Cela faisait environ une semaine que vous étiez tous rentrés, ou non, de vos missions respectives. Le temps laissé par les autorités vous permettaient à tous de vous remettre de vos tracas en tout genre, qu'ils soient psychologiques ou physiques. Les blessés parmi vous durent faire un tour par l'hôpital, escale obligatoire d'une part pour vous soigner mais également pour analyser les blessures. Mais vous vous étiez aussi confrontés à une problématique que vous n'aviez jamais rencontré dans votre vie de shinobi : vous aviez pour certains vu des criminels qui étaient responsables de l'assassinat de trois membres très importants des clans Kaguya, Yuki et Sabreurs, dont un utilisant un art shinobi dont vous n'aviez jamais soupçonné l'existence, et pour d'autres vous aviez croisé un Yokai terrifiant qui avait avalé votre Chuunin d'une facilité déconcertante après l'avoir tué sûrement tout aussi simplement. Le pire dans tout cela devait être qu'au final, aucun mystère n'avait été élucidé, vous n'aviez pas réussi à en apprendre plus que cela sur les raisons de la désertion ou encore sur la situation qui les avait mené tous les trois à être assassinés... et sûrement que cela pouvait vous laisser un goût amer en bouche.

Depuis votre retour, rien n'avait été entrepris dans les forêts de Mizu. Les civils se paralysaient et n'osaient plus sortir hors de la ville, les marchands se voulaient d'autant plus terrorisés et avaient besoin d'être constamment escortés par des autorités puissantes capables de les conduire aux villages voisins, en évitant habilement les lieux à risques. Le corps de tous les civils décédés jonchaient encore les herbes de vos forêts, comme les Yokai que vous aviez tué et dont le corps, souvent découpé, reposait calmement sur sa petite mare de sang maintenu humide par le climat. Il n'y avait que les trois corps des personnalités qui reposaient pour chacun dans une chambre de l'hôpital de Kiri, une chambre à laquelle vous n'aviez pas accès mais qui permettait aux agents de mener l'enquête à leur tour sur la situation. Peut-être qu'avec une demande, vous pourriez les accompagner.

A ce jour, vous reçûtes tous une convocation de la part de la Mizukage ainsi que de la part des chefs de chacun des trois clans. Vous saviez que leur journée était entièrement réservée à cela et que vous pourriez arriver à toute heure, seuls ou accompagnés, mais vous saviez surtout la raison pour laquelle cette convocation était obligatoire : vous aviez votre devoir de shinobi à accomplir et il était incontournable que vous fassiez votre rapport sur les événements. Nul doute également que selon ce que vous apportiez comme information, les autorités seraient aptes à jauger de votre fidélité à la Brume.

Mais là était également l'opportunité pour vous de poser des questions aux responsables de votre missive. Peut-être était-il logique que vous en appreniez un peu plus sur la situation, car même si vous n'étiez que des Genin, vous étiez ceux qui s'étaient ligués contre des antagonistes effrayants... sûrement ceux qui mettraient l'équilibre du Yuusei à mal.

Il ne vous restait qu'à faire votre travail.

Convocations Officielles

Feat

Personne

Lorsque vous entrèrent dans l'antichambre où se décidait l'avenir de l'Eau, une sensation étrange vous épris : et pour cause, certaines fenêtres de bois avaient été laissées délibérément entre ouvertes pour laisser passer l'égide de la Brume qui atteignait jusqu'aux hauteurs de la tour de la Mizukage. Cette Brume même qui avait valu à ce village son surnom sanglant, tant elle assiégeait et meurtrissait tous les offenseurs qui allaient à l'encontre des intérêts de l'Eau – un doux soupir mêlé d'une menace subtile, signifiant sans détour que si l'un de vous avait quelque chose à se reprocher, mieux valait l'avouer ici et maintenant. Elle se mêlait, doucement, aux effluves d'encens et de plantes infusées dans une théière d'argile. Là, au centre de la pièce, vous apparaissait une table baisse dont les lames boisées paraissaient finement huilées et entretenue : à son sommet trônait tous ces objets, ainsi qu'un jeu de go refermé avec méticulosité dans son carcan sur le côté. Deux bougies encadraient les flancs de la table, parfaitement centrés sur les largeurs. Un seul coussin de paille était disposé sur le sol, révoqué par une silhouette loin de vous être familière, mais on-ne-peut-plus connue à travers ces terres : celle d'Hadо̄ Oboroge, la Shodaime Mizukage.

Hadо̄ Oboroge,
Shodaime Mizukage

Elle ne parut pas s'attarder sur votre entrée, ni vous adresser un regard : au lieu de cela, ses mains avaient empoigné avec délicatesse la théière, sa dextre tenant la hanse pendant que sa senestre maintenait son couvercle fermé. Seul le son du thé versé fit écho à vos pas, dans un silence qui ne pouvait laisser transparaître que le respect mêlé de crainte qui siégeait en ces lieux : et pour cause, les deux chefs de clan et Seidо̄ Imifumei se tenaient à ses côtés, disposés les uns face aux autres près de l'entrée – comme s'ils formaient un corridor entre vous et la maîtresse de la Brume. Yuki Zenryо̄ se tenait seul de son côté, plus rapproché de la table de la Mizukage que les autres – une place privilégiée – tandis que Kaguya Taosu et le sabreur siégeaient à l'opposé.

Seidо̄ Imifumei, Sabreur émérite de la Brume

Kaguya Taosu, Cheffe du clan Kaguya

Yuki Zenryо̄, Chef du clan Yuki

Aucun ne dit mot, ni ne bougea. Le son de la théière que l'on reposait sur son socle ponctua une nouvelle fois ce calme processionnaire... jusqu'à ce que le regard de la grande Oboroge ne fende vos silhouettes pour se planter sur celle de Kikyou Utari, stoppant chacun de ses gestes. Vous la vîmes maintenir son attention de ses traits l'espace de quelques secondes avant de s'y raviser, tandis qu'une ombre se glissait à ses côtés à en faire danser la flamme des bougies. La femme lui murmura quelques mots : « Rokkaku Sora est absent. Trouvez-le. », et, aussi vite qu'elle fut arrivée, l'ombre quitta les lieux sans laisser de traces.

« Je vous prie d'excuser l'absence de Yuki Eiichiro, Shodaime. J'ai dû me référer à lui pour un autre devoir : son rapport se tient dans mes mots de plus tôt.
— Entendu. », souffla-t-elle en croisant ses mains devant son visage, légèrement sous son menton tandis qu'elle toisait enfin cette foule de Genin venus s'acquitter de leur devoir.

Chacun lui tint le récit de ses actes, tour à tour : certains le firent avec plus d'attention que d'autres en convoquant l'esprit de défunts ou en édifiant un portrait de leurs suspects grâce à leurs dons de gel. D'autres avouaient leur couardise tandis que leurs confrères affirmaient leur désir de venger honteusement leurs confrères pour s'engager dans la traque de ce Yokai. L'une d'entre vous trahissait par son simple regard ce que la droiture de l'un de ses confrères susurrait tout autant : le vide imposé par le devoir d'une vie sans but. Les meilleurs soldats étaient faits de cette orfèvre ; et si elle se tut, son impertinence n'empêcha pas d'arracher un rictus à l'Oboroge. Comme à s'y attendre, les membres du clan de la glace avaient hérité de la loyauté révérencieuse de leurs chefs – à se demander si elle n'était pas ancrée dans leurs veines – tandis que les enfants des os se faisaient plus distants, incertains. La Mizukage mit fin à ces rapports lorsque le clone de l'un d'entre eux explosa après avoir débité sa tirade macabre ; elle ne parut ni surprise, ni inquiète. Se tenir en ces lieux semblait lui apporter toute la confiance dont elle avait besoin : elle ne craignait ni la Brume meurtrière qui avait emplit ces murs, ni le départ de l'un des leurs.

« C'est un honneur de voir l'ensemble des Sabreurs rassemblés ici. Asakura Washirо̄ ; je vous remercie pour votre rapport on-ne-peut-plus complet. Je vois que votre maîtrise de Misasagi s'affine – elle sera plus qu'utile à la Brume à terme. »

Sa poigne entoura doucement son verre dont la chaleur s'était tamisée lors de leurs discours, se délectant d'une gorgée avant de poursuivre :

« La menace qu'ils représentaient a été sous-estimée par certaines de nos forces. Voilà pourquoi seuls des Genin ont été appelés. Rassure-toi, ils n'auront plus l'occasion de se tromper. », laissa-t-elle sous-entendre quant au devenir de ces « sources », quand bien même quelque chose vous parut étrange : était-il vraiment possible qu'ils se soient si lourdement trompés ?. « J'attends toutefois de vous autant que les autres enfants de la Brume : il était nécessaire de faire vos armes sur de telles situations. Si je regrette la mort d'Otone Kaguya, elle n'est que la preuve de sa faiblesse ou de son manque de discernement. »

Un rictus amer traversa les traits de Kaguya Taosu – mais la voix de Seidо̄ Imifuei s'éleva avant qu'elle ne put réagir.

« Washirо̄, j’aimerais m'attarder sur cet esprit renfermé au sein de Misasagi. Une étude plus approfondie dans le domaine des Sabreurs nous permettrait peut-être d'en tirer davantage d'informations. », son regard s'attarda sur la silhouette du jeune Gon, amusé par sa question. Il lui répondit à son tour, avec un sourire : « Malheureusement non, mon sabre ne me permet pas ce pouvoir. Je pourrais toutefois faire pour l'un des trois cadavres... Voudrais-tu m'accompagner ?
— Les hauts gradés se chargeront d'inspecter les lieux, Bankichi. Peut-être pourrions-nous poursuivre si ce cher Imifumei en a terminé de remplir son agenda ? »

L'intéressé lui décocha un regard dont il vous sembla impossible d'en discerner l'émotion. Colère, gêne ou humilité – aucun indice ne pouvait vous y aider. Il finit par déclarer, d'une voix posée accompagnée d'un sourire :

« Haha... toutes mes excuses. »

La Mizukage les observa un instant, avant de reporter son attention sur un autre sabreur : celui maniant le soleil.

« Arakan. Sache que comme l'a mentionné Kaguya Taosu, les troupes de l'Eau iront inspecter les lieux avant que qui que ce soit ne soit envoyé – bien que ta hâte t'honore. Tu seras tenu au courant si une opération se tient pour supprimer ces... petites larves. Sans doute que cela permettra d'affaiblir ce Yokai qui s'est invité sur nos terres. Je tiens également à souligner le courage de l'une d'entre vous – avance-toi, Meian. La peur ne t'a pas atteinte : c'est une qualité que j'apprécie d'autant plus chez les enfants de l'Eau quand elle n'a pas été inculquée. Quant au clan Yuki... », son attention glissa sur Zenryо̄, puis sur la jeune Misaki. « Je te remercie pour ta participation exemplaire, Yuki Misaki ; tu honores ton clan. Ces créations de glace nous seront utile pour les appréhender dans le futur.. »

Zenryо̄ prit la suite de la Shodaime, en lançant un coup d'œil à Mamoru.

« Nous ignorons tout de l'identité de ce Yokai. Quant aux villageois dont la vie a pu être sauvée, ceux-ci ont pu retrouver le chemin de leur foyer ; en ce qui concerne les blessés, nous pouvons affirmer que tout est rentré dans l'ordre. Nous avons pu récupérer des informations primordiales pour la Brume grâce à eux. »

Kaguya Taosu fit claquer sa langue contre son palais – elle abhorrait le comportement digne d'un lèche-cul de ces Yuki.

« Grande Shodaime, au sujet de ce genin...
— Laissez-le crever à Arashi. S'il a voulu y aller, qu'il y reste., siffla Kaguya Taosu.
— Il pourrait être fait prisonnier par d'autres puissances sur son chemin. Il n'est pas sûr de le laisser vagabonder ainsi. »

La Mizukage reposa sa tasse sur la table, faisant taire toutes les discussions. Elle patienta un moment, son regard plongé dans les effluves d'encens.

« La Brume se chargera de lui s'il compte nous nuire. Je ne pense pas avoir besoin de vous rappeler le sort qui attend tous ceux qui s'en prennent à notre Cité : ses intentions ne peuvent être mauvaises tant qu'il vit encore. », elle releva son attention sur l'assemblée. « Vous pouvez disposer, à l'exception de la manieuse de Ryūketsu. Vos rapports ont été entendus. »

Une fois que chacun d'entre vous aurait quitté les lieux – hormis, bien évidemment, les grandes pontes du village – Hadо̄ Oboroge reprit ses paroles en s'adressant exclusivement à la sabreuse.

« Cette mission suicide ne peut toutefois être ignorée. S'évader sans accord est un affront ; tu feras partie de l'escouade envoyée pour le ramener sain et sauf. Un Jônin avisé sur nos relations extérieures vous accompagnera pour éviter tout débordement. J'attendrais ton rapport une fois ta mission remplie – tu peux disposer, et vous de même. »

Alors que tous se détournaient tous des lieux, sa voix s'éleva doucement – une dernière fois.

« Imifumei.
— Oui, Shodaime ?
— J'ai cru comprendre que Sо̄shisha avait enfin trouvé un manieur. Est-ce vrai ?
— En effet., un sourire se dessina sur les lèvres de la femme, doucement.
— Je vois. Avec l'ensemble des épées divines... c'est parfait. Tâche de les entraîner pour qu'ils puissent t'égaler. La force de la Brume n'en sera que plus grande.
— Entendu. », fit-il en ponctuant sa salutation d'un sourire à son tour : le clan était enfin au complet.


***

Lorsqu'il quitta les lieux à son tour, laissant la Mizukage seule dans ses appartements, les genoux de l'intéressée se délièrent de ce coussin de paille ; et, s'élevant, elle se rapprocha de l'une des fenêtres entrouvertes pour observer le paysage exceptionnel de ce village embrumé.

« Ces trois cadavres leur serviront de leçon. »