Mar 9 Avr - 0:16
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▶ Sujet: L'officine - Nobu Le temps était beau, la météo clémente et le soleil scintillant. À si haute altitude, cela offrait un spectacle incroyable pour celui qui prenait le temps de l’apprécier, c’est-à-dire personne ici-bas. Les pas de Memryu cassaient des branches un peu sèches, tombées sur le chemin après avoir porté des feuilles verdoyantes et des bourgeons gorgés de vie pendant quelques semaines. Fort heureusement, ces morts accidentelles ne posaient pas grand souci tellement la nature était pleine de vie.
Il s’arrêta pour prendre le temps de renifler une fleur. Le parfum délicat chatouilla ses narines, caressant toutes les muqueuses sales qu’on pouvait y trouver pour anoblir cette chair sale et cachée par sa plus belle fonction. Le nez, partie disgracieuse du visage, monticule de chair rigide et pourrissante, sécrétant souvent on ne sait quel mucus. Même le nez pouvait trouver son sens lorsqu’on le met dans le bon contexte. Et parfois, le bon contexte d’une si grande abomination, c’est au creux d’une jolie fleur.
Memryu pris le temps de relativiser ce petit moment de joie apprécié et appréciable avant de se propulser en haut d’une arche rituelle. Là, il s’assit sur le bois peint écarlate, et se mit à réfléchir. Il pensa que pour une fois, il n’avait rien à faire. Sans rien de juxtaposé derrière cette phrase. Il n’avait souvent « rien à faire ici », moins souvent « rien à faire de ça », encore plus rarement « rien à faire de lui », mais jamais « rien à faire tout court ». Il prit le temps de contempler les nuages dans le ciel comme des moutons insouciant, riant d’un meuglement que la vaste étendue céleste ne peut propager jusqu’aux hommes pétris de problèmes. Il se sentait à la fois petit, et à la fois divin. Tel était l’effet de la nature, qui prends dans ses bras à la manière d’une mère aimante. La taille des arbres, léviathan placides aux pieds usés, rappelle que la viande se périt plus vite que l’écorce. Mais leurs regards fixe et profonds rappellent que l’on n’est jamais seuls, encore moins au milieu du domaine des fleurs de Kumo.
Il se surprit à rêver d’une étreinte d’une peau laiteuse. Une peau qui sentirait bon la fleur et qui tiendrait dans le creux de la paume, une peau qui rirait dans les oreilles et saurait offrir un peu de répit aux petites lunettes de soleil.
Il chassa cette idée de sa tête et contempla les Geishas plus loin. Il claqua rapidement ses doigts dans sa paume pour former des mudras et activer sa détection. Ensuite, il rajouta deux trois symboles ésotériques afin d’enregistrer méticuleusement les signature chakratiques de chacun des employés du domaines. Peu importe la profession, c’est forcément ici que les choses se passent. Même si Kumo reste Kumo, les gens cherchent un peu de discrétion pour discuter de ce qui ne compte pas, du moins officiellement. Les débats officieux se passant chez les officines, et le remède ultime étant la bonne compagnie, il descendit de son perchoir, profitant de la balade florale pour rejoindre quelques dizaines de mètres plus loin les damoiselles de charmes.
Dès lors, il s’assit sur un banc, et attendit que quelque chose arrive. Quoi ? Il ne savait pas. Pas encore. Un jour, il disposera d’assez d’informations pour traquer les moindres allées et venues des prétendants à ces jolies dames, avant même qu’ils ne quittent leurs foyers. Mais pour l’instant, il était petit et divin au milieu de mère nature. Alors il se laissa porter par ses flots.
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Ven 12 Avr - 19:00
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▶ Sujet: Re: L'officine - Nobu L’officine - Eté 83, Kumo Depuis un certain temps maintenant, en l'absence de la propriétaire des lieux, Yumeko, j'avais assumé légitimement le rôle de co-gérant de cet établissement charmant qui répondait au nom évocateur de "Domaine des Fleurs". Cet endroit offrait un cadre enchanteur pour ceux qui cherchaient un havre de paix, même au cœur de l'atmosphère souvent sombre et oppressante de Kumo. En effet, ne serait-ce que pour un instant, notre clientèle pouvait aisément se détacher de ses soucis en se laissant envelopper par la sérénité de ce lieu, une réalité dont je n'avais pas manqué de prendre conscience. C'est précisément pour cette raison que j'avais choisi cet endroit avec tant de détermination. En ce beau milieu de journée, l'affluence des clients ne faiblissait pas, au contraire, chacun semblait désireux de profiter pleinement de ce temps radieux pour se relaxer. Les employés se donnaient sans relâche pour assurer un service impeccable. De temps à autre, je me joignais à eux pour les épauler en cas de besoin, mais le plus souvent, je demeurais près du comptoir, un poste stratégique me permettant d'avoir une vue d'ensemble sur la salle. C'est alors qu'une nouvelle personne fit son entrée, et ses gestes particuliers éveillèrent ma curiosité. Sérieusement, qui se mettrait à composer des mudras dans un tel cadre... En tant que spécialiste dans ce domaine, je finis par reconnaître les mudras utilisés pour mémoriser l'empreinte chakratique. Alors que mes yeux suivaient cet individu d'un regard attentif, je ne remarquais aucun insigne distinctif qui aurait pu le rattacher à la communauté des shinobis de ce village. Cela signifiait-il qu'il était un étranger ? Et quelle était sa raison de se trouver ici exactement ? Pour obtenir ces réponses, je me sentis poussé à aller à sa rencontre, afin de lui poser quelques questions. Par la suite, je demandai à l'un des serveurs de lui apporter notre meilleur alcool de riz, et celui-ci s'empressa d'exécuter la requête en apportant la commande. Lorsque le breuvage fut servi, je me dirigeai vers lui et, sans même attendre qu'il me le propose, je pris place à ses côtés. Un cadeau de la maison. Un accueil chaleureux lui était adressé. Je lui laissai le temps d'assimiler la situation. Un verre avait été offert sans même qu'il ait passé de commande. Profitant de cet instant, je sortis un paquet de cigarettes de ma poche, en pris une que je déposais sur la table, laissant le paquet à sa disposition. Malgré le masque qui couvrait mon visage, cela ne m'empêchait pas de fumer. J'allumais la cigarette, en pris quelques bouffées, expirant la fumée à travers le masque. Il me semble qu’on ne s’est pas présenté. Je me nomme Nakano, je suis le co-gérant de ce domaine. Pour l'instant, je me tenais avec une aisance décontractée, mais mes yeux commençaient à scruter attentivement, cherchant la moindre faille à exploiter dans son attitude. Nous avons l’habitude de recevoir des shinobis, ce qui n’est pas un problème en soi, mais je peux facilement affirmer que tu en es un aussi.Avec un brin de perspicacité, il pourrait aisément comprendre que je faisais allusion aux mudras qu'il avait réalisés plus tôt. Cet endroit n'est pas propice à l'espionnage, donc, si tu es à la recherche de quelqu'un, ce n'est pas ici que tu le trouveras. Dans cet établissement, l'unique individu habilité à observer les autres, c'était moi, et je n'acceptais aucune intrusion. Étonnamment, malgré mon envie profonde de le soumettre pour avoir osé empiéter sur mon territoire, je demeurais remarquablement calme et serein. |
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Ven 12 Avr - 22:26
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▶ Sujet: Re: L'officine - Nobu « Non merci »Piégé dans son esprit, il eut envie de répondre par télépathie. Il se reprit au denier instant et vocalisa son refus avec un signe de main poli. Le serveur au beaux vêtements et visage émacié salue d’une petite courbette avant de s’en aller prestement. Il prit le temps de toiser l’étranger qui venait le rejoindre. Le masque le surprit, il s’attarda sur ses formes et ses couleurs. Il inspira et se referma sur lui-même. Le chakra de l’homme à sa droite brûlait un peu plus fort que les autres. Il devait être chez lui, ou bien drogué et téméraire. Son chakra lui restera en mémoire. Le livre des contacts se remplissait lentement.
S’il avait refusé l’alcool, il ne se fit pas attendre pour prendre une cigarette du paquet. Il en déduisit la facture, se trouvant face à un savoir-faire plutôt réputé par le tassage du tabac et l’attache du joint de bambou. Il esquissa une moue approbatrice, puis se rendit compte qu’il ne possédait pas de briquet. Il approcha donc lentement sa cigarette de celle allumée par son nouvel ami.« Permettez ? »La première bouffée de fumée lui fit un mal fou aux poumons, il se sentait vivant. Les flammes lavant l’humidité de son corps, la sécheresse avait un aspect réconfortant. Il se sentait endolori, mais plus propre. Lui qui était toujours à chercher les détails et la subtilité, l’absolutisme bourrin du feu dans la trachée lui faisait l’effet d’une bouffée d’air frais.
L’homme se présenta. Il comprit par son statut le cadeau et les cigarettes. Il hocha la tête, le regard dans le vide camouflé par ses verres fumés. Le soleil baignant son visage, il se laissa porter par la subtile remontrance que le présentement hôte du lieu lui faisait à demi-mot. Il laissa son cerveau passer outre. Oui, il était Shinobi, comme beaucoup de gens. Certains venaient ici, c’était un fait. Après, s’il ne voulait pas qu’on esquisse des mudras ici, il fallait mieux les bannir de l’endroit. Demander à un Shinobi de ne pas faire de carabistouilles… Autant demande à un pigeon de faire la taupe.
Il lui annonça que le lieu n’était pas fait pour l’espionnage, et qu’il ne pourrait trouver personne ici. Il soupira, hocha la tête encore avec une expression peu convaincue. Il ne dit rien, mais pensa très fort que c’était justement pour ça qu’il fallait être ici. L’espionnage est un rapace qui cherche le maillon faible. Tout établissement s’affichant « libre de toute manigance » devenait immédiatement une couverture parfaite. L’interdiction n’est efficace que par le décontenancement qu’elle inflige aux moins certains, les Shinobis étant habitués à travailler dans l’incertitude, ils n’allaient pas s’arrêter face à un panneau stop.
Pour ne pas provoquer d’incident diplomatique, il laissa couler, gardant tous ces mots là pour lui.« Je ne cherche pas quelqu’un, je cherche le destin. »Il tira sur sa cigarette, puis l’ôta de ses lèvres de deux doigts agiles. Portant le petit bâton enflammé à portée, il observa le feu dévorer lentement le papier, dessinant des frontières entre la cendre noire et le papier blanc qui lui rappelaient une vieille carte oubliée. Comme ici, ce sont toujours les vieux parchemins géographiques qui portent les lignes imposées par le sang coulant et les vieilles rancœurs. Ici, le calme et la bonne humeur régnant ne s’étaient pas gagnés seuls. Ce lieu avait forcément une histoire mouvementée. Il lui fallait demander.« Comment financez-vous tout ce luxe ? Qu’est-ce que cet endroit, en fin de compte ? J’ai du mal à saisir comment peut-on faire un lieu comme celui-ci au milieu d’une ville de procureurs et d’agents doubles. » |
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Sam 13 Avr - 17:01
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▶ Sujet: Re: L'officine - Nobu L’officine - Eté 83, Kumo Désolant. Il semblait qu'il y avait encore plus d'imbéciles dans ce village que je ne l'avais imaginé. "Chercher le destin", avait-il osé dire. Quelle absurdité. À mon humble avis, cet homme était comme tous les autres villageois d'ici : inutile et incapable. Mettre en avant la destinée n'était qu'un stratagème pour masquer sa propre existence misérable. Oui, sa vie ne représentait rien à mes yeux. Son charisme rivalisait presque avec celui de l'insignifiant Takeshi, et ce n'était guère un compliment d'être comparé à cet individu sans intérêt. Le village caché des nuages était-il destiné à être peuplé d'êtres aussi dépourvus d'intérêt ? La tendance actuelle semblait malheureusement le confirmer. J'étais plutôt exigeant en ce qui concernait le choix de mes cibles ; je ne me contentais pas de n'importe quoi ni de n'importe qui. Pour l'instant, ce binoclard ne présentait aucun attrait susceptible de susciter en moi un quelconque plaisir morbide. À cet instant, tout ce que je souhaitais ardemment, c'était de le corriger, non pas par pur sadisme, mais plutôt pour lui ôter toute envie de s'immiscer dans mes affaires. Par quel droit osait-il me questionner sur les finances de cet établissement ? Même si mon visage restait dissimulé derrière le masque, mon regard empreint de dédain le fixait avec intensité. Il est de rigueur, lorsque quelqu'un se présente à toi, de lui rendre cette politesse en te présentant à ton tour.Un rappel essentiel des règles de courtoisie et de politesse. Délibérément, j'instaurais un certain malaise dans notre échange en choisissant de me taire, laissant un silence pesant s'installer. Bien que l'observation de son langage corporel ne fournissait que peu d'indices, ses paroles étaient bien plus éloquentes. En effet, bien qu'il ne portât pas le bandeau caractéristique du village, attestant ainsi de son statut de shinobi de Kumo, il semblait posséder une connaissance approfondie du système en place. Son affirmation selon laquelle la cité abritait des agents doubles laissait entendre qu'il ne pouvait être qu'un simple étranger, à moins d'être engagé en tant que mercenaire. Avec ces informations en ma possession, il était plausible que l'individu en face de moi soit soit un mercenaire, soit un natif de Kumo ayant abandonné son allégeance au village. Sinon, il aurait arboré fièrement l'insigne qui semblait manquer à son uniforme. Les jambes croisées, je tirais de nouveau sur ma cigarette avec une nonchalance calculée, prenant mon temps à chaque bouffée, et m'amusant à créer des volutes de fumée en expirant lentement. Beaucoup de choses semblent t’échapper, Monsieur destin. Je soulignais ces derniers mots, les accentuant afin de les rendre plus saisissants et incisifs. Effectivement, un endroit tel que celui-ci trouve parfaitement sa place dans l'environnement que tu décris, car il offre aux gens la possibilité de s'échapper, d'oublier les soucis du quotidien en se plongeant dans ce refuge de tranquillité, ne serait-ce que pour un court instant. Notre objectif est de procurer un peu de joie à ceux qui le désirent en franchissant ces portes. Mais je suppose que le concept de bonheur ne te touche pas vraiment. En prononçant ces mots, je balayais d'un geste de la main la première question qui m'avait été adressée. Là, je me redressais, écrasant la bâton de cancer à moitié entamé à l’intérieur du cendrier, puis je lui adressais un regard perçant. Et pour en revenir à ce que tu as évoqué, ce fameux destin dont tu parles, il s'est manifesté à toi en te présentant trois chemins à suivre. Avec subtilité, j'effleurais le sujet des trois récentes attaques simultanées. S'il était natif de la région, il saisirait cette allusion voilée qui n'en était pas vraiment une. Par manque de courage ou par indécision, tu n'as emprunté aucune de ces voies, optant même pour une quatrième option, celle de la désertion. Sinon, pourquoi ne pas simplement porter le bandeau qui t'a été remis lors de ton engagement en tant que shinobi ? D'ailleurs, tu n'as pas nié être un tel individu. |
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▶ Sujet: Re: L'officine - Nobu |
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