La première fois que j'ai vraiment rencontré Nara Haruko, c'était lors de l'une des missions les plus futiles que j'ai eu à réaliser de ma vie. Vraiment, heureusement qu'il y a eu mon ami au bout parce que c'était vraiment du gros n'importe quoi.

Je vous fais un résumé rapide lecteurs, mais surtout ne posez pas trop de question parce que en vrai, on s'en fou. On apprend rapidement dans ce métier qu'il y a des moments, comme ici, où il faut pas poser de question et juste prendre l'argent. Grosso modo, Watanabe-sama - un homme qui a la bourse très profonde, mais que je connais peu car il fait affaire dans l'économie du bois - avait signé un gros contrat qui devait lui rapporter beaucoup d'argent à lui et sa famille. Heureux comme un empereur, il avait décidé d'organiser une fête dans une grosse taverne d'Homura et comptait y organiser un tournoi de bras de fer. Jusque là, aucun problème, j'achète, bravo à lui et en plus il en fait profiter aux autres alors en vrai, tout va bien. Ensuite, pour qu'il y aille du monde à son tournoi, il a décidé d'inviter ses potes richissimes à participer! Mais genre, pas EUX. Genre chaque partenaire devait se trouver un champion et les faire concourir à leur place. Encore là, pas de problème, même si c'est pas trop mon truc (j'avoue que je préfère voir les principaux intéressés se taper dessus plutôt, c'est plus intéressant d'y parier mon argent).

Eh bien un beau matin, je reçois mon ordre de mission et qu'est-ce que je vois pas? J'ai été embauché par la poissonnerie des Itos pour les représenter lors de ce fameux tournoi, le Bras d'enfer. Est-ce que c'était une bonne décision d'embaucher un Akimichi à un concours de bras de fer? Biensûr. Est-ce que je suis content de travailler pour la famille Ito? Ils sont les meilleurs poissonniers du pays du feu alors à quelque part, c'est carrément un honneur pour moi de les représenter.

Mais pourquoi y'a le sceau du shogunat sur cet ordre de mission? Oui, parce qu'on a vendu mes services en fait. Je répète: un marchand a loué un militaire pour concourir dans un concours de bras de fer.

Vous êtes revenu, ça va? Sur le coup, ça m'a choqué un truc incroyable. J'en ai parlé avec mon père l'autre jour, mais il m'a juste demandé: "Ils paient?" et s'en est resté là. Biensûr qu'ils paient. Biensûr que ça renfloue nos coffres de guerre machin machin. Mais, je pense que j'aurais vraiment pu être utile à beaucoup plus cette journée là. Malgré tout, je n'allais pas faire honte à mon employeur que je respecte tant au-delà de cet événement stupide (mais vraiment, embaucher des shinobis pour ça... je sais pas qui m'irrite le plus entre le shogunat et les Ito). Quand je me suis rendu à la taverne, il y avait tellement de monde de toute façon que je me suis dit que j'avais bien fait d'honorer ce contrat jusqu'au bout: j'aurais eu l'air d'un gros dégonflé si je n'étais pas venu... d'autant plus que peu importe qui étaient mes adversaires, j'avais au minimum une bonne tête de plus que tout le monde dans la taverne. On me regardait un peu comme un monstre quand je suis entré du haut de mes deux mètres avec mes 210kgs bien rond sous mon kimono gris, mais j'ai l'habitude. Les Ito avaient l'air bien contents de me voir eux, c'était le principal. Ils m'ont offert de manger et de boire à leur table même!

Donc en vrai, c'était une mission stupide, mais wouaw, c'était trop un bon moment.

"Ahem... Je disais donc qu'il y aura six participants à affronter au total. Celui qui aura le plus grand nombre de victoires remportera le tournoi.", m'expliqua le représentant de la famille Ito tant bien que mal pendant que les siens buvaient et fêtaient à côté et que j'avais le nez dans mon ramen. Oh, mais ne vous inquiétez pas, j'étais toute ouïe. "Je pense que notre victoire est assuré, Akimichi-san. Enfin, presque. Une autre famille a fait affaire avec le shogunat, mais nous ignorons laquelle." Je finis les nouilles de mon troisième bol avec un grand sluuuurp. "Mais autrement, la victoire nous est assurée! On m'a beaucoup parlé de la force incroyable des guerriers du clan Akimichi, je n'ai aucun doute que vous y ferez honneur aujourd'hui." Je regardai le représentant avec un large sourire après avoir déposé mon bol une fois l'excellent bouillon à l'intérieur de mon bidon. "Eh bien... je compte bien faire honneur à mon clan, Ito-san. Et à vous aussi, qui m'embauchez et tout. C'est un honneur de discuter avec vous, vraiment." À ces mots, je me retournai vers les six membres du clan assit à ma table et je m'inclinai respectueusement en joignant mes mains et mes baguettes devant moi. Ils trinquèrent là-dessus. "Mais c'est pas très prudent de vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué, vous ne pensez pas? Il y a des gens dans cette taverne qui ont l'air super fort... et je ne reconnais pas beaucoup de shinobi. M'enfin, je ne m'inquiète pas vraiment, personne ne me fait peur ici." Mais je crois tout de même qu'il serait judicieux de sa part de ne pas s'attirer la foudre s'il veut gagner. On ne sait jamais sur qui on peut tomber. "J'vais faire de mon mieux patron, t'inquiète pas. J'peux ravoir de la bière?", demandais-je en faisant les yeux doux, ce à quoi le représentant roula des yeux.

Choppe de bière à la main, je faisais le tour de la taverne pour voir un peu à quel genre d'adversaires j'aurais affaire. Watanabe-sama devait être extrêmement heureux de son événement en tout cas puisque les festivités étaient bien enclanchées à ce stade-ci de la soirée. Beaucoup de budget était passé dans l'événement et il n'y avait pas à dire, je n'aurais pas été gêné du tout d'être à sa place! Pour ce qui est du tournoi de bras de fer, j'avais réussi à identifier deux de mes adversaires: un vieux croulant avec une tresse - j'y repense aujourd'hui et je trouve qu'il me rappelle vaguement un costume de Yohka - et un jeune homme assez beau gosse avec un rire débile qui donne le goût de lui enfoncer le visage à coup de poing (j'vous jure, ça allait me rendre violent, il a fallu que je le laisse sans plus faire la conversation).

J'étais pas très impressionné jusqu'à maintenant, c'est vrai, mais j'avais le coeur et l'esprit ouvert et je me disais que je pouvais toujours être surpris. J'allais l'être plusieurs fois lors de cette petite fête, mais la première fois fut lorsque j'entendis le grondement bruyant d'un ventre qui n'était pas le mien à mes côtés. "Hoho! On dirait que les grands appétits s'rencontre!", dis-je à l'espace vide à côté de moi en rigolant, tendant la main pour serrer la pince à un nouveau frère de faim.

Ma main ne trouva personna à mes côtés, pas tout de suite en tout cas. Ce qui m'impressionna le plus dans toute cette affaire, c'est que j'eus à baisser les yeux pour trouver le propriétaire de l'estomac... mais genre, baisser les yeux beaucoup. Devant moi, un petit homme aux cheveux noirs s'inclinait respectueusement, revandiquant le nom de Nara, le prénom de Haruko et de toute évidence, le rôle d'adversaire dans cette compétition de bras de fer. Tout le mensonge semblait improbable de A à Z (à part pour le prénom j'imagine), mais je n'allais pas renvoyer sur son chemin un ventre vide! "Hooo, ne t'excuse pas petit! J'ai mangé trois fois avant de me lever de table, mais si je le pouvais, je te rendrais ton appel.", dis-je en frappant mon bedonnant bedon dépassant de la veste de mon jinbei jaune. Je n'avais rien de chic, tout comme l'établissement et pourtant, le jeune homme me traitai avec une politesse déroutante, si bien que je lui rendis son salut en m'inclinant à mon tour. "Et moi, je suis Akimichi Futomaru... alors tu participes à cette compétition, comme ça.", lui demandais-je avec un sourire en coin. Que cela soit vrai ou non, ça m'était bien égal. Pour l'instant, il s'agissait d'un gamin qui avait faim avec l'alibi parfaite pour manger à l'oeil durant un événement, même si son histoire était un peu excessive pour un mensonge. Désignant un coussin sans postérieur assis dessus, j'invitai le garçon à prendre place à une table où discutaient déjà certaines personnes, mais qui n'avaient pas l'air de remarquer notre présence. "Oi! Des pains au curry à la table ici!", demandais-je à voix haute à qui veut bien m'entendre et me servir! Au loin, je vis une serveuse me faire signe de la main et je lui rendis un beau sourire. "Comme ça, si on doit s'affronter, ce sera à ventre égal... enfin, pas vraiment, c'est même probablement impossible, mais... oh, je me comprend!"

M'écrasant à côté du garçon sur le coussin d'à côté, je pris le temps de le considérer un moment. J'avais du mal à croire cette histoire de Nara, mais... "Quel âge as-tu? T'es sérieux hein, tu participes vraiment à cette compétition? Contre moi? Et contre... ces types là-bas?", lui demandais-je en pointant les deux adversaires que j'avais déjà identifié plus tôt, derrière mon épaule. J'espérais qu'il ne pense pas que j'avais l'intention de me moquer de lui, c'est juste que... "Heum... un Nara... ça commence à faire beaucoup d'éléments improbables dans un seul mensonge... un Nara, hein... vraiment..." C'est certainement très impoli de réfléchir à voix haute comme ça devant le principal intéressé. Les bras croisés, j'essayais juste de faire du sens de cette histoire tout ne accordant le bénéfice du doute à mon jeune ami. "Nara Haruko... hmmmm, pourquoi pas, même les érudits peuvent entrainer leurs muscles après tout... hmmm, tu es certain que personne ne te garde ici contre ton gré? Je suis un shinobi du village tu sais, je peux t'aider...", proposais-je avec un sourire sincère.

Franchement, je ne suis pas vraiment le genre à accorder de l'importance à ces histoires de noblesse. Ce que je veux dire par là, c'est qu'au bout du compte, tout le monde chie et tout le monde meurt. C'est pas une histoire de rang, c'est une question de... biologie. Cela dit, ce p'tit bonhomme que j'avais rencontré ce soir là, tout en politesse, en bonne posture et en révérences, me renvoyait une image dont j'espérais que ses parents étaient fiers. Une image tout à fait respectable - noble, en effet. S'il avait quelque chose à cacher ce jour-là, il m'avait complètement convaincu du contraire et charmé par ses paroles mielleuses. Haaa... j'aimerais vous dire que c'est lorsqu'il m'a trouvé imposant que j'ai été conquis, mais il lui a suffit de m'appeler senpai une seule fois pour que je décide de l'adopter!... Enfin... en tout respect pour Shun-san, évidemment! Haruko n'a qu'un seul papa!... Enfin... M-mais-

H-Haha! Il faut chaud ici! Qu'est-ce que je disais? Oui, LE TOURNOI DE BRAS DE FER!

Du coup, j'avais décidé d'adop- de prendre sous mon aile Haruko, un Nara un peu spécial si on en croit ses propres dires. "Si par Nara spécial, tu veux dire que tu es un Nara qui peut gagner un duel de bras de fer... Hohoho, ce serait très spécial, oui!", rigolais-je avant de noter ce qui semblait être un malaise sur son visage. Ce n'était pas du tout mon intention de le rendre malheureux, le pauvre! "J'aimerais beaucoup voir ça! Je compte sur toi Haruko-kun." Il s'avérait que le jeune Nara n'était pas retenu ici contre son gré après tout et qu'il était probablement en plus le deuxième shinobi embauché par les participants du tournoi. Vu son clan, ça n'aurait pas dû me surprendre: je crois qu'ils sont tous shinobi quoi qu'ils désirent. Sur le coup, j'ai cru que c'était de ça qu'il parlait quand il voulait dire qu'il n'avait pas trop le choix d'être fort. En tout cas, cela confirmait un peu mes doutes que malgré son jeune âge, Haruko avait probablement la force d'appuyer sa présence dans ce tournoi par au moins une victoire, peut-être même plus. Le shogunat avait envoyé de simple genins pour cette mission, mais ce n'était pas pour que nous exhibions la faiblesse des soldats de l'Empire. Il s'attendait de nous que nous obtenions au moins un certain résultat dans ce tournoi, que nous impressionnions la populace. Qu'ils m'aient envoyé était évident pour moi, mais il faut bien avouer que Haruko n'avait pas exactement le physique de l'emploi comparativement au reste des compétiteurs. Pourtant, le shogunat l'avait envoyé lui. Il devait bien avoir un as dans sa manche. Lorsque le garçon me pointa ses employeurs insatisfaits, je me permis de les regarder de haut... et pas seulement parce que j'suis grand! "Ils trichent en embauchant des shinobis et ils voudraient choisir lesquels en plus... ne fait pas attention à eux, Haruko-kun.", lui dis-je à voix basse avant d'ajouter: "Tu n'as pas besoin de me révéler tous tes secrets! Même moi j'ai compris qu'on ne t'a pas envoyé ici pour rien. Tu leur montreras avec tes propres muscles plutôt qu'avec tes mots."

Est-ce qu'à ce moment là, je croyais qu'il pourrait me battre? Non, j'étais vraiment persuadé que j'allais remporter cette compétition haut la main. Cela dit, ce n'est pas pour autant que je n'avais pas envi de voir le jeune garçon briller autant qu'il le souhaitait ce soir là. C'est bête, mais j'suis quelqu'un de sensible aux bonnes histoires! Si je n'avais pas participé au tournoi, j'aurais parié sur lui. Avouez que c'est tout de même la base d'une bonne légende celle de la victoire d'un petit homme contre un roi démon gigantesque. Par son humilité toute naturelle, il était de bien meilleure compagnie que les adversaires que j'avais identifié et mes propres employeurs, du coup j'étais bien heureux de partager une table avec lui... et franchement, de lui dire tous mes secrets aussi! Je lui servis un clin d'oeil en mode: "Tu peux me demander tout ce que tu veux, va! C'est à ça que serve les Senpaï après tout, à recevoir des questions. Il n'y a pas de questions déplacées ou stupides avec moi, tu sais." Surtout que ses questions, finalement, c'était en lien avec ma passion numéro 1, mon champ d'expertise plus plus, mon nindo, ma devise: la bouffe. Ma bouffe, surtout. Haruko avait l'air d'anticiper tellement une vraie bonne réponse à ses questions au sujet de ma diète que je ne pus faire autrement que de lui répondre en toute honnêteté, kit à lui révéler mes propres cartes cachées. "Oh moi tu sais, je mange tout le temps! Je n'ai pas vraiment le choix... enfin, c'est un beau choix me diras-tu! Nous, les Akimichi, avons un métabolisme très spécial qui nous permettent de convertir notre graisse en chakra et de décupler notre corps. Seulement voilà, tu l'auras compris, nous avons besoin de pas mal de graisse. Et comme tu t'en doutes, ça ne nous serait pas très utile de n'être que des amas graisseux. Comme toi, on doit s'entrainer beaucoup, presque sans arrêt pour pouvoir porter tout ce poids! Si je mange autant, c'est parce que c'est la diète qu'il me faut pour maintenir mon corps en parfait état de se battre! HAH! Et parce que j'aime ça, c'est certain qu'y'a de ça aussi!", achevais-je en me frappant le ventre en riant. Cependant, il n'était pas suffisant de manger n'importe quoi pour prendre du poids comme un Akimichi. "Tu y as bien pensé. En effet, il y a des ingrédients sur lesquels se concentrer sur une diète. Moi je te dis que dans tous tes repas, la moitié de ton assiète au moins devrait être composée de légumes... en fait, tu bouffes un peu de viande, un peu de nouilles puis des légumes jusqu'à satiété! T'en aura jamais trop, des légumes. Mais... de l'aïl? Hmmm..." Il m'expliqua son raisonnement et je dus faire un effort pour ne pas rire super fort de son histoire d'haleine! Je n'étais pas sûr de comprendre d'où il sortait cette histoire d'aïl jusqu'à ce que l'une des serveuses de la soirée dépose lourdement devant nous un grand bol de bois avec cinq ou six pains au curry à l'intérieur, ma commande pour la table.

Pauvre petit. Ignorant de la cuisine locale de son propre peuple. J'en étais ému, y'a pas à dire! "Hooo, mon garçon... il n'y a pas d'aïl dans le pain au curry, rassure-toi! Puis il n'y en avait pas non plus dans ce que j'ai mangé. Tiens, mange! C'est pour tout le monde à table.", dis-je en tapotant sur l'épaule d'un de nos compagnons de tables qui nous ignoraient jusqu'ici. Heureux de les laissé ce servir, je m'assurai au moins qu'Haruko puisse en avoir un puisque j'avais commandé ça pour répondre à son appel de la faim à la base! "Le pain au curry, c'est pas forcément la diète d'un grand champion, mais... les champions, ça ne se bat pas le ventre creux! Pas dans les épreuves de force en tout cas. Tu me diras ce que tu en penses!" Moi, j'avais encore ma bière à finir et je ne voulais pas être trop balonné avant le tournoi non plus.

"Votre attention tout le monde! Tous les champions sont arrivés, donc le tournoi va commencer dans une vingtaine de minutes!", cria une voix de jeune femme depuis une pièce voisine et tout le monde se mis à acclamer très fort dans la taverne. Serrant ma choppe contre moi pour éviter que les vibrations des voix ne renversent son précieux liquide. "Huooooh! C'est à nous! Montre-leur!", dis-je en enfonçant mon index dans son torse, où il y avait son coeur (avait au passé, mais j'espère qu'il s'y trouve toujours hein!) "Fait moi voir ton muscle le plus fort!"

Haaaaaa... l'émerveillement que l'on peut ressentir la première fois que l'on goûte quelque chose de délicieux. J'étais encore jeune - franchement, je le suis encore - et je n'avais que commencé mon chemin à travers le pays des saveurs. Je n'étais qu'un novice, mais initié aux plaisirs des palais. Mon jeune ami, lui, débutait son parcours sous mon regard ému et bienveillant. Si je vous raconte cette histoire, c'est parce que c'est pour ça au fond que je suis devenu un ninja. L'éclat dans les yeux et le sourire de Haruko en mangeant un pain au curry étaient une récompense bien plus grande pour moi que tout l'argent que j'aurais pu me faire pour cette mission.  Il me fit rire en me faisant promettre de lui montrer ce que les Akimichi avaient dans le ventre: il avait pigé l'essentiel du truc, en effet! M'inclinant en retour vers mon kōhai, je lui souhaitai une dernière fois bonne chance dans le tournoi, même si celle-ci ne lui serait assurément pas nécessaire.

Ce n'était pas un sentiment qui était partagé par tout le monde. Au delà des employeurs peu confiants de Haruko, l'arbre de tournoi semblait annoncer qu'il était prévu bon dernier si je me fiais aux informations que j'avais sur les autres participants. Je pouvais reconnaître certains noms qui s'étaient démarqués à d'autres événements de force au village. Franchement, à mon avis, tout le monde aurait eu une chance de gagner si ce n'était de la présence de deux shinobis. J'étais déjà persuadé même avant de voir l'arbre que Haruko gagnerait au moins son premier match, mais j'étais maintenant convaincu qu'il se rendrait en finale. Contre moi normalement, ce qui était d'ailleurs la prédiction de l'arbre de tournoi. Je n'avais qu'un match à la deuxième ronde dans cette compétition à six joueurs. Il y avait de très bons compétiteurs dans le lot, mais j'étais persuadé qu'aucun d'entre eux n'était du calibre à compétitionner avec un ninja... enfin, à moins que le jeune Nara n'ait réellement rien de caché dans ses manches, mais j'en doutais fortement. Je n'étais pas ignorant du fait qu'il y a des rivalités entre les grands clans de nobles d'Homura, mais rien ne prévoyait que le garçon ait été envoyé ici dans le but de l'humilier. Entre vous et moi, le fait que cela soit une mission du shogunat était déjà assez humiliant en soit, mais j'avais décidé à ce stade-ci de le prendre avec bonne humeur. J'avais fait une belle rencontre après tout et l'ambiance de fête me convenait tout à fait. Ma foi, si j'étais payé en plus...

Sugiwara Takeshi et Nobara Hiroshi étaient les premiers à s'affronter et je devais me mesurer au vainqueur du match. Les deux hommes se faisaient face de chaque côté de la table du tournoi, leurs muscles tendus et leurs regards fixés l'un sur l'autre. Le kimono usé de Takeshi-san témoignait de sa vie d'errance et de pauvreté, mais sa musculature ne mentait pas sur ses capacités - un archer peut-être? C'était la première fois que je le voyais. De l'autre côté se dressait Hiroshi, un pêcheur réputé pour sa force et sa ténacité. C'était un habitué des matchs de bras de fer et franchement, il aurait très bien pu commencer à la deuxième ronde lui aussi. Ses yeux pétillaient d'une confiance inébranlable pendant que les mains puissantes des adversaires se s'entremelèrent dans un étau de fer. Les muscles se tendirent, les veines saillaient sur leurs bras, leurs poignets fléchissaient sous la pression intense. La sueur perlait sur leurs fronts, témoignant de l'effort colossal qu'ils fournissaient. Les minutes s'écoulaient comme des heures alors que Takeshi et Hiroshi luttaient pour le contrôle. Chacun poussait avec toutes ses forces, leurs mains immobiles comme si elles étaient figées dans le temps. La table de bois massif grinça sous la pression. Soudain, dans un craquement, les doigts de Takeshi fléchirent légèrement, et Hiroshi en profita pour pousser de toutes ses forces. Les muscles de Takeshi tremblèrent, sa résistance s'effritant peu à peu. Avec un rugissement de victoire, Hiroshi abaissa la main de Takeshi jusqu'à toucher la table, annonçant la fin du match sous les exclamations de la foule en liesse! Le spectacle avait plut et les adversaires se saluèrent de nouveau. L'ambiance était à la fête après tout, cela devait être une saine compétition.

Je connaissais bien la première personne à affronter Haruko, qui se trouvait à participer au deuxième match du tournoi. Namiza-san était une de ces... comment on dit déjà... féministes? Lesbiennes? En tout cas, ça la gonflait probablement beaucoup d'être contre un gamin en commençant. C'était pas la faute du petit, le pauvre. Lui en plus était trop gentil avec elle, lui souhaitant bonne chance et tout. Il me chercha du regard en voyant que son adversaire ne lui répondait pas et je levai mes pouces en sa direction en hochant la tête pour l'encourager. J'avais bien hâte de voir ce qu'il valait et heureusement, Namiza n'allait pas lui faire de cadeaux même s'il n'était qu'un enfant. Les deux challengeurs s'installèrent à la table du tournoi sous les regards des spectateurs et je fus très déçu de voir que non seulement les employeurs, mais aussi les gens dans la taverne semblaient très peu confiants face aux performances de mon jeune ami, kit à se désintéresser complètement du match. Il y eut même des moqueries lorsque les organisateurs du tournoi installèrent quelque chose pour qu'Haruko soit à la bonne hauteur... "Ça doit être le gosse d'un des participants... Nara Haruko? Hah bah tout s'explique." "Tch, ces gosses de riches qui s'invitent en nous balançant leurs privilèges sous le nez... c'est malin, l'argent le sortira pas de celle là." "Namiza-kun va l'éclaté au sol et le renvoyer pleurer dans les jupes de sa maman."

"Nan mais... c'est pas lui qui..."
"Ah ouais... Nara Haruko, ça m'dit un truc."


Je ne sus pas tout de suite si c'était le son de mon coeur ou celui d'une main qui frappe sur une table de bois. J'allais me mettre à hurler sur ces horribles clients si ce n'était pas de l'hôte de la soirée annonçant la victoire de mon kōhai! Mon petit kōhai à moi! Hé, j'étais fier! Il avait reçu mes conseils après tout ET EN PLUS moi j'avais jamais arrêté de croire en lui, contrairement à certain. Sa victoire avait entrainé une onde de silence dans la salle que je brisai en frappant à mon tour sur ma table avec le plat de ma main, dévisageant ceux qui avaient mal parlés.


Non mais!

Bon. En faisant ça, je m'étais peut-être un peu attiré la foudre de Namiza-san en ayant un peu l'air de me moquer d'elle. J'ai compris ça, mais juste après coup. En me dirigeant vers la table de la compétition pour mon match, j'eus l'idée - idiote, je m'en rends compte maintenant - de l'inviter à prendre un verre (j'voulais la consoler, j'avais les meilleures intentions du monde). "Espèce de gros con!", beugla-t'elle simplement sans même me regarder en quittant l'établissement d'un pas déterminé, la tête haute, l'air indigné. J'avais l'air con devant Haruko du coup, ce qui ne faisait pas trop mon affaire (mais j'aurais dû mieux lire la pièce hein, c'était ma faute vraiment. Si tu me lis Namiza-san, j'suis désolé!) "Héhéhéhéhéhéhéhéhéhéhé... b-bien joué Haruko-kun!" Malheureusement, j'avais été tellement distrait par les médisances de la clientèle que j'avais manqué le moment où Haruko avait renversé la balance, mais j'avais bien vu comment il avait tenu tête à son adversaire! "Namiza-san n'en est pas à sa première compétition! Ce n'était pas rien de la battre!" "Oi! Finissons-en, Futomaru." La voix rauque d'Hiroshi vint interrompre la conversation. Mon challengeur n'avait pas l'air particulièrement content de me voir, mais s'inclina malgré tout, ce que je lui rendis. "Vous avez rien d'mieux à foutre, les shinobis?" "M'en parle pas...", soupirais-je en tapant sur l'épaule de mon cadet avant de le laisser partir. "Tu sais, Haruko-kun ici présent est un shinobi lui aussi."

Hiroshi renifla bruyamment et je retroussai mon nez de dégout. Je fis un regard désolé à Haruko. "File, il est grincheux parce qu'il croit qu'il peut pas m'battre." "J'AI PAS DIT ÇA!" Voiiiiilà! L'éclat de colère de mon adversaire fit rire les gens dans la taverne. Je lui fis un clin d'oeil avant de prendre sa main en étau. Au signal de notre hôte, Hiroshi eut tout à loisir de se mettre à forcer contre mon avant-bras immobile et moi de mesurer son amélioration depuis la dernière fois que l'on s'est vu. "Grave! Tu dois remonter de grosses prises ces temps-ci, je me trompe?" J'eus bien quelques rires de la part des spectateurs, mais mon intention n'était pas d'humilier mon adversaire... pas trop. "Connard... d'Akimichi!!", grinça le pêcheur, ce qui me fit sourire de toutes mes dents. "Comment ça Akimichi? Je peux sortir le Akimichi, mais j'vais t'péter l'bras mon vieux." "GNNNNNNNNNN-"


À mon tour, j'écrasai la main de mon adversaire contre la table, confirmant ma victoire. Il y eut des pintes levées et des exclamations du côté de mes employeurs, mais aucune surprise nul part. Le pêcheur se leva et moi aussi et nous nous sommes incliné tous les deux. "Tch... Au moins j'peux retourner à ma bière maintenant." "Je te l'offre! Ça fait longtemps qu'on a pas trinqué, non?" Fidèle à lui-même, Hiroshi n'allait pas refuser une pinte gratuite. Ainsi, je passais en finale contre le gagnant du prochain match entre Haruko et son prochain adversaire...

Ainsi, je suis passé en finale de ce fichu tournoi. Je me plains, mais à bien y repenser, c'est vrai que c'était plutôt fun (et lucratif, avouons-le également). En quittant la table du tournoi pour me rendre au bar avec le vieu Hiroshi, je vis Haruko me saluer de la tête et je lui adressai un sourire d'encouragement. Cette fois-ci, j'étais bien déterminé à le regarder faire jusqu'au bout. Il passait en demi finale et j'allais affronter le vainqueur de son match... c'était donc le moment où j'allais voir si je me trompais à son sujet où pas. J'étais persuadé que son statut de shinobi lui garantissait au moins son premier affrontement, mais son deuxième...

Shagakû Hinas... c'était un étranger que je n'avais jamais vu avant, mais qui avait l'air d'avoir conquérit la foule par son physique. En effet, le type était aussi immense que moi... mais disons que sa carrure était plus... je ne sais trop comment dire. Il était beau et musclé du haut et minuscule du bas - sans commentaire! Assurément, il serait un adversaire redoutable dans un match de bras de fer si on en jugeait ses bras énormes. Moi, je me demandais comment il allait faire pour ne pas briser en deux au moindre coup de vent. Il n'était pas balancé du tout, pauvre gars. On dirait que Haruko trouvait que son adversaire était quelque peu déséquilibré lui aussi et je l'entendis le conseiller poliement de travailler davantage des jambes, ce qui fit souffler du nez et sourire moi-même et beaucoup de personne. En voyant Hinas-san s'empourper, on a été plusieurs à se mettre à rire également, Hiroshi-san le premier. Je trinquai avec lui à ces mots d'ailleurs, un sourire au lèvre. Le petit allait devoir appuyer sa candeur par sa force à présent, mais il semblait avoir charmé plusieurs spectateurs entre son dernier match et celui-ci. Difficile de ne pas apprécier un gamin aussi poli, après tout.

Et pis après la performance qu'il allait livrer...

J'vais trop vite! Du coup, Haruko s'installe, et j'aimerais juste dire que le gamin, en plus d'être vraiment balèze, il retient bien de son clan pour se qui est de l'intelligence. Comme beaucoup de personnes, j'ai un peu tendance à croire que le bras de fer n'est qu'une histoire de force, mais le petit allait me prouver le contraire. Ainsi, il prit place à la table et empoigna la main de son adversaire avec toute la confiance propre aux adolescents de son âge, seulement la sienne ne provenait pas d'un orgueil mal placé. C'est à la surprise je pense générale que nous vîmes Shagakû-san lutter de toutes ses forces contre le petit homme assit en face de lui. Bien qu'il semblait proche de la victoire pendant un bon moment, les veines saillantes sur ses bras et son crâne ne mentaient pas sur l'effort qu'il déployait pour amener Haruko à ce point. Ce dernier aussi lutter de toutes ses forces, mais je trouvais surtout qu'il avait l'air bien concentré. J'avais raison. Alora que je croyais que tout était fini en faveur de l'étranger, le jeune Nara fit preuve d'une grande créativité en provoquant son adversaire, le destabilisant assez pour renverser la situation et envoyer la main de son adversaire claquer sur la table. Serrant le poing, le garçon avait crié victoire sous les acclamations générales alors que son adversaire se frappa la tête violemment contre la table en rage. Je suppose qu'il devait en baver d'avoir été humilié devant un gamin.

Oh, mais ce gamin n'avait rien d'ordinaire, je l'avais bien vu. "Il est fantastique, ce garçon! Dommage que ce soit un Nara, s'il avait besoin d'un travail, je l'embaucherais demain matin., dit mon ami le pêcheur en buvant sa bière. Mes yeux à moi brillait d'un intérêt renouvelé pour mon kohei. J'avais remarqué son usage du chakra à la toute fin de son match, renversant la balance de la joute en sa faveur. Évidemment, cela était attendu d'un shinobi tel que lui, mais je suspectais qu'un tel usage de chakra devait requérir un très grand contrôle de sa part pour qu'il soit capable de décupler ainsi ses forces sans avoir exécuté de mudras... en tout cas, pas que j'aille remarqué. Je me levai de ma chaise sans dire un mot, ne finissant même pas ma bière. Je voulais en découdre contre cet enfant de quatorze ans... y'a pas à dire, cette journée était pleine de surprise.

"Hah! On se retrouve en finale on dirait.", dis-je en souriant à Haruko en le rejoignant à la table de compétition où il m'attendait. Les organisateurs nous laissaient quelques minutes avant de commencer, histoire que le garçon reprenne ses forces. "Très impressionnant, Haruko-kun! Tu t'entraines beaucoup à ce que je vois..." C'est vrai qu'il avait l'air très athlétique pour son âge, mais cela ne justifiait probablement pas entièrement toute sa force physique. "Je t'ai vu à l'oeuvre maintenant... tu vaux pas mal plus que tous les autres compétiteurs ici et de loin. J't'aime bien, mais ne pense pas que je vais y aller doucement avec toi." Oh ça non, pas après avoir vu ça.

Eux oui.
Moi? Moi, je n'allais pas être vaincu par ce petit.
Soyons sérieux.
N'est-ce pas?

Il m'avait rendu un peu nerveux, c'est vrai. Il avait attendu à la dernière minute pour utiliser sa technique, peu importe la nature de celle-ci. Il avait une bonne tête sur les épaules, c'était évident. "Tu peux être fier de toi aujourd'hui. Tous ces gens pensaient que tu allais perdre en quelques secondes dès ton tout premier round, mais tu leur as bien montré!", dis-je en prenant place à la table. Le match commencerait dès qu'il serait prêt.

C'est une belle histoire.

J'ai toujours rêvé d'affronter un géant. Quand on est grand comme je le suis, c'est difficile de trouver un adversaire à sa taille. Même pour un Akimichi, j'ai de la hauteur, disons le ainsi. Toute ma vie, j'ai toujours eu au moins une tête de plus que les autres, du coup quand je me bats, c'est généralement tout le temps contre plus petit que moi. Ce n'est pas très glamour, mais c'est comme ça. Franchement, ça ne veut pas dire non plus que je gagne tout le temps, ni même souvent! Mais en aillant l'air d'un titan, je deviens l'ennemi à battre. Plus jeune, je pensais que j'étais celui que l'on veut voir perdre, mais je sais aujourd'hui, grâce à Nara Haruko, qu'il y a une nuance très importante à faire.

Revenons au tournoi. Les yeux rivés sur nous brillaient d'un intérêt marqué qui n'était pas là au début de la soirée et l'ambiance avait quelque chose d'électrique. Le Bras d'enfer était le sujet de toutes les conversations de la taverne, ce qui devait certainement plaire à l'hôte de la soirée. En ayant deux shinobis en finale, nous avions bien défendu l'honneur des shinobis d'Homura, mais la mienne restait en jeu. Je ne voulais pas perdre contre un enfant et j'avais bien l'impression que CET enfant en particulier allait me donner du fil à retordre. Je pouvais battre les deux adversaires qu'il avait affronté, mais ce n'était pas pour autant qu'ils étaient faibles. Je n'avais pas l'intention de laisser à mon kohei une victoire facile en sous-estimant ses précédentes performances. De plus, j'étais agréablement surpris de voir qu'il était tout plein de bravade face à ma ''menace'' de ne pas le laisser gagner facilement... et en même temps, je me sentais un peu mal.

Genre, j'voulais pas écraser ses espoirs. Vous savez, à cet âge, on se fait des scénarios immenses dans sa tête et...

"T'inquiète pas, je sais qu'il ne faut pas mélanger les sentiments et la compétition. C'est sans rancune que j'vais t'écrabouiller.", dis-je à Haruko en lui faisant un clin d'oeil. Puisqu'il savait utiliser le chakra, jen me doutait que j'allais peut-être devoir me résoudre à utiliser mon décuplement contre lui... j'étais grave exité à cette idée, qu'il soit un gamin ou non! Comme moi, il comprenait qu'il n'y avait pas de gloire dans une victoire sans challenge, mais aussi qu'il y avait beaucoup à gagner à se mesurer contre des adversaires forts. Je m'attendais à une belle performance de sa part. Et lorsqu'il m'offrit un mois de repas où je le voulais si je gagnais, gracieuseté des Naras, j'éclatai de rire. "HUOH! Haruko-kun, je vais te faire comprendre le poids d'une promesse comme celle-là. Qu'on me couvre de porc!", m'exclamais-je, ce qui fit bien rire l'assemblé.

L'enjeu était plus grand là, tout d'un coup! Il savait comment me motiver, le petit. Je l'aimais vraiment de plus en plus!

Le maître de la soirée définitivement ivre reprit l'animation de la fête et annonça la grande finale entre mon précieux moi-même - je saluai la foule en flexant mes biceps, espérant surtout impressionné une quelconque fille si possible - et le 'hArOuKo le gamin très fort'. Je m'avançai par-dessus la table vers Haruko pour lui murmurer dans le dos de notre hôte: "Mouais. On s'occupera plus tard de faire en sorte qu'ils respectent ton nom et... peut-être te trouver un titre plus cool." Quoiqu'il se passe durant cette finale, mon kohei avait définitivement mérité mieux que ça de la part de notre hôte et de son employeur!

Sa petite main empoigna la mienne. C'était comme tenir la main de mon petit frère.

Mais putain, je vous jure, quand l'hôte a donné le signal de départ, c'était plutôt comme faire un bras de fer contre ma mère. "Hah! Qu'est-ce qu'ils te... donnent à b-bouffer!?" J'avais un peu l'impression de forcer contre une montagne. Rapidement, je me suis mis à m'inquiéter: le rapport de force aurait dû être clairement à mon avantage et lutter ainsi témoignait de la force colossale de mon adversaire. "Gnnnn... Tr- Très bien. Les jambes, c'est ça, Haruko-chan~?" Autour de nous, les gens se mirent à frapper sur les tables alors que mes jambes écartées grossirent légèrement de plusieurs précieux centimètres, décuplant la force de celles-ci et améliorant ma stabilité générale. J'étais un peu plus grand aussi, comme si ce n'était pas assez. J'espèrais qu'il était fier de lui, il m'avait forcé à me décupler. Ce n'était déjà vraiment pas rien, surtout pour un jeune de son âge. "C'est vrai que c'est pas mal!"

Le visage du gamin était tout rouge et son front dégoutait de sueur. Malgré mon petit tour de passe-passe, je n'étais pas tellement en meilleure forme, grognant d'effort à travers mes dents serrées. Je pensais que j'allais pouvoir gagner à l'endurance, mais visiblement, Haruko avait d'autres projets. Il a dit un truc à propos de son père, puis... il s'est mis à manifester un genre d'aura étrange, comme s'il brillait. J'ai un peu perdu la carte à ce moment-là, je ne saurais pas trop vous dire les réactions du public, mais la mienne était définitivement stupéfaite. Il contrôlait bien son chakra, je m'en étais rendu compte, mais de quel genre de techniques s'agissait-il? Je n'eus pas le temps de m'émerveiller très longtemps: le gosse se mit à crier et ce fut comme s'il était animé d'une force nouvelle. Merde, plus que ça, c'est comme si trois Haruko forçaient à présent avec lui tellement il était fort. Je n'exagère pas lorsque je dis qu'à ce moment-là, le Nara m'a fait forcé avec tout ce que j'avais dans le corps. "HU-HUAAAAH!" Tellement que j'eus à décupler mon bras également pour faire face à l'assaut de mon adversaire. Ça ne m'était jamais arrivé avant de trouver un adversaire de bras de fer qui me force à utiliser toutes mes capacités.

Mais il était trop tard pour reprendre le dessus, même avec le décuplement. J'avais déjà perdu trop de terrain et j'étais trop destabilisé par la situation. Sous le poids de sa force et de son cri, ma main se fracassa sur la table, qui se brisa à son tour, tout comme mon bras.

Sous les yeux ébahis de tous, un nouveau héro était né. Il était arrivé comme un cheveux dans la soupe dans cette taverne où personne ne croyait en lui. Plein de gens s'étaient moqués de lui, pourtant il s'était montré poli et digne du début jusqu'à la fin. Il avait écrasé toutes les prédictions et vaincu ses adversaires et s'était montré assez humble dans la victoire. Finalement, il avait affronté le géant et a démontré que lui pouvait le battre, contrairement à tous les autres. Ça aurait dû être humiliant pour moi, qui n'avait jamais perdu un bras de fer contre un membre extérieur de ma famille, mais je compris quelque chose d'important ce soir là. La fameuse nuance dont je vous parlais plus tôt. Ce n'est pas vraiment que les gens voulaient me voir perdre dans cette taverne: tout le monde croyait que j'avais gagné d'avance. C'est plutôt que les gens - m'incluant - aiment voir les petits gagner. Cela leur envoie un message d'espoir dans ce monde où la vie et la mort est trop souvent régie par des forces quasi-toutes puissantes face au commun des mortels.. Cela crée des souvenirs mémorables qui vont être partagés pendant plusieurs années. Ce sont des événements marquants comme celui-ci qui font que les gens continuent de se réunir autour d'un bon repas et d'un verre d'alcool afin de profiter d'une compétition sportive.

Haaaaaa~! Quelle belle histoire! J'aurais aimé vous dire que c'est moi qui l'a écrite, mais même pas. C'est Haruko l'auteur, putain de génie.

"Mais... c'EST... IN-CRO-YAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAABLE!" Bondissant sur place, l'hôte avait déclanché les acclamations tonitruantes du publics. J'étais figé dans ma position avec mon bras tout tordu sur ce qu'il restait de la table de bois. J'étais tellement stupéfait que je ressentais à peine la douleur. Mes yeux surpris n'avaient pas quitté le visage de mon kohei. "LE VAINQUEUR EST... NARA HARUKO-", prenant la main libre du garçon, il la leva en l'air pour le déclarer vainqueur sans même attendre que celui-ci ne se lève ou réagisse. "LE BRAS D'ENFER!" "M-Merde, ça aussi c'est nul. On te trouvera mieux comme titre.", soufflais-je en souriant un peu, sorti de ma torpeur par le titre stupide de notre hôte. Grimaçant de douleur, j'ajoutai en regardant mon bras qui s'était dégonflé et était devenu tout maigre: "Ugh-... Bien joué, Haruko-kun! C'était... phénoménal!"

Et voilà! Vous savez comment j'ai perdu au bras de fer contre un enfant de quatorze ans qui est devenu par la suite l'un de mes meilleurs amis. Autant vous dire que mes employeurs du jour - le clan Ito - étaient les seuls dans la salle à ne pas applaudir comme les autres le champion de l'événement, eux qui croyaient avoir gagnés à la seconde où ils m'ont vu m'assoir à leur table et leur confirmer mon contrat. Je les trouvais même un peu pâle: avaient-ils fait des paris qu'ils croyaient parfaitement sécuritaire? Heh, je ne me sentais pas mal pour eux du tout: ils allaient devoir payer le shogunat quoi qu'il arrive et puis leur défaite leur apprendra à tricher et penser que leurs adversaires n'en feront pas autant.

"Oof!..."

L'excitation de la victoire allait bien au garçon sérieux que j'avais rencontré plus tôt dans cette taverne. La puberté allait le frapper de plein fouet après ça et les occasions de le voir aussi enjoué allaient se faire plus rare. Il sautilla jusque dans mes bras et me serra très fort dans ses petits bras. "Hooo bon sang! Vas-tu me dire ce qu'ils te donnent à manger?", rigolais-je en lui tapotant le dos. Bien qu'adorable, son étreinte exacerba la douleur de mon bras cassé. Par ailleurs, le jeune Nara en était navré. "Ne t'en fait pas! J'aurais pu péter le tiens si tu n'avais pas forcé autant. Ça arrive quand on donne tout ce qu'on a." Je trouvais dommage qu'Haruko dévalue sa force au profit de sa stratégie, mais il est vrai qu'il avait remarquablement puisé dans son chakra à la toute fin de notre échange... encore plus que contre son précédent adversaire. "Un esprit fort dans un corps fort!... Heummm ou un truc comme ça, je sais plus. Tu as bien gagné et j'ai bien perdu, soit fier de toi Haruko-kun! La prochaine fois par contre, je saurai à quoi m'attendre, tu ne perds rien pour attendre."

Oh parce que si, je voulais vraiment qu'il y aille une prochaine fois! Cet aura blanc autour du gamin m'avait plus que tout intrigué... lorsque Haruko suggéra de m'accompagner à l'infirmerie car il en aurait besoin lui aussi, je finis par mettre les dernières pièces du casse-tête en place. "Cette capacité dont tu parles... ce n'est pas qu'une histoire de chakra, n'est-ce pas?" Je me penchai vers l'avant, ignorant l'hôte qui continuait d'animer la fin de la soirée devant nous, souhaitant une dernière fois aux convives de la fête une belle beuverie et un joyeux festin. "Pendant notre match, tu t'es comme... mis à briller." J'espérais ne pas trop le pousser dans ses retranchements à lui poser des questions comme ça, d'autant plus que nous étions en public. Soucieux de ce fait, je me levai d'un coup, puis je gémis un bon coup en tenant mon bras tordu contre mon corps. "Ouille ouille! Mon pauvre petit bras! OOoooOOOoooh, pauvre moi... j'ai besoin d'aller à l'infirmerie oui... et de manger quelque chose de délicieux!" Criant par-dessus la foule à l'intention des Ito, j'ajouta: "Faudra nous livrer des onigiris! Aux frais des perdants de la compèt'!" Les protestation de mes employeurs furent noyées dans les célébrations.

Je mis ma bonne main dans le dos de Haruko pour le guider hors de la taverne. Il avait vraiment tout donné, le petit, et il avait l'air un peu pâle. "Tu vas pas tomber dans les pommes, si? J'pensais que t'allait me porter.", plaisantais-je, mon bras serré le long de mon corps. "T'inquiète pas, j'rigole. Mais n'hésite pas, ce bras sera toujours capable de te porter si tu en as besoin." Je n'allais pas finir sans essayer d'avoir l'air un peu cool dans la défaite, non?

Et pis franchement, une chance qu'il était là le gamin.
Parce que ça faisait super mal.
Lui parler m'aider à chasser la douleur.
Mais genre ouaïlle, on était au moins à 17 sur 10, sans blague.