Mon confrère s’était fait malmener, la cause étant le plan que nous avions tous deux mis en place pour défaire le groupuscule. Quelque peu perplexe et déçu de mes actions, je l’avais laissé m’exposer son plan. Dès les premières secondes, je compris où il voulait en venir et jusqu’à quel point, dans sa démarche, cet homme, souhait conserver son honneur. Je ne me trompais pas en me disant que c’était un marqueur des Fujiwara. Mon partenaire de mission souhaitait dans un premier temps créer de la confusion, qui me paraissait être une très bonne approche. Pour ce faire, il s’était mis en tête de désactiver le système luminaire et de profiter de cette occasion afin de neutraliser l’ensemble de nos adversaires-... Enfin l’ensemble, certainement pas, mais cela devrait en tout cas nous faciliter l’opération.


Dis-je en marquant une pause, tout en défaisant mon interlocuteur de ses liens.


Des bruits de pas se firent entendre, nous étions loin de la discrétion d’un félin. En même temps, pourquoi ce dernier devrait faire attention ? J’étais considéré comme l’un des leurs, en tout cas presque, après tout. Après avoir tendu ma main droite à Kamui, afin de le relever. Je m’étais retourné et avais fait quelques pas en direction de notre invité.


Décidé, j’avais emprunté l’embranchement et quelques secondes plus tard, j’avais pu faire face au geôlier. Tandis que je me frottais les mains, comme pour mimer que je m’étais amusé avec Kamui, il me fit un signe de la tête pour me demander de m’ôter de son passage. Après un grand sourire, j’avais envoyé le plus violemment possible mon poing à même son menton, afin de le mettre directement à terre. En prévision, j’avais pivoté à même son corps, dans le but de ralentir sa chute et faire le nécessaire si cela n’avait pas été suffisant. Tout ce que nous avions pu entendre était un gémissement, très bref et presque inaudible.

Après avoir tourné ma tête en direction de Kamui, je lui fis signe avec quelques doigts, de s’avancer dans ma position.


Marchant presque accroupi et longeant les murs, après quelques minutes, j’avais finalement trouvé le local “technique”. Je sentis rapidement une odeur de cigarette à travers la porte, un tabac bon marché, qui paraissait plutôt être consommé à travers une pipe. La fumée se dégageait sous la porte.

J’avais ensuite tourné la poigné doucement, avant de tenter une ouverture en douceur, cherchant à profiter de l’aquarium géant. Malheureusement, cette dernière grinça au possible et alerta les personnes à l’intérieur. D’après leurs voix, j’avais entendu deux personnes et lorsque la fumée se dissipa, je pus en voir trois.


Je m’étais avancé en leur direction, ils avaient l’air de sentir que la situation n’était pas normale et pourtant, dans la confusion, ils n’avaient pas osé s’opposer.


Un déplacement rapide plus tard, derrière le fumeur compulsif, j’avais asséné un coup du lapin, avant de récupérer sa pipe pour la lancer tout droit en direction de la tête d’un de ses camarades. Le temps que ce dernier se remette, j’avais récupéré un tonneau à huile à moitié vide pour l’envoyer directement dans la tête de l’autre comparse.

Cela avait créé un peu de bruit, je n’avais pu faire autrement-...

L’homme qui avait reçu la pipe en plein visage était au sol et à la limite de pleurer.


Dis-je avant de l’envoyer lui aussi dans le pays des merveilles, au travers d’un coup de pied, envoyé à même son foie. Chargé suffisamment en chakra, il allait profiter de son somme pendant quelque temps-...


Et la lumière ne fut plus.

Le plan était clair et établi. Comme chaque plan, il existait toujours une probabilité que ce dernier ne soit pas mené à bien. Néanmoins, il était hors de question que Kamui ou moi-même échouions. Notre honneur était en jeu, nous avions prêté serment après tout. Cette mission était liée au contexte géopolitique de nos régions, l’enjeu était bien trop grand pour que nous nous permettions d’échouer. C’était pour cette raison que j’étais déjà convaincu sur les actions à prendre et à mettre en œuvre. Je n’utilisais les portes que lorsqu’il était nécessaire, que lorsque j’avais les sentiments que la situation l’exigeait. Ici, nous étions clairement dans ce cas de figure-...

Après l’extinction des feux, j’avais activé la deuxième porte céleste, sans crier gare. D’un seul mouvement, j’avais glissé à même le sol avant de me positionner derrière Kamui et le suivre dans sa course effrénée. Mes sens étaient aiguisés, mais certainement pas autant que mon confrère. Je faisais donc entièrement confiance au Fujiwara. Il n’était pas dans mon habitude de me reposer sûr autrui, mais cette fois-ci, c’était une nécessité. Quand l’indication numérique fut donnée par mon éclaireur, je m’étais aussitôt élancé vers les cibles afin de profiter des faibles lueurs ambiantes et commencer la danse.

D’un mouvement gracieux, j’avais glissé à même le sol, presque allongé dans le but d'arriver au niveau des premières cibles. D’un mouvement sec de mon bras droit, j’avais permis à mon coup de s’élever et ainsi, mon pied vint taper le menton de l’ennemi qui me faisait face. Un gémissement coupé se fit entendre, suivi d’une mâchoire qui semblait s’être fracturée au vu de la puissance du coup.


Cette provocation n’était pas utile, mais il était vrai, que sous les portes, je pouvais de temps en temps être quelque peu arrogant.

Néanmoins, mon arrogance ne devait pas arrêter le spectacle que nous proposions en duo, avec le Fujiwara. Après quelques échanges de coups et des parades basiques, j’avais pu mettre à terre l’ennemi suivant. Lorsque les deux derniers vinrent sur ma position à toute allure, j’attendis le moment opportun pour les sauter, profitant de la vitesse de la porte. Mon objectif était d’arriver en leur dos pour les mettre à terre. Mes calculs étant assez bons, j’étais parvenu à mes fins et lorsque tel un assassin, j’étais en leur dos, je pris les deux têtes de mes ennemis pour les claquer contre chacune d’elles. Je ne m’étais pas retenu, pas le moins du monde, il était obligatoire pour le bien de la mission que notre représentation soit observée par le moins de spectateurs possible.

Nous n’avions pas de temps à perdre, le compteur s’était enclenché au-dessus de notre tête.


C’était une course contre-la-montre après tout.

Les coups pleuvaient et manquaient très rarement leurs cibles. En concert avec le Fujiwara, nous avions usé de nos arts respectifs pour défaire la plupart de nos détracteurs. Les cris de douleur rythmaient notre course.

Et finalement, nous étions parvenus à notre destination finale. Il était là, c’était lui la tête pensante du groupuscule.

L’homme en question semblait très sûr de lui quant à nos chances de le mettre à terre. Le sourire en coin, presque hautain, j’avais laissé mon chakra m’entourer. Quelque peu provocateur, je lui avais fait un signe de la main. La sérénité affichée sur son visage avait laissé place à une colère non dissimulée et comme si nous ne faisions qu’un, Kamui et moi-même avions pris la direction de la victoire.

L’adaptation était importante en combat. Il était évident que nous devions sans cesse nous reposer sur notre expérience afin de pouvoir être flexible en combat. La flexibilité physique était une chose, mais j’évoquais là une force bien plus importante ; celle qui nous permettait de rendre coup sur coup, en apprenant sur notre adversaire. Mais il n’était pas la seule variable, j'essaie aussi de retenir les schémas et les différents mouvements du Fujiwara. Il n’était pas aisé de se calquer sur un bretteur, malgré ses compétences qui n’étaient plus à prouver.

Le combat s’étalait en longueur, jusqu’à que Kamui prit la décision de tenter une ultime offensive, afin d’ouvrir une brèche. Je compris rapidement où il voulait en venir, il essayait de me déblayer un passage, il essayait de m’amener là où mes poings pourraient en terminer avec le criminel.

En un seul mouvement, je m’étais placé derrière lui, comme un fantôme, je calquais chacun de ses mouvements afin que l’ennemi soit perturbé. Et lorsque je sentis une ouverture, lorsque c’était le moment, je m’étais élancé en enfonçant mon poing droit de toutes mes forces sur notre opposant. Le plexus fut ma cible de fortune, n’ayant pas l’opportunité d’en faire plus. Il ne recula pas d’un seul centimètre, mais je sentis à même mon poing que j’avais causé des dommages internes. Du sang coula de sa bouche et vint même recouvrir mon avant-bras. Néanmoins, j’étais maintenant à sa merci.

D’un coup de coude appuyé à même mon corps, il me cloua au sol, créant par la même occasion un cratère.

Ce fût à cet instant précis que mon partenaire fit un autre enchaînement, jugeant la situation opportune. Pour ma part, bien que je fusse un peu sonné, je pris le temps de me relever et attendis la fin de l’enchaînement, patiemment, pour envoyer un coup dévastateur. Cette fois-ci, je l’avais envoyé sous son menton, après avoir utilisé le sol pour appuyer mon geste. Je mis tellement de force dans cette attaque, qu’un autre cratère fit son apparition dans la salle.

L’homme projeté dans les airs, ses yeux livides témoignaient de notre victoire imminente. Lorsqu’il retomba sur le sol, se blessant davantage, nous pûmes alors constater notre victoire.
Une trentaine de minutes plus tard, les autorités nous avaient rejoints afin de conclure la mission pour de bon.

Nous avions vaincu.