Mer 12 Juil - 19:31
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▶ Sujet: Rain Symphony L’Eien marchait en silence, du moins en apparence. Sous les affres de son heaume sa voix était un murmure, assourdi par la légère pluie qui tombait en cette fin d’après-midi. L’eau jouait des notes aiguës en rebondissant sur le métal de son armure, une mélodie qui avait toujours été apaisante pour l’Eien. Il prononçait une prière secrète tout en continuant son chemin, des mots tournés vers sa propre gratitude de vivre et être. C’était un rituel presque quotidien, davantage une méditation qu’une véritable contemplation. La vie de Genin n’était pas aisée, mais Weihan ne l’aurait échangée pour rien au monde. C’était une autre journée où une fois ces tâches terminées, il avait la chance de rentrer chez lui, réfléchir, puis recommencer demain. Devenir un peu plus fort chaque jour, un peu plus pur aussi. S’approcher de la Voie, par toutes les manières possibles. Les yeux du jeune homme se relevèrent brièvement alors qu’il emprunta l’une des avenues du quartier Nara. Il empruntait souvent ce chemin, mais songeait à cet instant qu’il n’en connaissait aucun. Les Nara étaient par définition éloignés de la Voie d’Éternité. Ils étaient connus pour leur intelligence, leur sens analytique, mais ces deux traits pouvaient porter outrance à la simple pureté du chakra tel qu’il était censé être. L’humain ne pouvait espérer comprendre tous les rouages du tissu divin qu’était l’énergie du monde. S’y tenter était une invitation au désastre. L’Eien s’arrêta un court instant en croisant les bras. Cette vision était sans doute trop fermée. Que gagnait-il à peindre les membres d’un clan du même large pinceau. Juger sans connaître n’était pas moins hérésie que tenter de comprendre l’incompréhensible. Ses pensées firent collision à un autre son que celui de la pluie, un ton lancinant et mélodieux. Un violon ? Non c’était plus… lentement déchiré. Un erhu ? Ça semblait venir d’une habitation clanique. L’Eien resta immobile un court instant avant de souffler en gravissant les quelques marches, cherchant l’origine de la lente chanson, qui tranchait et pourtant bordait la pluie pleurée par le ciel. Un coin de bâtiment près d’une stèle, et Weihan avait les yeux sur l’instigateur, ou plutôt l’instigatrice. Une jeune femme aux cheveux longs et sombre jouait de l’instrument sur le porche d’une maison aux insignes du clan Nara, la mince toile déployée la sauvant de la pluie. Weihan, lui était trempé aux os à ce stade et pourtant ignorait les frissons sur sa peu pour écouter la musique qu’elle jouait avec talent. Il n’était nullement caché non plus – comme il ne l’était jamais -, bêtement planté là dans la cour d’une maison qui n’était pas la sienne, le spectateur d’un concert auquel il n’était pas invité. Et ça lui semblait aussi naturel que respirer. Quand les notes prirent fin, l’Eien resta silencieux encore quelques instants avant de s’incliner respectueusement, l’eau coulant des interstices de son heaume. « Mes excuses pour cette intrusion. Cette musique m’a captivé. Par la Voie, je vous remercie de l’voir partagé avec ce monde, et ma personne du même fait. »
Il se redressa. « Mon nom est Weihan, un simple genin. Si je peux me permettre une telle chose, puis-je vous poser une question ? »
Un autre moment de silence, comme s’il cherchait ses mots. « Cette mélodie… que veut-elle dire ? Est-elle universelle, ou personnelle à chacun ? »
Il avait froid sous cette pluie, mais pendant cet instant… Cet erhu avait réchauffé son cœur. @Nara Retsuko |
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Mer 16 Aoû - 1:31
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▶ Sujet: Re: Rain Symphony RAIN SYMPHONY Si tu ne parviens pas à surmonter tes peurs, je te suggère de renoncer à ton bandeau. Renoncer à son bandeau, ce ne serait pas une mauvaise idée… Depuis le départ précipité de sa sensei, Retsuko est troublée par l'ultimatum qui lui a été imposé : affronter ses peurs, évoluer et grandir, ou bien se replier dans sa coquille et régresser. Ce choix, bien qu'il puisse sembler simple pour la plupart des shinobis de ce monde, se révèle être un dilemme pour la Nara. Cela impliquerait d'abandonner un mode de vie auquel elle s'est habituée. Malheureusement, la routine qu'elle pensait équilibrée et normale s'est avérée être une illusion. Malgré le fait qu'elle vieillit, elle ne se sent pas traitée avec le respect d'une jeune adulte, mais est plutôt perçue comme une jeune fille fragile.
Ayakashi a choisi les bons mots pour chambouler la vie de sa disciple. Cette dernière a passé deux semaines à réfléchir à son parcours et a fait d'innombrables efforts pour sortir de sa zone de confort. Hino sera-t-elle fière à son retour ? Les nuits de Retsuko sont souvent courtes, le retour d’Hino et son avenir la préoccupe jusqu’à dans ses rêves. Même quand elle réussit à s'endormir, son sommeil ne répare pas les dégâts du jour. Son esprit est encombré de tant de pensées qu'elle ne sait pas comment se sentir la plupart du temps. Une chose est certaine : la pluie n'aide en rien son cœur à remonter la pente du bonheur. L'obscurité et le froid creusent un vide en la genin. Elle ne se sent pas du tout prête à se lancer dans une aventure comme celle de l'onsen ou de la réunion. En ce moment, son choix est de rester assise sur le porche de sa maison, attendant patiemment que la lune se lève.
Pour passer le temps, Retsuko s'adonne à jouer de l'erhu, l'unique activité qui parvient à réchauffer son cœur. Même si la Nara est profondément fatiguée et distraite, elle ne rate aucune note. Au début, elle tentait de produire des mélodies joyeuses, mais elle a vite renoncé à cette approche pour se contenter de jouer les échos de sa mélancolie intérieure. Épuisée, la genin ne perçoit pas la présence d'un étranger sur son domaine. Lorsqu'elle finit par repérer l’armure, elle est persuadée que c’est le fruit de son imagination troublé par l’insomnie. Cependant, l’inconnu est bel et bien réel. Son corps se crispe instantanément et son niveau d'attention est soudainement en alerte. Il demeure immobile, ce qui n'est ni un bon ni un mauvais signe, c'est juste... étrange. Si ce mystère sur deux jambes avait eu l'intention de l'attaquer, il aurait eu amplement l'occasion de le faire.
La mélodie touche à sa fin, laissant place au bruit de la pluie. Retsuko dépose précautionneusement son erhu, afin de ne pas le briser, et se prépare mentalement à se défendre. Pourtant, au lieu d'engager un combat, l'inconnu s'incline. La genin ne juge pas nécessaire de se relever, mais elle décide tout de même de s'incliner en réponse, par précaution, afin de ne pas... manquer de respect à l'inconnu ? Elle n'en est pas certaine.
Oh. L'homme a parlé. Sauf si c'est une ruse bien pensées pour affaiblir sa défense, l'inconnu donne l'impression de ne pas être en quête de conflit.
« Vous êtes pardonné. »
Sa manière de s'exprimer est étonnamment douce vu son apparence imposante. Dans certains récits romantiques, l’homme porte une tenue similaire pour sauver la demoiselle en détresse. Il se pourrait que son cœur ne soit pas celui d'une brute guidée par la violence. Et voilà qu'il se présente comme un banal genin. Ses manières provoquent un sourire en coin chez Retsuko. C’est intéressant, il parle comme ces villageois qui considèrent les clans Hyûga, Fujiwara et Nara comme des nobles éminents, alors qu'en réalité, ils ne sont que des humains ordinaires.
« Nara Retsuko, une simple genin comme vous et donc votre égal. Vous n’avez pas besoin de ma permission pour me poser une question, mais je vous écoute. »
D’accord, Retsu ne s’attendait pas à cette question. Son for intérieur ressent l'envie d’enfoncer l’erhu dans le cul de Weihan et lui crier de la laisser tranquille, malheureusement cette option n'est pas réalisable. Peut-être dans une autre vie, qui sait. Retsuko prend un moment pour réfléchir à sa réponse, cela lui demande plus de temps que prévu. Pour éviter que l'homme ne se retrouve trempé jusqu'aux os, elle lui fait signe de s'asseoir sur la seconde chaise du porche.
« Elle a une portée à la fois universelle et personnelle, s'adaptant à celui qui souhaite l'écouter et la comprendre. Pour un simple passant, ces notes ne marqueront pas sa journée. Il se souviendra peut-être d'avoir entendu de l'erhu avant de s'endormir, mais au réveil, cela ne lui traversera pas l'esprit. Cette personne pourrait reconnaître l'émotion partagée, mais pour des raisons propres à elle, elle n'ira pas plus loin dans l'interprétation et la connexion. En revanche, pour la personne qui s’arrête et qui se sent interpellée par l’erhu, c'est différent. Mais je n'ai pas besoin de poursuivre, vous avez déjà la réponse cachée quelque part dans votre tête et votre coeur. Pourquoi avez-vous pris la peine de vous arrêter, sous la pluie, simplement pour écouter la fin d'une chanson ? »
Si Weihan choisit de rester sous la pluie, elle ne l’empêchera pas. Or, s’il tombe malade, il ne pourra pas venir se plaindre. S’il accepte de la rejoindre, et bien… Retsu espère qu’il comprenne que c’est un grand honneur de lui proposer de s’asseoir auprès d’elle. La Nara n’invite personne, absolument PERSONNE, sur son domaine. Elle tolère les invités de son père et son frère, elle n’a pas le choix.
« Et si vous le désirez, je peux continuer à jouer… à condition que vous expliquiez ce que vous entendez par la Voie. Est-ce la voix comme lorsque je parle, ou bien la voie comme un chemin à suivre ? »
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Ven 25 Aoû - 22:02
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▶ Sujet: Re: Rain Symphony Ainsi, elle était membre des célèbres Nara… Entre les gouttes d’eau qui s’accumulait dans sa visière, les yeux de Weihan observait la femme. Avait-elle l’apparence qu’il aurait imaginé d’une Nara ? Qu’avait-il même imaginé à la base. Oui, elle était belle, mais il y avait bien plus à considérer, au-delà de la grâce des traits. La Voie ne cherchait pas la perfection des apparences. Seulement son équilibre aux yeux du monde. Il écouta attentivement. D’abord ses introductions, mais ensuite et surtout la réponse à sa question, comme si de nouvelles pièces, inédites, entraient sur l’échiquier de sa vision du monde. La Voie voulait une curiosité à apprendre, à comprendre. À entrevoir dans l’équilibre de son but, la paix. Elle lui faisait signe de la rejoindre sur le balcon, à l’abri de la pluie, et Weihan s’inclina respectueusement avant de gravir le porche pour prendre place dans la chaise désignée, l’eau ruisselant à travers les liasses de son armure comme un millier de rivières destinée à retrouver l’océan. Il garda le silence pendant plusieurs instants après avoir entendu sa réponse, avant que le heaume ne se tourne vers elle. « Pourquoi ne pas le faire ? Écouter est un chemin vers la paix, aussi simple soit-il. Ne pensez-vous pas que nous gagnerions tous à en être de plus fervents adeptes ? »
Une logique détournée de la réponse de la femme, mais Weihan avait souvent un angle de pensée divergeant. L’Humanité est souvent si occupée à observer le chaos qu’elle en oublie d’en apprécier son harmonie. La musique, ordonnée dans ses notes et son rythme, n’en est-il pas un exemple des plus concrets ? « La pluie est froide sur ma peau, mais elle me rappelle que je suis vivant. Votre mélodie, elle, réchauffe mon cœur. Je remercie l’éternité d’avoir pu ressentir ces deux choses à la fois. Ainsi est ma portée. Quelle est la vôtre ? »
Il s’en suivit une invitation des plus étonnantes, alors que Weihan s’attendait à une fin prompte de cet échange, peut-être sous des assomptions qui n’étaient pas dignes d’être perçues. « La Voie doit-elle être exclusivement l’un ou l’autre de ces concepts ? Sont-ils mutuellement exclusifs, Dame Retsuko ? »
Le Casque le cachait habilement, mais sous l’acier, un sourire amical se pointait sur ses traits alors que son regard baissait, presque rêveur. « La Voie est à l’image de votre musique, personnelle et universelle. Je peux vous dire ce qu’elle est, mais pourriez-vous la voir à ma manière sans être qui je suis ? À l’inverse, pourrais-je vous comprendre à la même manière… »
Un instant de silence, puis il se redressa en riant légèrement, avec gaieté. « Mais me voilà à nous noyer dans le mystère des mots, à la manière de cette pluie dans les champs de nos terres. Une piètre réponse pour mériter davantage de votre art… Et ainsi, me permettrez-vous une contre-offre sans doute encore plus indigne que mes discours… »
Il hocha de la tête, presque pour lui-même. « Apprenez-moi à jouer de cet instrument, Dame Retsuko. Et je vous dirai ce que je sais de la Voie. »
Leur chemin pour se comprendre, avec ou sans la pluie du destin. |
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▶ Sujet: Re: Rain Symphony |
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