Le silence, voilà qui était nécessaire à la réflexion, celle nous amenant à trouver des solutions à des problèmes complexes. Ce silence, je ne l’avais pas, à la place, j’avais un homme face à moi se moquant de mon jeu. Oui, un jeu puisque j’étais en pleine partie de Shogi avec mon paternel, qui était nettement avantagé et ne se retenait pas de me le faire remarquer. Plus jeune, j’avais déjà retourné plusieurs fois la table à cause de ma frustration; avec le temps, j’avais réussi à me maîtriser, de temps en temps, mon paternel recevait une tasse de thé dans le visage, c’était la version édulcorée.

Le repli stratégique, pouvant être affilié à de l’abandon, était loin d’être une solution de lâcheté. Utilisée au bon moment, elle pouvait être la clef. C’était ce que m’avait enseigné mes pairs Nara et même si nous parlions seulement de Shogi en ce jour, je ne comptais pas oublier cette leçon.


Je ne l’avais pas félicité bien sûr, il ne manquait plus que ça.

Alors que j’étais de corvée pour ranger le jeu ainsi que les différentes pièces, j’entendis quelqu’un se présenter à notre demeure. Apparemment c’était urgent puisqu’ils avaient envoyé un messager. Ma curiosité m’avait poussé à rejoindre l’entrée traditionnelle afin de comprendre de quoi il en revenait. Mon père fit un signe de la tête au messager, qu’il connaissait certainement, avant de m’inviter à le rejoindre.

Aussitôt, la personne comprit que j’étais Nara Haruko et me donna en main propre une missive. Aussitôt, je m’étais mis à lire cette dernière pour bien comprendre la situation. Une nouvelle mission m’était confiée et apparemment, j’étais en remplacement d’une autre personne ? Cela ne me dérangeait aucunement, accomplir mon devoir était une priorité. Tout en abaissant mon haut du corps avec respect, je fis comprendre à mon interlocuteur que le message était passé.

Après avoir rapidement récupéré quelques équipements, je m’étais dirigé vers le lieu du rendez-vous à toute hâte.

D’après mes informations, je devais remplacer un certain Shinkai Hayato, qui lui-même avait été missionné ailleurs. Ce changement de dernière minute de notre administration avait certainement eu lieu pour diverses raisons mais… ces dernières ne m’intéressaient pas. Seul mon engagement auprès de l’Empire et de mon clan importait. Je ne mis que très peu de temps afin de rejoindre mon partenaire de mission, un dénommé Fujiwara Gen’Ichiro.

Son nom était évocateur, c’était un confrère clanique. J’étais d’avance honoré de pouvoir travailler à ses côtés et de régler cette affaire, qui nuisait au bon fonctionnement de notre système.

Un simple regard échangé nous permit tous deux de comprendre que nous avions le même but. Il avait été certainement prévenu du départ de son premier coéquipier et m’avait attendu.


Dis-je en ayant le haut du corps légèrement abaissé, pour faire signe de respect à mon interlocuteur.


Tout en discutant, je relisais avec attention la missive.


L’excitation me gagnait à nouveau, cette mission s’annonçait très intéressante.

À l’annonce de mes compétences, mon interlocuteur s’était montré surpris. Intérieurement, j’avais esquissé un sourire au vu de sa réaction. Ce n’était pas le seul à s’étonner ainsi et ne sera certainement pas le dernier. Je n’en étais pas encore à conter mon histoire, mais peut-être que le moment venu, je lui apporterai des réponses. Mais, l'heure était à la mission et nous devions tous deux avancer dans l’objectif de réussir ce qui nous avait été confié. La première proposition de Gen’Ichiro m’avait paru pertinente, nous devions nous diriger comme la missive l’indiquait dans les bas-fonds de la capitale.

Alors mon partenaire du jour avait emboité le pas, j’écoutais son interrogation quant à nos capacités et nos possibilités, une fois dans la gueule du loup. Ses “craintes” étaient fondées, pour le moment, nous ne possédions aucune information concernant les forces ennemies. Comment agir sereinement et comme nous l’avions appris avec si peu ?


Avais-je balancé avant de ranger dans mon sac tout ce qui était relatif à mon clan ou mon appartenance aux forces armées. Nous devions nous fondre de la masse pour mieux la comprendre et surtout pour le bon déroulé de la mission.

Quelques dizaines de pas nous avaient suffi afin de rejoindre une de nos premières destinations. Une certaine odeur nauséabonde se dégageait de l’endroit, les ruelles me paraissaient bien plus froides que la forêt sous son voile hivernal. Cela ne me donnait pas envie de devenir un résident du quartier, mais pour autant, je ne me sentais pas mal à l’aise. Évidemment, au vu de ma position, je me sentais comme un privilégié, mais j’avais beaucoup d’empathie pour ces personnes et ne me considérais en rien comme supérieur à eux.


Dis-je tout en remontant mes manches pour laisser mes avant-bras apparents.


Oui ma façon de m’exprimer était déjà bien différente, petit à petit, j'avais essayé d’effacer mon éducation pour me fondre dans un contexte ayant l’habitude de ne pas peser chacune de leur parole. Je ne voulais les moquer en rien, hors criminels, ils avaient tout -et tous- mon respect.

Il était temps de découvrir de nos propres yeux, un monde qui était certainement à l'opposé du nôtre, une perspective qui m'intriguait au plus haut point.

Il était vrai que mon interlocuteur ne passait pas inaperçu. Sa chevelure dorée était quelque peu atypique et certainement d’autant plus dans ces quartiers. Gen’Ichiro avait souhaité me prévenir, qu’il était dans l’incertitude quant à ses capacités à se fondre dans la masse. Peut-être allais-je devoir jouer de ça ?

Le sourire en coin, nous avions marché côte à côte quelques longues minutes avant de rejoindre un premier établissement. Les portes en bois vêtues passées, nous avions pu constater le spectacle des bas fonds. Le bâtiment était mal entretenu et les murs en bois, de basse qualité, étaient tâchés par assurément des fluides humains ainsi que de l’alcool. L’odeur était ce qui m’avait le plus marqué en rentrant dans cette pièce. Un mélange d’alcool et de tabac, mêlé à un relent d’urine. J’en étais dégoûté, mais mon air restait impassible, je devais me montrer comme acclimaté à cet environnement et d’ailleurs, j’avais eu l’impression de réussir.

À peine entré, j’avais pu m’adosser au bar et écouter les discussions autour de moi, rien n’était très intéressant.

Sans grande surprise, un éméché de la première heure interpella mon partenaire de mission. L’alcoolique l’avait ainsi nommé “Princesse”. Le Fujiwara m’avait prévenu, il ne se sentait pas particulièrement à l’aise dans ces situations et dans cette optique, j’avais commencé à malaxer une grosse quantité de chakra dans mon corps. Je me devais d’être prêt à toutes les éventualités.

Les provocations avaient attiré l’attention de tout l’établissement. Certains s’étaient retournés en mouvant leurs chaises, créant un brouhaha insupportable. Mon homologue répondit sans l’once d’une hésitation. Même si son langage était encore perfectible, il s’était laissé porter par la provocation, qui pour moi, était vraiment la meilleure solution à ce stade.

Lorsqu’une première menace émana de la part de l’alcoolisé, j’avais tapé de mes mains, très fort, comme pour applaudir un spectacle qui s’apprêtait à se dérouler sous mes yeux. Un peu à contre-temps, c’était moi qui avais attiré maintenant l’attention du public.



Laissant quelques instants d’incompréhension planer, je m’étais dirigé vers une table vacante, mais avec des restes et des bouteilles d’alcool non débarrassées. D’un simple revers de la main, j’avais tout envoyé valser avant de fouiller dans ma poche droite. Aussitôt, j’avais sorti quelques pièces de mon pantalon pour venir les claquer contre le bois du mobilier. Le son était si fort qu’il avait certainement éveillé les plus endormis.


L’appât du gain, c’était une faiblesse pour beaucoup. Je n’appréciais pas forcément abuser du bas peuple. Cependant, c'était un mal nécessaire et à mes yeux, moindre, afin d’enrailler les problèmes de ce quartier.


Naturellement, c’était comme un ring improvisé qui s’était formé autour de Gen’Ichiro et de l’homme qui était apparemment nommé Kyoshiro. Tandis que l'écervelé discutait avec ses petits camarades, je m’étais rapproché de mon partenaire afin de lui adresser quelques mots.


J’avais l’impression d’être crédible, mon attitude, mon comportement, mon regard, j’avais essayé de tout changer. Foncièrement, mes traits faisaient que j'étais adapté à ce genre de chose. Être son entraîneur me paraissait aussi crédible, de ma carrure imposante et ma taille, il pouvait s’avérer cohérent que j’eus été son “mentor” amateur, malgré mon jeune âge.

Le pari était risqué et je ne parlais pas de ma mise en scène, mais plutôt du fait d’avoir mis notre partenaire au milieu d’un événement incongru. D’après moi, peu importe, cela aurait fini de la sorte; j’avais donc juste accéléré le processus en poussant légèrement les parties prenantes à cette résolution par la violence. Ce qui m’était utile, c’était le fait que mon homologue Fujiwara soit sous-estimé, c’était toujours d’autant plus spectaculaire, une fois terminé.

Tout en continuant à malaxer du chakra dans mon corps, en dose suffisante, j’avais balayé la pièce du regard à la recherche d’un danger plus grand que celui qui guettait mon guerrier du jour. Je n’avais rien remarqué d’anormal, tandis que Gen’Ichiro avait répondu à mon jeu d’acteur, en qualifiant son ennemi de “pot-de-colle”. C’était une appellation… amusante, le Samouraï s’était pris au jeu qui au combien pouvait être difficile pour quelqu’un comme lui. J’appréciais réellement son investissement.

Tandis que le combat avait débuté et que sa conclusion était pour moi d’ors et déjà décidée, j’avais continué à sonder les alentours pour remarquer un individu dénotant légèrement, ayant comme une aura bien particulière. Ce dernier semblait intéressé par “L’éclair”.

L’appât avait-il fonctionné ? Nous le verrions bien assez vite.

La victoire de mon homologue proclamé, chacun s’était affairé à récupérer ses gains improvisés après que j’eus prélevé les miens. L’homme qui dénotait, à la barbe rousse, vint à ma rencontre, d’un pas assuré. Tourné face à lui, arborant une mine satisfaite, je l’avais écouté se présenter. En même temps, j’avais invité Gen’Ichiro à rejoindre la conversation, d’un signe de la main.


Avait-il dit en pointant du doigt approximativement le lieu.

Zuko s’en était ensuite allé, rejoignant deux de ses amis ou acolytes. Nous avions déjà le début du puzzle, cet homme était chargé de trouver de bons combattants pour assurer du divertissement et enfin, gagner de l’argent. Il ne me paraissait pas plus dangereux que ça. Pour discuter de ce qu’il s’était passé, j’avais proposé à mon confrère de rejoindre une auberge avoisinante et d’y passer la soirée ainsi que la nuit. Une fois arrivé dans l’établissement, j’en avais profité pour commander de la nourriture, comme promis.

La chambre rejoint, j’avais fermé les rideaux et avais vérifié que la pièce était sécurisée. Tout me semblait en ordre, les bras croisés, mon expression changea. Je réfléchissais quant à la suite des évènements.


Que nous réservait réellement ce tournoi ?

Mon homologue n’était pas mécontent de cette initiative et s’était même préparé à cette possibilité. Le sourire en coin, j’avais simplement acquiescé de la tête comme pour le remercier pour ses paroles. Après avoir discuté brièvement avec Gen’Ichiro, nous avions convenu qu’il était temps de nous reposer et de faire le plein d’énergie pour le lendemain, qui s’annonçait rude. Enfin, à priori, il était le plus à même de devoir faire des efforts physiques. Je n’étais pas le combattant, n’est-ce pas ?

Avant de prendre la direction de notre premier point de rendez-vous, j’avais pris une vingtaine de minutes afin de faire ma routine matinale accélérée. Une centaine d’abdominaux ainsi que de pompes plus tard -et bien sûr quelques étirements-, j’avais accompagné, le corps chaud, mon confrère. C’était Zuko qui était venu nous chercher, avant de nous amener dans un endroit qui me paraissait désaffecté. C’était une espèce d’entrepôt, lugubre et vétuste au possible. Une odeur de poussière se dégageait de cet endroit mais… ce n’était pas la seule chose que je sentais. Du sang ? Oui je sentais le sang, c’était léger, mais cette odeur métallique ne trompait pas. Beaucoup de sang avait coulé -cette nuit- dans cet endroit.

Alors que je m’apprêtais à reprendre mon rôle d’entraîneur, notre rabatteur me fit part de son envie de m’inscrire. Ce n’était même pas une proposition d’après la tournure et son ton, je n’avais donc pas le choix.


Balançais-je en riant. Mon interlocuteur n’avait pas plus réagi à ma blague, intérieurement, il se demandait peut-être si j’étais à la hauteur de mes paroles. Il en était pas moins que cela ne faisait pas parti de mon plan de base...


Ce prénom, c’était celui que j’utilisais le plus fréquemment dans ce genre d’occasion. L’organisateur nous montra la voie pour connaître nos futurs adversaires en précisant que la mort était probable et qu’ils n’étaient responsables en rien. Pourquoi cette précision ? C’était implicite et à mes yeux, il n’était nullement nécessaire de nous en faire part. Toujours dans la relance et dans mon jeu de rôle, je ne voulais néanmoins pas rater cette nouvelle occasion de me montrer.


Dis-je avant de rejoindre le panneau d’affichage, aux côtés du Fujiwara. Mon nom venait à peine d’être inscrit face à.. “Le démolisseur” ? Qu’est-ce que ça pouvait bien être comme farce ?


Suite à sa réponse, une cloche de fortune sonna et l’arbitre, tout autant improvisé, invita les prochains combattants à rejoindre l’arène.

Alors que j’étais en pleine analyse du lieu et de récolte d’informations, je sentis que les regards du public étaient perdus, ils étaient à la recherche de quelqu’un.


Dit-il tout en se cabrant, tel le meilleur des animateurs. Je n’avais pas saisi que c’était mon tour, mais je ne comptais pas rechigner à la tâche, l’éclair l’avait bien fait non ? Après lui avoir adressé un sourire, je m’étais hissé jusqu’au ring.


L’air impassible, j’encaissais ce qui était en train d’être exprimé par l’animateur, l’arbitre ou peu importe qui proférait ces paroles. Comment osait-il ? Je bouillonnais intérieurement, non pas pour moi, mais pour le peu de valeur qu’ils accordaient à la vie.


Oui, j’étais prêt. Je pris même la peine d’enlever mon haut, laissant apparaître mon torse et une cicatrice de brûlure recouvrant l'entièreté de mon dos.

Quant à mon adversaire, il était musclé, très musclé. Sa taille devait être similaire à la mienne mais en termes de musculature, il me surpassait certainement. C’était un combat qui s’annonçait intéressant. Je devais être prudent à ne pas utiliser un style trop militaire, c’était une de mes priorités afin de conserver ma couverture.


Et, la foule s’exclama, tandis que le démolisseur, tel un bélier sans foi ni loi, s’élança sur moi. Il n’était pas rapide et facilement esquivable. Alors qu’il était à quelques centimètres de moi, je pris la décision de réaliser une esquive rapide, sans pour autant m’écarter du danger. Je voulais tester ses réflexes et comment il allait me taper suite à ça. Après s’être arrêté, il avait pivoté sur lui-même pour balancer son poing droit sur ma tête. À l’aide de mes deux avant-bras, j’avais paré ce coup et avais reculé à cause de la puissance.

Sans l’utilisation d’une porte, il était peut-être plus fort que moi et à ne pas sous-estimer. Sur son visage, je pouvais lire de la haine mélangée à du plaisir, il bavait d’excitation. Suite à ça, j’avais encaissé plusieurs coups, en prenant mes distances petit à petit, lui laissant croire qu’il avait le dessus sur moi. Son pseudonyme était scandé par la foule, cela m’arrangeait. La défaite n’en serait que plus utile pour la mission.

Nous étions chacun de notre côté du ring et je me permis de l’attiser.


Le géant devint tout rouge et s’apprêta à me foncer dessus, tel un bélier. Il avait mordu à l’hameçon, si bien que je n’avais pu m’empêcher de sourire. Ce n’était pas mon jeu de rôle cette fois-ci, mais bien ma satisfaction personnelle. Le démolisseur était maintenant à quelques centimètres de moi et avait dégainé sa plus grande frappe, pour m’éteindre en une seule offensive. Après avoir infusé suffisamment de chakra dans mon corps, j’avais esquivé rapidement son poing, afin d’abaisser mon corps, le rapprocher du sol et pouvoir le saisir par le cou, dans le but de retourner sa force contre lui et ainsi : le renverser.

KO:

Le démolisseur tomba au sol, sonné par le choc de la prise de lutte. C’était mon moment et je ne comptais pas le rater. Je mis un premier coup de coude au niveau de son visage afin de le sonner, pour enchaîner par des coups de poings, plusieurs, jusqu’à qu’il soit totalement à ma merci. Ses bras touchaient le sol et il ne résistait plus. Je sentis son visage se déformer sous la pression de mes attaques, le sang jonchait déjà le sol. Je ne m’arrêtais pas. Le public pensait peut-être que j’étais enragé, mais non, je contrôlais parfaitement la situation.

Finalement, l’arbitre m’annonça vainqueur, tandis que l’entraîneur du démolisseur récupérait son combattant en même temps que ses dents.


Dis-je à l’arbitre, pour continuer dans mon rôle d’arrogant.

Le combat terminé, mon confrère m’avait rejoint tandis que je nettoyais le sang sur mes mains. Même si dans le fond j’aimais le combat au corps à corps, en rétrospective, ce combat n’avait eu que peu de saveur. Certains sportifs étaient aussi portés par l’encouragement de la foule et les différentes émotions en émanant, pour ma part je n’avais aussi trouvé rien d’intéressant à cela. C’était une bonne chose après tout, cela voulait dire que malgré tout, mon esprit restait focalisé sur notre mission.


Mon compagnon me fit part de sa découverte et d’un lieu mystérieux, gardé par une personne qu’il avait comparé à un gorille. Je ne pus m’empêcher de sourire face à cette comparaison puisque après un regard en direction du fameux, l’expression prenait tout son sens.

Néanmoins, même si l’intuition de mon camarade me paraissait bonne, il était compliqué d’en venir à une conclusion si rapidement. De plus, d'après Zuko, cette rencontre n’était que la prémisse d’autres. Potentiellement, toutes les têtes pensantes du réseau, ainsi que les parieurs, nobles, aux idées tordues et autres, n’étaient point en ce lieu. Mettre à mal  notre couverture si rapidement, avant d’avoir toutes les informations dans nos mains, était risqué.


Marquant une pause, j’avais tenté d’analyser rapidement la situation et nos possibilités. Nous aurions très bien pu collaborer, de façon à détourner l’attention et pénétrer l’objectif derrière, mais étant donné que nous avions très peu d’informations sur la topologie de la pièce. Ça me semblait risqué.


Dis-je en marquant une pause, avant d’afficher une mine sérieuse et réfléchie. Nous devions agir avec prudence.


Qu’en pensait mon acolyte du jour ?

Mon camarade était dans le vrai, nous ne devions pas pour autant nous laisser entraîner par les émotions. Je le comprenais parfaitement et espérais ne pas avoir fait passer de mauvais messages. Malgré la portée de mes attaques, je pensais avoir été juste concernant mes actions. Après avoir abaissé la tête comme pour acquiescer à ses dires, je le vis partir en direction de son combat. Il était temps pour lui de briller, comme il avait pu le faire dans le premier établissement. Se faire remarquer pouvait être très bonne chose dans ces milieux, mais il arrivait, de temps en temps, que ç'ait l’effet inverse.

Le Fujiwara faisait face à la tueuse, qui a première vue, bien qu’elle pouvait paraître terrifiante aux yeux du monde, ne paraissait pas à la hauteur d’un Shinobi entraîné tel que Gen’Ichiro. Comme demandé, je m’étais positionné de façon à avoir une vision plus que correcte sur la fenêtre qu’il devait saccager. Comme précisé, il me fallait simplement une ouverture afin d’analyser la situation au mieux.

Du coin de l'œil, j’avais diligemment observé les mouvements de mon confrère. Il était rapide et très habile, il me paraissait redoutable. Face à lui, je n’étais pas sûr de pouvoir tenir très longtemps. Le Fujiwara était précis, chacune de ses actions était calculée. Cette précaution dont il faisait preuve était nécessaire, même face à un adversaire plus faible que soit. Alors que la foule considérait le combat en faveur de la dame, personnellement je n’avais douté un seul instant de l’issue de cette rencontre.

Correctement positionné, j’attendais de voir la pièce se dérouler tel que nous l’avions prévu. Une lame noire fit son apparition et scella le destin de ce combat. Une puissance telle -mais contrôlée- avait été employée que la tueuse avait été projetée contre la fenêtre, comme prévu. Prenant l’air presque étonné, je pus voir de ma position de quoi et qui il en revenait. Trois personnes avaient fait leur apparition, tandis que je pus voir par la même occasion une certaine somme positionnée sur la table. Cet argent n’était pas l’objet d’un seul combat ni même de ce combat improvisé à mes yeux. C’était certainement la récolte de la “vraie arène”.

Celle qui nous avait amené à nous infiltrer en ce lieu.

Le sourire en coin, je pus observer un homme, possédant de multiples cicatrices sur le visage, sortir de la pièce, tout en marchant sur la victime. Après avoir enjambé voir sauté, il s’était doucement dirigé vers Gen’Ichiro, une cigarette à la bouche et… riait ? Alors qu’il avait affiché une mine mécontente, dorénavant il riait.

Je sentis soudainement un certain flux de chakra émaner de son corps, comme s’il souhaitait menacer Gen’Ichiro, qui se trouvait maintenant à quelques centimètres de lui. Cette aura oppressante n’était pas là par hasard.


Avait-il dit en laissant un blanc, pendant quelques instants.


Durant que l’un de ses acolytes rangeait les billets, il prit le chemin du retour et lâcha son mégot de cigarette sur la tueuse, gisant au sol.

Cette scène me dégoûta au plus haut point et bien que l’opposante de Gen’Ichiro était ensanglanté et inconsciente, j’étais sûr que cela en avait valu la chandelle.

J'avais ensuite rejoint mon partenaire pour observer la fin des combats, le dénouement approchait.

La douceur de Gen’Ichiro l’honorait, lui qui avait pitié de son adversaire après l’avoir mis à terre. Cette adversaire était certainement liée à des affaires bien moins glorifiantes que ce qu’accordait mon confrère à cette situation mais-... il était tout de même “touché”. Je le comprenais, bien plus qu’il ne pouvait l’imaginer. Pour ma part, j’étais parvenu à me détacher de ce genre de chose et je devais avouer que j’avais encore moins de pitié pour les énergumènes de la sorte. Mais à mes yeux, une âme était une âme et même si souillée, nous devions la guider vers le droit chemin, même si ce chemin devait se faire dans l’autre monde.


Ces simples mots, je les avais prononcés pour rassurer mon confrère qui… commençait à prendre à cœur cette mission. Gen’Ichiro disait lui-même qu’il voulait s’occuper de celui qu’on pouvait considérer comme le meneur des opérations. Comment devais-je réagir face à cette demande, face à cette proposition ? Mon interlocuteur voulait adopter une solution moins conventionnelle et en résumé : foncer dans le tas.

Pourquoi pas ? Bien que j’étais un Nara, je comprenais son intention et nous avions suffisamment d’informations pour nous élancer dans un combat généralisé. Les combattants, on les avait observés un à un, j’avais noté chaque force et faiblesse. Lorsqu’une personne effectuait une parade ou une contre-attaque, j’avais calculé le positionnement des jambes et si chakra il y avait, comment il s’en servait pour magnifier leurs offensives, tout était dorénavant ancré dans ma tête. Alors oui, je pouvais comprendre le Fujiwara et souhaitais avec plaisir et retenue, accéder à sa requête.


La journée était terminée et celle de demain avait été expliquée. L’organisation avait finalement décidé de nous enfermer en ces lieux, où nous mènerons d’autres combats le lendemain. Finalement, il n’était pas nécessaire d’attendre plus longtemps.

Après avoir fait un rapide tour de l’entrepôt, l’air de rien, je m’étais repositionné aux côtés de l’éclair, veillant à ce que notre discussion reste privée.


Les bras croisés, je fis un signe de la tête à mon confrère, lui demandant d’observer la dizaine de combattants qui étaient, chacun dans leur coin, pensant seulement à leur potentielle victoire du lendemain.


Il voulait de l’explosivité n’est-ce pas ?

Le chakra commençait à affluer dans mon corps et comme j’avais pu ressentir la tension électrique auparavant, mon partenaire allait lui aussi ressentir la puissance du Hachimon.

Il était vrai, je ne pouvais le nier, j’avais un besoin insatiable de défi.

Afin de m’améliorer, dans le but de devenir plus fort et atteindre mes objectifs les plus ambitieux, je devais acquérir de la puissance. En ce jour, les dieux m’avaient donné une première opportunité et au vu de la discussion que j’avais partagée avec mon homologue, une autre me serait assurément donnée le lendemain.

Le sourire aux lèvres, j’avais simplement acquiescé d’un signe de la tête, afin de confirmer l’ébauche du plan sur lequel nous nous étions mis d’accord. Notre marge d’erreur était plutôt faible.

Tous confinés dans l’entrepôt, j’avais pu observer pendant de longues heures les adversaires que j’allais affronter le jour suivant. Certains étaient dénués de puissance, certains possédaient suffisamment de chakra pour m’effleurer… Finalement, la masse faisait qu’elle était dangereuse, mais si je m’y prenais correctement, elle ne serait en rien un problème. Cela dit, il subsistait un doute. Je ne parvenais pas à analyser correctement un participant, une capuche sur le visage. Son aura était plutôt basique, mais je ne descellais aucun chakra, vraiment aucun. J’étais un peu étonné, même si j’étais loin d’exceller dans l’art de la sensorialité, cette personne ne m’évoquait rien.

De plus, je ne pouvais juger son physique ou son équipement puisqu’il prenait soin de dissimuler la moindre information à son sujet.

Le lendemain, j’étais positionné aux côtés du Fujiwara et ce dernier m’indiqua être prêt pour le grand bal.

Le sourire aux lèvres, j’avais simplement fait un signe à mon partenaire, afin de signifier que je l’étais réellement. Aussitôt, j’avais laissé mon chakra se diffuser dans mon corps et le spectacle débuta. Les moins idiots comprirent rapidement de quoi il en revenait et s’était élancé en direction de Gen’Ichiro. Sauf qu’il y avait un obstacle : moi.

Je ne comptais pas les laisser passer, c’était sans peine que j’avais chargé en leur direction afin de les projeter sur les murs avoisinant ma position.


Avait balancé un décérébré, avant de s’élancer avec ses acolytes. J’en comptais environs sept, dont deux armés d’un objet contondant. Tandis que je réfléchissais comment les mettre à terre et retourner leurs propres armes sur eux, je sentis un torrent de chakra se déployer. Les yeux écarquillés, j’avais pu voir une nuée d’éclairs, balayant mes opposants. Alors que les corps tombaient un à un. Je pus voir la personne mystérieuse, capuchonnée, marchant en ma direction.

Derrière cette capuche, se cachait finalement un homme à la chevelure azure, le visage découvert, il me faisait maintenant face. C’était donc un utilisateur de Raïton… intéressant.


Ne comptant pas m’éterniser et en mettant toutes les chances de mon côté, je ne l’avais pas laissé terminer sa phrase. J’avais balancé un premier coup de poing sur son torse, qu’il évita au tout dernier moment.


Dit-il, avant de façonner une lance électrique dans les airs, prête à être envoyée sur ma position.


Dis-je sobrement, avant de me préparer à la suite, tout en pensant que je venais d'obtenir une information intéressante pour la mission. Une autre personne à enfermer n'est-ce pas ?

Intéressant, mais pourquoi ?

Tout d’abord puisqu’en tant qu’antagoniste de bas étage, mon interlocuteur venait de m’avouer son lien avec le meneur des opérations. Cela allait me faciliter le rapport de fin de mission, je ne pouvais que lui en être reconnaissant.

De plus, il semblait manier le Raïton à sa guise et en plus d’être en capacité de s’appuyer sur la spécialité Fuinjutsu, il me paraissait être à l’aise au corps-à-corps. D’après moi, il n’était pas si aisé d’éviter un coup de poing de la sorte. Et je trouvais ça intéressant aussi en effet, tellement que les prémices de l’affrontement m’avait procuré une certaine excitation, une certaine adrénaline-...

J’adorais le combat, c’était vraiment quelque chose qui m’animait. Le sourire en coin, j’avais fait quelques pas, lents, en sa direction. Mon adversaire continuait à palabrer, sans cesse, comme si j’étais ne serait-ce qu’intéressé par ce qu’il pouvait dire. La lance Raïton toujours en suspension, mon mutisme avait l’air de l’avoir désarçonné et l’avoir poussé à bout. Le visage sous l’emprise de la colère, le projectile fut envoyé à toute allure en ma direction. Je pus presque entendre le bruit du tonnerre lorsque l’attaque me frôla. En effet, j’étais parvenu à l’esquiver, moi aussi, au dernier moment.

Cela avait sonné comme une provocation et c’était en effet le but recherché.


Dis-je simplement, avant d’ouvrir la première porte céleste dénommée Kaimon. Celle-ci me permettait de me mouvoir bien plus rapidement et  d’être bien plus puissant sur mes offensives. Une aura blanchâtre m’avait entouré et le chakra se diffusait dans tout mon être. Je connaissais le contrecoup, mais cet affrontement avait attiré mon attention.

De plus, lors de sa première attaque sur ses pairs, il avait utilisé une technique qu’on pourrait qualifier de zone. Je me savais en danger sur ce type de coup, je ne devais donc pas faire durer le combat.

Sous la première porte, je fis un bond rapide en avant en la direction de l’utilisateur de Ninjutsu. J’étais finalement arrivé à sa portée et cette fois, bien plus rapidement. Il évita le premier coup, puis le deuxième, ainsi que le troisième. Pourtant, je n’en étais pas moins contrarié, ce n’était que le début de la danse. Cet homme méritait bien plus qu’un échange amical, alors je m’étais mis à tournoyer rapidement autour de lui, aussi rapidement que la porte céleste me le permettait.

Ses yeux avaient certainement du mal à suivre et à la fraction de seconde, où je vis sur son visage un changement d’émotion, je m’étais jeté sur lui, pied le premier. Mon pied, positionné au niveau de son cou, l’envoya violemment dans les airs.

Une rotation sur moi-même plus tard, tandis que je m’apprêtais à lui asséner le coup de grâce au niveau de son torse, je vis que ses mains étaient collées. Les yeux écarquillés, je fis rapidement un saut en arrière, comme pour signer une retraite temporaire.

Mais c’était trop tard, malgré mon invective, il était déjà parvenu à faire les mudras et plusieurs éclairs se formèrent au-dessus de nous.

Une seconde plus tard, l'agression s’abattit sur ma position -et la sienne-, je pus au dernier moment m’éclipser, mais malheureusement, son attaque avait touché mon bras gauche. Utilisant mon autre bras pour le soutenir, je pus voir le sang couler à même le sol. Mon membre était engourdi.

Sauf que je n’étais pas le seul à avoir été touché, lui aussi, avait pris son propre jutsu. Il s’était relevé et me faisait dorénavant face. Ses vêtements étaient brûlés et il saignait de part en part.


Je ne pus m’empêcher de rire, brièvement, était-il devenu fou ?


Le visage rouge, il exécuta plusieurs mudras rapidement et au-dessus de sa tête, se façonna une lance d’éclair, puis une deuxième, une troisième et une quatrième ? Mon adversaire vidait son chakra à une certaine vitesse, mais ce n’était pas pour autant idiot. Au vu de son état, il savait que c’était sa dernière chance.

Je devais bander ma blessure le plus rapidement possible, perdre du sang n’était jamais très bon. Le problème étant que… j’avais face à moi quatre projectiles.

Peu importe, je n’avais pas de temps à perdre. En un seul saut, j’avais fait quelques mètres en sa direction et il lança ses projectiles. Par souci de précision, il les avait envoyé un par un. Le premier fut évité avec une simple esquive, le deuxième, j’avais roulé sur la droite, tout en continuant à courir en sa direction. Les deux derniers furent évités de la même façon, avec une esquive dite “rapide”. Elles avaient été les plus difficiles puisque j’étais presque à bout portant.

Et finalement le dénouement, mon poing droit, le plus puissant possible dans son ventre. Ce poing, additionné à mon attaque précédente, à son offensive de zone et son manque de chakra… lui avait été fatal. Il perdit connaissance aussitôt, après avoir craché tout ce qu’il pouvait.

Un soupir plus tard, j’avais toisé le “public” de la salle, fébrile à nous rejoindre, alors même que j’étais blessé.

D’ailleurs, je m’étais attelé à positionner un bandage autour de mon bras, je ne pouvais saigner plus que ça. Qu'en était-il de mon camarade ?

Mon camarade m’avait rejoint, signe qu’il était assurément sorti vainqueur de son affrontement. Je n’avais douté une seule seconde de ses capacités, je ne le voyais pas perdre, peu importe les dangers. Au-delà de ma confiance en ses dispositions, j’étais confiant quant à son souhait de suivre son crédo et d’appliquer la justice là où il était nécessaire de le faire. La compassion était en quelque sorte une valeur essentielle du Bushido, mon homologue avait-il compati suite au spectacle que nous avait offert le meneur ? Sans conteste.

Lui aussi était blessé, nous devions recourir aux premiers soins avant de demander aux autorités compétentes de nous rejoindre, afin d’écrouer reste des criminels.


Aussitôt, j’avais laissé mon partenaire afin qu’il puisse contrôler les potentiels criminels restants. D’après ma première évaluation, il ne craignait rien. J’avais mis à bas l’homme avec le plus de potentiel du groupe, tandis qu’il avait aussi œuvré de son côté.

Une fois à l’extérieur, j’avais pu prendre une grande respiration avant de violemment refermer la première porte céleste. Suite à la fermeture de la Kaîmon, je m’étais recroquevillé sur moi-même afin d’encaisser la douleur. Elle était largement supportable, mais se diffusait dans tout mon être. En plus de cela, j’étais blessure, la combinaison des deux douleurs ne faisaient pas bon ménage.

Je mis quelques minutes à reprendre mes esprits et pouvoir difficilement me relever, prenant appui sur un mur, j’avais pu faire quelques mètres grâce à lui, avant de voler de mes propres ailes en direction de l’avenue principale.

J’avais ensuite pu interpeller les soldats non loin, leur faisant part de la situation. Je les avais ensuite sommés de rejoindre le Fujiwara. Rapidement, après avoir contacté les leurs, d’autres fervents défenseurs de notre patrie s’était attelé à la tâche.

La mission était considérée comme terminée, enfin presque. Il restait une des tâches du moins intéressant et très important : le rapport.

Avant de remplir ces formalités, j’avais pris quelques instants pour discuter avec Gen’Ichiro, je souhaitais conclure dignement cette épopée. Avec quelques difficultés, je m’étais abaissé afin de le saluer avec respect. Ma blessure était bandée et de façon bien plus appliquée, puisque quelques minutes avant, des médecins s’en étaient occupés.

Alors qu’il y avait un certain bruit ambiant, dû aux arrestations et aux cris des blessés et des mécontents, je pris la parole.


Balançais-je avant de quitter les lieux et de vaquer à mes devoirs, notamment celui de l’écriture du rapport de mission.