Profitant de la tranquillité de l’aurore, Kamui se rendit au terrain d’entraînement d’Homura. Il se fit une petite place au centre de quelques arbres aussi grands que majestueux, et avec des feuilles étonnement vertes pour la saison, ainsi que des écorces rugueuses.

Assis en tailleur, son katana posé sur ses jambes à l’horizontale, le samouraï finit par entrer dans une profonde méditation. Ainsi, les yeux fermés, il inspirait et expirait profondément. Rapidement, sa concentration était telle qu’il oublia le monde physique, ne ressentant en effet même pas les flocons de neige qui tombaient sur lui. Quelques volatiles venaient se poser sur sa tête, comme s’ils tentaient de l’alerter, avant d’abandonner et de retourner au chaud dans leurs nids.

Plongé dans son monde intelligible, le Fujiwara se contentait d’observer sans arrêter ni lutter contre ses propres souvenirs et pensées. Tout se défilait dans un ordre chaotique et s’entremêlait avec une incohérence stupéfiante, mais il laissa les choses se passer ainsi sans intervenir. Ainsi, il en apprenait beaucoup plus sur lui, sur ses propres tracas, et devenait à même de mieux gérer ses émotions. En l’occurrence, l’exercice était intéressant, très enrichissant, à n’en point douter, si bien qu’il n’avait même pas fait attention au temps qui défilait.

Lorsqu’il ouvrit enfin les paupières, il se rendit compte, en se fiant à la position du rayon de soleil qui s’efforçait de se frayer chemin à travers les nuages sombres, qu’environ trois heures s’étaient écoulées depuis son arrivé au terrain d’entraînement. Il s’étonnait toujours de cette faculté qu’avait le temps de paraître tantôt long, tantôt court, en fonction des circonstances. La relativité du temps, en voilà un excellent sujet de méditation, finit-il par songer, tandis qu’il se relevait lentement pour se défaire de la neige qui entravait ses jambes.

Alors que le froid semblait avoir choqué quelque peu ses muscles, Kamui parut toute de même résolu à entreprendre une petite activité physique avant de retourner dans sa résidence. Et quoi de mieux pour cela que de suivre le bruit qui provenait à l’extérieur des arbres ? En effet, à en juger par le son qui s’infiltrait à travers les arbres, tout avait l’air d’indiquer qu’une personne était en train de s’adonner à un sérieux entraînement. Sans doute une excellente occasion pour apprendre à mieux connaître les autres. Ainsi, lorsque le samouraï quitta les arbres, il vit la silhouette de la personne qui s’exerçait, un jeune homme ayant à peu près le même âge que lui, peut-être légèrement moins âgé. Katana autour de la taille, il s’avança lentement mais d’un pas serein vers l’individu en question. Il fit l’effort de contourner légèrement sa position pour arriver par son flanc afin que de ne pas le surprendre, afin de lui laisser suffisamment le temps de le voir venir et ne pas perdre en concentration.

« Vous avez l’air de bien vous amusez, jeune homme. » Fit-il, d’un ton calme posé. « Je me présente, Fujiwara Kamui. Est-ce que vous seriez enclin à abandonner ses mannequins pour vous défouler sur ma personne ? » Ajouta -t-il, d’un sourire bienveillant.

Il n’avait pas trop l’habitude d’accoster les gens de la sorte, mais il fallait bien un début. Se mélanger et sociabiliser n’étaient pas son fort aussi, mais il faisait l’effort, il le devait, pour ses parents, pour lui-même et pour bien entendu pour Homura….

Spoiler:

Kanata, ainsi se prénommait le jeune shinobi qui avait décidé d’occuper le terrain d’entraînement à une heure si matinale. Il s’y trouvait aussi sans doute pour se perfectionner, songea Kamui, qui appréciait de voir son interlocuteur ouvert à la discussion, et surtout à un duel, qui pourrait être profitable à tous les deux.

Posant un bref regard sur le katana du samouraï, le Shinobi dégaina dans la foulée des bras métalliques, visiblement déjà dans l’optique de se protéger de l’arme de Kamui. Ainsi, il était déjà dans la projection du combat, une chose qu’appréciait le guerrier à la crinière de lion, qui n’avait de toute évidence pas besoin de motiver davantage son interlocuteur.

« C’est exact. » Finit par rétorquer Kamui, confirmant ainsi son statut de samouraï.

Une chose pas difficile à deviner, surtout lorsqu’on connaissait son nom de famille. Un nom dont il était fier, et dont les siens en étaient davantages, et étaient prêts à tout pour défendre et honorer.

« … Je vais donc tâcher de vous offrir un duel mémorable, Kanata-san. » Ajouta-t-il, en esquissant un léger sourire amical.

Son camarade d’entraînement ne perdit pas de temps pour mettre légèrement de la distance, puis de le saluer, avant de donner le signal de départ. Chose pour la moins inattendue, et à laquelle le samouraï ne s’était pas préparé, pas le moins du monde. En effet, il aurait espéré avoir le temps minimum pour poser son arme et récupérer quelque chose de plus adéquate, comme un bokken en bois. A moins que son adversaire le pensait suffisamment sot pour oser le combattre avec une véritable arme ? Ce qui pourrait expliquer cet empressement et l’envie de prendre le dessus sur lui, avant que les choses ne se compliquent. En réalité, on pouvait trouver bien des explications.

« Vous ne pensez toute de même pas me voir user d’une arme létale dans le cadre d’un entraînement ? » Dit-il, alors que son adversaire lui assénait déjà le premier coup.

Bien que le corps-à-corps à mains nues ne soit pas son fort, il put sans difficulté dévier le premier coup de son adversaire, tandis que son autre main portait son arme, encore dans son fourreau, pour bloquer parfaitement le second coup. Vicieux mais prévisible.

Sourire aux lèvres, il leva la main pour demander un temps mort à son partenaire du jour :

« Juste un instant, je vous prie. » Glissa -t-il, tandis qu’il se dirigea vers l’étagère mis à disposition sur le flanc droit et sur laquelle on pouvait trouver un certain nombre d’armes d’entrainement.

Déposant son véritable arme, il récupéra à la place deux Bokkens en bois. Portant les deux à ses épaules, il se retourna vers son adversaire du jour :

« Faisons simple : un combat à six manches. Le dernier débout remporte le duel. » Proposa -t-il, d’un ton qui pouvait paraître ferme.

Chargeant l’une de ses armes de chakra, il n’attendit pas plus longtemps pour projeter une lame de chakra susceptible de causer bien des dégâts à son partenaire d’entraînement.

Un certain sérieux se laissait sur le visage du samouraï, qui, en dépit du fait que leur duel soit un simple entraînement, avait l’intention de respecter son adversaire et de lui livrer un duel un tant soi peu intéressant, quitte à ce que l’un d’eux ou tous les deux en ressortent avec des dégâts non négligeable. Après tout, un entraînement sans difficulté et sans la moindre blessure était tout sauf un véritable entraînement, c’était du moins ce qu’avait coutume de dire son paternel.  

Ainsi, l’épaisse lame de chakra en forme de croissant fusa sur Kanata et le menaçait sérieusement. En d’autres circonstances, cette technique aurait pu être redoutable, mais ici peut-être que la cible avait suffisamment eu le temps de la voir venir et de s’y préparer en conséquence. Il avait du moins tout intérêt…  

Précisions:

Kamui n’en revenait pas ses yeux.


Son adversaire venait d’annihiler une telle concentration de chakra rien qu’à l’aide de ses bras et brassards métalliques. En outre, il s’en était sorti indemne, même s’il avait été légèrement poussé en arrière. Cela avait de quoi l'impressionné, mais cela signifiait aussi que son adversaire était aussi fort que lui, si ce n’était davantage. Ainsi, d’une certaine façon, Kanata représentait le parfait partenaire d’entraînement, il n’appartenait qu’à Kamui d’en profiter pour en tirer le plus d’enseignements possible.

Reprenant sa concentration, le Fujiwara posait son regard sur les chiens de terre matérialisés par son adversaire et qui menaçaient de s’abattre sur lui. Serein, il les laissa s’approcher et attendit le dernier moment pour s’abaisser légèrement, avant de porter une succession de frappes pour tenter d’anéantir les trois créatures qui en avaient après sa personne. Seulement, les choses ne se passèrent pas tout à fait comme prévu, en effet, alors qu’il exécutait ses coups dont l’une ayant eu raison du premier chien, son arme en bois finit par céder, ouvrant ainsi une faille dans sa garde qu’il ne put combler à temps.

Ceci dit, il s’en sortait toute de même avec peu de dégât, parfaitement supportable pour un guerrier de sa trempe. Mais il oublia une chose importante, quelque chose que même un parfait novice n’aurait pas omis, à savoir : son adversaire. Lorsqu’il le réalisa, il était trop tard… S’efforçant tant bien que mal d’esquiver en sautant vers l’arrière, ses efforts furent vains et il encaissa le coup à plein fouet au niveau de l’épaule. Heureusement, qu’il eut toute de même le réflexe d’initier le début d’une esquive, sans quoi le coup l’aurait probablement frappé sur la tempe, imaginez les conséquences…

Cela ne signifiait pas pour autant qu’il s’en sortit avec moins de dégât, non loin de là. En effet, cette surpuissante frappe l’avait toute de même éjecté quelques mètres plus loin, contre deux mannequins en bois. La véritable douleur résidait en son épaule, qui semblait définitivement hors d’usage pour la suite du combat. Il avait probablement un os fêlé à ce niveau là.

« … J’ai manqué de vigilance… » Fit-il, tandis qu’il s’efforçait tant bien que mal de se relever.

Il avait encore ses deux jambes et son autre main en parfait état pour combattre. Que Kanata soit rassuré, le combat allait reprendre, c’était une certitude.

« Je vous concède cette première manche. » Reprit-il, tandis qu’un filet de chakra venait étreindre son arme pour le renforcer.

Sourire enjoué, il se rua sur son adversaire, l’assaillant cette fois-ci d’une dizaine de coups à l’aide de sa main encore capable, variant par moment avec ses pieds pour compliquer la tâche à son adversaire. Si les coups demeuraient finalement assez faibles, ils avaient au moins le mérite d’instaurer un rythme agréable pour tout spectateur, rythme qui allait probablement croître en intensité au fil des échanges, à n’en point douter…  

Précisions:

Kamui n’en revenait pas ses yeux.

La danse des deux shinobis reprenait des plus belles sous les flocons immaculés. L’avantage était pour le pugiliste, bien que le samouraï à la crinière de lion s’efforçât de réduire l’écart. Son enchaînement fit rapidement mouche, mais il manquait cruellement de puissance pour faire la différence. Chose dont le Fujiwara en avait parfaitement conscience, et c’était évidemment le cas pour son adversaire, qui ne manqua pas une si belle occasion de creuser l’écart avec celui qui se refusait de recourir à son véritable arme.

Ainsi, Kanata attendit la fin de l’enchaînement et profita de l’essoufflement et de la parfaite ouverture dans la garde du samouraï, pour lui placer un uppercut dont il n’était pas prêt d’oublier. La violence du coup était telle que Kamui fut tout proche de perdre conscience. Heureusement, il était endurant et avait une détermination sans faille, ce qui le permit d’avoir le peu de lucidité nécessaire pour hisser aussi rapidement que possible son arme en bois légèrement au-dessus de sa tête. Le coup de coude du pugiliste vint alors mourir sur le bokken, le brisant en mille morceaux, avant de venir caresser le crane du Fujiwara. Bien heureux d’avoir amorti et considérablement réduit la force de ce coup, qui aurait pu lui être fatal, Kamui se retrouva malgré tout au sol, éprouvant visiblement beaucoup de difficulté pour se relever.

Ce n’était pourtant que la deuxième manche, se disait-il, ordonnant à son corps de se relever, refusant catégoriquement de subir pareille humiliation. Il fallait dire que cela faisait bien longtemps qu’il n’avait pas subi pareille correction. D’un autre côté, ce n’était pas comme s’il avait osé prendre un tant soi peu de risques durant ces dernières années. La tragique perte de sa génitrice changea évidemment tout, et cet événement allait sans nul doute lui faire prendre d’autres risques qu’il n’aurait jamais imaginé devoir un jour prendre. Avant d’en arriver à là, il fallait déjà se relever, et terminer ce duel avec un tant soi peu de dignité, songeait-il, ordonnant une nouvelle fois à son corps de se relever.

« …Il… sembl.. » commença -t-il, difficilement. « … Il semblerait que la deuxième manche vous revient également. » Reprit-il, en s’efforçant de bien articuler, tandis qu’il se relevait une nouvelle fois tant bien que mal.

Six manches. C’était ce qu’il avait annoncé. Aussi, ce duel aura d’une façon ou d’une autre six manches, quitte à ce qu’il ne puisse plus ramper à la fin. Quitte à perdre tous ses dents, se disait-il intérieurement.

« … Accordez-moi un instant. » Fit-il, en s’efforçant de reprendre sa respiration.

Il se dirigea de nouveau vers l’étagère et revint avec une nouvelle arme, cette fois-ci en fer, mais ne possédant aucun tranchant. Le regard sur son adversaire, il se demanda un instant ce que son adversaire pouvait penser de sa prestation. Quelle piètre prestation. Aucune honte pour un Fujiwara. Une certaine frustration prenait naissance en son for intérieur, provocant un feu ardent qui se reflétait soudainement dans son regard.

« Considérons que j’ai usé de tous mes jokers. Dorénavant, vous serez le seul disposé à demander deux temps morts, quand bon vous semble. » Fit-il, dans un premier temps, histoire de rééquilibrer la balance. « … Nous pouvons reprendre ! » Ajouta -t-il, en exécutant un mudra.

Son corps s’enflamma sous les yeux de son adversaire, créant ainsi une protection dissuasive contre celui qui n’avait que ses poings comme arme. Cette technique trahissait au moins une chose, à savoir que Kamui craignait particulièrement les frappes de son adversaire. C’était même l’unique raison pour qu’il en use en entraînement.

Chargeant finalement son adversaire, il attendit de se retrouver à moins de cinq mètres pour feinter une frappe, avant de finalement soulever une grosse quantité de neige en vue d’aveugler son adversaire. Il se contenterait même d’une fraction de seconde, tandis qu’il enchaina rapidement avec une lame de chakra pratiquement à bout portant, espérant rattraper un tant soi peu son retard.

Heureusement qu’il n’y avait pas de spectateur, car ce duel prenait de proportions qui dépassaient le simple entraînement. Nul doute que les deux jeunes hommes se feraient sévèrement réprimer s’ils étaient surpris par un des leurs supérieurs…

Précisions:

Bien que peu fan de ce genre de coup bas pour déstabiliser un adversaire, Kamui préférait malgré tout retenir son efficacité.

Profitant finalement de l’ouverture dans la garde de Kanata, il put exécuter efficacement sa lame d’air, qui alla percuter de plein fouet son adversaire du jour. A terre et crachant un peu de sang, son adversaire semblait pour la première fois mesurer la dangerosité de cet amas de chakra en forme de croissant. Il devait sans doute comprendre qu’il n’en pourrait pas encaisser une ou deux de plus sans finir dans un lit de l’hôpital.

Cependant, de l’autre côté, Kamui, en dépit de sa petite victoire qui rééquilibrait légèrement la balance, semblait très mal en point. Essoufflé et souffrant de tous les dégâts subis depuis le début de leur duel, il semblait en effet sur le bord de s’effondrer. Du sang perlait le long de son front, ainsi qu’à l’intérieur de sa bouche, tandis que des vives douleurs parcouraient tout son corps, le forçant à respirer comme un individu sur le point de trépasser. Reculant lentement pour mettre un peu de distance, il songeait à comment est-ce qu’il allait s’y prendre pour poursuivre ce duel. Si ce n’était ni l’envie et la détermination qui lui faisaient défaut, il se rendait à l’évidence que son corps avait atteint ses limites. Il les avait même dépassés.  

« … Trois manches… » Finit-il par répéter à voix basse, après son adversaire, tandis qu’il observait ce dernier manœuvrer pour l’attaquer de nouveau.

Il ne tiendra pas trois manches de plus, c’était une certitude, admit-il, tandis qu’il soupira profondément, saisissant fermement son arme avec sa main encore capable. Ses paupières se fermèrent, alors que Kanata ruait à toute allure sur lui, sans doute cherchant à lui porter le coup fatal.

« … Ce sera très probablement ma dernière… » Fit-il, à voix basse, pendant que son adversaire du jour s’approchait dangereusement de sa position.

Main ferme sur son arme, tous les muscles du corps parfaitement contractés et les dents férocement serrés, du chakra vint de nouveau s’envelopper autour de son arme. Arme qu’il finit par porter jusqu’à dernière son épaule incapable, prêt à frapper d’un moment à un autre. Seulement, en cet instant, Kanata parvint déjà à atteindre sa position, lui portant alors une dernière frappe sauvage au niveau du menton. Exactement au même moment, l’arme de samouraï descendit férocement pour porter une arme en diagonale, de laquelle s’échappa à bout portant une lame de chakra.

Ejecté finalement quelques mètres loin de son adversaire, Kamui se fracassa brutalement contre plusieurs obstacles, avant de s’effondrer, complétement sonné. Un son pour le moins désagréable semblait raisonner dans son crâne, tandis que son corps était quant à lui totalement dépourvu de force. Il semblait pour ainsi dire comme mort, les yeux complétement vides…. Et pourtant, il aurait pu s’éviter cela, en exécutant une défense adéquate. Seulement, sachant qu’il ne pourra probablement rien faire de plus derrière, il préféra cette option, celle qui pourrait aussi mettre son adversaire K.O, quand bien même la victoire lui reviendrait…

Spoiler:

La nuit tombait.

Il faisait particulièrement sombre dans la forêt où le samouraï semblait s’être égaré. En réalité, il ignorait totalement la raison pour laquelle il errait dans cette jungle. Il ne se souvenait pas non plus de ce qu’il avait pu faire plus tôt, avant de se retrouver entouré par ces grands et majestueux chênes. Il avait beau creuser, rien ne lui revenait. Cela avait naturellement le don de l’agacer, en plus de le mettre particulièrement mal à l’aise...

De toute évidence, rien ne pouvait lui arriver, s’efforçait-il de s’en convaincre, en portant sa main sur son katana. Aussi, sans perdre d’avantage de temps, il commença par s’enfoncer davantage dans la jungle, faisant particulièrement attention à là où il mettait les pieds. Ainsi, plus il s’enfonçait, plus l’air devenait lourd et humide, et ses sens se mettaient en alerte. Décidé, il poursuivait son incursion, tandis que de la brume commençait à se former tout autour de lui, venant lui compliquer davantage la tâche.

Il ne comprenait rien, mais il poursuivait malgré tout son exploration. Finalement, quelques instants plus tard, il crut aperçoit une silhouette humaine se déplaçant dans la brume. Intrigué, il se lança la poursuivre de ce qui avait tout l’air d’une chimère. Ainsi, il contourna les obstacles qui se dressaient face à lui, sans jamais se faire distancer par la silhouette de celui qui avait tout l’air d’un homme. Le physique d’un homme, cela ne faisait pas l’ombre d’un doute pour Kamui. Mieux, il put même identifier des armes autour de la taille de ce mystérieux individus, qui, soudainement, se mit à s’arrêter, s’installant sur la terre ferme et humide.
En tailleur, il semblait s’adonner à une méditation, visiblement ne se souciant absolument pas de la présence du samouraï derrière lui. Profitant ainsi de cette occasion en or, le Genin à la crinière de lion arriva derrière l’homme à la chevelure blonde, déposant délicatement sa main sur son épaule pour l’interpeller. Alors que l’individu semblait se retourner pour montrer son visage à Kamui, tout se figea, tandis que Kamui semblait absorbé dans un spectaculaire vortex…




« C’est un rêve ?! » Fit-il, à voix basse, lorsqu’il arriva à la réalité.

Quel désagréable sentiment que celui d’être extirpé de ses songes au moment où l’on pensait justement mettre la main sur quelque chose, songea -t-il, tandis que son regard croisait celui de son adversaire d’entraînement, Kanata. Ainsi, c’était la voix du pugiliste qui l’amena à la réalité, une réalité dont il se serait bien passé, tant il souffrait le martyre. Sans compter le goût de cette défaite, surtout pour lui qui, en principe, réussissait plutôt bien tout ce qu’il entreprenait.

Quoi qu’il en fût, il s’efforça de garder la tête haute, faisant tant bien que mal abstraction de la douleur physique.

« … Vous l’avez mérité, toutes mes félicitations. » Finit-il par glisser, reconnaissant sans difficulté les mérites de son partenaire d’entraînement.  

Il ne broncha pas immédiatement lorsque Kanata loua sa technique de lame d’air. Il voyait en effet toutes les lacunes de la technique, qu’il devra corriger pour la faire, afin d’égaler certains membres de son clan. Et au-delà de cette technique basique, il avait encore beaucoup à apprendre, ainsi que de nombreuses lacunes à corriger.

« … Effectivement, vous êtes résistants, je vous l’accorde. J’imagine que c’est le fruit d’années de labeur ? » Finit-il par demander, même si la réponse lui paraissait évidente.

Il tenta tant bien que mal de se redresser, adoptant ainsi une posture en tailleur, en dépit de toute la souffrance qu’endurait son corps. Souffrance qu’il s’efforçait difficilement de gommer de son visage.

« … C’est la première fois que je subis des poings aussi douloureux. Ce qui me fait penser que je suis encore très loin du niveau qui me permettrait de défendre notre cité. Dites-moi, Kanata-san, où est-ce que vous vous situez dans notre hiérarchie militaire ? » Demanda -t-il, afin d’en savoir plus sur celui qui l’avait vaincu.

Spoiler:

…

« C’est bon à savoir. Sachez toutefois que, la prochaine fois, la victoire sera mienne. »  Glissa Kamui, sur un ton amusé.

Malgré le ton un tantinet sarcastique, il ne pensait pas moins ce qu’il disait. Il savait toutefois que ce ne sera pas simple, et que pour y parvenir il se devait d’intensifier ses entraînements et de répéter ses efforts.  Il n’y avait en effet pas de solution miracle, si ce n’était les efforts et la détermination. En fin de compte, ce petit duel avec Kanata lui avait apporté bien plus qu’on ne pourrait le penser. Peut-être était-ce le cas aussi pour le victorieux, qui commença à lui en dire un peu plus sur sa personne.

Ainsi, le Genin confia avoir découvert sa passion pour le combat très tôt, lorsqu’il était encore dans un orphelinat. Ce qui était plutôt bon à savoir, songeait Kamui, qui comprenait désormais mieux la force et la résistance de son rival. Alors que ce dernier s’efforçait de convaincre le samouraï qu’il était aussi bon que lui, le Fujiwara ne semblait pas tout à fait convaincu. Mais, en réalité, cela importait peu, se dit-il, tandis qu’il songeait vaguement au plan que sa génitrice avait tracé pour lui. Il était encore loin de cet objectif, celui qui permettrait de faire partie de l’élite et de pouvoir défendre fièrement son village. Mais tout n’était plus qu’une question de temps, se dit-il, avant de reporter son attention sur son camarade et les questions qu’il lui posait.

« Combattre sérieusement ? Sans recevoir la moindre assistance ? Non, jamais ! J’ai certes connu des moments délicats, où ma vie était en jeu, sans doute comme beaucoup d’entre nous, mais j’ai toujours eu l’aide pour m’en sortir. » Fit-il, en toute franchise, sans même prendre la peine de réfléchir.

Souriant à l’annonce de l’objectif de son partenaire, il ne put s’empêcher de creuser un peu plus :

« Ce n’est pas le plus simple des objectifs, mais cela vaut la peine de se battre pour, je vous l’accorde. Et d’où vous vient cette motivation ? Souhaitez vous prouver quelque chose à quelqu’un ou à vous-même ? » Demanda -t-il, par curiosité. « Je suis peut-être le premier Fujiwara que vous rencontrez, mais je ne serai certainement pas le dernier. » Reprit-il, d’un sourire amical.

Une légère pause, puis il enchaîna :

« Quant à mon objectif : j’espère faire partie de l’élite de notre village et avoir suffisamment du poids pour unir les clans fondateurs. La paix et la stabilité de notre pays et celle de toute la région en dépendent… » Conclut-il, d’un air on ne peut plus songeur.  

Le samouraï opina de la tête.

Il était toute de même surpris que son camarade n’eut jamais eu à faire face à la mort. Ceci dit, ce n’était pas plus mal, même s’il devait désormais savoir que ce n’était plus qu’une question de temps, surtout compte tenu de la voie dans laquelle il s’était engagé.

Quoi qu’il en fût, le Genin confia au Fujiwara ce qui l’animait, la raison qui le poussait à vouloir devenir le plus fort. Et même si ce n’était pas tout à fait clair pour le samouraï, il avait toute de même l’impression de comprendre les motivations de Kanata.

Arriva finalement le moment pour les deux hommes de se séparer. Ce fut Kanata qui s’en alla le premier, visiblement pressé de panser ses blessures, sans doute pour mieux se remettre et revenir à nouveau s’entraîner. Ainsi, Kamui le salua d’un signe de tête accompagné d’un sourire amical, avant de s’effondrer sur le sol du terrain d’entraînement.

Il semblait bien trop fatigué pour se déplacer jusqu’au domaine des Fujiwara. Ainsi, il resta allongé au sol pendant un moment, profitant pour roupiller un peu dans l’espoir de retrouver un tant soi peu de force au réveil.

Seulement, quelques heures plus tard, au réveil, il eut la drôle de surprise de se voir sur un lit d’hôpital, les mains et les pieds menottés pour l’empêcher de s’éclipser. Il s’interrogeait sur la personne qui l’avait ramené jusqu’à ici, sans développer l’ombre d’une idée. Roulant des yeux, il cherchait désespérément quelqu’un qui pourrait lui donner des explications, en vain.

Il restait attaché dans cette pièce de l’hôpital de la capitale, la porte fermée, tandis que le temps s’écoulait sans que personne ne vienne frapper à sa porte. Se faisant à l’idée qu’il n’aurait pas d’explications dans l’immédiat, il se résolu à fermer les yeux et méditer. C’était la seule façon pour lui de calmer son esprit et de ne pas perdre inutilement du temps et de l’énergie.

Finalement, c’était en début de soirée que sa porte s’ouvrit, une infirmière venait tourner autour de lui pour procéder visiblement à quelques vérifications.

« Que s’est-il passé pour que les garde vous retrouve dans cet état ? Encore un peu et vous auriez pu y passer, hein. On vous a retrouver avec plusieurs côtes cassées et une hémorragie interne qui aurait pu vous être fatale… Alala les Genins, vous ne réfléchissez donc jamais ?! » Fit l’infirmière, qui prenait le soin de changer ses pansements. « Comment vous sentez vous désormais ? » Demanda -t-elle.

D’abord silencieux, le Fujiwara finit par retroquer :

« Bien. Je vous remercie pour les soins. J’étais donc dans un si piteux état ? Je ne l’ai pas vécu ainsi, cela signifie donc que mon corps commence à s’habituer à la douleur…C’est formidable ! » Glissa -t-il, d’un sourire qui exaspérait visiblement l’infirmière.

….

Spoiler: