Un frisson parcouru son dos. Hino se retourna : seul un épais brouillard se dévoila à ses yeux. Aucun bruit et l’odeur d’une humidité persistante. Le poing fermé, Hino continua son chemin vers les dojos d’entraînement. Plus encore que cet environnement hostile, l’absence du soleil la faisait souffrir. La déesse lui manquait ; sa chaleur, sa douceur. Tout en ces terres n’était fraicheur humide et moiteur perpétuelle ; la toute-puissance d’Amaterasu ne pouvait point la réconforter.

Pas après pas, déambulant dans entre les ruelles étroites du centre-ville, Hino vit le brouillard se dissiper. Le poids qui pesait sur son cœur s’allégea ; le village caché de la brume se dévoila. Là, au milieu d’une petite ruelle, elle s’arrêta. Les yeux rivés vers le ciel, bordé par deux petites bâtisses en toit de paille, se tenait Amaterasu.

Immaculée, impérieuse.

Son cœur se mit à battre de plus en plus fort. Son sang pulsa dans ses oreilles. La peur s’évanouit, la force l’envahit.


Un jour on ne peut plus propice pour s’entraîner.

A sa droite, une vielle femme la dépassa.

- Madame. Hino l’interpella. Pouvez-vous m’indiquer les dojos ?

La femme aux cheveux grisonnants s’arrêta, puis se retourna vers elle. Ses traits marqués par le temps ne transpirèrent aucune émotion. Elle ausculta cette étrangère qui ne passait point inaperçu en ces terres, tant par ses traits que par sa tenue, un Kimono fait de blanc et d’or. Sa main se leva, son doigt pointa vers une ruelle à quelques mètres devant Hino, à sa gauche.

- Suivez ce chemin.

Puis elle reprit sa marche.

Hino hocha la tête en signe de respect, bien que sa bienfaitrice n’ait pu le voir, puis suivit ces indications qui la menèrent à bon port.


Un grand bâtiment s’éleva devant elle, duquel parait une multitude de couloirs menant eux même à d’autres bâtiments, ou à des terrains vagues. Nul doute que tant de surface paraissant pour autant vide devait servir de terrain d’entraînement ; jamais encore Hino n’en avait vu de si grand.

Quand elle posa le pas sur le parquet, ce dernier gémit. Un pas après l’autre et comme elle l’avait fait jusqu’alors, Hino déambula jusqu’à tomber devant une salle apparemment vide, à l’exception d’une salle qui n’était occupée que par une jeune femme aux cheveux blonds tel un épi de blé par un jour de printemps. Une jeune femme qui gesticulait et parlait seule.

Comme une folle.

- Toutes les autres salles m’ont l’air prises. Cela vous ne dérangerait pas si je m’entraine ici ?

Demanda-elle avec sérénité.

Surprise, la blonde se retourna brusquement vers Hino. Cette Kunoïchi n’était guère bien sur ses gardes, mais quoi de plus normal dans un lieu aussi familier pour elle que celui-ci.

Ces yeux bleus détaillèrent ses contours. Hino fit de même. Toutes deux s’observèrent, puis d’une simple phrase, la locale accepta sa demande. Leurs regards se croisèrent. Ces pupilles bleues se plongèrent dans le regard solaire de Hino et d’une voix douce, elle se présenta.

- Enchantée, Misaki du clan Yuki.

La méfiance du premier échange s’évanouit.

- Hino, du clan Uzumaki.

Le village caché de la Brume se composait de trois clans majeurs ; le clan Yuki était l’un d’eux. Hino n’en connaissait que peu sur eux, si ce ne fut leur vision pacifiste du monde. Une volonté qui pouvait bien aisément trouver une oreille attentive auprès du clan Uzumaki.

- C’est un honneur pour moi que de rencontrer quelqu’un d’un clan aussi prestigieux que le vôtre.

Un corps sculpté par les entraînements ; un visage aux traits fins, délicats et à la peau pulpeuse. Rares étaient ceux en ce monde qui pouvaient se permettre de s’extraire de la masse, plus encore étaient ceux qui ne le faisait pas seulement à travers leurs apparences, mais aussi à travers leurs actes.

- Je dois aussi vous avouer que je suis curieuse d’observer cette capacité qu’est la votre à maîtriser la glace. Me feriez-vous l’honneur de m’en faire la démonstration ?

Sur ces mots, Misaki se mit à l’œuvre. Elle fit une série de signes incantatoires, dont celui du chien que hino connaissait comme étant celui lié à l’eau, puis de sa bouche cracha de la glace. Se déversant sur le sol, elle se dressa, se métamorphosa en une statue ; une statue au visage familier, car il ne s’agissait nulle autre que d’elle même : Hino.

Hino sourit, flattée par le respect que lui montrait ainsi la Yuki. Ses yeux se fermèrent un instant. Elle prit une profonde inspiration, puis s’approcha de la statue. Ses paupières se rouvrirent.

- Pas une seule aspérité, par une seule imperfection.

La glace était si transparente qu’elle ne laissait pas la lumière entraver son chemin. Hino sourit.

- Tous les membres de votre clan sont-ils aussi doués que vous ?

A la flatterie, Hino répondit par la flatterie.

Ses mains se joignirent, puis sa main droite vint se poser sur la glace. Sa peau colla aussitôt sur cette épaule translucide. Le froid pénétra ses chairs, piqua ses nerfs. Un froid qui fut repoussé par un torrent de chaleur. L’épaule commença à fondre, l’eau gouttant de plus en plus fort sur les lattes de bois qui tapissaient le sol.

La glace et la chaleur, deux pouvoirs que tout opposait. Misaki était parvenue à une prouesse : celle d’attirer sa curiosité.

- Que diriez-vous d’un combat ?

Une affirmation qui se drapa faussement en requête. Ses pupilles d’or se plantèrent dans celles topaze de son interlocutrice. Au fond d’elle-même, l’excitation la gagna peu à peu.
L’excitation du combat, l’excitation de voir le feu et la chaleur tout engloutir.

- Ou plutôt devrai-je dire un entraînement, car il ne serait regrettable que l’une ou l’autre ne finisse blessée.

Une invitation que la maîtresse de la glace accepta. Une maîtresse dont le visage rougit par la gêne trahit une certaine timidité. Ainsi, malgré son aisance sociale, la jeune femme semblait cacher quelque chose derrière cette apparente confiance.

Une confiance qui lui faisait peut-être défaut personnellement, mais qui semblait ne pas l’être quant à ses capacités shinobis. Aussi encouragea-t-elle Hino à combattre sans limites, lui assurant que les médecins soigneurs du village pourraient aisément prendre en charge leur blessure. Rien que le lieu où elle se trouvaient toutes deux : cette pièce faîte de bois et de tissu ; la limitait pourtant. Le feu et la chaleur feraient bien, trop bien affaire ici ; au risque de se faire remarquer de la pire des manières possible, en mettant à feu à et sac le dojo du village.

Hino sourit, ses yeux d’or posés sur Misaki. Son sang bouillonnait dans ses oreilles.

Une brûlure était la pire des blessures. Terriblement douloureuse, difficile à soigner ; celles qu’elle pouvait causer étaient de nature à marquer à vie la chair d’une personne. Hino ne pouvait pas se le permettre, ni en ce lieu, ni envers cette personne. Aussi avait-elle d’ores et déjà décidé de se limiter dans l’utilisation, tant de ses flammes, que de sa chaleur. Cela, cependant, ne gâcherait en rien son plaisir, car il n’existait pas qu’une seule manière de combattre.

Misaki vient se placer au centre de la pièce. Hino fit de même, toutes deux se firent face, cinq mètres les séparant. Misaki lança un kunai dans les airs. Hino se saisit de 3 shurikens.

Le kunai se planta dans le sol. Hino lança aussitôt, de sa main droite, les trois shurikens en arc de cercle : deux par la gauche, le dernier par la droite. Ses deux mains se joignirent et composèrent des signes incantatoires. Sa main gauche vint au niveau de sa bouche. Hino cracha trois boules de feu, droit devant elle, en direction de Misaki. Le deux attaques arriveraient au même moment : Misaki serait acculé des trois fronts.

Si cette dernière reculait, le feu la happerait. Si elle tentait d’esquiver sur la gauche ou la droite, les shurikens viendraient la prendre à revers. Aussi ne pourrait-elle que bondir, ou se protéger. Déjà, Hino prépara la suite et s’arma d’un senbon qu’elle projeta, alors qu’elle était cachée par les flammes, au niveau du cou de Misaki.

Enfin, elle bondit en arrière.

Sa chevelure de feu voleta dans les airs, son regard resta fixé sur sa cible.

résumé:

Misaki cracha plusieurs bulles d’eau, qui virent se placer tout autour d’elle, flottant dans les airs. Les shurikens les traversèrent, mais ne les détruisirent pas. Non, bien au contraires, il furent comme capturés à l’intérieur, puis les bulles explosèrent. Les projectiles tombèrent alors au sol, inertes. Le feu quant à lui fit s’évaporer les dernières bulles, causant un nuage de vapeur d’eau.

Surprise, Hino n’en montra pourtant rien. Jamais encore elle n’avait vu pareil maîtrise de l’eau, s’il s’agissait bel et bien de cela.

Misaki se saisit d’une bombe fumigène, qu’elle fit exploser entre elles. Toutes deux étaient maintenant séparées d’une quinzaine de mètres.

Hino, cachée des yeux de son adversaire par le nuage pourpre qui les interposait, fit apparaître un clone à sa gauche.

Elle lui donna un kunai, puis s’arma elle même d’une dizaine de shurikens, qu’elle jeta tour à tour dans un cône devant elle. Les projectiles s’engouffrèrent dans le nuage, le perçant à de multiples reprises. Comme aspiré, de multiples lignes pourprent s’échappèrent du nuage, le vidant quelque peu de sa substance.
Le clone courut en direction de Misaki – à supposer que celle-ci n’avait pas bougé – brandissant son arme.

Hino quant à elle bondit en arrière et alla se cacher derrière le pilier à sa gauche, derrière elle. Un autre pilier se trouvait alors à sa droite. Au nombre de 8, ils entouraient la pièce rectangulaire que formait cette salle d’entraînement. Tous s’élevaient jusqu’à une charpente faite de piliers de bois, qui liaient les murs de la salle entre eux et aux piliers.

Les yeux plissés, concentrée, elle réduisit son souffle, afin que pas un seul bruit ne puisse la trahir.

résumé: