elle vit l’arme qu’elle retrouvait et son katana se plantait dans le cœur de ce Nakano, qui l’énervait toujours autant. Toutes ses images mentales lui permettaient de tenir, de ne pas sombrer dans la folie. Du moins, c’est ce qu’elle croyait.

« Qui est Nobuo Ogai ? »

Avec une placidité déconcertante, elle répondit.

« Pourquoi faire ?
- C’est moi qui pose les questions ici, ma chère Hirai. Qui est Nobuo Ogai ? »

Elle réfléchit un instant et décida de se soumettre. De toute façon, il suffisait qu’il ouvre le carton n°45 et en sorte le papier 1892 pour le savoir. Ses informations reposaient déjà au DRK.

« Ouvrier du chantier de la Tour du Raikage, 43 ans, il est à surveiller parce que son grand-père défendait l’empire face au manipulateur de chakra qui voulait s’en émanciper. Il a deux enfants, son point faible. Pour une raison inconnue, il les a déplacés à Sanchu. Il est possible qu’il craigne quelque chose du Daimyo. »

Il acquiesça et, sans plus attendre, passa à un autre sujet.

« Que s’est-il passé à Ine, en l’an 80 ? »
Elle fronça les sourcils, puis comprit exactement ce qui était en train de se passer. L’homme au nez aquilin voulait vérifier sa mémoire. Toutes ces informations, elle les avait croisées une matinée, en rangeant les archives. Bien entendu, il ne lui avait rien dit sur le fait de les mémoriser ou d’y prêter une quelconque attention.
« Le village a été détruit par un Yokai. »
Il nota, mais ne releva pas la tête pour autant. Hidemi attendait la prochaine question qui ne vint pas. Encore une fois, en quelques instants, elle comprit ce qui était attendu d’elle. Elle devait être plus précise.
« Un… » Elle hésita. Quelque chose lui disait qu’elle n’aurait pas le droit à l’erreur. « Démon. Un oni. » affirma-t-elle.
Il griffonna de nouveau dans son calepin.

L’interrogatoire se poursuivit ainsi. Hidemi faillit à trois questions, mais, impassible, elle prit le reste de l’exercice avec sérieux. Une fois l’instruction terminée, l’homme referma son carnet et lui fit face, encore et toujours avec ce même sourire sur le bord des lèvres.

« Bien. Mademoiselle Hirai. Je me nomme Otani. J’étais chargée de vous évaluer pour voir si vous pouviez rejoindre les rangs de nos agents. Bien entendu, nous avons épluché vos diverses missions effectuées pour Kaminari et… il est vrai que vous avez ce qu’il faut pour l’espionnage. Nous allons procéder au reste de votre formation à partir de maintenant. Vous aurez, chaque semaine, un rendez-vous, pour que nous continuons à voir avec vous les rouages de l’espionnage. Désormais, vos rapports doivent être référés à nous, directement. Il y a également une autre règle pour les agents secrets du DRK… Personne… Vraiment personne, ne doit connaître votre affiliation. Mais, vous l’aurez compris, nous attendons que vous choisissiez plutôt la mort que de révéler cette information. De la même façon que vous avez protégé vos sources il y a quelques jours de cela. »

Il continuait de lui sourire et lui tendit son bandeau. Hidemi s’en saisit délicatement, dissimulant son excitation. Au toucher, elle se rendit compte que quelque chose avait changé. Derrière lui, le symbole du DRK avait été gravé. Cette fois, elle ne put retenir un léger sourire.

« Il n’y a rien entre vous et le DRK. Vous avez compris mademoiselle Hirai. Les informations viennent directement ici, aucun autre rapport à une autre autorité. C’est comma ça. C’est plus sûr. Vous êtes un bras et un œil de ce département. »

Elle acquiesça.

***

Après des jours d'épreuves et de supplices, Hidemi se retrouvait enfin face à ses vêtements, un lambeau de normalité dans l'océan chaotique de son existence chamboulée. Pourtant, au lieu de ressentir un soulagement, elle avait l'étrange sensation de se déguiser, de revêtir une identité qui lui paraissait étrangère.
Son corps, sa voix, même son esprit semblaient avoir subi une métamorphose, comme si les jours de formation et de torture avaient sculpté une nouvelle facette de son être. Mais alors qu'elle enfilait ses vêtements, chaque mouvement semblait lui rappeler ce qu'elle était réellement : une Hirai, une pièce essentielle de l'échiquier du pouvoir, déterminée à servir son maître et à accomplir sa destinée.

Un geste particulier lui redonna confiance, un geste simple mais significatif : replacer dans ses cheveux sa pince en forme de papillon. Ce petit objet, symbole de sa détermination et de son engagement envers son objectif, lui permit de retrouver un semblant de stabilité.
Alors que les contours de son identité semblaient se brouiller, cette simple action lui rappela qui elle était vraiment : Hidemi Hirai, la plus proche alliée de son Daimyo, prête à affronter tous les défis pour accomplir sa mission. Même si cela impliquait quelque chose de terrible : son marché avec Nakano.

(c) DΛNDELION

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