Enjeu n°1 :

Lun 8 Avr - 10:49 Expérience : 42 Messages : 16

▶ Sujet: Surveill'Oeufs - Hirai Hidemi

Le vent sec portait de la poussière jusqu’à ses narines usées. Il avait passé la matinée à contempler les étendues grisâtres du terrain sec, parfois jauni par la sécheresse et le proto-sable des carrières montagneuses. Maintenant qu’il avait passé les limites de la ville, ses sens s’étaient réveillés de leur torpeur anxieuse et contemplative. Fini les pas monotones à la musique du vent dans les gorges et les canyons arides, le monde s’ouvrait à lui sous la forme d’échoppes colorées. Il venait de rentrer au marché.

La vie d’errant n’était pas fondamentalement difficile, mais c’était probablement parce qu’il était encore suffisamment petit poisson pour ne pas attirer les requins. Les services de sécurité n’avaient pas pris la peine d’apprendre les traits de son visage. Sa désertion n’avait probablement rien remué de plus que l’écume au coin de la bouche de sa vieille mère et la fureur relative du paternel placide. Il n’avait rien à craindre à revenir ici.

Son blouson Sali par le voyage frôlait les vêtements simples mais chatoyant des vendeurs de tapis et les parchemins annonçant le menu des stands de ramen. Derrière ses petites lunettes noires, son regard s’amusait à sauter de point en point, entraînant ses réflexes d’azimut tel un vieux chat s’étirant après une trop longue sieste. Si la tranquillité de la vie extérieure à Kumo lui avait donné plus d’espace mental pour réfléchir à sa vie, à comment mener sa mission à bien et essayer de se creuser un trou dans le destin, revenir ici lui offrait l’occasion d’exercer ses réflexes d’analyse et de dissimulation. Un mudra esquissé sous le manteau, maintenu tranquillement dans la poche. Et un monde s’ouvrir sous son front.
En surimpression à l’intérieur de son crâne s’ouvrait un monde étrange, bloqué entre deux plans d’existence, où les contours troubles de la réalité se présentaient en nuance de noir, suivant péniblement son retard avec un flou et une latence qui rendrait l’observation inattentive très désagréable. Sa vue, bien réelle celle-là, composait maintenant avec une nouvelle profondeur indescriptible.

Il croisa les yeux fatigués du surveilleur d’œufs, ou le Surveill’œufs comme ses Rika aimait bien l’appeler lors des sorties familiales aux commissions. « Pourquoi utiliser des mots compliqués quand de plus simples et rapides font la même chose ». Il avait souri, et effectivement, Rika avait raison sur ce point. Pourquoi garder les formes de la surface quand l’intrinsèque brut remplit les mêmes fonctions ? La profondeur de son esprit révélait une flamme rouge incandescente en surimpression des cernes violacés de l’homme, un chakra bouillant qui rendait toute description physique inutile, toute tentative de saisir l’essence de cet individu par l’extérieur caduque. En un simple instant, il avait l’impression d’accéder à l’âme sous la coquille de chair et d’os. Il avait l’impression de connaître cet homme depuis une éternité, convertissant les secondes à l’observer en siècles à débattre avec lui. Il s’approcha de la petite figure sale.
« Je vous prendrais une cagette. Trente œufs. S’il vous plaît. »

L’homme s’affaira à préparer la commande de son interlocuteur. Memryu laissa son esprit vagabonder pendant quelques secondes.

S’il avait décidé de partir vivre à la montage, seul, c’était pour avoir plus de latitude vis-à-vis de ses déplacements et ses manigances. Il voulait voir son réseau apparaître, convaincu que le Yuusei courait droit au bain de sang si on ne se décidait pas à optimiser les moyens d’action par l’information neutre, pour tous. Son sang Yamanaka lui souffla à l’oreille qu’en faisant beaucoup d’enfant et leur apprenant la télépathie longue portée, il pourrait réaliser un réseau géant reliant chaque ville en temps réel, et cela le fit sourire d’amusement. Malgré tout, la famille existante était prioritaire sur la famille future. Et maman avait demandé des œufs. Il rentrerait ce soir à la maison avec les courses et un sourire aux lèvres.

Lun 8 Avr - 18:43 Expérience : 373 Messages : 126

▶ Sujet: Re: Surveill'Oeufs - Hirai Hidemi

Surveill'Oeufs

@Orochi Memryu & Hirai Hidemi

« La promesse de la chenille n'engage pas le papillon. »

La pièce se trouvait éclairée d'une étrange luminosité ; une lumière blafarde qui rappelait celle des néons. Les murs immaculés reflétaient cette lueur, créant une atmosphère presque irréelle. Quelques tables et chaises habillaient cet endroit, toutes d'un blanc éclatant qui semblait presque irradier de pureté.

Tous les occupants de la pièce étaient vêtus de blouses d'un blanc nacré, donnant à l'ensemble une uniformité presque surnaturelle. Sur les tables, des piles de dossiers et de liasses de papiers étaient disposées, attendant d'être triées et cataloguées. Hidemi faisait partie de ces exécutants, plongé dans une tâche répétitive et mécanique, comme presque chaque semaine qu’elle passait au DRK.
Dans ce silence presque palpable, seuls le doux froissement des parchemins et le chuchotement des papiers se faisaient entendre, brisant occasionnellement la quiétude de la pièce. Malgré l'apparente monotonie de leur travail, chaque personne semblait plongée dans une profonde concentration, leur attention entièrement absorbée par un mystérieux devoir d’archives.

Le bruit de la porte qui s'ouvrit résonna dans la pièce, rompant la placidité du lieu. Otani, l'ancien bourreau du papillon, devenu formateur, entra d'un pas mesuré, son visage dénué de tout sourire superflu, arborant plutôt une neutralité bureaucratique. Son regard scrutateur balaya la pièce, passant rapidement sur les nouvelles recrues du DRK affairées à leur tâche.
Finalement, il s'arrêta devant la table où se trouvait Hidemi, son expression imperturbable ne laissant rien transparaître de ses intentions. Elle leva la tête, une pointe d'appréhension perçant à travers sa concentration. Elle attendit, se préparant au pire, comme toujours. Néanmoins, son expression demeura flegmatique, un masque qu’elle avait l’habitude de porter.
Sans ciller, Otani prit la parole, sa voix calme et mesurée remplissant l'espace silencieux de la pièce :

« Hirai-san. On vous attend au bureau 07.33. Laissez vos documents ici. »

D’un geste procédurier, mécanique bien rodée, elle se leva et prit la direction de ce bureau. Elle ne frappa qu’une fois avant d’obtenir une réponse lapidaire émise de l’autre côté. Trois membres séculaires du DRK l’attendaient, portant une coiffe postiche, représentant leur rang. Le cénacle l’invita à s’asseoir, ce qu’elle fit sans cérémonie.

« Ma chère Hidemi… » commença celui du centre. « Tu as bien travaillé depuis ton arrivée dans nos rangs. Nous avons décidé de mettre à l’épreuve tes capacités sur le terrain. Nos services de renseignements actifs dans Kumo nous ont signalé une désertion d’un de nos soldats Kumojin. Non pas qu’il ait une grande importance pour notre armée, il n’est qu’une chair à canon de moins dans nos cohortes de manipulateurs de chakra. Cependant… Il vient d’une famille intéressante ou, du moins, qui pourrait l’être. As-tu déjà entendu parler des Yamanaka ? »

La kunoichi garda son expression marmoréenne et répondit, dans un registre monotone :

« Je ne connais pas grand-chose sur eux. Ma formation ici m’a donné les éléments que je peux vous exposer : ils ont été chassés et persécutés par de nombreuses factions lors de la Grande Guerre. La raison : leur fourberie durant celle-ci. Ils se trouvent rassembler à Ame no kuni, un lieu malfamé où règne la pègre.
- Bien. Bien. Mais, connais-tu la nature de leur pouvoir ? »

Le jeune papillon resta silencieux, n’avouant pas son ignorance, mais ne prétendant pas non plus son absence.

« Tu connais le protocole ici. Tu iras faire tes recherches par toi-même aux archives. Un moyen de te familiariser avec notre classement et de nourrir ta mémoire des informations rassemblées au DRK depuis sa fondation. Otani te donnera ta mission. »

Hidemi se leva et s’inclina, dans un mouvement machinal qui n’inspirait aucun zèle de respect. Elle tourna les talons et, avant de quitter la pièce, elle attrapa au passage le papier que lui tendait son maître en ces lieux.

Griffonné sur le papier, un nom et quelques menues informations, attaché par un trombone, un portrait en sépia. « Yamanaka Memryu », résident de Kumogakure, âge inconnu, ancien Genin du Village des Nuages, aîné d’une large fratrie. Sa famille avait été identifiée comme maître de l’Esprit, mais laissée tranquille, vacante à leurs occupations, puisque ses membres n’avaient jamais causé de troubles.

D’un pas circonspect, elle se rendit à la bibliothèque des archives où elle se saisit du document portant le sceau du clan Yamanaka. Elle comprit alors tout l’intérêt que portaient les têtes pensantes du DRK pour le don chakratique de cet homme. La capacité à sonder ou interférer avec l’esprit d’autrui grisa la jeune fille de fascination et d’horreur. Elle qui haïssait perdre le contrôle, débâcle ultime pour la solitaire qui avait passé sa vie à cultiver son ethos de mystère, un frisson lui parcourut l’échine alors qu’elle lisait les quelques lignes qui avaient été synthétisées sur le pouvoir clanique du clan d’Ame. Dans un nuage de poussière, elle referma le dossier.
Au moment de sortir de la Tour des Archives, Hidemi jeta un coup d’œil sur ses flancs, puis craque une allumette. La tenant face à elle, elle sortit de sa poche la fiche et le portrait du dénommé Memryu. Le papier se rapprocha de la petite flamme avant de s’embraser. De longues minutes plus tard, les informations, préalablement mémorisées, furent consumées.
La mission pouvait commencer.

***

Hidemi, invisible aux yeux des passants, se déplaçait avec une discrétion calculée, maintenant un mudra actif pour dissimuler sa présence. Son katana reposait silencieusement dans son dos, une arme prête à être dégainée à tout instant. Dans la lumière du jour qui baignait le marché animé, elle suivait sa cible, un déserteur dont le calme apparent la surprenait.
Épiant avec une vigilance froide, elle remarqua son comportement paisible, ce qui laissa planer un voile de perplexité dans son esprit. Comment pouvait-il être aussi serein alors qu'il était recherché par les autorités du pays, réputées pour leur efficacité redoutable ? Peut-être sous-estimait-il la portée du réseau d'information du Daimyo, le meilleur du Yuusei.
Alors qu'elle s'approchait de lui, toujours fondue dans le décor, elle le vit acheter une quantité significative d'œufs, une action qui éveilla encore davantage sa curiosité. La mission se révélait claire : récolter des informations sur lui, afin de faciliter sa capture par les sbires du Daimyo. Son don devait intéresser le Seigneur de Kaminari.

Cependant, une pensée intrusive commença à tournoyer dans son esprit, une tentation de s'écarter momentanément de sa mission, influencée peut-être par son nouvel allié, qui était aussi sa némésis, l’homme masqué porteur de l’onomastique la plus détestable : Nakano.
Cette lutte intérieure bourdonnait en elle, tandis qu'elle continuait à suivre le déserteur à travers le marché bondé, jonglant entre son devoir et les élans de son ambition.

Il tourna dans une ruelle l’éloignant de la foule. La Kumojin reconnut l’endroit, non loin de là se trouvaient d’anciens locaux détruits lors des récentes attaques contre le village. Le moment opportun semblait enfin se présenter. Sa main la démangeait… et la kunoichi décida de répondre à son prime désir. Elle dégaina lentement, d’une main, toujours invisible, sa dextre occupée à maintenir un mûdra pour son pas silencieux.

Elle se trouvait désormais juste derrière Memryu, seul son souffle pouvait la trahir. Heureusement, elle savait le retenir. Sa lame pointa dans le dos du Yamanaka. Le papillon sortait de son chrysanthème, déployant ses ailes vers un destin qu’il avait choisi.

« Un geste et ces œufs n’arriveront jamais à bon port. » souffla-t-elle.

Toujours imperceptible par les sens visuels, elle décida de calmer sa filature :

« Tu n’es pas obligé de me croire… Mais, je ne te ferais aucun mal. Je veux seulement parler. Dirige-toi vers la bâtisse abandonnée à ta gauche, nous serions plus tranquilles. Agis comme à ton habituel, pas de gestes brusques. »

S’il acceptait, je le suivrais, katana toujours dans son dos, encore invisible aux yeux de tous. À vrai dire, Hidemi espérait qu’il accepte. Les tensions à Kumo se trouvaient déjà assez exacerbées depuis la dernière guerre civile et les attaques qui causèrent la mort d’Inuzuka Getsumen, pour vouloir causer une escarmouche, en pleine rue, qui pourrait être référée par les insectes Aburame qui rôdaient partout.

(c) DΛNDELION

Spoiler:

Lun 8 Avr - 20:32 Expérience : 42 Messages : 16

▶ Sujet: Re: Surveill'Oeufs - Hirai Hidemi

Les œufs avaient l’air particulièrement malmenés et sales dans la cagette que le feu follet rouge lui tendait. Qu’en était-il des poules ? Avaient-elles aussi subi les conséquences de la guerre civile ? L’idée de poules se battant comme des Shinobis le fit sourire. Puis, la comparaison de la querelle politique avec un vulgaire combat de coq effaça le sourire.

Personne ne se demandait ici si toutes ces guerres étaient utiles. Inévitables, sûrement qu’elles l’étaient, mais optimale ? Sûrement pas. Son esprit vagabonda quelques instants.

La première hypothèse était de considérer que tant que deux être humains existeront sur terre, ils chercheront soit à coucher ensemble, soit à se refroidir. De ce fait, considérer la guerre comme évitable était une idée caduque. Cependant, il restait de la marge de progression à considérer sur les formes que prendraient ces conflits. Par un élan d’humanisme qui le fit se moquer se sa propre niaiserie, il se dit que quand même, des conflits moins sanglants ne seraient pas de refus. Pour cela encore faudrait-il que le Yuusei apprenne où et quand viser. La flamme de sa motivation se ralluma à petit feu quand il se prit à imaginer la quantité de cadavre de soldats économisés peut offrir l’utilisation d’un seul et unique assassin bien renseigné. Il regarda le ciel alors que le marchand garnissait la cagette entre ses mains. Qui, par les Kamis, prend garde aujourd’hui à la qualité des informations qu’il récupère ? Personne. Pas même les cellules obscures de Kumo prenaient soin d’avoir des méthodes à la hauteur de leurs ambitions.

En effet, le problème du renseignement actuel est sa subordination à une tâche bien définie avant même de considérer les savoirs acquis. Sa théorie se déroula seule dans sa tête alors qu’il répéta que lorsqu’on souhaite faire quelque chose avant de savoir comment le faire, on s’arrête systématiquement à un niveau de savoir qu’on estime suffisant pour réaliser la représentation mentale que l’on a de cette tâche. Ceci est une erreur, car la collecte d’information sans objectif, elle, permet de constituer une base suffisamment large pour englober tous les savoirs définissant ce qu’on POURRAIT faire, et non pas ce que l’on veut faire seulement. Apprendre sans objectif est le meilleur moyen d’atteindre ses derniers, car les possibilités émergent des savoirs, et non pas l’inverse.

À vouloir préparer une opération, on renforce la solution préconçue qu’on a de son déroulement en ne cherchant qu’à apprendre ce qui la favoriserait. Tandis qu’apprendre sans aucun agenda préétabli permet de voir se dessiner des solutions optimales aux problèmes avant même qu’ils arrivent, garantissant de voir ce que des yeux aveuglés par la rage et la politique ne peuvent pas voir. Le DRK ferait bien d’apprendre ça.

« Merci bien. »

Il allait bouger quand il senti quelque chose lui gratter le dos.

Dans son monologue, il n’avait pas vu la flamme fuschia papilloner derrière lui et se glisser sans aucun bruit. Remis d’alerte, il eut le réflexe de ne pas faire de mouvement brusques.

Une délicieuse odeur de parfum lui monta aux narines quand l’air déplacé par son interlocutrice arriva à son visage.

« Un geste et ces œufs n’arriveront jamais à bon port. »

Bien évidemment que cela allait être menaçant. Il en déduisit que ce qui lui touchait les lombaires était une lame de taille respectable. Instantanément, son esprit enregistra la signature chakratique à qui il tournait le dos, d’abord comme une menace, puis comme un être humain. Il prit son temps avant de réfléchit à sa prochaine action.

Il expira et boosta sa détection de chakra. Il se concentra pour que la zone analysée reste restreinte, mais augmenta la résolution de son observation, jusqu’à ce qu’une constellation de poussière d’or se manifesta à l’intérieur de son front. Les insectes Aburame les espionnaient.
Plusieurs choix s’offraient à lui. Soit cette mégère était une simple voleuse, et auquel cas il pouvait utiliser l’œil du Daimyo pour la faire crucifier sur place par les services de sécurités. Soit ladite femme faisait partie desdits services… et là…

« Tu n’es pas obligé de me croire… Mais, je ne te ferais aucun mal. Je veux seulement parler. Dirige-toi vers la bâtisse abandonnée à ta gauche, nous serions plus tranquilles. Agis comme à ton habituel, pas de gestes brusques. »

Rien n’était perdu, il fallait juste jouer finement. Il resta stoïque, bien qu’un peu surpris et angoissé, il maîtrisa ses pensées. Retour à la deuxième option.

Si la damoiselle au doux parfum lui avait proposé de parler, c’est probablement que les services le voulaient vivant. Une blessure mortelle de sa part viendrait la faire échouer dans sa mission… et les insectes pourraient le voir en direct ! Il en profiterait donc pour la vendre aux oreilles de la foule, scandant son appartenance au gouvernement et sa fausse exaction. Au pire, le DRK perdrait un agent, c’était déjà ça. Au mieux, on aurait un mouvement de foule et une émeute provoquée par l’un de ces derniers, et sa mission de déstabilisation serait finie.

Bien conscient que c’était principalement pour ses talents de Yamanaka qu’on devait le vouloir vivant, il exerça un peu de pression contre la lame en poussant ses lombaires en arrière, ponctionnant le manteau à un seuil qui pourrait se révéler dangereux.

Il projeta alors sa voix en arrière jusqu’à sentir le contact chaud de la psychée féminine. Il parla.

Un faux mouvement toi aussi, et ta carrière s’arrête là, et tu pars avec moi. La foule réduira ta peau en lambeaux.

Il se permit un commentaire.

C’est dommage, elle sentirait presque bon.

Il se mit en marche vers le point de rendez-vous mentionné. Une fois devant les murs délabrés de la bâtisse lugubre, il s’adossa aux pierres usées qui offraient un bien meilleur confort qu’un katana aiguisé. Il se frotta le menton en faisant mine de compter ses œufs, de les surveiller de près. Alors que la figure féminine se rapprocha de lui, il écrasa un œuf pour faire terre la poussière dorée qui avait tenté de se glisser dans la cagette. Il rajusta ses lunettes.

Mar 9 Avr - 8:57 Expérience : 373 Messages : 126

▶ Sujet: Re: Surveill'Oeufs - Hirai Hidemi

Surveill'Oeufs

@Orochi Memryu & Hirai Hidemi

« La promesse de la chenille n'engage pas le papillon. »

Après avoir observé avec une vigilance calculée sa proie, le déserteur qui déambulait sans méfiance dans le marché du village des Nuages, Hidemi demeurait sceptique à son sujet. Pourquoi l'homme se croyait-il en sécurité dans ce village militaire ? Pourquoi présupposait-il qu’elle était un shinobi en mission ? Ces questions tournaient dans l'esprit du papillon, qui se demandait quelles étaient les motivations de cet individu. S'il avait reçu une formation plus poussée ou s'il avait eu accès aux enseignements de l'école du Daimyo, il aurait su que les Kumojins en mission restaient tapis dans l'ombre, ne se révélant sans aucun prétexte, sinon pour frapper. Pour qui pensait-il qu’elle travaillait pour imaginer une carrière ?
Mais cette menace implicite ne troublait pas le papillon flegmatique, habitué à garder son calme en toutes circonstances. Même les remarques déplacées et provocantes sur son odeur ou sur ses compétences ne l'ébranlaient pas. Depuis plus d'un mois, elle jonglait avec le sarcasme et la folie de Nakano, faisant de cette pratique une seconde nature. Ajouter à cela son récent entraînement au DRK, dont la torture physique et psychologique venait seulement de prendre fin, Hidemi se sentait vide de toute émotivité. Elle laissait donc le déserteur se défendre avec ses mots, sachant que rien n'était plus fascinant que l'insecte qui se débat dans la toile, ignorant que son prédateur était déjà dans les airs. Car le papillon s'envolerait bien avant que l'homme ne puisse le voir, laissant derrière lui un souffle de vent, une trace éphémère dans les ruelles de Kumo. Il avait plus d’un tour dans son sac pour disparaître… et ça, le dénommé Memryu l’ignorait.

La kunoichi suivait sa proie avec une vigilance aiguisée, son katana solidement ancré dans son dos, une menace silencieuse mais omniprésente. Pourtant, cette menace était aussi vaine que le battement d'ailes d'un papillon dans le vent, car elle s'évanouirait au moindre faux pas de sa part, laissant derrière elle une ombre insaisissable.
Ils gravirent les escaliers délabrés qui gémissaient sous leur poids, avant d'atteindre une pièce dépourvue de fenêtres, plongée dans une obscurité étouffante. L'air y était chargé d'une odeur de renfermé mêlée à une pointe de brûlé. D'un geste précis, le papillon guida sa proie à travers la pièce, refermant ensuite la porte grinçante d'un coup de pied assuré. Un nuage de poussière s'éleva, dansant dans la lumière vacillante qui filtrait à travers les interstices de la porte, peut-être abritant quelques insectes qui avaient élu domicile dans ce lieu abandonné.

« Ne te retourne pas. Assis-toi sur la chaise et fais mine de regarder tes œufs. »

Hidemi resta invisible, conservant le voile qu’elle avait activait sur elle grâce à son jutsu. Son katana resta à l’extérieur de son étui, pendant sur son flanc, tenue d’une main qui avait baissé la garde.

« Je ne pense pas que des insectes se trouvent ici. Il y a tant à surveiller à Kumo depuis les attaques… »

Mais, on n’est jamais trop prudent. pensa-t-elle.

Elle avait désobéi à la mission ; fait un pas de côté à ce qu’elle devait réaliser. Elle espérait que cela ne deviendrait pas une habitude. Néanmoins, depuis son marché avec Nakano, de lui sortir les informations du DRK, elle se doutait que le chemin choisi serait obstrué d’obstacles et de dignité. Un comble pour le petit soldat du Daimyo qui ne souhaitait que sa reconnaissance. Pourtant, elle avait jugeait que le danger de Kumo résidait, en plus dans les membres de l’Alliance qu’il fallait trouver, en la psyché du scientifique fou. Elle avait donc fait le choix de mentir à l’institution afin de le surveiller de très près. Cependant, lorsqu’on goutte à la félonie, il est difficile de ne pas récidiver. C’est elle qui l’avait poussé à entrer en contact avec ce Yamanaka.

« Je ne vais pas y aller par quatre chemins… Le DRK et le Daimyo sont à ta recherche. Ils ont un dossier sur toi et ta famille. En d’autres temps, tu aurais été laissé tranquille, mais, suite aux attaques de l’Alliance, ils se sont assurés de ton passé avant de décider s’ils te traqueraient ou non. Ce qu’ils ont découvert… tu t’en doutes bien,… ça les a intéressé. »

Le déserteur ne pouvait se fier qu’à ma voix pour comprendre qui s’adressait à lui. L’invisibilité ne couvrant pas le son pour repérer ma position dans la piteuse pièce.

« J’ignore pourquoi tu as raccroché ton bandeau. Cela ne concerne pas. » Du moins, pour l’instant. termina-t-elle en pensée. « Par contre, je peux t’aider. »

Un sourire ourla ses lèvres. Étrangement, son comportement lui rappelait celui de Nakano. Le parallèle était troublant, mais elle s’en délecta quelques instants. Il y avait quelque chose d’excitant à passer les limites du licite.

« Tu t’en doutes bien, ce ne sera pas gratuit. » Le sang Kumojin bouillonnait dans ses veines. « Il y a des… informations que je souhaiterais avoir. Des éléments qui me seraient utiles, pour des raisons qui me sont propres. En échange… En plus de t’offrir ta liberté et ne pas révéler à qui de droit où tu te trouves et où vit ta famille, je pourrais… m’assurer qu’ils laissent tranquilles tes sœurs et ta mère. »

Elle laissa un temps de silence, afin de le laisser analyser la situation, mais pas trop longtemps quand même.

« Qu’en dis-tu, Yamanaka-san ? »

L’onomastique cingla l’air, tel un éclair de révélation.

(c) DΛNDELION

technique active:

Mar 9 Avr - 22:52 Expérience : 42 Messages : 16

▶ Sujet: Re: Surveill'Oeufs - Hirai Hidemi

« Ne te retourne pas. Assieds-toi sur la chaise et fais mine de regarder tes œufs. »

Tu sais que tu n’as pas besoin d’ouvrir la bouche pour me parler ? Je suis dans ta tête. J’entends tout ce que tu veux me dire.

Il sentait que la suite allait mal se dérouler. La kunoichi agissait comme si elle avait été envoyée le tuer, seule raison pour faire sortir le DRK de l’ombre. Elle voulait lui faire croire qu’elle lui laissait une chance en acceptant les pourparlers au lieu d’en venir au sabre, mais cela ne venait que de lui donner une arme de plus. Il savait, qu’au pire, il n’aurait qu’à dire oui, jouer les bonnes cartes pour aller dans son sens. Ensuite, il enverrait une lettre au DRK, un simple parchemin vide avec son nom marqué en bas. Rien que ça prouverait qu’il sera encore en vie, signalant au DRK l’échec de leur agent, après avoir confortablement fui.

À l’idée d’une si belle fleur faite par sa maladroite proto-tortionnaire, il comprit qu’il n’avait pas besoin de s’inquiéter outre mesure et s’assit effectivement sur la chaise. Il étendit les jambes et laissa un bras balancer dans le vide en calant le dossier sous son aisselle reposée. Il esquissa une moue gênée et regarda dans les yeux la figure invisible à l’œil nu, mais bien visible à travers la détection. Il parla dans la tête de la jeune femme, usant de son art Yamanaka.

S’il te plaît, je peux te voir par tes chakras. Ce n’est pas digne de toi, reprends-toi.

Ou bien économise ton chakra et demande-moi de détourner le regard si tu ne t’es pas maquillée ce matin, mais par pitié, fait quelque chose.

Elle baissa sa garde. Peut-être commençait-elle enfin à comprendre que la situation ne méritait pas qu’on sorte le grand jeu, étant donné la taille insignifiante de la cible que représentait Memryu, et la pure maladresse de l’exécutante qui faisait tout pour s’embarrasser aux yeux de ce dernier.

« Je ne pense pas que des insectes se trouvent ici. Il y a tant à surveiller à Kumo depuis les attaques… »

En fait, si. Il y en avait un. Mais je l’ai tué. Parce que je l’ai vu, lui aussi.

Il esquissa une moue gênée. Elle ne pouvait pas savoir pour la détection de Memryu, soit, mais imaginer qu’un insecte de quelques centimètres de diamètre ne prendrait pas la peine de se glisser dans une maison pour en espionner l’intérieur était vraiment limite. Comment quelqu’un aussi peu précautionneux se fait-il recruter au DRK ? Après… il pouvait toujours lui proposer un autre job.

Tout compte fait, c’était même une plutôt bonne idée. Reste à savoir la proportion de la gamine à jouer les agents doubles.

Il attendit qu’elle passe à table et commence à vider son sac d’elle-même. À croire que c’était lui l’interrogateur des services secrets. Aurait-il voulu capturer et mener son enquête sur la psyché d’une DRKeuse, il n’aurait pas été capable de faire mieux. Il fit miroiter ses ongles polis sous le filet de lumière venant d’une fenêtre barricadée aux planches, qui faisait naître des jolis reflets clairs sur une nuée de poussières.

« Je ne vais pas y aller par quatre chemins… Le DRK et le Daimyo sont à ta recherche. Ils ont un dossier sur toi et ta famille. En d’autres temps, tu aurais été laissé tranquille, mais, suite aux attaques de l’Alliance, ils se sont assurés de ton passé avant de décider s’ils te traqueraient ou non. Ce qu’ils ont découvert… tu t’en doutes bien,… ça les a intéressé. »

Eh bien parfait, je vais pouvoir déclarer mes impôts par télépathie maintenant.

Il continua de la suivre du regard.

« J’ignore pourquoi tu as raccroché ton bandeau. Cela ne me concerne pas. Par contre, je peux t’aider. »

Sachant que cela n’était pas par pure bonté d’âme, il se questionna sur ce qu’il aurait à payer ? Assassiner quelqu’un ? Ça pouvait s’apprendre facilement. Même s’il était encore vierge de la lame, ses talents de dissimulation lui offriraient une marge de manœuvre confortable par rapport aux gamins qui tentent leur premier meurtre à la naginata. De l’argent ? Il pouvait toujours s’arranger, voir paragraphe précédent. Une de ses sœurs ? Si le prétendant était suffisamment malin et capable, il n’y voyait aucun problème.

« Bien entendu, ce ne sera pas gratuit. Il y a des… informations que je souhaiterais avoir. Des éléments qui me seraient utiles, pour des raisons qui me sont propres. En échange… En plus de t’offrir ta liberté et ne pas révéler à qui de droit où tu te trouves et où vit ta famille, je pourrais… m’assurer qu’ils laissent tranquilles tes sœurs et ta mère. »

Pas besoin de menacer sa famille, il était conquis au mot « informations ». Il avait déserté pour pouvoir faire du business plus librement, et on venait le sanctionner pour lui donner du boulot. Il lui fit savoir en hochant la tête et s’exprimant directement dans son esprit.

Il fallait le dire plus tôt.

Tout ça pour ça, pensa-t-il. Au moins, il s’en tirait plutôt bien. Il se leva de sa chaise et toisa sa nouvelle partenaire d’affaires.

Elle estimait son raisonnement juste à partir de prémisse qui sont, pour la plupart, faux. La transaction aurait été parfaitement équilibrée si l’information fournie ne resterait pas dans un coin de l’esprit de Memryu… Une pomme contre des ryos, voilà quelque chose de parfaitement équilibré, car les deux perdent quelque chose et gagnent quelque chose de la même valeur. Mais de l’information contre une vie sauve ? Cela aurait été profitable pour le DRK si Memryu s’engageait à ne pas divulguer le contenu de ses recherches, ou même l’utiliser à ses propres fins. Ce qui, ici, n’était pas demandé. Bien que formulé sous la forme d’une transaction, on venait simplement l’informer que le DRK faisait dorénavant partie de la clientèle. Il se leva et se dirigea vers la porte, détachant enfin son regard de sa nouvelle camarade de jeu.

« C’est bon pour moi. »

Il se retourna. Se rendit compte qu’il avait oublié sa cagette d’œufs au beau milieu de la pièce. Il retourna la chercher, frôlant « accidentellement » le plan de vêtement de la kunoichi invisible. Une fois sa cargaison en main il avança lentement vers la porte de bois usée qui laissait filtrer l’agitation de la rue dans la petite bâtisse vide.

Tu sais, tu pourrais faire exactement la même chose sans avoir à tromper les insectes et tricher sur la politique. Et te faire plus de ryos au passage. Tu pourrais même te coucher la conscience tranquille, vu que ça a l’air de t’intéresser.

Retrouve-moi chez moi ce soir. Si tu es rentrée au DRK, tu trouveras. Ma mère va faire de l’omelette aux champignons. Je te garde une part.

Mer 10 Avr - 7:50 Expérience : 373 Messages : 126

▶ Sujet: Re: Surveill'Oeufs - Hirai Hidemi

Surveill'Oeufs

@Orochi Memryu & Hirai Hidemi

« La promesse de la chenille n'engage pas le papillon. »

Elle ne sursauta pas quand la réplique illocutoire du Yamanaka résonna dans sa tête. Bien entendu, la surprise l’envahit au point de faire frémir chaque cellule de son corps. Néanmoins, les récents entraînements à base de torture et de Genjutsu qu’elle avait soufferts ces dernières semaines l’avaient changé à jamais.

Il prit place.
Hidemi pensa à ses techniques incroyables venues d’Ame. Un trésor inestimable, une rare forme de chakra, une mutation hors du commun. Elle se sentait plus vulnérable avec son Dokuton ; un poison qui rongeait ses lèvres, ses veines et son pouvoir. Une forme de chakra qui, certes, avait conduit son corps à une résistance truculente, mais dont le style de combat se trouvait plus évident. Ses capacités à faire fondre dans le décor ses actions la sauvaient d’une vulgarité qu’elle ne se serait pas tolérée à elle-même.

Tu entends donc mes pensées.
Elle laissa un court instant s’écouler, comme pour vérifier que son vocable invisible avait atteint l’esprit du déserteur.
Bien.
Il découvrirait les pensées laconiques d’une personnalité lapidaire, flegmatique et insipide. Le résultat d’une enfance sans famille ou amour et de la forge du Daimyo.
Je ne prendrais pas la peine de l’expliquer si je n’avais pas d’intérêt à collaborer avec toi. Il pris donc le temps, à demi-agacée, de clarifier sa pensée. Je préfère qu’on pense que tu parles seuls si on se fait repérer que de dévoiler mon visage en cas de problème. Je pense que cela se comprend.

Un Maître de la pensée sensoriel. Hidemi était impressionnée par les multiples possibilités qui s’offrait à cet individu. Il ferait probablement un meilleur espion qu’elle, mais elle refusait catégoriquement de complimenter qui que ce soit.
Il accepta dans une réponse concise. Le jeune papillon le regarda se lever, le suivant de ses pupilles améthyste invisibles. Elle l’arrêta par la pensée.

Je ne suis pas du DRK. dit-elle simplement. Je ne préfère pas venir chez toi pour ce marché.
Elle comprenait que rester à découvert, isolé, rendrait cet échange suspect. Il valait mieux séparer leur conversation en deux lieux. Mais où discuter de manière sure ? Rien ne les assurait qu’un second agent du DRK surveillait la maison, comme Hidemi n’était pas convaincue de ne pas faire l’objet d’une enquête du Département des Archives. Son logement était exclu également.
Je réfléchirais à un endroit plus sur pour nos prochaines discussions.

La jeune fille détenait les prémisses d’une idée, mais elle préférait l’analyser seule avant de la partager avec le déserteur. Maintenant, elle devait seulement le convaincre de ne pas dénoncer le fait qu’une kunoichi l’ai prévenu de sa situation.

Rendez-vous dans les montagnes, près de la Tour Nord du Village, quand la lune est à son zénith.

Eureka, l’illumination arriva. C’était risque, mais le coup de bluff en vaudrait la chandelle.

Je suis une scientifique qui enquête sur une arme secrète qui serait cachée dans Kaminari. Je t’en dirais plus ce soir.

Le mensonge cachait une vérité prolixe. Elle était bien à la recherche de cette arme, mais le scientifique était ce fou à lié de Nakano. Un morceau de réel pour mieux dissimuler l’imposture.
Le papillon passa gracieusement devant lui, toujours invisible, même si, comme elle avait compris, il pouvait voir ses points de chakra.

Dis à ta famille de fuir Kumo ce soir, les montagnes de Kaminari sont plus sures. Si tes proches tombent, nous tombons aussi.
Elle insista sur leur nouvelle coopération par un pronom commun.

Sa voix résonna dans la pièce délabrée, alors qu’elle sortit.

« A tout à l’heure. »

D’un pas de sylphide, elle s’envola, tout en restant au sol, son manteau, dissimulé, levant légèrement la poussière.

(c) DΛNDELION

technique active:

Jeu 11 Avr - 20:14 Expérience : 42 Messages : 16

▶ Sujet: Re: Surveill'Oeufs - Hirai Hidemi

Il éteignit sa cigarette sur la pierre de la tour. La traînée de cendres noires ne se voyait pas dans l’obscurité de la nuit. Il regarda les étoiles, seules constantes de sa vie, maintenant que sa famille avait été déplacée dans leur maison de vacances, par-delà les rizières.

Dans le col montagneux formé par les deux « pics des éclairs », une vallée verdoyante s’était lentement dessinée, faisant rupture avec la pierre calcaire grise et sèche. Là, des moutons broutaient de l’herbe pulpeuse, que l’humidité de la nuit gonflait lentement avec la rosée matinale. Deux trois fleurs jaillissaient de la monotonie verte du paysage, détonnant avec la palette monochrome du paysage. Même dans l’obscurité quasi-totale, la pollution lumineuse du village et les reflets lunaires permettaient d’en apprécier les tons chauds. Il inspira longuement, et le bleu du ciel nocturne lui remplit les poumons. Il souffla toute la buée qu’il put, leva les yeux au ciel sous ses paupières fermées, dans une attente bien trop longue.

Il jeta son mégot de bambou par terre, et le vit ricocher sur son pied invisible, comme si une force surnaturelle l’avait dévié de sa trajectoire, espiègle fantôme voulant jouer avec les sens des vivants dont il enviait la simplicité.

Elle avait fini par jouer le jeu, comprenant qu’il lisait ses pensées, elle avait préféré parler dans sa tête pour que la conversation bascule sur un plan de l’existence qu’aucune oreille ne peut caresser. Il avait senti sa peur, et par réflexe elle s’était remémoré les mauvais traitements de son… patron ? Il avait du mal à cerner la position de son tortionnaire à partir des bribes partielles qu’il avait entrevu. Il soupira.

Cette gamine, elle ne sait pas à quoi elle joue. Elle pense être forte, mais avoir besoin de se remémorer un entraînement traumatique pour se blinder, c’est bien la preuve que se dernier ne servait à rien. Souvent, la mémoire brille par ce qu’elle est, les réflexes brillent par ce que la mémoire n’est pas. De ce fait, il avait compris qu’elle était jeune, encore toute fraîche sortie de l’école. Ses craintes s’envolant, il commença à douter du bluff d’en face. Son cœur lui disait qu’il assistait à un spectacle de funambulisme, avec en protagoniste une jeune fille perdue balançant une perche oscillante entre le DRK et le rejet de ce dernier.

Son idée de faire fuir les Orochi était la bonne, étant donné que sa simple présence avec lui au marché témoignait qu’on lui cherchait des noises. En faisant évacuer ses quatre sœurs, ses deux parents, et de quoi tenir quelque mois loin d’ici, il avait réfléchi à ses mots.

Elle refusait la visite au domicile, et ne proposa pas d’autre lieu en ville, cela signifiait qu’elle craignait un deuxième espion pour venir couvrir ses arrières. Soit elle était peu gradée, voir même était élève, soit elle n’était effectivement pas espion, et se payait la tête de Memryu. Elle tenta de confirmer ces paroles avec un « Je ne suis pas du DRK » qui suinta le désespoir et l’incertitude. Il n’avait pas besoin de ses talents de Yamanaka pour comprendre qu’il y avait baleine sous gravier.

Elle tenta de se couvrir se prétendant soi-disant scientifique, à la recherche d’une arme terrible… Il s’était retenu de rire. Quel scientifique possède des techniques d’invisibilité pour le piocher, lui, dans une foule blindée et le pousser dans une ruelle sombre à la pointe de la lame ? Il espérait qu’elle s’était rendu compte des énormités qu’elle eut sorti. Cela, il ne pouvait pas le savoir.

La menace n’en étant pas une, et au vu de l’incertitude sur laquelle balançait sa camarade, il se prit d’un petit élan de pitié pour elle. En fonction de ce qu’elle proposera, de son degré d’honnêteté et la beauté de ses iris, peut-être proposera-t-il un coup de main. Les gens comme elles sont de la chair à canon pour ce système aliénant d’espionnage étatique. Les meilleurs la jouent fine, restent cachés dans l’ombre et ne sortent que vous exécuter le plan qu’ils mettaient des années à préparer. Tout l’opposé de sa collègue. Les plus faibles… les plus faibles se font reléguer au rang de pion des plus fort. Ils finissent souvent mangés par la machine, qui recrachera soit une coquille vide de toute âme, soit un bout de viande déchiqueté. Ceux qui ne peuvent monter la pyramide feraient mieux de trouver un ruisseau sur lequel se laisser glisser.

Elle méritait mieux. Peut-être Memryu lui parlera de ses plans de réseau indépendant… Il chassa cette idée de son esprit, il se trouvait lui-même gonflant à la longue. Dans un élan d’introspection, il pensa que ses idées n’étaient tournées que vers ce projet titanesque. Tel une adolescente en rut, il ne parlait que de ça. Il se fit honte, et se jura d’attendre de voir ce que la silhouette approchante aurait à lui proposer avant de conclure quoi que ce soit.

Spoiler:

Ven 12 Avr - 14:34 Expérience : 373 Messages : 126

▶ Sujet: Re: Surveill'Oeufs - Hirai Hidemi

Surveill'Oeufs

@Orochi Memryu & Hirai Hidemi

« La promesse de la chenille n'engage pas le papillon. »

Dans la quiétude de la nuit, les montagnes se dressaient comme des sentinelles silencieuses, veillant sur la ville endormie de Kumo. Pas un souffle de vent ne venait troubler le calme nocturne, seulement quelques bruits sporadiques : un aboiement lointain, le chant persistant des insectes nichés dans les replis de la nature environnante.
Kumo était plongée dans une tension palpable depuis les récents événements qui avaient secoué la cité : le coup d'État de Getsumen, les attaques qui avaient semé le chaos et la disparition du Raikage. Pourtant, malgré ce climat de crise, le papillon se sentait étrangement à sa place au cœur de ce tourbillon d'incertitude.

Genin depuis une année, elle avait sombré dans l'ennui, étouffée par la monotonie de son quotidien. Son entrée au sein du DRK, depuis seulement quelques semaines, bien que synonymes de souffrances incommensurables, avait ravivé en elle un sentiment d'existence. Cet environnement hostile lui insufflait une énergie nouvelle. Désormais, elle était déterminée à gravir les échelons rapidement, à se distinguer parmi les autres, à se rapprocher de son Daimyo. Et quoi de mieux pour y parvenir que de résoudre un mystère qui planait sur le village ?

Malheureusement, elle ne pouvait pas enquêter comme elle le désirait. Entre son entraînement au DRK et son prochain départ en mission avec Nakano pour rechercher l’arme, le temps lui manquait désormais cruellement. De plus, elle avait passé un marché avec le diable en personne. Les informations qu’elle récoltait au DRK devaient revenir aux oreilles de l’homme masqué. En échange, il l’emmenait dans l’unité secrète du Daimyo pour récupérer cette arme. Des secrets… des secrets… encore des secrets. Décidément, à Kumo, rien n’est ce qu’il semble être.
Néanmoins, elle espérait reprendre le pouvoir, ne serait-ce qu’un peu. Et rien de tel pour cela qu’un Maître de l’Esprit, pouvoir extraordinaire qui perce les murailles de l’arme.

Quelques mûdra et elle se fondit de nouveau dans le décor.

隠れた蝶 - Kakureta chō, Papillon dissimulé - B

Dissimulation

Après une série de mudras, l'utilisatrice se dissimule dans le décor. Quelques éléments d’optique rendent la technique faillible selon le niveau de celui qui souhaite détecter une présence. Si une autre technique est réalisée, la dissimulation est rompue.

UTILITAIREDISSIMULÉEPUISSANCE DE RANG B

S’avançant, papillon éthéré dans la nuit, elle atteignit le déserteur. Elle espérait qu’il avait écouté ses conseils…

« Ta famille a quitté Kumo ? » demanda-t-elle laconique, sans un bonsoir de cérémonie.

L’homme ne pouvait pas le voir, mais son katana se trouvait dégainé. Elle le fit glisser sur le sol, le crissement de ce dernier rappelant son existence, tandis qu’elle tournait autour de la silhouette robuste du Nukenin.

« Réalise de nouveau cette technique étrange que tu avais faite sur moi. »

Elle le laissa exécuter ses mûdra et créer un lien avec ses pensées.

Bien.

Elle s’approchait de l’homme, ses traits invisibles à ses yeux, même si elle se doutait qu’il voyait son chakra et qu’il avait été béni par la détection. Lui-même lui avait avoué. Peut-être imaginait-elle que ses pensées seraient plus accessibles si elle se positionnait près de lui, dans son dos, pour ne pas être gênée par la proximité ?

Je vais bientôt partir pour rechercher une arme… Une arme capable de détruire tout un domaine de nobles quand elle est démantelée. Une seule pièce de cette dernière et même les manipulateurs d’argile explosifs se sentent impuissants. Je vais donc chercher la seconde pièce.

Un peu de vérité pour l’amadouer, avant de passer aux choses sérieuses.

Il y a cependant un mystère qui reste à résoudre, quelque chose d’important, quelque chose qui… entre de bonnes mains, peut régler beaucoup de problèmes.

Elle tournait encore autour de lui. Il devait probablement percevoir son chakra valsant, dans une danse de rapace, encerclant sa personne.

Ces mains peuvent être les nôtres, Yamanaka-san. Je vais m’assurer que vous ne soyez pas dérangé pendant vos recherches et… en échange… Vous me donnez votre confiance en me croyant quand je vous dis que si vous me partagez ces informations, vous, comme moi, sortirons gagnants de cette affaire.

Elle s’arrêta face à lui, le bruit de son katana frôlant le sol rendant le silence à la nuit noire.

Je crains que l’arme intéresse les assaillants qui ont attaqué les domaines Shiratuschi, Aburame et la Tour du Raikage. Seule la Tour a été une attaque menée avec succès… Ils ont réussi à capturer Getsumen… Même s’il a trouvé la mort. Mais, ils ont été repoussés du domaine Aburame et… une explosion d’une pièce de l’arme que je recherche a réduit au silence ceux du domaine Shiratsuchi. J’ai peur que ces attaquants veuillent aussi mettre la main sur l’arme. Un pouvoir aussi grand entre de mauvaises mains peut être extrêmement dangereux. Je souhaiterais donc, grâce à vos pouvoirs, que vous tentiez de retrouver et pister ses attaquants. J’aimerais aussi comprendre s’il fonctionne en organisation et, si oui, laquelle. Sachez que l’un d’entre eux, au domaine Shiratsuchi, avait un pouvoir qui avait été oublié dans le monde shinobi. Il maîtrisait l’Orage. Quand il a trouvé la mort, ce pouvoir est revenu à la mémoire de tous. La vôtre aussi… Souvenez-vous du Ranton… Oui, vous voyez. Ça vous surprend… Vous savez ce que c’est mais vous l’aviez oublié. Il y a peut-être une corrélation entre la mort d’un individu au pouvoir spécial et sa réapparition dans nos mémoires. On ignore si d’autres personnes possèdent ces Ninjutsu spéciaux.

Elle soupira, comme fatiguée de tant penser.

Pistez les membres qui ont organisé cette attaque du village. Retrouvez-les. Observez-les. Essayez de comprendre. Attention, ils peuvent avoir des pouvoirs… inconnus. Seuls le DRK et un homme masqué dans ce village sont au courant de ce que je vous dis. Ne partagez sous aucun prétexte ces informations avec quelqu’un d’autre ou vous perdrez votre avantage. Si vous le perdez… Vous ne serez plus d’aucune utilité pour personne. Ensuite… Retrouvez-moi dans un mois au Domaine des Fleurs, un lieu public de Kumo. Nous simulerons une conversation pendant que nous échangerions de cette manière ce que nous avons appris. Vous me reconnaitrez, car je porterais quelque part un papillon.

Le déserteur put voir son chakra s’approcher dangereusement. Hidemi se mit sur la pointe des pieds et se pencha à l’oreille du déserteur pour lui souffler, à voix haute cette fois :

« Il se peut que vous soyez récompensé pour ce service et que la récompense vous plaise. »

Elle tourna les talons. Le jeune papillon s’apprêta à s'envoler.

(c) DΛNDELION

HRP:

Ven 12 Avr - 21:23 Expérience : 42 Messages : 16

▶ Sujet: Re: Surveill'Oeufs - Hirai Hidemi

« Il se peut que vous soyez récompensé pour ce service et que la récompense vous plaise. »

C’était son moment. Il sentait le souffle sucré par le poison caresser ses oreilles. S’il avait des papilles gustatives sur le visage, il aurait pu sentir que c’était une très, très, très, mauvaise idée de se laisser approcher ainsi. Il resta stoïque, bien conscient que la dissimulation n’était plus que pour le professionnalisme à ce stade. Il pût presque deviner les traits de son visage juvénile. Elle ne devait pas être bien vieille, et se situer entre Tenryuu et Tamiko, à vue de nez (ou a odorat d’œil ? Ses sens étaient confus).

Il en profita pour délicatement poser sa main sur sa joue, comme pour essayer de lui mettre une limite sur la distance minimale entre leurs visages. Dès qu’il sentir une peau souple, et une arcade cartilagineuse, il comprit que son pouce devait se situer sur la paupière inférieure et son index sur le sourcil. Il se concentra.

Le temps ralentit dans son esprit. Quelques millisecondes semblèrent des années alors qu’il sentit son esprit se faire aspirer hors de son cerveau par sa nuque. Il se sentit noyé dans un ruisseau qu’il ne connaissait pas encore bien, et il se dépêcha de nager pour que sa camarade ne ressente qu’un flash.
Il fouilla rapidement et s’arrêté sur le premier miroir qu’il croisa. Là, il prit le temps de regarder les traits de la fille, dont il ne connaissait même pas le prénom. Il mémorisa trop rapidement les fossettes, les creux des orbites et les joues un peu potelées, la quantité de chair des lèvres et la couleur des iris. Il replongea.

De sous l’océan de sa mémoire, il vit des batailles, il vit des papiers qu’il ne put déchiffrer, il vit des gens, il vit la guerre, il vit des cachettes. Il vit plein de choses, il passa trop vite sur chacune des mémoires, car il souhaitait que son agent double ne sente qu’un flash d’une petite seconde au total, et il avait beaucoup à faire. Il s’arrêta sur une silhouette masquée, et une énorme explosion. Il comprit alors qu’elle n’avait pas menti. Mais pour le masque ? Les deux souvenirs étaient proches, peut-être un lien sémantique ? Il rejeta l’intérêt pour ce masque et passa à la dernière étape.

Il attrapa à la volée son rêve de la nuit dernière. Un homme vêtu de noir, se présentant comme agent de renseignement à l’international, et vendant un bout de papier à un agent du DRK (un stéréotype plutôt, il n’en avait jamais vu, et donc ne pouvait pas se le représenter correctement en songes). Il fit bien attention à y associer la sensation de vertige de l’homme en noir, maître d’un réseau d’information qu’il passait sa vie diurne à imaginer, concevoir et bâtir. Il prit ce rêve, et lui envoya dans la tête.

À elle de voir si la graine germera en songe, ou si elle fanera avant d’avoir pu sortir de terre.

Il la repoussa gentiment, accompagnant son geste lentement pour ne pas la brusquer. Il était fatigué. Il n’avait pas l’habitude de faire ainsi, et ces deux secondes furent les plus longues de l’année passée, peut-être même de la décennie.

Il recula d’un pas.

« Si tu accomplis ta part du marché envers moi et ma famille, je trouverai. Je trouverai, et je te donnerai. Je vais même faire plus, et t’aider dans ta quête. Je te dirai tout ce que je trouve et pense pertinent, même si n’est pas encore au point de l’imaginer.
Je le ferai, parce que je souhaite que tu ailles loin. Car quand tu te retourneras, je veux que tu te souviennes de moi, et comment nous entraider sera… efficace. »

Sam 13 Avr - 9:32 Expérience : 373 Messages : 126

▶ Sujet: Re: Surveill'Oeufs - Hirai Hidemi

Surveill'Oeufs

@Orochi Memryu & Hirai Hidemi

« La promesse de la chenille n'engage pas le papillon. »

Il posa sa main sur joue. Elle aurait pu lui planter son katana dégainé, lame trainante sur le sol, immédiatement dans le thorax. Néanmoins, elle se préféra se retenir. Si elle avait transgressé les limites du licite, c’était dans un objectif précis : devancer ceux qui se servaient d’elle afin de se frayer son propre chemin auprès du Daimyo. La victoire appartient aux ambitions. Levier invisible pour le DRK, regard vénéneux pour l’homme masqué, autant de service qu’elle rendait à des gens qu’elle méprisait alors qu’elle ne rêvait que de s’envoler.

Le déserteur, en touchant sa peau, pouvait sentir son secret. Sa peau se trouvait être tel un parchemin abîmée et flétrie. Cet effet était une conséquence de son chakra vénéneux et de son accoutumance. Sa résistance au poison avait rendu sa peau aussi sèche que la peau d’un animal mort. Le fait qu’il puisse sentir cela lui donnait des pulsions de meurtre. Mais, elle pratiquait depuis très récemment la retenue. Il s’interrogera surement sur ce qu’il avait senti, mais… il lui faudrait une autre enquête pour comprendre.

Elle laissa le téméraire chercher à prendre le contrôle avec ce toucher et les paroles qui suivirent. Si elle s’était approchée de lui pour le déstabiliser, rien ne la dégoûtait plus que le contact. Des années à vivre dans sa solitude orpheline, elle tenait à son espace vitale plus que quiconque. Néanmoins, depuis ses dix-huit ans et ses quelques expériences dans le monde shinobi, elle avait compris aussi que la déstabilisation pouvait être une arme parmi tant d’autres. Merci Nakano.
Il avait beau lui souhaiter des choses ou essayer de l’amadouer avec des paroles de confiance, il se trouvait face à un mur. Tout le monde l’avait constamment déçu et trahi. Ainsi, elle ne fonctionnait avec autrui que comme avec des outils, des moyens, des marches à gravir. Si cela le rassurait de créer un lien affectif, pourquoi pas. Elle jouerait la confiance. Son masque de flegme lui avait valu quelques compliments de performances. Elle ne voulait qu’une chose : savoir si les attaquants se trouvaient toujours ici et avoir cette information avant ces deux bourreaux.

Elle s’évapora dans la nuit.

Il sera là dans un mois… sinon… le DRK viendrait le chercher. Hidemi savait ce qu’elle dirait : « J’ai retrouvé le déserteur et il est au courant pour le Ranton, les Ninjutsu oublié et a des informations sur les attaquants du Kumo. »
Dans un mois, s’il ne se trouvait pas au Domaine des Fleurs, il prendrait ce risque. Pour l’instant, elle ferait un rapport assez simple.
« Les Orochi ont fui Kaminari. »
Tous penseraient que le déserteur aurait suivi sa famille. S’ils voulaient vraiment le retrouver, il commencerait par sa famille. Le pauvre, il avait suivi le conseil de la kunoichi pour protéger les siens alors qu’en fait, s’il était précieux au DRK (ce qu’elle ignorait de par son grade), ils commenceraient toujours par investiguer une famille qui fuit.

(c) DΛNDELION

HRP:

▶ Sujet: Re: Surveill'Oeufs - Hirai Hidemi

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