« Je viens récupérer les vingt kilos de poudre blanche habituels, Patron ! »

Dans l’un des commerces du Centre-Ville de bon matin, se tenait une scène improbable pour les néophytes des lieux. Hayato se tenait devant le commerçant et arborait un sourire qui, d’un œil extérieur paraissait plus que menaçant. L’homme se tenait droit sur ses jambes, montrant un corps musclé et visiblement très bien entretenu, entraîné comme rarement parmi les clients habituels de l’établissement. Une cicatrice venait couvrir son œil gauche toujours valide et un joli tablier rose accompagnait une tenue de travail impeccable, repassée, sans le moindre pli superflu. Les quelques clients présents se regardèrent, avant de fuir vers la sortie de l'établissement, s'apprêtant à hurler au crime, mais tous furent arrêtés par le propriétaire des lieux, comme d'habitude, comme chaque semaine où Hayato était de passage.

Le vieil homme se mit à rire et répliqua, tout en désignant le carton rempli de farine de blé qui était préparé à l’attention de ce client atypique.

« Tu devrais faire attention à la manière dont tu t’exprimes, mon petit Hayato, hohohoho ! Ton père avait aussi cette manie d’avoir un langage et un physique qui effrayait les autres, tu ralentiras ton commerce en continuant comme ça. »

Hayato haussa un sourcil, avant de faire quelques pas. L’imposante carrure du cuisinier et son allure, qui faisait elle, penser aux membres d’organisations douteuses, laissa place à toute la pureté du jeune homme, qui s’inclina bien plus que nécessaire, d’un mouvement vif et beuglant, à la manière d’un Commerçant, entraîné à faire porter sa voix le plus possible.

« MERCI BEAUCOUP, PATRON ! JE REVIENDRAI ! » cria-t-il adroitement en s’inclinant, main droite repliée vers le torse, sa jambe droite légèrement reculée pour fléchir soigneusement la gauche, avec la grâce d’un papillon.

Signe de la main pour saluer son ainé, camarade de fortune de son paternel, Hayato sortit de la boutique, la caisse de farine posée sur son épaule gauche et retenue de la main de l’errant. Ce dernier se remit en route, portant sa roulotte et sortant du centre d’Homura pour se rendre dans les quartiers du clan Fujiwara. Une suite de tentes modestes que l’homme au tablier longea en suivant la route qui le mena rapidement à l’arène où devait se dérouler un tournoi qui opposait plusieurs jeunes pousses d’Homura.

Ni une ni deux, agrée par Homura pour exercer sa profession sans le moindre problème d’ordre administratif, Hayato s’installa à un endroit stratégique, non loin de l’entrée de la dite arène de combat.

« Yosh ! On va se donner à fond aujourd’hui aussi ! » dit-il à voix haute, à la manière d’un cri qui chez les guerriers insufflait le courage d’aller de l’avant même dans les moments difficiles. Chez le Cuisinier, le combat débuta au moment où il aligna nombre d’ingrédients et releva ses manches, laissant apparaître des tatouages sur ses avant-bras.



Machinalement, Il commença par préparer la pâte en mélangeant de la farine, du sel, de la levure chimique, des œufs et de la sauce soja dans un saladier. Il ajouta ensuite du bouillon de légumes pour obtenir une pâte lisse et homogène. Il y incorpora du poulet cuit coupé en petits morceaux, du fromage râpé et du persil haché.

Il fit chauffer sa plaque à takoyaki huilée sur son réchaud à gaz. Il remplit chaque alvéole de pâte aux trois quarts et laissa cuire pendant quelques minutes jusqu’à ce que le dessous soit doré. Il utilisa des pics en bois pour retourner les boulettes et leur donner une forme ronde. Il les laissa cuire encore quelques minutes jusqu’à ce qu’elles soient croustillantes à l’extérieur et moelleuses à l’intérieur.

Il disposa les takoyaki dans des barquettes en plastique et les nappa de sauce tomate, de mayonnaise, de poudre de curry et de parmesan selon le goût de ses clients

D’une manière impériale, le fumet alléchant commença à se diffuser aux alentours de l’arène, attirant inexorablement de la clientèle, du Genin en recherche d’un en-cas copieux, bien plus rapproché que le centre-ville, au public qui avait bien besoin d’un repas chaud pour assister aux batailles acharnées dans l’arène.

« DES TAKOYAKIS BIEN CHAUDS ET DELICIEUX MESDAMES ET MESSIEURS ! APPROCHEZ, APPROCHEZ ! »

Commerçant de père en fils depuis l’époque de son grand-père, Hayato avait appris à la dure toutes les techniques commerçantes, aussi bien que l’art de la cuisine afin de faire prospérer l’affaire familiale. Ainsi réalisé, le spectacle et la nourriture attira nombre de spectateurs, un véritable effet domino.