J’étais face à elle, celle à qui je dédiais presque l’entièreté de mon existence et qui était la raison, l’unique, qui me poussait à avancer. La direction que j’avais prise était pour elle, il était évident qu’elle était ma source de motivation. Tandis que je cherchais à camoufler mes sentiments, à cloisonner mon esprit et refouler cette crainte qui me tordait l’estomac, elle pouvait pourtant lire en moi comme dans un livre ouvert. Elle était ma jumelle après tout, nul besoin de parler, nul besoin d’être l’un à côté de l’autre, elle ressentait tout au travers de ce lien mystique et à peine descriptible.

Ma main droite sur le haut de sa tête, je l’avais caressé à de nombreuses reprises, cherchant à la rassurer. Peut-être qu’au fond, c’était moi que j’essayais de rassurer.

Après tout, ce voyage était certainement mon dernier, c’était un destin funeste que j’avais accepté en m’enrôlant dans l’armée régulière de mon pays et pourtant-... ce n’était pas facile à assumer. Un sourire spécialement dédié et une mine chaleureuse, je l’avais amené à m’enlacer, avant de poser mon menton sur sa tête.


Avec un peu de force, j’étais parvenu à m’extirper de son emprise, avant de la transférer à mon paternel. Ce dernier était bien plus proche de ma sœur qu’il ne l’avait jamais été de moi et pourtant, je pouvais aisément le déchiffrer. Il n’osait pas me regarder et sans même s’en rendre compte, il avait activé son Kage Mane no Jutsu, tremblotante à mes pieds, sans jamais me toucher.


Dis-je avant de rire et de quitter la demeure familiale, sans jamais me retourner un seul instant. Le dos droit, le regard fixé vers l’horizon, j’avais rejoint l’entrée de Homura. C’était le point de ralliement, le “classique” des missions et pourtant… notre quête n’avait rien de classique. Armé d’un sac, j’avais accéléré le pas pour faire en sorte d’être le premier arrivé à destination, en attendant mes deux confrères.

Dans mon sac se trouvait le nécessaire pour notre survie, des changes et quelques livres pouvant nous aider. Il y avait aussi la lettre de Haruka Miyuki, celle qui m’avait épaulé dans ma quête. L’artiste m’avait été très utile et nul doute que ses informations allaient nous faire économiser de précieuses secondes et nous épauler. Au-delà du matériel classique se trouvait Nagaeda, le gantelet qui avait été créé par Weihan, le fameux forgeron. Ce chef-d'œuvre me permettait d’utiliser aisément l’artefact draconique que j’avais obtenu en mission.

Quelque temps plus tard, mes deux partenaires m’avaient rejoint. Ils avaient été à l’heure, même légèrement en avance. Je ne fus pas étonné.


Il était rare que je parle de la sorte, laissant plutôt mon regard glacial intimider ou désorienter mes interlocuteurs ; ce moment était quelque peu… inédit. Après m’être gratté la gorge, j’avais relevé le haut de mon corps, que j’avais précédemment abaissé pour accompagner mes palabres.


Je m’étais empressé d’en donner un nombre équivalent à chacun de mes partenaires, comme cela avait été indiqué par l’administration.


Pour les activer, rien n’était plus simple, il fallait simplement faire un mudra et dire “Fuin”. Une information que j’avais donnée, à la fin de mon explication.

Mes frères d’armes étaient convaincus par l’utilité de cette quête et bien au-delà de leurs convictions, ils croyaient en moi. C’était un honneur de pouvoir marcher à leurs côtés, pour le bien de notre nation. Cette première partie de notre voyage ne s’annonçait pas de tous repos, mais je me sentais quelque peu rassuré d'être parmi d’eux. Je n’appréciais pas me reposer sur les autres, bien au contraire, j’avais tendance à faire confiance à mes capacités et non celle d’autrui ; cette expédition allait certainement être l’occasion pour moi, de lâcher prise.

Je ne fus guère étonné lorsque mon confrère Hyûga évoqua l’idée de prendre la tête de notre groupe, afin de pouvoir sonder les environs à l’aide de ses dispositions héréditaires. Il était fort utile d’avoir un membre de ce clan majeur dans notre groupe, sans même posséder des dons divinatoires, j’étais sûr qu’il serait une des clefs de notre voyage.

Alors que je m’apprêtais à acquiescer d’un simple signe de la tête et suivre Noboru, ce dernier fut interrompu par Gen’Ichiro, celui qu’on pouvait surnommer l’éclair. Quelque peu surpris par la nouvelle, j’écoutais ce qu’il avait à dire avec attention. Une tierce personne allait rejoindre cette expédition, sans que nous ayons été mis au fait ? Je ne pus masquer mon étonnement, moi qui avais pour habitude de contrôler mes émotions. Avec Gen’Ichiro, que je considérais comme être l’un de mes plus proches homologues, j’avais pris pour habitude de me laisser aller.


Dis-je avant de lui proposer de prendre la tête du convoi, d’un signe de la main droite.


Nous avions marché alors, durant une période indéfinie, avant de rejoindre ce qui s’apparentait être le lieu de rendez-vous. Habituellement, j’aurais pris le temps de malaxer mon chakra afin de me préparer à toutes éventualités. Cela dit, je ne comptais pas agir de la sorte, pour plusieurs raisons et pas seulement pour la confiance que je portais au Fujiwara. Lorsque le dernier membre de l’équipe fit son apparition, je pus sonder son apparence qui était… quelque peu différente que celle que je connaissais.

En effet, pendant notre court voyage, Gen’Ichiro nous avait part de l’histoire et le mystère qui entourait l’invité mystère. Celui-ci n’était autre que Tatsuya, l’un des piliers du futur de notre Shogunat. Son histoire m’avait intriguée, nul doute que je souhaiterais en apprendre plus prochainement, au détour d’un campement ou d’une partie de chasse.


Il n’était pas aisé d’évoquer les hypothèses les plus funestes, mais nous avions tous prêté serment, nous avions tous accepté de regarder dans les ténèbres et d’œuvrer dans l’ombre.


Sur ces mots joyeux, nous avions pris la route en direction du Pays de la Terre. Le rythme fut rapidement imposé par nos meneurs et nous étions tous restés sur nos gardes. Le temps passa à une vitesse telle, que la nuit pointait déjà le bout de son nez. Le temps avait filé et aucun danger n’avait osé se mettre sur notre route.


D’un signe de la main, j’avais indiqué à Tatsuya de me suivre.


Je n’avais pas expliqué pourquoi je voulais prendre l’homme masqué avec moi, il était évident qu’il était nécessaire d’avoir un Hyûga dans chacun des sous-groupes et cela, pour le bien de cette expédition.


Balançais-je en marchant, avec la plus grande attention, dans cette forêt qui ne me paraissait pas pour le moins du monde hostile. J’espérais pouvoir extraire de la faune un gibier ou deux, afin de nous nourrir.

Néanmoins, j’entendis soudainement quelque chose craquer sous mon pied droit. Ce n’était pas un amas de branches, mais bien une sensation se rapprochant plus d’une terre quelque peu.. argileuse. Lorsque avec précaution, j’avais ôté mon pied de cet obstacle, je vis la tête d’un écureuil, sculpté avec la plus grande précision.


Après avoir levé la tête, je vis comme une famille entière de sanglier dressée à l’aide de la même matière que je venais à peine d’écraser.


Narration

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Tatsuya pourrait scruter avec attention chacune de ses créations à la recherche de traces de chakra. Ces minces flux d'énergie, à peine perceptibles, exigeaient une observation minutieuse à courte distance pour être décelés. Cependant, à une cinquantaine de mètres de là, émergeait une statue dont l'émanation de chakra semblait bien plus imposante que celle des autres.

Cette figure se dressait à l'opposé de la position de Noboru et Gen’Ichiro, se détachant nettement dans le paysage de la forêt dense.

Alors que Haruko et Tatsuya étaient éloignés de cette découverte, un gémissement s'éleva dans l'air, un appel déchirant à l'aide. Bien que similaire à une créature animale, ce son vibrant transmettait une détresse palpable. Là, à quelques pas, un ourson se débattait dans une situation critique, ses plaintes résonnant à travers les arbres comme un appel urgent à être secouru.

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Pendant que Noboru et Gen’Ichiro se concentraient sur leurs tâches respectives, les yeux aiguisés de l’Hyûga auraient pu détecter, avec un peu d'attention, un amas de chakra presque immobile. Cette masse d'énergie, entremêlée et difficile à discerner, semblait se fondre dans l'environnement, énigmatique et mystérieuse.

Alors que Gen’Ichiro progressait à travers les obstacles de la végétation dense, un buisson dévoila soudain une sculpture de taille humaine. Cette représentation saisissante dépeignait un homme brandissant un sabre, prêt à déclencher une attaque fulgurante, selon le mouvement de base enseigné à tous les disciples de la lignée Fujiwara. La statue, figée dans son élan, semblait dépourvue de vie, ses traits sculptés détaillant l'effort concentré du combattant, mais aucune trace de présence animée ne transparaissait à travers elle.