Charbonner.

Quitter sa zone de confiance, sortir de la facilité et prendre des risques. Plus facile à dire qu'à faire, les effluves d'alcool, l'odeur du tabac froid. Les pensées se mélangeants, vivrait il un autre jour? Pour voir un lendemain ou la pluie battante continuait de donner confiance aux misérables, de les laisser croire qu'ils contrôleraient pour toujours la narrative du pays de la pluie. Un crachat au sol, les yeux injectés de sang, le charbon sur le visage et Jinmu haussait les épaules. Il ne pouvait pas se mentir à lui même. Et son partenaire comprendrait, l'affranchit avait besoin de se confronter à la réalité. De savoir si ces années d'errance, à la frontière entre les pays voisins avait eu l'effet escompté ou si il avait perdu du temps. A s'embourber dans une méthodologie et des pratiques inutiles et inefficaces, il ne ferait que faire du sur place. Il le savait déjà pourtant, s'entêter n'était pas la solution, s'abimer la santé et se fatiguer il était prêt à l'accepter. Du moment que cela s'avérait productif, que lui et son camarade en tirait profit. Titubant légèrement, il esquissa un sourire à moitié effacé, se plonger dans un personnage était également une occasion pour Jinmu de se déconnecter légèrement de sa propre réalité. Et alors qu'il arrivait aux coordonnées indiqué pour ceux voulant rejoindre les rangs du criminel ayant le vent en poupe récemment : Goro, un personnage mystérieux et préférant au contraire d'une majorité de ses congénères, l'ombre à la lumière. Déléguant et apparaissant au travers de ses lieutenants, manque de confiance, vivacité d'esprit ou un règlement réfléchit. Qu'importe, ce n'était pas les bandes qui s'entretuaient ouvertement qui devait focaliser l'attention de celui qui voulait atteindre les sommets de cette pyramide construite sur d'innombrables meurtres, attentats, rackets et acte de corruption. Les plus assagis et intelligents étaient les plus dangereux, et Goro était devenu une cible dès l'instant ou il s'était démarquer de la masse de chefs mafieux et autre personnalités du même genre. Et avant de le détruire, du moins de tenter, il fallait déjà en apprendre plus sur son organisation et ses méthodes. Collecter un maximum d'informations en infiltrant les rangs de ses laquais, pourquoi pas l'utiliser aussi. Le champ des possible était grand, et couvrait à peu près tout les projets de Jinmu. Encore fallait il qu'il réussisse à passer outre les premiers filtres de sélection des gens de Goro.

Surtout dans un monde de violence de chaque instant, sans pitié et composé d'êtres plus proches des monstres, sans états d'âmes que de l'humanité. On n'acceptait pas le premier venu, on le mesurait aux autres, on s'assurait que celui qu'on recrutait valait le coup. La faiblesse était arborée, les traîtres devenaient des exemples et chaque échec pouvait coûter la vie. Rien d'hors du commun pour l'affranchi qui avait grandit dans ce moule, infusant son corps, ses pensées et dictant son comportement d'aujourd'hui. En théorie le natif d'Ame avait tout pour passer les épreuves de sélection, mais la théorie ne valait rien sans la pratique. Et la mise en situation était imminente, tapotant trois fois sur le gond d'une porte aussi épaisse qu'orné d'étranges runes et motifs, on lui ouvrit la porte. Jinmu avait déjà les yeux fermés, lorsqu'on lui un mit sac dessus. Il s'attendait à ce genre de sécurité, pour la quasi totalité des hommes "normaux" il était impossible de retenir des détails et de s'y retrouver, privé d'un des sens les plus importants. Pour autant, aussi malsain que ça sonnait, il se sentait à l'aise. Comme si il était revenu dans son foyer après avoir parcouru la terre entière. La nostalgie et quelques souvenirs remontèrent à la surface, et l'affranchi les réprima d'une simple inspiration. Concentrant son attention en comptant le nombre de marche, tentant de retenir quand on le faisait tourner à droite ou à gauche. Un esprit aiguisé c'était sa plus grande arme. Bien sur il était capable de faire preuve de force brute, de réduire en pulpe n'importe quel misérable si c'était les ordres de son futur "employeur". S'affilier à Goro c'était jouer avec le feu, surtout en ayant reconnu l'intelligence du malfrat. Tôt ou tard, il finirait par se bruler, mais d'ici là Jinmu espérait être suffisant fort et assez entouré pour que les flammes et leurs brulures ne soient que superficiels. Quel autre choix avait-il dans tous les cas? Il fallait jouer gros pour gagner gros.


On lui retira ce qui l'aveuglait, et lentement l'homme ouvrit ses yeux pour poser ses pupilles d'or sur le décors dans lequel il avait été emmené. Ses mains étaient entravés, une chose qu'il n'avait remarqué, des entraves faites avec du cordage. Rien de bien sorcier, mais il ne pourrait se défaire de ses liens sans avoir recours à des pouvoirs et des capacités qu'il préférait éviter de dévoiler dès le début. Plissant les yeux, dans une semi pénombre il tourna et leva la tête, dans une arène ronde aux murs sculptés de manière si parfaite qu'il était évident que ce n'était pas un ouvrage produit de manière manuel. Des gradins, ou siégeait, des larbins de Goro s'imaginait Jinmu, car tout le reste de l'endroit était plongé dans l'obscurité. Les faibles lueurs émanant des torches posés un peu partout autour du cercle de l'arène, n'éclairaient que le sol de cette dernière. Comme attendu, l'affranchit n'était pas seul, il ne compta pas chacun des autres individus présent avec lui, s'arrêtant à un jugement à la jaugée. Une trentaine, peut-être quarantaine d'hommes et femmes présent, mains liés pour certains pour d'autre non, s'observaient pour s'évaluer mutuellement. Un banc de requins, un regroupement de prédateurs affamés. Remplir un environnement de carnivores, était la meilleur et la plus simple option de voir qui d'entre eux était le nec le plus ultra du règne animal. L'apex prédateur, ou les apex prédateurs qui sortiraient indemnes, pas trop amochés ou simplement vivant seraient certainement ceux qui passeraient à l'étape d'après. Ou bien ça suffirait à Goro et tous seraient acceptés au sein de son organisation. L'homme au regard ambré n'en savait rien, et ne s'attardait pas dessus. Chaque chose en son temps, et alors que le silence et la tension devenaient de plus en plus pressant, une figure sauta des gradins pour atterrir dans l'arène.

C'était maintenant que tout débutait pour de bon. Tout ce qu'avait vécu Jinmu avant, ses expériences n'avaient fait que le préparer pour ce moment précis. Et il était hors question de se défiler.

La résurgence d'Ame commençait ici, loin des regards indiscrets, dans un endroit ou la vie n'avait pas de valeur.

Une parfaite manière de refléter et résumer la vie dans le pays de la pluie.

Avant même que l'inconnu ne se présente, deux intrépides s'élancèrent sur ce dernier. Ce qu'ils comptaient accomplir, Jinmu l'ignorait, mais il avait déjà deviné la suite des évènements. Comme la majorité du reste des "participants", l'épreuve ne pouvait consister à combattre l'inconnu. Et ces deux naïfs prouvèrent à raison, que ne rien faire était la meilleure solution pour rester en vie. Ils s'effondrèrent, inertes, l'écume aux lèvres et les pupilles aussi blanches que la neige des sommets montagneux. Fermant un instant les yeux, Jinmu laissa ses jambes le lâcher, les croisant en posant son séant contre le sol de l'arène, baissant la tête vers l'avant. Le crime organisé n'était pas pas si différent des institutions féodales, des puissants villages. On ne prenait pas le contrôle de réseaux, on ne contrôlait pas une population avec une bande de barbare écervelés. La manne humaine avait de la valeur, et à tout massacrer sans distinction, à manger la main qui vous nourrissait, on ne prouvait qu'être irresponsable et indigne de quelconque autre rôle que celui de chien fou.

Hors, Goro et son influence grandissait, et l'affranchi avait supposé qu'en plus d'avoir recours à une extrême discrétion, le mystérieux parrain de la pègre s'était entouré de lieutenants compétents. Dévoués à sa cause, et apparaissant en public à sa place. La figure qui venait d'ôter la vie de ces deux malappris remplissait jusqu'à présent, toutes les cases pour en être un. Un instant d'ailleurs, l'ancien esclave sentit le spectre poser son attention sur lui, le temps d'un soupir avant de s'en détourner.

- Si il subsistait encore des doutes dans vos esprits, laissez moi les dissiper. Je ne suis pas d'humeur joueuse, et ne pardonne pas les transgression envers le déroulement de cette session de recrutement.

Une voix inhumaine, déformée par quelconque moyen et résonnant dans toute l'arène. L'assemblée de brigands, meurtriers, voleurs et autres personnes dotés de "talents" et d'affinités capable d'intéresser le mystérieux parrain restèrent silencieux, pour certains c'était la première fois qu'ils se soumettaient de leur propre volonté ou non à quelconque figure d'autorité. Les candidats se contentèrent de se jeter des regards tantôt dubitatif, tantôt mauvais, en attendant le reste des explications dispensé par l'inconnu.

- Je représente sieur Goro, vous avez été sélectionnés chacun d'entre vous car vous pourriez être utile à ses desseins. Néanmoins, nous ne sommes pas l'armée du salut, pas plus que nous ouvrirons nos rangs à n'importe qui. Aussi, je serais bref, car je vois déjà sur les visages de certains qu'ils ont devinés la suite des évènements : Vous êtes trop nombreux, nous n'autoriserons qu'une demi-douzaine de candidats à accéder à la suite de la session de recrutement. La première épreuve n'en est pas vraiment une, simplement un abattage sélectif. Les portes de l'arène ne s'ouvriront que lorsqu'il ne restera que six d'entre vous, pas plus et surtout pas moins.

Un soupir s'échappa des lèvres de Jinmu, à l'instant même ou l'homme de Goro disparu de nouveau dans l'obscurité des gradins, un premier cri retentit. Et alors qu'agonisait le premier mécréant, le sable de l'arène passa progressivement d'une couleur ocre à rubis. Teinte par le sang vicié d'inconnus répétant le crime immémorial, tuer son prochain était facile.

Le garder en vie en revanche, apparaissait pour la majorité des candidats beaucoup plus difficile. Et pendant qu'éclatait un chaos de violence, Jinmu n'avait pas daigné bouger de sa position, l'attention des autres ne se portant pas encore sur lui il n'avait aucun intérêt à s'exposer ou attirer le regard des autres sur lui. Moins il en faisait, mieux il se portait.

Néanmoins c'est lorsque tombèrent des gradins, dans un cliquètement de métal, des armes pour se défaire des liens entravant les candidats que la situation poussa l'affranchit à prendre une première décision. Ceux ayant les poings liés avaient jusqu'à présent l'avantage, à l'exception des rares candidats capable de maîtriser des pouvoirs, ceux ayant les jambes entravés. Mais dès lors que se retrouvaient sur un même pied d'égalité, deux hommes, c'était véritablement à qui était le plus fort. Et pas seulement physiquement, non. De l'aveuglement de l'opposant en utilisant une poignée de sable, à viser les parties génitales. Il n'y avait pas d'autre règles que la survie, pas d'interdit. Ci et là, des groupes se formaient, en se rappelant que seulement six de la désormais moins de trentaine de participants, seraient autorisés à vivre un autre jour et à rejoindre, espéraient-ils sans doute les rangs du mystérieux Goro. Avec la promesse de la stabilité, et de rejoindre une organisation, une entité transformant une vie de vices et débauche en une véritable carrière.

En attendant le spectacle n'était tout simplement qu'un déferlement, plus ou moins inutile, d'actes jugés amoraux dans la plupart des pays stables et frontaliers de la pluie. L'affranchi n'avait guère besoin d'alliés de fortune, occupé à défaire ses liens en ramassant une lame émoussée sur le corps encore chaud d'un éliminé, il se releva enfin. Haussant les épaules, le visage aussi inexpressif qu'à son habitude. Et tandis que s'élança vers lui le premier vaurien notifiant enfin son existence, il inspira l'air et l'odeur de la mort.

A ses narines, depuis son enfance, un parfum aussi naturel que légèrement énivrant, quoi qu'il en dise.

Une partie de son être ne vivait que pour ces instants de carnage gratuit.

Au sol.

Comme les trois autres ayant tentés de l'occire, il n'était pas d'humeur joueuse. Après avoir ouvert la trachée de son premier adversaire, en ayant préalablement paralysé l'un de ses bras tenant son arme pour l'en dérober, Jinmu avait rapidement fait le deuil de l'excitation, et même du danger. Le nombre ne faisait pas forcément la force, surtout dans des conditions pareil. La cohue, la mêlée générale, laissait une marge de manœuvre plus que suffisante à ceux savant utiliser leurs neurones pour ne pas se fatiguer plus que d'avantage. Et tandis que les corps continuaient de tomber comme des mouches, que s'élevaient tantôt des voix suppliantes, et que le nombre de participants diminuait. L'affranchi cracha au sol bile et glaire en prenant soin de rester adosser à l'enceinte de l'arène. Droite, gauche, ses iris dorés ne cessaient de fixer dans quel direction pouvait venir le potentiel danger. Destin sublime, c'était ce qu'il l'attendait, il n'arrêterait pas, ne pouvait pas mourir avant d'avoir irradié et percer le ciel obscurcis d'Ame. Qu'était ce que le pouvoir? Contrôler la vie d'une multitude d'individus, la puissance ? Ou bien, ou bien la postérité. Marquer l'Histoire, devenir une figure libérant les enchaînés. Sortir du bas de fil, se venger des cieux. Qu'importe si les divinités vénérés, mais certainement pas respectables l'envoyait au plus profond des enfers. Lui, lui qui n'avait pas d'autre repère qu'une vie de servitude imposé. Lui deviendrait la mort subite.

Pendant qu'ils s'envoyaient des manchettes, des coups violents, l'affranchis continuait de longer les murs de l'arène. Oui, il évitait les combats, oui il n'était pas spécialement l'incarnation du "combattant", mais Jinmu démontrait aux spectateurs; et surtout au porte parole de leur "hôte" qu'il était plus qu'une paire de bras parmi tant d'autre, facilement remplaçable. Son utilité, le local savait qu'elle ne prendrait pas beaucoup de temps à apparaître. Spécialement, quand, au milieu des corps gisants, alors que l'odeur, que le goût du sang et l'odeur de la mort montait progressivement à ses narines. Que les effluves, l'émanation de dizaines de corps trépassés manquait de faire vomir les quelques survivants, Jinmu avait enfin le champs libre pour exécuter son plan.

Ils étaient huit, deux de trop, lui, deux autres gus et un groupe de cinq tenant encore tant bien que mal ensemble. Une fausse unité, née d'un désir de rester en vie et de passer à l'étape d'après. Le nombre était en leurs faveur, et ils ne tardèrent pas à enjoindre l'affranchi et le duo de meurtriers à faire un choix. Le premier à les rejoindre, vivrait, par définition. Et une fois n'était pas coutume, Jinmu fut le plus rapide à "s'allier" au petit groupe, et ensemble ils se tournèrent vers les deux dernières brebis sacrificielles. Et alors que les conditions étaient réunis, l'Amejin, esquissa sans même s'en rendre compte un sourire carnassier. Des mouvements de mains, des mudras, simple et exécutés avec une précision on ne peut plus normal, tant les gestes étaient désormais familiers.

Six, ils devaient être six, mais rien n'indiquait que tous devaient être dans le même état. Ils vivraient, mais dans quel condition? Paralyser les jambes du premier, avant de lui éclater une rotule, avant que le second ne réagisse se cloner. L'avantage du nombre hein? Les copies imitant l'original, deux répétant la même technique. Se sentir certainement amoindri, mais le jeu en valait la chandelle comme disait l'adage. Et une fois que trois sur cinq rampaient au sol, définitivement hors d'état de nuire mais toujours en vie comme l'instruction du lieutenant de Goro l'avait voulu. Ne restait plus qu'à se tourner vers les deux dernières victimes du jour. Les submerger, le premier se défend faisant disparaître d'un simple coup un clone, souriant et pensant avoir une chance. Lorsque son poing s'écrase contre le visage bien réel de Jinmu, qui encaisse en restant de marbre, ce dernier se délecte de cet faible lueur d'espoir s'éteignant définitivement sur le visage de l'imbécile. Les cris de son compagnon, prit par surprise, par deux clones le maintenant au sol, achève d'emplir de désespoir celui faisant face à l'original.

***

- Félicitations, à vous six. Vous avez désormais une minute pour sortir de l'arène, passez ce temps, nous considérerons que vous ne souhaitez plus jurer allégeance et travailler pour Goro. En conséquence, comprenez que ne nous pourrons sciemment la vie sauve, afin d'éviter toutes fuites d'informations.

Et pendant que l'ancien esclave marche sans se retourner hors de l'arène au travers de deux portes, dissimulés par ce qui semble être un sceau, s'ouvrant face à lui. Il ne s'arrête pas une seconde pour écouter les cris et supplications de ses anciens "alliés". Certains ont les jambes cassées, d'autres ont les bras disloqués, mais tous ont la vie sauve. Sur les cinq, si ils opéraient de concert, tous pourraient passer à l'étape d'après. La question étant : Est-ce que Goro s'embarrasserait de garder des combattants physiquement diminués pour un futur proche?

Mais ce n'était pas à lui de répondre.

Jurer allégeance.

Alors qu'il n'avait pas d'autre maîtres que lui même, que jamais il ne reviendrait à une vie de servitude. Alors il devait feindre, car après tout il n'y avait que ça. Pas besoin de mentir, juste à s'auto-convaincre, et puis techniquement rejoindre les rangs de la pègre, était ce qu'il recherchait. Du moins à moyen terme, alors en attendant assis sur ses genoux, de nouveau un bandeau sur les yeux, dans une salle ou l'odeur de l'encens lui piquait les narines, Jinmu attendait la suite. Rien ne garantissait qu'avoir réussit l'épreuve de sélection lui donnerait automatiquement un ticket pour devenir l'un des hommes de mains de Goro. Pour autant, il n'était pas soumit à quelconque pression, car il ne possédait rien et se répétait en boucle cette réalité. Rien à perdre, tout à gagner, et même si mourir était forcément contre-productif, aurait-il des regrets ? Pas le moins du monde, ne pas atteindre ce qui restait pour l'instant un rêve au mieux, et au pire un fantasme idyllique ne représentait pas matière à se tourmenter. Le calme dans son esprit, en revanche c'était ce à quoi il aspirait en cet instant, faire taire les réflexions incessantes de son cerveau, ne penser à rien. C'était tout bonnement impossible, alors quand il entendit une porte s'ouvrir et se refermer, puis les pas d'un individu, il esquissa intérieurement un sourire de soulagement. Se concentrer sur la situation présente, était le seul remède à ses maux. Une chaise, ou un tabouret, en tout cas quelque chose qu'on déplace avant la mystérieuse personne ne pose son séant dessus.

- Il y a quelque chose, un je ne sais quoi, qui pousse mon être entier à me méfier de toi.

La même voix d'outre-tombe, probablement modifiée, mais Jinmu l'associait à la même personne, le même représentant de Goro qui supervisait les épreuves. Sa remarque ne fit qu'accentuer le sourire qui ne demandait qu'à apparaître, comme rarement, sur le visage de l'affranchi. La tâche de démanteler, ou d'exterminer le réseau de Goro s'avérerait être plus ardue si chacun des lieutenants de ce dernier était ainsi bâtis. Rien de pire que des subalternes capable et intelligents, quand on souhaitait se débarrasser d'un ennemi. Pour autant, est-ce que le mystérieux parrain était l'adversaire de l'Amejin? Non, car même si Jinmu était bien au courant du vide abyssale séparant le rapport de force entre les deux, et si il ne ressentait que haine et dédain pour les criminels, les ressources et capacités des branches mafieuses jouait également dans son intérêt. Loin de lui l'idée de dire qu'il avait trois coups d'avance, ou qu'il jouait aux échecs pendant que ses opposants jouaient aux dames. Humilité, savoir reconnaître ses défauts et surtout ce qu'il lui manquait. Un doute subsistait sur quand prendre la parole, alors il attendit encore un instant, et quand l'inconnu reprit le cours de cette conversation, pour l'instant à sens unique, l'affranchi remercia ses instincts.

- La confiance, c'est la seule chose qui prime quant il s'agit de décider si nous ouvrons nos rangs à une nouvelle recrue. Et comme ma première remarque le laissait entendre, je manque cruellement de confiance envers toi. Pour être franc, je ne pense même pas qu'il soit possible que tu gagnes la mienne.

- Mais ce n'est pas la votre que je cherche à gagner, pas plus que votre opinion m'importe. Sauf si vous vous me dites que vous êtes Goro, auquel cas ma situation deviendrait réellement préoccupante.

L'autre laissa échapper de sa bouche, un son ressemblant plus ou moins à une approbation. Cet "entretien", déterminerait si il avait l'aval et la validation de l'être représentant Goro, mais est-ce que la décision finale lui revenait? Jinmu ne pouvait qu'escompter que non. Et c'était sur cette théorie qu'il baserait ses réponses et son attitude, jamais manquer de respect mais faire comprendre à son interlocuteur qu'il savait, ou qu'il espérait, que lui non plus n'avait pas toutes les cartes en main quant il s'agissait de décider. Frôler l'insolence? Pas vraiment, et si l'autre considérait le fait de répondre avec intelligence comme un manque de respect, c'était donc qu'il y avait corde sensible.

- Tout juste, tes tours de passe-passe ne sont pas passés inaperçus. Mais ça tu devais déjà le savoir n'est-ce pas? Sinon tu n'aurais pas attendu la fin de l'épreuve pour montrer à tous, que l'unique consigne donnée, manquait volontairement de précision.

Hocher la tête, et surtout ne pas réfuter ce qui était évident. Là, il y aurait eu arrogance, insolence et méprit de classe.

- Ton profil intéresse, mais reste une zone d'ombre. Je me moque, non, Il se moque de ta vie et de tes tribulations, et il n'y aura pas d'avertissement sur les conséquences d'une trahison, ou de toute manœuvre, action s'en rapprochant. Si Goro n'apparait pas, c'est pour une bonne raison...

La paranoïa ? Un trait de caractère nécessaire quant on prenait en influence aussi rapidement que semblait le faire le parrain. En revanche, Jinmu n'était pas sur si cette phrase de son interlocuteur était dans le "script", le fait qu'il ne termine pas sa tirade accentuait l'impression et le sentiment de sincérité.

- Je n'ai qu'une seule question. Comment as-tu eu obtenu l'information et le lieu de l'épreuve de sélection ?

L'atmosphère se tendit un instant, et les implications devinrent tout d'un coup beaucoup plus sérieuse. Savait-il? Son identité? Ses ambitions? Impossible...sauf si? Du calme, retrouver le calme et la sérénité olympienne qui le caractérisait. Cette désagréable sensation devait le quitter. Une inspiration, et tout retournait dans l'ordre.

- Un hameau, des mercenaires en voulant faire leur nouveau quartier général, un massacre et une missive retrouvé sur l'un d'entre eux. Ai-je besoin d'expliquer pourquoi ont-ils perdus la vie?

L'être mystérieux se lève, une main se pose sur les épaules de l'affranchi, puis doucement le bandeau opaque sur ses yeux est retiré.

- Non, mais à l'avenir garde que tes intérêts personnel quels qu'ils soient, si ils viennent en travers des notre, seront balayés et toi avec. Des imbéciles périssant dans l'arrière pays, ça arrive chaque jour, une chance que tu ais survécu au Yokai les ayant massacrés n'est-ce pas?

C'est louche, pourquoi couvrir ses actes? Théoriser ne ferait que lui retirer le peu de temps de sommeil que l'affranchi trouve chaque nuit. Et surtout, il est bien heureux de se contenter et d'accepter cette version de l'histoire que décrit son "bienfaiteur". Il est évident qu'il y a plus à découvrir, et à creuser. Mais pour l'heure, c'est plus que suffisant.

- Bienvenue au sein de la Lune Pourpre, Jinmu. Je serai ton référent, puisses tu combler de bonheur et accomplir la volonté de sieur Goro....

C'était donc fait? Pourquoi ne ressentait il pas du tout un sentiment d'accomplissement, même l'inverse. Ils connaissaient son nom, et il ne se rappelait guère avoir donné son identité à aucun moment. Les implications de cette révélation étaient donc évidentes. Avait-il sous estimé l'influence et les pouvoirs de Goro et des siens? Non, la surprise était néanmoins logique. La figure mystérieuse haussa les épaules, remettant un bandeau sur ses yeux avant de passer derrière lui et l'enjoindre à se lever.

- Nous, je, communiquerons bien assez vite tes premières instructions et missions. Si tu réussis, nous ne tolérerons encore une fois, pas d'autre résultat, tu seras graduellement autorisé à rentrer réellement au sein de notre groupe. En attendant, j'ai à faire. Tu n'es pas le seul candidat ayant passé les épreuves de sélection, et j'ai d'autre aspirants à refuser.