▶ Sujet: Re: Devenir le meilleur dresseur
Des traces d'encre noirs souillent le sol. Non, elles l'embellissent avec différents motifs circulaires et rectilignes. L'artiste kumojin reproduit avec fidélité le brouillon que l'Inuzuka lui a donné. Autour de son oeuvre scintillent des bougies qui témoignent à la cire qu'elles ont perdue sur le sol du temps qu'elle y a consacré. Momoko s'applique comme elle s'est appliquée à préparer son sac. S'il fallait se préparer à la mort, elle préférait au moins l'être
littéralement. Près de ses deux katanas, le grand frère et le petit frère, gît le sac contenant quelques vivres et ustensiles shinobis.
Après plusieurs heures de préparation, de malaxage de chakra et d'hésitation, Momoko se mit enfin à incanter. Oiseau, rat, serpent, tigre, dragon puis mouton, une belle ménagerie qui provoqua subitement un bruit sourd accompagné d'une fumée tout aussi soudaine et épaisse.
La jeune genin passa par tout un tas de sentiment et d'état. Pour la plupart très désagréable : nausée, vertige, euphorie, épuisement... Et puis... Un sentiment de chute. Non, une vraie chute verbalisée par un cri d'effroi :
"Wooooooooooooah !" Plusieurs volatiles s'envolèrent au moment où le cri de Momoko retentit. C'est la dernière chose qu'elle put percevoir avant de perdre brusquement connaissance.
Téléportée dans un endroit inconnu et mystérieux, avec la sensation d'avoir parcouru le tour du monde, elle se réveilla en panique face à une forêt dense et marécageuse. Un mal de crâne trouble sa vision et ce qu'elle s'auto-diagnostique comme une côte fêlée bride sa respiration. Le plus désagréable dans tout cela ? Le ressenti d'un épuisement complet et total de tout son être. Momoko se sent vidée de toute énergie et notamment de son chakra.
Malgré tout, elle finit par remarquer l'abondance de la flore qui l'entoure et qui s'étend à perte de vue. Ou est-ce que cette végétation l'empêche justement de voir loin ? Les arbres de ce marécage sont immenses et touffus, leurs troncs sont recouverts de lianes et de mousses diverses et multicolores. Les feuilles forment une canopée dense qui ne laissent filtrer que de rares rayons lunaires. La visibilité est réduite et l'angoisse commence à monter.
Le sol quant à lui est jonché de feuilles mortes et de branches cassées. Momoko en conclut qu'il s'agit des matelas qui ont amorti sa chute. Une fois levée elle remarque dès son premier pas que l'humidité règne ici en maître et surtout dans la chaussette qu'elle vient de tremper dans un trou d'eau. Des plantes aquatiques émergent des eaux stagnantes et même parfois de ce qui ressemble pourtant à un sol dur. Les troncs des arbres et les rochers sont également affublés de ces algues envahissantes. Les fleurs, en revanche, sont d'une variété infinie : des orchidées aux couleurs éclatantes, des nénuphars qui flottent à la surface des mares, des roseaux qui ploient mais ne rompent point...
La jeune femme, à la fois émerveillée et effrayée par la beauté de cette nature sauvage, s'avance tout de même d'un pas lent et vigilant : chaque pas est mesuré et réfléchi. Elle observe avec fascination -ainsi qu'une certaine distance !- les différentes espèces de reptiles qui s'entrelacent et se mélangent de manière harmonieuse. Elle voit des plantes carnivores démesurée qui attendent patiemment l'erreur d'un faux pas, des arbustes aux feuilles en forme de griffes prêts à l'empoisonner et des arbres aux racines noueuses qui, en flottant au-dessus d'elle, semblent vouloir l'étouffer.
"Putain... Je suis où !?.." balance-t-elle à voix haute.
Tout près, une réponse se fait entendre : un croassement dégueulasse qui la fait sursauter. Au loin, des oiseaux commencent à chanter avec leur rire moqueur. Derrière son dos, des insectes qui se mettent à bourdonner. Tandis que des libellules vrombissent comme des flèches, la nature se met elle aussi à faire crisper ses feuilles. Momoko, elle, a démarré une course effrénée. Sa participation à la chorale se résume à un souffle court et haletant, ne communiquant rien d'autre que sa panique.
Soudain, quelque chose de lourd la fauche. Le choc est tellement violent qu'elle virevolte avant de s'écraser lourdement à terre. Une douleur sur son flanc la lance avant qu'elle ne se rende compte de la douleur progressive qui arrive de ses jambes. Elle gémit. Se tord de douleur. Reprend du courage et dégaine son sabre avant de le pointer dans une direction aléatoire.
En se redressant, elle le voit allongé au sol : le con de mammifère qui lui est rentré dedans. La kenjutsu-iste pointe son épée vers lui avant de se relever péniblement.
"Bordel... J'vais avoir un bleu..." s'exprime-t-elle en se tenant les côtes de sa main valide.
Momoko se met alors à observer la bête qui git devant elle. Son abdomen vibre faiblement, l'animal respire encore. La kumojin hésite à l'achever pendant qu'il est affaibli, c'est un sacré bestiau qui ferait un bon repas. Après quelques secondes d'hésitation, elle se résout à le faire mais quelque chose la retient. Alors qu'elle s'approche, Momoko remarque en effet quelque chose qui n'est pas anodin : l'animal pleure et se retient de sangloter.
La sabreuse émet un souffle particulier, témoignant une certaine stupéfaction. Le stress commence de nouveau à l'assaillir. C'est l'éclat en sanglot de l'animal qui l'extirpe finalement de l'angoisse montante.
"Pardon !!! Pardon !!! Je t'avais pas vu, excuse-moi, j'ai pas fait exprès !" exprime-t-il entre plusieurs pleurs.
"Vous m'avez fait peur !"Momoko sursaute un pas en arrière et se pince les lèvres.
"Putain !! P-Pourquoi tu parles ?.. s'exprime-t-elle violemment.
L'animal arrête net de pleurer. Un malaise s'installe où seuls les grillons continuent leurs stridulations. Le vent souffle le long du visage de Momoko alors que celle-ci est en train de décider si oui ou non elle doit abattre son sabre. Elle comprend qu'il est déjà trop tard alors que son interlocuteur se relève : la genin n'a plus la force de lui courir après ou d'engager un quelconque combat.
"Et toi... Pourquoi vous parlez ?"Momoko fixait le sanglier avec un regard confus. Ses yeux n'étaient pas sans mépris.