Vous êtes vous déjà assis pour prendre le temps de savourer des huîtres.

Pour ma part, ça fait parti de mes petits plaisirs hebdomadaires (comme beaucoup de choses me direz vous). J'vais être honnête, même si je suis un ardent défenseur de la qualité du terroir de Hi, on ne réussi pas vraiment à s'approvisionner par nous même en vrai bons fruits de mer. Les produits de ce genre de vrai bonne qualité sont surtout des importations en provenance de Mizu, mais mes parents connaissent un marchand qui fait régulièrement le périple entre Hi et Tsuchi pour ma famille. Si vous voulez mon avis, c'est bel et bien dans le pays de la terre que se cache les meilleures huitres - eh oui, contre toute attente! Tous les trois ou quatre ans environ, le marchand nous en ramène du pays de la terre. C'est impossible de les garder aussi fraiche que l'heure de leur ramassage, évidemment, mais ces huitres ont la particularité d'avoir une coquille de quartz et d'émeraude extrêmement épaisse qui conserve le délicieux mollusque en vie à l'intérieur longtemps après sa cueillette. Elles se reproduisent rapidement, mais elles sont malgré tout difficile à trouver car trop souvent braconné. Vous vous en doutez surement, mais ces huitres ne sont pas gratuites... loin de là. Au-delà du prix de leur importation, leur valeur est digne de la table d'un petit prince... enfin, ça le serait si on accordait la moindre importance au mollusque plutôt qu'à son squelette.

Y'a des gens, je vous jure... tu sais pas s'ils regardent ce qu'il se passe devant leurs yeux tellement ils voient rien.

J'avais dépensé un peu plus de deux mois de salaire complets pour le repas que je m'apprêtais à manger ce soir là. C'était déraisonnable, j'veux bien vous l'admettre. C'est beaucoup trop d'argent pour un seul repas, mais je ne regrette rien à ce jour. Lorsque je suis entré dans l'auberge des Nakamura pour leur demander de me préparer la trentaine d'huîtres en échange des coquilles, eux non plus ne l'ont pas regrettés! J'pense même qu'ils m'ont trouvé très cons de leur laisser les minéraux précieux... m'enfin, je trouvais que c'était tout naturel puisqu'ils allaient devoir passer la journée à les casser avec une masse. Moi, je n'aurais que l'humble, mais satisfaisante tâche de les déguster, ce qui faisait bien l'affaire de tout le monde visiblement. Lorsqu'on m'apporta enfin le fruit de mon dur labeur des dernières lunes, trentes huitres magnifiques, leur chaire luisante de leur propre jus et baignant dans leur demi coquille brillante, je ne pus que prendre le temps d'admirer le travail effectué en cuisine. Pendant ce que je crois avoir été de longues minutes, j'ai fixé l'assiette de bois sur laquelle étaient disposées en cercle les mollusques, mes mains docilement sur mes genoux. Je pense que la serveuse derrière le bar a fini par être inquiète de mon hypnotisme et me demanda si j'allais bien. "Hm? Oui, ça ira... si tu as de l'eau à boire, j'en prendrais avec ça.", lui répondis-je sans même la regarder. Je ne voulais pas d'alcool pour le moment, cela aurait ruiné le goût de mes huitres... Elle s'éloigna.

Après une grande inspiration supplémentaire, je pris la décision de m'engager. La main presque tremblante, je me saisi de l'une des huitres avec autant d'excitation qu'un enfant qui s'apprête à commettre un mauvais coup. Après tout, c'était tellement décadent que c'en était presque un crime.

Je fus interrompu dans ma délinquance lorsqu'un type que je n'avais encore jamais vu s'approcha de moi pour m'offrir, pourquoi pas, de jeter davantage mon argent par les fenêtres en pariant avec lui. Vous savez, la vie, c'est dur. J'suis l'ainé d'une famille nombreuse, j'm'occupe GRAVE de mes frères et soeurs, je bosse tout le temps. On a de l'argent, mais on est tellement nombreux que tout y passe. Tout y passe... c'est pour ça qu'une fois de temps en temps, j'ai besoin de me payer un petit luxe comme ça pour me rappeler que je suis bien vivant, vous savez de quoi je parle? Du coup, quand j'ai vu ce type avec ses dents en or m'approcher et me parler de 'flouze' et machin, j'me suis dis que c'était le moment ou jamais ce jour là d'être un prince l'instant d'une soirée. Bon, je n'en n'avais probablement pas l'air dans mes godasses de corde et mon vieux jinbei jaune rayé gris duquel dépassait mon gros ventre nu, mais parfois, ce genre de chose, c'est plus une histoire de mentalité en fait. Je me suis levé pour serrer la pince de mon nouvel ami, lui zyeutant la bourse et lui rendant son sourire, moins doré que le sien assurément. "Tu tombes à point, étranger! Mange avec moi. C'est impossible de trouver une meilleure assiette dans tout Homura en ce moment." Serrer sa main m'avait donné l'impression de faire quelque chose de vraiment sale, plus encore que de manger des huitres hors de prix. Je l'invitai à s'asseoir, ce chien errant que je trouvais de plus en plus déglingué en le regardant. "Wari... hmmm Wari, Wari avec ses dents en or." Je pris le temps de réfléchir un peu à la chose, parce que mine de rien un type comme ça, tu t'en souviens si tu le vois... enfin, je crois. Je n'avais jamais entendu parlé de lui non plus en fait, donc je crus qu'il était un voyageur. "Je m'appelle Akimichi Futomaru. Je préfère les jeux de dé, mais je me débrouille très bien aux cartes. À moins que tu préférais un jeu d'adresse? Il faudra que tu attendes que cette assiette soit vide avant que je me lève de cette chaise!", lui dis-je gentiment avant de reprendre l'huitre que j'allais déguster et la porter à ma bouche.

L'extase de ce moment, je ne vous la décrirai pas, ce serait indécent.

Je l'aimais bien, ce drôle d'étranger. Je pense qu'il m'a vite saisi avec ses belles phrases colorées, et à point! C'est comme s'il avait été invoqué avec mes huîtres pour accompagner parfaitement mon humeur. Il me fit apprécier d'autant plus ce rare repas et j'allais apprendre deux choses très importantes de Wari aux sourires en or. Premièrement, le plaisir de mangé est bien plus grand lorsqu'il est partagé: je ne regrette aucunement d'avoir invité cet étranger à ma table (d'autant plus que franchement, juste à le regarder, on pourrait penser qu'il avait grandement besoin d'un bon repas). Deuxièmement, le jeu est un champs de bataille très excitant, mais impitoyable. "Heureux? Haaaa... j'attendais ça depuis un moment, l'ami!", dis-je en m'allongeant sur le côté de la table que nous partageons, une main sur mon ventre proéminant. "Alors, ce jeu?"

Quelqu'un vint rapidement débarasser la table des coquilles tant attendu par les propriétaires de l'endroit. C'était définitivement un jour de chance pour plein de monde ce jour là. Alors qu'il brassait les cartes, mon compagnon commença à me raconter un peu son passage en ville et ses impressions. Il avait l'air d'apprécié, tant mieux! Ainsi, il venait de Kaminari no Kuni, le pays de la foudre... "Le quartier Nara est très beau oui, mais tu n'as pas encore vu les jardins des Hyûga! Si tu as l'occasion de t'y promener... enfin, je te conseille d'y aller plutôt le soir, ils n'apprécient pas trop... erm..." Comment le dire poliement? "Le vrai monde." Bien joué. "Mais je connais bien les Nara, oui! Enfin, surtout mon pote Haruko et sa soeur jumelle, Retsuko. Entre toi et moi, c'est la plus belle fille de la ville, mais gare à celui qui va poser les yeux sur elle. Son frère et son père sont très protecteurs. Tch, franchement, Haruko aussi est sacrément beau gosse, c'est d'famille faut croire." De village même, j'avais envi de dire. Si vous voulez mon avis, toutes les femmes sont magnifiques ici, mais c'est une autre histoire entièrement.

Lorsque tout fut près, Wari distribua les cartes et m'expliqua les règles d'un jeu bien de chez lui, le Hanafuda. Les cartes qu'il me présenta étaient très jolies et le concept était relativement simple. Il s'agissait de chance pour l'essentiel et d'un peu de stratégie pour ce qui est des mises. Je me voyais bien réexpliquer le jeu à des potes et y rejouer. "Intéressant! Et vous jouez à beaucoup de jeux comme ça dans votre communauté?" S'il était le meilleur en plus, voilà qui me mettait bien l'eau à la bouche pour visiter ce pays de la foudre et y découvrir ses secrets. Ainsi, j'allais devoir défendre l'honneur de mon pays... mais voilà qui était une bonne nouvelle, puisque de tout le monde à Hi, j'étais de loin celui en qui j'avais le plus confiance pour relever un tel défi! Je suivi la mise initiale de Wari sans me poser la moindre question. "Vous devez être un peuple qui apprécie faire la fête, je me trompe? Hah! Jouons! On se chauffe de tous bois au pays du feu, tu verras!"

Mes performances pour les premières manches de la partie furent loin de défendre l'honneur d'Homura, j'ai honte de vous le dire.

Quatre manches que je perdis d'affilé contre mon adversaire, mais je pouvais mettre ça sur le dos de l'inexpérience. Peu importe, j'avais tout de même perdu un peu plus de la moitié de ma mise initiale, soit près de 5300 ryos. "Euuuurf... nan mais cette fois-ci, c'est la bonne, t'inquiète." J'avais de la chance d'avoir deux cartes intéressantes dans ma main après une série de malchance, donc je crus bon de miser 500 ryos de plus que la mise initiale, espérant que Wari suivrait et que je pourrais me refaire.