Toute ninja qu’elle était, Hino, en ces terres, était avant tout une étrangère. Une jeune femme qui venait d’ailleurs, que l’on regardait avec insistance dans les rues ; parfois, que l’on fuyait. Sa crinière rousse et ses pupilles d’or ne passaient en effet pas inaperçues.

Afin de se faire un nom, une réputation, Hino devait accepter des missions et quêtes inférieures à sa personne. Telle fut celle qu’elle avait acceptée de mener à bien en ce jour : une basse besogne qui consistait à calmer le propriétaire d’un chat, voir peut-être, à le retrouver.
Un chat.
Les gens pouvaient s’enticher des bêtes les plus basiques et sottes, trouvant du réconfort qui les extrayait de leur pitoyable vie d’êtres faibles et sans pouvoirs.

Un pas après l’autre, l’air nonchalant, Hino s’approcha de ce jeune homme qui collait à la description que l’on avait fait de celui qui chapeauterait cette mission. Un jeune Kirijin, un Yuki, cousin ou cousine – elle supposait – de Misaki.

Ses pupilles solaires se posèrent sur ce cette chevelure blonde qui dévoila un visage juvénile. Blasé, Hino n’en montra pour autant aucun signe. Surplombant cette épaule, partiellement couverte par une écharpe aux couleurs de l’eau, Hino découvrit entre les mains de ce Yuki l’estampe d’un chat on ne peut plus commun.
L’objet de la mission n’imposait pas la recherche de ce chat, mais cela lui serait favorable, tout du moins l’espérait-elle.

- C'est ce chat ?

Sa voix calme et posée résonna.

- Je suis Hino, Uzumaki Hino. Vous êtes bien le Yuki qui se charge de cette mission ?

Son attention fut ensuite attirée par un vieil homme au teint tanné, dont l’agitation et le mécontentement attirait nombre de regards.

- Est-ce le chat de cet homme ? répéta-t-elle.

Ses complaintes semblaient en effet se concentrer sur l’inaction du village à retrouver son bien aimé chat.

Hino ne comprenait pas que l’on puisse faire du bruit une telle chose, qu’ils soit à soi ou au voisin. Comment pouvait-on s’enticher d’un être aussi… limité ?

Celui qui se présenta sous le nom de Yuki Mamoru l’invita à aller à la rencontre de cet homme aux traits carrés et aux sourcils proéminents. Il ressemblait à s’en méprendre aux représentations que l’on pouvait voir de certains des premiers hommes. A croire que certains d’entre eux n’avait pas évolués depuis.

Hino se contenta de le suivre, puis écouta les élucubrations de cet homme qui n’avait même pas pris la peine de se présenter, mais qui se répandait et plaintes et complaintes. Tout un chacun devait contribuer à sa manière aux rouages de ce monde. Quoi de bien étonnant à ce qu’un être limité comme lui fasse un travail tout aussi limité ? Le fait qu’il n’eut ni femme ni enfant sonna comme une bénédiction aux oreilles de la jeune femme : ainsi sa lignée dégénérée ne pourrait  se répandre.
Le visage de Mamoru trahit son exaspération. Ses mots tranchants telle la lame de son sabre, pouvait pourtant être trompeur.

Il indiqua à cet homme que, contrairement à ses dires, le village avait bel et bien pris en compte ses demandes, puis dans un murmure, demanda à Hino s’il existait une méthode pour retrouver un chat disparu, ce à quoi elle répondit en arquant un sourcil, puis en pouffant.

- De la même manière que l’on cherche un Yokai ou un homme : on commence par là où il a été vu la dernière fois, ou par là où il a l’habitude de traîner, puis on remonte la piste.

Hino se dirigea de l’homme qui, voyant la rouquine s’approcher de lui, eut l’air méfiant.

- Je suis Hino Uzumaki et le Kirjine que vous voyez là est Mamoru Yuki. Deux ninjas des clans les plus prestigieux ont été dépêchés pour retrouver votre compagnon.

Parlant avec prudence afin que ses paroles ne soient audibles que de l’homme, elle continua.

- Aussi, comprenez que votre village a pris les mesures nécessaires. Dit-elle avec le plus grand des sérieux.

Les sourcils froncés, l’homme douta de sa parole. Pour autant, l’argument d’autorité qu’elle venait de faire usage fit mouche.

- Où est-ce que vous avez vu votre chat pour la dernière fois ?

- Il n’est pas rentré à la maison comme il fait d’habitude le soir… Donc je ne sais pas ! Et c’est votre travail de…

- Pouvez-vous nous dire par où il traîne d’habitude ? Lui demanda-t-elle, en coupant net l’homme dans son élan.

Ce dernier se renfrogna puis, après quelques secondes, les invita à le suivre.

Hino suivit ses pas. Ce dos carré qui occupa son paysage les conduisit jusqu’à un parc entouré par des bâtisses cosy, elles mêmes séparées de la rue par des murets.
Le parc se composa de trois arbres qui délimitaient un cercle, où poussait en son sein plusieurs bosquets, soigneusement taillés. Tout  autour, un chemin dessina un second cercle, plus gros, duquel partait multitudes d’autres chemins qui serpentaient vers l’extérieur. Le sol, recouvert de gravillons, était lui aussi soigneusement entretenu.  Des enfants jouaient là, à quelques mètres d’eux, dessinant sur un mur, tandis qu’un autre groupe de trois filles jouaient quant à elles avec des petites billes en bois.

Hino leva les yeux au ciel. La légère brise qui venait de lui caresser la joue lui fit comprendre que la pluie ne tarderait pas à tomber. Les épais et sombres nuages qui venaient de l’ouest confirmèrent son sentiment. S’il se mettait à pleuvoir, l’animal – s’il était encore en vie et libre – se cacherait et serait d’autant plus difficile à trouver. Aussi devaient-ils faire vite.

- Merci pour ces indications. Vous devriez retourner chez vous, la pluie guette. Nous allons rester là et rechercher votre chat. Dit-elle d’un ton posé.

Elle se rapprocha de Mamoru, puis se saisit de l’estampe qu’il avait du chat, avant de se diriger vers les trois petites filles en quêtes d’informations.