SPIRIT OF SHINOBI

embrace your power




  1. ANNONCES

    22.04.24 patch Le Patch .02 est disponible !

    01.02.24 patch Le Patch .01 est disponible !

    20.12.23 nouveautés La news de fin d'année est sortie, affublée de nombreux changements et nouveautés, notamment dans les mises à jour de topics, de contextes, ainsi que d'un bottin des PnJs apparus en narrations afin de faciliter leur suivi !

    31.10.23 nouveautés La news d'octobre est sortie et le forum se dote, à l'occasion d'Halloween, d'un bestiaire de yokai dédié aux joueurs ainsi que d'une nouvelle bannière ! Kumo obient également un nouveau Ninjutsu Spécial, les reliques mystiques.

    24.10.23 changement Le forum passe officiellement à l'été 83. De nouvelles trames sont apparues pour chaque faction !

    18.07.23 update Les doubles-comptes sont désormais ouverts à toutes les factions et nous mettons en place les rangs intermédiaire pour donner plus de visibilité sur l'avancée du personnage ! La faction de Kiri récupère également un bonus XP à la présentation.

    04.07.23 update Les doubles-comptes sont désormais fermés pour la faction de Kumo qui a retrouvé sa pleine attractivité : ils demeurent toutefois ouverts à Kiri ! Nous retirons également les bonus XP associés, puisque l'activité atteinte nous convient.

    01.07.23 update Le forum dispose désormais d'un thème sombre ! Reportez-vous au petit curseur sur votre droite pour changer de l'un à l'autre.

    24.06.23 NEWS ! La news de juin est sortie ! Au programme ; des précisions et changements sur notre philosophie, la faction des Errants et les paliers de progression.

    23.06.23 changement Le forum passe officiellement l'an 83 (printemps). De nouveaux enjeux sont apparus sur les contextes de chaque faction !

    Été 83

    Cent huit ans avant notre ère, le chakra courut sur le monde comme une traînée de poudre. Venu de nulle part et de partout à la fois, il étreignit les hommes et anima leurs corps comme ceux des nouveau-nés dès leur premier souffle. Tel un raz-de-marée changeant le monde, son énergie leur offrit les prémices de ce qu’ils nommeraient « pouvoir », bien des années plus tard.

    Celui de dépasser les limites que la nature leur avait jusque-là imposées. De donner vie et corps à leurs ambitions les plus folles comme à leurs vices les plus abjects.

    Leurs chairs avaient été bénies de la grâce de l’alizée et de la force des typhons : leurs coups étaient plus précis, leurs organismes plus vigoureux. Un simple bond les menait jusqu’aux cimes des arbres majestueux du désormais Pays du Bois. Leurs pas les guidaient sans peine à travers les monts qui édifièrent bien plus tard les frontières de l’actuel Pays des Montagnes.

    Alors, ils embrassèrent cette nouveauté comme chaque bien de l’Humanité : avec le profond désir de la dompter jusqu’au moindre détail, de faire cette énergie sienne avant tant d’autres. Il leur fallut des décennies pour maîtriser ce que le plus simple shinobi peut accomplir aujourd’hui – mais ils y parvinrent, en demeurant dans la profonde ignorance de l’origine du chakra.

    Et ils comprirent. À quel point il pouvait receler la puissance de faire de l’imagination une réalité ; à quel point ils pouvaient dompter les leurs par la force et fonder les dynasties qui gouvernèrent le monde des années durant.

    Lire la suite


    XP

    Homura

    personnages


    Kiri

    personnages, +30 XP


    Kumo

    personnages, +15 XP


    Errants

    personnages


  2. Image decoration
    shogunat printemps 83
    Contexte d'Homura
    Régie par la noblesse, la richesse et par un grand sens de l'honneur et de la droiture, Homura se distingue ni plus ni moins des autres villages par son caractère guerrier à la limite du comportement militaire. Les shinobis qui sont formés pour devenir des shinobis d'Homura sont, dès leur plus jeune âge ou dès l'entrée dans la formation, forcés de respecter ce code d'honneur. Il est précisé que quiconque y dérogerait se verrait sanctionné de différentes façons... des travaux d'intérêt publique à l'emprisonnement et du bannissement des terres d'Homura à la pure et simple mise à mort.

    ❈ Tout shinobi doit être capable de se sacrifier pour la cause Homura-jin.

    ❈ Tout shinobi doit être capable de donner sa vie pour ses camarades, particulièrement s'ils sont plus jeunes ou s'ils sont moins expérimentés. De la même manière, il doit un incontestable respect à ces derniers.

    ❈ Tout shinobi doit être capable de se sacrifier pour les civils.

    ❈ Tout shinobi doit être capable de réussir une mission primordiale même si cela signifie abandonner ou laisser mourir ses camarades.

    ❈ Tout shinobi doit être capable de dissimuler ses sentiments personnels ; pire que cela, il se doit de les ignorer et de les faire passer au second plan.

    ❈ Tout shinobi doit une indiscutable fidélité à sa faction. Toute information dissimulée, cachée volontairement ou toute trahison quelconque sera sévèrement sanctionnée.

    ❈ Tout shinobi doit se dévouer à son entraînement et au perfectionnement de son corps et de son esprit. Il doit respect aux siens et aux autres, tolérance aux différences, empathie aux plus faibles et rigueur dans ses efforts personnels (qui doivent être constants et variés).

    ❈ Tout shinobi doit un indiscutable respect à ses supérieurs hiérarchiques et doit obéir au doigt et à l'oeil à leurs ordres. Toute insubordination sera sévèrement sanctionnée.
    Image Personnage

    FUJIWARA SENCHI Portant sur ses épaules l'ensemble du clan Fujiwara, Senchi est un guerrier hors pair dont le jeune âge, la force d'esprit, la droiture, la témérité et les compétences l'ont rendu capable de se hisser au sommet. Un lien particulier mais inconnu le lie à Iwao, la Shogun, sans que personne ne sache trop quoi en penser. Certains le suspecteraient même d'être à l'origine de la mort de son père, bien que rien ne l'incrimine.

    Image Personnage

    HYÛGA EIMEI Figure représentante du clan Hyûga, devenu chef en l'an 68, Eimei incarne toute la fierté des siens. Droit, noble, charismatique tout en restant sobre, il semble en savoir plus qu'il ne le devrait. Il est à l'origine de l'ensemble des mouvements du clan Hyûga, car rares sont les membres de son clan osant défier ses ordres ou agir sans son aval. Il fait parti de la branche principale.

    Image Personnage

    NARA KUENAI Etant à la tête du clan Nara, Kuenai est extrêmement perspicace et dispose d'une intuition impressionnante. Très soucieuse des maux qui pèsent sur Homura, elle est parfaitement lucide vis-à-vis du comportement des siens comme de celui des autres clans et s'organise toujours dans l'ombre afin de limiter les dégâts. Certains la suspectent d'avoir assassiné Fujiwara Oda, et de nombreuses preuves mèneraient à penser qu'elle est coupable. Etrangement, elle rejette l'entière culpabilité sur Fujiwara Senchi.

    Enjeu n°1 :

    COOPÉRER AVEC KIRI ET KUMO

    65%

    Enjeu n°2 :

    CONNAÎTRE SES ENNEMIS

    10%

    Enjeu n°3 :

    VERS LES PROFONDEURS INCONNUES

    100%

    Derniers RP

    Retour au temple souterrain

    À l'été 83, un shinobi d'Homura se rend au sein du temple souterrain découvert lors de l'attaque d'Oto sur Homura, en périphérie du Shogunat. Ses découvertes mènent le lieu à son scellement complet par le clan Uzumaki, ainsi qu'à l'amnésie du genin.

    Le massacre du boucher

    À l'été 83, 90 civils sont assassinés dans la bourgade de Rindо̄ par un homme se faisant appeler « le Boucher ».
    Au terme d'un combat qui se révéla être une victoire pour l'escouade envoyée par Homura, il fut assassiné par Yamamoto Janome au moment où il s'apprêtait à leur révéler les plans de l'Alliance.
    À sa mort, le pouvoir des fils noirs, le Jiongu, réapparu à travers le monde.

    Évènement

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    Culture & religion

    → La chasse 春・狩猟期 – printemps
    → Festival de la Lune Rouge 夏・赤月の祭り – été
    → Virée aux morts 秋・死者への旅行 – automne
    → Nouvel an guerrier 冬・戦士新年 – hiver

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  3. Image decoration
    kirigakure printemps 83
    Contexte de Kiri
    S'il y a bien un lieu dans lequel la mort peut survenir à tout moment, c'est bien au sein du Village Caché de la Brume. Depuis des années, afin de lutter contre le retard qu'eut prit le pays par rapport aux autres factions, les autorités de l'Eau se décidèrent à mettre au point une philosophie qui leur permettrait de rattraper l'avancement des autres factions. C'est notamment au travers de l'assassinat que ces derniers trouvèrent leur réponse et ainsi furent éduquées les jeunes pousses destinées à devenir les futurs shinobis de Kiri. A un style sanglant et sanguinaire, loin de toute valeur humaine.

    ▒ Chaque Shinobi doit être capable de mourir pour la Brume et pour ses habitants.

    ▒ Chaque Shinobi doit capable d'abandonner, de laisser mourir voire de tuer ses camarades si cela leur permet la réussite d'une mission primordiale.

    ▒ Chaque Shinobi ne dispose d'aucun sentiment personnel : ils doivent agir sous les ordres de la hiérarchie.

    ▒ L'entraînement de chaque shinobi doit être rigoureux et il doit toujours être au service de l'identité de la Brume.

    ▒ Chaque Shinobi doit servitude et obéissance à la hiérarchie, tout manquement sera vu comme insubordination.

    ▒ Chaque Shinobi doit tuer tous les adversaires qui se dresseront sur le chemin de Kiri.

    ▒ La Brume est l'alliée de Kiri, nul ne doit la remettre en question.
    Image Personnage

    YUKI ZENRYŌ Yuki Zenryо̄, autrefois jeune membre du clan dont tous reconnaissaient le potentiel, devint chef de clan à la mort de Yuki Saburô en l'an 75. Très proche de la Mizukage, il lui assure son soutien inconditionnel et celui de son clan.

    Image Personnage

    KAGUYA TAOSU Cheffe du clan Kaguya, Taosu est connue comme étant une guerrière redoutable et particulièrement avide de sang et de trippes. Supportant avec fidélité l'identité de ce clan depuis des décennies, elle est, malgré son apparence, extrêmement hostile, sournoise et meurtrière, si bien qu'elle est redoutée dans son clan entier. Elle éprouve une très forte rancœur envers Oboroge, la Mizukage, car sa simple présence a fait diminuer de manière importante son quota d'assassinats par jour.

    Image Personnage

    SEIDŌ IMIFUMEI Personnalité émérite parmi les sabreurs, tout le monde au sein de Kiri connait Imifumei. Combattant redoutable maîtrisant Sо̄kо̄jikan, le Sabre du Temps, l'ensemble de Kiri le voit comme un shinobi imbattable. Il est vénéré de tous, car tous le connaissent comme un homme héroïque, portant de grandes valeurs d'espoir, de courage et de persévérance auprès des plus faibles.

    Enjeu n°1 :

    SE RENSEIGNER À L'INTERNATIONAL

    20%

    Enjeu n°2 :

    LE MYSTÈRE D'ARASHI

    0%

    Enjeu n°3 :

    LES ORIGINES DE LA BRUME SANGLANTE

    30%

    Derniers RP

    La lutte contre le yokai originel, groupe 1 et groupe 2

    Une escouade menée par Kaguya Bankichi permis à la Brume de repérer la trace de Shinchū et, au terme d'un affrontement difficile, de l'éliminer en le prenant par surprise. L'ensemble de l'escouade fut frappée par une marque maudite mystérieuse lors de son ultime râle.

    Enjeu : les origines de la Brume Sanglante & La Brume du Seigneur

    TBA

    Évènement

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    Culture & religion

    → Soutien aux cultures 春・米農業のサポート – printemps
    → Grande marée 夏・大潮 – été
    → Parade de sang 秋・血液示威運動 – automne
    → Hymne à la Brume 冬・霧に賛美歌 – hiver

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  4. Image decoration
    kumogakure printemps 83
    Contexte de Kumo
    Parmi les lieux les plus malsains et insidieux du Yuusei, Kumo s'y érige en maître. Faussement uni, le village est peuplé de shinobis qui ne souhaitent qu'agir pour leurs intérêts propres ou pour ceux des personnes pour lesquelles elles travaillent. Etrangement, cela est parfaitement assumé par tout le monde et ainsi sont éduqués les shinobis. En plus de cet état d'esprit, rédigé par le Daimyo en personne, Kumo dispose d'un Code de Renseignements que tout le monde doit consciencieusement respecter sous peine d'être sanctionné par le dernier. Evidemment, la crainte de ce dernier incite et invite tout le monde à les appliquer sans broncher.

    ζ Chaque Shinobi doit être capable de mourir pour son Daimyo.

    ζ Chaque Shinobi ne peut discuter des ordres de la hiérarchie. Aussi, tout manquement aux ordres du Daimyo est passible d'une peine de mort.

    ζ Chaque Shinobi doit être capable d'accomplir toute mission, même si cela lui impose des sacrifices insurmontables.

    ζ Chaque Shinobi doit s'entraîner en vue de récupérer toujours plus d'informations, et afin d'être toujours plus discret.

    ζ Toute information récoltée doit revenir au Daimyo sans aucune exception.

    ζ Toute personne surprise en train de comploter contre le Daimyo sera soumise à la peine de mort.
    Image Personnage

    SHIRATSUCHI BAKU'EN Baku'en est, en plus d'être le chef du clan Shiratsuchi, l'homme qui les a relevé de leur condition de "parfaits petits soldats obéissants". Désireux de liberté et de justice, il est animé par une grande hostilité qu'il parvient à maintenir discrète pour restaurer l'honneur de son clan, qu'il estime bafoué depuis des décennies. Secrètement, il rêve de pouvoir mener une rébellion contre Koriki Tomio, au risque que cela mène à l'extermination des siens.

    Image Personnage

    ABURAME YOKOSHIMA Fourbe, manipulatrice et très protectrice vis-à-vis des siens, Yokoshima est la cheffe du clan Aburame. Soupçonnée – sans preuves concrètes – par plusieurs personnalités d'avoir son nez fourré dans toutes les affaires, elle est autant admirée que crainte. En plus d'être une des rares personnes du clan Aburame à maîtriser les Rinkaichû, des rumeurs courent selon lesquelles elle serait à même d'agir efficacement, n'importe quand et dans tous les recoins du village.

    Image Personnage

    INUZUKA GETSUMEN — DÉCÉDÉ Fier et orgueilleux, à l'image des siens, Getsumen était le chef du clan Inuzuka. Reconnu pour sa ténacité au combat et pour sa témérité, il faisait partie des personnalités les plus attendues au poste de Shodaime Raikage. Il ne cachait pas sa profonde hostilité envers les dirigeants de son village, ce qui étrangement ne lui est jamais retombé dessus.

    Enjeu n°1 :

    COLLABORER AVEC HOMURA ET KIRI

    50%

    Enjeu n°2 :

    ESPIONNER LES PUISSANCES DU MONDE

    50%

    Enjeu n°3 :

    DESSEIN DE CONTRE-ATTAQUE

    0%

    Enjeu n°4 :

    SUITE DE L'AMULETTE

    20%

    Derniers RP

    L'histoire se répète : tour du raikage

    À l'été 83, l'Alliance, menée par un Yamanaka inconnu, tenta de récupérer le Shodaime Raikage. Ils y parvinrent, mais ne purent le ramener en vie - Getsumen fut tué, alors inconscient, par un shinobi nommé Sumashâ.

    L'histoire se répète : domaine aburame

    Une attaque d'un Yokai dans le Domaine Aburame décima une partie du clan. Un kumojin et deux errants présents sur place, parvinrent à endiguer la menace et à en venir à bout, en le tuant avec une la dague d'annihilation des Aburame.

    L'histoire se répète : domaine shiratsuchi

    Un shinobi de l'Alliance maîtrisant un art shinobi inconnu s'apparentant à l'orage attaqua le Domaine Shiratsuchi pour tenter de capturer l'un des membres du clan.
    Celui-ci fut tué par un Shiratsuchi ayant libéré le pouvoir de la première pièce d'une arme mythique, retrouvée plus tôt dans l'année par les forces de Kumo. Sa libération généra une explosion titanesque qui ne laissa aucun survivant.
    À la mort de l'homme inconnu, le pouvoir de l'orage, le Ranton, réapparu à travers le monde.

    Évènement

    À l'hiver 82, l'élection du Shodaime Raikage fit rage. Nommé presque unanimement, Inuzuka Getsumen prit le pouvoir et profita de son ascension pour tenter de mener un coup d'état contre le Daimyo, Koriki Tomio.
    Lui reprochant une cruauté sans nom qui punit, asservit et torture les innocents, une grande guerre civile éclata et le peuple Kumojin fut déchiré par l'affrontement des deux forces, alors que le Seigneur lui-même était présent.

    Culture & religion

    → Grande collecte 春・大採取 – printemps
    → Célébration d'Antan 夏・昨年のお祝い – été
    → Cérémonie des chandelles 秋・キャンドルの式 – automne
    → Jeux d'hiver 冬・冬季ゲーム – hiver

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Chronique

Ashikaga Atori
Chronique EmptyMar 6 Juin - 21:33

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Ashikaga AtoriErrant 流離 de rang B

Message Sujet: Chronique

Le village d'Hashiba avait toujours vécu dans une parfaite tranquillité sur les sommets de Sanchu no Kuni, merci bien.

De mémoire d'homme, il avait toujours existé, là, perché sur le flanc d'une montagne. Il était de ces localités dont l'histoire a depuis longtemps déjà oublié les origines. Au fil du temps, les hommes et les femmes s'étaient regroupés à cet endroit et avaient cultivé la terre, bâti des maisons et renoncé à la vie nomade. Il n'y avait pas grand chose de plus à en dire. L'on croyait deviner que le lieu avait pu connaître une histoire glorieuse, à une date inconnue, car, en bordure du bourg, les ruines de ce qui avait pu être un petit château ou une grande maison fortifiée gardaient encore de leur ombre le sommeil des habitants. Ces derniers rêvaient parfois d'un grand seigneur à la poigne de fer, à l'épée invincible, étendant son autorité sur les cols et vallées alentours et régnant sans partage depuis sa modeste capitale qu'il parait d'or et de pierreries. Tout cela n'était que des chimères : si une telle époque avait jamais existé elle n'avait laissé aucun document dans son sillage. Qu'importait à cette population, qui n'avait cure de sa propre histoire. Elle était bonne à occuper le temps des contes au coin du feu, le soir. Voilà tout.

Il devait y avoir une cinquantaine d'âmes qui habitaient là. Le village n'était pas grand : quelques maisons assez larges, au toit de chaume. Une dizaine, peut-être plus. Un bâtiment un peu plus imposant - mais guère plus riche que les autres - constituait le temple : c'était là que toutes et tous allaient faire leur dévotion à la déesse Ité, protectrice des récoltes. Un autre bâtiment, sans fenêtres ni aucune autre ouverture que sa porte, soigneusement barricadée tous les soirs, servait de grenier à grains. Le village était traversé d'un chemin en son centre : c'était celui qu'empruntait tous les étés une foultitude de pèlerins que la foi répandait sur toutes les routes du pays. Et c'étaient là, avec les ruines sans mémoire, toutes les constructions qui faisaient du village ce qu'il était, c'est-à-dire assez peu de choses.

Cette modestie faisait que le bourg pouvait assez bien passer inaperçu pour le voyageur inattentif qui observerait la montagne où il se trouvait niché depuis une autre hauteur. Les toits étaient cachés derrière les troncs épais et les feuillages fort hauts de pins qui semblaient avoir résisté à toutes les tempêtes en ployant toujours, mais sans jamais céder. Quelques saillies rocheuses dissimulaient d'autres maisons. Seuls les champs trahissaient clairement la présence des hommes sur cette montagne. La culture céréalière semble assez peu adaptée aux reliefs de Sanchu no Kuni. Pourtant, rendus fort ingénieux par leur appétit du grain, les habitants de ce pays avaient très tôt développé des techniques efficaces pour assurer leur pitance. La plus répandue d'entre elles, qui était mise en pratique à Hashiba, consistait à étaler les cultures sur des terrasses artificielle, irriguées par une source qui partait du point le plus haut et alimentait des canaux jusqu'à tomber en une mince cascade dans la vallée en contrebas. Méthode bien pratique qui permettait, chaque année, de garnir jusqu'aux combles les étagères du grenier du village. De quoi tenir jusqu'à la prochaine récolte.

La vie à Hashiba était, comme on le devine aisément, très tranquille. L'été constituait la période la plus active. Les travaux des champs réclamaient tous les soins des habitants. Les quelques-uns qui ne s'y rendaient pas, qu'ils soient trop âgés, trop jeunes ou trop accaparés par d'autres tâches, servaient d'hôtes aux pèlerins de passage et aidaient au service quotidien du temple. Les offrandes des dévots étaient soigneusement recueillies par le prêtre et mises de côté dans une cache de son sanctuaire. La saison des voyages passée, ces dons faits à la divinité locale servaient à l'habillement, à la nourriture ou au loisir de toute la communauté. Les plus précieux d'entre eux, qui ne servaient à rien sinon à être possédés, étaient entreposés dans une cave poussiéreuse qui n'était guère ouverte qu'une fois l'an. On ne faisait pas grand cas de l'or et des joyaux, ici. Enfin, comme dans cette saison le soleil veille tard dans le ciel et que les températures sont clémentes même la nuit, les villageois avaient pour coutume de se rassembler quotidiennement au centre du bourg pour se raconter et écouter les histoires des temps anciens. Bien sûr, les pèlerins étaient les bienvenus pour entendre ces contes, dont ils connaissaient déjà la teneur puisque l'on racontait peu ou prou les mêmes dans toute la vallée. La politesse, ou une forme de naïveté émanant de la foi, les faisait prêter une oreille attentive, pourtant.

Lorsque les températures baissaient, que les vents se faisaient plus hargneux et que les voyageurs disparaissaient vers de plus chauds logis, l'activité du village se ralentissait considérablement. Une fois les récoltes terminées, le grenier était scellé : on ne l'ouvrait qu'une fois par jour pour que chaque foyer puisse se ravitailler, s'il en avait besoin. L'on prêtait une attention toute particulière au stock des grains, qui constituait la véritable manne pour la communauté : c'était là leur véritable or. Chacun s'afférait aux travaux manuels que les moissons avaient repoussés : on réparait les maisons, on les préparait aux rudesses du coeur de l'hiver, on entretenait les outils. Comme le soleil se couchait tôt, ces jours-là, toutes et tous l'imitaient. Les journées ainsi que l'ennui étaient ainsi moins longs et l'on reprenait des forces pour attaquer le printemps suivant avec une vigueur renouvelée. Le clou final de l'endormissement était atteint lorsque les premières neiges tombaient. Alors, les maisons se barricadaient. Les sorties se faisaient plus rares que jamais, se limitant souvent au ravitaillement en grain et en eau. Derrière toutes les fenêtres, épaissies de plusieurs couches de papier, flottaient les lueurs pâles et rougeâtres de feux ronronnants autours duquel les familles se rassemblaient. Le tapis de neige, qui grossissait tous les jours, étouffait la rumeur discrète des conversations. Le silence établissait son royaume. Le village hibernait.

Or il se trouva qu'un de ces jours d'hiver où la neige avait tout bercé, quatre voyageurs arrivèrent à Hashiba.


Ashikaga Atori
Chronique EmptyMer 7 Juin - 23:12

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Ashikaga AtoriErrant 流離 de rang B

Message Sujet: Re: Chronique

Du temps avait passé depuis qu'Atori et ses compagnons d'infortune avaient laissé derrière eux le cadavre du camp où, comme tant d'autres, ils avaient été séquestrés par des soldats d'Oto no Kuni. Tous les quatre, ils formaient une troupe assez hétéroclite et qui avait des airs fantomatiques sur les chemins couverts de blanc de Sanchu no Kuni. Il y avait tout d'abord la silhouette voûtée d'Ibutsu, le doyen du groupe. Homme à l'aspect cadavérique, il était d'une grande dévotion et parlait peu. Il ne se plaignait jamais de la douleur que lui faisaient souffrir ses articulations, ni de la faim qui les avait pourtant tenaillés plus d'une fois. Puis il y avait le corps gaillard de Kishi. Colosse de près de deux mètres de haut, il semblait fait entièrement de muscle. Lui non plus ne se plaignait jamais, même lorsqu'il trouvait que les trois autres ralentissaient son allure d'athlète. La seule présence féminine du groupe était celle de Nyougo. Sa captivité n'avait pas réussi à enlever de son visage l'élégance et les manières qui trahissaient une ancienne courtisane. Pourtant, elle ne se récriait jamais devant la maigreur et la rusticité des repas, ni même à cause des conditions de logement souvent fort rudimentaires auxquelles le groupe devait s'abaisser.

Et puis enfin, il y avait Atori. Il avait abandonné dans la plaine de Hi no Kuni son nom de famille, qui ne lui était plus d'aucune utilité. Il n'était plus un Ashikaga, mais simplement Atori. Pourquoi se parer de ce patronyme, qui ne lui servait qu'à ouvrir les portes des établissements les plus riches et à s'attirer les faveurs d'une bourgeoisie désormais bien lointaine ? Il aurait encombré son âme avec un tel poids. Les routes de l'exil l'avaient éloigné de ce monde-là. Le regrettait-il ? Il n'en savait trop rien lui-même. Il avait le sentiment d'avoir beaucoup vécu en très peu de temps. Ce genre d'expérience ne permet pas le repos de l'âme et la méditation nécessaires pour faire le point sur ce que l'on a appris, de soi et du monde. La seule chose à laquelle il restait attaché, plus que jamais, c'était son shamisen. La musique lui procurait toujours le même réconfort, bien plus intime que toutes les discussions et les caresses. Ses mélodies étaient devenues mélopées, ce qui était bien naturel. Il sentait son coeur déchiré. Les souvenirs de son idylle passée, la seule qu'il ait jamais vraiment vécue, lui fendaient l'âme plus que jamais. Il regrettait un temps d'extrême simplicité.

Il était Adam chassé de l'Eden.

Il se trouva donc qu'un jour d'hiver, cette troupe arriva aux abords du village d'Hashiba, tout assoupi par l'épaisse couche de neige qui ne cessait de croître en cette saison. Les voyageurs étaient fourbus. Chaque jour de leur périple les amenait à une altitude plus élevée encore que la veille. Ils avançaient peu, continuellement freinés par les obstacles naturels. Les traces de civilisation étaient également plus rare à mesure que leur ascension les portait vers les sommets les plus hauts. Aussi les toits de chaume et les faibles lueurs des foyers leur apportèrent-ils un immense réconfort. Ils s'arrêtèrent avant de pénétrer dans le bourg.

"Alors ? Qu'est-ce qu'on fait ?"

La question de Kishi resta un instant sans réponse. Chacun semblait se concerter in peto. Nyougo prit la parole la première :

"Je crois qu'on a tous besoin de repos. Ca fait des jours qu'on grimpe sans savoir où on va. Ici on pourra trouver un refuge, peut-être même établir une base d'opération pour… la suite.

-L'idée est tentante, mais je crains qu'elle ne soit pas facile à mettre en pratique… Je connais bien les petites localités comme celle-ci. Les étrangers n'y sont pas les bienvenus… Ne nous arrêtons pas là, nous serions violentés inutilement. Allons jusqu'à la ville la plus proche…"

Les regards se tournèrent vers Atori. Il avait le dernier mot pour trancher les égalités. C'était le privilège de son statut de leader du groupe, tacitement accepté par chacun des quatre rescapés. Il ne donna pas son verdict tout de suite. Il examina d'abord les visages de ses compagnons de route. Tous étaient creusés par la fatigue, la faim et sans doute un peu le désespoir. Leur dernier vrai repas remontait à des lustres. Ils ne se nourrissaient plus que de racines déterrées au prix de lourds efforts depuis quelques jours. De l'eau, ils en avaient en abondance : le pays en était couvert. Il suffisait d'arriver à la faire fondre, ce qui n'était pas le plus compliqué. Et puis, la nuit, ils ne trouvaient jamais bien vite le sommeil. Tous étaient tiraillés par la même peur : celle de ne jamais se réveiller, d'être oublié sous la glace et de périr là, sans nom. Il était parfaitement improbable qu'aucun d'entre eux réussisse à survivre jusqu'à la prochaine ville.

"Demandons l'asile ici. Il y aura bien une maison pour nous accueillir, au moins pour une nuit."

Il s'imaginait qu'il pourrait toujours obtenir les faveurs des locaux grâce à son torque orné d'une gros joyaux, le seul bijoux de sa riche parure qu'il ait récupéré en fuyant le camp de sa séquestration. L'or suffisait généralement à apaiser les défiances de quiconque, il n'y avait pas de raison pour qu'un peuple des cimes échappe à la règle. La troupe entra donc dans le village et alla frapper à la porte de la première maison. Rien ne se produisit. Ils frappèrent à nouveau. Toujours rien. Ils échangèrent des regards incrédules, sauf Ibutsu qui ricana - ce qui lui donnait un air de démon :

"Je vous l'avais dit… Jeunesse naïve…"

Les moqueries du vieillard, loin de décourager Atori, le firent redoubler d'entrain. Il laissa là la porte décidément scellée et dit aux autres :

"Allez demander l'asile à toutes les maisons. Il n'y en a pas beaucoup, ça ira vite. Le premier qui a un oui appelle les autres."

Ils acquiescèrent et se dispersèrent. Dix minutes plus tard, ils se retrouvèrent, bredouilles. Pas une porte ne s'était ouverte devant eux. Ils auraient tout aussi bien pu être morts. Or, c'était précisément ce qu'Atori craignait qu'il ne leur arrivât s'ils restaient plus longtemps sous la neige. Il restait cependant un lieu qu'ils n'avaient pas visité. Ils se dirigèrent d'un même pas quelque peu déçu vers le temple, qui ressemblait à toutes les autres bâtisses du village si ce n'est que sa porte était un peu ornée, ce qui lui donnait des allures de portail. Atori tambourina.

"Par les dieux laissez-nous entrer ! Nous sommes des voyageurs, nous ne vous voulons aucun mal ! Nous avons simplement besoin du couvert de votre toit et de manger ! Ouvrez, ou nos cadavres barricaderont votre porte !"

Cette dernière image eut l'effet escompté : il y eut un bruit métallique et la lourde porte du temple s'ouvrit lentement. Ils s'engouffrèrent tous les quatre dans l'ouverture, qui se scella à nouveau derrière eux.

Ils ne purent retenir un soupir de soulagement. L'intérieur de l'édifice n'était pas vraiment chaud, mais le contraste avec l'extérieur glacé était net. Il n'y avait qu'une vaste pièce, au centre de laquelle trônait l'idole locale. Des rideaux sur les côtés barraient à la vue les espaces de vie du gardien du lieu. D'ailleurs… Ils le cherchèrent tous du regard et auraient pu le manquer aisément s'ils n'avaient été attentifs : la silhouette de ce petit prêtre passait tout à fait inaperçue dans la semi-obscurité de son sanctuaire. Il semblait tout à fait insignifiant : il était petit, embarrassé dans de lourds vêtements chauds trop grands pour lui, son crâne luisant et sa barbe désordonnée. Mais Atori éprouva aussitôt une immense affection à son égard. Après tout, seule sa porte s'était ouverte.

"Grand merci. Vous n'imaginez pas les tourments que vous nous épargnez. Nous vous devons probablement la vie.

-Allons, allons, n'exagérons rien… Quel genre de prêtre serais-je si je refusais l'asile à de fervents fidèles, hm ?"

D'un geste de son menton, répercuté par le mouvement de balancier de sa barbiche, il désigna Ibutsu : le vieillard s'était déjà mis en adoration devant la statue de la divinité locale. Atori, Kishi et Nyougo l'imitèrent. Ils avaient vite compris que cette dévotion, si hypocrite soit-elle, serait le prix de leur séjour dans le temple. Pourtant, tout sceptique qu'il était généralement, Atori ne pouvait chasser l'idée qu'il devait y avoir quelque chose de divin dans l'ouverture de cette porte-là.

Une fois leurs prières terminées, le prêtre leur tendit des bols fumants de bouillie de céréales. Ils s'en régalèrent en pleurant. Il les regarda manger sans un mot. Il les questionna, bien sûr, mais leurs réponses, entrecoupées de mastication, restaient très évasives. Finalement, il comprit qu'ils étaient épuisés. Avec leur aide, il disposa des matelas fins sur le sol paillé du temple. Ils s'y allongèrent tous les quatre et se bercèrent en se confondant en remerciements pour leur hôte. Le souci du lendemain disparaissait alors que le sommeil les enveloppait. Ils avaient pour l'instant un toit. C'était bien là tout ce qui leur importait.


Ashikaga Atori
Chronique EmptyDim 11 Juin - 21:06

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Ashikaga AtoriErrant 流離 de rang B

Message Sujet: Re: Chronique

Un soleil d'argent traversa les fenêtres de papier pour faire scintiller de ses rayons les paupières d'Atori. Elles cillèrent un instant ; les minces veines qui les parcouraient se gonflèrent imperceptiblement. Puis elles s'ouvrirent, lentement. Elles ne découvrirent d'abord qu'une ligne claire dans laquelle on devinait à peine, au milieu du blanc de l'oeil, la tache colorée d'un iris. Après quelques battements fous, pour chasser le premier étonnement de la lumière du jour, les paupières s'ouvrirent tout à fait. Les beaux yeux d'or du jeune gomme se donnèrent alors au monde pour un nouveau jour. Mais il y avait longtemps, déjà, que les reflets de ces bijoux-là n'étaient plus ceux de la joie et de l'espièglerie qui les animaient jadis.

"Ah, vous êtes réveillé ! Fort bien, fort bien. Nous n'attendions plus que vous."

Les quatre autres - ses trois compagnons de voyage ainsi que le prêtre qui leur avait offert l'asile - étaient déjà levés. Chacun un épais manteau sur les épaules, qui ressemblait à une couverture plutôt qu'à un vêtement, ils étaient assis autour de la même table où, la veille, ils avaient pleuré en dégustant leur repas, le premier vrai depuis un long moment. Atori émergea de son lit, son duvet bien serré autour des épaules comme une armure contre la froideur qui tentait de l'assaillir, et prit place à son tour, complétant le cercle des convives. Ses camarades de route lui adressèrent un sourire qui ne leur était pas coutumier au petit matin. Ils semblaient avoir repris des forces, physiques et morales, avec cette simple bonne nuit de sommeil. Lui-même n'aurait su dire, encore, les effets de cette halte miraculeuse sur son esprit et son corps. Pour l'instant, il ne connaissait que la faim qui lui tiraillait les entrailles. En entendant le grognement des estomacs, le prêtre se leva d'un air réjoui :

"Mais vous avez faim ! Voilà une bonne maladie et que je peux guérir facilement. Voyons, voyons…"

Il s'affaira vers un four bas duquel émanait une douce chaleur, qui se répandait dans toute la bâtisse. Il ne tarda pas à revenir vers ses hôtes, les bras chargés d'un plateau de bois sur lequel étaient posées cinq écuelles en céramique, toutes remplies d'un gruau fumant. Le fumet de ce repas, simple au possible, suffit à faire monter la salive aux babines de chacun des voyageurs. Le prêtre sourit avec bienveillance à cette évocation de bonheur qui se lisait sur leurs visages. Il leur tendit quatre bols, assortis de ses voeux de bon appétit. Atori remarqua, pendant qu'il commençait à engouffrer sa portion sans se soucier de la brûlure qu'elle laissait dans sa gorge, que le prêtre ne mangeait pas au cinquième bol mais le posait sur l'autel de la divinité, en guise d'offrande. Il eut alors honte de sa propre gloutonnerie et s'efforça de déguster avec plus de soin et de reconnaissance ce repas qui lui était offert.

Les cuillères ne tardèrent pas à racler le fond des gamelles. Le prêtre avait eu le temps de faire ses dévotions, pour lesquelles il avait été rejoint par Ibutsu. À présent que les panses étaient pleines et les esprits rassérénés, il était temps de parler. Le prêtre s'assit à la table. Atori prit la parole le premier :

"Merci de nous avoir hébergés. Nous ne connaissons pas même votre nom et vous nous offrez des lits et de la nourriture. Nous vous sommes éternellement redevables. Je m'appelle Atori. Mes compagnons se nomment Ibutsu, Kishi et Nyougo. Nous sommes…"

Là, il s'interrompit. Que dire ? Comment présenter ce groupe hétéroclite sans révéler la nature de leur errance ? Mais il était lancé, il ne pouvait s'interrompre sans avoir l'air plus suspect.

"Nous sommes…

-Inutile de m'en dire plus, si vous ne le souhaitez pas. Vous êtes des enfants des dieux, par conséquent la porte de leur maison, de même que les bontés de leurs servants, vous sont toujours acquises. Je suis Issho, prêtre desservant de la déesse Ité qui protège nos récoltes."

Tous s'inclinèrent respectueusement devant lui. Dans cette révérence, plus longue que de coutume, ils mirent toute leur gratitude et leur respect pour cet homme apparemment tout à fait désintéressé, porté par une foi saine et bienveillante. Ce fut Kishi qui rompit le silence :

"Où sommes-nous exactement, vénérable Issho ?

-Eh bien, à Hashiba ! Une singulière question. Dois-je comprendre que vous ne savez pas où vous allez ?"

Ils gardèrent tous un silence embarrassé. À vrai dire, ils faisaient particulièrement honneur à leur titre d'errants. Ils savaient qu'ils étaient à Sanchu no Kuni, hors des frontières de l'Empire. C'était là tout ce qu'ils avaient besoin de savoir. Le nom même d'Hashiba ne leur évoquait rien, pas même à Nyougo qui était pourtant celle dont la connaissance du pays était la plus étendue parmi le groupe. Il n'y avait rien d'étonnant à ce qu'ils ignorassent ce toponyme : leur déambulation les avait portés dans une région où les grandes villes n'existent pas et où seuls subsistent des bourgades dont la postérité ne connaîtra sans doute jamais rien, pas même l'ombre. Le prêtre Issho reprit :

"C'est un village fort simple et fort petit. On y vit chichement, mais avec dignité. L'été nous accueillons des foules de pèlerins qui usent leur foi et leurs semelles sur nos routes. L'hiver, la neige que vous connaissez fait que nos activités sont mises à l'arrêt. L'on n'a pas l'habitude de croiser des voyageurs en cette saison, aussi ne devez-vous pas vous offusquer du silence des villageois, hier soir. Les us dictent la vie, par ici, et les imprévus ne parviennent à dépasser ces coutumes que dans de très rares occasions."

Ils entendaient ces arguments, mais leur coeur n'était pas celui du vénérable prêtre : leur pardon ne viendrait pas si facilement. Nyougo demanda :

"Sauriez-vous nous dire à quelle distance se trouve la ville la plus proche ?

-Oh ! De ville, il n'y en a guère par ici. En été, vous pouvez rejoindre les terres plus basses, qui sont plus peuplées, en une semaine. Avec cette neige, je crains qu'il ne vous faille un bon mois, à condition que vous ne mourriez pas gelés avant."

Les quatre voyageurs échangèrent des regards. Il devenait hors de question de poursuivre leur zèle jusqu'à la prochaine cité. Le bon sens dictait donc de s'en remettre à la seule solution viable pour assurer leur survie, au moins jusqu'à la fin de l'hiver :

"Vénérable Issho, reprit Atori, y a-t-il une maison vide dans laquelle nous pourrions nous installer ici ?"

La question était posée et avec elle les intentions des marcheurs étaient dévoilées. Le prêtre les considéra tous d'un oeil attentif. Ce regard scrutateur se posa tour à tour sur leurs visages épuisés, leurs vêtements partiellement en lambeaux et leurs armes. Il les jaugeait. Manifestement, sa bonté n'était pas aveugle et serait largement compromise s'il concluait que l'accueil d'éléments étrangers dont il ne savait que peu de choses nuirait à la vie du bourg. Tous retenaient leur souffle. Finalement, il rendit sa sentence :

"Non, il n'y a pas de maison libre, je le crains."

C'était terminé.

Ils n'osaient expirer, de peur de ne jamais pouvoir inspirer à nouveau. Avec cette conclusion, tous leurs espoirs s'envolaient. Ils étaient condamnés à retourner dans la neige, sur la route, et à mourir au milieu du désert blanc. Atori sentit une larme rouler sur sa joue droite. Il ne fit rien pour l'arrêter.

"Toutefois…"

Toutefois ? Les oreilles se tendirent à nouveau, n'osant espérer.

"Un peu en bordure du village il y a une masure. Elle n'est pas grande et son état laisse à désirer, j'en ai bien peur. Mais elle a encore un toit, des murs qui tiennent et l'on peut y porter des lits et de quoi faire du feu. Ce n'est pas un palais, loin s'en faut. Mais ce peut être un refuge."

Quels mots auraient pu décrire alors le soulagement ? Nous les laisserons à l'imagination. Le vénérable Issho conduisit sa troupe vers le lieu indiqué, près des ruines. Il n'avait pas menti : il ne s'agissait pas d'un château princier. C'était une bicoque un peu biscornue, petite, mais qui ne croulait pas encore sous le poids de la neige qui accablait son toit. Ils y déménagèrent, depuis le temple, des couvertures, une torche portant un embryon de feu et des provisions de grain. Le prêtre avait assuré les voyageurs qu'il avait encore bien assez de provisions. Ils promirent de se montrer raisonnables. Ils barrèrent rapidement les fenêtres éventrées par le temps. À la fin de la journée, l'endroit était devenu tout à fait habitable.

Cela s'était fait dans une discrétion totale, que la chute constante de la neige avait favorisée. Pas un habitant du village n'avait vu les nouveaux venus. Pas un n'avait remarqué que la vieille maison abandonnée à la lisière du bourg redevenait un foyer. Cette cécité expliquerait sans doute, dans les jours suivant, que les locaux croient à l'arrivée de fantômes parmi eux. Des fantômes qui semblaient avoir un goût prononcé pour une musique dont ils n'avaient jamais entendu les notes…


Ashikaga Atori
Chronique EmptyMar 11 Juil - 21:46

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Ashikaga AtoriErrant 流離 de rang B

Message Sujet: Re: Chronique

Le soleil avait chassé la monotonie des jours d'hiver. Même à Hashiba, petit village perdu dans les sommets de Sanchu no Kuni, la neige avait fini par fondre et révéler au jour la terre. Tout sortait d'un long sommeil. Les champs retrouvaient le bienfaits de la lumière. Les villageois sortaient de leurs maisons. Les familles se retrouvaient, comme après un long voyage : pourtant, il n'y avait eu entre elles, durant ces quelques mois d'hibernation, que quelques mètres et des murs. Mais c'était un temps où les portes restaient closes. Personne n'avait eu la mauvaise idée de mourir durant cette saison. Il en était souvent ainsi : les vieillards avaient l'esprit pratique dans ces bourgades et savaient que l'hiver la terre était dure, terriblement difficile à creuser. Ils préféraient passer l'arme à gauche au printemps, à l'été ou à l'automne, quand elle était molle. Les funérailles n'en étaient que plus rapides et l'on pouvait s'en retourner tout aussi vite aux travaux des champs. Du reste, il n'y avait, cette année, pas beaucoup de vieux à Hashiba.

L'hibernation, Atori et sa bande l'avaient aussi connue. Ils n'en avaient pas trop souffert. Leur logement était très modeste, certes : c'était un cabanon, une ruine de maison, une masure tout au plus. Ils y vivaient à quatre. L'intimité y était restreinte à l'extrême et la communauté guidait les jours. Il n'y faisait pas bien chaud, mais ils avaient des couvertures et entretenaient un feu qui n'était pas mort une seule fois. Les jours étaient courts et toujours occupés de la même façon. Atori jouait de la musique. Ils mangeaient une bouillie de grains, toujours la même. Les quelques réparations que leurs ressources leur permettaient de bricoler, ils en faisaient bénéficier leur logement. Mais il était une activité qui les occupait, qui traînait dans leurs esprits à longueur de journée.

Ils s'étaient enfuis du camp où ils avaient été détenus d'un même mouvement et sans se demander ce qui les attendrait ensuite. Mais Atori avait trouvé quelques informations qui l'avaient mis sur la piste d'une sorte de chasse au trésor. Des informations que Kishi, l'un de ses compagnons, avait récoltées et qui parlaient de monstres que la musique permettrait de charmer. Atori avait, naturellement, été intrigué. Il n'avait rien dit aux trois autres de ses propres pouvoirs. Mais la quête de Kishi était naturellement devenue la leur à tous. Ainsi, ils avaient attendu les beaux jours en échafaudant des plans d'action.

Ils avaient décidé que, pour trouver la trace des ces monstres aux pouvoirs singuliers, il leur faudrait explorer, le plus possible. Comme ils étaient à Sanchu no Kuni, ils commenceraient par leurs environs proches. Cette volonté avait été renforcée par une autre information, communiquée cette fois par le vénérable Issho, le prêtre desservant d'Hashiba, celui-là même qui leur avait donné un toit et qui leur fournissait de quoi manger, à l'abri des regards encore confinés par la neige des habitants : le vieux religieux leur avait appris que le pays était pour ainsi dire hanté, selon la tradition locale. Ses montagnes étaient capricieuses et se mettaient parfois en action d'elles-mêmes. Des fossés se creusaient, la terre tremblait, le paysage changeait. Il n'y avait que les légendes pour y apporter des explications. Mais les faits étaient avérés : régulièrement, on apprenait qu'une troupe avait disparu suite à un incident de ce genre, ou qu'une maison isolée s'était faite engloutir dans une crevasse. La bande d'Atori avait donc décidé de mener une enquête à ce propos. C'était, après tout, la meilleure piste dont ils disposaient et qui pouvait être liée à ce qu'ils savaient des monstres charmés par la musique.

Dès que la neige avait commencé à fondre, Kishi était parti en expédition. C'était le plus téméraire de tous et l'enfermement commençait à lui peser, même s'il avait pour ses camarades une amitié sincère. Il devait s'aventurer dans les vallées désertées par les hommes. Nyougo l'avait imité, quelques jours plus tard, empruntant un autre chemin. Elle préférait les villes et allait donc glaner des informations là où l'activité était plus forte. Ne restaient plus qu'à Hashiba Atori et Ibutsu, le plus vieux du groupe. Ses jambes ne pouvaient plus le porter en aventures, mais son esprit était de plus en plus tourné vers la dévotion. Avec la reprise des pèlerinages, sur la route desquels Hashiba était une étape incontournable, il avait été décidé qu'il se ferait aide au temple. Un excellent moyen de discuter avec les voyageurs et de récolter des nouvelles venues de loin.

Atori, lui, devait partir dans les jours prochains. Pour l'instant, il se risquait à essayer de nouer des liens avec la population locale. Les villageois avaient découvert avec une surprise mêlée d'horreur, à la naissance du printemps, qu'une troupe d'inconnus avait élu domicile dans un coin reculé de leur bourg. Ils avaient cru tout l'hiver que la musique qui s'élevait de la maison abandonnée était le charme d'un fantôme et avaient sans doute été très vexés que même un spectre ne daigne pas poser les pieds dans leur bout de monde. Ils avaient repris les travaux des champs, sur les cultures en terrasse. Ils s'affairaient à préparer la terre, à la nourrir le plus possible après tant de semaines d'indigence. Atori avait proposé son aide, qu'on avait poliment - mais sèchement - déclinée. Il aurait, de toute façon, été bien maladroit. Alors, il se contentait de jouer de la musique pour ceux qui le voulaient, le soir, sur l'unique place du village. Son public grandissait peu à peu. Il chantait des histoires de son pays, Oto no Kuni, ou d'Homura. Il attendait qu'on lui en apprenne de nouvelles, en vain pour l'instant. On le tolérait, mais on ne l'acceptait pas tout à fait encore.

Il en était ainsi des étrangers dans les petits villages qui n'ont l'habitude d'offrir l'hospitalité qu'à des voyageurs de passage. Et la solitude commençait à peser sur Atori, qui voyait passer les jours sans que ses compagnons ne reviennent.


Narrateur
Chronique EmptyMar 31 Oct - 18:34

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Narrateur

Message Sujet: Re: Chronique
Au beau milieu du village d'Hashiba, à une heure où tous s'étaient adonnés à leurs activités du jour en laissant un certain barde seul avec son shamisen, une petite ombre s'élevait des fourrées, un boisseau de riz à la main – ou plutôt... à la patte. Sa silhouette s'avançait doucement dans le dos du musicien, qui s'était – certainement – laissé aller une nouvelle fois à jouer quelques sons sur les cordes de son instrument. Les hautes herbes qui entouraient le village et ses plantations étaient un délice exquis pour ce petit être, qui, enfin, se montra à l'humain. Bien loin de sa position, il semblait toutefois se rapprocher chaque fois qu'il ne le regardait pas ou osait cligner des yeux, à l'image de certaines statues d'anges effrayantes.

Jusqu'à ce qu'il ne ficher son faciès pile en face du sien, le toisant jusqu'à en loucher.

« Tu sais ce que c'est une vigne vierge à fruits bleus ? »

Ses yeux globuleux fixaient Atori sans cligner, son boisseau fermement tenu entre ses coussinets.


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FUUKYOU

風狂 folie, démence, fou, dément


Le Fuukyou est un esprit harceleur qui, selon ses humeurs lunatiques et instables à souhait, peut aller jusqu’à vous pourrir la vie s’il en a décidé ainsi. Se trouvant généralement dans les prairies et notamment les hautes herbes, il est un parfait connaisseur de la végétation et de ses fruits, fleuris ou non, à tel point qu’il se promène toujours avec une plante à la patte lors de ses apparitions. Si par malheur, vous êtes un ignorant en flore ou que vous n’éprouvez aucun intérêt à sa passion, fuyez. Car il a pris la malsaine habitude de persécuter ces individus, en s’approchant un peu plus épouvantablement d’eux à chaque fois qu’ils ne le regardent plus (à la manière du 1, 2, 3… Soleil !). Si vous voulez survivre à ce cauchemar, il vous faut à tout prix trouver quelle est sa plante fétiche. On dit qu’il est le fragment fantomatique d’un chat qui, de son vivant, était si possessif de sa maîtresse fleuriste qu’il a fini par la tuer en s’endormant sur son buste pour l’étouffer et la garder à tout jamais rien que pour lui.
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