Eté 83, Pays du Feu - Quelque part à plusieurs heures de marche d’Homura

Je n’avais su cacher ma joie lorsqu’Asami était apparue, comme par enchantement, aux côtés des kirijins de la délégation. Ensorcellement, envoûtement ou sorcellerie ? Aucun des trois. Les coïncidences n'existaient pas. Quant au destin, il n’était pas écrit par avance. J’étais intimement persuadé que nous étions tous maîtres de nos propres vies… Du moins, si chacun se donnait la peine de saisir les opportunités qui se présentaient à lui.

Et mon opportunité, je l’avais saisie.

J’avais écumé les boulevards, rues et ruelles de la capitale jusqu’à mettre la main sur cette Uzumaki. Je comptais sur sa présence en ville pour obtenir ma revanche. Depuis notre dernière entrevue où je m’étais fait éclater la gueule en bonne et due forme, de l’eau avait coulé sous les ponts. J’avais grandi. Du moins, je l’espérais. J’avais durement travaillé en prévision de ce jour-là. J’étais venu avec toute la détermination et le courage dont pouvaient faire preuve un nain dans ces circonstances.

« Prends tout l’temps qu’il t’faut. On n’est plus à ça près… »

Je jetais des coups d'œil dans toutes les directions. Pourquoi avait-elle tenu à ce que nous quittions la capitale ? De plus, je ne pouvais le nier : la distance qui nous séparait d’Homura était suffisamment importante pour que je ne pusse mettre de côté certaines questions. Durant le trajet, j’avais gardé ma bonne humeur et mon entrain habituel à râler sur tout et n’importe quoi. Mon art de converser fut mis à rude épreuve : tout en évitant les sujets qui fâchent, j’avais tenté de rendre le voyage agréable. Toutefois, mon adversaire ne semblait pas éprouver le même enthousiasme que moi face au duel qui nous attendait.

« Dis-moé, Asami… »

Même si je ne comprenais pas réellement les raisons qui la poussaient à agir ainsi, j’estimais la jeune femme depuis notre première rencontre. Elle était ses actes et ne chercherait pas à me nuire volontairement. De ce fait, lorsqu’elle m’avait proposé de faire ça à l’extérieur d’Homura, je n’avais pas hésité un seul instant à accepter.

« … Pourquoi as-tu tenu à t’éloigner aussi… »

Les sons moururent avant que mes lèvres n’aient eu le temps de finir de formuler mes pensées. Mon regard se posa sur la rouquine. L’espace d’un instant, le temps se suspendit.

« La dernière fois, tu n’avais pas pris autant de précautions. Alors… Pourquoé les prendre aujourd’hui ? Qu’est-ce qui a changé d’puis la dernière fois pour que… »

Là encore, je ne finis pas ma phrase. A quoi bon ? Elle seule savait mieux que quiconque ce que cette question impliquait. Elle finit par me tendre un talisman. Je le pris et mon regard se perdit un instant dans sa contemplation. Je finis par le mettre dans l’une des poches intérieures de mon veston.

« J’te remercie pour cette attention. Avec ou sans, j’comptais bien me battre sans aucune retenue… Après tout, je suis un nain. J’ai une réputation à tenir ! »

J’eus quelques instants de réflexion puis, avec un grand sourire, je fis savoir à ma partenaire d’entraînement :

« Puisque nous en sommes au stade des préparatifs, laisse-moé donc te donner un petit coup de main… »

Je fis une série de mûdras et le Royaume sous la Montagne surgit (technique n°01). Des colonnes de différentes tailles se dressaient maintenant au milieu des arbres. Réparties le long de leurs corps, des plateformes de bois, plus ou moins grandes, étaient reliées entre elles par des ponts de cordes et de planches, des passerelles de bois et des échelles de cordes. Au centre du terrain, quatre trônes finement sculptés répartis autour d’un pilier dont la hauteur ne dépassait pas celui de leurs dossiers paradaient fièrement sur une structure carrée, surélevée et pourvue de marches.

« D’puis le temps que je voulais le tester… Tu m’donnes là l’occasion rêvée de le faire ! »

Elle devait s’en douter. La zone était truffée de pièges, mais je n’avais pas encore les techniques pour les activer. J’avais simplement omis de lui faire part de ce détail. Pouvoir jouer avec l’esprit de l’adversaire était, dans mon cas, un atout de taille. En plus des dizaines de tonneaux et de coffres répartis sur l’ensemble de la zone, il existait de nombreuses caches permettant aux marionnettes de se réapprovisionner en armes blanches, parchemins et bombes en tout genre. De nombreuses palissades en bois de différentes tailles et épaisseurs étaient installées aléatoirement sur toute la zone.

« Si tu souhaites manger une partie du terrain, n’hésite pas à le faire… »

Je n’en dis pas plus. Elle savait pertinemment bien de quoi je parlais puisqu’elle m’avait rendu les pièces de l’échiquier du roi salomon aux portes de la ville. D’ailleurs, j’avais remisé cette structure quelque part dans l’atelier. Pour le moment.

« … Mais tu ne partiras pas avec à la fin de l’entraînement. Ce sont MES trésors. Et personne ne touche aux trésors d’un nain sans avoir à en subir les conséquences ! »

Comme demandé par la rouquine, je lançais un kunaï dans les airs. Le plus haut que je pus. Je n’attendis pas qu’il retombe sur le sol pour me faire la malle et utiliser l’environnement à mon avantage. Entre les arbres de la forêt et la structure monumentale du Royaume sous la Montagne, les cachettes ne manquaient pas. J’invoquais alors des clones (technique n°02) et nous partîmes dans trois directions différentes. J’avais appris de mon premier entraînement contre la jeune femme. Je ne la laisserais plus m’approcher aussi facilement…

Résumé: